lundi 31 mars 2014

Une Semaine en Centrisme. Les Français attendent une vraie politique économique centriste

Or donc François Hollande et son gouvernement ont été sanctionnés lors des élections municipales.
Les médias ainsi que la droite (et même certains socialistes en attente de postes!) ont rivalisé de mots emphatiques  pour qualifier cette défaite évidemment «historique» (si une défaite d’un club de football est qualifiée de telle, pourquoi pas celle du PS aux municipales…).
Quels que soient les qualificatifs grandiloquents utilisés, ce résultat pose une question fondamentale – outre celle sur la lutte urgente contre l’extrême-droite et sa démagogie mortifère – sur la politique économique que veulent les Français.
Ces derniers nous disent majoritairement, lorsqu’ils sont interrogés dans les sondages, qu’ils savent que le pays va mal économiquement parlant (ainsi que l’Europe dans son ensemble), qu’ils doivent faire des sacrifices, qu’ils doivent être responsables et qu’un certain nombre de réformes sont essentielles pour retrouver de la croissance économique.
Bien sûr, ils disent autre chose sur les problèmes sociétaux et politiques mais nous parions que si l’économie française croissait de 5% par an, il y aurait eu une vague rose et non bleue lors de ces municipales.
Fort bien, donc, sur le constat de plus en plus clair des Français sur les maux de l’économie française qui ne serait pas assez concurrentielle avec celle des autres pays, qui aurait pris de mauvaises décisions dans un univers mondialisé et qui a besoin de liberté dans la solidarité pour tirer vers le haut une société française en plein désarroi.
Mais, n’est-ce pas, en partie, ce que fait François Hollande et ce que faisait Nicolas Sarkozy? En un mot et avec des appellations différentes pour contenter leurs électorats respectifs, la Droite et la Gauche ne sont-elles pas condamnées à agir de la même manière?
Tout cela a déjà été dit mais la bataille politique veut que l’on tente par tous les moyens de dire que ce que fait son adversaire est nul, que l’on ferait bien mieux et qu’il n’y aura qu’à se baisser pour ramasser à la pelle les fruits de la croissance que l’on va réinstaurer, «votez pour nous!».
Les économistes, sérieux et ne vendant pas une salade idéologique de droite ou de gauche, savent que c’est totalement faux, que nous ne retrouverons pas demain une croissance forte (à moins d’une innovation technologique de grandeur impensable actuellement) et que nous devons bâtir des politiques économiques dans ce sens pour réinstaurer une croissance qui permettra, si des réformes sont mises en place, de demeurer un pays avancé.
Bien sûr, chacun d’eux à sa petite proposition qui le distingue des autres mais ils ont plus de points communs que de désaccords.
Dès lors, c’est sur ce socle consensuel que doit être élaborée la politique économique du pays.
Or, c’est déjà le cas, plus ou moins.
Si l’électorat de gauche ne s’est pas déplacé pour voter aux municipales, c’est bien qu’il ne veut pas de la politique actuelle qu’il considère comme trop à droite.
Mais c’est dans le «plus ou moins» que se trouvent les différences ainsi que dans l’européanisation indispensable des économies des pays de l’Union européenne.
C’est ici que l’on trouve la politique économique centriste, celle que réclament sans toujours le savoir les Français, cette fameuse économie sociale de marché.
Car seule une économie européenne intégrée (avec une décision politique européenne et non plus seulement un grand marché européen) que l’on pourra parler de liberté d’entreprendre et de solidarité envers les plus faibles, que l’on pourra revitaliser la classe moyenne en lui offrant de vraies perspectives et que l’on fera face à tous les coups bas de la globalisation économique tout en profitant de tous ses bienfaits, que l’on sera capable d’agir et non pas de réagir.
Quant au «plus ou moins», il s’agit aujourd’hui de mettre à bas tous les clientélismes qui sont les bases électorales de la Droite et de la Gauche pour réformer en profondeur notre appareil productif, notre fonction publique, nos finances publiques et notre système fiscal tout en donnant un élan fort à la formation et à l’innovation.
Tout cela est su mais nécessite du courage, non seulement de la part du politique, mais également de ce que l’on appelle la société civile, c’est-à-dire nous, tous les Français.
Et nous devons nous projeter dans une dynamique et non nous carapater dans une bulle où domine désormais ce fameux principe de précaution qui fait que nous disons non à tout ce qui pourrait remettre en cause notre petit confort aboutissant à ce que nos dirigeants fassent du laxisme et de la mollesse à tout va.
Seule une politique économique centriste peut nous sortir de la situation actuelle. Elle n’est ni gratuite, ni facile.
En revanche, ne rien faire serait encore plus cher et plus douloureux. Pas dans dix ou vingt ans mais demain.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC