mardi 24 janvier 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Peut-on réformer contre le peuple?

Bien qu’il ne s’agisse pas du cas de la réforme actuelle des retraites puisque Emmanuel Macron l’a proposée lors de la campagne présidentielle et que les Français l’ont élu en toute connaissance de cause, il faut se demander si, dans l’absolu, réformer contre le peuple est possible en démocratie.

D’abord, il faut distinguer entre une réforme qui accompagne une politique validée par les électeurs d’une réforme qui serait proposée en dehors d’une consultation et d’une réforme également absente d’un programme électoral mais qui est nécessitée par les événements.

Dans le cas d’une réforme qui a été annoncée et sur laquelle le peuple s’est déjà prononcé, soit directement par un vote spécifique comme le référendum, soit lors d’une élection, il semble que le gouvernement en place dispose de la légitimité démocratique qui ne peut être remise en cause pour procéder à la réforme.

Mais deux éléments peuvent entrer en ligne de compte.

Le premier est un projet de réforme qui s’éloigne largement de ce qui a été annoncé et validé par le peuple.

Le deuxième est le changement d’avis du peuple entre deux élections.

Dans le premier cas, la légitimité est bien entamée mais les aménagements peuvent néanmoins découler d’une nécessité qui est apparue après l’élection et donc être justifié même si une nouvelle consultation serait sans doute la bienvenue.

Dans le second, c’est beaucoup plus compliquée parce que ce changement ne se manifeste que dans les sondages et dans des mouvements sociaux qui n’ont pas la légitimité nécessaire pour remettre en question celle qui vient de l’approbation de la majorité de la population lors d’un scrutin démocratique.

On peut néanmoins se demander si une consultation du peuple peut être décidée afin de renouveler le mandat de porter cette réforme.

Mais, ici, arguments et contre-arguments se télescopent comme celui de savoir combien de temps doit s’écouler pour que les citoyens remettent en cause ce qu’ils viennent de décider.

Est-il possible de voter pour un programme et dès le lendemain se prononcer contre lui?!

Le peuple est sans doute souverain mais dans une démocratie représentative, la seule qui est capable de réellement exister à notre époque, cette souveraineté est donnée pour une période limitée à des représentants comme les députés en France.

Dès lors, si ceux-ci se prononcent majoritairement pour cette réforme, la légitimité de leur vote vient de leur élection et de cette délégation de pouvoir.

Si le peuple change d’avis, il peut alors se prononcer lors d’une prochain élection et élire une majorité qui annulera la réforme.

On peut donc affirmer que ni le sondage, ni la manifestation n’ont la légitimité requise pour remettre en question un vote démocratique.

Dans le cas où la réforme sort tout d’un coup du chapeau du gouvernement en place on peut estimer qu’une consultation populaire est nécessaire comme un référendum.

Quant à la réforme imposée par les événements, la consultation peut être légitime mais la délégation de pouvoir dans une démocratie républicaine représentative peut permettre au gouvernement d’agir si les délais l’imposent.

 

Propos centristes. France – Couple franco-allemand / Réforme des retraites / Industrie de la Défense / Dérives des influenceurs / Guerre de Poutine contre l’Ukraine Politique industrielle européenne / Dividende salarié…

Voici une sélection, ce 24 janvier 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Réforme des retraites] Après un temps social de concertation avec les syndicats, il y a maintenant un temps politique qui s’ouvre à l’Assemblée et il faut le respecter. Et, donc, je souhaite que le gouvernement avec les parlementaires à l’Assemblée nationale puis au Sénat puissent travailler le texte et l’aménager.

> > [Réforme des retraites] Je ne vais pas me substituer ni au gouvernement, qui va proposer » un « projet à 64 ans lundi au conseil des ministres, ni au débat parlementaire qui suit. Mais nous savons à peu près, et même exactement, les besoins qui sont les nôtres. Ils sont connus.

> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Pour ce qui est [de la livraison de chers Leclerc à l’Ukraine] j’ai demandé au ministre des Armées d’y travailler. Rien n’est exclu et cela s’apprécie en effet collectivement. (…) La manière dont nous avons agi par le passé est toujours étroitement coordonnée avec nos amis et alliés et nous continuerons à agir en fonction de la situation concrète.
La décision sera prise au regard de trois critères. Le premier est que cela ne soit pas escalatoir, le deuxième est que cela puisse apporter un soutien réel et efficace à l'Ukraine, et le troisième est  que cela n'affaiblisse pas "nos capacités propres de défense.

> [Discours à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire du traité de l’Elysée] Je suis très heureux, très heureux de vous retrouver pour célébrer l'amitié franco-allemande entre nous, et avec vous, représentantes et représentants de nos parlements, nos gouvernements, nos sociétés civiles et nos jeunesses.
Nos deux pays, jumeaux d'histoire et de destins, ont vécu tant d'années en miroir, dans la forge même de leur identité. Ils ont alterné pendant tant de siècles entre l'émulation, la fascination, la compétition. Unis sous la même couronne franque, jusqu'à ce que l'histoire ne les sépare – car il y eut,  mille ans avant les tranchées de Verdun, le traité de Verdun. Rivaux ou alliés, ennemis jusqu'à la déraison, au cours de l'époque où l'on comptait ce temps commun au rythme des guerres, avant, entre et après. Si bien que parler de l'Allemagne, pour un Français, c'est toujours parler d'une part de soi-même. 
Pourtant, il a fallu, pour accepter cette part respective d'altérité si proche, d'identité si confondante, l'acte fondateur que nous commémorons aujourd'hui. Le 22 janvier 1963, l'Allemagne de Konrad Adenauer et la France du Général De Gaulle accomplissaient un immense geste de courage. 
Ce jour-là, nos deux pays qui avaient été les plus âpres ennemis, décidaient de devenir les plus étroits alliés. Ils refermaient presque cent ans de guerre moderne et de tragédie universelle que nous rappellent encore aujourd'hui les rangées de croix s'étendant à l'infini dans nos cimetières militaires. 
Ce jour-là, en scellant leur réconciliation, nos deux pays décidaient d'ouvrir « toutes grandes les portes d'un avenir nouveau pour l'Allemagne, pour la France, pour l'Europe et par conséquent pour le monde », selon les mots du Général De Gaulle. Soixante ans après sa signature, le Traité de l'Élysée demeure le socle de ce lien inaltérable, exemplaire entre nos deux pays, unis pour la paix, la liberté, la défense de nos valeurs démocratiques. Unis dans le rêve commun de l'Europe à la faveur de  mille fibres tissées d'une rive à l'autre du Rhin à travers ces routes millénaires. 
Oui, nous sommes toutes et tous aujourd'hui les enfants de ce courage, convoqué au-delà des épreuves, par une génération sur laquelle plusieurs fois la guerre avait laissé sa marque, qui refusait de léguer la fatalité du combat et du chagrin à la suivante et qui pour cela, fondait son espoir sur la jeunesse. Et nous devons à ces fondateurs de sans cesse enseigner à la génération suivante le chemin parcouru, d'expliquer et d'enrichir encore cette victoire de l'amitié, si parfaite aujourd'hui que ses racines douloureuses pourraient s'oublier. 
C'est pourquoi cette amitié se doit de ne jamais cesser d'être ce qu'elle est. Pour détourner une formule qui jadis était employée pour la France seule, mais que je convoque en ces lieux, pensant à Renan, pour nous deux : cette amitié est un «plébiscite de tous les jours». 
Le geste fait il y a soixante ans était un geste de courage car il n'avait rien d'évident. Tout documentait dans les vies de chacun la nécessité de ne pas faire ou de faire le contraire. Les histoires de ces générations de fondateurs leur disaient le contraire et ils l'ont fait. Notre amitié et ce plébiscite de tous les jours reposent sur une volonté, une coopération, une confiance qui doivent irriguer l'ensemble de nos institutions, de nos sociétés, de nos forces vives. 
Mais jamais ce combat ne peut être, ni ne sera celui des fatigués, des habitués et de ceux qui ne regardent que le passé, jamais. C'est aussi pourquoi, il y quatre ans, à Aix-la-Chapelle, nous avons signé un nouveau traité d'amitié. Actant le succès historique de notre réconciliation permise par le Traité de l'Elysée, nous avons décidé d'approfondir notre intégration et nos convergences dans tous les domaines. Au service de l'Union européenne, de la paix, de nos transitions environnementales et numériques, pour les jeunesses de nos deux pays. Pour nos concitoyens qui vivent et travaillent de part et d'autre de nos frontières Et avec vous, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, grâce à l'Assemblée parlementaire franco-allemande instituée parallèlement au Traité d'Aix-la-Chapelle. 
Je voudrais, au-delà de ces initiatives que vous faites vivre, saluer la première promotion ici présente du programme « Génération Europe » porté par l'Office franco-allemand pour la jeunesse, illustration concrète de cette ambition, au cœur de nos Traités de l'Élysée et d'Aix-la-Chapelle, de compréhension mutuelle entre nos peuples et d'ambitions que vous aurez à aujourd'hui et demain. 
Mesdames et Messieurs et Monsieur le Chancelier vient de le dire parfaitement, cher Olaf, ce 60ᵉ anniversaire a une signification particulière, au moment où l'Ukraine résiste à l'agression de la Russie, où l'idéal de paix et de dialogue a été bafoué, où l'espoir même d'un ordre humaniste en Europe est menacé et où les dérèglements du monde bousculent tant de certitudes dans nos pays.
Face à ces périls, il nous faut plus que jamais porter l'idéal d'une Europe plus unie et pleinement maîtresse de son destin. 
Oui, cette Europe que nous avons défendue l'un l'autre : en septembre 2017 sous cette même coupole et vous-même, Monsieur le Chancelier, en août 2022 à l'Université Charles de Prague, dans cet autre temple des valeurs humanistes de notre Europe. Ce projet de renforcement de la souveraineté européenne a pris la force d'une nécessité et d'une évidence pour tous. À présent, l'Allemagne et la France partagent la responsabilité de le faire advenir dans tous les domaines avec leurs partenaires au sein de l'Union européenne. 
Nous avons su le faire face à la pandémie par une relance économique qui nous a permis une capacité d'investissement inédite à 27 et la mutualisation de dettes communes pour des investissements à venir, impensables quelques mois plus tôt. Nous l'avons décidé ensemble, Allemagne et France, quelques semaines après le début de la pandémie, pour que cela puisse advenir dès juillet 2020. 
Nous le faisons jour après jour pour la défense de l'Ukraine. Après le 24 février, notre Union ne s'est ni divisée, ni dérobée à ses responsabilités. Et notre soutien indéfectible aux côtés du peuple ukrainien se poursuivra dans tous les domaines. Nous avons soutenu l'Ukraine, sanctionné la Russie et, ensemble, sommes allés à Kiev pour ouvrir, là aussi, un chemin que, quelques semaines plus tard, notre Europe a consacré. Et nous continuerons à soutenir le choix clair fait par le Conseil européen de donner à l'Ukraine, comme à la Moldavie, le statut de candidat. Nous continuerons à les accompagner, ainsi que les autres pays candidats des Balkans occidentaux sur le chemin des réformes nécessaires. Cette responsabilité de l'Allemagne et de la France est aussi de renforcer la cohésion de l'ensemble de la famille européenne à travers la Communauté politique européenne. Et je vous remercie, Monsieur le Chancelier, du soutien que vous avez apporté à ce projet fédérateur à l’échelle du continent. 
Nous avons aussi su prendre les décisions qui s’imposaient pour nous-mêmes, pour la réduction de nos dépendances stratégiques, pour une Europe plus forte et souveraine en matière énergétique, technologique, militaire, industrielle, alimentaire. C’est l’agenda que nous avons désigné ensemble, en Européens, à Versailles en mars dernier. Et grâce à ces décisions, d’ores et déjà notre Union n’est plus la même. Et les choix faits ces derniers mois en matière de défense, en matière énergétique par nos deux pays sont des choix historiques qui nous permettront de continuer, d’avancer et d’aller plus loin. 
Mais le travail qui reste à accomplir est immense, pour atteindre notre objectif d’une Europe plus souveraine, plus démocratique et plus solidaire. Et cela ne dépend presque que de nous, Européens, de nos choix, des décisions que nous prenons et de celles que nous ne prenons pas. 
Alors, comme nos deux pays ont su le faire à chaque tournant de la construction européenne et – non que ce fût facile, bien au contraire – l'Allemagne et la France feront le choix de l'avenir. Vous l'avez parfaitement dit, cher Olaf à l’instant. Le couple franco-allemand est un couple pour lequel rien n'était écrit. Et si tout était simple, ce couple n'aurait ni à être célébré ni à constamment se réinventer. Il est grand quand il arrive en quelque sorte à bousculer la fatalité, à revisiter les intérêts d'un côté l'autre du Rhin et à bâtir un chemin plus grand que ceux qui le composent, celui d'une unité, d'une fusion entre nos peuples, nos histoires pour rendre notre Europe plus forte. C'est ce choix d'avenir qui est le nôtre aujourd'hui. 
Et l'Allemagne et la France, parce qu'elles ont défriché le chemin de la réconciliation, doivent devenir pionnières pour la refondation de notre Europe ensemble. 
Pionnières d'abord, pour bâtir ensemble un nouveau modèle énergétique par-delà nos différences. Nous devons encourager et accélérer au niveau européen les investissements publics et privés nécessaires à la transition écologique. Nous devons achever la diversification de nos sources et voies d'approvisionnement et encourager la production d'énergies décarbonées sur notre continent. 
Pionnières ensuite pour l'innovation et les technologies de demain, pour bâtir la prospérité, l'avenir écologique et le modèle social qui nous unit. Cela passe par l'accélération de nos convergences, la simplification de nos règles. Cela passe par une stratégie industrielle européenne ambitieuse qui assure la résilience de la production sur le sol européen par une stratégie « made in Europe » 2030. Comme nous l'avons l'un l'autre poussé pour faire de notre continent le champion de ces nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle. 
Pionnières, ensemble pour une Union européenne capable de s'assumer comme puissance géopolitique à part entière en matière de défense, en matière spatiale, en matière diplomatique.
Pionnières, enfin, pour une Union plus efficace, plus protectrice et qui défend ses valeurs. Car au fond, notre objectif de souveraineté est de s'assurer de tenir notre destin entre nos mains. Et nous devons le mettre au profit de nos valeurs communes, de notre modèle européen qui repose sur notre humanisme, notre attachement à la liberté et à la solidarité. Alors, achevons ensemble d'en faire en l'espace d'une génération, un espace de solidarité et de liberté, celle de penser, de créer, de voyager, d'entreprendre, d'innover, de rêver. 
Cette Europe pour laquelle, ensemble, Allemagne et France seront pionnières, est celle des universités, de la musique, de la littérature, de la création, des théâtres, de la culture. Cette Europe, c'est celle qu'ensemble nous voulons refonder. 
Et telle est notre ligne d'horizon en ce jour de célébration où nous réunirons le 23ᵉ conseil des ministres franco-allemand. Chers amis, l'itinéraire de fraternité que nos deux peuples ont su bâtir après s'être tant déchirés nous oblige. Le Traité de l'Elysée et l'aventure européenne étaient des pas inouïs que tout des habitudes et des facilités pouvait empêcher. Et c'est pourquoi, à mes yeux, ce jour ne doit pas simplement être celui d'une célébration, mais d'une promesse, d'un engagement, d'un appel, d'une ambition nouvelle. À l'heure où l'histoire semble sortir à nouveau de ses gonds, trouvons le ressort d'être à la hauteur de l'espoir que tous ceux qui nous ont précédés avaient placé en nous. Affrontons les périls du temps avec cet héritage de courage et d'imagination, avec ce devoir de fidélité à l'audace. Avec l'assurance que tout est possible si l'on demeure uni. 
Eh oui, cher Olaf, en célébrant ensemble aujourd'hui avec vous, Mesdames les Présidentes, Messieurs les Présidents et nos représentants des assemblées comme nos ministres, cet itinéraire fraternel à la Sorbonne, c'est que nous voulons bâtir une ambition nouvelle ici, dans ce lieu de savoir ici, à la Sorbonne, dans cette université qui porte le nom de son fondateur et celui d'un village des Ardennes dont les paysages ont vu les cendres de la guerre entre nos deux nations. Dans ce lieu de culture et de savoir où passèrent des érudits de toute l'Europe, de Thomas D'AQUIN à Albert de COLOGNE et qui inventèrent l'esprit universaliste du continent. Ici, dans ce lieu où l’on a toujours rêvé tout à la fois le patriotisme comme l'aventure européenne comme étant aussi un appel à l'universel. Ici, où par le savoir, l'apprentissage, la compréhension, les arts, on a toujours voulu bâtir l'amour de ce que nous sommes, nos héritages, à travers quelque chose de plus grand que nous. 
Et dans cette faculté qui honorera Ernst-Robert Curtius, un Allemand pleinement européen et qui, voilà cent ans, ne voulait pas se résoudre à éteindre son amour pour la littérature française. Mann a écrit des pages sublimes pour qualifier l'amitié entre Curtius et Gide. Il a écrit qu'ils étaient « deux âmes dans une même poitrine ». Voilà une haute image de la complicité morale, de la fraternité de destin, de ce que nous sommes. Deux âmes dans une même poitrine. Elles ne se ressemblent pas et elles n'ont pas la même histoire, mais elles sont dans cette même poitrine et elles battent à l'unisson.  Deux âmes dans une même poitrine, c'est nous. 
Alors sachez toutes et tous ici aujourd'hui, pouvoir compter sur notre détermination ensemble à continuer à faire de l'amitié entre l'Allemagne et la France l'un des arbres de vie de la souveraineté européenne. Sachez que l’un l’autre, nous continuerons de faire avancer ce couple jadis impossible qui est le fruit simplement de la volonté, du courage et de la force et nous le ferons ensemble pour qu’à votre tour, vous, vous puissiez célébrer cette part d’histoire, mais surtout continuer de bâtir la vôtre en ayant tous les choix et la liberté en particulier de choisir votre avenir. C’est notre responsabilité pour vous. 
Vive l’amitié entre l’Allemagne et la France et vive notre Europe ! 

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Elisabeth Borne (Première ministre)

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique)
> La dgccrf a ciblé et contrôlé depuis 2021 plus d’une soixantaine d’influenceurs disposant d’un nombre très significatif d’abonnés, actifs dans la promotion de produits et services ou faisant l’objet de signalements par les consommateurs.
Près de 60 % des influenceurs contrôlés présentent des anomalies. Parmi ceux en infraction, tous omettaient systématiquement l’indication de leur intention commerciale dans leurs publications.
Parmi eux, certains seront poursuivis pour pratiques commerciales trompeuses pour avoir fait la promotion illégale de pratiques médicales ou de sites de conseils en paris sportifs, utilisé des allégations « santé » interdites ou encore organisé des loteries prohibées.
Ces pratiques seront sanctionnées à l’issue des procédures engagées. Personne n’est au-dessus des lois. Personne ne doit se sentir intouchable.
Cette situation montre qu'un meilleur encadrement de ce nouveau secteur d’activité est nécessaire. En 2023, la dgccrf poursuivra ses actions de contrôle afin de protéger les consommateurs.

> Les influenceurs ont aujourd’hui beaucoup de poids, les règles doivent être renforcées, Internet doit être le lieu du respect des règles.

> [Réforme des retraites] il y a une réforme à faire passer et il est toujours difficile de dire aux gens qu'il faut travailler plus longtemps. C'est plus simple de faire la politique de l'autruche, de mettre la tête dans le sable et de dire 'ne vous inquiétez pas, dormez bien, bonnes gens, tout ira bien' sauf qu'on se retrouvera avec des déficits qui seront insurmontables, un régime fragilisé et une répartition qui, du coup, ne sera plus garantie.

> [Réforme des retraites] Cette réforme des retraites est une garantie que le système de répartition par solidarité entre les générations sera préservé.

> [Réforme des retraites] Il est essentiel que la majorité fasse bloc parce qu'il en va de son identité politique.

> [Réforme des retraites] Il ne faut pas exagérer l’impact des mouvements sociaux sur la croissance et l’activité économique, ils sont légitimes, cette réforme des retraites est juste car elle ne touche pas aux retraités.

> [Réforme des retraites] On peut dire qu’en 2030 le régime des retraites sera à l’équilibre.

> [Réforme des retraites] Le travail est au cœur de notre identité. Nous avons créé du travail, nous avons créé des emplois, nous avons créé plus d'1,2 million d'emplois au cours du quinquennat passé. Nous pouvons atteindre le plein emploi, nous nous sommes battus pour la revalorisation du travail, nous avons mis en place des dispositifs d'intéressement, de participation, de prime défiscalisée, d'actionnariat salarié.

> [Inflation] Nous sommes aujourd’hui sur des prix qui ont beaucoup augmenté sur l’alimentation, nous sommes confiants sur le reflux de l’inflation à partir de la mi-2023.

> [Réforme des retraites] Nous savions avec le président de la République, avec la Première ministre que nous proposions une réforme qui est difficile pour beaucoup de nos compatriotes ; on demande à tous les Français de travailler plus longtemps. Il est évident que ce n'est pas très populaire mais c'est ce qui va sauver le régime de retraite par répartition. C'est ce qui va garantir l'équilibre financier d'ici 2030. Donc il faut continuer à expliquer, continuer à convaincre, continuer à défendre cette réforme dont j'estime qu'elle est juste, qu'elle est équilibrée et qu'elle est efficace pour le rétablissement des comptes de ce système de retraite par répartition.

> [Réforme des retraites]  Maintenant, c'est le temps du Parlement. Le Gouvernement a fait une proposition qui me paraît juste, équilibrée et qui je le redis, a un énorme avantage : elle garantit l'équilibre financier d'ici 2030. Maintenant, c'est le Parlement qui va prendre la main ; donc il peut toujours y avoir dans le cadre du Parlement des discussions, des améliorations du texte que nous avons proposé ; moi je ne fixe qu'une seule limite à ces améliorations : c’est l'équilibre financier en 2030. L'un des éléments clés de cette réforme, c'est de pouvoir garantir aux générations qui viennent qu’en 2030, nous aurons retrouvé l'équilibre, que nous n’allons pas accumuler les déficits, que nous n'allons pas nous mettre en difficulté financière. Donc je le redis, toutes les ouvertures, toutes les discussions sont intéressantes, toutes les propositions sont utiles mais elles doivent s'inscrire dans un cadre financier qui garantit le retour à l'équilibre en 2030. Pour moi, c'est un point absolument fondamental de cette réforme.

> [Réforme des retraites] Si on veut qu'une réforme tienne bon, il faut que les piliers fondamentaux soient préservés : les 43 ans de durée de cotisation, l'âge légal à 64 ans, ce sont des piliers qui garantissent cet équilibre financier en 2030. Donc il ne faut pas affaiblir les piliers d'une réforme. Je rappelle par ailleurs que ces propositions représentent déjà une avancée, une concession par rapport à ce que le président de la République avait proposé pendant la campagne présidentielle : nous avions proposé 65 ans et cela a été validé au premier tour de l'élection présidentielle par 28% des Français, puis au second tour de l'élection présidentielle. Nous avons entendu, discuté, la Première ministre a passé beaucoup de temps à discuter avec les organisations syndicales, avec les partis politiques pour essayer de trouver le meilleur équilibre possible qui nous amène à un âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Je crois qu'il faut préserver les éléments fondamentaux de cette réforme, laisser au Parlement la possibilité d'améliorer notre copie parce qu'on peut toujours l'améliorer mais je le redis, avec une exigence : l'équilibre financier en 2030.

> [Grande distribution] Il ne faut jamais jouer avec les peurs des Français, il y a suffisamment d’angoisse légitime face à l’augmentation des prix sur lequel nous protégeons nos compatriotes.

> [Indemnité carburant ] Pour l’instant, plus de 3 millions de Français ont fait la demande pour obtenir cette aide mais il y a 10 millions de nos compatriotes qui sont éligibles.

> L’Allemagne a toujours été opposée à l’idée d’une politique industrielle européenne mais nous obtenons avec Emmanuel Macron des résultats spectaculaires.

> [Marché européen du marché de l’électricité] Nous trouvons des compromis qui sont d’autant plus solides.

> [Marché européen de l’énergie] Ça fait des mois que nous nous battons avec le président de la République pour obtenir des modifications du marché européen (…) c’est aberrant d’un point de vue écologique.

> Je sais que c’est très dur pour beaucoup de boulangers, ils ont le droit à un bouclier tarifaire à la demande du président de la République nous avons mis en place un bouclier tarifaire.

>C’est à la Banque centrale européenne de définir la politique monétaire mais ce que je veux dire, c'est que depuis des semaines, le gouvernement explique que nous n'aurons pas de récession ; et quand les Cassandre nous annonçaient en décembre qu’il allait y avoir une multiplication de faillites, la récession pour la France, que les nuages s'accumulaient, nous, nous avons continué à expliquer que l'économie française résistait. Et aujourd'hui, le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne confirment qu’effectivement, l'économie française résiste. Donc je crois que face à ces vents de pessimisme où à chaque fois, on voit les choses trop en noir par rapport à la réalité de la situation française, je veux dire que je ne mésestime pas les difficultés de notre économie mais notre économie a des fondamentaux qui sont solides; elle résiste. L'Europe devrait échapper à la récession pour la plus grande partie de ses États membres ; la France devrait aussi échapper à la récession et avoir une croissance positive en 2023. Elle a fait de bons chiffres en 2023 ; elle a un des niveaux d'inflation les plus faibles de la zone euro ; l'investissement continue à se porter bien, l'investissement industriel en particulier et je peux vous dire qu’ici, avec tous les chefs d'entreprise étrangers que je rencontre, il y a un endroit où il faut investir en Europe, un pays qui est le plus attractif grâce aux réformes qui ont été engagées par le président de la République Emmanuel Macron : c'est la France ! Tous les investisseurs que je vois ici, tous les investisseurs étrangers disent : il y a un endroit où il faut être, c'est la France !

> Moi je rejoins Ursula Von Der Leyen quand elle dit qu'il faut qu'on change notre politique industrielle. Quelle est la bonne réponse à l’inflation reduction act ? Pour nous, il y en a deux : la première, c'est de demander à nos partenaires américains, des concessions, des exemptions ; c'est ce que nous allons faire avec mon homologue allemand Robert Habeck; nous allons nous rendre à Washington dans les prochains jours et demander à nos alliés américains à la suite de la visite d'Etat d'Emmanuel Macron à Washington : nous voulons des concessions, nous voulons des exemptions pour certains secteurs industriels européens. Et puis la deuxième réponse, c’est aussi celle que nous avons proposée en Franco-allemands avec Robert Habeck, qui a été soutenue hier par nos amis espagnols, dont nous allons rediscuter dimanche au sommet franco-allemand, c'est une nouvelle politique industrielle européenne avec des investissements dans quelques secteurs limités mais absolument stratégiques comme les semi-conducteurs, l'hydrogène, les panneaux solaires, les batteries électriques avec des décaissements plus rapides, avec des dispositifs plus simples, avec une préférence européenne pour les biens qui sont produits, réalisés, fabriqués en Europe, de façon à ce que nous ayons une industrie verte indépendante, souveraine, puissante. Voilà les deux réponses que nous proposons ; elles sont à la hauteur des enjeux et elles doivent permettre à l'Europe de compter au 21e siècle face à la Chine et face aux Unis.

> L'Espagne et la France, sur la politique industrielle, partagent la même vue. Je regarde ce qui se passe en Italie ; je vois nos partenaires italiens réclamer eux aussi une politique industrielle plus volontariste. Donc je pense que ces idées que nous défendons avec Emmanuel Macron depuis maintenant des années, qui sont des idées de souveraineté, d'indépendance sont en train de gagner. Eh bien tant mieux pour la France, tant mieux pour l'Europe !

> Il faut être lucide : si nous voulons au 21e siècle garder une industrie européenne puissante et même profiter du changement climatique pour réindustrialiser l'Europe et réindustrialiser la France, c'est maintenant que ça se joue. Il n’y a pas une seconde à perdre pour mettre les investissements sur la table ; ça peut être des investissements publics, ça peut aussi être des investissements privés et il est essentiel de mobiliser aussi des investissements privés. De ce point de vue, réaliser l'union des marchés de capitaux, c'est-à-dire un marché unique des capitaux européens, devient maintenant une urgence absolue parce que c'est la seule façon de lever des fonds suffisants pour que les investisseurs industriels se disent : l'Europe nous donne les fonds dont nous avons besoin, les modalités de financement dont nous avons besoin pour réaliser nos investissements sur le territoire européen.

> Ce qui m'intéresse, c'est de regarder pour l'avenir comment est-ce qu’on décarbone le plus rapidement possible l'économie française ; ça, c'est un enjeu majeur. Et le projet de réindustrialisation ouverte que nous portons avec un certain nombre de parlementaires, avec d'autres ministres, doit permettre à la France de passer un cap historique : passer d'une économie qui a été une économique brune, carboné, à une économie la plus décarbonée en Europe. Nous avons des atouts pour cela, notamment l'énergie nucléaire ; nos industriels qui sont très engagés dans l'hydrogène, des technologies de pointe ; il faut simplifier les choses ; il faut mieux les financer ; il faut associer évidemment les collectivités locales ; il faut former et créer de nouvelles qualifications. Donc il y a des enjeux absolument considérables mais tournons-nous vers l'avenir plutôt que de regarder vers le passé - qui est responsable de quoi - regardons comment accélérer la décarbonation de l'économie française ; avec le président de la République, avec la Première ministre Elisabeth Borne, nous sommes totalement déterminés à faire de cette loi pour l'industrie verte une des grandes lois de 2023.

> Le dividende salarié a été proposé par le président de la République et il sera mis en œuvre. C'est une question de justice. Quand une entreprise est capable de verser des dividendes à ses actionnaires, elle doit être capable de verser une meilleure rémunération à ses salariés. Et on voit bien à l'occasion de ces manifestations - je reviens à vos questions sur les retraites - que derrière, il y a une interrogation plus profonde sur le travail, sur la valorisation de chacun, sur la juste rémunération de chaque salarié. Eh bien nous voulons y répondre, notre réponse, c’est le partage de la valeur, c’est le dividende salarié. Vous savez que je suis en général très transparent et très direct : nous mettrons en place ce dividende salarié et nous progresserons dans le partage de la valeur. (…)
J'entends parfaitement les arguments des uns et des autres et nous allons discuter mais un des éléments cardinaux de la politique que nous menons avec le président de la République depuis maintenant six ans, c'est le travail ; on ne peut pas demander aux Français de travailler plus longtemps et ne pas leur garantir en même temps une plus juste rémunération de leur travail. C'est absolument fondamental de bien comprendre les principes politiques qui sont au coeur de notre action avec le président de la République : nous voulons plus de travail mais nous voulons aussi un travail mieux rémunéré. Les deux vont ensemble. Quand on demande un effort aux Français en leur demandant de travailler deux ans de plus, il faut dans le même temps et c'est exactement ce que je porte avec beaucoup de détermination, garantir à tous les Français quels qu'ils soient, quel que soit leur métier : qu'ils soient ouvriers, qu'ils soient aides-soignants, qu'ils soient ingénieurs, qu'ils soient techniciens de maintenance, qu'ils seront mieux payés et qu'il y aura effectivement une juste répartition de la valeur. L'un ne peut pas aller sans l'autre.

 

Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur et des Outre-mer)
> À l’occasion du Conseil des ministres franco-allemand, nous avons signé avec mon homologue l'accord créant l'unité conjointe de lutte contre l’immigration irrégulière. La France et l'Allemagne agissent ensemble pour mieux maîtriser les flux migratoires.

 

Catherine Colonna (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> Au premier ministre palestinien , M. Shtayyeh, j'ai redit l'attachement de la France à la relation UE-Palestine. L'Union européenne continuera à défendre la solution des 2 États et à soutenir l'Autorité et la société civile palestiniennes.

> Nous soutiendrons l'Ukraine️ aussi longtemps que nécessaire, pour l'aider à se défendre et pour préserver l'ordre international fondé sur les principes de la Charte des Nations unies.

 

Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> Pour garder une base industrielle de défense autonome et souveraine, il faut la protéger et la stimuler. La hausse du budget des Armées donne de la visibilité à nos industriels, qui doivent réapprendre à livrer vite.

> Si on ne veut pas être condamné à acheter à Moscou, à Washington, ou encore à Pékin, il faut développer et consolider notre base industrielle et technologique de défense autonome et souveraine. C’est un effort permanent que de garder une BITD que je qualifierai «d’athlétique». Parfois il faut la protéger, parfois la stimuler. Et aussi la mettre sous tension… avec bienveillance. Aujourd’hui nos industriels doivent réapprendre à livrer vite, après trente années où les commandes étaient retardées.

> On ne peut plus faire comme avant. Il faut tirer les enseignements de la guerre en Ukraine. Les dépendances critiques vis-à-vis de l’extérieur ne sont par exemple plus acceptables. Le président de la République a fait de notre souveraineté un axe fort de notre politique depuis 2017. La crise du Covid a néanmoins entraîné une prise de conscience supplémentaire quant à la dépendance de certaines de nos chaînes d’approvisionnement. Des équipements aussi clés que les corps de bombe ou la poudre pour les obus de gros calibres nous étaient parfois fournis par des pays hors Union européenne! Désormais, ce n’est plus acceptable.

> Ravi d’accueillir mon homologue allemand Boris Pistorius à l’hôtel de Brienne à l’occasion du conseil des ministres franco-allemand. La relation de défense entre nos deux pays est porteuse : elle s’articule autour de nombreux projets concrets, capacitaires comme opérationnels.

 

Olivier Dussopt (ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> L’emploi des seniors doit être un objet de négociation et social dans l’entreprise, un objet obligatoire tous les trois ans L'index sur l'emploi des seniors permettra de mesurer l'implication des entreprises de plus de 300 salariés. Un non-respect sera accompagné d'une sanction financière avec une obligation de négociation en cas de positionnement insuffisant sur l'index.

> [Réforme des retraites] Nous avons intégré beaucoup de demandes portées par les parlementaires.

> [Réforme des retraites] Le texte tient compte des carrières longues avec ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans.

> [Réforme des retraites] Nous voulons améliorer la prise en compte de la pénibilité en facilitant l'obtention de points.

> [Réforme des retraites] Il n'est pas acceptable que des carrières soient différentes en fonction du sexe de celles et ceux qui les mènent. (...) On ne peut pas dire demain, dans deux ans ou trois ans, qu'il y aura une parfaite égalité de retraite.

> [Réforme des retraites] Quand il y a une mobilisation, il faut savoir écouter les messages, il faut répondre aux inquiétudes [...]. Il y a des messages auxquels il faut savoir dire qu'ils sont irréalisables.

> A l’occasion du 23e Conseil des ministres franco-allemand ce dimanche à l’Elysée, nos deux pays se sont engagés à développer la mobilité transfrontalière des travailleurs et des apprentis.
Les 60 ans du Traité de l’Elysée marquent ainsi la relance d’une coopération étroite entre la France et l’Allemagne en matière de travail et d’emploi, moteur de l’Europe sociale.

 

Pap Ndiaye (ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> Je souhaite que les échanges et les projets entre les lycées et les établissements d'enseignement supérieur se multiplient : dès la seconde, les élèves doivent pouvoir préparer progressivement leur orientation afin de réussir leurs études supérieures.

 

Sylvie Retailleau (ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Développement des batteries de demain, coopération sur la recherche contre l'endométriose, cursus universitaires binationaux... : le conseil des ministres franco-allemand est aussi l'occasion d'avancer avec mes homologues sur nos projets communs.

 

Christophe Béchu (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
> Cette décision de la cour de justice de l'UE va dans le sens d'une meilleure protection de l'environnement, de la qualité de l'eau et des pollinisateurs. Il est toutefois nécessaire d’accompagner les agriculteurs pour aménager des alternatives à l'usage des  néonicotinoïdes.

> L’Allemagne et la France doivent continuer d'être des moteurs de la transition écologique. Nous avons convenu de lancer un conseil écologique conjoint pour avancer sur la protection de la biodiversité, les substances chimiques ou encore la gestion de l'eau.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> Conseil des ministres franco-allemand. Des avancées notables sur l’hydrogène bas carbone et notre détermination à travailler étroitement ensemble sur la réforme du marché de l’électricité.

> Nous mettons en place un plafonnement du prix de l'électricité. J'invite toutes les TPE et PME de s'inscrire sur leur espace client.

> [Energie] Ceux qui vous disent qu'on peut sortir du marché européen sont des plaisantins.

> Si nous voulons baisser nos gaz à effet de serre, il va falloir baisser de 40% notre consommation d'énergie.

> [Coupures de courant] Si nous continuons nos efforts, nous sommes en mesure de passer l'hiver.

 

Stanislas Guerini (ministre de la Transformation et de la Fonction publiques)
> [Réforme des retraites] Je fais partie d’une majorité qui croit en la valeur travail, comme sujet de justice et comme facteur d'émancipation. Nous ne sommes pas naïfs pour autant, nous savons la pénibilité du travail. C'est pour cela que nous avons voulu une réforme juste et équilibrée.

> [Réforme des retraites] Cette réforme, nous la faisons parce qu'elle est nécessaire, d'abord pour des raisons d'équilibre financier, ce qui est une justice entre les générations.

> [Réforme des retraites] Si vous voulez être parfaitement populaire, vous ne faites pas de réforme des retraites. Notre responsabilité est de porter les réformes nécessaires et justes pour les prochaines générations, sinon mécaniquement les pensions vont baisser.

> [Réforme des retraites] Un système déséquilibré c’est la rupture du pacte entre les générations. Avec cette réforme des retraites, nous le préservons tout en restant l'un des systèmes les plus généreux d'Europe.

> [Réforme des retraites et fonction publique] Nous allons appliquer de façon symétrique les évolutions de paramètres, à la fois sur le recul de l'âge de l'ouverture des droits et sur l'accélération de la durée de cotisation. Ces mesures s'appliqueront à tous les actifs.

> [Réforme des retraites] Nous avons décidé de conserver les fondamentaux du système de retraites pour les fonctionnaires (...) avec des mesures pour améliorer la gestion des carrières.

> [Réforme des retraites] Nous intégrerons dans le projet de loi la création d'un fonds de prévention et d'usure professionnelle dédié aux soignants de la fonction publique (...) Ce seront 100 millions d'euros par an qui seront engagés.

 

Olivier Véran (ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement)
> [Réforme des retraites] Temps de débats sur les retraites en première lecture à l’Assemblée nationale :
- Réforme de 2010 : 9 jours.
- Réforme de 2014 : 7 jours.
Pour notre projet, les députés disposeront de 20 jours pour enrichir le texte. Puis le texte ira au Sénat. Non à l'obstruction, oui au débat !

> [Réforme des retraites] Déficit record, hausse des impôts, baisse des pensions de nos retraités : pour éviter les scénarios catastrophes dans 10 ans, nous devons agir maintenant pour préserver notre système de retraite.

> [Réforme des retraites] Nous sommes ouverts à toutes bonnes idées de l’opposition pour améliorer notre projet pour les retraites. Notre seule condition : pas d’augmentation d’impôts et la garantie que notre système soit équilibré en 2030.

> [Réforme des retraites] Notre système de retraite par répartition, c’est l’inverse du chacun pour soi. C’est l’exemple même de faire Nation. Cette solidarité entre les générations, entre ceux qui travaillent et ceux qui ont travaillé toute leur vie, nous devons la préserver.

> Pour faire face à l’urgence climatique, nous écoutons les jeunes. Ils étaient 200 ce dimanche à nous partager leurs idées. Leurs propositions ont été entendues : elles serviront à construire notre future loi sur l’énergie et le climat.

 

Gabriel Attal (ministre délégué chargé des Comptes publics)
> [Réforme des retraites] Après notre réforme, la France restera un des pays en Europe où l'âge légal de départ est le plus faible et je rappelle que 4 Français sur 10 partiront avant 64 ans.

> [Réforme des retraites] Les oppositions qui appellent au referendum, on voit la manœuvre. C'est pour éviter le débat au Parlement, éviter de présenter une contre-réforme, ses modalités.

Aujourd'hui, les femmes sont victimes d'inégalités dans la carrière. (...) Ces inégalités se traduisent au moment de la retraite. Dans le cadre de cette réforme, on prend des mesures pour corriger ces inégalités.

> [Réforme des retraites] La retraite à 60 ans de la France insoumise, c’est 85Mds€, ça fait 3000€/an de salaire en moins par français. Le RN ne veut pas supprimer les régimes spéciaux mais veut supprimer le compte pénibilité. Injustices à tous les étages.

> Sous la présidence Emmanuel Macron, le budget du ministère de l’égalité femme-homme aura doublé. On renforce aussi massivement les moyens de la justice, de la police, pour mieux former et recueillir les plaintes. L’enjeu c’est aussi l’Education et Pap Ndiaye en fait une priorité.

 

Clément Beaune (ministre délégué chargé des Transports)
> [Réforme des retraites] On a un bon équilibre. Les régimes spéciaux, c’est un contrat social historique. Cette réforme a déjà été faite à la SNCF. Le report de l’âge légal, il s’applique partout.

> [Service minimum en cas de grève dans les transports en commun]  On peut améliorer le système. La réquisition, c’est le dernier recours quand un blocage menace le fonctionnement vital du pays”, rappelle le ministre. Il dit vouloir “des délais d’anticipation plus grands” et assume de vouloir faire rouler plus de trains lors des grèves.

> [Transports franciliens] Je sais que c’est la galère. C’est une situation extrêmement difficile. Il y a une pénurie massive de conducteurs et de chauffeurs”, souligne Clément Beaune. “L’engagement pris, c’est qu’on revienne à la situation normale au début du printemps.

> [Interdire les trottinettes en libre-service] Comme ministre des Transports, je ne souhaite pas avoir une mesure nationale d’interdiction. À titre personnel, je ne suis pas favorable à l’interdiction. On annoncera un plan de régulation dans les prochaines semaines.

> [Zone à faible émission] Je le redis : le calendrier des ZFE est dans les mains des collectivités locales”, rappelle Clément Beaune. “On assume qu’il y ait des ZFE, c’est nécessaire. L’Etat a mis des aides en place.

 

Charlotte Caubel (secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> [La France rapatrie 32 enfants détenus dans les camps de prisonniers jihadistes en Syrie] Il est de notre devoir de protéger ces enfants. Confiés par l’autorité judiciaire à l’aide sociale à l’enfance, ils bénéficient dans notre pays d’un suivi médical et adapté à ce qu’ils ont vécu. Tous les services compétents sont mobilisés pour qu’ils retrouvent une vie normale.

 

Laurence Boone (secrétaire d’Etat chargée de l'Europe)
> Simplification des procédures, accélération de l’action et appropriation par les citoyens : c’est le triple objectif que nous nous sommes fixé lors de la première réunion du groupe de travail franco-allemand sur les institutions européennes, que j’ai présidé avec Anna Luehrmann
Douze experts français et allemandes vont travailler à des propositions concrètes pour que les institutions de l’Union gagnent en efficacité et garanties démocratiques, et qu’elles soient adaptées au prochain élargissement.

> L'Europe a réussi à réduire sa dépendance aux énergies fossiles russes ; elle ne l'a pas supprimée. L'Europe a fait plusieurs choses : elle a réduit sa consommation, elle a fait des plans de solidarité, et elle a préparé l'avenir avec des directives qui vont permettre de construire beaucoup plus d'énergies renouvelables. (…)
Il faut garder le cap, qui est celui d'assurer à la fois la sécurité de nos approvisionnements, des prix peu élevés et la transition énergétique. Et ce cap de transition, on ne le perd pas. Ce qui s'est passé cette année, ce doit être un cri d'alarme pour que nous accélérions sur la transition, tout en faisant très attention aux prix pour protéger les entreprises et pour protéger les ménages.

> Il faut se féliciter que tout le monde travaille à cette transition énergétique. Ensuite, il faut être très clair, il y a un écart de compétitivité entre les Etats-Unis et l'Europe à cause des prix de l'énergie et à cause de l' "Inflation Reduction Act" américain. Quelle doit être la réponse européenne ? Trois choses : on veut un choc de simplification, nos procédures pour permettre la transition sont trop longues, trop compliquées ; l'Inflation Reduction Act c'est très simple, très rapide, avec des crédits d'impôt. Donc un choc de simplification. Un choc stratégique : investir plus et mieux dans les secteurs de la transition, donc c'est tout ce qui est technologies numériques, technologies énergétiques, et puis aussi la santé. Et un choc, ensuite, européen : nous voulons préserver des conditions équitables et un environnement sain pour les affaires dans toute l'Europe ; et ça, c'est des financements européens. Simplification, stratégie, financements européens.

> Avec cet Inflation Reduction Act, la réponse européenne elle doit venir d'elle-même. Ça doit être à nouveau un cri d'alarme, un réveil, pour que nous ayons un plan industriel de transition énergétique beaucoup plus important. C'est pourquoi, en écho à ce que disait la présidente de la Commission mardi, avec le Président et la ministre de l'énergie, ce plan en trois points de simplification, d'investissements stratégiques et de financements européens doit absolument être poursuivi. C'est ce qui nous permettra d'être concurrents à parts égales, sur un pied d'égalité, avec les Etats-Unis.

> Depuis le début de cette année, l'Union européenne s'est dotée d'un instrument qu'on appelle «antisubventions». Il consiste en deux choses : si on peut prouver qu'un gouvernement subventionne, j'allais dire, de façon excessive, une industrie comme celle des véhicules électriques, alors l'Union européenne taxera ces entreprises à leur entrée sur le marché européen, et restaurera donc des conditions de concurrence saines et loyales.

> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] C'est sûr, l'agression de la Russie en Ukraine est horrible et une horreur pour les Ukrainiens. Nous devons absolument tout faire pour les soutenir, comme nous l'avons fait pour le début. C'est évident que c'est sur le continent, avec le prix de l'énergie, que nous souffrons le plus. Maintenant, je voudrais dire deux choses : la première, c'est que nous avions beaucoup d'inquiétude à l'entrée dans l'hiver 2022-2023. Avec la réduction de la demande, avec toutes les mesures mises en place en Européens, nous avons passé un hiver sans souci de provisions d'énergie, et les prix du gaz sont aujourd'hui revenus à ce qu'ils étaient avant la guerre. Donc on a fait la preuve pour l'hiver 2022-2023. Nous ne sommes pas tout à fait sortis du bois, nous avons l'hiver 2023-2024 ; il faut que nous continuions sur ces efforts. Mais si nous continuons comme nous l'avons fait, il n'y aura pas de récession.

 

Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Je salue l’envoi par l’Union européenne d’une nouvelle mission d'observateurs à la frontière arménienne. Renforcer la sécurité, restaurer la confiance : deux conditions nécessaires pour la paix que l’Europe s’honore de favoriser.

> Climat, énergie, jeunesse, égalité : oui, nos Assemblées ont leur mot à dire sur l’avenir de l'Europe ! Parce que la France et l'Allemagne doivent continuer à jouer un rôle moteur sur tous les sujets, nous signons une déclaration commune ambitieuse !

> Le traité de l’Élysée était un acte de paix et un projet d’avenir. Depuis, l'amitié entre nos deux pays n'a fait que croître. Et nos Assemblées y contribuent pleinement. Députés français et allemands , nous sommes réunis dans l'hémicycle pour voir plus loin encore.

> Enfant, j'ai entendu des mots allemands pour exprimer l’amour de ma grand-mère à sa petite-fille et l’espoir d’une vie heureuse en Europe. Qu’elle serait heureuse de nous voir unis aujourd'hui, grâce à l’esprit de responsabilité qui a su prévaloir entre nos deux pays.

> L’esprit qui anime notre partenariat franco-allemand ignore le pessimisme et la morosité. Quand d’autres se réfugient dans le protectionnisme, nous disons : concertation, confiance et initiatives communes.

> A travers Simone Veil, c'est la mémoire d'une grande européenne que nous saluons au Panthéon avec mon homologue allemande. La mémoire d'une femme de convictions et d’action exemplaire. A nous de continuer aujourd'hui à porter le flambeau de ses combats.

 

Partis politiques

● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

> [Réforme des retraites] Les femmes gagneront plus. Elles seront aussi les grandes gagnantes du minimum retraite à 1200 € : 60% des bénéficiaires seront des femmes. Notre réforme va enfin réduire les écarts de pensions entre hommes et femmes.

 

Stéphane Séjourné (Secrétaire général & président du groupe Renew Europe au Parlement européen)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] On est dans une aide à l'Ukraine qui nécessite plus de matériel militaire. On essaie de le faire à 27, justement pour se protéger et avoir une réaction internationale.

> [Réforme des retraites] Extrême gauche et extrême droite prétendent que la réforme des retraites serait issue d'un « deal » entre le Gouvernement et la Commission européenne pour bénéficier du plan de relance européen. C'est faux. Et c'est même complètement absurde.

> [Réforme des retraites] La durée du temps de travail et plus largement la place du travail dans notre société sont des débats légitimes mais ce n'est pas la question posée aujourd'hui. Concentrons-nous sur les objectifs de la réforme : préserver le système par répartition corriger ses inégalités.

> [Réforme des retraites] Aujourd'hui les actifs dès 16-18 ans partent parfois en retraite après avoir cotisé 45 ans. Le dispositif pour carrières longues les protégera. S'il y a des « trous dans la raquette », c'est aux parlementaires de les raccommoder, tout en veillant à l'équilibre à horizon 2030.

> [Réforme des retraites] Le Président du COR a raison de rappeler que les dépenses vont se stabiliser. Mais dans le même temps, ses recettes baissent. Son rapport est formel : sur 25 ans, le système de retraite serait en moyenne déficitaire, quels que soient la convention et le scénario retenus.

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Les chars lourds sont nécessaires à l’Ukraine pour mener une contre-offensive efficace contre l’armée russe. Accompagnons nos partenaires allemands sur le chemin de la livraison des Léopard 2. Ne manquons pas ce rendez-vous.

 

Maud Bregeon (députée)
> [Réforme des retraites] Avant d’être élue députée, j’étais salariée des Industries Électriques et Gazières. Est-ce que certains travaillent dans des conditions parfois difficiles ? Oui. Est-ce qu’il est légitime que tous, cadres compris, aient accès au régime spécial de retraite associé ? Non.

 

Prisca Thévenot (députée)
> Unis face au cancer du col de l’utérus ! Tous les ans, 1000 femmes en meurent. Face à ce constat et à notre retard sur la vaccination HPV, j’ai porté un amendement (voté largement) pour permettre aux pharmaciens biologistes médicaux de réaliser les dépistages de prévention.

 

● MoDem
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> Célébration des 60 ans du traité de l’Élysée scellant la réconciliation de la France et l’Allemagne. Une nouvelle page doit s’ouvrir : celle de la refondation. La solidité de l’amitié franco-allemande sera clef pour renforcer notre Europe et relever les innombrables défis.

> A l’heure où le renforcement de l’Union européenne est une impérieuse nécessité, certains discours font mal. Mais une large majorité, de part et d’autre le Rhin, est déterminée à utiliser le levier de la diplomatie parlementaire pour œuvrer en faveur d’une Europe puissance.

 

Erwan Balanant (député)

> [Délit de harcèlement scolaire] La loi a un an, avec une effectivité qui date de la rentrée. Voter des lois c'est une étape, on a l'appareil juridique nécessaire, maintenant il va falloir massifier les moyens dans toutes les écoles de notre pays.

> En tant que parlementaire, on a la chance de pouvoir aller dans les prisons pour contrôler. Et je peux vous le dire : c'est terrible. Il faut qu'on ait des actions politiques fortes sur le sujet pour de meilleures conditions.

> [Justice] Une fois qu'on a parlé du budget, il faut parler de réorganisation et de moyens qui soient affectés au bons endroits. Les états généraux de la Justice et le président Sauvé ont fait un travail remarquable de priorisation.

 

Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] La question qui se pose aujourd’hui, c’est celle de l’envoi de chars en Ukraine parce que c’est la demande que font les autorités ukrainiennes. Il n’y a pas de temps à perdre parce qu’il y a des vies qui sont en train d’être perdues.

> Il y a une situation terrible en Iran avec un régime qui tire sur son peuple, en particulier sur sa jeunesse. Puis il y a une complicité des Gardiens de la Révolution avec des mouvements violents de déstabilisation qui ne datent pas d’hier.

> La première ingérence étrangère hostile en Europe reste la Russie, servie par ses alliés d’extrême-droite, qui n’ont rien changé depuis le début de l’agression contre l’Ukraine.

> Les Etats-Unis, comme le Parlement européen, réclament que l’Azerbaïdjan mette fin immédiatement au blocus du corridor de Latchine qui coupe du monde les populations arméniennes du Haut-Karabakh.

> L’Union européenne prend la décision en faveur de laquelle je plaidais en créant une mission pérenne en Arménie. Je me réjouis que la France ait décidé d’y participer.

> A mon initiative, le Parlement européen s’était prononcé dès 2021 sur le groupe Wagner. Ceux qui s’associent à lui s’associent à des criminels. « D’une milice à une armée» : pourquoi Wagner est désormais considéré comme une «organisation criminelle».

 

Bernard Guetta
> [Opinion : «Le jour d’après]
Elles ne sont pas à rejeter mais à prendre en compte, ces craintes. L’une est qu’en livrant des armes à l’Ukraine, Américains et Européens ne puissent entrer dans l’engrenage d’une Troisième guerre mondiale. L’autre est qu’en s’abstenant d’appeler les Ukrainiens à un compromis territorial avec la Russie, les Occidentaux ne laissent de place qu’à la guerre, au détriment de la diplomatie.
Entre les lignes ou clairement exprimées, les deux s’entendent et se lisent aux Etats-Unis et dans bien des pays de l’Union. Un ancien secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, vient de les formuler dans les colonnes du Monde mais, d’emblée, une question. Où en seraient les 27 Etats de l’Union et l’ensemble des Démocraties si le renseignement américain et les premières livraisons d’armes européennes, improvisées mais immédiates et décisives, n’avaient pas empêché Vladimir Poutine de prendre Kiev ?
Toute l’Ukraine serait occupée. Volodymyr Zelensky aurait été assassiné. Poutine aurait trouvé son Quisling et, conforté dans sa croyance en la décadence de l’Occident et sa lâcheté, il aurait bientôt annexé l’Ukraine et le Belarus à la Fédération de Russie en leur donnant un statut d’Etats associés. Il n’aurait alors pas eu besoin de reconquérir les Pays baltes qui, preuve étant faite que les Démocraties ne défendent pas la démocratie, n’auraient pas eu d’autre choix que de s’aligner sur Moscou ou d’être soumis par la force.
La Russie serait, en un mot, devenue la puissance dominante du continent puisque les Etats-Unis auraient acté leur désengagement et que l’Union aurait dû renoncer à toute Défense commune devant la montée des volontés d’apaisement et de neutralisme. Ne parlons pas même des conséquences que ce triomphe de Vladimir Poutine aurait eu en Afrique, en Amérique latine et, avant tout, en Chine où Xi Jinping s’en serait trouvé encouragé à lancer ses armées contre Taiwan et à risquer, pour le coup, un affrontement direct avec les Etats-Unis.
Non, restons en Europe et dans la seule Ukraine car que s’y passerait-il maintenant si les Occidentaux, comme tant des Républicains et certains Européens le souhaitent, arrêtaient ou restreignaient leurs livraisons d’armes ? La réponse est que l’Union européenne se déferait vite et qu’à cette immense victoire de M. Poutine s’en ajouterait aussitôt une autre puisque les Ukrainiens ne seraient plus en situation de continuer à libérer leurs territoires et n’auraient, au contraire, bientôt plus assez de munitions pour faire face à une reprise de la progression russe qui menacerait à nouveau Kiev.
Le jour où l’on en serait là, Vladimir aurait eu le temps de réorganiser ses troupes et de les réarmer. Il aurait repris espoir et les Démocraties se retrouveraient, rancœurs et déchirements en plus, dans la situation qu’elles avaient su éviter en février, lorsqu’elles avaient empêché Vladimir Poutine de l’emporter en Ukraine et, par voie de conséquence, dans toute l’Europe.
On ne voit pas qui pourrait le souhaiter à part MM. Poutine, Xi Jinping, Khamenei et quelques autres de ceux qui haïssent le plus la démocratie mais la Troisième guerre mondiale ? En continuant d’armer l’Ukraine et lui permettant de contraindre les mercenaires et l’armée russes de reculer vers les frontières de la Fédération, irait-on vraiment jusqu’à l’engrenage nucléaire ?
Alors, de deux choses, l’une. Ou bien le président russe est réellement susceptible d’aller jusqu’à faire sauter la planète et il n’est certainement pas recommandé de laisser un tel homme l’emporter ou bien il n’est pas assez fou pour sacrifier le genre humain à son désir d’empire et il faut instaurer le rapport de forces qui l’amènerait à la table des négociations.
Dans le premier cas, il faut donner à voir aux services secrets, à l’armée et à l’argent russes qu’ils doivent au plus vite se débarrasser d’un tel danger public et les en convaincre en donnant aux Ukrainiens tous les moyens d’écraser l’agresseur et de le chasser de leur pays. Dans le deuxième cas, le plus probable bien sûr, c’est à Poutine lui-même et à l’ensemble de son régime qu’il faut donner le choix entre une débâcle totale et la recherche d’une issue honorable. Dans l’un comme l’autre cas, il ne faut donc surtout pas limiter les livraisons d’armes à l’Ukraine mais cela signifie-t-il qu’il n’y ait pas là de place pour la diplomatie ?
Tout dépend de ce que ce mot signifierait aujourd’hui.
Si l’on veut dire par là qu’il faudrait conduire les Ukrainiens – et en réalité les y obliger – à abandonner à M. Poutine le Donbass en plus de la Crimée, attention ! Ce serait tout simplement lui reconnaître une victoire qu’il n’a pas remportée et lui donner le temps, comme en 2014, de digérer ses conquêtes et d’en envisager d’autres. Cette diplomatie-là ne mènerait qu’à offrir au président russe les conditions les plus favorables possibles à un conflit de plus grande ampleur mais la diplomatie pourrait signifier tout autre chose.
Il faut voir grand. Il faut cesser de penser à négocier les frontières de l’Ukraine à la place des Ukrainiens, leur donner les moyens de défaire l’agresseur et, dans le même temps, proposer à la Russie les grandes lignes de ce que devraient être demain, l’Ukraine ayant été libérée, les conditions politiques, économiques et militaires d’une stabilisation du continent permettant une coopération pacifique de tous les Etats le constituant.
La diplomatie ne doit pas aujourd’hui consister à chercher à amadouer un agresseur qui n’a fait, depuis onze mois, qu’accumuler défaites, crimes et humiliations, mais à ébaucher la paix qui suivra la guerre. Il nous faut solennellement rappeler à la Russie que ni l’Alliance atlantique ni l’Union européenne n’ambitionnent de violer ses frontières internationales et lui faire clairement comprendre qu’aussitôt qu’elle aura renoncé à asservir, martyriser et fractionner l’Ukraine, elle trouvera toute sa place dans le continent auquel elle appartient.
Jusque dans les antichambres du Kremlin, beaucoup de gens pourraient comprendre à Moscou qu’un destin de partenaire de l’Union est infiniment préférable pour la Russie à celui de vassal de la Chine. Peut-être Poutine lui-même le pourrait-il lorsqu’il il verra la débâcle menacer de l’emporter. Il faut tout à la fois combattre l’agression et parler à la Russie. Il faut permettre à l’Ukraine de gagner la guerre et ouvrir aux Russes l’horizon d’une paix pérenne à laquelle aspire notre continent commun, de Lisbonne à Vladivostok.