dimanche 27 novembre 2016

Actualités du Centre. Morin tente une OPA sur l’UDI pour se débarrasser de Lagarde

Jean-Christophe Lagarde & Hervé Morin
Certains appelleront cela de l’indécence, d’autres un opportunisme grossier.
Mais la réaction d’Hervé Morin à la victoire de François Fillon, qu’il soutenait, et sa charge violente contre Jean-Christophe Lagarde, soutien d’Alain Juppé, n’est que la continuation de la bataille que se livrent les deux hommes depuis plusieurs années.
La haine d’Hervé Morin à Jean-Christophe Lagarde qui n’a fait que s’amplifier lorsque ce dernier l’a battu lors de l’élection à la présidence de l’UDI est connue de tout le monde.
Elle vient ainsi de monter d’un cran avec un Morin exultant d’avoir parié sur le bon cheval LR alors que son ennemi intime s’est ramassé un bouillon avec son favori.
Dans un communiqué de presse, le président du Nouveau centre n’y va pas par le dos de la cuillère en accablant le président de l’UDI.
Après avoir déclaré que «la victoire de François Fillon est sans appel» et «relève d’une vague impressionnante», il affirme que «la Droite et le Centre ont désormais un candidat et un programme» et «sont dans une situation on ne peut plus favorable pour réussir  l’alternance, remporter les prochaines élections nationales et mettre en œuvre les réformes dont la France a un besoin urgent pour se redresser et retrouver confiance dans l’avenir».
Dès lors, selon lui, «la priorité est désormais au rassemblement des familles politiques de la Droite et du centre» et il est sûr que «les centristes se mobiliseront dans cette bataille, totalement et sans ambiguïté, à l’image de l’implication des élus, des militants du Nouveau Centre et des Bâtisseurs de l’UDI durant le second tour de cette primaire».
Vient ensuite, ce que l’on pourrait appeler pompeusement son «appel de Cochin» en référence à celui que Jacques Chirac fit de son lit de l’hôpital parisien du même nom contre Valéry Giscard d’Estaing en 1978 et qui lança une offensive violente contre ce dernier pour les élections européennes, qualifiant l’UDF, la confédération centriste qui soutenait le président de la république d’alors et qui venait d’être créée, de «parti de l’étranger».
Ainsi, Morin «appelle les élus et les militants de l’UDI à tous s’engager dans cette campagne qui s’annonce difficile».
Il poursuit en estimant que «pour l’UDI l’heure est venue de s’interroger sur la conduite de notre formation politique» et plus particulièrement sur celle de son président, Lagarde évidemment.
«Alors que les militants ont voté aux deux tiers pour la non-participation à la primaire, son président a engagé, à travers son nom, l’UDI dans une campagne avec une véhémence souvent incomprise… Cela après avoir tendu la main à Emmanuel Macron début septembre».
En conséquence, Morin et ses amis «appellent à la construction d’un pilier centriste fiable, solide et loyal pour bâtir la majorité présidentielle de demain».
Cela signifie-t-il qu’Hervé Morin souhaite la mort de l’UDI ou qu’il veut tenter une OPA sur la confédération?
Sans doute puisqu’il avait déjà manifesté d’en devenir le chef des centristes.
Reste à convaincre ces mêmes centristes ce qui sera une autre paire de manche pour un homme dont on sent plus la volonté de vengeance et celle de s’assurer un avenir politique que de se battre pour des idées et des valeurs.
De son côté, Jean-Christophe Lagarde a réagi à la victoire de François Fillon.
Comme on pouvait s’y attendre, il tentera de prendre le train en marche.
Ainsi, dans le communiqué qu’il a publié, s’il affirme d’abord que «l’UDI est heureuse et fière d’avoir majoritairement mené campagne derrière Alain Juppé, à qui nous adressons de chaleureuses et amicales pensées ce soir», il déclare que «la victoire claire de François Fillon dans cette primaire de la Droite et du Centre en fait le candidat légitime à l’élection présidentielle».
Fini donc les différences importantes avec l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy dans une primaire qui n’était que celle de la Droite, selon lui…
D’autant, poursuit-il qu’il a «bien entendu, entre les deux tours, François Fillon exprimer sa volonté de rassembler aussi le Centre derrière sa candidature».
«C’est la raison pour laquelle, écrit-il, je proposerai dés mardi aux instances de l’UDI d’engager avec François Fillon une discussion pour élaborer un projet législatif commun, notamment sur l’Europe, l’éducation, l’emploi, la sécurité sociale et l’environnement».
Un projet qui sera soumis ensuite au vote des militants de l’UDI.
Si celle-ci existe encore…



Présidentielle 2017. Juppé éliminé, Bayrou gagne – à moitié – son pari

Avec la déculottée d’Alain Juppé à la primaire de LR et la victoire sans appel de François Fillon, François Bayrou a désormais toutes les cartes en main pour se présenter à l’élection présidentielle.
Et beaucoup d’analystes estiment qu’il les utilisera pour une quatrième candidature qu’il espère la bonne.
Car Bayrou a gagné son pari improbable à l’époque où il l’a fait qui était de prévoir la défaite d’Alain Juppé à la primaire – ne l’a-t-il pas averti que ce serait le cas? – et de pouvoir ainsi se présenter.
Néanmoins, ce pari n’est gagné qu’à moitié.
En effet, il espérait, qu’en cas de défaite de Juppé, il aurait en face de lui Nicolas Sarkozy, un homme très majoritairement rejeté par le pays mais aussi par une frange non-négligeable de la Droite et l’ensemble des centristes.
Or, si le vainqueur de la primaire de LR, François Fillon, clive déjà fortement le pays, il est bien vu de tout l’électorat de la Droite mais aussi d’une partie, certes minoritaire, du centre-droit.
De même, il n’avait pas prévu le phénomène Macron qui, pour l’instant, le devance très nettement dans les sondages.
S’il est un peu tôt pour dire avec exactitude quelle sera la décision de François Bayrou, toutes ses déclarations le portent à se présenter.
Il en avait envie quand Juppé était le favori alors qu’il lui avait fait une totale allégeance.
Comment penser qu’il n’en ait plus envie alors que Juppé sort par la petite porte?
Bien entendu, la présence d’Emmanuel Macron peut être un frein surtout si, de son côté, François Fillon freine les ardeurs de François Bayrou en lui promettant beaucoup pour les législatives et pour un futur gouvernement.
Cependant, le désormais candidat LR à la présidentielle n’a guère intérêt à faire des promesses mirobolantes au président du Mouvement démocrate qui a été un repoussoir pour les électeurs de droite à la primaire et donc une des principales cause de la défaite d’Alain Juppé.
De même, le combat de toute une vie de François Bayrou, devenir président de la république, sera dur à acheter maintenant qu’il peut à nouveau être du domaine de l’espérance pour lui.
Reste aussi à Bayrou d’estimer son potentiel électoral sachant que nombre de sympathisants de l’UDI choisiront soit Fillon, soit Macron.
Mais la victoire de François Fillon tout comme celle de Donald Trump aux Etats-Unis montrent que les challengers qui partent de très loin ne sont pas battus d’avance, loin de là…


Alexandre Vatimbella



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Vues du Centre – Thomas Pape. Cette primaire de la Droite n’est pas la mienne

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-Louis Pape est un centriste de longue date autrefois adhérent de l’UDF. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Cherchez le centriste...
J’ai lu avec intérêt la contribution de Jeanne Valsami et j’ai compris pourquoi elle avait décidé de voter à la primaire.
Moi, aussi j’ai hésité et, comme elle, je suis allé voter au premier tour.
Mais pour une unique et simple raison, barrer la route à Sarkozy car je n’imaginais pas que mon pays pourrait avoir à choisir au second tout de la présidentielle entre lui et Marine Le Pen, deux clones poujadistes de Trump.
En revanche, ce dimanche, pendant que Jeanne va voter, moi, je reste chez moi.
Non pas que j’apprécie le programme de Fillon mais parce que fondamentalement, cette primaire n’est pas la mienne, c’est-à-dire elle n’est pas celle du Centre quoi qu’ait essayé de le prétendre LR et tous les centristes qui sont à la remorque du parti de droite attendant fébrilement des circonscriptions et des ministères.
D’un certain côté, cela m’est assez égal que ce soit Fillon ou Juppé.
Bien sûr, j’entends mes amis me dire que je me trompe et que Fillon c’est la droite radicale, qu’il faut lui barrer la route comme on a réussi à le faire avec Sarkozy.
Ce n’est pas totalement faux mais Juppé, ça n’a jamais été le Centre, faut être sérieux!
J’ai eu ma carte à l’UDF et ce Juppé était un de nos plus farouches adversaires au RPR puis à l’UMP.
Et puis, la raison principale pour laquelle je ne me déplace pas c’est que je ne veux pas choisir le candidat de la Droite comme je ne choisirais pas le candidat de la Gauche quand le PS organisera sa primaire.
Pour Sarkozy, c’était un peu différent, je considérais que, pour la France, c’était un homme dangereux au même titre que Marine Le Pen est une femme dangereuse.
En revanche, j’aurais bien aimé choisir le candidat du Centre…
D’ailleurs, en ne votant pas ce dimanche, j’ai plus de chance d’en avoir un pour qui voter à la présidentielle puisque François Bayrou devrait se présenter si Juppé est éliminé.
Et puis, réfléchissons un peu.
Si les gens de droite veulent Fillon, la victoire de Juppé obtenue grâce aux voix du Centre et de la Gauche pourrait les pousser à voter pour Marine Le Pen pour un grand nombre d’entre eux.
Alors que si c’est Fillon qui passe, les modérés et les centristes voteront plus facilement pour un candidat du Centre.
Du coup, on a peut-être plus de chance de ne pas avoir un second tour de la présidentielle entre une représentante de l’extrême-droite et un candidat qui essaye de lui ressembler.

Thomas Pape