dimanche 17 juin 2007

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. La nécessité de réinventer un vivre ensemble

De nombreux intellectuels, philosophes, sociologues et politologues, observateurs avertis de la société française, sont inquiets, voire très inquiets. L’objet de leurs craintes : que le lent processus de délitement du lien social qui a pris racine dans le XVIII° siècle des Lumières suite à la promotion de l’individu roi, concept qui est réellement devenu hégémonique dans la deuxième partie du XX° siècle, ne parvienne bientôt à son point final, le coup de grâce ayant été donné par la rapide montée en puissance, lors de la fin du XX° siècle et du début du XXI°, des multiples revendications identitaires provenant de groupes ethniques, religieux, sociaux, etc.
Ce mouvement que l’on observe depuis une vingtaine d’années, n’est qu’un avatar de l’individualisme roi et, en même temps, une réaction à celui-ci. Il a été à l’origine de la création de multiples groupes restreints – ce qui démontre a contrario le besoin indispensable de l’être humain d’appartenir à une communauté - où se retrouvent un certain nombre de personnes qui partagent des intérêts communs, voire des valeurs communes, et qui réclament à la société la mise en place de règles particulières en leur faveur quand ce n’est pas des changements de règles générales tout court. Exemple caricatural de cette atomisation de la collectivité générale en communautés véhiculant autant de visions autocentrées de la vie, la revendication, en Grande Bretagne, par des groupes de musulmans vivant dans des quartiers de Londres où ces derniers sont majoritaires d’une instauration de la charia, la loi islamique.
Au-delà de cet exemple extrême mais pas isolé, ces observateurs estiment que nous sommes dans une tourmente et à la veille d’une déflagration sociale majeure. Certains demeurent optimistes quant à la capacité de la France de (re)constuire un « vivre ensemble ». D’autres, plus pessimistes, demandent que l’Etat prenne ses « responsabilités » et agisse avec la fermeté nécessaire.
Quel est ce danger ? C’est ce que l’on a appelé le « communautarisme » assez improprement et qui est plutôt la scission de la société en d’innombrables « tribus » qui se sont constituées et qui continuent à se constituer sur des bases d’intérêts communs antinomiques les uns avec les autres et, souvent, antinomiques avec la règle générale.
Ces chocs ne sont pas encore toujours frontaux mais ils sont voués à le devenir de plus en plus. Pour éviter qu’ils le deviennent, il nous faut absolument refonder notre « vivre ensemble » en inventant un nouveau lien social qui englobera toutes les éthiques communautaires tout en les dépassant dans une vision humaniste, c’est-à-dire de liberté et de tolérance, seule capable de respecter l’humain dans toute sa diversité. Synthétiquement, il faut réinvestir le « vivre ensemble » en assignant un cadre général contraignant à ces éthiques communautaires au-delà duquel elles ne peuvent déroger aux règles de la vie en commun.
Concrètement, le politique peut-il réussir dans cette tâche si importante et si délicate ? Et doit-il choisir la voie du compromis ou de la fermeté ? Le consensus doit être évidemment privilégié mais il ne doit pas non plus être le seul mécanisme pour fonder ce nouvel « vivre ensemble ». Car la restructuration d’une communauté comme la France nécessite d’établir des bases fortes qui ne peuvent être que celles qui sont porteuses des valeurs de la culture française au sens large, notamment d’une culture démocratique issue largement d’une vision judéo-chrétienne modelée au cours des siècles. Ainsi, la liberté de pensée, la liberté de parole et la liberté d’agir dans le respect d’autrui ne sont pas négociables sauf à changer de système politique. L’égalité de condition et l’équité dans la reconnaissance de ceux qui entreprennent ne le sont pas non plus.
Mais ce serait trop simple de rappeler l’intransigeance qu’une démocratie doit avoir vis-à-vis de ces principes sans s’interroger si ce n’est pas, justement, leur absence qui a créé cette montée des éthiques communautaires. Ainsi, la société doit également porter un regard critique sur ses pratiques et se remettre à l’ouvrage pour appliquer effectivement les règles non négociables de son vivre ensemble. C’est aussi dans sa fidélité à ses principes qu’une société peut demander à ses membres de les respecter. Reste qu’in fine, quelque soit le contexte et les erreurs de la société, il ne peut y avoir de « dérogations » données à certains afin de s’émanciper des règles et des principes qui constituent le ciment social. Car une civilisation qui se morcelle est une civilisation qui s’affaiblit par ses fondations avant de s’effondrer. C’est une leçon de l’histoire que connaissent d’ailleurs très bien beaucoup de ceux qui demandent ces dérogations…
Alexandre Vatimbella

Actualités du Centre. Législatives 2007 - Défaite pour le Mouvement démocrate

Par Pascale Julliard (AFP)
François Bayrou est parvenu sans surprise à conserver son siège dimanche, mais il ne devrait être entouré à l'Assemblée que de trois autres députés du Mouvement démocrate et privé de groupe parlementaire, alors que le Nouveau centre a tiré son épingle du jeu grâce à l'UMP. Le « MoDem est le perdant de ce soir », a commenté Corinne Lepage, dont le parti écologiste Cap21 est cofondateur du Mouvement démocrate, regrettant une « représentation si modeste ». 
François Bayrou a été réélu haut la main dans les Pyrénées Atlantiques avec un score de 61,21% devant la candidate socialiste Marie-Pierre Cabanne (38,79%). L'UMP avait décidé de retirer son candidat, Jean-Pierre Mariné, arrivé en deuxième position largement derrière M. Bayrou au premier tour, et dont le maintien aurait provoqué une triangulaire.  Jean Lassalle, un proche du fondateur du MoDem qui paraissait menacé par son adversaire UMP, a également gardé son siège dans la seule triangulaire du scrutin, avec 40,37% des voix. Un jeune espoir du MoDem, Thierry Benoit, a pour sa part créé la surprise en arrachant le siège de la circonscription rurale de Fougères (Ille-et-Vilaine) à l'UMP Marie-Thérèse Boisseau, ancienne secrétaire d'Etat de Jean-Pierre Raffarin. A Mayotte, Abdoulatifou Aly, qui a rejoint le MoDem entre les deux tours, a également été élu, portant à quatre le nombre de députés MoDem. Jean-Christophe Lagarde a sans surprise été réélu en Seine-Saint-Denis. Mais le député-maire de Drancy, qui s'est montré très critique de M. Bayrou dans les semaines écoulées et s'est dit prêt à travailler avec la majorité présidentielle, n'a pas dit s'il siègerait avec le MoDem, bien qu'ayant reçu son investiture. 
Malgré son score de 18,57% à la présidentielle, M. Bayrou va donc se retrouver sans groupe parlementaire, synonyme de temps de parole, moyens matériels et représentation dans les commissions de l'Assemblée. Depuis Morlaas (Pyrénées-Atlantiques), le leader centriste s'est engagé à ce que les députés du MoDem représentent néanmoins « pluralisme et diversité », et défendent les Français avec « liberté d'esprit et de ton ». Ce défenseur de l'instauration de la proportionnelle aux législatives, qui a maintes fois dénoncé l'actuel mode de scrutin comme « injuste », a préféré se projeter dans l'avenir. « Ce chemin politique que nous avons tracé, il existe, et les électeurs sont prêts à le choisir, pourvu au moins que le mode de scrutin leur laisse le choix », a-t-il affirmé. « Nous allons construire ce grand courant politique dont la France a besoin », a-t-il ajouté, affirmant que le MoDem « gagnera d'autant mieux quand les scrutins seront plus justes », allusion aux municipales et cantonales de 2008 notamment. 
Jean-Marie Cavada, battu dans le Val-de-Marne, a cependant admis que le MoDem, qui revendique 78.000 demandes d'adhésion dont 42.000 confirmées, et doit tenir son congrès fondateur à l'automne, n'est « pas dans une situation confortable », avec « beaucoup de militants, mais très peu d'élus ». En revanche le Nouveau Centre, fondé par les ex-UDF ralliés à Nicolas Sarkozy, aura 22 députés, assez pour constituer un groupe. Son chef de file Hervé Morin avait prévu jusqu'à 25 sièges. Tous les députés UDF sortants ralliés à M.Sarkozy ont été réélus grâce à leur accord avec l'UMP, à l'exception de Bernard Bosson, battu en Haute-Savoie par un candidat divers droite, et de Rodolphe Thomas (Calvados), battu par sa rivale socialiste.