vendredi 29 décembre 2023

Actualités du Centre. Pour Macron, la transition écologique ne peut réussir que si on lutte en même temps contre les inégalités


Dans une tribune publiée par Project-syndicate le 27 décembre, Emmanuel Macron estime qu’au niveau mondial l’on ne pourra réussir à protéger la planète en matière environnementale que si on s’attaque en même temps à la pauvreté.

Et effectivement, le Président de la république a raison car, comme il l’explique, «aucun pays n’acceptera de placer sa population dans l’impasse sociale et économique pour protéger la planète».

Pour parvenir à cet objectif ambitieux et a priori quasi-inatteignable en l’état actuel de l’activité économique des différents pays de la planète, il propose une stratégie reposant sur sept piliers:
- Sortie des énergies fossile pour les pays les plus avancés;
- Traitement en priorité de la menace du charbon;
- Mise au service de l’Accord de Paris de la finance privée et du commerce;
- Création des conditions d’un choc financier pour aider les pays les plus vulnérables à financer leur transition, à accéder aux technologies vertes et à s’adapter au changement climatique;
- Construction des bases d’une « bioéconomie » pour rémunérer les services rendus par la nature;
- Protection de l’océan, premier puit de carbone;
- Réforme de la gouvernance du système de Bretton Woods, à commencer par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

 

Voici la tribune d’Emmanuel Macron:
«Protéger la planète et lutter contre les inégalités, en même temps : pour un nouveau Pacte mondial face à ces défis»
La poursuite de la guerre en Ukraine et la situation au Proche Orient suite à l’attaque terroriste du Hamas et les bombardements à Gaza ne doivent pas nous faire dévier des priorités qui sont les nôtres : réduire nos émissions de C02, viser la neutralité carbone en 2050, sauver notre biodiversité et lutter contre la pauvreté et les inégalités.
C’est cette doctrine que nous déclinons à l’international, à travers le Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète et les sommets One Planet. La clé de voûte de cette stratégie, c’est que nous devons accélérer en même temps sur le plan de la transition écologique et de la lutte contre la pauvreté, car aucun pays n’acceptera de placer sa population dans l’impasse sociale et économique pour protéger la planète.
Cette stratégie repose sur 7 piliers :
1) Les pays les plus avancés, qui sont aussi ceux qui ont le plus émis de C02 depuis la révolution industrielle, doivent sortir des énergies fossiles. Cet objectif n’est pas négociable si nous voulons tenir les objectifs de l’Accord de Paris. La science fixe la trajectoire : nous devons sortir du charbon en 2030, sortir du pétrole en 2045 et sortir du gaz en 2050. Dans cette catégorie, les pays du G7 ont une éminente responsabilité, mais la Chine est également concernée, parce qu’elle est désormais le deuxième pays émetteur sur le plan historique et qu’elle est dans la moyenne du G7 en termes d’émissions de C02 par habitant.
2) Traiter en priorité la menace du charbon. Aujourd’hui, c’est 2000 Gigawatt de capacités installées qui émettront, à elles seules, suffisamment de C02 pour nous faire dépasser les 1.5°C. Alors que l’AIE préconise de retirer 92GW/an, c’est 500 Gigawatt de capacités additionnelles qui sont en planification. Là encore, le G7 a une responsabilité, celle de sortir du charbon dès 2030 (la France le fera, dès 2027). Les émergents ont aussi une responsabilité, car ils sont les plus grands consommateurs de charbon. Dans ces pays, nous devons accélérer le financement des énergies renouvelables mais aussi de l’énergie nucléaire dont le rôle est clé car il s’agit d’une énergie à la fois pilotable et décarbonée.
3) Mettre la finance privée et le commerce au service de l’Accord de Paris. Le coût de l’investissement doit être à l’avenir plus élevé pour un acteur qui s’engage dans le secteur fossile. Nous avons besoin d’un taux d’intérêt vert et d’un taux d’intérêt brun. Cela vaut aussi pour le commerce : nous avons besoin d’une clause climatique dans nos accords commerciaux, car nous ne pouvons pas à la fois imposer le verdissement à nos industries et libéraliser les échanges de produits polluants à l’international.
4) Créer les conditions d’un choc financier pour aider les pays les plus vulnérables à financer leur transition, à accéder aux technologies vertes qui sont les nouveaux facteurs de croissance, et à s’adapter au changement climatique. Cela suppose d’aller au-delà de la traditionnelle « aide publique au développement » et de faire pour les pays vulnérables ce que les pays riches ont fait pour eux-mêmes suite à la Covid19, à savoir mener une politique budgétaire et monétaire non-orthodoxe.
Nous avons d’ores et déjà des résultats : en deux ans, nous avons débloqué plus de 100Mds $ de « droits de tirage spéciaux » du FMI pour les pays vulnérables, comme nous en avions pris l’initiative à Paris au printemps 2021. En activant cet « actif dormant », nous débloquons des prêts sur vingt ans à taux d’intérêt proche de zéro pour financer l’action climatique et la préparation face aux pandémies dans les pays les plus pauvres. Nous avons commencé à changer les règles de la dette pour suspendre les paiements en cas de choc climatique dans les pays les plus fragiles. Nous avons changé le mandat des banques multilatérales de développement, comme la Banque mondiale, pour qu’elles prennent plus de risques et qu’elles mobilisent davantage l’argent privé.
Nous allons continuer ce travail, y compris dans le cadre du nouveau fonds sur les pertes et préjudices, où il nous faut mobiliser, au-delà des financements publics, de nouveaux mécanismes d’assurance privée face au risque climatique. Nous partirons des besoins spécifiques des pays les plus touchés : dès le premier semestre 2024, la France signera avec le Bangladesh un premier paquet pour l’adaptation au changement climatique et les pertes et préjudices, avec un investissement de l’agence française de développement de 1 milliard d’euros, et de nouveaux prêts du FMI débloqués grâce aux droits de tirage spéciaux, à hauteur de plus d’un milliard de dollars.
Cela suppose d’identifier aussi des mécanismes de gouvernance à l’échelle mondiale sur les défis les plus vitaux qui vont s’imposer dans les prochaines décennies, à commencer par celui de l’accès à l’eau : la France et le Kazakhstan organiseront à ce sujet un sommet One Planet en marge de la prochaine AGNU en septembre 2024.
5) Construire les bases d’une « bioéconomie » qui rémunère les services rendus par la nature. C’est clé, car la nature est notre meilleure technologie pour séquestrer le carbone à grande échelle. Les pays qui disposent des plus grandes réserves de carbone et de biodiversité, notamment dans les trois grands bassins de forêts tropicales, doivent obtenir beaucoup plus de ressources en échange de la conservation de ces réserves vitales. Cela passe par des contrats pays par pays. Nous en avons d’ores et déjà lancés trois à la COP28 avec la Papouasie Nouvelle Guinée, le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo.
Cela passe aussi par une réforme en profondeur du marché volontaire pour l’échange de crédits-carbone : nous avons besoin d’une bourse internationale du carbone et de la biodiversité qui permette aux acteurs publics et privés d’organiser des échanges volontaires de crédits-carbone sur la base de critères suffisamment ambitieux pour éviter le greenwashing et rémunérer les populations locales.
Mettre la finance privée et le commerce au service de l’Accord de Paris
6) Protéger l’océan, qui est notre tout premier puit de carbone. La France et le Costa-Rica organiseront conjointement à Nice en juin 2025 la troisième conférence des Nations unies sur l’Océan, avec l’objectif d’adopter un compact pour l’Océan qui actualise le droit international, notamment sur l’interdiction de la pollution plastique et la protection de la haute mer et des fonds marins, et qui permette d’obtenir des stratégies nationales sur la protection des littoraux de la part des pays qui disposent de zones économiques exclusives.
7) Enfin, cette méthode ne pourra être appliquée par tous que si nous réformons la gouvernance du système de Bretton Woods, à commencer par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont un rôle éminent pour fixer les standards et pour financer la transition écologique à l’échelle globale. Or, quatre-vingt ans après sa création, cette architecture financière est sous-dimensionnée face à la taille de l’économie, de la population mondiale, et largement fragmentée, car nous n’avons pas ouvert la porte aux pays émergents et en développement dans la gouvernance de ces institutions. Or, nous ne pourrons pas nous mettre d’accord sur des objectifs et des financements si tout le monde n’est pas sur un pied d’égalité à la table de négociation. Nous devons donc revoir la gouvernance de Bretton Woods, et réciproquement, demander aux pays émergents de prendre leur part de responsabilité dans le financement des biens publics mondiaux.

 

 

La quotidienne centriste du 29 décembre 2023. Oui, LFI fait monter le RN pour s’emparer du pouvoir


Quand Eric Coquerel, député «insoumis» et fan(atique) mélenchoniste dit au micro de franceinfo, sans doute sans penser exactement aux implications de ses propos, que «la montée de l‘extrême droite peut favoriser une gauche qui se rassemble, même si elle a été divisée avant», il dévoile toute la stratégie de chaos organisé, menée par LFI sous la direction de Jean-Luc Mélenchon depuis l’élection d’Emmanuel Macron, stratégie qui a connu un emballement depuis la réélection de ce dernier en 2022 et sa majorité relative à l’Assemblée nationale.

Il valide toutes les analyses, dont les nôtres, faites sur le comportement des élus LFI et de leur gourou, non pas seulement profiter de la montée du RN pour organiser un front commun de la gauche sous la direction du parti d’extrême-gauche, mais contribuer à cette montée afin de constituer une résistance à l’extrême-droite qui, le jour où cette dernière accèdera au pouvoir, permettra de mener une action révolutionnaire pour tenter de s’emparer du pouvoir.

Que cette stratégie soit sérieuse ou fantaisiste et émane d’un cerveau dérangé – celui de Mélenchon –, elle est une réalité que l’on peut constater tous les jours et que certaines déclarations, comme celle de Coquerel viennent valider.

Elle part du constat fait par les dirigeants du parti d’extrême-gauche que la victoire électorale est impossible – aucun sondage n’a jamais donné ni LFI, ni la Nupes, capables d’arriver au pouvoir par les urnes – et que, donc, il faut le conquérir de force par la violence.

Une violence qui, de toute façon, est au cœur de son idéologie qui considère que les élections dans une démocratie républicaine libérale sont illégitimes et qu’un pouvoir dictatorial d’une «avant-garde» est nécessaire pour guider le «peuple» vers une société communiste.

Cette alliance objective qui lie désormais LFI et le RN, notamment par le vote en commun de motions de censure à l’Assemblée, est un jeu de dupes où les deux extrémismes se croient, chacun d’eux, le plus malin en profitant de la niaiserie supposée de l’autre camp pour prendre le pouvoir et ensuite éliminer son partenaire de subversion.

Face à cela, l’axe central et les centristes doivent considérer que LFI et RN, extrême-droite et extrême-gauche, c’est blanc bonnet et bonnet blanc dans leur combat et leur haine des valeurs humanistes et leur vision totalitaire qui va avec.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]