mercredi 21 septembre 2011

L’Humeur du Centriste. Médias et appellations incontrôlées du Centre


Centre, centre-droit, centre-gauche, centre radical, extrême centre, droite modérée et autres appellations incontrôlées et incontrôlables, les médias patinent quand ils doivent situer les différentes mouvances centristes. Et ceci ne s’améliore guère à l’approche de la présidentielle, bien au contraire.
Il faut dire que celles-ci ne sont guère charitables en s’ingéniant à brouiller les pistes…
Néanmoins, nous l’avons dit souvent ici, le rôle des journalistes est bien d’éclairer le public et non de le mettre dans la confusion. De même, ce n’est pas parce que quelqu’un se dit quelque chose qu’il l’est.
Passons sur le cas Villepin et son «centrisme» affirmé par de nombreux médias dont nous avons déjà dit tout le manque de professionnalisme. Villepin centriste, c’est comme Aubry, fasciste ou Sarkozy, communiste!
Mais plus subtil est le positionnement d’autres personnalités.
Par exemple, Jean-Louis Borloo. Il ne se dit pas du Centre mais reprend rarement ceux qui le prétendent, et ils sont nombreux. Il faut dire qu’il doit ratisser large…
Quant à Hervé Morin, il se dit du centre-droit (ce qui n’est déjà pas si sûr car il serait plutôt un libéral de droite mouvance Madelin) mais ne refuse pas l’appellation centriste quand on la lui accole pour, comme son allié de circonstance cité ci-dessus, ratisser large…
François Bayrou est un cas intéressant car il a fluctué ces dernières années pour qualifier son positionnement politique. En 2007, il ne voulait plus être centriste, ce qu’il souhaite de nouveau être en 2011. Entre temps, il a confié à plusieurs militants du Mouvement démocrate qu’il avait cherché un terme plus approprié que «centre» pour se définir, sans pour autant avoir trouvé ce mot magique. D’où le retour à la case départ, d’autant que les cases droite et gauche sont déjà bien occupées et que la case «ailleurs» n’est guère séduisante en termes électoraux…
Quant aux sous-fifres de la politique, on ne tiendra pas le compte de tous ceux qui utilisent les mots «centre», «centriste», «centrisme» sans savoir ce qu’ils veulent dire et qui y accolent UMP, radical, droite, gauche, au gré de leurs parcours politiques chaotiques. Mais ils sont nombreux, trop nombreux, malheureusement.
Bien sûr, tout cela n’est guère nouveau. Dans les années 1970, un radical bon teint comme Edgar Faure pouvait être tout à la fois: radical, gaulliste, centriste et d’autres choses encore sans que cela ne lui pose le moindre problème moral! Valéry Giscard d’Estaing n’échappe pas au flou en la matière, lui, homme de la droite modérée et orléaniste, qui n’a jamais embrassé réellement le Centrisme tout en s’étant entouré d’hommes et de femmes, dont Jean Lecanuet, Simone Veil ou Raymond Barre, dont on ne pouvait guère douter de leurs engagements centristes.
A droite et à gauche de l’échiquier politique, on trouve également des positionnements parfois bien bizarres. Si des ministres de Nicolas Sarkozy, comme Maurice Leroy (Nouveau centre) ou Eric Besson ne réclament plus leurs étiquettes de communiste et de socialiste, Jean-Marie Bockel, lui, continue à se positionner à gauche contre toute logique.
Pour autant le positionnement au centre est souvent plus intéressant pour ceux qui veulent ratisser large. D’autant qu’ils peuvent souvent duper les médias. Ceux-ci devraient toutefois se rappeler que les mots ont un sens. Ce que la pensée chinoise traditionnelle sait depuis des lustres, elle qui s’applique à la «rectification des noms», le «zhengming».
Comme le disait Confucius, «si les noms ne sont pas corrects, les propos ne seront pas conformes. Si les propos ne sont pas conformes, les affaires ne pourront être réglées. Si les affaires ne peuvent être réglées, les rites et la musique ne pourront fleurir. La musique et les rites n’étant pas florissants, les châtiments seront injustes. Et les châtiments étant injustes, le peuple ne saura pas comment se comporter».
Tout est dit…

Le Centriste