vendredi 6 décembre 2019

Une Semaine en Centrisme. Mise en examen de Bayrou: Aux aboies, le président du MoDem a joué avec le feu

François Bayrou
Lorsque l’on parle de la mise en examen pour détournements de fonds qui vient de frapper François Bayrou ce 6 décembre, juste après celle de sa fidèle lieutenante, Marielle de Sarnez, le 4 décembre, qui suivait, elle-même, celles d’une quinzaine d’anciens et actuels cadres du Mouvement démocrate (dont Sylvie Goulard, Jean-Luc Bennahmias, Nathalie Griesbeck et Michel Mercier), il faut pour bien comprendre le pourquoi de cette fraude aux attachés parlementaires du parti au Parlement européen (en réalité attachés à d’autres tâches que l’Union européenne), se rappeler l’état de délabrement et de déliquescence dans lequel se trouvait le parti qu’il avait créé en 2007 depuis la présidentielle et les législatives de 2012 avant qu’Emmanuel Macron ne vienne le sauver en 2017.
On l’a sans doute un peu oublié mais, à peu près à la même époque, Bayrou avait du loué une grande partie des locaux historiques de l’UDF (puis du MoDem) pour pouvoir boucler les fins de mois d’une formation sans députés, avec une petite poignée de sénateurs et quelques députés européens (élus grâce à un accord avec l’UDI dirigé alors par Jean-Louis Borloo pour les élections européennes de 2014 avec la liste l’Alternative).

On a peut-être aussi oublié que le Mouvement démocrate a été pendant une décennie, de sa création en 2007 à son ralliement à Emmanuel Macron en 2017, une coquille vide en matière d’élus, une conséquence de la mission quasi-unique que lui avait assignée Bayrou, être une machine électorale lui permettant d’accéder à l’Elysée, son rêve et son obsession.

Ce que l’on a moins oublié c’est qu’en 2017 le même Bayrou souhaitait ardemment se présenter à la présidentielle mais qu’il ne décollait pas dans les sondages et que son parti était exsangue à tous les points de vue.

Une nouvelle défaite, voire une absence totale à la présidentielle aurait sans doute sonné le glas de la formation centriste.

La planche de salut s’est appelée la victoire de Macron – que pourtant il avait vertement critiqué pendant presqu’un an – et la quarantaine d’élus à l’Assemblée nationale lors des législatives qui ont suivies et la nomination de ministres, des cadeaux du nouveau président.

Mais le mal avait été fait bien avant quand ne pouvant plus payer ses factures le Mouvement démocrate avait licencié une grande partie de ses salariés, loué ses locaux et utilisé les attachés parlementaires payés par le Parlement européen à des tâches administratives et de politique intérieure.

Un mal absolument nécessaire pour éviter le naufrage du parti mais qui comportait un volet illégal qui n’a été découvert que parce qu’il y a eu dénonciation.

Cette dernière, qui n’a été qu’une simple vengeance à l’égard de François Bayrou dont la gestion catastrophique de ses rapports humains, était écrite si l’on considère le nombre de passages éclairs dans les rangs du MoDem de nombre de personnalités politiques et de militants, le plus grand nombre partis fâchés et revanchards.

Que peut-il donc advenir de la formation centriste après ces mises en examen et avant un éventuel procès?

D’abord un affaiblissement politique à court terme d’un parti dont le chef a toujours fustigé les comportements délictueux des autres et qui en vient désormais à déclarer que «tout le monde est mis en examen dans la politique française» (sic!) tout en affirmant qu’il ne démissionnera pas de sa fonction de maire de Pau.

A moyen terme, tout dépendra des accusations qui seront finalement retenues par la justice puis des condamnations prononcées.

Le Mouvement démocrate qui s’est beaucoup renouvelé après ces détournements de fonds présumée puis, surtout, depuis la victoire centriste à la présidentielle et les législatives possède désormais des cadres qui ont acquis une reconnaissance, qui ont une compétence et qui n’ont pas trempé dans cette affaire des attachés parlementaires.

Cependant, le parti est toujours la «chose» de Bayrou et il faudra, rapidement, qu’une autre organisation et un autre fonctionnement, réellement collégiaux et avec des délégations de pouvoir réelles pour qu’il devienne une formation politique qui n’est pas uniquement dédiée à son chef.

Une révolution de prépare peut-être au MoDem.

Certains diront, il était temps.
Quant à l'avenir politique de Bayrou s'il est mis en examen, voire condamné, rien n'indique que cela sonnera le glas de sa carrière.
D'autres ont connu cet épisode judiciaire et s'en sont relevé, comme son ami Alain Juppé qui l'avait remis en selle en le soutenant à la mairie de Pau après sa traversée du désert suite aux élections de 2012... 



Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC




Propos centristes. France – Spécial réforme des retraites et grève du 5 décembre

Voici une sélection, ce 6 décembre 2019, des propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France sur la réforme des retraites et à l’occasion de la grève du 5 décembre (reconduite par plusieurs syndicats).


● Gouvernement

[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]



Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Education)

- J'ai pris l'engagement que les pensions des enseignants ne baisseront pas, promet le ministre de l'Education nationale. Pour que ça leur soit pas défavorable, il y aura des améliorations des rémunérations. On doit réussir à faire un effort pour les professeurs car on a du retard en la matière.

- Je donne des garanties qui sont très importantes, (…), je dis d’une part les pensions ne baisseront pas et d’autre part je dis les rémunérations augmentent (…) de manière très significative.



Agnès Buzyn (ministre de la Solidarité et de la Santé)

Retraites: la réforme que nous voulons est une réforme pour plus de justice, sans transition brutale et qui se fondera sur les concertations que nous sommes encore en train de mener.



Gérald Darmanin (ministre des Comptes publics)

- La réforme que nous portons est une réforme de justice sociale qui permettra à tous d’avoir enfin une retraite acceptable.

-Dans le système actuel, les mères de famille n'ont pas d'augmentation du montant de leur retraite avant leur troisième enfant. Dans le futur, elles auront 5% de bonification par enfant, dès le premier.

- Aujourd'hui les périodes de transition entre les études et l’emploi ne sont pas toujours prises en compte. Demain les stages rémunérés, les alternances ou les premiers boulots donneront des points pour la retraites. Chaque heure travaillée comptera pour les retraites.

- Les enseignants ne seront pas les perdants de la réforme des retraites: leur pension ne baissera pas. Nous allons revaloriser le salaire des 900 000 enseignants de France.

- Les dispositifs de solidarité du nouveau système universel de retraite bénéficieront directement aux avocats, et plus particulièrement aux avocates, qui sont aujourd'hui dans une situation d'inégalité.

- Avec notre réforme, la cotisation retraite de 2,8% pour les revenus supérieurs à 10.000€ mensuels ne donnera aucun droit supplémentaire : elle financera le système national de retraites. C'est un élément de solidarité.



Julien Denormandie (ministre de la Ville et du Logement)

- Un jour ou l'autre, on va devoir travailler plus, je le pense. Mais ça ne veut pas dire que c'est une régression sociale, je considère que c'est une façon de faire en sorte que notre système perdure.

- On est un gouvernement qui ose réformer. Aujourd'hui Les républicains par exemple sont dans une situation étonnante: ils ne soutiennent ni la réforme ni les grévistes. Ils n'ont pas le courage de soutenir une réforme qu'ils auraient voulu faire.

- En début de semaine prochaine Jean-Paul Delevoye rendra ses conclusions. Sur cette base, Edouard Philippe donnera avant la fin de l'année les détails de la réforme. Maintenant ça va aller vite. Nous avons fait les choses dans le bon ordre

- D'un côté on nous reproche d'être flou et de ne pas concerter, de l'autre on nous dit qu'on prend trop de temps à concerter... Il est important de prendre le temps de la co-construction avec les syndicats et les Français.

- Je constate que beaucoup de français sont favorables à une réforme des retraites car aujourd'hui il est discriminant et injuste. A nous de lever les inquiétudes

- Les forces de sécurité, les policiers, les gendarmes ont fait un très bon travail. (...) Il faut saluer lorsque celles et ceux qui veulent manifester peuvent le faire.



Amélie de Montchalin (secrétaire d’Etat aux Affaires européennes)

Notre objectif, c'est un système universel et équitable. Ça, ce n'est pas discutable. Après, il y a la transition de la situation d'aujourd'hui vers ce nouveau système. Et ça, c’est notre discussion depuis 1 an pour accompagner l’évolution de chaque régime.



Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances)

- Aujourd’hui beaucoup de femmes partent à la retraite à 67 ans car elles n’ont pas tous leurs trimestres. Parce qu’elles ont été mère, parce qu’elles ont eu un congé parental. Où est la justice sociale ? Avec le nouveau système elle pourront partir plus tôt.

- [Grève du 5 décembre] Là, on est dans l’hystérie, il faut venir à la table des négociation, et aller au bout de la concertation.

- On dit que les gens descendent dans la rue pour les jeunes, c'est faux! Demain, ce sont les jeunes qui paieront.



Emmanuelle Wargon (secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire)

- On a fait le choix d'avoir une période de concertation et d'explication de cette réforme.

Personne ne peut dire que 42 régimes qui ont chacun des règles compliquées, c'est compréhensible.

- La valeur du point sera fixée au début de la réforme par la loi. (...) Le point ne baissera jamais, il augmentera. C'est l'engagement que l'on prend.



Christelle Dubos (secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Solidarité et de la Santé)

Une réforme des retraites qui met un terme aux inégalités entre les femmes et les hommes, quoi qu'on en dise, c'est un progrès de société. Garantir qu'aucune retraite ne soit inférieure à 1000€, quoi qu'on en dise, c'est un progrès social.



Sibeth Ndiaye (porte-parole)

- Dans le système par points, chaque jour, heure de travail sera pris en compte pour le calcul de votre retraite. Ce système améliorera les retraites des femmes qui connaissent des carrières en dent de scie, ou parfois interrompues pour l’éducation de leurs enfants.

- Notre réforme des retraites, c’est une réforme qui a vocation à faire perdurer un système qui maintienne des solidarités entre les générations, pour que l’étudiante que j’étais il y a quelques années soit capable de cotiser pour ceux qui sont à la retraite.

- Aux enseignants, nous avons pris un engagement ferme et définitif: votre salaire sera revalorisé. Nous construirons ce chemin de revalorisation ensemble pour que vous ne perdiez pas avec la réforme, et pour qu'on reconnaisse ce qu’est aujourd’hui votre travail.



● LaREM

[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]



- Le futur système de retraite sera plus juste et plus égalitaire : amélioration de la retraite de 5 à 10 % pour chaque enfant et dès le premier enfant, maternité compensée à 100 %, annulation de la décote à 64 ans au lieu de 67.

- Avec la réforme des retraites, nous construisons un système plus solidaire pour que dans 40 ans, les jeunes d'aujourd'hui qui participent actuellement à la retraite de nos ainés puissent aussi bénéficier d'une retraite.

- La réforme des retraites c'est : deux  ans de travaux et de consultations avec les partenaires sociaux, plus de 200 débats citoyens partout en France avec les députés

- Avec le système actuel, un cheminot peut partir à la retraite 11 ans plus tôt que le reste des Français. Vous trouvez cela normal? Le futur système universel sera plus juste avec la fin des régimes spéciaux qui privilégient certains Français.



Stanislas Guerini (délégué général)

- Nous voulons un système de retraite plus juste. Beaucoup de personnes verront leur pension de retraite augmenter avec notre réforme : les femmes, les agriculteurs, celles et ceux qui ont eu des carrières hachées.

- Bâtir un système équilibré est une condition pour créer de la confiance dans notre système de retraite, notamment pour les jeunes. S’il y a déficit, pas de miracle, ce sont eux qui en paieront le prix. Ils l’ont bien compris.

- Jean-Michel Blanquer l’a dit: les pensions des professeurs ne baisseront pas. Nous allons augmenter leurs rémunérations. Les simulateurs en ligne sont faux.

- Le projet qu’on porte sera: plus juste pour les femmes, plus juste pour les carrières hachées, plus juste pour celles et ceux qui ont des petites rémunérations.

- 42 régimes spéciaux, 42% d'écart entre les retraites des femmes et des hommes, moins de 1000€/mois en ayant cotisé toute sa vie... Avec le régime universel, nous voulons mettre fin aux injustices du système actuel.



Gilles Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- C'est un test pour le gouvernement? Non! C'est un test pour le pays.

- À partir de la réforme que nous mettons en place, nous pouvons résoudre un certain nombre de difficultés anciennes.

- Les syndicats savent parfaitement que nous irons au bout de cette réforme.

- Depuis 2 ans: en parallèle des 350 consultations organisées par le gouvernement, les députés LaREM ont organisé + de 200 ateliers citoyens animés dans tout le pays. L'écoute et la concertation font notre méthode et nous la poursuivrons.

- Stop à l'infox! Avec la réforme les points acquis seront indexés sur les salaires, contrairement au système actuel! Cette règle d'or sera inscrite dans la loi, la valeur du point ne pourra pas baisser.



Aurore Bergé (porte-parole)

- En tant que députée, j'ai fait campagne sur la transformation du système de retraites. Je me suis engagée pour qu'il soit plus juste, plus égalitaire, plus lisible.

- Nos vies ont profondément changé. Nous ne sommes pas dans la même entreprise ou dans le même statut pendant toute notre carrière. Or le système actuel ne le prend pas en compte. Il faut plus d'égalité.

- Ce que l’on peut regretter c’est que cette mobilisation précède la négociation finale sur la date d’entrée dans le nouveau système.

-Certains aimeraient que la comparaison avec 1995 se fasse. On n’est pas du tout dans le même contexte.



PieyreAlexandre Anglade (député)

- La réformedes retraites que nous portons apporte de nouveaux droits et corrige les injustices du système actuel. Elle doit permettre une meilleure protection des femmes, des travailleurs modestes ou des carrières heurtées et d’assurer à notre jeunesse une retraite.

- J’entends les inquiétudes que la réforme des retraites peut susciter. Mais j’entends aussi les inquiétudes de ceux qui vivent les injustices du système actuel, ceux qui ne savent ce que seront leurs retraites et s’ils en auront une plus tard.

- La réforme des retraites que nous portons est une réforme de justice sociale qui renforce la solidarité de toute la nation en mettant fin aux inégalités. Remplacer les 42 régimes pour aller vers un système universel c’est construire un régime unique plus juste, plus solide.



Laurent Pietraszewski (député)

La valeur du point ne baissera pas. Ce sera inscrit dans la loi par une règle d'or. Les partenaires sociaux auront toute leur place dans la fixation de la valeur du point.



Olivia Grégoire (députée)

- Avec cette réforme, nous n'avons pas choisi la facilité : on aurait très bien pu préserver le statu quo et laisser à nos successeurs, dans 10 ou 20 ans, le soin de constater la faillite de notre système de retraites. Ce n'est pas notre conception du courage en politique.

- II est faux de dire que le Gouvernement va pouvoir jouer avec le point ou le fixer seul ! Le texte fixera un mode de calcul clair et la majorité souhaite évidemment que les partenaires sociaux soient intégrés à sa gouvernance.

- Un syndicat d'enseignants a créé un simulateur de pension. Sur quels paramètres puisque aucun texte n'existe et que le Gouvernement a toujours dit que les enseignants feront l'objet d'un effort spécifique? Ce n'est pas simulateur de retraite, c'est un simulateur de grève.

- Il y aura 7 à 25 milliards de dette dans cinq ans. On dit quoi aux générations d'après ? 80% des Français estiment le système actuel injuste.

- Ce qu'il y a de frappant, c'est la tétanie d'un pays tout entier : tout le monde sait que notre système de retraite est injuste, illisible, non viable... Mais tout le monde a peur de changer, alors même que les Français soutiennent le principe d'un régime à points.

- Cette mobilisation montre qu'il y a une inquiétude des Français. Il faut y répondre, je pense utile de mettre au plus vite à la disposition des Français le moyen de calculer et constater les effets de la réforme... Mais pour cela, attendons déjà d'avoir un texte !



Stéphanie Rist (députée)

Beaucoup se posent la question de la réforme des retraites pour les élus! Depuis janvier 2018 à l’Assemblée Nationale nous avons mis fin à notre régime spécial et en 5 ans les pensions des députés ont baissé de plus de 60%!



Cédric Roussel (député)

Cette réforme est essentielle pour l’avenir de notre système de retraite. Ensemble mobilisons-nous pour construire la protection sociale du XXIème siècle! Un régime universel et plus égalitaire pour toutes et tous. Stop aux fausses informations.



Marie Lebec (députée)

Le gouvernement a d'ores et déjà apporté des réponses à certaines professions comme aux enseignants. Il est normal de prendre le temps de la concertation, des annonces seront faites la semaine prochaine.



Célia de Lavergne (députée)

La pénibilité et les carrières longues sont des chantiers encore en discussion avec les partenaires sociaux La réforme n'est pas figée, bien au contraire ! Il nous faut converger vers un système universel et nous y travaillons.



●MoDem

Isabelle Florennes (députée)

- Il faut que les partenaires sociaux soient associés aux discussions [sur la valeur du point]. (...) Je suis absolument pour. Je viens d’une famille de syndicalistes et je considère qu’il faut discuter avec les partenaires sociaux.

-Les Français expriment surtout des inquiétudes concernant le système [de retraites] actuel car ils ne voient pas où il va exactement.



Bruno Fuchs (député)

- Chaque année 120.000 personnes (80.000 femmes) sont obligées de travailler jusqu’à 67 ans pour obtenir un taux plein. Et on nous dit qu’il ne faudrait rien changer ? Cherchez l’erreur.

- Les femmes ont une retraite inférieure de 42% à celle des hommes..... Et il ne faudrait rien changer ? Chercher l’erreur!!!

carton rouge : comment un responsable syndical peut il fausser le débat public à ce point. La valeur du point sera indexé sur les salaires et progressera au même rythme. Il le sait très bien.



Nathalie AvyElimas (députée)

-Entre méfiance et opposition pavlovienne, cette grève est-elle vraiment utile ? Bâtissons ensemble une réforme des retraites juste, sociale et solidaire.

- Dans un pays qui a la passion des mouvements sociaux – pour le meilleur et pour le pire – le début d’une mobilisation soulève toujours beaucoup d’interrogations. À quel point sera-t-elle suivie? Va-t-elle durer? Quel impact aura-t-elle? Je préfère n’en retenir qu’une : est-elle utile? De l’aveu même de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, il s’agit d’une grève «préventive». On s’oppose moins à la réforme qu’à l’idée que l’on s’en fait. Cela traduit d’abord une forme de méfiance. Les Français sont «champions du monde du pessimisme», lit-on souvent. Ce n’est pas anodin. L’incapacité des politiques à donner confiance aux Français dans l’avenir est à regarder avec le plus grand sérieux. Mais les réponses qui y seront apportées ne pourront l’être que sur le long terme, et sont autant politiques que culturelles. Cela trahit aussi une forme d’opposition systématique. Un immobilisme dans lequel on se complaît, quitte à ce qu’il nous mène à notre perte. Car le risque est là : en l’absence de réforme, nous préserverons un système inégalitaire, peu lisible et dont le déficit pourrait conduire, demain, à ce que le système de retraites par répartition soit mis en péril. Alors, plutôt que de nous opposer les uns aux autres, pourquoi ne pas nous réunir sur plusieurs points de convergence: la nécessité d’une réforme au regard des évolutions démographiques : il en va de la survie de notre modèle social; l’instauration d’un système universel: les régimes spéciaux ne correspondent plus, pour la plupart, à des réalités; la prise en compte de la pénibilité: c’est un élément de justice sociale et un pendant absolument nécessaire à la suppression des régimes spéciaux; la mise en place d’une retraite minimum à 1000 euros après une carrière complète: il s’agit d’une protection nouvelle qui bénéficiera en premier lieu aux femmes et aux agriculteurs; davantage de droits pour les femmes : alors que leurs pensions sont aujourd’hui inférieures de 42% à celles des hommes, elles acquerrons demain de nouveaux droits dès le premier enfant et verront leurs congés maternité compensés à 100%. Et pour le reste? Les concertations sont encore en cours. Que chacun y participe pour faire valoir ses droits et ses attentes est normal et nécessaire. Mais ne sacrifions pas notre avenir, celui de nos enfants, par pur réflexe pavlovien! Bâtissons ensemble une réforme juste, sociale et solidaire.



●UDI

[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]



Jean-Christophe Lagarde (président)

- Qu'est-il arrivé au pays de Pascal pour devenir irrationnel au point d'avoir une grève générale sur des arguments faux et un texte qui n'existe pas?

- On peut sauver les retraites en travaillant 25 minutes de plus.