Voici une sélection,
ce 28 septembre 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les
médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> L’État de droit est le
socle de notre démocratie. L’indépendance de l’autorité judiciaire, son
impartialité comme la protection des magistrats qui la rendent, en sont les
piliers essentiels. Les décisions de justice peuvent être commentées ou
critiquées dans le débat public mais toujours dans le respect de chacun. Elles
peuvent être contestées notamment par l’exercice des voies de recours. Dans
notre État de droit, la présomption d'innocence comme le droit au recours
doivent toujours être préservés. Les attaques et menaces de mort, anciennes ou
récentes, contre plusieurs magistrats sont inadmissibles ; c’est pourquoi j’ai
demandé au ministre de la Justice et au ministre de l'Intérieur, dès leur
survenance, que leurs auteurs soient identifiés pour être très rapidement
poursuivis.
► Sébastien Lecornu (Premier ministre)
[Nota: Nous faisons figurer
Sébastien Lecornu dans cette liste alors qu’il n’est pas centriste mais
appartient à l’aile droite de Renaissance, parti centriste/central et qu’il
s’est toujours défini comme un homme de droite; c’est à ce titre que ses propos
sont retranscris ici et du fait qu’il est en train de composer un gouvernement
d’axe central; en revanche, une fois son équipe gouvernementale composée, il ne
sera plus présent ici]
> Dans le projet de budget que je présenterai, des impôts augmenteront,
d’autres diminueront. Le Parlement débattra, amendera et votera la copie
finale. Nous allons y arriver.
> Il faut être
sourd pour ne pas entendre que les Français demandent plus de justice fiscale :
la répartition de la charge au sein des impôts doit évoluer. Taxer le
patrimoine professionnel n'est pas la bonne réponse : l'entreprise n'est pas
l'affaire que du patron, et nous avons besoin de capitaux français pour
défendre notre souveraineté économique. Au-delà de la dimension politique et
économique, un débat technique existe aussi sur la réalité du rendement que
cela rapporterait. Le débat devra se poursuivre, mais il est ouvert avec les
parlementaires.
Budget 2026 : je repars d’une page blanche. L'argent public est précieux comme
jamais, il faudra faire des économies. Il ne s'agira pas d'un budget
d'austérité et de régression sociale : les moyens consacrés aux retraites
augmenteront de six milliards d'euros, et de cinq pour la santé. Je proposerai
en revanche une réduction des dépenses de six milliards d'euros sur l'État et
son train de vie. Cet effort devra s'accompagner d'une réforme de long terme de
la structure étatique et de notre organisation territoriale, via la
décentralisation.
Le débat sur la possibilité d'un autre système de financement de nos retraites
sera un bon débat pour la présidentielle à venir. La dernière réforme est-elle
achevée et satisfaisante ? La réponse est non : il nous reste à régler la
question de la pénibilité, ou des spécificités liées aux carrières des femmes.
La suspension de cette réforme ne règlerait rien à cela, et emporterait avec
elle les mesures utiles aux salariés qui existent : hausse de 100 euros par
mois de la retraite minimale, assurance vieillesse pour les aidants, surcote
des pensions pour les mères de famille dès 63 ans...
Le gouvernement est sous le contrôle et même sous la tutelle du Parlement. Le
budget qui sera voté ne sera pas le budget initial du gouvernement, c’est une
évidence. J'attendrai des ministres qu'ils sachent négocier, revenir au travail
parlementaire d'autrefois : dialoguer, aller chercher des compromis en séance
jusque tard dans la nuit. C'est une main tendue à tous les parlementaires, car
personne n'aura raison seul, dans ce moment de responsabilité.
> Je suis frappé de
voir que les impacts en termes d’emploi, d’investissement et de compétitivité
ne sont pas suffisamment pris en compte dans ce débat : l’entreprise n’est pas
que l’affaire du patron. Nous avons besoin de capitaux français pour défendre notre
souveraineté économique vis-à-vis de certaines prédations étrangères.
► Gouvernement démissionnaire
[Nota: Ce gouvernement
démissionnaire était dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons
donc décidé de reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent
sous l’autorité d’un Président de la République et d’un Premier ministre
centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un
côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un
gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le
Premier ministre ne disposaient pas d’une majorité à l’Assemblée nationale; la
nomination de Sébastien Lecornu comme nouveau Premier ministre a comme
conséquence la suppression de cette liste de François Bayrou]
●
Ministres centristes/centraux
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> [Discours à Harvard Kennedy School] J’ai grandi dans le centre de la
France, sur une terre entourée de vieilles montagnes et de volcans endormis.
J’ai grandi avec la légende d’un héros. Un héros qui, lui aussi, était né et
avait grandi sur une terre entourée de vieilles montagnes et de volcans
endormis. Un héros de deux mondes : la France et l’Amérique.
Laissez-moi vous raconter son histoire.
Il a été élevé par sa mère et ses tantes. À 19 ans, il entendit parler d’hommes
audacieux qui combattaient pour la liberté et la démocratie de l’autre côté de
l’Atlantique. Il défia son supérieur, monta à bord d’un navire à Bordeaux, et
débarqua près de Georgetown, en Caroline du Sud. Il se tint aux côtés des
patriotes américains. Il combattit avec eux. Il se lia d’amitié avec George
Washington. Il se rapprocha de Thomas Jefferson, qui rédigeait la Déclaration
d’Indépendance. Souvenez-vous de ces mots :
« Nous tenons ces vérités pour évidentes : que tous les hommes sont créés égaux
; qu’ils sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables ; que
parmi ceux-ci figurent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »
Notre jeune homme rapporta ces paroles puissantes en France. Et, trois jours
avant la prise de la Bastille, il rédigea la première ébauche de la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen, qui disait :
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Le but de toute
association politique est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la
sûreté et la résistance à l’oppression. »
Cette histoire est l’histoire de La Fayette. C’était il y a 250 ans. Et, en
fait, nous célébrons aujourd’hui, 25 septembre, le 249e anniversaire de la
décision du Congrès de mandater Benjamin Franklin pour négocier un traité avec
la France afin d’assurer l’indépendance américaine. Les paroles puissantes de
Jefferson et de La Fayette ont traversé l’épreuve du temps.
Un siècle et demi plus tard, la même histoire se reproduisit, mais dans l’autre
sens. Dans la nuit de pleine lune du 6 juin 1944, des milliers de jeunes
Américains embarquèrent pour les plages de Normandie, où beaucoup verseraient
leur sang.
Pour libérer la France de l’oppression.
Pour la même raison qui avait poussé La Fayette à traverser l’Atlantique.
Alors réfléchissons un instant. Pourquoi ces jeunes hommes ont-ils traversé
l’Atlantique et risqué leur vie ? Pourquoi ont-ils fait cela ? Qu’est-ce qu’il
faut pour les y décider?
Il faut une idée simple. Une idée que la France et les États-Unis défendent
depuis plus de deux siècles. Une idée qui a tant apporté au monde et qui tient
en un seul mot : démocratie.
Le pouvoir de la démocratie
Lorsque la démocratie est bien établie, elle constitue effectivement le cadre
institutionnel le plus propice à la prospérité, au bien-être et à la paix.
Ce n'est pas une opinion. C'est une affirmation fondée sur des recherches
scientifiques.
Que nous apprennent ces recherches ?
Le professeur Andrei Shleifer de Harvard, l'économiste le plus cité au monde
avec plus de 400 000 citations, a fourni de nombreuses preuves démontrant que
la tradition juridique est un moteur essentiel du développement d'un pays. Lui
et ses coauteurs ont montré que l'état de droit conduit à une meilleure
protection des investisseurs, à des marchés financiers plus profonds et plus
larges et, en fin de compte, à une croissance économique plus forte.
L'intuition est simple. Si la propriété privée est protégée. Si la propriété
intellectuelle est protégée. Alors les entrepreneurs et les innovateurs sont
incités à créer de la valeur et à faire progresser les frontières du savoir.
Je viens de citer un économiste de Harvard. Permettez-moi de me tourner vers un
économiste du MIT qui a eu une grande influence sur mes propres recherches
lorsque j'étais professeur dans cette université. Le lauréat du prix Nobel
Daron Acemoglu. Daron et ses coauteurs ont démontré que la démocratie est un
facteur de croissance. La démocratisation augmente le PIB par habitant
d'environ 20 % à long terme. Et ces effets sont dus à des investissements plus
importants de la démocratie dans le capital, l'éducation et la santé. Dans un
travail novateur, Daron a découvert que les institutions inclusives, celles qui
garantissent que tout le monde profite de la croissance, sont au cœur de la
raison pour laquelle certains pays s'enrichissent tandis que d'autres restent
pauvres.
Certains diront que le PIB n'est pas une statistique suffisante pour mesurer le
bien-être. Ils ont peut-être raison. Examinons d'autres indicateurs. Une étude
publiée dans The Lancet a montré que la démocratie a un effet causal positif
sur l'espérance de vie. En tenant compte d'autres facteurs, l'espérance de vie
des adultes augmente de 3 % sur 10 ans dans les pays qui passent à la
démocratie. Cela concorde avec la corrélation négative entre la démocratie et
la mortalité infantile. Au-delà, de nombreux articles ont démontré la
corrélation positive entre la démocratie et le bien-être subjectif.
La démocratie est propice à la prospérité. Au bien-être. Et la démocratie est
propice à la paix. Nul besoin d'être diplômé de la Harvard Kennedy School pour
voir la tendance: au cours des 80 dernières années, aucune démocratie mature
n'est jamais entrée en guerre avec une autre. Plus important encore, la
démocratie a servi de modèle de base pour construire l'ordre international sur
les cendres de la Seconde Guerre mondiale. Lisez la Charte des Nations
unies, signée il y a 80 ans à San Francisco. Vous y reconnaîtrez les paroles de
Lafayette et de Jefferson.
Vous y verrez les trois piliers de la démocratie que j'ai mentionnés,
transposés au niveau international, entre les nations:
Le premier est celui des droits fondamentaux : l'intégrité territoriale et
l'autodétermination.
Le deuxième est celui du « une nation, une voix », chaque
pays disposant de la même part de pouvoir à l'Assemblée générale.
Le troisième est celui de l'État de droit, les mêmes règles s'appliquant à
toutes les nations.
Le premier objectif des Nations Unies était de maintenir la paix et la sécurité
internationales. Cela a-t-il fonctionné ? Oui, bien sûr !
Le principe directeur de l'intégrité territoriale a rendu très coûteuse pour
tout pays l'invasion de ses voisins. Tous les conflits n'ont pas été évités,
loin de là. Mais le rôle de médiation de l'Assemblée générale et du Conseil de
sécurité a empêché de nombreuses tensions de dégénérer en guerres ouvertes.
De plus, des recherches ont montré que les missions de maintien de la paix de
l'ONU et d'autres activités de consolidation de la paix conduisent à une
diminution de la violence, à une amélioration des droits de l'homme et à des
environnements post-conflit plus stables. Elles conduisent à une diminution des
conflits. Qu'elles constituent clairement un moyen rentable d'accroître la
sécurité mondiale.
Prospérité, bien-être, paix. La démocratie a tant apporté à notre civilisation.
Pourtant, partout où je regarde, les droits fondamentaux sont remis en cause,
l'État de droit est contesté. Partout où je regarde, je vois la démocratie sous
le feu des critiques.
La démocratie sous le feu
De l'extérieur, les autoritaires ont leur stratégie. Ils craignent la
démocratie comme les vampires craignent la lumière du soleil. C'est pourquoi
ils la vident de son essence, ils sapent sa force. Lorsque vous ne croyez pas
en la capacité de votre peuple à relever les défis que chaque nation doit
surmonter, vous pouvez vous convaincre que la concentration du pouvoir est la
solution.
Adieu, État de droit. Adieu, droit international. Adieu, dialogue et
multilatéralisme.
Ils murmurent une idée pernicieuse à des oreilles serviles : abandonnez les
principes qui régissent notre vie depuis des décennies, car eux seuls peuvent
rapidement remédier aux frustrations que la démocratie libérale a suscitées
chez tant de citoyens. Mais le temps révèle la vérité, et avec le temps, nous
voyons à quel point le pouvoir a été retiré au peuple.
Le scénario des autoritaires est toujours le même :
Déguisement : un dictateur présenté comme un président « démocratique » élu
Diviser : la crise est un business – attiser les séparatistes ici, inventer un
« État profond » là.
Détruire : d'abord l'État de droit, puis les freins et contrepoids,
l'indépendance de la justice, les juges eux-mêmes, les journalistes, les
scientifiques, les universitaires.
Proclamer la victoire : car, comme ils le disent, les élections sont une perte
de temps.
Même Star Wars connaît le scénario. Dark Sidious, le seigneur noir des Sith,
montre comment une galaxie peut passer de la démocratie à la dictature en
quatre étapes. Facile et reproductible.
Première étape: se déguiser en sénateur.
Deuxième étape: créer une fausse menace séparatiste.
Troisième étape: se débarrasser de l'Ordre Jedi, le contre-pouvoir ultime.
Quatrième étape: déclarer la fin de la République et l'avènement de l'Empire «
pour des raisons de sécurité ».
À mon avis, Benjamin Franklin aurait sans doute brandi un sabre laser vert.
Heureusement, le retour des Jedi met fin à tout cela.
Mais ce scénario est de moins en moins une fiction.
Prenez Vladimir Poutine. La raison derrière ses guerres coloniales – en Géorgie
en 2008, en Ukraine depuis 2014 – est simple: la démocratie. Le choix des
Géorgiens et des Ukrainiens de se tourner vers l'Europe menaçait de propager la
démocratie. Il a donc mis en place de faux fronts séparatistes pour justifier
la violation du droit international. Il a lancé une invasion à grande échelle
de l'Ukraine et a tenté de manipuler les élections en Allemagne, en Roumanie et
en Moldavie.
A-t-il réussi ? Non.
Y parviendra-t-il ? Certainement pas.
Pourquoi ? Parce que la démocratie est une idée. On ne peut pas bombarder une
idée, ni anéantir par des drones la volonté d'un peuple de décider de son
destin.
Au-delà de l'Ukraine, Vladimir Poutine vise l'Union
européenne elle-même, un projet intrinsèquement démocratique. Il la déteste, et
il déteste ce qu'elle représente. Et il n'est pas le seul.
En tant que dirigeant politique français, je constate que les dirigeants
autoritaires gagnent du terrain partout dans le monde, y compris en Europe. Dès
qu'ils s'emparent du pouvoir, ils craignent avant tout une chose : la
propagation de la démocratie à l'intérieur de leurs frontières et chez leurs
voisins. Ils la redoutent comme on redoute un virus mortel. Rien ne les effraie
plus que sa diffusion. Ils sont prêts à tout pour l'empêcher : recours à la
force brute, chantage, désinformation, manipulation électorale. Le champ de
bataille de la démocratie n'a pas seulement changé ces dernières années, il
s'est étendu à de nouveaux domaines, notamment les réseaux sociaux.
Voici un point crucial : trop souvent, nos démocraties continuent de voir le
monde à travers un prisme purement matériel. Cela doit changer. Les forces qui
veulent faire tomber la démocratie ont reconquis le champ de bataille de
l'esprit, l'espace narratif. Elles se sont installées dans un domaine que trop
de dirigeants démocratiques ont abandonné : la spiritualité – non pas en tant
que religion sectaire, mais en tant que capacité à imaginer un projet politique
qui permette aux gens de servir une cause qui les dépasse.
Je constate également des attaques venant de l'intérieur.
Dans les démocraties matures d'Europe et d'Amérique du Nord, la plus grande
menace vient moins des coups d'État que des dirigeants élus ou susceptibles
d'être élus. Les aspirants hommes forts instrumentalisent les émotions,
utilisant des algorithmes pour amplifier la colère et la peur, et transforment
la politique en un théâtre permanent d'indignation. L'un des principes
fondamentaux de la démocratie, la protection et le respect des minorités, se
transforme en un phénomène bien identifié par Alexis de Tocqueville : la
tyrannie de la majorité.
Au sein de nos démocraties, les adversaires progressent. Ils ne cherchent pas
simplement à occuper des fonctions, ils cherchent à s'approprier l'histoire que
nous nous racontons, les règles qui nous lient et les arbitres qui veillent à
l'équité du jeu.
Leur objectif est simple : s'emparer du pouvoir en vidant de son sens le
consentement. Et ils ont une méthode.
Tout d'abord, les freins sont brisés.
Les limites sont constamment testées, des liens géopolitiques surprenants avec
des forces autoritaires étrangères apparaissent, les plateformes sont
transformées en accélérateurs et les lignes rouges de la souveraineté sont
brouillées, qu'il s'agisse de la frontière d'un voisin, d'une île contestée,
d'une banquise stratégique ou d'un canal étroit. Le message est constant: la
force l'emporte sur la loi, l'audace l'emporte sur la responsabilité.
Ensuite, l'espace public est réduit et saturé.
Ils étouffent le débat en exerçant des pressions sur la presse et en harcelant
ceux qui rapportent les faits. La propagande est blanchie par des
intermédiaires « privés »; les campagnes sont imprégnées de désinformation,
désormais amplifiée par l'intelligence artificielle. L'objectif n'est pas de
persuader, mais d'épuiser : rendre la vérité inconnaissable, faire en sorte que
les citoyens se sentent seuls.
Ensuite, ils criminalisent la dissidence.
Les opposants, les ONG et les défenseurs des droits peuvent entendre frapper à
leur porte : perquisitions, poursuites judiciaires, intimidation déguisée en
maintien de l'ordre public. La liberté d'expression est rejetée comme un luxe
réservé aux périodes plus calmes ; la conformité est présentée comme un devoir
civique. Les données sont effacées, certains sujets de recherche sont
interdits, les subventions aux projets qui ne servent pas le discours officiel
sont supprimées, les enseignants doivent faire attention à ce qu'ils disent.
Ils faussent le vote.
La violence rôde aux abords des bureaux de vote; des candidats sont rayés des
listes électorales ; des journalistes et des électeurs sont menacés. Le scrutin
est truqué à l'avance et le résultat, s'il est gênant, est contesté après coup.
Les universités, les régulateurs et les médias publics sont infiltrés jusqu'à
ce que la résistance devienne un rituel et non plus une réalité.
Ils brisent la séparation des pouvoirs.
Le pouvoir exécutif prend de l'ampleur, la loi est
contournée. Les juges sont remplacés ou intimidés ; les tribunaux sont soumis à
des pressions ; les organismes de lutte contre la corruption sont vidés de leur
substance ou utilisés comme des armes contre les détracteurs. L'arbitre devient
joueur ; le règlement, une arme.
Et enfin, la loyauté prime sur le mérite.
L'économie est refaite pour devenir une machine à favoritisme : contrats,
crédits, allégements fiscaux pour les amis ; points d'étranglement pour les
dissidents. L'innovation se flétrit, et dans le silence qui s'ensuit, la
répression prend de l'ampleur.
Au bout de cette route se trouve une conclusion plus sombre : la démocratie est
naïve, l'idéal de Lafayette est obsolète. Elle devrait être remplacée par un
régime illibéral, une « monarchie des PDG », afin de mettre fin à ce qui est
décrit comme une expérience ratée de 200 ans : la démocratie.
Je me demande parfois si les personnes qui développent de telles idées se
rendent compte qu'elles nient une période qui correspond plus ou moins à la
durée de vie des États-Unis.
Je me demande s'ils réalisent que cette « expérience » a fait des États-Unis le
grand pays qu'ils sont aujourd'hui, en deux siècles.
Je me demande s'ils considèrent chaque homme et chaque femme comme des
concitoyens.
Une monarchie de PDG, cela semble trop scandaleux pour être vrai ? Je crains
que ce ne soit pas le cas.
Le soutien à la démocratie a rarement été aussi faible.
L'année dernière, l'indice de démocratie de The Economist a de nouveau chuté
pour atteindre son niveau le plus bas depuis sa création en 2006.
Depuis le milieu des années 1990, le mécontentement à l'égard de la démocratie
a augmenté d'environ 10 points de pourcentage pour atteindre 58 %. Cette hausse
est particulièrement marquée depuis 2005, année où la proportion de citoyens
mécontents était beaucoup plus faible, à 39 %.
Et cette augmentation a été particulièrement prononcée dans les démocraties
développées.
Voici la question la plus importante de notre époque : pourquoi les ennemis de
la démocratie progressent-ils ?
Pour beaucoup, la démocratie semble trahir ses promesses : liberté, sécurité,
épanouissement et, bien sûr, recherche du bonheur. La question qui se pose à la
table du dîner est simple : « Mes enfants auront-ils une vie meilleure que la
mienne ? » Malheureusement, trop de citoyens ne peuvent répondre « oui » avec
certitude.
Les gens en ont assez des grands principes qui ressemblent à des slogans, des
formalités administratives qui brouillent les rôles, des déficits associés à la
baisse des services publics. Les déclarations grandiloquentes ne servent à rien
si rien ne change sur le terrain. La démocratie devrait être quelque chose que
l'on peut ressentir au quotidien. Personne ne donne son cœur à une constitution
ou à un projet de loi. Nous le donnons à une démocratie vivante, qui se
manifeste dans l'équité quotidienne, dans les voix entendues, dans les
promesses tenues, dans l'amélioration de la vie, autant de preuves discrètes
qui unissent un peuple.
À l'heure actuelle, trop de citoyens dans les démocraties matures sont las,
frustrés, blasés, épuisés, déçus, fatigués.
Il s'agit clairement d'une lassitude démocratique. C'est ce à quoi nous sommes
confrontés aujourd'hui. C'est ce qui rend nécessaire le soulèvement de tous les
défenseurs de la démocratie. Là encore, la résignation ne peut prévaloir et
chacun a un rôle à jouer pour défendre le pouvoir.
Il s'agit d'une érosion silencieuse de la confiance, d'un lent affaiblissement
du cœur civique, lorsque la promesse d'une autonomie gouvernementale résonne
comme un écho plutôt que comme un appel.
La lassitude démocratique
La lassitude démocratique est liée à de nombreux sentiments mitigés :
Le sentiment que les citoyens ne sont pas entendus. Que les questions qui leur
tiennent à cœur ne sont jamais abordées. Qu'une élite lointaine, à Paris ou à
Washington, décide pour eux sans rendre de comptes. Mais pour transformer une
population en un peuple, nous avons besoin d'une histoire partagée et d'un
destin commun, même lorsque nous sommes en désaccord.
Le sentiment que le gouvernement démocratique ne tient pas ses promesses. Que
nous payons plus et obtenons moins. Services publics, soins de santé, sécurité
: trop souvent, les performances sont insuffisantes. Ce sont nos organisations
collectives qui sont ici mises en cause.
Le sentiment que la démocratie ne nous protège pas des bouleversements
mondiaux. Le choc chinois a détruit des millions d'emplois et laissé des
régions entières d'Europe et d'Amérique du Nord exsangues. Les politiques de
Pékin ont fait gonfler la dette des ménages américains et jeté une ombre sur
l'emploi aux États-Unis. Parallèlement, les profondes mutations des structures
familiales et l'augmentation de l'immigration ont transformé nos sociétés,
alimentant des inquiétudes auxquelles la démocratie a eu du mal à répondre. La
numérisation et l'automatisation ont divisé les marchés du travail et vidé la
classe moyenne de sa substance. Les gens se sentent livrés à eux-mêmes pour
recoller les morceaux.
Et peut-être le sentiment le plus difficile à supporter: le sentiment paradoxal
d'injustice et de frustration que génèrent nos sociétés matérialistes, malgré
le bien-être indéniable dont nous jouissons par rapport à la grande majorité de
la population mondiale.
Le sentiment que la démocratie ne parvient plus à trouver le subtil équilibre
entre l'autonomie individuelle et l'intérêt commun, condition nécessaire à
l'épanouissement personnel. Paradoxalement, nous en sommes venus à penser que
nous manquons des deux. Nous manquons d'autonomie car nous nous sentons
entravés, nous souffrons des restrictions qui pèsent sur notre capacité à
choisir, à décider, à agir. Nous manquons d'intérêt commun car nous ne nous
sentons plus attirés par des projets qui nous dépassent.
Cette lassitude démocratique n'est pas apparue par hasard. Elle est le résultat
de décennies d'aveuglement des élites face à un monde en pleine mutation, et du
déni de l'exaspération légitime des citoyens des classes moyennes et
populaires, fatigués de se sentir méprisés et mis à l'écart. L'échec des
démocrates réside dans leur incapacité à esquisser un nouvel horizon, à
répondre à cette colère. La démocratie n'est pas une marque de luxe: tout en
marketing, rien en termes de résultats. La plus grande menace n'est pas les
chars d'assaut, c'est la résignation.
Pendant des années, les démocrates aux États-Unis – et beaucoup en Europe – ont
laissé nos institutions dériver jusqu'à ce que trop de citoyens se sentent
privés de pouvoir. Qui décide ? Qui est responsable ? L'horizontalisation de
l'information grâce aux réseaux sociaux et l'accès facile à l'information – et
à la comparaison – ont fait que cette dérive et cette opacité ont conduit de
nombreux électeurs à se tourner vers des candidats populistes proposant des
réponses simples et des boucs émissaires immédiats.
La fatigue démocratique est également aggravée par l'emprise que les réseaux
sociaux exercent désormais sur nos vies.
Car la démocratie s'arrête là où commence le Far West des réseaux sociaux. Le
modèle économique des plateformes engendre des bulles de filtrage.
Devrions-nous les fermer ? Non, nous devons les réglementer, de manière
souveraine et démocratique, afin de protéger un débat public sain tout en
préservant la liberté d'expression et le partage des connaissances. Je suis
désolé de dire à ceux qui veulent bien l'entendre que la démocratie prime sur
les dividendes.
Face à une telle lassitude, certains seront tentés d'abandonner. D'abandonner
l'héritage de Lafayette et Jefferson. Nous ne le ferons pas. Nous résisterons
et nous réparerons la démocratie. Comment ?
Revenons aux racines de la démocratie : le pouvoir et la responsabilité entre
les mains des citoyens.
Réparer la démocratie
Pour rétablir la démocratie, il faut d'abord rétablir la citoyenneté. Former de
véritables citoyens. Des citoyens éclairés, capables et désireux d'assumer
leurs responsabilités envers eux-mêmes et envers les autres.
Comment y parvenir ? Avec beaucoup d'éclaircissement, d'autonomisation et de
courage.
Tout d'abord, l'éclaircissement. Veritas, comme on dit à Harvard.
Car le pouvoir du peuple ne fonctionne que si les gens sont correctement
informés. Sinon, ils agissent à tâtons dans l'obscurité. Comment pouvons-nous
avoir un débat productif si nous ne pouvons pas nous mettre d'accord sur les
faits, si des factions polarisées se disputent à propos de fausses informations
sur les réseaux sociaux ? Si la « vérité » est manipulée à des fins politiques
?
L'éducation commence dans les salles de classe et se poursuit ici à Harvard,
dans les universités, où les professeurs consacrent leur vie à mieux comprendre
le monde. Et à partager l'étendue de leurs connaissances avec leurs étudiants.
Aujourd'hui, la science est remise en question. La science suscite la méfiance.
La science est politisée. Pourtant, pour former des citoyens, nous avons besoin
de plus de recherche. De plus de liberté académique. De plus de science, pas
moins. D'une science libre et ouverte. Nous avons besoin de l'émulation
compétitive d'une communauté académique dynamique. Nous avons besoin de la
discipline rigoureuse de l'évaluation par les pairs. Nous avons besoin d'une
évaluation des politiques.
Alors oui, nous nous levons !
Nous nous levons avec les esprits libres qui rêvent au-delà des limites. Avec
les professeurs et les étudiants qui osent.
Nous soutenons les universités confrontées à la menace du contrôle
gouvernemental, à la restriction de leur financement, à des contraintes sur
leurs programmes d'études ou leurs projets de recherche.
Nous soutenons les étudiants, ici à Harvard. Et ailleurs, qui s'inquiètent de
l'obtention de leur diplôme.
Les Lumières reposent également sur la liberté de la presse. Des journalistes
qui se sentent suffisamment indépendants pour rendre compte de ce qu'ils
voient. Qui ne sont pas soumis à la pression ou aux contraintes éditoriales.
Des médias disposant des ressources nécessaires pour enquêter et révéler des
vérités dérangeantes.
Alors oui, nous nous levons !
Nous soutenons les vérificateurs de faits, les lanceurs d'alerte, les
journalistes et tous ceux qui osent.
Nous soutenons les médias indépendants qui s'efforcent de faire leur travail.
Nous soutenons ceux qui luttent pour l'intégrité de l'information.
Pour rétablir la citoyenneté, il faut également donner du pouvoir aux citoyens.
La lassitude démocratique peut conduire à un recul démocratique. Lorsque le
système semble défaillant, certains commencent à se demander : pourquoi ne pas
en essayer un autre, un système qui concentre le pouvoir entre quelques mains ?
Le remède pour réparer la démocratie, la seule alternative à la concentration
du pouvoir, est la redistribution du pouvoir. Redonner le pouvoir au peuple.
Commencez par redéfinir complètement qui fait quoi. Secteur public, secteur
privé. Gouvernement fédéral, gouvernement local. Gouvernement, agences. Le
principe directeur devrait être la subsidiarité. Attribuer le pouvoir là où il
est exercé le plus efficacement. L'objectif devrait être de libérer l'énergie.
Donner à chacun les moyens de diriger sa propre vie. Ouvrir de nouvelles voies
et appeler les impatients à s'engager avec leur passion et leur talent.
Continuer à donner plus de pouvoir à chacun, dans tous les aspects de sa vie.
Les gens ont soif de faire leurs propres choix. Laissons-les participer plus
activement à l'élaboration des politiques. Les gens ne veulent plus voter tous
les quatre ou cinq ans et n'avoir aucun droit de regard entre-temps. La France
a expérimenté des assemblées citoyennes sur des sujets tels que le changement
climatique ou les soins de fin de vie. C'est une voie prometteuse. D'autres
pays ont mis au point des outils numériques pour consulter la population de
manière plus régulière. Pour tirer parti de la sagesse des foules. Nous avons
besoin d'une participation citoyenne continue. Les citoyens doivent être des
acteurs, pas des spectateurs.
L'éveil et l'autonomisation ne suffisent pas sans courage.
En 1978, Alexandre Soljenitsyne a prononcé le discours de remise des diplômes
ici même, à Harvard. Dans ce discours percutant, il critiquait les démocraties
occidentales pour leur perte de courage civique et leur incapacité à relever
les grands défis. Il dénonçait la passivité des élites, leur obsession du
confort matériel et leur déclin spirituel. Il parlait d'un « déclin du courage
». Il avait raison.
Nous devons retrouver notre courage.
Le courage de placer les valeurs au-dessus des intérêts.
Le courage de porter sa part du fardeau collectif, sans certitude que les
autres en feront autant.
Le courage d'embrasser la dimension spirituelle de la vie et de résister à la
tentation du confort.
Le courage de regarder le monde les yeux grands ouverts et d'être prêt à
prendre des décisions difficiles lorsqu'elles se présentent.
Le courage de ne pas céder à la pression immédiate, mais de se concentrer sur
ce qu'il faut faire.
La démocratie peut être réparée, en France comme aux États-Unis, si nous le
voulons vraiment.
L'éveil, l'autonomisation et le courage sont la clé.
Réparer la démocratie, c’est avant tout former des citoyens. Des hommes et des
femmes capables d’écouter et de débattre, de voter avec discernement, de
demander des comptes aux dirigeants et de se lever pour le bien commun.
Éclairage, responsabilisation et courage sont les clés.
Nous sommes la clé.
Chers étudiants de Harvard, à ce moment de votre vie où vous choisissez votre
avenir, une question se pose :
Quel citoyen serez-vous ? Des spectateurs ou des acteurs ? Défendrez-vous la
démocratie ?
En 1824, La Fayette déclarait devant le Congrès que les États-Unis « se
dressent comme une leçon pour les oppresseurs, un exemple pour les opprimés, et
un sanctuaire pour les droits de l’humanité ».
Puissions-nous être à la hauteur de l’héritage de Jefferson et de La Fayette.
Puissions-nous être inspirés par le courage de La Fayette lorsqu’il traversa
l’Atlantique. Par le courage de ceux qui débarquèrent sur les plages de
Normandie. Par le courage de tous ceux qui, à travers le monde, risquent tout
pour la liberté et la démocratie.
Nous le leur devons. Nous nous le devons. Nous le devons aux générations à
venir.
> Ce sont sur les sujets commerciaux qu'on aurait voulu
que la Commission européenne montre la voie et prenne des risques. Elle n'avait
qu'à se lever madame von der Leyen et dire que nous n'accepterons jamais un
accord déséquilibré !
> La reconnaissance de l'État de Palestine par la France
ne s'agissait pas d'une déclaration symbolique mais bien de déclencher une
dynamique collective. C'était de donner raison au camp de la paix et de donner
tort aux plus extrémistes.
> Plutôt que d'encaisser les coups, notre responsabilité
doit être de capter cette forte énergie créée par la frustration de
l'administration Trump pour porter plus haut et plus loin ce projet européen de
souveraineté, d'autonomie, de puissance démocratique.
> Nous avons des raisons d'espérer parce que nous avons
toutes les ressources pour rebondir. C'est là que se niche cette espérance que
nous devons porter. Mais pour la porter, nous allons devoir nous armer de
courage !
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Je le dis en tant que représentante de l’aile gauche du bloc central :
nous sommes prêts à travailler pour plus de justice fiscale. Cela passe par un
travail et des amendements sur la taxation des plus hauts patrimoines. Sur la
taxe Zucman, il faut entendre les interrogations qu’elle soulève. Je ne
souhaite pas que l’on taxe les entreprises françaises au point de les pousser à
partir à l’étranger. Mais cela ne veut pas dire que toutes les portes sont
fermées.
> Aux côtés du Président de la République, nous avons
réaffirmé à New York, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, le
leadership climatique de la France. C’est une priorité de mon groupe politique,
Ensemble pour la République, qui sera portée haut et fort.
> Le budget proposé par le Premier ministre est un point
d’entrée, pas un point d’arrivée. Nous sommes dans une démocratie
parlementaire, ce qui signifie que le Parlement amende le budget. Le Parti
socialiste semble avoir peur de se saisir pleinement de son pouvoir
parlementaire, alors que le Premier ministre lui-même indique ne pas vouloir
recourir au 49.3. Il donne la main à l’ensemble des parlementaires.
> Ce que je souhaite, c’est que nous travaillions sur le
quoi, avant de travailler sur le qui. Travailler sur le quoi, c’est prendre
acte du changement de méthode du Premier ministre et assumer nos
responsabilités en faisant des propositions.
> « Il faut être sourd pour ne pas entendre que les
Français nous demandent plus de justice fiscale. Le débat doit avoir lieu, et
là encore c’est au Parlement à la fin de le trancher. » Oui, les Français
exigent plus de justice fiscale. Aujourd’hui le Premier ministre l’a rappelé :
c’est bien au Parlement et à toutes les forces politiques responsables de
bâtir, dans le compromis, le budget de notre pays. La méthode change, chacun
peut contribuer avec responsabilité à sortir par le haut de cette crise. Aux parlementaires
de saisir la main tendue du Premier ministre.
Patrick Mignola (ministre délégué auprès du Premier
ministre chargé des Relations avec le Parlement)
> L'IA ne pourra pas remplacer les travailleurs de première ligne. Elle
est l'opportunité de considérer et de revaloriser à leur juste valeur ces
métiers.
> L'intelligence artificielle est autant le risque que la
solution si on est capable de l'utiliser. Elle peut renforcer et protéger la
démocratie grâce à la détection des fake news, la construction de récits
factuels.
> Dans aucun Parlement européen il n'y a de majorité
absolue, la France n'est pas une exception. Elle l'est sur l'incapacité à
travailler avec les uns et les autres.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> Pour nos mères, pour nos filles, pour toujours, nous avons inscrit la
liberté de recourir à l'avortement dans notre Constitution. En cette journée
mondiale pour le droit à l'avortement, notre combat reste universel. La liberté
et la dignité des femmes n'ont pas de frontières.
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> Le trafic de drogue doit être sanctionné de la manière la plus dure
qui soit. Sur ce sujet, pas de quartier !
Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger)
> Ce qu’il s’est passé à l’ONU cette semaine est historique.
● Autres
ministres
Clara Chappaz (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances
et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée de l’Intelligence
artificielle et du Numérique)
> Réguler c'est bien, mais le plus important c'est d'avoir des
technologies souveraines. Cela créerait des ressources et des emplois pour
jouer à armes égales avec les Etats-Unis ou la Chine.
Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> Le budget présenté par Sébastien Lecornu sera débattu, amendé et voté
par les députés. Ce sont les compromis trouvés dans l’hémicycle qui définiront
le budget de la Nation. Nous allons y arriver.
> L’UE vise la neutralité carbone en 2050, faisant de
notre continent le plus ambitieux au monde.
- Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières
- Réforme du marché de l’électricité pour soutenir nucléaire &
renouvelables
- 30 % du budget consacré au climat
L’Europe soutient son industrie pour réduire ses dépendances.
- Projets communs sur batteries, semi-conducteurs (Chips Act), hydrogène et
cloud
- Sécurisation des matières premières critiques
- Technologies de rupture financées par le Conseil européen de l’innovation
Depuis 2017, notre UE se renforce. Mais nous devons aller beaucoup plus loin :
bâtir l’union des marchés de capitaux, réduire nos dépendances technologiques
et énergétiques, renforcer notre défense, notre souveraineté, notre
compétitivité. Continuons l’héritage de La Sorbonne.
> Il y a 8 ans aujourd'hui, Emmanuel Macron prononçait un
discours historique à la Sorbonne, appelant à refonder une Europe souveraine,
unie et démocratique. Depuis, notre Europe se transforme, se renforce pour
surmonter des crises majeures.
Face à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine et à la montée des menaces,
l’UE prend ses responsabilités.
- +172,5 Md€ pour l’Ukraine
- La Boussole stratégique pour identifier les menaces
- Un mécanisme d’investissement dans la défense, SAFE, pour renforcer nos
capacités
Dans le numérique, l’Europe fixe ses règles et investit dans l’innovation.
- Le Digital Services Act pour lutter contre la haine en ligne, la
désinformation, les ingérences;
- Le Digital Markets Act pour empêcher les abus de monopoles
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Cette nuit, la Russie a de nouveau frappé Kiev, visant délibérément
des civils, dont des enfants. Je condamne avec la plus grande fermeté ces
attaques. La Russie ne veut pas la paix. Notre réponse doit être claire :
intensifier les sanctions, accroître la pression et renforcer notre soutien
militaire à l’Ukraine. J'exprime tout mon soutien et ma solidarité au peuple
ukrainien.
> La liberté des femmes ne s’arrête pas aux frontières.
En cette journée mondiale du droit à l’avortement, la France peut être fière
d’avoir été la première à inscrire la liberté d'y recourir dans sa
Constitution. Mais celle-ci est ailleurs encore bafouée, menacée, parfois
supprimée. Notre responsabilité est garantir son effectivité sur notre
territoire et défendre, partout dans le monde, cette liberté fondamentale.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
> Changer la France, c’est aussi changer notre façon
d’agir. Partager le pouvoir, c’est donner des moyens à ceux qui veulent faire.
C’est l’esprit de notre Nouvelle République : efficacité, responsabilité,
résultats.
> Le 26 septembre 2017, Emmanuel Macron prononçait à La
Sorbonne un discours fondateur pour notre génération. Il proposait une nouvelle
manière de parler d’Europe : non pas comme une contrainte, mais comme une force
qui fait face aux défis de notre siècle. Trois mots le guidaient :
souveraineté, unité, démocratie. Ce discours a ouvert une nouvelle étape :
celle d’une Europe maîtresse de son destin, capable de s’imposer sur la scène
mondiale. Beaucoup d’avancées ont été réalisées depuis : l’emprunt en commun pendant
la crise du Covid, la création d’un bouclier énergétique face à la flambée des
prix, l’adoption du Green Deal, la mise en place du plan de relance européen,
ou encore les premiers pas d’une défense commune. Ce discours restera comme un
acte fondateur qui a façonné et qui continue de façonner l’Union européenne
depuis huit ans.
> Hier, le charbon et l’acier ont fondé l’unité
européenne. Aujourd’hui, les matières premières critiques comme le lithium, le
gallium, le graphite deviennent la clé de notre puissance commune. Sous
l’impulsion de Stéphane Séjourné, l’Europe construit son indépendance, dans un
contexte géopolitique tendu.
- Délais réduits de 10 ans à 27 mois pour lancer une exploitation
- 47 sites retenus partout en Europe, concernant 14 des 17 matières premières
critiques identifiées
- Objectif 2030 : 10 % d’extraction locale, 40 % de raffinage interne, et
aucune dépendance à un pays tiers au-delà de 65 %.
Gabriel Attal (député,
secrétaire général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la
république à l’Assemblée nationale)
> Nous devons bâtir une Nouvelle République fondée sur une action
publique plus efficace. Pour cela, il y a urgence à mieux partager le pouvoir.
Avec nos élus locaux, la société civile organisée. Avec toutes celles et ceux
qui veulent entreprendre au service des Français.
> Le courage est quelque chose de constant au MoDem :
celui du refus du clivage gauche-droite, celui de l'indépendance, et surtout le
courage du gouvernement Bayrou dans une période extrêmement difficile.
Roland Lescure (député)
> J'ai eu la chance d'accompagner le président de la République à New
York pour l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Ce lundi 22 septembre 2025, Emmanuel Macron a officiellement reconnu l’État de
Palestine devant les chefs d’État présents à l’assemblée générale de l’ONU. Ce
fut un réel honneur pour moi d'assister à ce moment historique, à cet acte
diplomatique fort qui permettra, je l’espère, de construire un chemin vers la
paix.
Cette reconnaissance est la promesse initiale des Nations Unies, celle de deux
Etats vivant côte à côte en paix et en sécurité. Mais comme l’a réaffirmé le
président de la République, ce chemin ne pourra se faire sans un changement
profond de la gouvernance de la Palestine, la libération des otages israéliens
et de la démilitarisation du Hamas.
Fidèle à ses valeurs, la France prônera toujours une solution politique à ce
conflit qui dure depuis beaucoup trop longtemps. Face à l'explosion des actes
antisémites, nous ne cesserons jamais ce combat existentiel.
Jean-René Cazeneuve (député)
> Notre responsabilité est claire : garantir un budget sérieux, juste et
crédible, à la hauteur des enjeux de notre pays et des attentes des Français.
Pieyre-Alexandre Anglade (député)
> Agir sans tabou, écouter franchement, répondre aux attentes de justice
fiscale : c’est par le dialogue et l’effort collectif que la France pourra
avancer. C’est le chemin que trace Sébastien Lecornu pour permettre la
stabilité et la réussite du pays.
> Très bons échanges avec Stéphane Séjourné sur la
réindustrialisation, la décarbonation et la modernisation de l’économie au
service de l’emploi. Dans un monde qui change rapidement, il peut compter sur
mon soutien sur ces combats essentiels pour la souveraineté de l’Europe.
David Amiel (député)
> Pour les mesures comme pour la méthode, Sébastien Lecornu veut sortir
de la logique du « tout ou rien » qui empoisonne notre vie politique.
Avec le Parti socialiste et la droite républicaine, nous devons maintenant
négocier et avancer.
Marie Lebec (députée)
> Réduction des dépenses publiques, lutte contre la fraude, justice
fiscale. Le Premier ministre SébastienLecornu dévoile les lignes directrices du
budget 2026, issues de ses premières concertations. Il souligne que des
compromis devront être trouvés dans l'hémicycle. À nous, parlementaires, de
construire un budget sérieux pour la France, garantissant sa stabilité.
> Le 26 septembre 2017, le Président de la République
Emmanuel Macron prononçait le Discours de la Sorbonne pour réveiller l’Europe.
Pour la première fois, un dirigeant parlait de « souveraineté européenne »,
affirmant que l’UE devait être autonome dans ses choix stratégiques : défense,
climat, numérique, migrations, culture. 8 ans plus tard, cette vision reste
d’une brûlante actualité. Face aux crises, l’Europe avance : elle se dote d’une
politique industrielle, protège ses intérêts économiques, investit dans la
défense commune et agit pour la transition écologique. La France est pleinement
engagée dans cette dynamique et a contribué à faire progresser de grandes
avancées européennes depuis 2017. Un discours fondateur, qui a ouvert un chemin
: celui d'une Europe plus forte, plus unie et plus souveraine
● MoDem
François Bayrou (président)
> [Discours de clôture de
l’université de rentrée du MoDem]
C'est de l'avenir que je
voudrais vous parler. Bien sûr, je ferai quelques allusions aux mois qui
viennent de s'écouler, mais pour moi l'essentiel c'est ce vers quoi nous sommes
dirigés. C'est les défis qui sont devant nous, que nous avons rencontrés au cours
de ces neuf mois qui étaient difficiles, exigeants et révélateurs dans un pays
qui n'avait pas de majorité, ni majorité relative, ni majorité absolue. Un pays
dont on voit bien qu'il doute profondément de son avenir, de la capacité du
politique à conduire son avenir, de la capacité de la démocratie. Nous allons,
Marc vient de le faire quand je suis monté à la tribune et lui descendais, je
lui ai dit « j'ai plus rien à dire, t'as tout dit » parce que nous pensons
exactement à des microscopiques nuances près la même chose.
Un pays qui doute, un pays qui doute de ses institutions, un pays qui est assez
souvent plongé dans le déni et qu'un certain nombre de partis politiques
contribuent à plonger dans le déni, un pays qui est assailli par les deux
extrêmes de sa vie politique, extrême droite et extrême gauche, tous les deux
habités par des obsessions. L'extrême droite par l'obsession de l'immigration,
dont je veux dire un mot, et l'extrême gauche par l'obsession du ciblage des «
riches » comme on dit. Ce que sont deux façons de se défausser des
responsabilités, de dire « ça n'est pas nous qui devrons prendre nos
responsabilités ou faire des efforts, c'est les autres ». Et tout à
l'heure, l'idée qu'on ne supporte pas la différence, elle a quelque chose à
voir avec l'obsession anti de ces deux extrêmes-là.
Je veux dire un mot de l'obsession anti-immigration. Pour dire des choses
simples, nous avons le devoir de veiller à ce que les flux soient maîtrisés, à
ce qu'on soit capable de garantir aux citoyens que les frontières ne sont pas
perpétuellement poreuses. Mais nous avons un deuxième devoir qui est
l'intégration. Ceux qui nous ont rejoints, depuis parfois des générations qui
vivent au milieu de nous, je vous demande de penser chaque fois qu'il y a
discours anti-immigration : promenez-vous dans les villes, regardez les
chantiers, regardez les échafaudages, regardez les femmes, ce sont souvent des
femmes qui le matin se lèvent pour aller faire dans les bureaux le ménage
nécessaire, regardez les cuisines des restaurants. Ceux qui sont là, ceux qui
nous ont rejoints, je le dis en notre nom à tous, ils méritent le respect. Ils
méritent. Et je veux que quand on tient des discours de cet ordre, on pense
aussi aux enfants des immigrés, aux petits-enfants des immigrés, aux
générations qui sont nées de ceux qui nous ont suivis et qui ressentent comme
une brûlure chaque fois que des attaques sont proférées contre ces femmes et
ces hommes que la misère a souvent chassé de chez eux et qui sont venus chez
nous pour partager un peu de notre destin. Intégration, ça veut dire pour moi
travail, maîtrise de la langue, transmission de la langue et acceptation des
principes qui nous font vivre ensemble. Et notamment du principe, j'aurai
l'occasion d'en reparler d'ici à la fin, du principe de laïcité. Accepter que
chez nous, et bien, ça n'est pas la foi qui fait la loi. La loi protège la foi,
mais ce n’est pas la foi qui fait la loi.
Et quant à l'obsession contre les propriétaires d'entreprises, contre les
investisseurs. C'est un drame pour le pays. Le problème, ce n'est pas que nous
ayons trop d'investisseurs et qu'ils réussissent trop. Le problème, c'est que
nous n'en avons pas assez d'investisseurs pour créer des entreprises dans notre
pays, pour créer des emplois et des richesses dans notre pays. Et si nous
passons notre temps, comme un certain nombre le voudrait, à cibler ceux qui ont
investi et qui réussissent, et bien, nous allons donner de la France la pire
des images, c'est-à-dire que nous allons faire fuir ceux dont nous avons
besoin. Vous savez bien, il y a dans La Fontaine une fable sur la poule aux
œufs d'or, ce paysan qui avait les yeux pas très bien ouverts et qui avait une
poule qui pondait tous les jours un œuf d'or. Et puis, il a dit « quand
même, elle doit avoir un trésor ». Alors, il a zigouillé la poule. Il a
ouvert les entrailles de la poule. La poule était morte, il n'y avait rien à
l'intérieur. Il a lui-même sacrifié ce qui était la source de sa prospérité. Il
y a quelque chose de cet ordre que nous sommes en train de faire. Si la France
est le pays dans lequel la réussite d'un investissement et d'une entreprise
fait que vous devenez la cible générale, alors nous prenons des responsabilités
qui sont pour notre pays, délétères, pour notre pays ; mortel, dans le
besoin où nous sommes de voir repartir le nombre des entreprises, la création
d'emplois et la création de richesses.
Ce qui ne veut pas dire, je m'adresse à Jean-Paul Mattei, avec qui j'ai des
débats fraternels depuis longtemps, ce qui ne veut pas dire que quand on est
dans une situation d'aisance et de prospérité, on ne doit pas participer à
l'effort général. Je l'ai dit depuis le premier jour, tout le monde devra
participer à l'effort général. Il faut simplement trouver les dispositions les
plus justes pour que cette participation ne soit pas quelque chose qui vient
enrayer la capacité d'investissement en France. Et vous savez à quel point
c'est rapide si vous regardez en Grande-Bretagne, ils ont décidé de taxer les
non-résidents, plus durement qu'ils ne l'étaient, je crois qu'ils l'étaient
très peu. Ils ont décidé de les taxer. Résultat, le prix de l'immobilier a
bondi à Milan parce que vous avez des déplacements de ceux qui le peuvent… Les
frontières désormais ne résistent pas à des déplacements de cet ordre. Donc
oui, il y a un travail sérieux pour que la participation de chacun soit à la
hauteur de ses possibilités. Et en même temps, « non » au ciblage qui
peut écarter de notre pays les investisseurs et les créateurs
d'entreprises.
Alors un mot des neuf mois que nous avons vécu ensemble. J'étais très fier
aussi de l'unité du gouvernement. J'étais très fier d'avoir constitué un
gouvernement avec des personnalités fortes. J'étais très fier que nous ayons
par exemple mis les Outre-mer très haut dans le classement du gouvernement avec
la nomination de Manuel Valls comme ministre d'État. Et ça va être vital parce
que des fragilités que beaucoup connaissent bien, que Philippe Vigier connaît
bien, sont extrêmes. J'étais très fier d'avoir pu doter le pays d'un budget
d'action publique et d'un budget de sécurité sociale qui était interdits au
moment où nous sommes arrivés. Je suis très fier que nous ayons pu faire voter
la loi d'orientation agricole dans un domaine où aujourd'hui, j'en dirai un mot
avant la fin, la situation est critique pour l'agriculture. Très fier que nous
ayons pu faire adopter la loi pour lever les obstacles à la production
agricole. La loi sur le narcotrafic, qui est un cancer qui, dans les quartiers
et dans les villages désormais, empêche la vie, prive les plus jeunes à la fois
de leur liberté, de leurs ressources et de leurs neurones. Je suis très fier
que nous ayons pu, au ministère de l'Éducation nationale, changer le principe
de la formation des enseignants, notamment des enseignants du primaire, pour
leur donner une meilleure maîtrise des fondamentaux, comme on dit, de la langue
et des mathématiques. Je suis très fier que nous ayons fait adopter la loi PLM,
Paris-Lyon-Marseille, dont Marc a fait allusion... Personne ne croyait que nous
pouvions y arriver et en vérité personne n'en avait envie tant qu'on protégeait
des situations locales. Nous avons fait adopter cette loi. Je suis fier de dire
que nous avions un texte prêt sur la proportionnelle, peut-être servira-t-il,
dans lequel nous ne sacrifions ni l'implantation locale, ni la représentativité
nationale. Un texte qui ressemble au principe du scrutin allemand, qui préserve
les deux, et peut-être cela servira-t-il.
Et je suis très fier de ce que nous avons décidé ensemble : de placer le
pays et les formations politiques du pays devant leur responsabilité, devant le
problème fondamental, historique, vital de la dette. Et nous l'avons fait avec
un principe qui est celui-là même, qui est pour nous la définition de la
démocratie. Alors je vais une nouvelle fois vous rappeler ce que Marc Sangnier
disait. Il disait que la démocratie c'est l'organisation sociale qui porte à
son plus haut la conscience et la responsabilité du citoyen. Conscience et
responsabilité. Et l'un ne va pas sans l'autre. Ce que nous avons conclu dans
cette expérience gouvernementale, c'est qu'il n'y a pas de responsabilité s'il
n'y a pas de conscience. Et on a bien vu que le fait que la dette soit aussi
profondément ignorée, aussi profondément mise de côté pendant toutes ces
longues périodes, ces années et ces décennies. Ça a empêché que se forme la
volonté nationale sur ce sujet. Et donc nous avons décidé, nous, de faire le
contraire, c'est-à-dire de dire aux Français la vérité comme elle est, de dire
aux Français la vérité la plus menaçante, de la dire sans rien dissimuler, sans
invoquer les facilités derrière lesquelles on se réfugie perpétuellement pour
sans cesse, au nom des grands principes, augmenter la charge qui pèse sur les
épaules de nos enfants et dont je vais vous dire un mot.
Mais tout cela nous l'avons fait à un moment historique particulier et un
moment historique dont il faut avoir la conscience. Un moment impressionnant.
Un moment terrifiant par instant de ce qui est en train de se passer sur notre
planète. Alors sur notre planète, il faut parler bien entendu du changement
climatique, que des pays entiers sont en train de rejeter et notamment que les
Etats-Unis sont en train de rejeter, que la Chine revendique de saisir pour
améliorer sa capacité industrielle et c'est là une concurrence qui est
évidemment très importante. Des règles commerciales qui sont chamboulées. Nous
avons vécu en fait un basculement de l'histoire du monde. Nous étions,
naïvement sans doute, mais en confiance, nous croyions tous ici que le temps
des affrontements brutaux et le temps de la loi de la force, que ce temps, en
tout cas pour nous les nations européennes, l'Occident développé, comme on
disait, le grand ensemble démocratique du monde, nous avons cru que ce temps
était derrière nous. Et puis, nous qui imaginions que nous vivions
définitivement dans le temps du droit, avec un D majuscule, nous avons
découvert que les pires craintes que les plus lucides d'entre nous pouvaient
avoir étaient en train de se réaliser. Et les pires craintes, c'est que nous
sommes tombés du temps du droit dans le temps de la force brutale. Dans le
temps des armes, dans le temps de la domination par la force militaire, le
temps de la domination par le monopole des matières premières, le temps de la
domination par des règles commerciales faussées, le temps de la domination
industrielle et intellectuelle. Si jamais il y a eu un temps où le mot
« impérialisme » retrouvait son sens, au contraire de tout ce que
nous imaginions et de tout ce que nous croyons, c'est le temps dans lequel nous
sommes entrés.
Et ce temps, il y a une date extrêmement précise, c'est le 24 février 2022,
quand les armées de Poutine se sont précipitées sur l'Ukraine voisine. Et il
faut à chaque occasion, et celle-ci en est une, que nous les démocrates, nous
confirmions le soutien que nous avons pour l'Ukraine martyrisée encore cette
nuit, l'Ukraine bombardée, l'Ukraine menacée d'être annexée. Il nous revient
parce que c'est notre démocratie, il nous revient de défendre l'Ukraine.
Et dans ce monde-là, nous imaginions que l'Europe était notre recours, l'Europe
que nous avions voulue, notre famille politique avec les socio-démocrates. Ce
sont ces deux mouvements qui ont construit l'Union européenne. Et notre
camarade de notre mouvement, Robert Schuman, et Alcide De Gasperi, et Jean
Monnet, nous avons ensemble voulu que cette Union européenne se forme
précisément pour cette raison-là. Pour que, face aux grands ensembles, à
l'époque c'était la guerre froide, face aux grands ensembles, nous constituons
un môle de résistance et de création de l'avenir, de défense et de promotion de
l'avenir. Nous avons fait ça et nous croyons que c'était fait pour
longtemps.
Je veux vous dire qu'un certain nombre d'entre nous, j'ai pris la liberté de le
dire, ont ressenti durement cette expédition de responsables européens qui sont
allés rejoindre le président des États-Unis dans un golfe écossais qui lui
appartient personnellement, dans sa propriété privée, pour célébrer les pouces
levés, ce qui n'était pas autre chose que la reddition aux oukases que Donald
Trump avait formulés. Pour ceux qui sont les militants de cette idée
européenne, cet instant-là a été un instant de dramatique prise de
conscience.
Alors, ne croyez pas que nous soyons totalement ignorants des réalités
économiques. Je sais très bien, comme tout le monde, que les droits de douane
que Trump impose C'est les consommateurs américains qui vont les payer. Je sais
très bien qu'on peut avoir beaucoup de doutes sur la création ou sur la mise en
place de barrières du même genre. Mais symboliquement, politiquement, voir le
chef de la première puissance mondiale et notre allié privilégié au travers des
décennies décider par un oukase que nos producteurs, que nos productions
seraient soumises à des droits de douane spéciaux d'un montant considérable
demandé aux producteurs de spiritueux, d'un montant considérable et que nous
déciderions bénévolement, parallèlement, symétriquement, de n'imposer aux
productions américaines aucun droit de douane. Ni aux productions américaines
matérielles, ni aux productions américaines numériques, par exemple. Trump a
décidé et l'Union européenne a obéi. Et a obéi, non pas avec le sentiment que,
bon, c'était la force, mais en allant lever les pouces dans le golfe du
président des Etats-Unis, comme si c'était une décision à célébrer. Et bien du
point de vue de ceux qui ont voulu l'Union Européenne, pour qui l'Union
Européenne et l'Europe en soi est un idéal, de ce point de vue-là, ce jour-là,
a été une défaite et a été un jour sombre.
Et la vérité oblige à dire qu'il y a un pacte, une raison qui n'a jamais été
démentie, entre l'Europe, son ambition, sa volonté de se construire un destin,
et la capacité de la France à être en Europe proposante et rayonnante. C'est
comme ça historiquement. Et il n'y a jamais eu d'exception à cette règle et à
cette annonce. Et quand on regarde la santé de la France en se disant, au fond,
c'est là qu'est la clé pour que l'équilibre du monde ne soit pas le même et que
l'Europe n'est pas le même cours, n'est pas le même destin, alors on regarde
notre pays et ce pays-là, on voit les difficultés qui sont les siennes.
Si je devais résumer en quelques mots, je dirais que c'est un grand pays, le
nôtre. C'est un grand pays qui ne va pas bien. C'est un grand pays
pourquoi ? Si vous regardez scientifiquement, technologiquement, un pays
qui réussit en même temps à être présent dans le domaine spatial, à créer des
satellites, à créer des lanceurs, comme aucun pays du monde ne le fait, en tout
cas de notre taille, parce que nous nous affrontons à des états-continent qui
pèse des milliards d'habitants et des centaines de millions d'habitants, et
nous, nous ne sommes même pas 70 millions. Le spatial, lanceurs et satellites,
l'aviation, les meilleurs avions du monde, les constructions navales et
notamment les sous-marins, notre capacité dans le nucléaire à créer cette
énergie nouvelle qui n'est pas polluante, qui n'émet pas de gaz à effet de
serre. Quand on voit ce que nous sommes capables de faire dans le domaine du
numérique, ce que nous sommes capables de faire dans le domaine de
l'algorithmique, vous savez les algorithmes, qui sont dans le domaine de la
robotique, dans le domaine de la génétique, immense pays ! Aucun pays du
monde ayant la même population que la nôtre ne peut rivaliser, ou en tout cas
s'il rivalise, ne peut prétendre dépasser la France et les réussites qui sont
les siennes. Et ces dernières années, nous avons réussi une politique de
renaissance de la création des entreprises et de la création des emplois
industriels, insuffisamment sans doute, mais cependant, Marc l'a rappelé, ça
doit être une de nos fiertés.
Et ce pays-là, il est en même temps menacé par des dangers qu'il a en réalité
lui-même accepté. Et ces dangers touchent tous notre souveraineté. Et donc la
ligne que nous avions fixée pour notre gouvernement, c'était indépendance et
souveraineté. Dans deux domaines principaux : le premier de ces domaines,
c'est le domaine des armes. C'est une nécessité. Je m'adresse aux membres de la
commission de la défense. Josy, nous avons respecté intégralement la loi de
programmation militaire. Et nous avons pris en compte, peut-être y a-t-il là
l'origine de la proposition de jour férié, nous avons pris en compte la
nécessité, étant donné les changements stratégiques et de matériel devant
lesquels nous sommes, regardez désormais, ce sont les drones et les missiles
qui font la force de frappe principale d'un État. Ce sont les drones qui
menacent l'indépendance des pays voisins de la Russie, comme on l'a vu, même si
on dit pudiquement qu'on n'a pas encore les preuves. En tout cas, il n'y a
aucun doute, si on n'a pas encore les preuves, sur la responsabilité russe dans
ces attaques-là. Changement stratégique et changement du matériel. Nous avons
décidé et nous avons tenu à prendre en compte intégralement les étapes de la
loi de programmation militaire qui pouvaient nous permettre, avec les nouvelles
décisions de l'OTAN, de tenir notre place dans le concert des nations, nous qui
avons été les premiers à vouloir et à imposer cette indépendance
militaire.
Et puis la deuxième partie, le deuxième grand sujet, le deuxième grand pilier
de cette indépendance, c'est l'indépendance financière. C'est la même chose
d'être soumis militairement et d'être soumis financièrement. Personne ne le
voit, personne n'y pense, tant depuis des décennies, les gouvernements, depuis
50 ans, les gouvernements successifs se sont évertués, présentant chaque année
un budget en déficit. Acceptant chaque année que la dette du pays augmente, les
gouvernements successifs se sont ingéniés à écarter de la conscience des
citoyens cette réalité si menaçante de voir notre pays soumis et dévitalisé par
la dette. Je vais vous donner un chiffre très simple pour que chacun mesure ce
qu'il en est. Les économistes savent que la croissance, la croissance au sens
matériel du terme et la croissance mesurée financièrement, la croissance c'est,
ces temps-ci, depuis 20 ans, à peine plus de 1% tous les ans, et l'inflation
c'est à peu près du même ordre. Cette année, un peu moins pour les deux. Et
donc ça veut dire que l'augmentation de la richesse du pays née du travail, de
l'invention, de la créativité, du risque-prix, la création de la richesse du
pays, c'est à peu près 50 milliards nouveaux tous les ans. Retenez bien ce
chiffre. Tout le travail du pays permet de progresser d'environ 50 milliards
par an. Et la charge de la dette, les prélèvements sur la richesse du pays, qui
sont faits pour aller apporter des ressources à nos prêteurs, à nos créanciers.
Cette année, dernière en 2024, c'était 60 milliards. Cette année, en 2025, ce
sera 67 milliards. L'année prochaine, et on ne peut rien y faire, tout ça, ce
sont des contrats signés. L'année prochaine, ça sera 75 milliards. Et la Cour
des comptes dit, dans un document officiel, qu'à la fin de la décennie, ça sera
107 milliards. 50 milliards de ressources créées, plus de 100 milliards dans 3
ou 4 ans de ressources absorbées pour aller apporter notre argent à nos
créanciers. Et nos créanciers, qui sont-ils ? Pour plus de 60%, nos créanciers
sont à l'étranger du pays. Et donc, quand je parlais de dévitalisation, c'est
une hémorragie de la sève française, de l'énergie française et de la richesse
française qui est tous les ans organisée, un déplacement de ce que nous créons
pour aller financer nos créanciers, ce qui veut dire que tous les ans, 50
milliards créés, 70, 80, 100 milliards prélevés. Notre pays s'appauvrit tous
les ans. On croit naïvement que le travail supplémentaire, l'invention
supplémentaire, les airbus vendues, notre capacité à exporter sur un certain
nombre de sujets, on croit que c'est pour nous enrichir.
En réalité, le poids de la dette est tel que nous nous appauvrissons tous les
ans. Qui le dit ? Personne. Qui l'assume ? Personne. Et nous avons des partis
politiques qui, non contents d'écarter cette réalité, ont décidé d'alourdir
encore la charge que nous allons mettre sur les épaules de nos concitoyens. Et
spécialement parmi nos concitoyens, je trouve que nous devons porter une colère
légitime sur ce sujet, spécialement parmi nos concitoyens des plus jeunes.
C'est nos enfants que nous ciblons. Ce sont les plus jeunes, ceux qui
travaillent aujourd'hui et qui vont travailler demain. Ce sont eux qui sont mis
à contribution pour des décennies. Ce sont eux dont on prélèvera la capacité de
création et la force vitale. Et personne ne le dit. Je trouve qu'il y a une
colère qui devrait être légitime. Et non seulement personne ne le dit, mais il
y a pire encore. Un certain nombre de politiciens ont décidé qu'il fallait
convaincre les jeunes de manifester pour avoir encore plus de dettes. Parce que
c'est ça qu'on est en train de faire. Quand on vous dit on va augmenter les
dépenses publiques, parce que c'est ça qu'il nous faut, ça veut dire que chaque
jour, le sac à dos des plus jeunes générations est alourdi par les décisions
irresponsables qui sont prises, qui sont naturellement demandées par la
majorité de nos concitoyens. Je sais très bien qu'il y a un mouvement qui vient
de loin et qui dit « après nous le déluge ». Donnez-nous cette année de quoi
satisfaire les attentes qui sont les nôtres. Et puis on verra bien plus tard ce
qui se passera. Il arrive que des responsables politiques soient dans cet état
d'esprit. Et bien, je veux dire simplement qu'il y a un théologien américain
qui a dit au XIXe siècle qu'il y a deux sortes de politiques : il y a les
politiciens qui s'occupent de la prochaine élection et il y a les hommes d'État
qui s'occupent de la prochaine génération. J'ai la fierté de dire que nous tous
ensemble, toute cette équipe gouvernementale, parlementaire, militante, nous
nous sommes occupés sans cesse de la prochaine génération. C'est plus
difficile, c'est plus compliqué, mais c'est vital ! C'est de cela dont nous
avons besoin. Et dont nous avons en direction de ces jeunes, non seulement un
devoir de vigilance, d'assistance à génération en danger, mais nous devons
inventer le nouveau monde pour eux. Et ce nouveau monde, il a beaucoup de
chapitres, j'en cite deux. Ce nouveau monde, il doit avoir un principe, je ne
sais pas s'il faut dire social ou moral, mais pour moi c'est un principe vital.
Il faut que chaque jeune ait à tout instant la capacité de reconstruire son
destin même s'il s'est trompé de voie. Je suis pour que nous tenions la
promesse d'avoir une deuxième chance, d'avoir une troisième chance pour ceux
qui se sont engagés par exemple dans des études qui ne sont pas celles qu'ils
souhaitaient. A quel qu'âge que ce soit, le monde d'une chance supplémentaire,
c'est un monde vital. Et nous avons, je m'adresse aux économistes parmi vous,
nous avons aussi le devoir de soutenir la croissance du pays parce que c'est ça
la seule clé pour que nous avancions vers l'avenir. Ce qui veut dire aussi que,
je le disais, on a besoin d'investisseurs, on a besoin d'une banque centrale
qui prenne en compte. La nécessité absolue comme d'autres banques centrales
sont en train de le faire dans le monde, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne,
en remettant en cause un certain nombre de dogmes. Nous avons besoin d'avoir
une banque centrale européenne qui prenne en compte la nécessité d'avoir un
accès au crédit plus facile, comme pays, comme société, et peut-être des
dirigeants européens qui acceptent que nous portions des emprunts en commun
pour que le taux de ces emprunts, ouverts à tous, soit plus bas qu'il ne le
serait pays par pays. On a besoin d'investir !
J'étais frappé en écoutant l'autre jour David Jaïz qui est venu nous parler de
sa vision imaginative de l'avenir. Il disait qu'on a besoin d'une grande
politique industrielle, de réindustrialisation. On a besoin d'une grande
politique numérique. On a besoin d'une grande politique agricole et sur tous
ces sujets de recherche, il a absolument raison. La question c'est :
où trouver l'argent pour le financer ? Et donc nous avons une
responsabilité collective en tant que dirigeants pour que le seul endettement profitable,
c'est-à-dire l'endettement dans l'investissement et pas dans le fonctionnement,
l'endettement qui ne concerne pas la vie de tous les jours, mais qui concerne
l'avenir, que cet endettement-là devienne accessible et ne soit pas interdit
aux pays qui ont fait des choix budgétaires désastreux. Et donc l'étape dans
laquelle nous sommes entrés, l'étape dans laquelle le nouveau gouvernement,
enfin le nouveau Premier ministre a été nommé, nous avons dit, Marc a dit, je
dis de la même manière, notre position elle est très simple : nous sommes
là pour soutenir les efforts du gouvernement. Nous sommes là pour soutenir et
rassembler autour du gouvernement, être capable en effet de dépasser des
frontières qui ne sont plus d'actualité ou des présupposés, des jugements
prématurés. Nous sommes là pour ça et notre groupe parlementaire est tout à
fait prêt à entrer dans toutes les discussions nécessaires sur ce sujet avec
une précaution à prendre, qui est présente dans votre esprit et que Marc a
indiqué : nous ne pouvons pas dégrader la situation financière pour des
accords politiques qui seraient déstabilisants.
Et je note avec satisfaction que le Premier ministre a dit qu'en matière de
retraite, on ne pouvait pas entrer dans des démarches aventurées ; qu'en
matière de fiscalité, on ne pouvait pas entrer dans des démarches qui chassent
les investisseurs. Ce sont des rappels utiles. Et en même temps, il est utile
de rappeler que ce sont des rassemblements qui permettront d'aller de l'avant
sur ce sujet, c'est-à-dire la capacité à se comprendre, à s'entendre et à
dépasser les anciennes frontières.
C'est un monde dangereux. Et je voudrais finir sur une idée qui me préoccupe
beaucoup, c'est l'extrême violence qui désormais s'installe partout dans les
démocraties, dans le débat public. L'extrême violence. Je ne sais pas si vous
avez vu deux déclarations récentes de M. Trump cette semaine. Parlant de son
prédécesseur Joe Biden, il a dit, je simplifie : « il a des ennuis de
santé, il a un cancer qui vient d'être découvert, n'ayez pas pitié de lui. Car
il a toujours été et il est aujourd'hui un sale fils de pute ». Je traduis
exactement, hein ! « Means son of a bitch ». Précisément. Et aux
obsèques de Charlie Kirk, il a dit, je traduis là encore exactement :
« Kirk, il croyait qu'on pouvait pardonner à ses ennemis. J'ai une grande
différence avec lui, moi je hais mes ennemis ». Eh bien, deux déclarations
cette semaine, et ne croyez pas que cet état d'esprit soit limité au territoire
des Etats-Unis. Il y a une montée de la violence que je trouve absolument
terrible. Songez que nous sommes dans un pays où on peut impunément, par
milliers et milliers de retweets, prétendre que la femme du président de la
République, mère de trois enfants, est un homme. Par milliers, en France et à
l'étranger, et qu'au fond personne n'y trouve rien à redire.
Cette montée de la haine aveugle, de la haine sourde, de la haine qui ne dit
pas son nom mais qui s'impose partout, dans tout le débat public, cette
montée-là, elle est pour moi une menace extrême. Et elle menace, et cette
menace, elle est une menace pour la démocratie, parce qu'elle est une menace
pour nos institutions, elle est une menace pour la confiance que l'on porte
dans les institutions, et ça se glisse évidemment partout, parce que c'est, au
fond, le sentiment que tout est truqué, qu'on ne peut pas avoir de débat
parlementaire, politique, démocratique vrai, et qu'au fond les institutions ne
méritent aucune confiance.
Un mot sur la condamnation de Nicolas Sarkozy. Je ne crois pas qu'il y ait dans
la vie politique française de responsable qui ait affronté Nicolas Sarkozy face
à face et avec autant de vigueur que j'ai été amené à le faire. Et j'avais déjà
exprimé une nuance à ce propos au moment d'autres décisions de justice plus tôt
dans l'année. Je trouve qu'il faut protéger les juges, et Marc l'a dit, je
trouve qu'il faut respecter les décisions, mais qu'on a le droit de se poser
des questions sur une disposition, qui est l'exécution provisoire. Pardon de le
dire aussi franchement que je le pense. Notre système judiciaire est fondé sur
un principe, c'est-à-dire qu'on peut faire appel des décisions quand on trouve
qu'elles ne sont pas justes. Et très souvent, ce principe du double degré de
juridiction, ce principe change en appel la décision de première instance et
assez souvent adoucit la décision de première instance. Parce que, au fond, la
perspective n'est plus tout à fait la même. Si on adopte la généralisation du
principe de l'exécution provisoire, ça veut dire qu'il n'y a plus d'appel
possible. Il y a un appel théorique, mais il n'y a pas d'appel réel. Et nous
qui sommes les défenseurs de la démocratie, nous sommes par nature les
défenseurs des principes démocratiques, et le droit à un double degré de
juridiction, s'il n'y a pas menace immédiate sur la sécurité publique. S'il n'y
a pas cette menace immédiate, le double degré de juridiction, c'est un droit de
la démocratie. Et je veux le répéter comme ceux qui n'ont jamais dissimulé leur
jugement et leur différence politique sur ce sujet.
Dans le monde auquel nous croyons, Il y a un certain nombre de dispositions qui
doivent être prises pour que la démocratie redevienne ce qu'elle devrait être,
c'est-à-dire un espace apaisé. D'abord, il y a des dispositions pratiques et il
y a des choix de principes. Je suis frappé, pour moi, de ce qu'on ne pousse pas
jusqu'à son terme, le principe de laïcité. On s'arrête en chemin. Et je dis ça,
comme vous savez, j'ai consacré quelques livres à la naissance du principe de
laïcité en France, avec l’édit de Nantes et avec Henri IV. On est allé au
principe de laïcité en matière religieuse et philosophique. Personne,
j'imagine, personne, à part quelques illuminés, ne voudrait qu'on se retrouve
dans un pays avec une seule religion, une seule philosophie, ce serait
dictature, et dictature dans le pire des domaines, dans le domaine spirituel.
Mais je pense qu'on n'est pas allé au bout de ce principe dans le domaine
politique.
Dans le domaine politique, on continue à penser comme si son projet devait
écraser le projet des autres. Et d'ailleurs, des dispositions sont prises à
tout instant ou des décisions sont prises à tout instant. Je pense par exemple,
Marc, à la décision qui a fait qu'on a interdit un certain nombre de groupes
politiques de la présence dans les instances de l'Assemblée nationale. Je
trouve ça antidémocratique, je trouve ça stupide. Je peux être en désaccord
profond et en affrontement avec un certain nombre des forces politiques et Dieu
sait que ces affrontements ne manquent pas. Mais la loi des démocraties, c'est
que tous ceux qui ont été élus doivent avoir une place dans les instances des
assemblées élues. Et donc j'espère, j'attends, c'est d'ailleurs la loi au
Parlement européen ! Au Parlement européen vous avez des élus ça vous
donne un certain nombre de points et ce nombre de points donne des places au
sein des instances du Parlement européen Nous qui sommes défenseurs de la
démocratie, il faut que nous imposions ce principe. Il faut que nous le
fassions respecter.
Et puis nous devons inlassablement lutter contre toutes les violences, et
notamment les violences dans le débat. Je veux vous dire, pour les avoir
vécues, que le déluge d'insultes, de manœuvres, de manipulations perpétuelles
au sein de notre démocratie française, dès qu'un responsable est élu, il s'agit
de l'abattre. Et pour l'abattre, on invente des scandales autour de lui. On
bâtit, on le pousse. On essaie de donner de lui une image naturellement fausse,
mais comment se défendre contre des accusations sur lesquelles la plupart du
temps vous ne pouvez pas apporter de preuves ? Et ça continue perpétuellement,
les fake news comme on dit, les articles de journaux divers et variés qui
présentent une version de la réalité qui n'a rien à voir avec les choses qui se
sont passées. Ces violences-là, elles doivent être notre pire ennemi. Je veux
vous dire ceci : je suis persuadé qu'il y a une attente profonde chez les
Français pour un mouvement politique dans lequel on s'interdit la haine, dans
lequel on s'interdit la violence, dans lequel on fait tout ce qu'il faut pour
que les autres soient aussi respectés comme on existe d'être respectés
soi-même. Démocrate nous sommes, nous portons ce projet de démocratie-là.
Puis je n'oublie jamais dans ces affaires-là, dont un certain nombre d'entre
nous sont épisodiquement l'objet, je n'oublie jamais un très beau poème qui est
un poème de Kipling qui s'appelle « Si » . Et ce poème, il décrit à un jeune
homme, il y a beaucoup de jeunes militants parmi vous, il décrit à un jeune
homme ce que devrait être l'attitude d'un responsable qui voudrait être à la
hauteur, pas de son mandat mais de sa mission d'homme. Et il y a ces vers qui
disent : Et te sentant haï, sans haïr à ton tour, Pour t'en lutter et te
défendre, Si tu peux supporter d'entendre tes paroles, Traversies par des gueux
pour exciter des sceaux, Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle, Sans
mentir toi-même d'un mot. Et le dernier vers du poème, c'est « Alors tu
seras un homme, mon fils ».
> Discours
d'ouverture de l’université de rentrée du MoDem]
Je ne surprendrai personne en disant que c'est un moment probablement sans
précédent que nous sommes en train de vivre ensemble. Sans précédent pour notre
pays, sans précédent pour l'Europe et sans précédent pour ce qui se passe à la
surface de la planète.
Nous avons vécu un immense mouvement de bascule, immense mouvement dont
j'imagine personne n'attendait l'amplitude et la gravité puisque, bien entendu,
chacun a en tête les questions de changement climatique avec le jeu différent
des grands États, certains disant oui c'est un problème majeur, c'est ce que
dit la Chine, je ne sais pas si elle suit exactement ses propres affirmations,
mais l'Inde dit : « Ne comptez pas sur nous pour abandonner le charbon », et
les États-Unis en sont aujourd'hui à nier la réalité même du changement
climatique et à refuser toute réflexion partagée avec les grands États du monde
sur ce sujet.
Et c'est le moment que nous sommes en train de vivre. Et quand je dis que nous
avons vécu un moment de bascule, c'est évidemment ce qui crève les yeux. Nous
avons vécu, jusqu’à deux-trois ans, jusqu'à l'invasion de l'Ukraine, et encore
il nous a fallu du temps pour comprendre que l'invasion de l'Ukraine avait
changé les choses. Pas nous. Nous avons été, je crois, parmi les premiers à
dire immédiatement à la seconde même quelle était la gravité du changement
d'époque dans lequel l'agression de Poutine sur l'Ukraine nous a plongés.
Mais ce moment de bascule, il s'explique, il s'énonce en très peu de mots. Nous
avons vécu pendant plus d'un demi-siècle avec l'illusion probablement que nous
étions désormais assurés, garantis, j'allais dire tranquilles, dans un monde
dominé par la loi, par le droit, par le multilatéralisme, par le respect réciproque
des États entre eux. On savait bien que les plus forts ne cessaient pas d'avoir
conscience de leur force. On savait bien que les plus faibles étaient
parfaitement conscients de leurs difficultés à faire entendre leur voix.
Mais au moins avions-nous un projet, un cadre auquel on pouvait se référer,
qu'on pouvait expliquer aux plus jeunes, qu'on pouvait expliquer dans les cours
d'éducation civique, aux enfants, aux étudiants. Et dont on faisait, au fond,
un cadre pour nous dans la vie démocratique. Et c'est ça qui, tout d'un coup, a
cédé devant le passage à une autre ère, une autre époque, un autre acte des
siècles que nous vivons.
On est passé du cadre de la loi au cadre de la force brutale avec la guerre en
Ukraine. Brutale avec la stratégie industrielle et de domination et de maîtrise
des matières premières que la Chine impose. Brutale avec la négation de toutes
les règles commerciales. Et brutale avec l'affirmation sans pudeur, de la part
du président des États-Unis, que c'était lui qui décidait, et personne d'autre,
qui décidait, de notre sort à nous, qui sommes, étions, ses principaux alliés.
On va traiter de ce sujet dans la table ronde qui va suivre. Incroyable
mouvement de bascule.
Et dans le même temps pour l'Europe, vous en êtes tous les témoins, un moment
d'hésitation, de doute, où un certain nombre d'attitudes internes à notre Union
font que nous acceptons les diktats américains sans beaucoup les discuter. Plus
que ça, nous nous précipitons dans un golf écossais qui est la propriété privée
de Donald Trump pour aller accepter les conditions qu'il nous pose et lever le
pouce pour garantir que nous sommes très heureux d'avoir cédé.
Et ceci pour beaucoup d'entre nous, pour ceux qui sont les militants d'une
Union européenne dont le but est de se faire respecter, qui sommes les
héritiers directs de ceux qui ont voulu cette Union européenne et qui l'ont
construite et qui l'ont faite. Pour beaucoup d'entre nous, c'est une, je le dis
comme je le pense, c'est une souffrance. C'est l'œuvre à laquelle nous avons
donné ce que nous avions de plus précieux et qui se trouve remise en cause par
ses partenaires même, avec des États qui s'enorgueillissent du rôle de cheval
de Troie qu'ils revendiquent à l'intérieur de l'Union européenne.
Avec des responsables de gouvernement et politiques qui parlent de leurs
partenaires européens sans respect, et avec des États membres de l'Union qui
sont décidés à remettre en cause les règles fondamentales de l'Union. C'est ça
la vérité.
On a dit quelques phrases sur le monde, elles ne sont pas rassurantes. On a dit
quelques phrases sur l'Europe, elles ne sont pas rassurantes non plus. Et il
nous faut ouvrir les yeux sur la réalité de la France. Et la réalité de la
France n'est pas très rassurante non plus.
Il s'est passé il y a 15 jours, un peu plus de 15 jours, un événement que moi
je considère comme révélateur. Le gouvernement que j'étais heureux de conduire
et qui était une équipe soudée, amicale, en dépit des différences que j'avais
voulu articuler autour de poids lourds, a engagé sa responsabilité sur une
question essentielle, qui est de savoir si oui ou non il y a quelque chose
d'urgent et de grave dans la situation de notre pays, dans la situation
financière de notre pays sur un constat, comme on dit, élémentaire, mon cher Watson.
Avant de conduire une politique, il faut qu'on vérifie si on est d'accord sur
quelque chose. Et on voit, donc, le Parlement a répondu non, nous ne voulons
pas nous mettre d'accord sur un constat. Et ce constat, au fond, il est peu
important que nous le partagions ou pas.
Plutôt avec la véhémence de ceux qui se sont exprimés à la tribune, plutôt de
négation de la gravité du constat, à un moment où la phrase que j'avais
utilisée, m'adressant aux parlementaires, c'est « Vous avez le droit et le
pouvoir de renverser le gouvernement, mais vous n'avez pas le pouvoir d'effacer
le réel. » Et le réel nous rattrape tous les jours.
Et ce que nous voyons depuis deux semaines est une situation inquiétante. De
très grands partis français qui furent des partis de gouvernement, qui nient la
réalité, non seulement qui disent « nous ne voulons pas d'économie », mais qui
ajoutent une liste de dépenses nouvelles à assumer.
Et Marc [Fesneau], toi qui nous représentes au sein de toutes les discussions
parlementaires, tu mesures chaque fois à quel point sont loin les déclarations
des groupes de l'opposition, loin de la réalité. La réalité, vous l'avez vu. Il
y a huit jours, avec l'agence de notation Fitch qui a dégradé la note de la
France, dans le temps où elle regradait la note de l'Italie, et puis vous avez
vu les chiffres qui sont sortis hier, qui indiquent que la France a passé le
cap des 3 400 milliards d'euros de dette, avec des revendications au sein des
discussions pour savoir si on peut faire un accord pour trouver au fond un
moment ou un début de rassemblement, avec des discussions qui, tout entières,
visent soit pour reporter la réforme des retraites, soit pour refuser des
économies sociales ou de l'action publique, soit pour multiplier des dépenses à
venir, toutes positions qui ont une conséquence : c'est que certains veulent
qu'on augmente la quantité de dette beaucoup plus encore qu'elle n'était prévue
dans les projets de budget.
Et je m'arrête une seconde, parce que la dette c'est des données comptables et
souvent les données comptables ça échappe. Je m'arrête une seconde pour dire
ceci : la question de la dette principale, c'est qui va payer la dette. Et la
réponse à la question, c'est que ceux qui vont payer la dette, c'est ceux qui
sont au travail et les plus jeunes de ceux qui sont et vont venir au travail.
Un pays qui décide de mettre sur le dos des plus jeunes, de ses enfants, la
charge des dépenses publiques qui sont les siennes. Ce pays-là est devant un
problème qui ne s'effacera pas par des accords politiques, qui ne s'effacera
pas par des décisions publiques, qui ne s'effacera pas par des ententes ou des
mésententes, ce pays est devant une question qui lui est posée en tant que
génération. Et pour moi, c'est le principal souci que nous avons devant nous.
Je dis le principal parce qu'il y en a un second, qui vient et qui est pour moi
très préoccupant et qui s'adresse particulièrement à nous. Parce que le mot que
nous affichons est le mot de démocrate. Et le doute qui est en train de se
développer parmi nos concitoyens.
Pire encore, mais ça n'est pas sans lien avec ce que j'énonçais à l'instant. Le
doute se développe particulièrement parmi les plus jeunes de nos concitoyens.
Des enquêtes qui viennent de sortir et qui montrent que ce sont les générations
les plus jeunes qui ne seraient pas loin de revendiquer des autorités fortes,
comme on dit, des gens qui prendraient tout en main et décideraient à votre
place. Il y a cette tentation, comme vous le savez. Elle n'est pas seulement
aux États-Unis avec Donald Trump, elle est aussi sur le territoire européen.
Doutes sur la démocratie au travers de la question de l'impuissance publique.
Est-ce que nous arrivons à changer le réel ? Est-ce que nous faisons quelque
chose ? Ou est-ce que nous palabrons, nous racontons des histoires et au bout
du compte rien ne change ? Rien ne change pour ceux qui sont dans la difficulté
du travail ou de la recherche de travail, rien ne change dans la vie de tous
les jours et c'est une terrible question. Et est-ce qu'on a confiance dans les
institutions ? Par exemple, à propos d'événements récents, est-ce qu'on a
confiance dans la justice ?
Et cette immense question de la démocratie : ne regardez pas ailleurs, regardez
ici, c'est à nous de lui apporter des réponses. Notre revendication,
l'expression qui est la nôtre, elle est dans notre titre. Démocrates comme
mouvement, les démocrates comme groupe parlementaire, et je pense qu'il faut
que cette dénomination, les démocrates, devienne un facteur commun pour nous
tous.
Au moment où la démocratie est attaquée, c'est aux démocrates d'inventer des
réponses. Alors nous sommes là pour ça, vous êtes là pour ça.
Et donc nous avons d'une certaine manière renforcé notre équipe sans que ça ne
nous coûte rien. Et vous qui étiez à la tribune à l'instant, vous savez bien de
quoi on parle. C'est infiniment précieux. Donc le programme est chargé. À mon
avis, un peu trop chargé. Mais il ne faut pas le dire parce qu'elle ne supporte
pas que... Alors, à mon avis, un peu trop chargé, disent François Bayrou et
Marc Fesneau, qui tous les deux partagent le même sentiment.
Mais enfin, bon, comme c'est elle la patronne, Maud, on obéit, et c'est comme
ça que les choses marchent. Donc vous savez, Maud, elle a un parcours. Elle a
commencé avec Marielle. Donc elle a beaucoup appris chez elle. Voilà. Les
démocrates, nous sommes. Et c'est aux démocrates à apporter des réponses.
La situation, je ne veux pas faire de superlatifs. La situation est pour moi la
plus grave que la France ait rencontrée depuis 60 ans. Parce qu'un pays qui
refuse officiellement, par la voix de ses parlementaires, pas tous, non, encore
heureux, encore heureux, par la voix de la majorité de ses parlementaires, de
reconnaître la réalité de la situation qu'elle doit affronter et d'envisager
les yeux ouverts les décisions acceptables qu'elle doit prendre.
On peut les discuter, on peut changer, on pouvait changer les décisions qu'elle
doit prendre pour essayer de remettre son pays sur les rails. Ce pays-là, avec
des institutions discutées, avec multiplication d'incompréhensions sur la
manière dont elle fonctionne, l’institution politique, la manière dont elle
fonctionne, l’institution judiciaire. Ce pays-là, il a besoin de se réinventer.
Et ce que j'ai dit au sortir de Matignon, au moment de la passation des pouvoirs,
c'était exactement ça. La question, c'est qu'on est là pour aider.
Le jour où il y aura un gouvernement, on l'aidera de toutes nos forces. On est
là pour avancer, on est là pour inventer le monde nouveau qui vient. Et qui
vient à coup sûr, qui peut venir au travers de tremblements de terre, d'orages,
d'accidents, de crispations.
Je suis frappé de la violence du monde dans lequel on vit, de la violence des
propos. Mais le monde, un monde vient, quelles que soient les étapes par
lesquelles nous allons passer. Ce monde-là, il nous appartient de dire qu'il ne
peut pas se constituer hors des principes démocratiques que notre pays a mis
des siècles à vouloir et qu'il a maintenant le devoir de défendre.
Et ce que dit et fait le président de la République dans ce sens mérite aussi
d'être salué. Nous, notre responsabilité, c'est de participer à l'invention de
ce monde qui vient et à la défense des principes que tout le monde laisse
tomber, a envie d'abandonner et que nous, nous voulons au contraire célébrer et
porter. Vous voyez que ça va servir ces trois jours. Merci à tous.
Maud Gatel (secrétaire
générale)
> [Discours à l’université de
rentrée du MoDem]
Il y a 10 mois, François Bayrou
accédait à Matignon. A la tête d’un pays sans majorité, et sans budget.
En 9 mois, le gouvernement de François Bayrou, avec Jean-Noël et
Patrick, est parvenu:
- à doter la France d’un budget et à enclencher une trajectoire de réduction du
déficit public,
- à remettre la démocratie sociale au cœur de l’action publique et les
partenaires sociaux autour de la table,
- à s’attaquer à la réforme de l’État et aux difficultés des services
publiques.
Ces avancées, acquises de haute lutte, s’inscrivent désormais dans le paysage
politique. Et nous serons là pour les défendre.
Mais nous nous sommes aussi heurtés à la sclérose politique actuelle. Au
dévoiement du politique qui consiste à nier le réel comme si cela permettait
d’enterrer les difficultés.
Nous sommes ceux qui ont mis depuis des décennies le sujet de la dette au cœur
de notre action. Pas pour une question d’orthodoxie budgétaire ou de lubie
démocrate. Mais parce que c’est une question de liberté, de solidarité, de
souveraineté, de capacité à agir pour relever les multiples écueils qui sont
devant nous.
Face à l’impasse du comment avant le pourquoi, François Bayrou a mis les
formations politiques devant leurs responsabilités. Car comment agir sans
partager un constat du réel et de l’impérieuse nécessité d’agir ?
D’autant plus lorsque les déséquilibres du monde se sont accélérés ces
dernières années et exigent de redoubler nos capacités d’action. Aux défi
climatique et social s’est ajouté le défi géopolitique. La tentation ilibérale,
la négation du droit international et le retour de la loi du plus fort
remettent en question les fondements même de nos sociétés démocratiques. Les
mensonges érigés en vérité absolue, la remise en cause de l’équilibre des
pouvoirs et la brutalité dans les rapports humains affaiblissent chaque jour
l’Etat de droit.
Alors que la situation exige que la France, mais aussi l’Union européenne se
renforcent, il est inconcevable que nos responsables politiques soient si peu
responsables.
Il y a ceux qui ne savent toujours pas, 3 ans après, condamner la Russie et la
qualifier d’agresseur. Et je veux redire notre solidarité et notre engagement
total à l’égard de la population ukrainienne victime cette nuit encore de la
foudre russe. Ceux qui considèrent que la Chine a des leçons de démocratie à
nous donner.
Ceux qui préfèrent le chaos pour servir leur agenda politique ou judiciaires.
Ceux qui instrumentalisent les prochaines échéances qu’elles soient municipales
ou présidentielle aux dépens de l’intérêt général du pays.
Les partis républicains de gauche, de droite et centre relèvent de courants de
pensée bien différents mais lorsque l’essentiel est en jeu, nous devrions être
en mesure de nous accorder pour continuer à faire avancer le pays, et nous
confronter aux grands enjeux :
- la préservation de notre modèle social malgré la crise démographique,
- la lutte contre le dérèglement climatique,
- l’efficacité de nos services publics.
Agir et ainsi démontrer aux Français que leurs inquiétudes, leurs colères
aussi, sont entendues. Qu’il est encore possible d’agir. Avec et pour eux. Car
la défiance et le sentiment d’impuissance sont les carburants pour les
extrêmes.
Au MoDem, nous ne serons jamais de ceux qui préfèrent le confort des postures
au courage de l’action.
Et la difficulté des temps ne nous enlèvera pas notre foi en notre pays et dans
les Français. Ni notre détermination à agir.
Vérité, courage, responsabilité : c’est le chemin, exigeant et difficile
que nous avons choisi.
Et que nous allons continuer de tracer.
Au niveau national et européen. Nos parlementaires qui n’ont de cesse
d’affirmer ce que nous sommes, ce en quoi nous croyons. Je veux vous dire
combien nous sommes heureux et fiers de pouvoir d’être représentés par nos
députés présidés par Marc Fesneau, et au Sénat - je salue Isabelle Florenne et
Denis Saint-Pé. Et bien sûr Jean-Marie Vanlerenberghe que nous avons célébré
hier. Ainsi qu’au Parlement européen sous la houlette de Marie-Pierre et
Laurence.
Mais aussi dans les territoires, avec nos élus locaux. Qui seront l’an prochain
encore plus nombreux grâce au travail considérable que nous avons effectué. 350
chefs de file ont été désignés dans les communes de plus de 10 000 habitants.
350 personnalités formées et accompagnées. Des élus qui porteront partout en
France des projets humanistes grâce au travail conjoint des villages, des élus
et des militants.
Cette proximité, cette capacité d’écoute et de dialogue qui nous caractérisent,
nous en aurons bien besoin au regard des temps difficiles qui sont devant
nous.
Au cours de ce week-end, nous avons démontré, une fois
encore, la solidité de ce qui unit : une certaine vision de l’homme et de
l’action publique ; la capacité à ne renoncer à rien, jamais.
Je veux vous dire notre fierté, ma fierté, à travailler avec vous, au service
de nos concitoyens.
Marc Fesneau (député,
président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> [Discours à l’université de
rentrée du MoDem]
Au pied du si beau mont Ventoux, nous
avons essayé de réfléchir à ce qu’est l’image de notre mouvement, nous avons
essayé de travailler sur la permanence de nos valeurs, sur notre engagement,
sur la manière de concevoir la politique, qui est aussi une permanence chez
nous mais aussi la nécessité de nous réinventer. Nous avons changé de lieu
mais, d’une certaine façon, nous n’avons pas changé pas d’idéal, et c’est bien
ça l’essentiel. Et le contexte politique et les bouleversements de l’ordre
international exigent, sans doute comme rarement cela a été le cas dans
l’histoire de notre pays, que nous nous réinventions, d’abord nous, pour
proposer ensuite un projet de réinvention collective.
Et pour permettre cette réinvention, je voudrais commencer par m’arrêter
quelques instants, cher François, sur le point de départ, en tout cas sur ce
qui s’est passé depuis un an et singulièrement ce qui s’est passé ces 9
derniers mois, lorsque François était Premier ministre.
Je peux témoigner qu’il n’y a jamais eu d’optimisme béat à accéder à la
fonction de Premier ministre. Je vous rappelle les premiers mots qu’avait
prononcé François, – citant Mitterrand « Enfin, les ennuis
commencent » – et nous avons été servis en ennuis, du quotidien et en
ennuis généraux. Nous savions, et François savait, que les marges de manœuvre
étaient particulièrement étroites et la situation du pays était périlleuse.
Je veux d’abord saluer l’équipe que tu as réussi à constituer, l’équipe
gouvernementale, ceux qui sont là et ceux qui ne sont pas là et qui ont
participé de cette aventure. Je trouve et les commentateurs le disent
également, que tu as su trouver et former un gouvernement solide, fait de
« poids-lourds », de gens qui avaient beaucoup d’expérience et de
sens de la responsabilité, engagés comme jamais et complémentaires, malgré
leurs différences. Ce sont des équipes qui sont solides et qui ont montré qu’on
pouvait se rassembler parce que l’intérêt du pays le méritait.
Ce n’était pas un gouvernement MoDem mais c’était un gouvernement à
l’image du MoDem. Et François a fait ce qu’il avait envie de faire pour former
ce gouvernement à l’image du rassemblement des convictions dans leurs
différences.
Je tiens également, cher François, à souligner la capacité qu’a montré
l’équipe gouvernementale que tu as constituée à gérer les premières urgences.
Je pense au drame de Mayotte et a tous les sujets ultramarins dont on
parle trop peu dans les débats intramuros et dont on devrait parler un peu
plus, car les ultramarins, c’est la France et cette France-là, il ne faut pas
l’oublier, sinon elle viendra se détacher de nous.
Le puis 13 décembre dernier, je le rappelle, nous n’avions pas de
budget, pas de moyens, pas de visibilité sur l’avenir pour les services
publics, pour le soutien aux entreprises ou aux associations.
Et ce budget, déjà, a été voté, et ce n’était pas évident dans le pays
tel qu’il est fracturé et il a permis de faire passer le déficit de 6,3 % à 5,4
%. Ca me donne l’occasion de dire que le budget, non seulement il faut le voter
mais en plus il faut l’exécuter. C’est-à-dire que faire en sorte que ce qui a
été voté par les parlementaires soit bien la trajectoire qu’on retrouve à la
fin de l’année et nous sommes sur la trajectoire qui avait été décidée par
François. Et même avec le PS nous avons retrouvé une voie. Il y a une voie pour
un redressement de notre pays. Ni immobilisme ni austérité : nous l’avons
fait, alors même que la censure du gouvernement de Michel Barnier avait coûté
12 milliards d’euros au pays, comme si nous avions les moyens de cette
instabilité.
C’est aussi pendant ces quelques mois que nous avons montré que le Parlement
pouvait produire des débats utiles pour les Français.
Je pense notamment à la loi pour lutter contre le narcotrafic que nous avons
adoptée ou aux débats à la hauteur sur la question de la fin de vie. Nous avons
démontré, là aussi en respectant les différences, dans la diversité des votes y
compris dans le groupe que je préside, que nous pouvions avoir des débats à la
hauteur. Ou au cap donné sur l’organisation de l’Etat. Tout ça reste et tout ça
doit être poursuivi.
Je voudrais également évoquer la loi Paris-Lyon-Marseille, qui vient
mettre fin à une anomalie démocratique. Une représentation fidèle et équitable
des électeurs parisiens, marseillais et lyonnais, comme de toutes les communes
de France, ça ne me paraissait pas une chose incongrue et c’est bien que nous
l’ayons fait. Je veux saluer la mémoire de Marielle qui a beaucoup mené ce
combat, qui considéraient que les Parisiens devaient avoir une juste
représentation. Et saluer le combat qu’ont mené tous les élus, Jean-Paul a été
rapporteur de ce texte et le combat que Maud a mené sur ce sujet.
Vous me permettrez, à ce moment où j’évoque les avancées législatives que nous
avons portées, de saluer Patrick. J’ai connu le ministère des Relations avec le
Parlement. Disons que nous avions une majorité. Je ne sais pas si c’était plus
simple. Mais disons que c’était plus confortable et nous gérions à l’intérieur
d’une majorité des divergences et des différences que nous essayions d’aplanir
mais je reconnais que le travail qu’il a fait dans des circonstances absolument
chaotiques où la « bénévolance » n’est pas la première des vertus,
alors on connait le talent de Patrick pour la négociation mais là il fallait
vraiment un orfèvre comme lui pour le faire alors je voudrais vraiment saluer
le travail qu’il a fait auprès de François pour faire en sorte que nous
avancions.
Vous me permettrez, à ce titre, de dire un mot de notre Assemblée. On
passe notre vie à dire « le gouvernement ne nous entend pas ». Je
pense que nous avons une responsabilité à l’Assemblée, c’est que si nous
voulons être entendu, il faut que nous soyons un peu responsables. J’ai dit
pendant des semaines et des mois et nous sommes nombreux à le partager sur les
bancs du groupe que nous devions nous concentrer sur l’essentiel, que
l’objectif du parlementaire n’était pas de produire une loi à son nom. Et d’ailleurs,
quand vous regardez dans l’histoire, il y a peu de parlementaires qui laissent
une loi à leur nom, donc j’invite à la modestie. Et deux, le travail du
parlementaire n’est pas de produire de la proposition de loi au kilomètre, mais
de produire de la loi aussi lisible que possible et aussi peu nombreuse que
possible et de contrôler l’action du gouvernement. Et on a un parlement qui
aujourd’hui entretient non seulement la querelle en son sein et dieu sait si
les débats sont houleux, je dénonce avec la plus grande fermeté toutes les
attitudes qu’on y découvre, mais nous avons aussi un parlement qui organise sa
propre impuissance. Au moment où le parlement devrait pouvoir décider de tout,
il se donne les moyens de ne décider de rien.
Dernier élément, le combat de responsabilité et de vérité que tu as mené
François, sur la dette. Je considère que la conscience de l’opinion a progressé
et c’est déjà une bonne chose et ce combat s’imposera, de toute façon, à nous.
C’est notre combat depuis plus de 20 ans. C’est LE combat de la responsabilité
pour préparer l’avenir. C’est celui dont tout découle. Parce qu’au fond, si
nous ne le réglons pas, nous déciderions de sacrifier les générations futures
en détournant pudiquement le regard de l’urgence et la gravité de ce sujet
historique, ce serait la première faillite de notre nation ! Nous
donnerions à notre jeunesse la vision de l’incapacité à s’insérer dans le
marché de l’emploi, l’impossibilité de trouver un logement, la perte de
souveraineté, pour les destins individuels ou collectifs, que nous laisserions
une fois de plus ou une fois de trop peut-être, aux marchés financiers et aux
puissances étrangères. Alors ce combat, plus que jamais nous le mènerons à
l’Assemblée nationale et dans le débat public !
Je suis toujours fasciné de voir ceux qui se prétendent
« patriotes » être prêts à livrer notre pays à la cupidité des
marchés et aux usuriers étrangers. Et venir ensuite nous donner matin, midi et
soir des leçons de patriotisme et de défense de la France. Ce combat d’une
France à nouveau maîtresse de son destin, nous devons plus que jamais le
porter. Ici, nous sommes des patriotes et parce que nous aimons sincèrement la
France, nous lui devons le débat et le combat pour la vérité sur la dette.
Force est de reconnaitre, malheureusement que nous revenons, en cet automne
2025, avec les mêmes défis mais dans un contexte plus lourd encore.
C’est notre première responsabilité d’exiger de nous-mêmes d’être d’ardents
optimistes : il n’y a pas d’autre choix que d’espérer et pour essayer de
donner un cap.
Vaclav Havel écrivait : « L'espoir est un état d'esprit, c'est
une orientation de l'esprit et du cœur, ce n'est pas la conviction qu'une chose
aura forcément une issue favorable, mais la certitude que cette chose a un
sens, quoi qu'il advienne ».
Et la responsabilité que nous avons, comme responsables politiques,
quand les temps sont si durs, c’est de ne pas se résigner, c’est avant tout de
se battre et de donner un horizon.
Cet horizon, c’est celui que nous avons commencé à dessiner avec le
sillon tracé avec le groupe depuis 2017, en étant les défenseurs infatigables
d’un dialogue sincère et exigeant. Et je voudrais saluer de nouveau Patrick,
mais aussi saluer Jean-Paul qui m’ont précédé ou succédé, dans les missions de
Président de groupe.
C’est nous qui avons toujours plaidé, et nous avons une forme de
constance que chacun peut reconnaître, depuis 2017, même lorsque le parti
majoritaire s’y refusait, pour davantage écouter les oppositions et tendre la
main à la gauche et la droite de gouvernement et respecter nos oppositions.
Nous n’en serions peut-être pas là si nous avions su à l’époque tendre la main,
car c’est quand on gagne, quand c’est facile qu’il faut le faire et pas quand
on est en difficulté, parce que les conditions du rapprochement sont plus
difficiles.
Cet attachement au compromis et au dialogue, nous ne l’avons pas
découvert avec l’absence de majorité absolue en 2022, et encore moins en
2024.
Nous, c’est ce en quoi nous croyons depuis toujours, ce que nous
pratiquons depuis des années, et c’est précisément ce qui est plus que jamais
nécessaire dans les semaines à venir !
C’est aussi notre groupe qui, depuis 2017, livre des propositions au
débat parlementaire en assumant ce que nous avons fait depuis l’élection
d’Emmanuel Macron, les avancées comme les insuccès, mais sans faire
« table rase » de nos combats communs. Je déteste parfois l’ambiance
qui consiste à nier ce que nous avons fait ensemble depuis 8 ans. Si nous
sommes ensemble depuis 8 ans c’est sans doute que nous avions des combats en
commun et des choses que nous avions envie de défendre ensemble.
Je veux saluer ce que nous avons fait sur l’attractivité du pays et la
réindustrialisation, un certain nombre de moyens qui ont été mis sur la
justice, sur la sécurité, sur la santé. Je voudrais citer, l’occasion de saluer
Jacqueline Gourault, ce qui a été fait sur les maisons France services, sur la
taxe d’habitation, sur la réforme de la SNCF. Je voudrais saluer, cher
Jean-Noël, l’engagement du Président de la République dans le débat des
nations, au niveau européen qu’international. Tout ça, nous devons l’assumer et
le reconnaître.
Il faut reconnaître les échecs mais, diable, si nous ne sommes pas
capables d’assumer les avancées pour les pays, alors qui le fera ? Et il
me semble que ça manquerait de sincérité de ne pas le faire. Je sais que cela
est une préparation pour d’autres élections qui viendront, mais je sais ce que
nous devons au Président de la République et ce que la majorité nous doit aussi
pour avoir fait avancer le pays, avec François en chef de file, à la tête de
notre Mouvement.
C’est aussi notre groupe qui porte depuis toujours le discours et la
méthode sur le dépassement parce que nous, nous ne parlons pas de « lignes
rouges », mais des attentes des Français et des intérêts du pays.
Et ceux qui « découvrent » aujourd’hui les vertus du compromis ou
ceux qui sont encore englués dans les jeux partisans doivent comprendre une
chose, une seule chose :
- Le compromis ce n’est pas tout ou rien, à prendre ou à laisser ;
- Le compromis, ce n’est pas la taxe Zucman ou le statut quo ;
- Le compromis, ce ne sont pas les solutions « miracles » ou
« gadgets » pour réduire les dépenses publiques.
- Le compromis, ce n’est pas se replier sur ses certitudes et, j’ose le dire,
sur ce que l’on croit être les certitudes de ses propres électeurs ;
- Le compromis ce n’est pas chercher à humilier l’autre par une victoire sur
lui.
Si nous ne comprenons pas ça, nous ne parviendrons pas au compromis.
Si l’on veut sincèrement un compromis, tout le monde va devoir renoncer
à une part, non pas de ce qu’il croit, mais de ce qu’il veut, pour que nous
avancions. Ce ne sera peut-être le budget idéal que nous construirons, mais
c’est celui que l’on doit à la stabilité de la France et aux Français qui
attendent qu’on travaille ensemble. Et répondre aux attentes des Français qui
aspirent tant à cela, c’est, je trouve, un assez joli idéal.
C’est dans cet état d’esprit que nous sommes et c’est pour cette raison
que c’est notre groupe qui, depuis 2017, défend l’impératif de justice fiscale,
qui est au cœur des attentes des Français, mais aussi l’une des clés pour que
nous parvenions à un compromis sur le budget. Mais la justice ce n’est pas
jeter à la vindicte populaire tel ou tel contribuable. C’est essayer de faire
en sorte que nous trouvions des points d’équilibre où chacun peut dire
« cette façon d’imposer est juste ».
Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a indiqué qu’il avait totalement
conscience que le Parlement serait souverain à la fin. Je m’en félicite. Et
j’invite donc le Parlement à prendre ce pouvoir dont il s’est laissé parfois
délester et dont il s’est trop souvent délesté lui-même. Je ne crois pas qu’on
soit condamné à être des godillots quand on est majoritaire et impuissants
quand on est minoritaire. Je crois a-à un dialogue libre, sincère, et je le dis
sans détours : c’est avec le PS qu’il faut le nouer, parce que personne ne
pourra accepter que nous soyons dans les mains du RN. Personne !
C’est à la fois la responsabilité du socle commun, comme on dit, celle
du Gouvernement, mais c’est aussi la responsabilité du PS. Parce que certains
viennent dire « vous allez être dans les mains du RN. Mais il y a une
façon simple de ne pas être dans les mains du RN. C’est de tendre la main,
d’accepter la main tendue et de chercher le compromis. Sinon nous retomberons
dans les mains du RN et c’est lui qui décidera, un jour, de censurer au moment
qu’il lui paraitra le plus opportun, le gouvernement. Donc c’est notre
responsabilité mais que ceux qui sont plutôt dans l’opposition ils sont aussi
en responsabilité dans cette recherche du compromis. Il faut être deux à tendre
la main pour être dans le compromis.
C’est ce que nous ferons d’ailleurs dans les semaines qui
viennent. Nous proposerons, nous l’avons fait, une réforme de la fiscalité
qui soit plus juste, je pense à un impôt sur la fortune improductive, que nous
portons aussi, pardon de la continuité, je le dis aussi en regardant Jean-Noël
parce que nous l’avons porté avec Patrick… depuis 2017 nous disons qu’il
fallait un impôt qui soit juste sur les plus fortunés et ce qui est juste c’est
qu’il ne soit pas sur autre chose que la rente. Et de même, nous avons besoin
de travailler à l’augmentation du pouvoir d’achat. En tout cas au rapprochement
de la feuille de paie brute et nette, pour faire en sorte que les Français
retrouvent un peu de marges pour vivre.
Je voudrais donc saluer mes collègues du groupe, ceux d’aujourd’hui
comme d’hier. Ils se battent, sur leurs terres, en commission comme dans
l’hémicycle et reconnaissons que c’est tous les jours une difficulté.
Mes chers amis, l’horizon que nous devons proposer ne s’arrête pas aux portes
de l’Assemblée et à la question du budget.
L’attitude que je décris là, n’est en réalité pas une option, c’est un devoir.
La situation du pays, de l’Europe et du monde ne nous laisse pas de choix. 18
mois de paralysie constitueraient un crime, pas pour nous-mêmes, seulement,
mais pour nos enfants et nos petits-enfants. Nous avons l’obligation morale de
ne pas laisser le pays sombrer.
En un mot : nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de l’attente alors que
le monde avance à toute vitesse.
Pardonnez-moi d’insister sur l’urgence mais le risque est trop
grand.
Dans un monde où le président de notre « allié » le plus
puissant embrasse un délire autoritaire où l’ego remplace le collectif, où la
force remplace le droit, contre notre modèle de société et où nos
dirigeants européens se laissent parfois humilier et où « feu l’empire
soviétique » ressuscite la guerre qu’il a perdue il a 25 ans, je refuse
que nous attendions passivement.
Je veux avoir un mot et une pensée pour les Moldaves qui aujourd’hui votent,
dans des conditions de dégradation démocratique et d’ingérences russes très
graves. Saluer Louise Morel, d’ailleurs, qui est plus place. Saluer
l’engagement de toutes celles et ceux qui, en Moldavie, font vivre la
démocratie, parce que la démocratie en Moldavie, c’est la démocratie sur le
continent européen et je voudrais vraiment saluer leur combat. L’Ukraine et la
Moldavie, c’est la démocratie, c’est notre affaire, ce n’est pas l’affaire des
autres. Et je dénonce tous ceux qui sont dans une forme de repli, quand ils ne
voient pas que les uns après les autres, ne disant rien sur les premiers, ils
ne voient pas que c’est sur les suivants qu’ils seront pris dans une logique
infernale de la guerre.
Voyez à quel point le décalage est abyssal entre les difficultés
internationales, mondiales, européennes et pendant que la France tâtonne pour
se doter d’un budget:
- La Chine met à l’eau tous les trois ans, l’équivalent en tonnage de la
flotte nationale française ;
- Les Allemands investissent 35 milliards d’euros dans la défense
spatiale ;
- Les investissements dans l’IA annoncés sont de 30 % supérieurs aux recettes
de l’État français.
- Les empire économiques et politiques avancent. J’attends de l’Europe
qu’elle fasse face à ces défis d’empire et de puissance sinon nous
disparaîtrons.
Ce qui est devant nous, c’est non seulement un risque d’affaiblissement
et un retard mais, plus encore, un risque d’effacement.
Et pour agir, nous devons être extrêmement vigilants à ne pas confondre
nos ennemis et nos adversaires.
Nous devons veiller à distinguer ceux avec lesquels les désaccords
fondamentaux, absolument fondamentaux et irréconciliables, de ceux avec
lesquels nous pouvons assumer des désaccords mais nous retrouver sur
l’essentiel pour préserver notre démocratie et son modèle:
- Nos ennemis, ce sont ceux qui veulent le chaos en espérant y régner,
ceux-là même qui veulent faire revoter les Français jusqu’à ce que le résultat
leur convienne ! ;
- Nos ennemis, ce sont ceux qui pourrissent de l’intérieur nos
institutions, qui en sapent tous les fondements, qui introduisent le doute sur
tout, pour tout et qui au nom de la liberté d’expression nourrissent le poison
de la haine et de la division ;
- Nos ennemis, ce sont les impérialistes et ceux qui violent les règles
internationales et ont décidé que la loi du plus fort devait remplacer le
droit ;
- Nos ennemis, ce sont ceux qui menacent notre sécurité et notre
souveraineté par des guerres de l’alimentation, de l’énergie, de l’information
et des tentatives d’ingérences ;
- Notre ennemi c’est l’inconscience et l’incapacité à faire face devant la
catastrophe environnementale et climatique qui vient, qui est déjà là et qui
vient ajouter cette dette supplémentaire, bien lourde et mortelle, à d’autres
dettes.
Tout cela, c’est ceux que nous devons combattre sans relâche, parce que
ce sont les ennemis de la démocratie.
Et nous devrions le faire avec nos adversaires, ceux avec qui nous
pourrions nous entendre. Ceux qui peuvent pour un temps – sans renoncer à ce
qu’ils sont – être capables d’un pas parce que désormais l’essentiel est
désormais en cause. Et que, je le crois, nous partageons cet essentiel.
C’est d’ailleurs le sens du message que nous ont adressés les électeurs
en jouant le jeu du « front républicain ». J’entends parfois dire, au
RN, que nous avons volé l’élection aux Français. Personne n’a volé l’élection
aux Français ! Les Français ont choisi de ne pas mettre le RN à Matignon
et en situation de responsabilité. Personne ne les a forcés à faire ce choix au
deuxième tour. Et ils nous ont confié une responsabilité particulière en nous
disant « entendez-vous ». Voilà le message auquel il faut répondre.
Et donc, avec nos adversaires, nous devrions au moins partager cela pour
chercher des compromis.
Car j’ai la conviction qu’ils sont possibles dans les 18 mois qui nous
séparent de l’élection présidentielle : notre groupe l’a montré. Et nous
sommes prêts à échanger avec toutes celles et ceux qui, à l’Assemblée, sont de
bonne volonté et veulent avancer dans cette direction.
Nous le ferons en ouvrant les portes et les fenêtres, non en les
fermant, avec sincérité et sans tactique, sans arrière-pensées, en disant nos
vérités à ciel ouvert. Et si chacun fait de même, je vous assure que cela
produira des solutions.
Surtout, dans ce moment particulier, mes chers amis, le rôle que nous
devons jouer et la responsabilité que nous devons assumer comme Démocrates sont
singuliers.
Comme Démocrates, c’est à nous qu’il revient de rappeler des
fondamentaux, ou plutôt d’y revenir, tant ils semblent être perdus de
vus !
Je suis toujours fasciné de voir à quel point nous passons sous silence
ou nous oublions ce pourquoi nous avons construit, depuis des siècles, cet
édifice démocratique, cette cathédrale à la fois magnifique et fragile.
Fasciné de voir que nous avons oublié combien le mot de démocratie était
beau, quel sens il avait, et quelles perspectives il offrait. Et combien nous
devrions en être fiers.
Et nous devons, pour le faire, être les gardiens mais aussi les
promoteurs renouvelés de ce qui fonde notre démocratie.
Nous, démocrates, défendons la connaissance, le progrès et la science
comme boussoles, sans jamais trier, sans jamais tordre la science pour qu’elle
serve des considérations politiques. Je le dis devant vous. La science n’est
pas une opinion. La science n’est pas au service d’une cause. Et la science et
la connaissance, c’est aussi l’apprentissage de la recherche pour avancer, de
la démonstration, du doute. C’est une école de la modestie et de la preuve. Et
c’est l’inverse de ce que nous servent ou nous poussent à être les réseaux dits
« sociaux », c’est l’inverse du complotisme et c’est, de fait,
l’inverse des dirigeants qui souhaitent gouverner par la peur en surfant sur
l’ignorance.
Nous, démocrates, défendons l’État de droit comme élément fondateur,
parce qu’il protège les minorités de la loi de la majorité, la victime de
l’agresseur et le faible de la violence. Parce qu’il est le rempart contre la
tyrannie. Et l’État de droit, ce ne peut être la soumission de la justice à
d’autres forces qu’elle-même. Et c’est aussi pour ceux qui exercent la justice
au nom du peuple une lourde responsabilité. Certains, les mêmes, disent
« trop de laxisme » ou « trop de sévérité. Mais la justice est la
justice des Hommes, on peut avoir des avis sur les décisions, mais il faut
respecter la Justice dans son indépendance sinon nous remettons en cause tout
l’édifice démocratique- et vous me permettrez de saluer les Magistrats qui ont
été menacés pour avoir seulement prononcé une décision de justice !
Nous, démocrates, sommes les défenseurs des contre-pouvoirs car comme le
disait Montesquieu « pour que l’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut
que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». Et en
démocratie, les gardiens de nos lois et règles communes ont des noms, ce sont
le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État ou les Autorités Administratives
Indépendantes et leurs décisions s’imposent à tous, qu’elles nous plaisent
ou non.
Nous, démocrates, défendons le pluralisme comme condition et comme
modalité d’expression de la démocratie et je veux, à cet égard, souligner le
rôle essentiel des partis et syndicats mais aussi des médias, et dénoncer les
atteintes insupportables qui sont trop souvent faites à la presse libre et
indépendante ! On a le droit de ne pas être d’accord, mais pas de remettre
en cause ce travail me semble-t-il.
Et quand vous regardez ce qui est à l’œuvre dans le monde, par les
dictateurs de tous poils, par les apprentis dictateurs ou par les dirigeants
illibéraux, tout cela est attaqué : la justice, les médias, la démocratie
représentative, les faits et la science.
Ce n’est pas le hasard et c’est un projet de sape de ce qui a fondé nos
démocraties. C’est une sape organisée, méthodique, de l’autre côté de
l’Atlantique ils attaquent tout ce qui fait le fondement de la démocratie, pour
que l’ensemble du système explose. Et il y a les mêmes forces à l’œuvre au
niveau européen. C’est un projet global qui, en larguant les amarres avec tout
ce qui tient une démocratie, entend nous laisser livrer aux flots de la haine,
de l’ignorance, de la loi du plus fort et donc au flot des tyrans et des
dictateurs.
Nous sommes les enfants des Lumières et nous ne pouvons pas nous laisser
attirer ainsi par ces forces si obscures. Celles qui veulent imposer une seule
loi, la plus brutale et injuste qui soit, la plus désastreuse qui soit, celle
qui a produit les plus grands drames de l’humanité : la loi du plus fort.
Et c’est pour cela que nous démocrates, nous devons aussi porter une
exigence, qui est celle d’une éthique du dialogue, du respect.
Et cette exigence doit se traduire par le refus systématique de la violence,
mais aussi le refus de la recherche de boucs émissaires. Le riche ou l’immigré
; le fonctionnaire ou le demandeur d’emploi ; l’agriculteur ou l’industriel, le
jeune ou le retraité, l’Europe ou l’ONU. Tout ça est toxique. Et nous, notre
combat, c’est de lutter contre la recherche de boucs émissaires pour éviter la
recherche de vraies solutions.
Notre combat de démocrates, c’est de permettre l’action par la
compréhension. Se comprendre, c’est regarder en se forçant à ne pas avoir une
pensée toute faite, c’est « prendre ensemble » tout ce qui fait la
complexité d’une question, c’est chercher les réponses parfois hors de soi,
c’est accepter la part de l’autre qui nous échappe, son altérité.
Comprendre, c’est douter et le doute n’est pas une faiblesse, mais une force.
C’est notre force, comme démocrates. Et nos attitudes comptent, je nous invite
à maintenir les attitudes qui ont toujours été les autres, sans chercher les
mots qui blessent, les mots qui tracent, les mots qui servent à faire des
tweets, notre ligne est celle du respect. Le premier des respects, on le doit à
nous-mêmes, entre nous. Et l’on doit à ceux avec qui on entend travailler.
Mes chers amis, nous sommes donc prêts à l’action et aux pas les uns
vers les autres, parce qu’ils sont nécessaires.
Nous le ferons lors de prochains débats législatifs. Nous le ferons
également lors des prochains combats électoraux que nous aurons à mener :
ceux des municipales et ceux auxquels, par nature, il faut toujours être prêts
à se tenir dans la vie politique. D’ailleurs, sur les municipales, c’est un
combat de même nature que celui du national. Ne laissons pas les municipalités
sombrer dans la même toxicité, de ceux qui de l’extrême droite à l’extrême
gauche, entendent mettre ou sous coupe réglée, ou dans le chaos, les aventures
et équations municipales, le pays a déjà suffisamment d’instabilité nationale
pour ne pas en rajouter au niveau municipal. Et donc nous devrons être les
gardiens vigilants d’équilbres municipaux qui permettent de se concentrer sur
l’essentiel, c’est : « quel est le projet municipal ? Quel est
l’intérêt des habitants ? Et ne nourrissons pas dans les équipes
municipales des choses qui permettraient de dresser les Français les uns contre
les autres. Au niveau national, cela suffit déjà assez, et c’est la ligne que
nous tiendrons au Mouvement démocrate.
Et vous me permettrez de saluer la loi que nous avons fait voter à
l’Assemblée et au Sénat sur la parité dans les exécutifs municipaux. C’est
aussi, au moment où François était premier ministre et il me semble que c’est
important de saluer cette avancée, parce qu’il était quand même curieux que
dans 95% des communes la parité ne s’impose pas à tous.
Je vous invite donc à vous engager pleinement dans cette aventure municipale,
dans le dépassement, et dans l’acceptation de rechercher les mains tendues.
À l’image de ce que sont les députés de notre groupe :
ouverts, constructifs et résolus.
Ne soyez et ne soyons jamais les désabusés, ceux qui fuient leurs
responsabilités lorsque les temps sont durs et rudes.
Ne soyons les « installés », les commentateurs, ceux qui
regardent confortablement ceux qui essayent, qui se lèvent sans relâche parce
qu’ils veulent agir pour leur pays.
Ne soyez pas et ne soyons pas les prudents et les allergiques au risque.
Nous avons su prendre des risques. Le pays le mérite. Ne soyons pas ingrats et
calculateurs.
Continuons à réinventer ce que nous sommes, ce qui nous lie,
ce qui fonde notre engagement.
Continuons d’être, j’ose le mot, « généreux », nous en avons plus que
jamais besoin.
Continuons d’être des démocrates, rassemblons et parlons aux autres démocrates,
et si nous le faisons, je vous l’assure, nous y arriverons.
> Nous payons les retraites en faisant de la dette. Nous
sommes le seul pays à penser que l'augmentation de la durée de vie et la
diminution de la population peuvent maintenir notre système social à
l'équilibre.
> Je trouve nécessaire, et donc me félicite, que le
premier ministre fixe le cap d’une trajectoire de réduction du déficit à
4,7 %, à peu près similaire à celle évoquée par François Bayrou
(4,6 %), et qu’il laisse la main au Parlement pour trouver des compromis.
> Il faut une mouture budgétaire qui s’approche du plus
grand dénominateur commun pour les partis du « socle commun », mais
aussi permettre un compromis.
> Le sujet principal dans ce pays, c'est la réduction de
la dépense. Et dans notre société, nous avons besoin d'une acceptation sociale
: à l'impôt et à l'effort. C'est pour cela que nous sommes opposés à la taxe
Zucman.
> Notre politique familiale repose sur un modèle d'il y a
20 ou 30 ans. Nous devons la repenser et nous avons proposé des mesures pour
enclencher une dynamique démographique à terme.
> Nous payons les retraites en faisant de la dette. Nous
sommes le seul pays à penser que l'augmentation de la durée de vie et la
diminution de la population peuvent maintenir notre système social à
l'équilibre.
Erwan Balanant (député)
> Les plateformes n'ont que faire de nos enfants. Elles veulent faire du
business et les piéger dans des algorithmes.
Bruno Fuchs (député)
> L'Europe avait avant des concurrents, maintenant elle a des ennemis
avec des modèles de société complètement différents. Je crois qu'on a perdu la
bataille de l'idéologie, on n'arrive pas à réinstaller un discours qui donne un
espoir.
Jean-Paul Mattei (député)
> La taxe Zucman est un non-sens juridique incroyable ! Nous devons
réconcilier la fiscalité et le monde de l'entreprise avec la participation et
l'intéressement. La fiscalité d'aujourd'hui n'est plus celle d'il y a 30 ans.
> l ne fallait pas limiter la Flat tax dans le temps. Le
problème n'est pas d'avoir des recettes complémentaires, c'est un problème
d'équité entre la fiscalité du capital et la fiscalité du travail.
Marina Ferrari (députée)
> Au MoDem, nous avons toujours été cette force de proposition sur cette
quête d'équité fiscale qui est une forme de corollaire de l'équité sociale.
Nous devons redonner aux Français la conscience de la richesse de notre pacte
social si nous voulons le sauver.
> L'ADN de notre mouvement est de faire confiance aux
territoires. Il faut les laisser s'organiser ! Si on dégrade trop le
fonctionnement de nos collectivités, on va dégrader leur capacité à investir.
Laurent Croizier (député)
> La laïcité n'est pas l'ennemie des religions. C'est même précisément
l'inverse ! Elle permet la coexistence des religions de façon paisible et
apaisée, elle les place simplement dans un cadre précis.
► Autres
● Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie
industrielle)
> Nous avons pris conscience,
notamment depuis la crise sanitaire, que notre dépendance aux matières
premières constituait l’une des principales faiblesses de l’Europe. Mon
objectif principal est d’empêcher que nos adversaires puissent l’utiliser. Pour
l’heure, ces 47 sites en Europe (et 13 dans des pays tiers) concernent 14 des
17 matières premières critiques identifiées par la Commission.
Nous allons poursuivre sur cette lancée, en lançant un nouvel appel à projets,
ce jeudi. C’est une stratégie économique pour les entreprises, mais aussi une
stratégie d’indépendance européenne, dans un contexte géopolitique tendu.
Nous devons aussi voir plus loin. L’avenir est sûrement à un modèle plus
intégré avec des capacités de stockage voire d’achats en commun. L’Europe a
montré avec le vaccin contre le Covid-19 qu’elle peut développer rapidement une
expertise dans l’intérêt de tous.
> Aujourd’hui, la
Chine empêche les pays étrangers de constituer des stocks stratégiques de
matières premières ou de terres rares. Elle garde ses exportations en flux
tendu pour disposer d’un levier dans ses négociations commerciales. Réduire
notre dépendance est donc une priorité. C’est pour cela que je souhaite que
nous accélérions, aujourd’hui. Nous avons réduit les délais pour ouvrir une
exploitation ou une usine de traitement : alors qu’il fallait dix ans pour
ouvrir une mine, la loi européenne fixe désormais un délai incompressible de 27
mois.
> L’objectif fixé
par la Commission européenne est que, d’ici 2030, au moins 10 % de nos
besoins proviennent de l’extraction locale, 40 % du raffinage interne, et
que nous ne dépendions jamais d’un seul pays fournisseur au-delà de 65 %.
L’hiver dernier, sur les 170 candidatures qui ont été déposées, 47 ont été
retenues. Aujourd’hui, certains de ces projets écartés pourraient être
réexaminés, si les entreprises déposent des dossiers mieux adaptés à notre
stratégie. Désormais, les investisseurs et les industriels connaissent notre
cadre. Nous avons mis en place des soutiens financiers spécifiques :
subventions pour les infrastructures, prêts garantis. Chaque projet peut
bénéficier d’un montage financier avec la Commission afin de garantir qu’il
sera opérationnel et efficace d’ici 2030. C’est inédit. Nous nous attendons
donc à ce qu’il y ait plus de sites qui soient proposés, et par conséquent
sélectionnés.
> Dans les 17
matières premières sélectionnées par la Commission, vous retrouvez le cuir, le
gallium, le graphite nécessaires à la fabrication de batteries, mais également
les terres rares indispensables au secteur de la défense — tous les alliages de
métaux qui sont utilisés dans la construction de radars ou d’avions de chasse.
Ce sont des matières premières essentielles à l’industrie civile et militaire. Notre
pays n’est pas le maillon faible, mais il doit redevenir un maillon fort !
> En Alsace, par
exemple, avant de commencer à exploiter une mine de lithium par géothermie, il
a été décidé de conduire des enquêtes et des concertations pour rassurer la
population locale, inquiète des risques sismiques liés à cette exploitation.
Pour chaque projet, il y a un travail avec les autorités locales et nationales
pour informer les habitants concernés.
> [Situation de
la France] Ce serait vous mentir, si je vous disais que personne n’était
inquiet. Je note, en revanche, que nous ne sommes pas les seuls à expérimenter
de telles situations politiques : des assemblées divisées en trois blocs
distincts. L’inquiétude ne concentre pas tant sur l’instabilité que sur
l’éventualité d’un gouvernement eurosceptique arrivant au pouvoir en France.
Notre pays n’est pas le maillon faible, mais il doit redevenir un maillon
fort ! Avec l’Allemagne, elle reste le moteur du marché intérieur
européen.
> La guerre en
Ukraine, les tensions commerciales avec les États-Unis et les difficultés avec
la Chine ont rendu l’intégration européenne d’autant plus nécessaire. Et, il
est facile pour les Européens de comprendre qu’à 27, nous sommes plus forts
qu’en restant seuls.
> Les stratégies
industrielles que nous portons, les régulations dans les secteurs de l’énergie
ou de la chimie que nous menons, la politique de décarbonation que nous avons
enclenchée et les règles de marché public que nous avons révisées, le prouvent.
Tous ces chantiers auraient été contestés il y a quelques années, car beaucoup
voyaient le marché intérieur uniquement comme une zone de libre-échange.
Aujourd’hui, il est aussi perçu comme un levier géopolitique. L’administration
américaine actuelle a certainement contribué à cette prise de conscience.
Désormais, les idées que nous portions, nous Français, sur la souveraineté
progressent en Europe.
> Certains enjeux
dépassent les capacités des États seuls et doivent être traités au niveau
européen : le climat, l’industrie, la défense. Les choses évoluent déjà
dans ce sens. Une défense européenne commence à apparaître dans les esprits, et
nous irons sans doute vers une politique étrangère et une capacité d’action
géopolitique commune. L’Union européenne deviendra un acteur capable de
protéger et de défendre ses États membres.
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Face à l’insécurité géopolitique, économique et climatique actuelle,
nous devons renforcer l’Union européenne. Une Europe plus compétitive, plus
autonome, plus protectrice.
> Le 26 septembre 2017, Emmanuel Macron prononçait un
discours historique, le discours de La Sorbonne. 8 ans après, ce plaidoyer pour
une souveraineté européenne reste le fil conducteur de tous les acteurs
pro-européens. Prononcé au tout début de sa présidence, il s’inscrivait dans un
contexte marqué par le référendum sur le Brexit, le premier mandat de Donald
Trump, la montée des populismes partout dans le monde et une insécurité
géopolitique, économique et climatique globale. Et la vision présentée par le
président de la République était la suivante : « La seule voie qui assure notre
avenir, celle dont je veux vous parler aujourd'hui, c’est à nous, à vous de la
tracer. C’est la refondation d’une Europe souveraine, unie et démocratique. »
Cette refondation est toujours en cours. Emmanuel Macron y consacre une énergie
formidable, preuve de son leadership en Europe. En témoignent encore récemment
l’accord sur les garanties de sécurité pour l’Ukraine obtenu dans le cadre de
la « coalition des volontaires » et la dynamique de paix enclenchée par la
France avec la reconnaissance de l’État palestinien. Et à ses côtés pour mettre
en pratique cette ambition européenne, de nombreux acteurs : dirigeants
d’autres pays européens, parlementaires, ministres, citoyens. Il y a 8 ans,
l’Europe était un impensé, un outil technique en manque de vision. Aujourd’hui,
bien que la tâche soit encore immense, l’Union européenne est sur le chemin de
la puissance. Depuis le discours de La Sorbonne, nous avons agi sur le climat
avec le Pacte vert (véritable politique de compétitivité européenne), l’Europe
de la défense, la régulation des géants du numérique, le renforcement de nos
politiques sociales, la voie vers notre indépendance énergétique. Nous avons
également répondu aux crises immenses de la pandémie de Covid 19 avec un plan
de relance historique et l'achat groupé de vaccins ; et à l'invasion de
l'Ukraine par la Russie avec une aide constante aux Ukrainiens (la plus
importante parmi les puissances mondiales) et des sanctions permettant de
limiter fortement l'effort de guerre russe. Mais ce n’est pas encore assez. Ce
que nous disait le président de la République il y a 8 ans reste d’une rare
pertinence : « L’Europe seule peut, en un mot, assurer une souveraineté réelle,
c'est-à-dire notre capacité à exister dans le monde actuel pour y défendre nos
valeurs et nos intérêts. Il y a une souveraineté européenne à construire, et il
y a la nécessité de la construire. » Le rapport Draghi présenté il y a un an
nous l’a rappelé, nous risquons la marginalisation face aux autres puissances ;
dès lors, nous devons agir sur notre compétitivité européenne, avec des
investissements massifs et un marché unique plus intégré. La Russie nous teste
avec le survol de pays membres de l’UE et de l’OTAN par des avions de chasse et
des drones ; nous devons assumer de répondre par le langage de la puissance.
Donald Trump cherche par tous les moyens à nous marginaliser et à nous humilier
; nous devons préserver notre souveraineté législative et lui répondre avec la
pleine conscience de notre force démographique, commerciale et économique. Le
discours de La Sorbonne nous a donné les clés de la souveraineté européenne. Et
plus qu’un discours, c’est une boussole et un mode d’emploi. Notre
responsabilité à nous aujourd’hui qui travaillons pour l’Europe - une Europe
indépendante, au service des gens, de l’emploi et de notre sécurité - est de
tout faire pour le mettre en œuvre.
Christophe Grudler (député)
> Grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables, nous allons réussir
à produire une énergie décarbonée, souveraine, produite ici, qui ne dépendra
plus du cours du fossile. Une énergie au service des gens.
Marie-Pierre Vedrenne (députée)
> Trump utilise le commerce pour arriver à ses propres fins. Ce qu'il a
fait avec les droits de douane, il va le reproduire quand il en aura besoin.
Cette exigence française doit être encore plus partagée au Parlement européen.
Sandro Gozi (député)
> Les éléments de langage de Trump sur l'assassinat de Charlie Kirk sont
les mêmes que chez Milei ou Meloni. Aujourd'hui, la menace ne vient plus
uniquement de la Russie ou du terrorisme, elle vient aussi de l'acteur qui
était là pour nous protéger.
> Nous sommes en train de vivre une véritable et profonde
crise démocratique. Les États-Unis, qui étaient le phare de la démocratie, sont
au gouffre d'une crise institutionnelle. Le rôle des démocrates est de relancer
la démocratie !
● Personnalités
centristes
Clément Beaune (haut-commissaire au
Plan)
> [Baisse de la natalité] Toutes nos politiques publiques
impactées.
Sarah El Hairy (haut-commissaire à l’Enfance)
> Et si on construisait nos villes à hauteur d’enfants (espaces sûrs,
mobilités adaptées, coins de jeu …) ? C’est un vrai enjeu pour nos villes dont
les candidats aux municipales doivent se saisir ! Car une ville qui se plie à
la taille des enfants se grandit pour tous.
> Le monde du numérique est plein de dangers qui ont pu
être combattus grâce à l'action des parlementaires, notamment contre
l'exposition précoce à la pornographie.
> Notre jeunesse connaît une crise de confiance : dans
les relations amoureuses, dans les institutions, dans les sources
d'informations."
● Propos collectifs
> [Tribune. «Le Premier ministre ouvre des débats, nous sommes prêts,
discutons !»]
Lors de la passation de pouvoir, le Premier ministre Sébastien Lecornu a
déclaré que nous y arriverions si nous étions capables de ruptures sur la forme
mais aussi sur le fond. Nous, députés du socle commun, sommes convaincus que le
chemin existe et qu’il passe par la discussion.
En présentant ses premières orientations budgétaires, le Premier ministre ne
renie pas nos convictions et offre ainsi de la clarté à l’opinion. De la même
manière, nous n’attendons pas du Parti socialiste qu’il se renie, au contraire
!
En présentant ses premières orientations budgétaires, le Premier ministre a
explicitement montré son ouverture tant sur le fond que sur la méthode, en
soulignant que le «gouvernement est sous le contrôle et même la tutelle du
Parlement».
Nous sommes prêts, pour notre part, à discuter et négocier. Nous sommes
déterminés car il faut agir maintenant pour soutenir l’économie et l’emploi,
réduire les déficits, investir dans les domaines prioritaires, soutenir les
travailleurs. Nous sommes lucides et nous savons bien que le compromis que nous
nous acharnerons à construire ne sera pas notre budget idéal, comme il ne
pourra l’être d’aucun parti.
Pour débattre, échanger et construire des solutions, il faut être plusieurs.
Agiter le spectre d’une nouvelle censure avant même que le budget ait été
présenté, qu’une négociation ait eu lieu, reviendrait à condamner d’avance tout
échange. Le compromis, c’est un chemin qu’il faut faire les uns vers les
autres. Si le Parti Socialiste souhaite avoir une discussion sincère et
constructive concernant, notamment, l’effort fiscal à demander aux plus
fortunés ou la justice sociale, nous y sommes prêts.
Est-ce que les partis veulent réellement essayer de trouver des solutions pour
tirer le pays vers le haut ? Ou simplement multiplier les lignes rouges sans
volonté d’avancer ? Nous n’avons pas été élus pour cela, les avancées se feront
à l’Assemblée, c’est bien pour les députés que nous sommes. Les urgences du
pays sont trop grandes. Changeons de culture politique, discutons, négocions
pour doter la France d’un budget.
[Signataires Renaissance et MoDem de la tribune
Députés Renaissance : Stéphanie Rist, Mathieu Lefèvre, David Amiel, François
Cormier-Bouligeon, Anne-Sophie Ronceret, Jean-Marie Fiévet, Charles Rodwell, Pierre
Cazeneuve, Prisca Thevenot, Pauline Levasseur, Stéphane Travert, Jean Terlier, Bertrand
Sorre, Freddy Sertin, Olivia Grégoire, Jean-René Cazeneuve, Lionel Causse, Jean-Michel
Jacques, Julie Delpech,Corinne Vignon, Brigitte Liso, Annaïg Le Meur, Camille
Gaillard-Minier, Éléonore Caroit, Véronique Riotton, Hervé Berville, Sandrine
Le Feur, Charles Sitzenstuhl, Denis Masseglia, Jean-Francois Rousset, Roland
Lescure, Vincent Ledoux, Jean-Luc Fugit, Guillaume Kasbarian, Liliana Tanguy, Didier
Legac, Éric Bothorel, Olivier Becht, Sandra Marsaud, Brigitte Klinkert, Violette
Spillebout, Marie Lebec, Annie Vidal, Laure Miller, Lionel Vuibert, Emmanuelle
Hoffman, Christophe Marion, Ludovic Mendes, Thomas Cazenave, Stéphane Buchou, Natalia
Pouzyreff, Vincent Caure, Nicole Le Peih,Maud Bregeon
Députés MoDem : Romain Daubie, Delphine Lingemann, Jean-Carles Grelier]