vendredi 27 février 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Rude et risquée sera la route d’Hillary Clinton pour 2016

Les Etats-Unis vivent-ils sous la «Hillary Clinton dependence»?
En tout cas, pas un jour sans que les principaux médias écrits, audiovisuels et internet ne parlent d’elle.
Pas un jour sans une «mauvaise» nouvelle concernant sa supposée candidature à la Maison blanche.
Pas un jour sans un ragot sur tel ou tel de ses soutiens ou sur les bagarres entre ses «proches» qui semblent se compter par millions.
Pas un jour sur ses faiblesses avérées, potentielles ou supposées, voire secrètes.
Pas un jour sans que, à gauche et à droite, une boule puante ne soit lancée à son encontre dans l’espoir de faire le buzz et de détruire sa crédibilité.
Pas un jour sans que la gauche du Parti démocrate ne lui cherche un(e) adversaire à lui mettre dans les pattes lors des primaires.
Pas un jour sans que les radicaux de droite du Parti républicain ne leur emboîtent le pas, espérant secrètement que ce(tte) candidat(e) l’affaiblira, voire la battra comme Obama en 2008…
Et ainsi de suite.
Et tout cela, alors même que l’on ne sait pas si elle sera candidate pour la présidentielle de novembre 2016 qui ne se déroulera, faut-il le rappeler, que dans presqu’encore deux ans!
Toujours est-il que si Hillary Clinton devient la première femme présidente des Etats-Unis, elle aura du emprunter une longue et rude route pour y parvenir alors même qu’elle est la favorite désignée, que rien ne semble pouvoir a priori perturber sa marche triomphale, pas même la multiplicité des candidatures républicaines dont celle de Jeb Bush, fils et frère d’anciens présidents, qui de franchement conservateur, se découvre des affinités centristes pour tenter un rassemblement hautement hypothétique pour l’instant qui le portera à Washington tout en essayant de court-circuiter les primaires républicaines.
Car celle que tout le monde, y compris ses adversaires, loue pour ses qualités intellectuelles et de leadership, risque pourtant de se retrouver dans un «Hillary bashing» extrême, voire dans un «tout sauf Hillary».
Cela est d’autant plus prévisible qu’elle est une centriste vraie, revendiquée et assumée, qu’elle est vue comme telle par ses opposants, ce qui n’avait pas été le cas avec Barack Obama en 2008, où la gauche du Parti démocrate, ayant fait une très mauvaise analyse du positionnement de celui-ci, le croyait à gauche alors qu’il était au centre (et qu’elle pratiquait déjà le «tout sauf Hillary»)!
Hillary Clinton a toujours eu nombre d’obstacles devant elle et une franche haine de la part d’une partie des Américains, les plus à droite et les plus à gauche, qui n’ont pas hésité à la calomnier et à l’insulter.
Alors que son mari et ancien président Bill Clinton est devenu une institution que peu osent critiquer aujourd’hui (mais ce n’était pas le cas lors de son passage à la Maison blanche), Hillary, elle, semble potentialiser toutes les frustrations de la gauche et de la droite Américaines sur sa personne.
Actuellement, elle réfléchit, tout autant à sa candidature qu’à son projet et son programme électoral ainsi qu’à faire la bonne campagne et non pas celle de trop.
Ainsi, au-delà de son exposition médiatique sans nulle pareille, l’ancienne première dame, ancienne sénatrice de New York et ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama a quelques faiblesses qui pourraient détruire son rêve d’être la première présidente américaine mais aussi la détruire elle-même.
Déjà, en 2008, elle avait craqué devant les revers électoraux lors des primaires face à Obama mais surtout face aux attaques virulentes, mensongères et misogynes dont elle avait été la victime, souvent de la part de l’équipe rapprochée de son adversaire mais aussi de la plupart des médias qui étaient tombés littéralement amoureux d’Obama au-delà de toute déontologie professionnelle.
De plus, comme toute personnalité politique aussi exposée et au aussi long parcours, elle traîne quelques casseroles et quelques zones d’ombre même si elle s’est expliquée sur un certains nombre d’entre elles comme son soutien à la guerre d’Irak lors de la présidence de George W Bush.
Pour autant, la seule bonne question à se poser, in fine, est de savoir si elle sera le meilleur choix pour les Etats-Unis et le monde, considérant que celui ou celle qui va présider aux destinées de la première puissance, intéresse la planète entière.
De par ses qualités, ses états de service et sa vision d’une Amérique où les «opportunités» doivent toucher aussi bien les riches que la classe moyenne et ceux qui tentent de s’en sortir et qui, à l’extérieur, ne fuit pas ses responsabilités de leader du monde libre avec une fermeté plus grande qu’Obama et une vision moins binaire et manichéenne que George W Bush entre les gentils et les méchants, et face à des adversaires républicains peu expérimentés et souvent à l’idéologie très inquiétante, Hillary Clinton est certainement le meilleur choix aujourd’hui.
Mais l’élection ne se déroulera qu’en novembre 2016, dans vingt-et-un mois, plus qu’il n’en faut pour l’émergence d’un nouvel Obama…




jeudi 26 février 2015

Vues du Centre – Jean-François Borrou. Monsieur Zocchetto, voilà quelques infos sur votre ami l’assassin Assad

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Il parait que les quatre parlementaires, dont le président du groupe centriste au Sénat, François Zocchetto, qui viennent de se rendre en Syrie pour rencontrer Bachar al-Assad, le dictateur et le boucher de son propre peuple, avaient besoin d’information sur le régime assassin de père en fils mis en place par le clan Assad.
C’est en tout ce qu’ils ont déclaré en cœur pour justifier leur voyage de Damas comme d’autres justifièrent, en leur temps, le leur à Berlin.
Et c’est la même justification qu’ont reprise Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI et Hervé Morin, ancien candidat à la présidence dudit parti et ancien ministre de la Défense (pour ceux qui auraient oublié son passage transparent à la tête de ce ministère), pour expliquer la présence de leur ami Zocchetto à cette sympathique rencontre entre des élus d’une république démocratique et des dirigeants d’une des pires dictatures héréditaires.
«Ils ont le droit de s’informer sur la situation en Syrie» a dit Morin.
«Il faudra reparler à ce régime» a affirmé Lagarde, tout en indiquant qu’aucune action disciplinaire ne sera prise à l’encontre de François Zocchetto.
Celui-ci, d’ailleurs, assume complètement ce voyage.
A la question posée par le quotidien Ouest France de savoir si cela ne l’avait pas gêné d’avoir serré une main dégoulinant de sang d’hommes, de femmes mais aussi d’enfants, voici sa réponse dont je laisse le lecteur juge: «J’invite ceux qui sont sur cette posture qui consiste à dire aucune relation, autrement dit à se laver les mains un peu vite de beaucoup de choses, à réfléchir. Cette posture met tout le monde dans une impasse».
Du charabia pour justifier l’injustifiable.
Pire, monsieur Zocchetto fait de l’humour sans le vouloir quand il précise avoir abordé la question des droits de l’homme avec monsieur Assad.
Quel courage François.
Quant au pauvre Bachar, il n’a pas du en dormir de la nuit.
Or donc, comme ces quatre parlementaires nécessiteux – dont notre centriste précité – n’ont pas les moyens de se payer un téléviseur, d’acheter les journaux, de se connecter à internet ou de parler à des réfugiés syriens en France, comme ils n’ont manifestement pas accès aux rapports gouvernementaux et des ONG sur la situation dans ce pays, voilà quelques informations qui leur seront, espérons-le, utiles et éviteront qu’ils retournent discuter avec leur ami de Damas.
La guerre menée contre son peuple par ce dernier (qui a permis par la suite aux terroristes islamiques, dont ceux de Daech, de s’implanter dans un pays ravagé par un régime qui a pu durer grâce notamment, à l’aide de Vladimir Poutine, autre grand démocrate qui est soutenu par nombre de parlementaires français) a fait selon des estimations sérieuses plus de 200.000 morts.
On estime que 11.000 détenus des tristement célèbres geôles syriennes ont été assassinés. La plupart de ceux-ci étaient jeunes et leurs corps portaient souvent des traces de tortures et de privations. Certains avaient eu les yeux arrachés, d'autres portaient des traces de strangulation ou d'électrocution
En janvier 2014, l'ONG mondialement reconnue, Human Rights Watch publiait un rapport détaillé qui démontrait que le gouvernement d’Assad avait fait raser sept districts rebelles dans les villes de Damas et d'Hama, sur une surface correspondant à 200 terrains de football.
En février 2012, l’UNICEF estimait que plus de 500 enfants avaient été tués et que 400 autres avaient été arrêtés et torturés dans les prisons syriennes
En juin 2012, l'ONU dénonçait le gouvernement syrien comme étant «l'un des pires» sur sa liste annuelle «de la honte».
L’ONU, toujours elle, dans un rapport consacré aux enfants dans les conflits armés, affirmaient que les soldats d’Assad avaient «torturé et exécuté sommairement des enfants», et s’étaient «servis de certains d'entre eux âgés d'à peine huit ans comme de ‘boucliers humains’ au cours de leurs opérations contre les rebelles».
En juillet 2012, une ONG, avait documenté plus de 100 cas de viols et d'agressions sexuelles pendant le conflit. La plupart de ces crimes étaient attribués aux milices loyalistes. Les victimes étaient des hommes, des femmes et des enfants.
En novembre 2013, une autre ONG, dans un rapport sur la violence contre les femmes dans le conflit syrien, estimait que près de 6.000 femmes avaient été victimes de viols (y compris de viols collectifs) depuis le début du conflit.
Sans parler de l’utilisation des armes chimiques contre des femmes et des enfants.
Tous ces chiffres sont probablement plus élevés, un grand nombre de cas ne faisant pas l'objet de déclaration ou ne pouvant être connus.
Je m’arrête là pour ne pas tomber dans le sordide à outrance.
Si ces informations ne sont pas suffisantes à nos quatre parlementaires en service auto-commandé, il convient vite d’organiser une collecte pour leur permettre d’acquérir les outils nécessaires pour s’informer correctement tout en gardant leur dignité et en leur évitant, à l’avenir, le ridicule affligeant de leur initiative pitoyable.
On comprend entre les lignes que ces parlementaires et d’autres personnes en France, dont les dirigeants du Front national, ont une certaine sympathie pour Assad, comme ils en avaient pour son père – Hafez el-Assad – qui a bien éduqué son fils, lui qui fit des massacres à la pelle pendant sa dictature.
Tous ces gens n’avaient en réalité jamais accepté les sanctions contre son régime et ont pris comme prétexte la montée terrifiante et tout autant condamnable humainement de Daech et de ses assassins imbéciles pour tenter de redonner légitimité et respectabilité à Assad.
De même, du fait qu’il «protège» les chrétiens de Syrie de plus en plus pourchassés et massacrés par ces islamistes illuminés, il serait une sorte de sauveur du christianisme oriental (comme les mêmes l’ont dit à l’époque pour le dictateur d’Irak, Saddam Hussein).
Que ces parlementaires en soient réduits à faire la promotion d’un assassin pour combattre d’autres assassins est assez pathétique.
Même si l’on estime que la menace la plus grande et la plus urgente à régler aujourd’hui est celle de Daech et qu’il faut l’éradiquer le plus vite possible, comment oser s’afficher avec un homme qui serait condamné sans l’ombre d’un doute par n’importe quel tribunal pénal international à la prison à vie pour crimes contre l’humanité.
Par ailleurs, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS a décidé de sanctionner Gérard Bapt, le député socialiste qui faisait partie du voyage.
Gageons que le président du groupe centriste au Sénat en fera de même avec le sénateur-maire de Laval, Zocchetto.
Oups! Le président du groupe, c’est Zocchetto.
Ce qui rend encore plus irresponsable son voyage.
Une dernière chose: le Centrisme, pensée s’il en est de la démocratie républicaine libérale et humaniste, ce n’est certainement pas de se commettre avec des régimes où ces mots valent à ceux qui les prononcent une mort certaine.
Jean-François Borrou


mardi 24 février 2015

Une Semaine en Centrisme. La bataille pour l’axe central sera sanglante

Petit à petit, l’idée fait son chemin.
Tant du côté de ses partisans déclarés que de ses adversaires acharnés, la possibilité de la constitution d’un axe central – qui renverrait du même coup les radicaux de droite et de gauche vers leur conservatisme et leur rivalité avec les extrêmes de chaque camp – afin de mettre sur pied une coalition libérale (modérés de droite et de gauche avec les centristes) est de plus en plus au cœur des discussions politiques.
Pourquoi?
D’abord parce que le paysage politique est en plein bouleversement avec la montée du Front national (crédité de 30% dans les sondages sur les prochaines élections départementales) et le désenchantement des partis politiques traditionnels et de leurs dirigeants (François Hollande est de nouveau très bas dans les baromètres d’opinion tandis que seuls 22% des Français souhaitent que Nicolas Sarkozy se présente en 2017).
Ensuite parce que la sociologie politique nous dit qu’aujourd’hui il y a une convergence de vues plus forte entre un libéral de droite et un libéral de gauche qu’entre eux et leurs pendants radicaux et conservateurs qui sont pourtant dans le même parti qu’eux, soit à l’UMP, soit au PS.
D’où l’espoir, pour les uns, d’une grande force libérale et sociale, réformiste et européenne, humaniste et respectueuse, et la crainte, pour les autres, d’un éclatement des partis et des repères idéologiques qui sont largement issus du système politique mis en place par la Constitution de la V° République.
Ainsi, on peut imaginer que la mise sur pied d’une coalition centrale soit la vraie naissance d’un tripartisme avec à chacun de ses bords les radicaux qui seraient, pour une grande partie d’entre eux, en relation électorale et programmatique avec les extrêmes.
Du côté des personnalités politiques de premier plan qui se placent pour prendre, à terme, le leadership de cet axe central, on trouve Alain Juppé, Manuel Valls, François Bayrou – mais curieusement pas Jean-Christophe Lagarde dont la grande peur est plutôt de se faire absorber par cette nouvelle force politique et qui joue parfois à outrance le particularisme de l’UDI et souhaite être reconnu comme le défenseur intransigeant d’un Centre indépendant (où il est en concurrence avec Bayrou).
Et la bataille pour son contrôle risque d’être particulièrement sanglante.
Dire cela semble très excessif actuellement où les sourires, les clins d’œil et les amabilités sont de mise entre les différents protagonistes qui se montrent d’une grande civilité les uns vis-à-vis des autres.
Chacun est là, jure-t-il, croix de bois, crois de fer, si je mens je vais en enfer, pour aimer son prochain «axiste» et en faire son «compagnon» politique.
Ainsi en est-il d’Alain Juppé et de François Bayrou qui clament partout à qui veut l’entendre qu’ils sont amis pour la vie.
Le second jure qu’il aidera le premier à devenir président de la république en 2017 même s’il a nuancé son discours dithyrambique, ces derniers temps, envers son ami girondin parce qu’il s’est rendu compte qu’après sa traversée du désert suite à son mauvais score à la présidentielle de 2012, il avait une carte à jouer et une chance à la prochaine échéance élyséenne.
Quant au premier, il trouve parfois le soutien de son ami béarnais un peu encombrant dans son bras de fer avec Nicolas Sarkozy et, surtout, par rapport aux militants de l’UMP, voire un peu trop «si ce n’est toi qui y va, ce sera moi» qui, décodé, signifie «j’ai une envie furieuse d’y aller et je parie sur ton échec lors des primaires de la Droite pour te remplacer comme héraut de l’axe central».
Car, ne l’oublions pas, Juppé et Bayrou, tout comme Manuel Valls, Jean-Christophe Lagarde ou Hervé Morin et, pourquoi pas, Jean-Louis Borloo par ailleurs, sont aussi et avant tout des hommes ambitieux qui lorgnent le même espace politique, au centre où se trouve le point d’équilibre de ce fameux axe central.
Et si tous ceux-ci doivent s’allier pour donner vie et consistance à cet axe, il n’y aura donc qu’un chef, in fine.
C’est la loi du genre.
Et chacun a, non seulement, envie d’être celui-là mais possède également des arguments pour prétendre être l’heureux élu.
Dès lors, il y aura bataille.
Elle sera d’abord feutrée, voire peu visible mais réelle comme c’est le cas actuellement, mais elle finira en opposition frontale, car il ne peut en être autrement au vu des personnalités en présence et du fait qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde sur le trône du Mont Olympe central…
Il est difficile de dire qui va gagner tant nombre de paramètres sont encore difficiles à définir et sur ceux que l’on connaît, des événements plus ou moins prévisibles peuvent changer la donne à tout moment.
Par exemple, la position d’Alain Juppé qui semble très forte au vu des sondages et de l’exposition médiatique de l’intéressé, pourrait se dégonfler très rapidement au moindre couac, tellement l’ancien premier ministre est obligé de jongler avec les idées, les positionnements et les personnalités qui le soutiennent pour n’heurter aucun de ses électorats potentiels dont il aura besoin pour s’imposer.
A l’inverse, la position de François Bayrou pourrait se raffermir dans les mois qui viennent, d’autant que les médias ne l’ont pas abandonné et que sa fonction de premier édile de Pau suscite souvent des compliments.
Quant à Manuel Valls, tout dépendra des résultats de son action ou, à tout le moins, de sa capacité à démontrer qu’il a tout tenté, qu’il avait raison d’aller dans la direction où il est allé et que l’’échec, s’il y a, n’est pas de sa responsabilité.
Jean-Christophe Lagarde part de plus loin et sa stratégie ne semble pas, pour l’instant, d’occuper ce terrain du rassembleur d’un axe central.
Cependant, il n’est pas hors jeu, tout comme Jean-Louis Borloo, s’il lui prenait l’envie de revenir en politique…
Peut-être d’autres personnalités politiques émergeront dans les mois et les deux années qui viennent.
Tout ce que l’on sait, c’est que si constitution d’un axe central il y a, les prétendants à l’incarner seront nombreux et ne se feront pas de cadeaux.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC



vendredi 20 février 2015

L’Humeur du Centriste. Félicitations centristes aux «7 de l’UDI»!

La motion de censure déposée par l’UMP à propos de la loi Macron et à laquelle s’était empressée de se rallier la direction de l’UDI de peur de ne pas être assez UMP compatible, pire, d’être accusée de mollesse par la droite extrême, a été rejetée comme on pouvait le prévoir.
Sept députés UDI en refusant de la voter, ont, à l’inverse, démontré leur indépendance et, surtout, leur fibre centriste.
Il s’agit de Jean-Christophe Fromantin (Hauts-de-Seine), Michel Piron (Maine-et-Loire), Thierry Benoit (Ille-de-Vilaine), Philippe Folliot (Tarn), Sonia Lagarde (Nouvelle-Calédonie), Maina Sage et Jean-Paul Tuava (Polynésie).
Bravo à eux d’avoir agi en conviction et non en politiciens.
Comme l’a fort justement expliqué Jean-Christophe Fromantin aux médias, on ne peut voter la censure sur un texte que l’on soutenait pour la simple raison que l’on est dans l’opposition et que celle-ci, par ailleurs, n’a fait aucune contre-proposition aux mesures que la loi contenait lors du débat sur cette censure et dont beaucoup allaient dans le bon sens.
Evidemment, sept députés sur trente-et-un, ce n’est pas énorme, c’est même trop peu.
Mais ils ont sauvé l’honneur d’un Centre indépendant, ce dernier terme étant contenu dans l’intitulé même de l’UDI, doit-on le rappeler.
Cela ne signifie évidemment pas que les «7 de l’UDI» sont devenus des socialistes, ni même des héros du Centrisme.
Ils ont simplement agi en personnes responsables qui refusent les réflexes pavloviens d’une opposition systématique qui font, entre autres, que les Français ne croient plus en la sincérité de leur personnel politique.
En résumé, ils ont agi en centristes, ni plus, ni moins.
Ils ont agi comme les partis centristes devraient le faire s’ils veulent être crédibles auprès des électeurs qui doutent de l’originalité du Centre et que leur suivisme à cette occasion et dans d’autres, à l’égard de l’UMP ne peut que les conforter dans cette opinion.
Enfin, le grand écart du Mouvement démocrate a été surprenant.
Alors que son président a indiqué qu’il n’aurait pas voté la censure s’il avait été député, le seul député du parti et ami intime de François Bayrou, Jean Lassalle, l’a votée. Comprenne qui pourra…

Centristement votre.

Le Centriste



mercredi 18 février 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Loi Macron: l’occasion manquée des centristes

Les centristes ont une philosophie politique qui réfute l’affrontement aveugle entre deux camps retranchés, l’un à droite et l’autre à gauche, et qui refuse la posture idéologique qui veut que tout ce qui vient d’un camp avec lequel on n’est pas allié électoralement soit mauvais par définition.
Et pourtant, c’est bien de cette manière, idéologique et partisane, que les centristes ont agi face à la loi Macron de modernisation de l’économie française puis dans leur ralliement à la motion de censure présentée par l’UMP après le déclenchement de la procédure du vote bloqué (le 49-3) par Manuel Valls.
Les quelques francs-tireurs qui avaient décidé de voter la loi Macron ne peuvent cacher l’opposition frontale de l’UDI à ce texte, opposition exprimée bien avant les débats par Jean-Christophe Lagarde, son président, et qui n’est en rien justifiée sauf si l’on se base sur une logique politicienne et idéologique.
La logique politicienne est, en l’occurrence, de ne pas frayer avec ses opposants avant une élection, fusse-t-elle uniquement départementale.
La logique idéologique est de contester par des arguments ridicules une loi qui va dans la direction que l’on souhaite.
Affirmer sans rire par exemple que cette loi n’allait pas assez loin pour ne pas la voter est une escroquerie intellectuelle.
Depuis quand refuse-t-on de voter pour des dispositions qui vont dans le bon sens parce qu’elles ne seraient pas parfaites?
Si c’était le cas, aucune loi ne devrait être votée par les centristes!
Ce qui est le plus désolant dans l’affaire, c’est le manque de courage des centristes et leur totale inféodation à l’UMP.
Ils avaient là une occasion de montrer que le Centre ce n’est, non seulement pas la Gauche, mais pas la Droite non plus.
En votant cette loi (puis en ne s’associant pas, ensuite, à la motion de censure à propos de cette loi), ils pouvaient montrer que ce qui les animait, était la recherche de bonnes mesures pour l’économie française.
Une attitude toujours récompensée par les Français.
Si les centristes veulent réellement créer une troisième force qui sera capable d’être majoritaire ou l’élément majeur d’une nouvelle majorité, ce n’est pas en agissant de la manière qu’ils ont choisie, qu’ils y parviendront.
Dans ce cas précis, il n’était même pas question de chambouler l’échiquier politique, de renverser des alliances, de créer une nouvelle république.
Il s’agissait seulement de dire oui à de bonnes mesures sans que cela n’ait aucune autre répercussion de quelque sorte.
Cela ne nécessitait pas beaucoup de courage d’autant que l’UMP, à qui l’on prête d’avoir fait subir des pressions aux députés centristes qui voulaient voter pour la loi Macron, n’a aucun intérêt à intimider le Centre dont elle a un impératif besoin en vue des prochaines échéances électorales importantes.
Malheureusement les centristes n’ont pas pu avoir cette dose infime de vaillance pour défendre leurs idées avec dignité.
C’est vraiment dommage d’avoir manqué cette occasion.



mardi 17 février 2015

Actualités du Centre. L’UDI a-t-elle raison de s’associer à la motion de censure de l’UMP?

Selon les derniers pointages, un tiers des députés UDI aurait voté en faveur de la loi de modernisation de l’économie (dite «loi Macron» du nom du ministre de l’économie), un tiers se serait abstenu et un tiers aurait voté contre.
Les dispositions de ce texte allaient globalement dans le sens des positions de l’UDI et le parti centriste, partagé entre ceux qui refusent un sectarisme intransigeant et politicien et ceux qui préfèrent jouer le jeu de l’opposition à tous prix, était divisé.
Mais dès que l’UMP a décidé de déposer une motion de censure après que Manuel Valls ait indiqué qu’il utiliserait l’article 49-3 (vote bloqué) pour faire passer cette loi, l’UDI s’est empressée de déclarer qu’elle s’y associerait par l’entremise du président de son groupe à l’Assemblée nationale, Philippe Vigier.
Et il ne devrait pas manquer beaucoup de voix UDI lors du vote de cette censure.
Le parti centriste a-t-il raison de censurer le gouvernement sur une loi qui rejoint son combat pour moderniser l’économie française même si elle était incomplète?
De même, a-t-il raison de se joindre à une UMP conservatrice, pire au Front de gauche, tout aussi conservateur, qui a décide de voter cette motion par haine viscérale à François Hollande et Manuel Valls?
A ces deux questions, la réponse est négative.
En dehors même du fait que l’UDI est dans l’opposition au gouvernement actuel, la position des centristes, adeptes du pragmatisme, du consensualisme et de la responsabilité, est de juger un texte législatif, non d’où il vient, mais où il va et de son efficacité.
En outre, l’UDI est un parti qui s’affirme réformiste et qui, en l’espèce, va s’associer à tout ce que la société française compte de conservateurs, la droite de l’UMP, le Front de gauche et même les «frondeurs» du Parti socialiste (la gauche du parti) qui ont provoqué ce recours à l’article 49-3 même s’ils ne voteront pas la censure.
Dans cette histoire et même s’il devrait voter la censure comme tous les députés UDI, Jean-Christophe Fromantin, député-maire de Neuilly-sur-Seine a eu la bonne attitude centriste.
Franc-tireur du Centre et candidat à la présidence de l’UDI où il est arrivé en quatrième position avec environ 10% des suffrages, ce qui fait beaucoup si l’on prend en compte son relatif isolement à l’intérieur du parti et sa liberté de parole et d’acte, il avait estimé que même si «les résultats sont loin de ceux que nous aurions espérés mais ils sont là. Plusieurs articles permettront d’accélérer, de simplifier ou d’adapter des procédures à un contexte économique qui évolue. Et, à ceux qui regrettent cette insuffisance d’audace, j’opposerai l’adage, ‘ce qui est pris n’est plus à prendre’. Je suis profondément convaincu que nous ne construirons une perspective d’avenir qu’en mettant notre énergie et nos talents à bâtir des ponts plutôt qu’à creuser des fossés. Cela n’enlève rien à ma grande détermination à vouloir développer une autre politique. Mais il faut être constructif quand cela le mérite, et aller dans le sens du mouvement de réconciliation auquel les Français aspirent. C’est la raison pour laquelle je voterai pour ce texte».
Si le projet politique de Jean-Christophe Fromantin est très discutable concernant les questions de société où il est particulièrement conservateur, ce qui le placerait à la droite de l’UMP, celui-ci existe à l’inverse des trois autres candidats contre qui il était opposé pour la présidence de l’UDI.
Et s’il s’apprêtait avec de (trop) rares autres députés UDI à voter la loi Macron, c’était par fidélité à ses idées et non, comme quelques autres de ses collègues de sa formation politique, en rapport à un quelconque calcul politicien et électoraliste.
Ceci doit être souligné et apprécié à la juste valeur centriste.
L’UDI avait ainsi l’occasion de montrer son originalité, ce qui la différencie de l’UMP et qui fait son ADN centriste.

Mais, malgré les audaces oratoires de son président, Jean-Christophe Lagarde, elle n’a pas eu le courage ou simplement l’indépendance de jouer sa propre partition.

lundi 16 février 2015

L’Humeur du Centriste. UDI et MoDem moins détestés que les autres partis, ça sert à quoi?

Bon, il y a ceux qui voient le verre à moitié plein et d’autres qui le voient à moitié vide.
C’est la vie.
Mais les chiffres eux ne mentent pas – ou presque…
Ainsi, dans les sondages, lorsque l’on demande si les gens ont une bonne ou une mauvaise opinion des partis politiques, une majorité répond pour tous les partis qu’ils en ont une mauvaise.
Pour tenter de positiver les résultats, les médias disent que les partis les plus appréciés sont ceux qui sont moins détestés que les autres…
Ah, ce verre à moitié plein ou à moitié vide!
Dans cette compétition et selon une dernière étude de l’institut BVA*, l’UDI est la formation politique la moins détestée avec 54% de mauvaises opinions (ou la plus appréciée avec 41% de bonnes opinions), devant le Mouvement démocrate avec 57% de mauvaises opinions (ou 39% de bonnes opinions), loin devant leurs poursuivants, l’UMP et le Front national, à égalité parfaite avec 67% de mauvaises opinions et 30% de bonnes opinions (sachant que le FN a plus de «très bonnes opinions» que l’UMP, 11% contre 7%, mais aussi beaucoup plus de «très mauvaises opinions», 55% contre 37%).
Les partis centristes tirent un satisfecit de ces résultats similaires à ceux d’autres enquêtes d’opinions récentes.
Bravo donc pour être moins détesté que les autres, pardon, plus appréciés que les autres, enfin plus et moins que les autres…
Mais à quoi bon cela leur sert-il et cela sert-il leur combat centriste?
Dans les sondages d’intention de vote la réponse est claire et nette: à rien.
Ni l’UDI, ni le Mouvement démocrate ne sont les deux partis en tête des intentions de vote.
Ils seraient plutôt en queue de peloton, derrière le FN, l’UMP et le PS, voire à égalité avec le Front de gauche et juste devant les écologistes.
Comprenne qui pourra et l’on pourrait en conclure que les Français sont des masochistes, eux qui votent pour des partis qu’ils n’apprécient guère et ne votent pas pour ceux qu’ils apprécient plus.
Ou, alors, il y a une autre explication: on est d’autant plus apprécié politiquement que l’on n’est transparent et gentil mais pas parce que l’on est capable de gouverner.
Cette constatation, on peut la rapprocher de la popularité forte dans les sondages de François Bayrou depuis presque une décennie et son incapacité à avoir traduit celle-ci en termes électoraux.
Ainsi, si dans le sondage BVA, 37% des personnes interrogées souhaitent qu’il ait plus d’influence sur la vie politique, il n’a pas passé la barre des 10% aux dernières présidentielles et ne les dépasse pas dans les quelques sondages sur celles de 2017 qui ont déjà été publiés.
Cela signifie, en clair, que les centristes n’ont pas la confiance des Français pour gouverner le pays et qu’ils leur restent une tâche très importante à accomplir pour devenir crédibles.
Parlons maintenant du dernier enseignement de ce sondage qui est terrible pour l’UDI depuis le départ de Jean-Louis Borloo.
Alors que le parti est le moins détesté et le plus apprécié, l’institut BVA n’a pas éprouvé le besoin d’inclure dans sa liste de personnalités qui devraient avoir plus d’influence sur la vie politique, le moindre de ses dirigeants…
Donc, le parti le plus apprécié n’a aucun leader reconnaissable ou digne d’être dans une liste qui comprend trente-deux noms parmi lesquels on trouve même ceux de Nadine Morano, François Rebsamen et Florian Philippot.
La honte!
In fine, la question ultime serait donc: les Français savent-ils vraiment qui sont l’UDI et le MoDem?
Aux responsables de ces partis de travailler d’arrache-pied pour que la réponse soit oui le plus vite possible s’ils veulent peser réellement sur la vie politique.

Centristement votre

Le Centriste

*Sondage BVA pour itélé et Orange, réalisé les 10 et 11 février 2015 auprès d’un échantillon représentatif de 1084 personnes interrogées par internet / système des quotas / marge d’erreur de 3 points



jeudi 12 février 2015

Une Semaine en Centrisme. La stratégie attrape-tout de Juppé, le «modéré» mais «pas centriste»

Alain Juppé vient de célébrer la modération.
«Quand on dit modéré, a-t-il expliqué devant les journalistes de la presse parlementaire, on pense marécage, zone grise. Je ne suis pas d’accord. Montesquieu fait l’éloge de l’esprit de modération, c'est une vertu. Je suis dans cette tonalité. Monter aux extrêmes, c’est la facilité. Il faut beaucoup de courage pour être modéré».
Et de poursuivre: «le grand échec de l’UMP, c’est en 2012, quand les centristes nous quittent».
Sous-entendu, c’est parce que notre candidat à la présidentielle (Nicolas Sarkozy) n’était pas un modéré.
Dont acte.
Mais n’oublions pas qu’il n’y a pas si longtemps il s’est cru obligé d’affirmer qu’il ne faisait pas partie du Centre.
 «Je ne suis pas centriste, avait-il déclaré alors à la télévision en précisant «je ne pense pas que mon discours soit ‘bobo centriste’» car, selon lui, «il n’est pas un filet d’eau tiède».
Sous-entendu, je veux bien des voix centristes mais je suis de droite, pas de cette famille politique… modérée!
Dont acte.
Cette apparente contradiction est en fait le gros problème et le grand défi d’Alain Juppé qui va devoir jongler avec les positionnements politiques et se tenir en équilibre tel un fil-de-fériste au cours des deux prochaines années s’il veut devenir président de la république.
Ainsi, pour résumer, il doit, à la fois, être assez à droite pour les électeurs de l’UMP, assez au centre pour les électeurs du MoDem et de l’UDI, voire assez social pour les déçus du socialisme.
Une stratégie attrape-tout, en somme.
Et la difficulté est qu’Alain Juppé ne peut se reposer sur aucun de ces électorats comme étant acquis à sa cause quoi qu’il arrive.
Cela signifie qu’il devra convaincre sans relâche les trois électorats qui penchent naturellement ailleurs que vers lui en sachant qu’il peut se les aliéner s’il n’est pas assez habile dans son jonglage partisan.
Déjà, à droite, beaucoup crient à la trahison en rappelant que l’ancien premier ministre de Jacques Chirac n’était pas aussi modéré que cela il y a quelques années.
Quant aux centristes, ils sont dans l’expectative même si François Bayrou a déjà fait acte d’allégeance «sauf si».
Sans parler des «déçus du socialisme» dont on ne voit pas le début d’un ralliement pour l’instant.
On l’a compris, Alain Juppé s’est attelé à la tâche de bâtir un grand rassemblement, ressemblant étrangement à l’axe central dont nous parlons ici souvent, allant de l’UMP aux «sociaux-démocrates au Parti socialiste qui n'apprécient pas comment le parti conduit la France et qui sont prêts à envisager autre chose» en passant par les centristes, avec le mot d’ordre «Soyons ouverts!»
Ici, il convient de se demander si Alain Juppé n’est pas en train de rêver à un rassemblement chimérique qui n’a aucune réalité politique aujourd’hui même s’il en a une sociologique, ce qui ne suffit pas à en faire un socle électoral concret pour la prochaine présidentielle.
Et rien ne dit que sa candidature à la candidature ait la possibilité de redessiner le paysage politique français dans le sens de l’émergence de cet axe central avant la date fatidique de mai 2017 même si l’homme est très populaire dans les sondages (François Bayrou l’est également sans que cela se traduise électoralement parlant).
De plus, les contradictions de son positionnement risquent d’apparaître au grand jour plus il avancera dans sa candidature.
Par exemple, sa modération revendiquée ressemble étrangement au positionnement des partis centristes qui ont, selon lui, un discours d’eau tiède, ce qui n’est franchement pas un compliment en politique…
Bien entendu, il vaut mieux du point de vue des électeurs centristes, ce discours compatible avec leurs aspirations que celui d’un Nicolas Sarkozy qui est plutôt compatible avec les thèses du Front national dans bien des domaines.
Pour autant, Alain Juppé est un membre éminent de l’UMP – il est même son fondateur en 2002, missionné par Jacques Chirac – et il n’a pas rejoint les rangs d’un parti centriste avant tout parce qu’il ne partage pas le positionnement et les idées du Centre.
De même, rien n’indique dans ses propos aujourd’hui comment il voudrait gouverner avec les centristes, quelles sont les propositions de ceux-ci qu’il reprendrait à son compte, quelle place il leur accorderait dans son gouvernement ou sa majorité présidentielle.
Tout cela parce que le plus important pour lui c’est de savoir comment il va se positionner au mieux pour être un candidat à la candidature UMP crédible aux yeux des militants et sympathisants de droite.
Comment va-t-il pouvoir, dans le même temps, concilier dans son discours, à la fois, le radicalisme d’une grande partie de l’électorat de Droite et la modération propice à un rapprochement avec les centristes, voire avec les déçus sociaux-démocrates de Hollande, est un mystère que lui-même n’est sans doute pas capable de percer.
Ce qui fait que l’on ne peut, pour l’instant, donner entièrement crédit à son positionnement modéré.
Mais même si on lui accorde le bénéfice du doute et s’il y a évidemment nombre de convergences entre ce positionnement et les positions centristes, il ne veut être et il peut être, pour autant, le candidat qui représentera le Centre, celui qui ne peut être désigné que lors d’une primaire centriste.
Cela dit, on comprend bien au vu de ce que l’on a analysé, qu’Alain Juppé a besoin des voix centristes pour être désigné le candidat de l’opposition républicaine en 2017 face à Nicolas Sarkozy puis pour espérer être un des deux finalistes au second tour et pouvoir l’emporter sur le candidat de gauche ou celui de l’extrême-droite.
Dès lors, sans s’éloigner trop de son positionnement à droite, il va être constamment obligé de tenir un discours «centro-compatible».
Et il faut admettre que, pour l’instant, il y réussit plutôt bien.
Ainsi, sa «modération», c’est être, selon lui, pour des «réformes vigoureuses», tant en matière économique que d’éducation.
C’est également combattre le Front national pour ses «références idéologiques» et son «projet économique aberrant».
Néanmoins, il en faudra plus.
Il lui faudra se positionner sur nombre de questions importantes pour les centristes comme l’instillation d’une dose de proportionnelle pour les élections législatives et une meilleure décentralisation.
Là où les centristes militent ardemment pour une modernisation indispensable afin que le politique et l’administratif soient mieux en phase avec le pays réel, il a, lui, indiqué lors de son intervention devant les journalistes de la presse parlementaire qu’il est pour un «Etat fort» tout en se définissant comme «conservateur» en matière d’institutions, la position traditionnelle d’un homme de droite étatiste dans la droit fil du gaullisme.
Et il doit encore préciser le contenu de sa refonte de la fiscalité et celui de sa maîtrise des dépenses publiques.
Car le chiraquisme dont il est issu n’a pas réalisé quand il détenait le pouvoir les grandes réformes qui étaient et demeurent absolument nécessaires pour libérer les talents et renforcer la méritocratie notamment en matière économique.
In fine, les centristes seraient bien inspirés s’ils décident de se rallier à Alain Juppé de ne pas prendre pour argent comptent ces serments d’amitiés envers les centristes et ceci parce que le maire de Bordeaux est loin d’être un nouveau venu en politique.
Et son envie d’occuper l’Elysée n’est pas nouvelle, non plus.
En outre, sa carrière politique n’a pas été marquée par la recherche avant tout de la modération et du consensus.
S’il a sans doute évolué, les centristes devront être vigilants et négocier un véritable accord électoral et un solide contrat de gouvernement.
Pour cela, ils seront en position de force s’il présente un candidat unique et commun au premier tour de la présidentielle (ou à une primaire entre lui et le candidat de l’UMP).
La position de Jean-Christophe Lagarde, qu’il vient une nouvelle fois de rappeler, est de tout faire pour avoir un candidat du Centre et elle est sans conteste la meilleure façon de peser d’une façon ou d’une autre sur la reine des élections françaises.
Cette volonté d’être présent à la présidentielle ne vient pas d’égos surdimensionnés de centristes qui telle la grenouille de la fable se croit être un bœuf.
Elle part de l’analyse qu’un courant majeur de la politique française se doit d’être présent à cette élection pour exister.
Les dernières déclarations d’Alain Juppé devraient d’ailleurs renforcer cette conviction tant à l’UDI qu’au MoDem.
Ainsi, dans une interview au quotidien régional Sud Ouest, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac explique que l’UMP ne doit pas s’enfermer entre le Front national et «un centre à qui elle refuse d’ouvrir la porte» en précisant de manière très imprudente et totalement fausse que Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin étaient à l’UMP avant de fonder l’UDI!
Soit Alain Juppé ne connait pas ses fondamentaux politiques, et c’est grave pour lui, soit il a décidé d’annexer le Centre à son corps défendant à sa stratégie, et c’est un bon rappel pour les centristes que les sourires et les accolades qu’ils recevront, tant à droite qu’à gauche, au cours de ces deux prochaines années ne seront pas forcément mues par une sincère amitié…
Dans la même interview, Alain Juppé tente également de culpabiliser l’UDI en indiquant que si celle-ci présente un candidat au premier tour de la présidentielle, le second opposera un candidat socialiste et un candidat du Front national.

Une pression qui ne faiblira pas jusqu’à la décision des centristes de présenter ou non un candidat et qui, elle aussi, est loin d’être amicale!

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC


samedi 7 février 2015

L’Humeur du Centriste. Face au FN, saluons le courage de l’UDI et du MoDem

La politique c’est aussi la défense des valeurs que l’on porte avec le courage de ne pas dévier au gré des circonstances et des petites ambitions.
C’est pourquoi il faut saluer la position officielle sans ambiguïté de l’UDI vis-à-vis des extrêmes et, notamment, de l’extrême-droite.
Comme l’a dit au Figaro Laurent Hénart, «pas une voix, pas un siège pour le Front national».
Quand on voit un Laurent Wauquiez (UMP), soi-disant «héritier» du démocrate-chrétien Jacques Barrot dans la Loire, flirter sans complexes avec ce même FN pour de basses raisons politiciennes et d’ambitions personnelles, on n’en apprécie que plus la position ferme adoptée par Jean-Christophe Lagarde, dès les résultats du premier tour de la législative partielle dans le Doubs connus, appelant à faire barrage à l’extrême-droite et à voter pour le candidat républicain au second tour.
Je parlais du courage parce que tous les électeurs et sympathisants de l’UDI ne sont pas forcément sur une ligne aussi ferme vis-à-vis du FN comme l’ont révélé des sondages et certains seraient même prêts à voter pour des candidats d’extrême-droite.
De même, quelques (ir)responsables de l’UDI en mal d’originalité ou de règlement de compte personnel, comme Hervé Morin, ont pris des positions différentes en refusant de faire la distinction entre un parti républicain et un parti extrémiste, sans doute ignorants des leçons de l’histoire et des valeurs humanistes dont les partis centristes s’affirment dépositaires.
Or l’humanisme intégral du Centre et du Centrisme, de part ses racines libérales, démocrates-chrétiennes, radicales et modérantistes n’a rien à faire avec les thèses et l’idéologie d’extrême-droite.
Cela ne veut pas dire qu’il y a une proximité d’idées entre un candidat du PS et le positionnement de l’UDI.
Cela signifie que les valeurs démocratiques et républicaines partagées par le PS et l’UDI imposent de faire barrage à l’élection d’un représentant d’un parti qui nie ces mêmes valeurs qui sont à la base de ce qu’est aujourd’hui la société française et les démocraties occidentales.
C’est vrai que le courage n’est pas toujours récompensé en politique.
Mais, au moins, il permet de se regarder dans la glace le matin, même en se rasant et même en pensant à l’élection présidentielle…
De ce point de vue, il faut aussi saluer la prise de position claire et nette de François Bayrou.
Le président du Mouvement démocrate a estimé que «le risque maximum, c’est le FN, c’est l’extrême-droite» et qu’il choisirait, sans hésiter, le candidat républicain face à celui du Front national.
Pourquoi ai-je parlé de courage là où il ne devrait s’agir, au bout du compte, que d’un simple réflexe républicain?
Parce qu’aujourd’hui, journalistes et politiques sont en train de donner un brevet de respectabilité au Front national en le «dédiabolisant» et en le «banalisant», le rendant ainsi respectable aux yeux des électeurs tout en discutant de sa possible arrivée au pouvoir comme s’il était un parti comme les autres.
Parce qu’aujourd’hui le PS s’outrage des réactions à droite qui n’appellent pas au front républicain alors que lui-même gouverne un peu partout avec un PC repaire d’anciens admirateurs de Staline qui ne valent pas mieux que d’anciens vendeurs de chansons nazies.
Parce que l’UMP, tournant petit à petit mais méthodiquement dos à ses racines gaulliste d’une part, et à ses racines centristes d’autre part, reprend les thèses frontistes en les légitimant.
Et c’est pourquoi il faut parler de courage des partis centristes, le saluer et le soutenir.

Centristement votre.

Le Centriste


vendredi 6 février 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les partis centristes doivent porter la clarification du paysage politique

Les débats enfiévrés à l’UMP sur le front républicain ou le «ni, ni»; la joie de nombre de socialistes lors de la victoire de la coalition d’extrême-gauche Syriza en Grèce pendant que d’autres veulent libérer l’économie de ses carcans étatistes et corporatistes; la montée du populisme et des démagogues tant au Front national qu’au Front de gauche mais aussi dans les franges radicales du PS et de l’UMP; les tensions internationales dues aux régimes autoritaires que Front de gauche et Front national défendent et aux organisations terroristes; les tentations de repliement sur soi des Français face à un monde qui ne nous attendra pas: tout cela impose une indispensable clarification du paysage politique qui doit aboutir le plus rapidement possible à la création d’une large coalition regroupant dans une force centrale tous les réformistes en France, un schéma qui doit s’appliquer également dans nombre d’autres pays démocratiques.
En réalité, il s’agirait surtout de concrétiser un nouveau découpage politique qui existe déjà de fait où les ailes libérales de la gauche et de la droite ont avec le Centre des points de convergence beaucoup plus nombreux que ces mêmes ailes avec leurs pendants radicales.
Que partagent vraiment aujourd’hui un Manuel Valls et un Benoit Hamon, un Emmanuel Macron et une Marie-José Lienemann au PS? Un Jean-Pierre Raffarin et un Thierry Mariani, un Laurent Wauquiez et un Dominique Busseraud, un Nicolas Sarkozy et un Alain Juppé à l’UMP?
N’y a-t-il pas plus de points communs entre Alain Juppé, Manuel Valls, Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou? Entre Thierry Mariani et Marine Le Pen? Entre Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon?
Ces constats ne datent pas d’hier, tout comme l’illogisme de cohabitations forcées dans un même parti de courants politiques qui n’ont plus grand-chose de commun ensemble et qui demeurent souvent associés par les nécessités électorales dues au mode de scrutin adopté par la V° République.
Mais, aujourd’hui beaucoup plus qu’hier, où s’affrontaient déjà un Rocard et un Chevènement au PS, un Chaban-Delmas et un Peyrefitte à l’UDR, ces incongruités pourrissent le débat politique et font souvent faire du surplace à la France.
Il est donc grand temps d’y mettre fin, ce qui sera un bien pour la démocratie et la république.
Cette situation n’est, en outre, pas diamétralement différente dans nombre de pays étrangers.
Ainsi, aux Etats-Unis il existe également, de fait, un axe central divisé entre les modérés du Parti républicain et les centristes du Parti démocrate, flanqués à ses bords de la droite radicale du Tea Party avec les évangélistes réactionnaires et de la gauche radicale, les «liberals» avec les soutiens gauchistes au mouvement Occupy Wall Street.
En Grèce, les modérés (Nouvelle démocratie à droite, Potami au centre, Pasok à gauche) sont désormais coincés entre Syriza (extrême-gauche) et Aube dorée (extrême-droite).
En Allemagne, la grande coalition entre sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens est concurrencée par Die Linke à gauche et par le nouveau parti très conservateur, l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) à droite.
Cette clarification politique doit être portée en Europe et notamment en France par les partis centristes avec courage et responsabilité.
Eux seuls peuvent être à la fois des ponts et des rassembleurs.
Ponts entre les libéraux réformistes à droite et les sociaux-libéraux à gauche.
Rassembleurs car ils sont à même de pouvoir faire une synthèse politique autour d’un projet politique et d’un programme électoral.
Cette nouvelle force politique dédiée à l’axe central n’est pas seulement celle qui fera la meilleure politique face aux défis à relever mais celle qui défendra le mieux les valeurs de la démocratie républicaine, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays au moment où celle-ci est particulièrement attaquée.
Quand on parle d’axe central, sa structuration peut-être multiforme.
Il ne s’agit pas de créer une usine à gaz ressemblant à des partis «attrape-tout» de type PS ou UMP.
Rien n’oblige, en effet, à ce que les différents courants se retrouvent dans une formation politique unique. L’important ici est l’alliance électorale et le contrat de gouvernement qui sont passés entre eux sur la base d’un projet et d’un programme communs.
De la même manière, la gauche et la droite radicales ne seront pas obligées de se fondre avec leurs extrêmes, ni même de nouer des alliances avec elles car les différences peuvent être importantes entre les deux pôles à droite et à gauche, en particulier sur la défense des valeurs de la démocratie et de la république.
Cette nouvelle architecture politique aurait plusieurs avantages.
D’abord, de proposer des projets et des programmes politiques d’une plus grande clarté aux électeurs.
Au lieu de vouloir rapprocher l’irréconciliable et de gérer des tensions sans fin, les différents regroupements nés de cette reconfiguration auraient chacun leur cohérence idéologique.
De celle-ci sortirait une cohérence dans la pratique du pouvoir et une moindre déperdition des objectifs affichés par chaque camp qui serait plus homogène.
Du coup, l’efficacité de la gouvernance politique serait nettement améliorée par ceux qui occuperaient le pouvoir, nonobstant la nécessité d’alliances pour former une majorité.
Les citoyens auraient, de même, une meilleure compréhension des choix qui leur seraient proposés avec des discours politiques qui ne devraient pas être alambiqués et malaxés pour plaire aux différents courants qui ne s’entendent guère que sur une envie de victoire et non sur un vrai projet politique.
Sachant où le pays irait, les forces économiques et sociales seraient mieux à même de se positionner vis-à-vis d’un gouvernement, ce qui améliorerait l’efficacité de la machine économique et permettrait de mieux réformer.
Cette clarification gagnerait à être mise en œuvre avant que des événements dramatiques contraignent de le faire.
Reste qu’il ne sera pas aisé de casser les vieux réflexes et les vieilles habitudes même si ceux-ci et celles-ci recèlent bien des dangers et des handicaps pour notre avenir.
Mais l’approche pragmatiste des centristes peut être, ici, un atout non-négligeable.



mardi 3 février 2015

Une Semaine en Centrisme. La législative du Doubs nouveau révélateur de l’axe central

On a souvent parlé ici de l’axe central, allant des sociaux-libéraux du PS aux libéraux réformistes de l’UMP en passant par les libéraux-sociaux des partis centristes (UDI et Mouvement démocrate), c’est-à-dire d’Alain Juppé à Manuel Valls en passant par Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou pour parler de ses «têtes d’affiche».
Cet axe n’est pour l’instant qu’une convergence de vues et de partage d’analyses sur la situation politique, économique, sociale et sociétale, procédant, plus profondément, d’un attachement aux principes et aux valeurs de la démocratie républicaine mais aussi à ceux et à celles d’une société de la liberté, de la responsabilité et de la solidarité, ainsi que dans la volonté de s’inscrire dans le phénomène de la mondialisation tout en voulant la rendre plus humaniste.
On ne sait pas encore quand ou même si il se concrétisera en une alliance en bonne et due forme qui pourrait se sceller à l’occasion de l’élection présidentielle de 2017, voire, plutôt, des législatives qui suivront si le vainqueur de la première nommée décide de construire une nouvelle majorité présidentielle que celles que l’on a connues jusqu’à présent depuis le début de la V° République.
En tout cas, quel que soit le scénario, il devra recevoir l’évidente onction du suffrage universel pour être légitime aux yeux des Français.
Les protagonistes, tout en reconnaissant qu’ils ont nombre d’affinités et qu’ils sont d’accord sur beaucoup de mesures à prendre pour moderniser et redynamiser le pays face aux défis du XXI° siècle, refusent pour la plupart d’envisager ce regroupement qui serait le fait majeur de la politique française depuis celui du Gaullisme en 1958, pensée centrale jusqu’en 1981et qui continua à être une force majeure au moins jusqu’à la création de l’UMP en 2002.
Cependant, tout indique dans les faits que cet axe central est bien une réalité qui se dessine au fur et à mesure des événements, petits ou grands.
Ainsi, il est sûr que la législative partielle dont le premier tour vient de se tenir dans la 4° circonscription Doubs n’est pas un scrutin crucial pour la république.
Néanmoins, la nouvelle première place du Front national et l’élimination du candidat de l’UMP pour le second tour qui opposera l’extrême-droite à un socialiste a relancé le débat sur le front républicain pour faire barrage aux extrêmes.
Et entre ceux qui, à droite et au centre sont pour et ceux qui sont contre ce regroupement circonstanciel des partis républicains face aux partis extrémistes, on retrouve la frontière entre ceux qui font partie de cet axe central informel et ceux qui sont à sa droite.
Evidemment les centristes ont immédiatement annoncé par la voie de Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, qu’ils feraient barrage à la candidate du Front national.
Du côté de l’UMP, un clivage est tout de suite apparu entre partisans du front républicain et ses adversaires.
Dans le premier camp on retrouve sans surprise Alain Juppé, Dominique Busseraud, Jean-Pierre Raffarin, Nathalie Koscuisko-Morizet, par exemple.
Dans le deuxième, et toujours sans surprise, on retrouve Thierry Mariani, Laurent Wauquiez, Henri Guaino, François Fillon et Nicolas Sarkozy, entre autres.
D’un côté les libéraux réformistes de l’UMP, de l’autre les tenants d’une droite dure et radicale.
D’un côté ceux qui souhaitent une véritable alliance avec le Centre et plus éventuellement et ceux qui estiment que l’UMP doit aller chercher ses voix du côté du Front national.
Il serait erroné de ne voir ici que des agitations électoralistes.
C’est bien à des différences politiques parfois profondes que l’on a affaire.
Dès lors, ce sont bien la composition des partis actuels tant à droite qu’à gauche ainsi que les alliances qui ne paraissent plus en phase avec la réalité du pays.
Ainsi, il serait certainement plus clair pour les électeurs si à côté d’une gauche et d’une droite assumées (et de leurs avatars dangereux des extrêmes), on trouvait un axe central qui refuse l’étatisme, le repli identitaire ainsi que le refus de l’ouverture au monde tout en proposant un ambitieux projet humaniste au pays.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


lundi 2 février 2015

L'Humeur du Centriste. Monsieur Sarkozy, le vrai «ni, ni» est celui des centristes

Si le premier tour de l’élection législative du Doubs confirme la menaçante montée en puissance du Front national, elle montre à nouveau l’absence de clarté d’une partie de l’UMP face aux bons résultats de l’extrême-droite, notamment de Nicolas Sarkozy.
Alors que le candidat de droite a été éliminé et qu’il ne reste plus que la candidate FN et le candidat PS pour le deuxième tour, le président de l’UMP, soutenu par nombre de ses troupes, a refusé d’appeler au vote du candidat socialiste au motif que le front républicain (faire barrage aux partis antidémocratiques) n’existait pas  - qu’il était même une «folie» selon son ancien conseiller Henri Guaino – et qu’il fallait appliquer la doctrine du «ni, ni».
Or, l’interprétation de celle-ci par la droite de l’UMP est que PS et FN sont blanc bonnet et bonnet blanc.
Même si une décision définitive et officielle doit être encore prise par l’UMP (et que plusieurs leaders du parti ont déjà déclaré qu’ils voteraient pour le candidat socialiste), cette absence de réaction immédiate pour faire barrage au FN est une démarche inconsidérée et d’une démagogie insultante pour le régime démocratique.
Car, en l’occurrence, le seul «ni, ni» qui doit s’appliquer est républicain.
Ce qui signifie dans la France d’aujourd’hui, «ni extrême-gauche, ni extrême-droite», toutes deux adversaires déterminées de la démocratie républicaine libérale et représentative, n’en déplaise à ces membres de l’UMP qui se trompent dangereusement de combat.
Mettre sur le même plan le Parti socialiste et le Front national est une faute politique, pire, un affront fait à la démocratie républicaine.
Ou alors il faut nous expliquer en quoi les socialistes d’aujourd’hui sont une menace pour la démocratie et la république.
Mais, attention, messieurs du PS, ne vous parez pas trop vite et trop bruyamment des attributs de l’indignation pour donner des leçons à l’UMP, vous qui, tartuffes, flirtez avec l’extrême-gauche depuis de si longues années, soi-disant pour l’affaiblir selon la stratégie concoctée par François Mitterrand mais qui, faute d’avoir fonctionné jusqu’au bout, vous impose de nombreuses concessions lorsque vous êtes au pouvoir localement ou nationalement devant la surenchère des Besancenot, Mélenchon et autres Duflot.
On ne peut pas demander un front républicain contre l’extrême-droite et ne pas appliquer le même schéma démocratique lorsqu’il s’agit de l’extrême-gauche.
Les réactions positives de socialistes à l’annonce de la victoire de Syriza en Grèce sont préoccupantes tout comme l’alliance dans de nombreuses collectivités locales entre ces mêmes socialistes et le Front de gauche ou le Parti communiste.
Il faut de la clarté et les sociaux-libéraux du PS doivent aller jusqu’au bout de leur logique de recentrage et de responsabilité s’ils veulent être crédibles en la matière.
Oui, ici, seuls les centristes peuvent avoir la tête haute.
Eux seuls sont clairs et nets dans leurs têtes et dans leur démarche.
Evidemment, leurs contempteurs iront chercher les quelques brebis galeuses qui se sont compromis avec les gauchistes et les fascistes.
Mais cela reste bien des brebis galeuses et non un débat non résolu au sein des partis centristes comme cela peut l’être à l’intérieur de l’UMP et du PS.
La réaction de Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, est, de ce point de vue, à saluer.
Celui-ci a publié un communiqué qui résume parfaitement le devoir de tous les démocrates républicains: «(…) Le duel du second tour qui opposera donc le candidat socialiste à celle de l'extrême droite doit conduire chaque républicain à la mobilisation. Fidèle à ses valeurs humanistes et républicaines, l'UDI appelle tous les citoyens de la 4° circonscription du Doubs à faire barrage à l'extrême droite en votant pour le seul candidat républicain restant en lice. Cela n'enlève rien de nos fortes divergences avec les socialistes et leur gouvernement, mais l'élection d'une député d'extrême droite au programme xénophobe et démagogique serait une mauvaise nouvelle supplémentaire pour notre pays».
Enfin, saluons, tout de même, une bonne nouvelle dans ce scrutin du Doubs, le score dérisoire (3,66%) du candidat d’une «Syriza à la française», regroupant tout ce qui compte d’une extrême-gauche archaïque, qui renvoie pour l’instant – et espérons pour très longtemps – monsieur Mélenchon et ses chimères révolutionnaires relayées massivement par les médias la semaine dernière au rayon des accessoires ringards…

Centristement votre.

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