mercredi 18 janvier 2017

Le Centrisme dans le monde en 2017. Résistance…

Résistance aux Etats-Unis et année charnière pour les centristes
Or donc, ce n’est ni une blague de mauvais goût, ni un cauchemar, Donald Trump est bien le nouveau président des Etats-Unis et il va falloir faire avec pendant quatre ans avant qu’il ne se fasse renvoyer dans sa tour bling-bling de Manhattan pour incompétence notoire, du moins c’est ce que l’on souhaite tout en espérant qu’il n’aura pas mis son pays et le monde à feu et à sang.

Car ce que l’on peut espérer, c’est un réel sursaut du peuple américain pour résister à un démagogue populiste qui arrive à la Maison Blanche avec un pourcentage d’opinions favorables extrêmement bas – comparable à celui de George W Bush lorsqu’il quitta Washington alors président le plus détesté de l’ère moderne avec Richard Nixon! – alors que Barack Obama s’en va avec un exceptionnel taux d’approbation…

Pendant ce temps, il va falloir résister, notamment pour les centristes.

Pour l’instant personne ne sait ce que le Centre va devenir aux Etats-Unis.

La défaite d’Hillary Clinton est ambigüe.

Certes, elle a perdu l’élection mais avec 2,8 millions de voix de plus que Trump.

Ceux qui prétendent que cette «défaite» signe la mort du centre américain ont une drôle de manière de compter.

D’autant que, comme on l’a dit plus haut, le centriste Obama est au plus haut dans les sondages et son bilan largement considéré comme positif.

Néanmoins, c’est vrai que cette «victoire» est malgré tout une défaite et que la radicalisation possible, voire inéluctable, du Parti démocrate à gauche, là où se trouvent aujourd’hui l’énorme majorité des élus centristes et qui réunis l’énorme majorité des électeurs centristes, face au démagogue populiste d’extrême-droite qu’est Donald Trump peut mettre le Centre dans une situation délicate.

Il se pourrait, paradoxalement, que la présidence Trump réveille l’aile centriste du Parti républicain et que celle-ci reprenne du poil de la bête au fur et à mesure que le nouveau président va prendre des mesures radicales, impopulaires et désastreuses pour le pays.

Mais nous n’en sommes pas (encore) là.

Peut-être qu’un troisième parti, le rêve de beaucoup de centristes américains, verra le jour dans les deux ans qui viennent.

Cependant, les tentatives de mettre sur pied une troisième formation politique aux Etats-Unis à l’ère moderne ont toujours échoué jusqu’à présent ou leur réussite a été de courte durée sans changer le paysage politique.

Quoi qu’il en soit, 2017 devrait être une année charnière pour les centristes aux Etats-Unis à moins d’événements particuliers.

Une formule qui a tout son sens avec l’arrivée de Trump au pouvoir…



Résistance en Europe et élections importantes

Si la résistance pour les centristes américains est le maître mot de 2017, ce sera aussi celui des centristes européens avec plusieurs élections qui pourraient voir la montée de l’extrême-droite et/ou de l’extrême-gauche et/ou du populisme démagogique lors de plusieurs scrutins importants.

En outre, il faudra regarder l’évolution de la situation au Royaume Uni, en Espagne et en Grèce ainsi qu’en Italie même si aucun scrutin d’envergure ne doit se dérouler dans ces trois pays.



- Allemagne

Les élections législatives allemandes qui sont l’autre temps fort électoral de l’année avec la présidentielle et les législatives françaises, auront lieu courant septembre.

A priori, Angela Merkel est favorite pour se succéder, même si sa popularité est en forte baisse depuis l’accueil de centaines de milliers de migrants et l’attentat du marché de Noël à Berlin en décembre dernier.

En tout cas, on prête à la chancelière de faire une campagne centriste car, rappelons-le, il n’y a plus vraiment de parti du Centre en Allemagne depuis que les libéraux se sont droitisés.

C’est donc essentiellement la frange modéré de la CDU (démocrates chrétiens mais majoritairement à droite et non centristes) et celle du SPD (socialistes majoritairement) qui portent le message du Centre.

Celui-ci ne sera pas de trop avec la montée du parti de la gauche radicale Die Linke, mais surtout du parti d’extrême-droite, AfD qui pourrait surfer sur la dynamique insufflée outre-Atlantique par la victoire de Trump et sur le rejet de la politique migratoire de Merkel.

Là aussi, les centristes vont devoir être en première ligne pour résister à la montée du populisme démagogique.



- Pays Bas

Dans ce pays généralement gouverné au centre par des coalitions de centre-gauche ou de centre-droit, la victoire aux élections législatives du 17 mars prochain pourrait revenir à l’extrême-droite représentée par le parti PVV du dangereux démagogue Geert Wilders.

En tête dans les sondages pendant longtemps, le PVV semble néanmoins en perte de vitesse avec la remontée du parti centriste et libéral au pouvoir, le VVD du premier ministre sortant Mark Rutte au sein d’une coalition regroupant plusieurs partis.

Toujours est-il que le PVV demeure le favori du scrutin et qu’il devancerait le VVD selon les dernières enquêtes d’opinion.

Cependant, il est fort peu probable que cette victoire permette à Wilders de gouverner  -- et de faire sortir les Pays Bas de l’Union européenne comme il le souhaite – car il ne trouvera sans doute personne pour faire une coalition majoritaire avec lui.

En revanche, le VVD devrait prendre la tête d’une nouvelle coalition avec Démocrates 66 et l’Appel chrétien-démocrate.

Toujours est-il que la montée du populisme démagogique est une donnée inquiétante dans ce pays généralement ouvert et tolérant.



- Royaume Uni

A part des élections législatives en Irlande du Nord, il n’y a pas de scrutin important prévu en 2017 au Royaume Uni où, évidemment, la vie politique sera dominée par le Brexit, d’autant plus que la dernière intervention de la nouvelle premier ministre, Theresa May, au cours de laquelle elle a plaidé pour une sortie sèche et a proféré des menaces à l’encontre de l’Union européenne (dont de faire de la Grande Bretagne un paradis fiscal afin de déstabiliser le grand marché européen), risque de provoquer des vagues à l’intérieur même du pays.

Ainsi, de ces élections précitées en Irlande du Nord puisque l’on sait que cette dernière a voté en majorité contre la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne.

Mais les problèmes pourraient venir surtout de l’Ecosse qui a également voté très largement en faveur du maintien dans l’UE et qui a toujours affirmé que l’abandon du grand marché européen par Londres serait un motif de casus belli avec l’organisation d’un nouveau référendum pour quitter le Royaume Uni.

Dans ce cadre, il faudra observer le comportement des centristes britanniques qui sont au fond du trou électoralement parlant mais qui sont également les principaux défenseurs d’un Royaume Uni dans l’Union européenne.

Il sera également intéressant de voir si l’initiative annoncée de Tony Blair, l’ancien premier ministre travailliste, de créer une structure pour redynamiser le courant de pensée centriste, verra effectivement le jour et si elle aura la capacité de peser dans les débats du pays.



- Italie

Le départ du premier ministre de centre-gauche, Matteo Renzi, après que les Italiens aient rejeté par référendum sa réforme des institutions, n’a pas, pour l’instant créé de crise politique au grand dam du populiste démagogue, le leader du Mouvement 5 étoiles, Beppe Grillo qui exigeait des élections législatives anticipées.

Néanmoins, la fragilité du nouveau gouvernement et d’éventuelles difficultés économiques pourraient précipiter le pays dans de nouvelles législatives dont l’issue serait très incertaine et pourrait provoquer une grande instabilité, voire la victoire du populisme démagogique de Grillo.

Heureusement le retour d’un Silvio Berlusconi, le «Trump italien», surfant sur une vague populiste dont il a été un des initiateurs dans les années 1990-2000 n’est pas (encore) à l’ordre du jour puisqu’il demeure interdit de toute fonction élective jusqu’en 2019 (où il aura 82 ans) et que Forza Italia n’est plus qu’à 13% des intentions de vote dans les sondages.

Pourtant, un des anciens lieutenants, Antonio Tajani, vient d’être élu président du Parlement européen le 18 janvier…



- Espagne

La droite espagnole a enfin pu former un nouveau gouvernement après deux élections législatives qui n’avaient donné aucune majorité stable pour gouverner à aucun parti.

C’est grâce au soutien sans participation des centristes de Ciudadanos d’Alberto Rivera et l’abstention du PSOE (socialiste) que le Parti populaire de Mariano Rajoy – arrivé en tête lors des deux scrutins législatifs –a pu se maintenir au pouvoir alors que les populistes démagogues d’extrême-gauche de Podémos souhaitaient s’installer au pouvoir en se servant des socialistes qui ont eu le courage de résister aux pressions.



- Grèce

Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, à la tête d’un gouvernement de gauche radicale, devrait demeurer au pouvoir cette année.

Sauf si la situation économique se détériore amenant à des troubles et/ou au blocage des aides de l’Union européenne pour éviter la banqueroute du pays.

Les renoncements idéologiques de Tsipras – qui lui ont valu le départ de nombreux soutiens d’extrême-gauche – lui ont permis de trouver des accords avec les autres pays européens ainsi que les institutions comme la Banque centrale européenne ou le FMI pour permettre à la Grèce de ne pas sombrer.

Cependant, la pression de la rue et ses idées politiques, l’amènent à vouloir transgresser sans cesse le pacte qu’il a conclu pour recevoir les aides indispensables aux Grecs pour sortir de la crise grave dans laquelle ils se trouvent, comme en décembre où, juste après avoir signé des accords avec l’UE, il avait annoncé des mesures sociales coûteuses alors même qu’il avait pris l’engagement de ne pas en prendre.

Toujours est-il que le parti de droite, Nouvelle démocratie, dirigée par Kiryakos Mitsotakis, s’est dit prêt à gouverner en présentant un programme nettement centriste.



Résistance dans le monde



Si, dans le monde, la résistance à tous ces mouvement populistes, démagogiques et extrémistes sera également de mise, il faut y ajouter, en matière politique et pas seulement de sécurité, la résistance à la montée de l’intégrisme religieux et à l’extrémisme qu’il véhicule souvent beaucoup plus dangereux que le premier nommé.

On suivra ainsi et bien sûr l’évolution de l’autoritarisme liberticide en Russie et en Turquie, la résistance des terroristes de Daesh en Irak et en Syrie (avec, en plus, pour ce dernier pays si meurtri, la probable vengeance du clan Assad sur la population sunnite depuis que le dictateur a repris la main grâce à l’appui de la Russie) ainsi que les élections présidentielle en Iran.

En Asie, on observera l’évolution de la situation en Corée du Sud où la présidente a été démis de ses fonctions pour corruption et aux Philippines où le président de la république est une graine de dictateur qui se glorifie de faire exécuter des gens dans la rue et d’insulter tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.

Sur le continent africain, il faut ardemment souhaiter que la Tunisie, seule réelle démocratie du monde arabe, trouve sa stabilité et que les centristes qui s’unissent et se désunissent dans un mouvement perpétuel parviennent à former un véritable parti qui pourra entreprendre les réformes nécessaires pour pérenniser la liberté.

On suivra de même la situation en Côte d’Ivoire où les problèmes sont loin d’être tous réglés mais qui demeure une démocratie alors qu’au Congo, la fiction démocratique s’est effondrée.

Il faudra également demeurer attentif à ce qui se passe en Amérique du Sud où le Centre est dans une dynamique ayant remplacé la Gauche populiste dans la plupart des pays avec, entre autres, deux président centristes qui gouvernent le Brésil et l’Argentine, respectivement Michel Temer et Mauricio Macri, deux pays où l’instabilité politique et sociale est inquiétante (avec pour l’Argentine, des élections législatives en 2017).

Quant au Venezuela, la victoire des centristes au Parlement n’a pas permis d’éviter au pays de sombrer dans le chaos de par la faute du président chaviste, Nicolas Maduro, qui, en tant que chef de l’Etat et du gouvernement, refuse de mettre en place les réformes qui pourrait le sauver et de laisser le pouvoir aux gagnants des législatives.

Rien, malheureusement, ne semble empêcher que la situation empire en 2017 dans un pays à la criminalité la plus violente du continent, où des gens ont faim et où des maladies éradiquées depuis longtemps ont fait leur réapparition.



Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC


Actualités du Centre. Publication de Métapolis aux Editions du CREC

Les Editions du CREC viennent de publier une édition totalement revue et augmentée de l’ouvrage d’Alexandre Vatimbella, Métapolis.
Dans cet ouvrage, l’auteur part de cette interrogation existentielle: «La question essentielle que l’humain se pose en tant qu’être et genre, concerne ce que la vie peut lui apporter à la fois au niveau individuel et au niveau collectif. ‘Que vouloir pour cette existence?’ Cette question simple est pourtant d’une complexité infinie d’autant qu’elle nécessite d’abord que l’humain ait pu définir un nombre important de paramètres comme par exemple la notion de collectif, le ‘nous’».
Il se fixe donc comme but «de montrer aux peuples du monde entier que l’on peut vivre mieux, partout sur cette planète, si l’on mettait en place une organisation de la société que j’appelle l’‘Optimum de l’organisation de la société réelle’, société réelle c’est-à-dire de la société réellement existante. Celle-ci n’est aucunement une utopie mais seulement la meilleure société que l’on puisse mettre en place en prenant les êtres humains comme ils sont et non comme ils pourraient être, en prenant les sociétés comme elles sont et non comme elles pourraient être».
Pour cela il veut trouver les «fondement, valeur, règle, vertu, principe de la vie bonne dans la société».