jeudi 8 décembre 2016

Actualités du Centre. L’UDI disparaîtra ou disparaîtra pas?!

Le triste spectacle d’un petit parti politique en train de se déchirer et d’aller tout droit à sa mort, assassiné par de médiocres ambitions personnelles et d’inimitiés infantiles, voilà ce que voudrait éviter un certain nombre d’élus de l’UDI alors qu’Hervé Morin a convoqué pour ce dimanche 11 décembre un congrès extraordinaire du Nouveau centre sensé créer une nouvelle formation politique (et donc son retrait de la confédération UDI) même si une réunion au sommet des dirigeants de la même UDI, mardi 6 décembre, semble dire le contraire!
Personne n’y comprend d’ailleurs plus rien puisqu’après cette réunion, un des acolytes de Morin, Maurice Leroy, député du Cher, affirmait le lendemain sur les ondes qu’il fallait chasser Jean-Christophe Lagarde de la présidence de l’UDI et n’évoquait absolument pas un quelconque compromis ou un retrait de la création d’un nouveau parti.
Pour autant, une délégation de l’UDI (ou ce qu’il en restera) devrait rencontrer François Fillon la semaine prochaine pour discuter alliance en vue des législatives en contrepartie d’un soutien de la formation centriste au candidat LR et dans laquelle se trouveront, ensemble, Lagarde et Morin…
Si les centristes de l’UDI voulaient passer pour des idiots, ils n’agiraient pas autrement.
C’est la raison pour laquelle quarante députés et sénateurs centristes ont publié un appel à l’unité, conscients que l’UDI ne représente déjà pas grand-chose mais que les micro-partis qui la constitue ne vaudrait plus rien sur la scène politique française.
Voici le texte de leur appel à l’unité, intitulé «En 2017, empêchons l'atomisation du Centre»:
«Nous, députés et sénateurs de l'UDI, appelons à l'unité de la famille centriste et refusons son atomisation.
Une nouvelle fois, depuis quelques jours, les centristes français offrent à nos concitoyens le triste spectacle de leurs divisions alors qu'il n'existe pas de divergence idéologique ou stratégique.
Nous refusons la séparation, le divorce de nos mouvements en partis et micro-partis qui seraient autant de "confettis" de la vie politique française, bien loin des attentes de nos concitoyens et des enjeux auxquels notre pays doit faire face. Chacun considérant en effet, à tort, que sa parole personnelle est plus forte qu'un véritable mouvement collectif construit autour d'un socle de valeurs solides et majoritairement partagées.
L'histoire du Centre en France est rythmée de périodes d'unification, plus ou moins longues, et de séquences de balkanisation.
L'objectif de l'UDI était d'y mettre fin pour lui offrir visibilité et crédibilité, comme le déclarait Jean-Louis Borloo lors de notre congrès fondateur : "Faute de discipline, notre famille s'est dispersée et n'a plus rempli son devoir au service de notre pays. Quel gâchis!".
Quatre années plus tard, nous refusons de revivre ce gâchis, nous refusons d'entrer dans une nouvelle phase d'atomisation du Centre!
La France est traversée par des fractures profondes, elle doit faire face à une crise économique et sociale, à des rapports de force internationaux bouleversés et à une menace terroriste inédite.
Plus que jamais, nos compatriotes ont besoin de responsables politiques à la hauteur des enjeux !
Nous sommes convaincus qu'un centre atomisé n'a aucun avenir et n'apportera rien d'autre à la France qu'un lot supplémentaire de divisions et de querelles d'égos. Nous appelons à son unité.
A la devise "diviser pour régner", ne substituons pas celle mortifère du "diviser pour disparaitre"...
Soyons dignes de la famille de pensée que nous représentons et unissons nos forces, autour de nos instances nationales, pour porter un message d'espérance devant nos concitoyens et préparer une alternance dans laquelle l'UDI doit prendre toute sa place.
A la veille d'échéances électorales majeures, la famille centriste doit au contraire se rassembler au sein de l'UDI, notre maison commune!
"La France est notre pays, l'Europe est notre frontière et notre destin, le monde est notre vision" disait Jean-Louis Borloo il y a 4 ans.
Faisons de cette phrase notre devise et portons-la tous ensemble fièrement devant les Français!»
Dans les signataires, on reconnait des personnalités de l’espace centriste comme André Santini, député-maire d’Issy-les-Moulineaux et ancien ministre, mais aussi des membres du Nouveau centre comme Philippe Vigier, président du groupe UDI à l’Assemblée nationale, Yves Jégo, député et ancien ministre, Chantal Jouanno, députée et ancienne ministre, Valéry Létard, députée et ancienne ministre, Jean-Marie Bockel, député et ancien ministre et des soutiens de François Fillon du premier tour de la primaire LR comme François Zocchetto, président du Groupe Union centriste au Sénat.
Reste à savoir l’impact qu’aura cet appel aux yeux de ceux qui veulent absolument torpiller l’UDI et ce depuis sa création.



L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Non, madame Le Pen, vous n’êtes pas au centre

Lors de son passage à TF1, mercredi soir, Marine Le Pen a déclaré qu’elle et son parti étaient au centre de la politique française.
Selon elle tout le monde politique tourne autour de sa candidature et de ses propositions.
La référence au centre était ici subtile parce qu’elle a pu être comprise par les téléspectateurs comme étant une simple description d’une situation où les autres candidats se positionnent par rapport aux idées du FN et passent leur temps à en parler pour les critiquer ou les soutenir.
Une façon également de montrer la prééminence des idées d’extrême-droite dans le débat politique français où, désormais, la ligne de partage idéologique passerait entre ceux qui sont pour et ceux qui contre celles-ci.
Or ce n’est pas uniquement cela, bien au contraire.
Ce serait en effet faire fi de toutes les déclarations de Marine Le Pen dans lesquelles frontalement ou en biais, elle a souvent évoqué le positionnement soi-disant au centre de sa candidature à l’Elysée.
En point d’orgue, il y a eu cette fameuse interview qu’elle a donnée en septembre 2013 au magazine américain The Atlantic et dans lequel elle déclarait sans rire «We are in the center» (nous sommes au centre)!
Elle avait même ajouté qu’elle se situait à la «gauche d’Obama» (I’m to the left of Obama).
Prière surtout de ne pas rire.
Bon, vous l’avez fait mais nous ne devons vraiment pas prendre ces propos à la légère.
Car la candidate d’extrême-droite, dans sa tentative de dédiabolisation entreprise depuis plus de trois ans veut passer pour une personne consensuelle et rassurante face à des formations politiques énervées qui ne seraient que dans une logique partisane et clientéliste.
Ce message centriste de Marine Le Pen va donc être distillé de façon plus ou moins subliminale pendant toute la campagne comme il l’a été hier soir lorsqu’elle a critiqué François Fillon pour la casse sociale que son programme allait causer s’il est élu en 2017, tentant de le rejeter à se droite.
C’est contre cette supercherie odieuse que tous les démocrates et plus particulièrement les centristes doivent se battre et ils doivent constamment et sans relâche la dénoncer.
Heureusement, diront certains, le FN ne peut s’empêcher d’envoyer d’autres messages qui, eux, ne prêtent pas à confusion dans leur extrémisme et leur scélératesse.
C’est vrai mais c’est là aussi que se situe le danger.
En se posant en candidate d’une force tranquille comme le fit François Mitterrand en 1981 alors que nombre des 110 propositions du candidat du PS ne l’étaient pas (mais lui avait au moins un Jacques Delors pour le faire revenir à la raison), elle permet à certains qui n’auraient pas voté pour elle par le rejet de beaucoup de ses prises de position et du comportement de son père, de trouver qu’en réalité elle est tout à fait acceptable.
Or, il faut le dire, la seule façon que Marine Le Pen et le FN puissent se retrouver au centre de l’échiquier politique, c’est qu’il n’y ait plus face à elle qu’un parti de droite radicale à sa gauche et un parti nazi à droite!
C’est sans doute son rêve.
Faisons en sorte que cela ne devienne jamais le cauchemar de la France.