samedi 21 avril 2018

Vues du Centre. Monsieur Macron, un humaniste ne peut être «ami» avec Trump et parler à Fox news!

Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Emmanuel Macron & Donald Trump
Emmanuel Macron parle avec tout le monde.
Il l’avait annoncé lors de sa campagne présidentielle.
Parler avec Poutine, Trump, Erdogan, Xi, Modi et quelques autres personnages peu recommandables ou sulfureux de la scène internationale, pourquoi pas?
Les relations internationales n’ont jamais été le lieu privilégié de la morale, de l’honnêteté et elles doivent être guidées, dans le monde tel qu’il est, par la défense des intérêts du pays que l’on représente.
De ce point de vue, il n’y a rien à reprocher au Président de la république.
Mais là où les choses se gâtent c’est lorsqu’il fait des accolades ostensibles au Premier ministre indien, Narendra Modi, le nationaliste extrémiste responsable ou, à tout le moins, complice de massacres de musulmans lorsqu’il était à la tête de l’Etat du Gujarat.
C’est aussi le cas lorsqu’il affirme que Donald Trump est son ami alors même qu’il ne l’a connu que l’année dernière lorsqu’il devint président et que le populiste démagogue américain s’était fait élire six mois plus tôt sur un programme détestable.
Il ne pouvait absolument pas ignorer qui il était.
Que les Etats-Unis soit notre allié le plus important, c’est une évidence de l’Histoire mais cela ne justifie en rien que l’on copine avec un personnage comme Trump.
Etre «ami» de Donald Trump, c’est comme l’être de Viktor Orban, le Premier ministre hongrois dont on a cru comprendre que Macron n’avait aucune sympathie pour ce populiste nationaliste extrémiste, ce qu’est également le président américain.
Bien sûr, d’un point de vue géostratégique, la Hongrie n’est pas les Etats-Unis…
Au moment où Emmanuel Macron va entamer sa visite d’Etat aux Etats-Unis, ce lundi 23 avril, il n’est pas inutile de lui rappeler qu’il est soi-disant un admirateur de Barack Obama (l’homme le plus détesté par Trump) et qu’il partage la vision du monde d’Hillary Clinton (la femme la plus détestée par Trump), deux humanistes centristes et progressistes que le président américain insulte sans relâche.
Et pour ajouter à cette situation peu reluisante, avant de se rendre à Washington, Macron a accordé un entretien à… Fox news, la télévision d’extrême-droite, qui rapporte des «fake news» à longueur de journée et qui est devenue la voix quasi-officielle de Trump (qui ne prend pas de décision sans avoir regardé les éditorialistes haineux et radicaux de la chaîne comme Sean Hannity).
C’est très regrettable et c’est comme s’il avait donné une interview au magazine Minute, la voix de l’extrême-droite française la plus radicale!
Nous comprenons bien la stratégie d’Emmanuel Macron face à un égocentrique narcissique comme Trump, le caresser dans le sens du poil pour obtenir le plus d’un personnage qui donne raison au dernier qui a parlé et, surtout, qui lui fait des compliments.
Mais, outre que cette stratégie n’a pas donné beaucoup de résultats jusqu’à présent, elle ne peut tenir lieu de comportement d’un président qui se dit humaniste, progressiste et défenseur intransigeant des valeurs de la démocratie républicaine que Trump foulent aux pieds 24 heures sur 24.
Et si cette «amitié» perdurait, elle jetterait sans conteste une ombre à la présidence d’Emmanuel Macron.

Aris de Hesselin


Actualités du Centre. Manuel Valls, futur maire de Barcelone et… centriste?!

Manuel Valls
Dans la nouvelle de la possible candidature de Manuel Valls à la mairie de Barcelone (Espagne) sous les couleurs du parti Ciudadanos, l’information principale n’est peut-être pas que l’ancien premier ministre français et député apparenté au groupe La république en marche, puisse devenir le premier magistrat de la cité catalane (où il est né), mais qu’il se présente comme candidat d’un parti centriste (que certains même qualifient de parti de centre-droit).
Même si la Gauche a déjà critiqué cette possibilité parlant de dérive droitière, cela ne fait, en réalité, que donner encore plus de poids à cet axe central qui doit regrouper dans chaque démocratie républicaine, ses défenseurs humanistes, progressistes et réformistes ainsi qu’au niveau de l’Union européenne (avec la possibilité de la création d’un groupe au Parlement européen après les élections de 2019).
Né Espagnol avant d’aller vivre en France avec sa famille et d’être naturalisé Français, Manuel Valls peut se présenter à une élection municipale dans un autre pays de l’Union européenne comme tout autre citoyen de cette dernière.
En tout cas, Manuel Valls n’a pas fermé la porte à cette possibilité lors d’une interview à la télévision ibérique.
«Je me suis impliqué dans ce débat (sur l’indépendance de la Catalogne) en tant qu'Européen, les conséquences pour l'Europe étaient très importantes. (…) Continuer dans ce débat, oui cela m'intéresserait, rester dans ce débat politique et intellectuel. Puis-je aller plus loin? Je vais y réfléchir.»
D’autant, faut-il le rappeler, que Ciudadanos (créé par Alberto Rivera, un Espagnol catalan), a été le fer de lance anti-indépendantiste des dernières élections régionales de Catalogne auxquelles il est d’ailleurs arrivé en tête avec sa candidate, Inés Arrimadas.
Quant à Alberto Rivera, il a indiqué que «Ciudadanos est ouvert à la présence de personnes comme Manuel Valls dans nos listes. (…) J'espère que cela pourra se concrétiser mais pour le moment j'avoue que c'est une porte ouverte et il manque encore du temps.»