vendredi 13 janvier 2012

2012 -Carnet de campagne centriste – Bayrou progresse dans les sondages mais demeure en quatrième position / La présidentielle va-t-elle faire imploser le Nouveau centre? / Pour Borloo, les élections principales sont les législatives!


La barre des 100 jours avant la présidentielle a été franchie aujourd’hui et la plupart des médias en ont profité pour faire un état des lieux. En ce qui concerne le Centre, les scénarios différent mais de nombreux commentateurs notent, d’une part, la montée en puissance de François Bayrou, tout en demeurant encore réservé sur ses chances d’accéder au second tout, et l’imbroglio de plus en plus épique de la candidature d’Hervé Morin qui menace l’unité du Nouveau centre.

François Bayrou est, à cent jours du premier tour, crédité, selon les instituts de sondage, de 11% à 15% des intentions de vote, ce qui ne lui permet pas encore d’être en troisième position dans la course à l’Elysée, demeurant à distance plus ou moins respectable de Marine Le Pen (l’écart le moins important entre les deux candidats étant de 2%).
Ce qui est encourageant pour François Bayrou c’est que depuis qu’il a annoncé sa candidature en décembre, les intentions de vote en sa faveur ont progressé dans tous les sondages sans exception.
De même, il a également monté dans les baromètres qui évaluent la popularité des personnalités publiques. Que ce soit dans celui des Echos ou du Figaro, il a nettement progressé. Rappelons toutefois que ceux qui sont en tête dans ces baromètres ne sont pas forcément ceux pour qui les Français votent lors d’élections.
En revanche, il ne s’agit pas d’un raz-de-marée puisqu’après un fort décollage en décembre où il a gagné entre trois et cinq points d’un coup, il n’a gagné, en ce début d’année qu’entre un et deux points.
Ce qui demeure également un handicap pour lui, c’est que les Français continuent à ne pas le voir dans le fauteuil de l’Elysée et qu’on ne le juge pas capable de résoudre les problèmes de la France.
Reste que toutes les possibilités sont ouvertes pour le président du Mouvement démocrate. Certains le voient au second tour affronter Marie Le Pen!
On n’en est pas encore là mais il est sûr qu’une nouvelle dégradation de la situation économique après la perte du Triple-A de la France, dégradée ce 13 janvier par l’agence de notation Standard & Poor’s, pourrait rabattre les cartes (une «bonne nouvelle» pour François Bayrou car cela valide son discours alarmiste depuis cinq ans sur la dette et lui permet de se poser en homme volontaire et responsable pour gérer la crise).
Il est sûr que François Bayrou va devoir la jouer serrer dans les jours et les semaines qui viennent sans commettre d’impairs qui pourraient ruiner son crédit et stopper net sa progression.
Mais, dans le même temps, il va devoir préciser son programme, montrer ses capacités à gouverner et sa stature de possible président.
Tout cela va demander du savoir-faire mais il est sûr que François Bayrou préfère se trouver dans cette position plutôt que dans celle d’Hervé Morin, au fin fond des sondages…

Car, Hervé Morin, lui, a d’autres préoccupations. La première est de ne pas sombrer politiquement, à la fois, sous les résultats de sondages toujours aussi catastrophiques et, surtout, sous les coups bas de ses «amis» politiques.
Crédité entre 0,5% et 1% des intentions de vote (parfois il n’obtient même pas un pourcentage d’intentions de vote), le président du Nouveau centre ne décolle pas et ne parvient pas à intéresser des Français qui demeurent dubitatifs à sa candidature.
Car si Hervé Morin défend réellement une vision libérale du Centre et du Centrisme, comme nous avons eu l’occasion de le dire, son manque de charisme et, surtout, le flou sur sa candidature ne lui permettent pas d’en profiter pour se poser comme un «anti-Bayrou» crédible.
D’abord parce qu’ils ont l’impression qu’Hervé Morin n’est là que pour figurer. D’où pourquoi voter pour un figurant qui a déjà annoncé que quoiqu’il arriverait il se désisterait pour Nicolas Sarkozy.
D’autre part, parce que si une moitié de son parti est contre lui, comment évaluer la consistance de sa candidature.
Et puis, Hervé Morin commence à se torpiller lui-même en faisant des déclarations de «quitte ou double» affirmant que s’il est encore à 0,5% des intentions de vote le 15 mars prochain (jour du dépôt officiel des candidatures), il se retirera. Il espère ainsi faire bouger les lignes en sa faveur mais, évidemment, cela peut provoquer l’effet totalement inverse…

Toujours est-il que les inimitiés provoquées par cette candidature, pose la question de la pérennité du Nouveau centre. Comment peut-on aujourd’hui imaginer qu’Hervé Morin, président du Nouveau centre, et Jean-Christophe Lagarde, président-délégué du Nouveau centre pourront encore être membre d’un même parti quand le second se répand en invectives privées et méchancetés publiques sur le premier. Et cette question se pose aussi vis-à-vis de François Sauvadet, de Maurice Leroy, d’André Santini, de Valérie Létard et de quelques autres qui n’ont pas ménagé leurs attaques, parfois très personnelles et très dures, contre celui qui est encore le président de leur parti!
Bien sûr, les élections législatives qui vont suivre la présidentielle empêcheront sans doute un éclatement immédiat du parti afin, pour les députés sortant, de se faire réélire (dans la difficulté en cas de victoire de François Hollande ou de… François Bayrou). Mais ce serait étonnant, même indécent, que des personnes qui montrent plus de haine qu’autre chose se réconcilient dans un avenir proche…

L’élection présidentielle est l’élection la plus importante dans le cadre de la V° République, tout le monde en convient sauf… Jean-Louis Borloo! Celui qui a jeté l’éponge de manière très peu glorieuse, tente, en ce moment de refaire surface politiquement.
Lors d’une de ces dernières sorties, il a affirmé, sans rire, que pour le Parti radical et ses alliés dans la fantomatique Arés (Alliance républicaine écologique et sociale), le Nouveau centre et la Gauche moderne, les élections principales étaient les législatives.
Discours encore une fois peu cohérent de celui qui voulait, il y a peu, devenir président de la république pour changer la politique française…

Alexandre Vatimbella