vendredi 24 mai 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Cette envie de centrisme chez les Français


De semaine en semaine, certains sondages nous montrent que les extrêmes (surtout celui de droite) bénéficient des effets de la crise économique et de la mauvaise image du gouvernement et du président de la république pour progresser.
La réceptivité aux discours de plus en plus vindicatifs des deux fronts, national et de gauche en est malheureusement un exemple emblématique.
Mais d’autres études d’opinion, tout aussi intéressantes, montrent, au contraire, une envie de modération et de centralité, voire de centrisme chez une majorité de Français.
Ainsi, si Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy montent dans les sondages de popularité, deux sondages sur les personnalités qui pourraient intégrer un gouvernement lors d’un éventuel donnaient, pour l’un, François Bayrou en tête et, pour l’autre, Jean-Louis Borloo (avec François Bayrou en troisième position derrière le très centriste Louis Gallois).
Du côté des socialistes, ce sont ceux qui sont les plus proches du centre de l’échiquier politique comme Manuel Valls ou Michel Sapin qui sont, sinon plébiscités, en tout cas choisis.
En outre, des «personnalités» venues de la société civile, connues pour leur positionnement central, comme Louis Gallois, déjà cité, ou Anne Lauvergeon bénéficient également d’un apriori favorable pour rejoindre l’équipe gouvernementale.
Bien sûr, ces sondages sont réalisés avec des questions fermées qui ne permettent pas aux sondés de pouvoir choisir spontanément les noms qu’ils souhaitent, ce qui en diminue quelque peu les enseignements.
Cependant, à chaque fois, les leaders modérés et consensuels, pragmatiques et recherchant les compromis, sont dans le peloton de tête, voire en tête comme dans les deux sondages précités.
Comment peut-on analyser cela.
La première explication qui vient à l’esprit est de voir dans ces résultats une envie de changement raisonnable par rapport aux personnes actuellement en place.
Raisonnable dans le choix des personnalités que l’on veut voir dans le gouvernement, raisonnable quant à la possibilité concrète que cela arrive (les sondés voient mal, dès lors, comment, par exemple, Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy pourraient entrer dans un gouvernement de François Hollande…).
La deuxième explication est la volonté de voir une politique donnant plus de résultats concrets mise en place devant un «immobilisme» que l’on impute à François Hollande et qui est plutôt une conséquence de la crise économique actuelle.
La troisième explication est que les Français considèrent qu’un gouvernement d’union nationale fait partie des fantasmes (même si 78% d’entre eux en rêveraient sans pour autant en analyser toutes les implications) mais qu’en revanche il est tout à fait possible d’élargir la majorité actuelle à ses franges, notamment vers le Centre afin de donner une grande bouffée d’air aux idées défendues et aux mesures à prendre sans pour autant faire appel aux chimères des extrêmes considérées comme dangereuses.
La quatrième explication est cette forte envie de réforme dans un cadre politique apaisé. Car les partis centristes ont des propositions souvent décoiffantes mais avec un discours (le plus souvent) constructif et responsable, ce qui change de certaines joutes oratoires qui veulent plutôt démolir que construire et qui viennent tout autant de la Droite que de la Gauche.
Toutes ces raisons sont positives mais sont, une nouvelle fois, paradoxales avec le comportement électoral des Français. Voici un an, ils ont infligés un camouflet aux partis centristes, que ce soit lors de l’élection présidentielle que de l’élection législative.
A moins que l’on voit cela en renversant la perspective. Il s’agirait alors moins d’un détournement de l’électorat envers les centristes que l’incapacité de ces derniers de proposer un projet et un rassemblement politique crédibles, tant ils sont plus occupés à se tirer dans les pattes qu’à résoudre les problèmes des Français.
En tout cas, cette envie de centrisme à défaut du Centrisme, ce souhait d’une centralité plus grande doit faire réfléchir les responsables centristes pour qu’enfin ils puissent s’atteler à convaincre les électeurs qu’ils possèdent réellement le sérieux et la responsabilité, deux qualités essentielles pour gouverner un grand pays comme la France.

Actualités du Centre – Sondage: Jean-Louis Borloo et François Bayrou «bons» ministres de François Hollande?


Le Parisien vient de publier un sondage BVA concernant quels seraient les hommes et les femmes qui pourraient devenir de «bons» ministres d’un gouvernement de François Hollande en cas de remaniement.
Le terme «bon» n’étant pas explicité, il est difficile de savoir s’il s’agit d’un qualificatif de qualité ou d’adéquation avec un poste dans un gouvernement de gauche.
Toujours est-il que celui qui récolte le plus d’opinions favorables est Jean-Louis Borloo avec 44%, devant Louis Gallois (42%) et François Bayrou (38%). On trouve également une proche du centre de l’échiquier politique parmi les personnalités proposées (liste fermée de 25 noms, les sondés ne pouvaient pas choisir spontanément un ou plusieurs noms), Corinne Lepage avec 29% d’opinions favorables.
Cependant, le sondage montre également qu’il y a plus de Français qui estiment que Jean-Louis Borloo (48%), François Bayrou (54%) et Corinne Lepage (57%) ne feraient pas des «bons» ministres de François Hollande, ce qui donne une tout autre perspective aux désirs des sondés.
Si l’on va un peu plus dans les détails, on s’aperçoit que ce sont surtout les sympathisants de droite qui estiment que Borloo seraient un «bon» ministre (59% contre seulement 27% de sympathisants de gauche), ce qui est peu «central», tandis que c’est le contraire pour François Bayrou (42% des sympathisants de gauche le voient comme un «bon» ministre contre seulement 30% des sympathisants de droite).
(Sondage BVA réalisé les 16 & 17 mai 2013 auprès d’un échantillon de 942 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / marge d’erreur de 3 points)