dimanche 23 septembre 2018

Actualités du Centre. Bayrou: autosatisfaction et serments de fidélité lors des universités d’été du MoDem

François Bayrou
François Bayrou à la mémoire pour le moins sélective et le goût de l’emphase.
Au cours de son discours prononcé en clôture des universités d’été du Mouvement démocrate, il a, non seulement fait l’éloge d’un parti, le sien, qui a su conquérir les voix des Français mais aussi de sa capacité à avoir su prédire l’élection d’Emmanuel Macron.
Bien sûr, l’un et l’autre de ces faits d’armes ne sont pas réels.
Le MoDem, moribond et criblé de dette en 2016, n’a du son salut qu’à l’élection d’un Macron que Bayrou a tenté pendant des mois de torpiller avant de s’y rallier contraint et forcé.
Mais, peu importe, sans doute ces mêmes Français ne sont pas dupes ou, en tout cas, ont une mémoire moins partielle…
Au cours de ce discours qui venait après de très nombreuses critiques de Bayrou adressés tant au Président de la république qu’au Gouvernement et au parti majoritaire, il a plaidé son indépendance tout en renouvelant ses serments de fidélité qui n’engageront que ceux qui veulent y croire.
Il a également développé des idées pour un projet centriste.

Extraits du discours:
(…)
Ce qui a surgi au printemps 2017, par chance ou par providence, c'est une renaissance de l'espoir français, du goût de vivre de notre peuple, de son envie de faire l'histoire, un refus de la résignation. Et cet espoir a pris le visage de cet homme jeune et audacieux, qui portait en bannière l'optimisme et la bienveillance. Cet espoir a pris le visage de ce jeune homme de Picardie et des Pyrénées — et l'un et l'autre sont, vous le comprendrez bien, importants —, comme un appel à l'avenir, comme un appel à retrouver le sens de la vie.
(…)
Dans un moment de découragement de la nation, comme cela s'est produit si souvent dans l'histoire, notre grand courant politique, le grand courant de la démocratie française, démocratie chrétienne pour les uns, démocratie laïque pour les autres, démocratie humaniste pour les troisièmes, ce grand courant de la démocratie française a été du côté où il n'a jamais cessé d'être, c'est-à-dire du côté de l'espoir contre la résignation. Et je suis très fier que nous ayons fait cela ensemble.
(…)
Le travail de réforme qui a été conduit par le gouvernement, sous l'impulsion d'Edouard Philippe, a été ces derniers mois, ces premiers mois, très important.
(…)
D'où vient que la rentrée, comme l'a dit le Premier ministre devant les députés de notre groupe, soit une rentrée difficile? Que les études d'opinion, les sondages divers et variés, montrent quelque chose qui s'apparente ou rappelle la morosité des temps précédents?
(…)
Les Français ont besoin non pas seulement de l'énoncé des réformes successives et séquentielles, mais les Français ont besoin d'un plan d'ensemble. La politique, ce n'est pas dossier après dossier, un dossier que qu'on ouvre et un dossier qu'on referme: il faut que s'exprime à l'intention des Français la vision qui organise ces réformes. On a besoin non pas seulement de savoir les pas que l'on fait, mais on a besoin de savoir où l'on va.
(…)
On parle beaucoup d'économie, on parle beaucoup de réformes structurelles, on parle beaucoup de mécanismes administratifs: moi, je crois que la France a besoin de se proposer à elle-même, et de proposer au monde, un vrai projet de société où nous devons revendiquer une part d'idéal.
(…)
Nous, nous avons "Liberté, égalité, fraternité". Et liberté, égalité, fraternité, cela veut dire que nous croyons quelque chose de plus que les enjeux matériels, et que nous considérons que ce quelque chose de plus est plus important encore pour l'avenir de nos enfants et pour élever nos enfants que les enjeux matériels. La république a besoin d'idéal. Et c'est, j'en suis sûr, une des raisons de l'élection d'Emmanuel Macron. Dans le projet, je l'ai dit sobrement, dans le projet il y avait ça : il y avait ce besoin que l'on se fixe un horizon qui va plus loin, sachant que le quotidien est essentiel, mais qui va plus loin que le quotidien. Un horizon qui nous rassemble, dont nous puissions parler avec nos enfants, dont nos enfants puissent, si nous sommes à la hauteur, parler avec des étoiles dans les yeux. Que cela ne nous donne pas seulement des résultats, mais des raisons de vivre. Et je suis persuadé que nous, nous avons les moyens, nous avons le devoir, de restituer à la politique cette dimension idéaliste — je pourrais presque dire, au sens le plus large du terme, spirituelle. Philosophique et spirituelle. On a le devoir de faire que la politique, ce soit quelque chose qui s'adresse au plus profond de nous-mêmes, pas aux intérêts des peuples et des citoyens, mais à l'âme des peuples et des citoyens.
Et ça se résume en une phrase sur laquelle je m'arrêterai, parce que c'est un message adressé à nous et adressé au monde. La loi du monde, aujourd'hui, c'est la loi du plus fort. C'est la loi du plus fort, c'est la loi du plus riche. Et nous, nous croyons que la vocation de la France, et à l'intérieur de la France spécialement notre vocation, c'est de bâtir, face à la loi du plus fort, face à la loi du plus riche, la loi du plus juste.
Et nous avons une mission qui s'énonce simplement : rendre plus fort ce qui est juste, et plus juste ce qui est fort.


Vues du Centre. Bayrou ou l’éternel opposant médiatique

Par Jean-François Borrou

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

Revoilà François Bayrou dans l’actualité jonglant entre les plateaux de télévision, les studios de radio et les rendez-vous avec la presse écrite.
Et, encore une fois, les micros se tendent, les caméras filment et les stylos grattent le papier pour l’entendre dire du mal du pouvoir en place.
Car, qu’il le veuille ou non (mais on suppute qu’il en est complètement conscient), le leader du MoDem est l’opposant médiatique par excellence, celui que les journalistes vont chercher pour critiquer ceux qui gouvernent.
Après Mitterrand, ce fut Chirac (celui de 1995, parce qu’avant, il avait été son ministre…); après Chirac, ce fut Sarkozy; après Sarkozy, ce fut Hollande.
Et aujourd’hui, après Hollande, c’est Macron alors même qu’il fait partie de la majorité présidentielle!
Pas un n’a échappé aux critiques virulentes du Béarnais.
Celui qui fut destinataire de son ire la plus acerbe fut même Emmanuel Macron, le président en place qu’il est sensé soutenir, alors qu’il n’était que candidat à la présidentielle.
Rarement on avait vu une telle hargne (puis ce fut un ralliement inconditionnel!).
Certains pourraient louer son indignation permanente face aux puissants.
Malheureusement, cette indignation ressort en avant d’une ambition personnelle qui se pare bien entendu d’une unique volonté de servir le pays.
Mais le centriste ne peut pas gommer sa rage constante de vouloir devenir président de la république avec ses candidatures multiples et, ne l’oublions pas, son ralliement forcé à Macron alors même qu’il avait prévenu tous les journalistes de sa volonté de se présenter en 2017 parce qu’il pensait gagner alors que les sondages ne lui donnaient pas plus que 10% des intentions de vote.
Et plusieurs de ses amis lui prêtent l’intention d’être candidat en 2022…
Quelques autres de ceux-ci pensent plutôt qu’il vise Matignon une fois que la popularité de Macron et du premier ministre actuel, Edouard Philippe, sera au fond du trou.
Aujourd’hui, il tente se surfer sur l’impopularité d’Emmanuel Macron et des attaques constantes des médias contre ce dernier pour se poser en sage centriste qui dit comment il faut faire les choses et qui se pose, subliminalement, en recours pour aider ce même Macron à s’en sortir.
Une sorte de bon samaritain en quelque sorte…
Le problème, c’est qu’être constamment contre, même quand vous faites partie de la majorité présidentielle, n’est pas très constructif et très loyal.
Mais Bayrou, qu’il y croit ou non, s’est auto-investi d’une mission qui est d’être le dernier recours de la France et de la république.
En attendant que cette heure arrive, il continue, inlassablement, à être l’opposant médiatique, seule manière d’exister pour lui depuis 30 ans dans cet univers politico-médiatique impitoyable.
Et tan que ça marche…

Jean-François Borrou