samedi 13 juin 2020

Propos centristes. France – Police, racisme, violences, discriminations; plan de relance européen vert; réouverture des frontières; coalition Sahel contre le terrorisme; universalisme républicain …


Voici une sélection, ce 13 juin 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.


● Gouvernement

[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]



Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

- Première réunion ministérielle de la Coalition Sahel avec plus de 45 ministres et représentants des principales organisations internationales au Sahel: ensemble nous exprimons notre détermination à agir pour la sécurité et le développement du Sahel en appui des efforts du G5.

- [Bilan de l’opération au Mali depuis 2012] Les avancées sur les autres volets de l’accord de paix se poursuivent : décentralisation, développement du Nord, participation des femmes au processus de paix.

- La France a pris connaissance avec consternation de l’ordre exécutif du gouvernement des Etats-Unis du 11 juin 2020 autorisant la mise en place de sanctions à l’encontre de personnels de la Cour pénale internationale (CPI) ou de personnes coopérant avec elle, ce qui pourrait concerner des agents d’Etats. Cette décision représente une attaque grave contre la Cour et les Etats parties au Statut de Rome et, au-delà, une remise en cause du multilatéralisme et de l’indépendance de la justice. La France réitère son plein soutien à la Cour pénale internationale. La Cour est la seule juridiction pénale internationale permanente et à vocation universelle. Elle joue à ce titre un rôle primordial dans la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes les plus graves. Elle apporte ainsi une réponse au besoin de justice des victimes de ces crimes et contribue à la paix et à la stabilité internationales. La France continuera à agir pour que la Cour soit en mesure de remplir sa mission de manière indépendante et impartiale, conformément au Statut de Rome. Elle appelle les Etats-Unis à ne pas mettre en œuvre les mesures annoncées à l’encontre de la Cour, et à les retirer.



Florence Parly (ministre des Armées)

- La mission européenne au Mali a vu son mandat élargi. Les participations renforcées annoncées par les Allemands et les Espagnols sont d'excellentes nouvelles. Nos partenaires sahéliens nous appellent à une remontée en puissance de la mission, réduite temporairement en raison de la crise sanitaire. Un message réaffirmé sans la moindre ambiguïté : tolérance zéro pour toute forme d'exactions. Nos partenaires maliens sont déterminés à faire toute la lumière sur les allégations portées récemment. Ils sont déterminés à appliquer des sanctions exemplaires à l'encontre de ceux dont la culpabilité serait avérée. C'est un effort indispensable pour préserver la confiance avec les populations d'une part, et les partenaires internationaux d'autre part.

- Le Parlement suédois vient de valider l'envoi de militaires au Mali dans le cadre de la Task Force Takuba, qui rassemble des unités de forces spéciales européennes. L'Europe se mobilise dans la lutte contre le terrorisme auprès des pays partenaires et amis du G5 Sahel. Je remercie vivement les Suédois pour leur implication, leur courage et leur engagement.

- Le ministère des Armées continue à soutenir les projets innovants de lutte contre la Covid19. L’Agence innovation défense financera à hauteur de 115 992 € le développement d’un tissu innovant aux propriétés anti-virales porté par le groupe Serge Ferrari et le laboratoire Virhealth. Ce revêtement à base de particules d’argent résistantes au virus pourra être utilisé pour protéger les toiles de tente, les matelas, les combinaisons ou les poignées de porte. Un premier échantillon sera disponible fin juin.

- Le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Téméraire a tiré avec succès un missile balistique stratégique M51 au large du Finistère. Cet essai démontre notre excellence technologique et notre attachement à la souveraineté française. Je félicite toutes celles et tous ceux dont l’engagement a permis le succès de cet essai. Leur implication est essentielle à la dissuasion nucléaire française et à notre souveraineté.



Bruno Le Maire (ministre de l’Economie et des Finances)

Notre plan de relance sera vert. Echanges intéressants avec les économistes Cameron Hepburn, Nicholas Stern, Joseph Stiglitz, Dimitri Zenghelis et Brian O’Callaghan sur la nécessité d’accélérer la transition écologique de nos économies.



Franck Riester (ministre de Culture)

La déprogrammation du film «Autant en emporte le vent» au Grand Rex est incompréhensible et inadmissible. La France défendra toujours la liberté de création et de diffusion des œuvres. Comme l’égalité, c’est le cœur de nos valeurs.



Muriel Pénicaud (ministre du Travail)

Je salue l’annonce de PSA de revenir sur sa décision et de réembaucher en priorité les intérimaires locaux. Dans la situation actuelle, nous devons tout faire pour protéger l’emploi en France.



Marc Fesneau (ministre des Relations avec le Parlement)

- Christophe Castaner a un dialogue exigeant avec la police. Notre responsabilité est l'apaisement et le respect des institutions. La police protège les plus faibles, la police nous défend. Elle est essentielle. Rappelons les faits, remettons de l'ordre dans les esprits.

- Je comprends l'émotion des policiers. Certains remettent en cause leur institution, se servant d'actes individuels répréhensibles qui ne résument pas l'institution policière. Nous devons condamner les cas individuels, mais ces cas ne font pas l'institution.



Cédric O (secrétaire d’Etat chargé du numérique)

Ce qui a fait la force de la campagne présidentielle est plus valide que jamais. Mais les bons résultats économiques ne suffisent pas. C'est la réalité du quotidien que nous devons réussir à transformer.



Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

Bienvenue en France ! Dès lundi, nos amis européens peuvent venir en France sans restriction. À tous les amoureux de la France, nous sommes prêts à vous accueillir.



Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances)

- Au conseil Compétitivité, je soutiens le plan de relance européen. Des objectifs clairs : transition écologique, transition numérique en investissant notamment dans le cloud souverain, l’IA et la 5G, souveraineté de notre industrie, en relocalisant des sites notamment pour la santé.

- Contre le COVID19, l’accès à un vaccin sera une étape essentielle pour garantir la protection de tous contre un retour de la pandémie. Avec Olivier Véran, nous annonçons la signature d’un accord avec le laboratoire AstraZeneca pour l’achat de vaccins contre le SARS-CoV-2. AstraZeneca s’est engagé à mettre en place une chaîne d’approvisionnement du vaccin en Europe. Si ce vaccin est validé scientifiquement, cela permettra d’en garantir l’accès à nos concitoyens, avec plusieurs dizaines de millions de doses devant être livrées avant fin 2020.

- Renault est au bord du gouffre. On peut être dans le déni en leur interdisant de tout faire, ou alors on regarde avec les organisations syndicales et les salariés la meilleure façon de franchir cette crise.

- Le président de la République veut un plan pour les indépendants, parce quand un indépendant dépose le bilan on ne l'entend pas (...) 30% des commerçants et artisans se demandent s'ils vont passer l'année.

- Je crois qu'il faut accélérer le déconfinement (...) Si les indicateurs sont bons il faudra passer l’Île-de-France eu vert (...) Il faut regarder factuellement comment le virus circule.



Olivier Dussopt (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics)

- Je réfute l'idée que les ministres seraient le jouet de leur administration. L'administration ne prend la place que si on la lui laisse. Je persiste dans cette idée qu'il nous faut aller plus loin dans le mouvement de déconcentration!

- L'Etat est présent partout, mais parfois en plusieurs fois et avec des périmètres d'intervention qui se superposent. Des services publics installés à Paris ou dans des métropoles pourront exercer leurs missions dans des zones rurales.

- Il faut que l'on aille plus loin dans la déconcentration de la Fonction publique, faire plus confiance aux directeurs départementaux et aux chefs de service. Il faut aller plus loin dans la déconcentration de la décision.



Marlène Schiappa (secrétaire d’Etat à l’Egalité hommes-femmes et à la Lutte contre les discriminations)

- La République est indivisible. Cultivons notre unité plutôt que de pointer nos différences, comme le dit la chanson La Preuve par 3, Saïan Supa Crew. Chacun doit avoir les mêmes chances dans la vie indifféremment de sa couleur, son origine ou son code postal!

- Nous avons invité des entreprises soupçonnées de discriminations à une formation sur l’inclusivité : discriminer, c’est se priver de talents. C’est un non-sens économique et un délit. Ça doit cesser!



Sibeth Ndiaye (porte-parole)

[Tribune: «Nous payons aujourd’hui l’effacement de l’universalisme républicain»]

Quand je suis arrivée en France, en 1996, j’avais 16 ans. Sénégalaise issue d’une famille très engagée dans la lutte pour les indépendances, j’avais été élevée dans un rapport intransigeant avec la France, mais aussi dans la passion de sa langue.

C’est en arrivant en France que j’ai pris conscience de ce que cela représentait d’être Noire. Je fis l’expérience du racisme ordinaire. Ou, plus exactement, des racistes ordinaires : ceux qui ouvertement se défient de vous parce que vous êtes Noire et ceux qui croient avoir dépassé tous les préjugés, mais les nourrissent encore sans le savoir, presque sans y penser. Mais ce racisme-là, qu’il soit explicite ou impensé, n’était jamais validé par la société ni par les institutions françaises.

J’arrivais dans un pays où la gauche avait depuis longtemps enfourché le cheval de bataille de l’antiracisme, où la droite de Jacques Chirac refusait catégoriquement de s’allier au Front national. Dans cette France-là, face à un Jean-Marie Le Pen présent au second tour de l’élection présidentielle, aussitôt un bloc s’est formé contre ce parti qui jouait sur la peur de l’autre. Dans cette France-là, Jacques Chirac n’a même pas eu besoin d’un débat pour être élu massivement.

Je suivais avec intérêt tous les débats des années 2000 sur la discrimination positive, sur la visibilité des minorités, sur les quotas, sur les statistiques ethniques… Tout cela était difficile, souvent ambigu, parfois contre-productif, mais relevait de la même préoccupation : ne pas ajouter à la difficulté sociale une difficulté raciale, et dépasser les préjugés raciaux par la réussite sociale. Cette préoccupation animait la gauche, mais n’était pas indifférente à certains cercles de droite progressiste, qui promouvaient, par exemple, le CV anonyme.

Ce combat civil à la française, je l’ai vu peu à peu s’effriter. A droite, la question de la discrimination et de ses effets corrosifs sur la société a été supplantée par la question de l’islam. Cette nouvelle obsession a rendu le débat non plus racial, mais culturel et identitaire. Au fond, le rejet de l’étranger n’était plus le fait de sa couleur de peau, mais de sa religion.

Cette vision culturelle a permis au Front national de sortir de ses impasses par un beau syllogisme dont la conclusion restait implicite : les Noirs et les Arabes sont souvent musulmans, or l’islam n’est pas compatible avec la République… donc les Noirs et les Arabes ne seraient pas compatibles avec la République. On pouvait décomplexer le racisme en invoquant la culture, et les attentats se chargèrent du reste. A droite, les digues avec l’extrême droite s’amenuisèrent. A gauche, l’antiracisme historique de la génération Mitterrand se dilua dans le combat contre les inégalités sociales. Fini Touche pas à mon pote.

On considéra que la couleur de la peau n’était que le signe visible du déclassement et qu’il fallait lutter contre le racisme par le social. Moyennant quoi on oublia que la couleur cristallise la discrimination, même quand elle n’est pas accompagnée de déclassement social. En oubliant cela, on a oublié une souffrance : celle que génère le racisme ordinaire, qui restreint le champ des possibles. Les discriminations de genre ont suscité une attention nouvelle et légitime, quand les discriminations raciales retournaient dans l’ombre.

Cette disparition de la question du racisme dans le champ politique a ouvert la voie à toutes les organisations désireuses de faire fructifier à leur profit la souffrance qui persistait, et même augmentait, face au racisme. Ces organisations ont essentialisé cette souffrance, considérant qu’elle était indépassable parce que la France n’était pas un Etat où vivent des racistes, mais un Etat raciste. Alors que l’extrême droite faisait dans le culturalisme, l’extrême gauche s’est mise à faire dans le racialisme.

Pris en étau, malmené, dénoncé, l’universalisme républicain à la française s’est effacé des consciences et est apparu incapable de répondre à l’insécurité culturelle des uns comme à la souffrance raciale des autres. C’est cet effacement que nous payons aujourd’hui, et nous le payons très cher. Si nous laissions le terrain aux extrêmes, à leurs concepts, à leur vision, alors nous acterions la fragmentation de la France en archipel. Ce n’est pas cela que j’espérais en devenant française. Ce n’est pas pour cela que je me suis engagée en politique.

J’entends déjà celles et ceux, aux extrêmes, qui diront les uns que je néglige « le socle culturel » du racisme, les autres que je suis « la Noire de service », « l’idiote utile des Blancs au pouvoir ». Devançant ces critiques, j’ai la conviction qu’il nous faut retrouver le sens de l’universalisme français. Pour que cet universalisme vive et prospère, nous ne devons pas hésiter à nommer les choses, à dire qu’une couleur de peau n’est pas neutre, qu’un nom ou un prénom stigmatise.

Nous avions entrepris de faire vivre l’universalisme par un effort envers les minorités visibles. Il faut reprendre ce fil avec audace, renouer avec le réel d’une souffrance. Il nous faut sortir d’une double assignation : la couleur de peau, et l’identité culturelle supposée que désigne cette couleur de peau. Cette double assignation, je l’ai constatée pendant les dix années où j’ai vécu en Seine-Saint-Denis (accès difficile à l’emploi, au logement, faible réussite scolaire, etc.). Je la vis en tant que ministre lorsqu’on moque mes robes colorées: si j’aime la couleur et le wax, ce serait parce que je suis Noire. « En tenue de cirque », je serais donc « indigne » de représenter la France. Ce n’est pas anecdotique, c’est le signe qu’il faut sortir de cette prison mentale et identitaire.

Nous pourrons y arriver si nous confrontons nos mémoires en faisant confluer les histoires sans les opposer : ce que j’ai appris de la colonisation, à l’école, au Sénégal, devrait pouvoir se conjuguer avec ce que j’ai appris en France de la décolonisation. Nous pouvons en unissant les deux faces du tableau, avec l’aide de nos historiens, créer un récit partagé permettant de dépasser les clivages.

Nous devons aussi nous reposer la question de la représentativité des personnes de couleur dans la vie publique, politique, économique et culturelle de notre pays. Nous devons revenir avec force aux outils de lutte contre les discriminations raciales sans les confondre avec les moyens de lutter contre la discrimination sociale.

Pourquoi ne pas poser de manière apaisée et constructive le débat autour des statistiques ethniques ? Car nous avons fait de l’universalisme le fondement de nos lois, mais, à ne pas pouvoir mesurer et regarder la réalité telle qu’elle est, nous laissons prospérer les fantasmes. Il y a là quelque chose dont nous devons nous ressaisir urgemment, parce que nous ne devons pas renoncer à notre projet universaliste et républicain, sous peine de donner raison à ceux qui en détournent le sens et en exploitent sans vergogne les faiblesses.

Le problème du racisme en France n’est pas réglé. Mais nous pouvons le faire refluer au prix d’un combat inlassable, économique et social, démocratique et républicain, qui doit redevenir l’honneur de la France. Osons débattre publiquement de certains sujets hier encore discutés, aujourd’hui devenus tabous, sans sombrer dans les habituels procès d’intention.



● LaREM

[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]



Richard Ferrand (président de l’Assemblée nationale)

Déprogrammation, censure, relecture des œuvres... La meilleure méthode pour encourager la bêtise, la pire pour lutter contre le racisme. Qui cède au chantage devient otage.



Gilles Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)

Le combat acharné contre le racisme doit mobiliser tous les Français. C'est l'objet de la Mission de l’Assemblée dont les députés LaREM sont à l'origine. Revisiter notre passé pour éclairer le présent, c'est le travail des historiens. Confondre les deux ne sert pas la cause.



Aurore Bergé (porte-parole)

- [Selon  Jean-Michel Blanquer: "On s'appelle la République en marche et pas le communautarisme en vadrouille."]  A mon sens, il s'agit surtout d'une mise en garde. Aujourd'hui, le risque est grand qu'on ne sache plus se positionner dans le débat qui se déroule sous nos yeux et qui est, en grande partie, l'importation d'un modèle de pensée américain. L'objectif de Jean-Michel Blanquer est d'œuvrer pour qu'il n'y ait pas de dilution dans notre façon de penser le modèle républicain et universaliste. 

- Il faut que nous repartions de ce que nous avons défendu pendant la campagne présidentielle. Ce que nous en sommes en train de vivre est l'exact contraire du combat qui a été le nôtre en 2017. Quel était le cœur de la campagne du candidat Macron? Le refus de l'assignation à résidence. Or, il n'existe pas pire assignation à résidence que la dérive identitaire car elle oblige à considérer les citoyens non plus pour ce qu'ils ont ou pour ce qu'ils font mais pour ce qu'ils sont. Les voici donc assignés à la communauté à laquelle ils sont censés appartenir. Nous sommes en plein dans ce que Jérôme Fourquet dénonce, cette "archipelisation" qui recréé des fractures et des ilots dans la société française. Nous ne pouvons pas laisser gagner le mouvement identitaire. Reléguer la question économique et sociale pour préempter cette question identitaire serait une faute politique, profondément. Traiter tous les Noirs de la même façon au prétexte qu'ils sont noirs. Traiter tous les homosexuels de la même façon au prétexte qu'ils sont homosexuels. Etc. Je refuse cette vision communautariste ! Ceux qui la portent ne sont pas là pour lutter contre les discriminations contrairement à ce qu'ils veulent nous faire croire. Leur sujet n'est plus la difficulté à accéder à un logement, à un travail, non, leur projet consiste à dire :"Tu es noir donc quoi que tu fasses dans ta vie, tu restes assigné à ta condition de femme ou d'homme noir." C'est complètement contraire à l'universalisme républicain. 

- Lier une expression publique sur le racisme et les "violences policières", c'est donner une légitimité à ce mouvement que nous voyons progresser. En revanche, si on considère qu'il faut mettre le holà à l'identitarisme et poser les enjeux de la lutte contre les discriminations, pour les droits humains, évidemment, cela fait sens que le président, garant de l'unité républicaine, prenne la parole et rappelle les fondamentaux. 

- Est-ce que les mouvances décoloniales ont tenté de gangréner la société française? Oui, c'est le cas au sein de l'université, du monde du sport, d'un certain nombre de mouvements LGBT. Act Up en a fait les frais, tout comme la LCR quand elle se transforme en NPA en 2009. Bien sûr, il y a une tentative d'entrisme au sein d'un certain nombre d'institutions qui ne devraient pas autoriser cette pollution. Le président a raison de le souligner. Est-ce paradoxal avec l'expression qu'il [Emmanuel Macron] a employée il y a deux ans? Il était revenu dessus donc il me paraît plus important de retenir ses mots actuels sur la part de responsabilité des universitaires. Quand des petits bourgeois font des tribunes pour dire qu'ils ont honte d'être blancs, on peut s'interroger sur la pertinence de ce type d'expression publique. 

- [Racisme et violences policières] Ces deux débats ne peuvent pas être mélangés. Cette confusion nous fait oublier que les questions légitimes sur l'exercice du maintien de l'ordre ou sur l'utilisation de la force ont d'ailleurs été posées lors du mouvement dit "des Gilets jaunes". S'agissait-il de policiers blancs contre des manifestants noirs ? Non ! Affirmer qu'il y aurait un racisme systémique dans la police est tout à fait illégitime ! Je refuse l'expression "violences policières" : il y a des violences de la part de certains policiers, elles sont à dénoncer et sanctionner. Les lier au problème du racisme, c'est accréditer l'idée selon laquelle il y aurait un racisme d'Etat dont la police serait le bras armé. C'est le mouvement qui est à l'oeuvre quand on accuse les policiers noirs d'être des "traitres", des "vendus", de participer à légitimer la violence d'Etat à l'égard de "leurs frères". On oublie que parmi les policiers ou militaires qui ont pris des balles, il y avait Clarissa Jean-Philippe, Ahmed Merabet ou Ibn Ziaten. Les traiter de vendus est une insulte à la mémoire de ces derniers.  Les forces de l'ordre doivent être soutenues pour ce qu'elles font au quotidien : si nos policiers se sentent lâchés par des élites qui les stigmatiseraient en brutes ou racistes, et sont dans le même temps victimes de violences ou de guet-apens, comment peuvent-ils continuer leur mission? Qui voudra demain intégrer la police? 

- [Demande du déboulonnage de la statue de Colbert devant l'Assemblée nationale] C'est très inquiétant mais je ne devrais pas être la seule à être inquiète. Vouloir effacer le passé ne permettra jamais de mieux aborder le présent. C'est la société toute entière qui devrait se révolter quand une forme de révisionnisme s'opère. Je ne veux pas d'un pays à l'histoire trafiquée, aux statues abattues, à la complexité des hommes abolie. Le révisionnisme agit dans les deux sens quand on parle des bienfaits de la colonisation et quand on veut déboulonner les statues de Churchill ou de Colbert. Quand je lis qu'un ancien Premier ministre de la République veut débaptiser la salle Colbert de l'Assemblée nationale, je lui réponds que je suis fière d'être une députée qui occupe un lieu dont l'histoire nous dépasse et nous rappelle chaque jour ce pour quoi nous avons été élus, tout autant qu'il nous rappelle que nous sommes de passage.

- Je suis en colère quand je vois qu'une plateforme retire de son catalogue pour le recontextualiser le film "Autant en emporte le vent" ou que Le Grand Rex en déprogramme sa projection. Cela entache notre liberté de création. Songer que certains sujets ne pourraient plus être abordés demain parce qu'ils pourraient être offensants pour certaines communautés, comme c'est déjà le cas aux Etats-Unis, est-ce la liberté de création à laquelle on aspire dans notre pays ? C'est en France qu'on érigeait hier en valeur fondamentale le droit au parjure, à la caricature, à la parodie et c'est en France que nous défilions en hommage et en soutien aux journalistes de Charlie assassinés. 



Marie Lebec (députée)

- Après 3 ans, je crois plus que jamais au projet que nous portons derrière le président de la République. Malgré les crises, je vois aussi les résultats obtenus, notamment dans l’économie.

- Le sens de notre politique depuis 3 ans, c'est d’attirer les investisseurs, créer des emplois et de la richesse sur notre sol, ce n’est pas d’augmenter les impôts. La France est devenue la première destination des investissements en Europe. Gardons une politique de stabilité fiscale.



Sylvain Maillard (député)

En tant qu’élus, il est aussi de notre devoir de recréer le lien entre les policiers et l’ensemble des Français. Ceux qui nous protègent ont droit au respect comme tous les citoyens. Dans une société de droits et de devoirs, c’est essentiel.



●MoDem

François Bayrou (président)

J’ai trouvé que les attaques contre les policiers étaient particulièrement excessives, choquantes et blessantes. Il y a pu avoir des dérapages comme dans toute société humaine. Mais ces dérapages sont sanctionnés. Une société qui n’est pas capable de défendre et protéger ceux à qui on demande de protéger les plus faibles est une société qui va mal. Car la sécurité, c’est d’abord la sécurité des plus faibles. Et la mission des forces de sécurité, c’est de protéger les plus faibles. Il faut au moins qu’on manifeste de la compréhension et du soutien aux forces de police. On ne peut pas mettre ainsi en accusation un corps tout entier parce qu’il y a pu avoir des dérapages partiels. (…) Je ne veux pas en faire une affaire de politique nationale. Je pense seulement aux hommes et aux femmes, à leur mission, aux risques qu’ils prennent, aux insultes qu’ils reçoivent, et qui ont eux-mêmes des enfants qui se font insulter dans les cours de récréation.



Laurence Vichnievsky (députée)

Racisme: il y a des dérives individuelles qui doivent être sanctionnées et qui le sont. Mais la police et la gendarmerie, en tant que corps, ne sont pas racistes en France. Soutien et reconnaissance à ceux qui assurent notre sécurité et l’état de droit.



Nathalie Avy-Elimas (députée)

A travail égal, salaire égal? En 2018, j'ai soutenu la création de l’index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Il est aujourd'hui publié par les 2/3 des entreprises françaises.



●UDI

[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]



Nathalie Goulet (sénatrice)

Alors  que l’urgence sanitaire nous a fait oublier bien des principes juridiques et budgétaires l’entêtement de l’Etat à interdire aux départements d’agir dans ce cadre est incompréhensible



●Mouvement radical

Laurent Hénart (président)

- Stop aux plans comptables! Les 3 derniers mois ont tout changé. Il est tps de refonder notre politique de santé par la concertation la reconnaissance des personnels soignants et l’investissement. Je demande au gouvernement de clarifier sa position sur le futur des hôpitaux.

- Nos policiers font un travail admirable. Je tiens à leur affirmer mon soutien.



● Autres

(Personnalités ou organisations centristes)

Jean-Pierre Raffarin (ancien premier ministre)

Il est bête de s’en prendre à l’histoire. Nous sommes ses créatures. Elle s’apprend plus qu’elle ne se juge. Notre honneur est de combattre les forces vivantes dont l’histoire nous a appris la nuisance. C’est vrai que la lutte contre les statues est plus facile!



Propos centristes. Etats-Unis – Réactions des anciens présidents centristes, Obama, Clinton, Carter, à la mort de George Floyd

Barack Obama, Bill Clinton, Jimmy Carter

Voici les réactions des trois derniers présidents centristes encore en vie à la suite du meurtre de George Floyd, des manifestations qui ont suivi et des actions à entreprendre pour lutter contre le racisme et les violences policières contre les Afro-américains.

Barack Obama (président des Etats-Unis de 2009 à 2016)
Permettez-moi de commencer par reconnaître que nous avons vu ces dernières semaines, ces derniers mois, des changements et des événements épiques dans notre pays qui sont aussi profonds que tout ce que j'ai vu de ma vie, et (…) je vais bientôt avoir 59 ans. Et permettez-moi de reconnaître que bien que nous ayons tous ressenti de la douleur, de l'incertitude, des perturbations, certains les ressentent plus que d'autres. Surtout, la douleur qu’ont éprouvée les familles de George [Floyd] et de Breonna [Taylor] et d’Ahmaud [Arbery] et de Tony [McDade] et de Sean [Reed], et bien trop d’autres encore, celles auxquelles nous avons pensées pendant ce moment de silence. Et à ces familles qui ont été directement touchées par la tragédie, sachez que Michelle, moi et la nation, nous vous pleurons et êtes dans nos prières. Nous nous engageons à créer une nation plus juste à la mémoire de vos fils et de vos filles, et nous ne pouvons oublier que, même si nous sommes confrontés aux actes particuliers de violence qui ont entraîné ces pertes, notre nation et le monde sont toujours au beau milieu d’une pandémie mondiale qui a exposé la vulnérabilité de notre système de santé, mais aussi la disparité des traitements et, par conséquent, l’impact disparate qui existe dans notre système de santé, l’investissement inégal, les préjugés qui ont conduit à un nombre disproportionné d'infections et à la perte de vies dans les communautés de couleur.
Donc, de bien des façons, ce qui s'est passé ces dernières semaines, ce sont des défis et des problèmes structurels ici aux États-Unis qui ont été mis en relief. Ce ne sont pas seulement les conséquences des événements actuels mais ils sont le résultat d’une longue histoire d’esclavage, de législation Jim Crow, de lignes rouges et de racisme institutionnalisé qui, trop souvent, ont été la peste, le péché originel de notre société. Et d’une certaine façon, aussi tragiques que ces dernières semaines aient été, aussi difficiles, effrayantes et incertaines qu’elles aient été, elles ont aussi été une occasion incroyable pour les gens d’être sensibilisés à certaines de ces tendances sous-jacentes, et elles nous offrent l’occasion de travailler ensemble pour les affronter, les supprimer, changer l’Amérique et la faire vivre à la hauteur de ses idéaux les plus élevés. Et une partie de ce qui m’a rendu si optimiste est le fait que tant de jeunes ont été galvanisés, actifs, motivés et mobilisés parce qu’historiquement, tant de progrès qui ont été accomplis dans notre société, ont été réalisés grâce aux jeunes. Martin Luther King était un jeune homme quand il s'est impliqué. César Chavez était un jeune homme ; Malcom X était un jeune homme. Les leaders du mouvement féministe étaient des jeunes. Les leaders des mouvements syndicaux étaient des jeunes. Les leaders du mouvement pour l'environnement dans ce pays et le mouvement pour s'assurer que la communauté LGBT ait enfin une voix et soit représentée, étaient des jeunes. Et donc, quand parfois je me sens désespéré, je vois ce qui se passe avec les jeunes de tout le pays, le talent, la voix et la sophistication qu’ils montrent, et ça me rend optimiste. Cela me donne l’impression que ce pays va s’améliorer.
Maintenant, je veux parler directement aux jeunes hommes et femmes de couleur de ce pays, qui ont été témoins de trop de violence et de trop de morts et trop souvent, une partie de cette violence est venue de gens qui étaient censés vous servir et vous protéger. Je veux que vous sachiez que vous avez de l'importance, que vos vies comptent, que vos rêves comptent. Quand je rentre chez moi et que je regarde les visages de mes filles Sasha et Malia, et que je regarde mes neveux et nièces, je vois un potentiel illimité qui mérite de s'épanouir. Vous devriez pouvoir apprendre et faire des erreurs et vivre une vie joyeuse sans avoir à vous soucier de ce qui va se passer quand vous vous rendez au magasin, faites un jogging ou conduisez dans la rue ou regardez des oiseaux dans un parc. J’espère donc que vous vous sentirez aussi optimiste, même si vous vous sentez en colère parce que vous avez le pouvoir de faire les choses mieux, et que vous avez aidé à faire sentir à tout le pays que c’est quelque chose qui doit changer. Vous avez fait part d’un sentiment d’urgence aussi puissant et transformateur que tout ce que j’ai vu ces dernières années. Je tiens à reconnaître que les gens qui font appliquer la loi partagent les objectifs de réinventer le maintien de l’ordre parce qu’il y a des gens qui ont prêté serment pour servir leurs communautés dans vos Etats qui ont un travail difficile, et je sais qu’ils sont aussi indignés par les tragédies des dernières semaines que beaucoup des manifestants, alors nous sommes reconnaissants à la grande majorité d’entre vous qui protègent et servent. J'ai été réconforté de voir ceux qui font appliquer la loi affirmer, "Laissez-moi marcher avec ces manifestants, permettez-moi de me tenir côte à côte et de reconnaître que je veux faire partie de la solution" et qui ont fait preuve de retenue, qui se sont engagés et qui ont écouté parce qu’ils sont un élément essentiel du débat et du changement qui va exiger la participation de tous.
Quand j'étais au pouvoir, j'ai créé un groupe de travail sur la police du XXIe siècle à la suite du meurtre tragique de Michael Brown. Ce groupe de travail, qui comprenait des responsables de l’application de la loi et des dirigeants et des militants communautaires, a été chargé d’élaborer une série de recommandations très précises visant à renforcer la confiance du public et à favoriser de meilleures relations de travail avec les organismes d’application de la loi et les collectivités qu’ils sont censés protéger, même s’ils continuent de promouvoir une réduction efficace de la criminalité. Et ce rapport a présenté une gamme de solutions et de stratégies qui ont fait leurs preuves et qui ont été fondées sur des données et des recherches pour améliorer la police de proximité, recueillir de meilleures données et des rapports, identifier et faire quelque chose contre les préjugés implicites, pour la formation de la police et faire les réformes pour utiliser la force déployée par la police de manière à accroître la sécurité plutôt que de précipiter la tragédie. Ce rapport a démontré quelque chose d’essentiel pour nous aujourd’hui. La plupart des réformes nécessaires pour prévenir le type de violence et d’injustices dont nous avons été témoins se font au niveau local. Une réforme doit avoir lieu dans plus de 19.000 municipalités américaines, plus de 18.000 juridictions locales chargées de l'application de la loi. Alors que les activistes et les citoyens de tous les jours font entendre leur voix, nous devons être clairs sur ce qui va se passer pour le changement et comment nous pouvons le faire.
Ce sont les maires et les dirigeants de comté qui nomment la plupart des chefs de police et négocient des conventions collectives avec les forces de police, et qui déterminent les pratiques policières dans les communautés locales. Ce sont les procureurs de district et les procureurs des États qui décident en général de mener ou non une enquête sur l’inconduite de la police, et ce sont tous des gens élus. Et dans certains endroits, il y a des commissions d'examen de la communauté policière qui ont le pouvoir de surveiller la conduite de la police. Ceux-là pourraient aussi être élus. En fin de compte, j'ai entendu un peu de bavardage sur Internet sur le vote contre la contestation, la politique et la participation contre la désobéissance civile et l'action directe. Ce n'est pas l’un ou l’autre, c'est l’un et l’autre. Pour apporter un réel changement, nous devons mettre en évidence un problème et ébranler les gens au pouvoir, mais nous devons aussi traduire cela en solutions pratiques et en lois qui peuvent être mises en œuvre que nous pouvons surveiller et nous assurer qu’elles fonctionnent. Très rapidement, permettez-moi de conclure avec quelques idées spécifiques. Que pouvons-nous faire?
Premièrement, nous savons qu'il y a des réformes fondées sur des données concrètes qui, si nous les mettons en place aujourd'hui, ne feraient qu'instaurer la confiance, sauver des vies, ne montreraient pas une augmentation de la criminalité. Celles-ci figurent dans le rapport du groupe de travail sur la police du XXIe siècle. Deuxièmement, beaucoup de maires et d’élus locaux ont lu et appuyé le rapport du groupe de travail, mais il n’y a pas eu assez de suivi. Aujourd'hui, j'exhorte donc tous les maires de ce pays à revoir leur politique de recours à la force avec les membres de votre communauté et à s'engager à faire un rapport sur les réformes prévues. Quelles sont les mesures spécifiques que vous pouvez prendre? Et j'ajouterai que le rapport initial du groupe de travail a été rédigé il y a plusieurs années. Depuis lors, nous avons effectivement recueilli des données, en partie parce que nous avons mis en œuvre certaines de ces idées de réforme. Nous avons donc maintenant plus d'informations et plus de données sur ce qui fonctionne, et il y a des organisations comme Campaign Zero et Color of Change et d'autres qui sont pour mettre en évidence ce que les données montrent : ce qui fonctionne, ce qui ne réduit pas les incidents, les fautes policières et la violence. Allons de l’avant et commençons à les mettre en œuvre. Nous avons donc besoin de maires, de dirigeants de comté, d'autres qui sont en position de pouvoir pour dire que c'est une priorité, qu’il faut une réponse spécifique. En troisième lieu, chaque ville de ce pays devrait créer une antenne de l’alliance My Brother’s Keeper [My Brother's Keeper Challenge est un partenariat public-privé du Gouvernement fédéral des États-Unis visant à promouvoir l'intervention de dirigeants civiques dans la vie des jeunes hommes de couleur pour relever les aider et promouvoir la justice raciale]. Nous avons déjà 250 villes, comtés, nations tribales qui travaillent à réduire les obstacles et à élargir les possibilités pour les garçons et les jeunes hommes de couleur par le biais de programmes et de réformes de politiques et de partenariats public-privé. Travaillez avec  ce programme parce que ça peut faire une différence.
Permettez-moi de conclure en disant ceci: j'ai entendu des gens dire que vous avez une pandémie, puis vous avez ces manifestations. Cela rappelle aux gens le chaos des années 60, la discorde et la méfiance dans tout le pays. Je dois vous le dire, même si j'étais très jeune quand il y a eu des émeutes, des manifestations, des assassinats et de la discorde dans les années 60, j’en sais assez de cette histoire pour dire qu'il y a quelque chose de différent ici. Vous regardez ces manifestations actuelles et c'est un échantillon bien plus représentatif de l'Amérique dans les rues qui manifeste pacifiquement et qui se sent émue de faire quelque chose à cause des injustices qu'elle a vues. Cela n’existait pas dans les années 1960, ce genre de large coalition, le fait que des enquêtes récentes ont montré que malgré les actions de certaines protestations, une minuscule minorité qui s’était livrée à la violence qui, comme d’habitude, qui a attiré beaucoup d’attention, une grande partie de l’attention, malgré tout cela, une majorité d’Américains pensent toujours que ces manifestations sont justifiées.
Cela n’aurait pas existé il y a 30, 40, 50 ans. Il y a un changement d’état d’esprit qui se produit, une plus grande reconnaissance du fait que nous pouvons faire mieux et que ce n’est pas à cause des discours des politiciens, ce n’est pas le résultat des projecteurs médiatiques sur cette actualité, c’est le résultat direct des activités et de l’organisation, de la mobilisation et de l’engagement de tant de jeunes à travers le pays, qui se sont mis en ordre de marche pour faire une différence. Je dois donc juste leur dire merci d'avoir contribué à faire avancer ce moment et juste de m'assurer que nous les suivons maintenant parce qu'à un moment donné, l'attention s'éloigne. A un moment donné, les manifestations commencent à diminuer. Et il est très important que nous utilisions l’élan qui a été créé en tant que société, en tant que pays, et nous disions, "Utilisons cela pour avoir enfin un impact."

Bill Clinton (président des Etats-Unis de 1993 à 2000)
Depuis la mort de George Floyd, il est impossible de ne pas ressentir de chagrin pour sa famille... et de la colère, de la répulsion et de la frustration que sa mort soit la dernière d’une longue série de tragédies et d’injustices, et un rappel douloureux que la race d’une personne détermine encore comment elle sera traitée dans presque tous les aspects de la vie américaine. Personne ne mérite de mourir comme George Floyd. Et la vérité, c’est que si vous êtes blanc en Amérique, il y a de fortes chances que vous ne le soyez pas. C'est cette vérité qui sous-tend la douleur et la colère que tant de gens ressentent et expriment, que le chemin d’une vie entière peut être mesuré et dévalué par la couleur de la peau. Il y a cinquante-sept ans, Martin Luther King rêvait d’un jour "ses quatre petits enfants seraient jugés non pas par la couleur de leur peau, mais par le qalité de leur personnalité." Aujourd’hui, ce rêve semble encore plus hors de portée, et nous n’y parviendrons jamais si nous continuons à traiter les gens de couleur avec l’idée tacite qu’ils sont moins humains. Nous devons nous voir les uns les autres comme méritant tout autant la vie, la liberté, le respect, la dignité et la présomption d'innocence. Nous devons nous poser des questions difficiles et écouter attentivement les réponses. Voilà je commencerais. Si George Floyd avait été blanc, menotté et étendu sur le sol, serait-il vivant aujourd'hui? Pourquoi cela continue-t-il à se produire ? Que peut-on faire pour s'assurer que chaque communauté possède le service de police dont elle a besoin et qu'elle mérite? Que puis-je faire ? Nous ne pouvons pas répondre honnêtement à ces questions dans le cadre de la division et de l’affrontement, nous contre eux, rejeter la responsabilité et se dérober de notre responsabilité dans le monde dans lequel nous vivons. Les gens qui ont le pouvoir devraient commencer en répondant aux questions, en développant qui est "nous" et en réduisant qui est "eux", en  acceptant une certaine responsabilité et en assumant plus de responsabilités. Mais le reste d'entre nous doit aussi répondre à ces questions.
C’est le moins que l’on puisse faire pour la famille de George Floyd et pour les familles de tous les autres Américains qui ont été jugés selon la couleur de leur peau plutôt que selon la qualité de leur personnalité. L'avenir du pays en dépend.

Jimmy Carter (président des Etats-Unis de 1977 à 1980)
Rosalynn et moi sommes peinés par les injustices raciales tragiques et les réactions violentes qui en résultent dans notre pays ces dernières semaines. Nos cœurs sont avec les familles des victimes et tous ceux qui se sentent désespérés face à la discrimination raciale omniprésente et à la cruauté pure et simple. Nous devons tous mettre en lumière l'immoralité de la discrimination raciale. Mais la violence, qu'elle soit spontanée ou intentionnelle, n'est pas une solution.
En tant qu'homme blanc du Sud, je ne connais que trop bien l'impact de la ségrégation et de l'injustice contre les Afro-Américains. En tant qu’homme politique, j'ai ressenti la responsabilité d'apporter l'équité à mon Etat et à notre pays. Dans mon discours inaugural de 1971 en tant que gouverneur de la Géorgie, j’ai dit: "Le temps de la discrimination raciale est révolu." Avec beaucoup de tristesse et de déception, je répète ces mots aujourd'hui, près de 50 ans plus tard. Déshumaniser les gens nous déprécie tous; l'humanité est magnifiquement et presque infiniment diverse. Les liens de notre humanité commune doivent surmonter la division de nos peurs et de nos préjugés.
Depuis notre départ de la Maison Blanche en 1981, Rosalynn et moi-même nous sommes efforcés de faire progresser les droits de l'homme dans des pays du monde entier. Dans cette quête, nous avons vu que le silence peut être aussi meurtrier que la violence. Les gens de pouvoir, de privilège et de conscience morale doivent se lever et dire "stop" à un système de police et de justice racialement discriminatoire, aux disparités économiques immorales entre blancs et noirs, et aux actions gouvernementales qui sapent notre démocratie unifiée. Nous sommes responsables de la création d'un monde de paix et d'égalité pour nous-mêmes et les générations futures.
Nous avons besoin d'un gouvernement aussi bon que son peuple, et nous valons mieux que cela.