vendredi 4 décembre 2020

Propos centristes. Monde – Grave crise économique aux Etats-Unis; lutte contre le covid19; protéger la démocratie européenne; accord sur le budget européen…

Voici une sélection, ce 4 décembre 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux dans l’Union européenne et dans le monde.

► Union européenne

Renew Europe
Dacian Ciolos (président)

Les Européens sont en deuil. Le Président Valéry Giscard d'Estaing fut un grand Européen de cœur et de volonté. Mes condoléances à sa famille et au peuple français. Son héritage nous oblige tous et en particulier la famille libérale et centriste qu’il a présidée au Parlement européen.

 

Guy Verhofstadt (député)

Nous espérons que le virus sera sous contrôle, mais le stress géopolitique restera. La crise du Covid19 montre le côté nuisible de certaines puissances mondiales ou régionales, et les faiblesses de l’UE à leur tenir tête, notamment dans le domaine de la cyber-défense.

 

Sophie int’Veld (députée)

Le plan contient de nombreuses propositions pertinentes afin de protéger l'intégrité de nos élections. Cependant, il manque une vision sur la manière de transformer la démocratie européenne, de rendre les institutions de l'UE réellement transparentes et responsables. Nous ne devrions pas seulement nous inquiéter de l'influence des forces extérieures sur notre démocratie, mais aussi du manque d'influence de nos propres citoyens européens sur la politique européenne. Alors que nous nous efforçons de donner à la Russie moins d'influence, nous devrions en même temps donner aux citoyens européens plus d'influence sur la politique européenne".

 

Nils Torvalds (député)

 Trouver un accord sur un budget au carrefour de deux Cadres financiers pluriannuels n'est jamais facile, et le budget 2021 pas plus que les autres. L'accord obtenu est cependant plus qu'acceptable pour le Parlement, et je m’en félicite. Les renforcements du programme LIFE et du Parquet européen peuvent être considérés comme un succès de Renew Europe. Ce sont des outils très importants pour nous et pour l'Europe afin d'atteindre les objectifs climatiques, de lutter contre la corruption et de défendre les droits et les valeurs de l'Union.

 

Olivier Chastel (député)

L’accord politique obtenu aujourd’hui sur le budget 2021 souligne une fois encore la créativité du Parlement à exploiter au mieux les outils budgétaires pour améliorer le bien commun des citoyens européens. En renforcement nos programmes sectoriels, notamment le programme numérique, le programme droit et valeurs, qui comprend la lutte contre les violences faites aux femmes, la participation démocratique et les valeurs européennes, et enfin le programme « Mécanisme pour l’Interconnexion de l’Europe - Transport », nous montrons que nos Institutions sont en mesure de répondre à la crise dès le début de l’année 2021.

 

Maite Pagazaurtundúa (député)

Europol a besoin d'informations, et les autorités nationales et les entités privées doivent coopérer de manière rapide et respectueuse pour les lui fournir ; il doit également disposer de ressources suffisantes pour que l'UE excelle en matière d'innovation dans la sécurité intérieure comme dans la défense. À cette fin, le renforcement du laboratoire d'innovation d'Europol et la création de synergies avec le secteur privé sont essentiels ; il est également essentiel qu'Europol et ses relations avec d'autres acteurs internationaux (Interpol, Ameripol, Afripol, Aseanpol...) soient utilisés, si les conditions sont favorables, pour renforcer les capacités géostratégiques européennes".

 

Morten Petersen (député)

Le droit d'initiative accru d'Europol pour lancer de nouvelles enquêtes représente un élément clé de ce document de Renew Europe. Le droit d'initiative signifie qu'Europol devrait être en mesure de lancer de nouvelles enquêtes et de mener des activités répressives dans les États membres, et de traiter les affaires de manière proactive et autonome. Europol devrait être en mesure de mener et de coordonner des enquêtes transfrontalières, au lieu d'agir uniquement à la demande des États membres. La coopération entre Europol et les autorités des États membres devrait également être renforcée, ce qui signifie que les enquêtes menées par Europol devraient être suivies par les États membres et inversement. Les citoyens européens doivent pouvoir compter sur le fait que les criminels ne se faufilent pas dans les dédales de l'inactivité.

 

● Allemagne

FDP
Christian Lindner (président)

Comment réduire les coûts du confinement sans compromettre la santé. Dans tous les cas, la différenciation des entreprises selon des concepts d'hygiène doit maintenant être discutée pour que nous puissions trouver à nouveau une sortie du verrouillage à partir de janvier.

 

● Belgique

cdH
François Desquesnes (député)

Vaccination covid19: ça avance, mais avec quel calendrier précis ? Quel partage des taches ? Quels moyens logistiques? Quelle communication transparente? Cette fois-ci le gouvernement belge et celui de la Wallonie n’ont plus droit à l’erreur!!

 

Catherine Fonck (députée)

La Belgique doit accélérer la mise en place concrète du programme de vaccination Covid19 et cesser de tergiverser entre ses 9 ministres de la santé. La transparence sur les données scientifiques et les contrats doit être complète si on veut l’adhésion.

 

● Espagne

Ciudadanos
Inés Arrimadas (présidente)

Les commerçants, les indépendants, les PME et les travailleurs connaissent leur pire crise depuis des décennies. Et ils méritent des gouvernants qui sont à leurs côtés, approuvant les plans d'aide directe comme ils le font dans les pays voisins. Nous continuons de nous battre pour tous.

 

Begoña Villacís (députée)

La proposition d'Iglesias [leader de Podemos] de réduire la journée de travail à 32 heures est la chose la plus frivole que j'aie entendue depuis longtemps. Cela révèle une déconnexion inquiétante du monde réel. Sachez, messieurs, que les Espagnols ne sont pas intéressés à travailler moins, ils craignent de ne pas pouvoir travailler.

 

Ignacio Aguado (vice président de la communauté de Madrid)

Nous traversons des moments difficiles pour l'Espagne. Il est plus que jamais nécessaire de défendre notre Constitution pour qu'elle ne reste pas entre les mains de ceux qui cherchent à la liquider.

 

● Italie

Italia Viva
Luigi Marattin (député)

Je ne sais pas si l'on est pleinement conscient des dommages que peut causer l'absence d'un système de collecte de données certain, précis et sans ambiguïté. Ce serait déjà dans des conditions normales. Et encore moins dans une pandémie de cette ampleur.

 

Raffaella Paita (députée)

Nous nous sommes battus pour éviter une compression aussi forte et nous avons obtenu de petits signaux importants comme la présence de  l'armée dans la distribution des vaccins et l'ouverture de restaurants les jours fériés, mais nous ne sommes pas satisfaits de la circulation entre les communes qui doit être garanti.

 

► Monde

● Canada
Justin Trudeau (Premier ministre)

- L’intelligence artificielle change notre façon de vivre, de travailler et de nous connecter les uns aux autres. Elle doit être développée de manière responsable.

- Les droits des peuples autochtones. Aujourd’hui, on a présenté une loi pour la mettre en œuvre. Ce projet de loi nous servira de feuille de route pour faire avancer la réconciliation de manière concrète et durable avec les peuples autochtones. C’est un pas essential en avant pour notre pays et notre gouvernement. Grâce à ce projet de loi, on pourra affirmer, respecter, protéger et réaliser pleinement les droits des Autochtones. Ensemble, on peut rendre notre société plus juste et plus équitable. Et on va le faire.

- Il y a quelques jours, on a présenté notre Énoncé économique de l’automne. C’est un plan pour vous soutenir. Il aidera aussi à bâtir une économie plus forte et plus résiliente. Voici certaines des mesures qui y sont prévues. Pour les propriétaires de petites entreprises, on augmentera de nouveau la Subvention salariale à un maximum de 75%. Pour les secteurs durement touchés, comme le tourisme, l’hébergement, les voyages, les arts et la culture, on crée un volet d’aide au crédit plus accessible. On prend ces mesures pour vous fournir l’aide dont vous avez besoin, et personne ne sera laissé pour compte.

 

Chrystia Freeland (vice-première ministre)

Pour soutenir les travailleurs et les entreprises, nous augmenterons le taux maximal de la Subvention salariale d’urgence à 75 %. Cette augmentation fournira un soutien additionnel aux individus au moment où ils en ont le plus besoin.

 

● Etats-Unis
Joe Biden (Président-élu des Etats-Unis)

- Commençons le travail pour guérir, unir et reconstruire une économie pour tous les Américains.

- Nous sommes confrontés à la pire crise économique depuis la Grande Dépression - et les Américains ont besoin d’une aide immédiate.

- À partir de la crise économique et de l'emploi la plus forte de l'histoire moderne, nous pouvons bâtir une nouvelle économie américaine qui fonctionne pour tous. Mais nous devons agir maintenant - et nous devons travailler ensemble.

- Il est temps que nous récompensions le travail acharné en Amérique - pas seulement la richesse.

- En cette Journée internationale des personnes handicapées et chaque jour de l'administration Biden-Harris, nous serons pleinement engagés en faveur de la dignité, de l'équité et des droits civils pour toutes les personnes handicapées. Ils seront toujours entendus et seront asssociés aux négociations à venir.

- Une fois qu'un vaccin est prêt et approuvé, Kamala Harris et je vais m'assurer qu'il est distribué équitablement, efficacement et gratuitement à tous les Américains.

 

Kamala Harris (Vice-présidente-élue des Etats-Unis)

- L’administration Biden-Harris reflétera la diversité de l’Amérique.

- Peu importe où vous vivez, tout le monde veut pouvoir trouver un emploi et garder un emploi. Peu importe qui vous aimez, tout le monde veut pouvoir acheter une maison et garder une maison. Joe Biden et moi comprenons cela et ensemble, nous créerons une Amérique où l’opportunité est à la portée de tous.

- Les femmes, en particulier les femmes de couleur, supportent de manière disproportionnée le poids de cette pandémie et de cette crise économique. Une administration Biden-Harris s'est engagée à apporter une aide immédiate au peuple américain et à l'aider à se remettre au travail.

- Joe et moi avons été élevés dans le respect de la dignité du travail. C’est la raison pour laquelle je me suis toujours battu pour les travailleurs - de la défense des familles qui ont perdu leur maison à la participation aux piquets de grève pour faire progresser les droits des travailleurs. Notre administration continuera de mettre les travailleurs au premier plan.

 

● Parti démocrate
Barack Obama (ancien président des Etats-Unis)

- Nous avons lancé la Fondation Obama pour aider une nouvelle génération à construire un avenir meilleur. Et bon nombre d'entre eux le font déjà, se battant contre la pandémie et manifestant pour exiger un réel changement.

- Si vous pensez, comme moi, que nous devrions être en mesure de réformer le système de justice pénale afin qu'il ne soit pas biaisé et traite tout le monde équitablement, je suppose que vous pouvez utiliser un slogan accrocheur, comme «ne financons plus la police». Mais, vous savez, vous avez perdu une grande partie de la population à la minute où vous le dites, ce qui rend beaucoup moins probable que vous obteniez réellement les changements que vous vouliez. La clé est de décider: voulez-vous réellement faire quelque chose ou voulez-vous vous sentir bien parmi les personnes avec lesquelles vous êtes déjà d'accord?

- Le socialisme est encore un terme chargé pour beaucoup de gens. Encore une fois, au lieu de parler d'étiquettes et d'idéologie, nous devrions nous concentrer sur le fait de faire certaines choses,

- Si vous voulez faire quelque chose dans une démocratie, dans un pays aussi grand et diversifié que le nôtre, vous devez être en mesure de rencontrer des gens là où ils se trouvent. Et jouer à un jeu d'addition et pas de soustraction.

 

Hillary Clinton (ancienne secrétaire d’Etat)

L'équipe économique de Biden sera dirigée par exactement les personnes dont nous avons besoin pour nous sortir de cette crise économique, y compris la première femme du pays à occuper le poste de secrétaire du Trésor, Janet Yellen.

 

● Autres
Michael Bloomberg (ancien maire de New York)

La pandémie a clarifié une chose: nous devons repenser la santé publique en Amérique.

 

● Royaume Uni

Liberal democrats
Ed Davey (leader)

- Les soignants non rémunérés sont confrontés à d'énormes défis pendant la crise des coronavirus. Ils ne peuvent pas être oubliés alors que le gouvernement déploie un vaccin covid19 - ils doivent recevoir le vaccin le plus tôt possible, pour assurer leur sécurité et celle des personnes dont ils s'occupent.

- La pandémie de Covid19 a montré que nous avons encore beaucoup à faire pour faire respecter les droits des personnes handicapées à la santé et aux soins, au travail et, surtout, à la dignité.

 

Wera Hobhouse (députée)

Beaucoup trop de nos entreprises locales sont déjà en difficulté. Le gouvernement doit reconsidérer les taxes des entreprises maintenant, pas dans six mois. Pour de nombreuses entreprises, ce sera bien trop tard.

 

Vues du Centre. De quel Giscard parle-t-on?

Par Jean François-Borrou

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.           
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

Valéry Giscard d’Estaing
Quand on rend hommage à Valéry Giscard d’Estaing évoque-t-on le libéral tempéré ou le conservateur à la touche libérale, celui de la première partie de son septennat ou celui de la fin de sa carrière politique, le créateur de l’UDF ou celui qui adhéra à l’UMP?

Si Valéry Giscard d’Estaing fut centriste, il le fut pour une courte période de sa carrière politique, grosso modo de 1974 à 1978 (campagne présidentielle incluse).

Le reste du temps il évolua entre libéralisme et conservatisme où se mêlèrent des périodes réformistes à des périodes très interventionnistes et parfois des périodes plus réactionnaires.

Sa formation politique, les Républicains indépendants étaient un rassemblement hétéroclite de modérés et de droitistes durs qui montre bien l’ambiguïté qui pouvait exister dès l’origine dans le giscardisme.

Il ne fut pas un libéral style anglo-saxon mais pas tout à fait un libéral de l’école française plus sociale et keynésienne que sa consœur venue des îles britanniques, se situant dans une sorte d’entre deux.

Un des exemples les plus emblématiques est cette réforme de l’audiovisuelle entreprise pour casser l’ORTF gaulliste (et gangréné par les syndicats), cette «voix de la France» chère à Pompidou et Peyrefitte, sensée donner de l’air au secteur de l’audiovisuel public.

Mais cela n’empêcha jamais une intervention du pouvoir qui devint de plus en plus prégnante au fil du temps – et identique à celle du passé – avec des directeurs de rédaction qui recevaient des «conseils» quand ce n’étaient pas des directives voire des ordres, un interventionnisme qui allaient même jusqu’aux radios «privées» d’alors (RTL, Europe1, RMC, Sud radio) dont les téléphones sonnaient à chaque fois que l’Elysée n’était pas satisfait de telle ou telle traitement de l’information.

Giscard connaissait le pouvoir des médias et s’en méfiaient et cette méfiance prit le pas sur la libéralisation qui vint ensuite avec l’ère Mitterrand où le privé put véritablement concurrencer le public (qui, lui, demeura phagocyté par le pouvoir politique).

Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il fut un réformateur dont l’objectif était de faire entrer la France dans la modernité.

Mais cela ne le qualifie pas de centriste, ni même de progressiste, pour autant, car son prédécesseur, George Pompidou, voulait également moderniser le pays.

Cependant, ce qui rapproche Valéry Giscard d’Estaing d’un Centrisme contemporain, c’est que le modernisme dont il état adepte passait par une libéralisation de la société et non pas simplement de l’économie.

Ses premières réformes emblématiques comme la majorité à dix-huit ans, l’IVG et le divorce par consentement mutuel montrent bien cette volonté de casser un carcan sociétal.

Il est sûr qu’au début de sa présidence, il voulut élargir sa majorité et investir cet axe central allant des réformistes des droite aux libéraux de gauche qu’à définit ici Alexandre Vatimbella.

Mais il se heurta de front à la droite gaulliste (et aussi à la sienne) et reçut une fin de non recevoir de la gauche sociale-démocrate à part quelques ralliements personnels de seconds couteaux.

Dès lors, le point d’équilibre de sa majorité évolua de plus en plus vers la droite (même si le patron de l’UDF était Jean Lecanuet) et les dernières années de sa présidence réactivèrent ce carcan qu’il voulait sincèrement détruire auparavant.

Ainsi, ce retour en arrière fut une des raisons de sa défaite en 1981 couplé avec le désir de changement qui se manifestait dans le pays sans oublier la trahison du RPR qui incita presque ouvertement ses sympathisants à le faire battre.

Il y a donc eu deux Valéry Giscard d’Estaing.

Dans les hommages, on constate que c’est manifestement le libéral qui est largement préféré et évoqué mais il ne s’agit là que d’une période très datée de sa longue carrière politique.

 

Jean François-Borrou