mercredi 4 juin 2014

Une Semaine en Centrisme. Y a-t-il aujourd’hui un candidat centriste pour 2017?

Bien sûr, nous sommes encore à trois ans de la prochaine élection présidentielle et il peut encore passer beaucoup d’eau sous les ponts.
Pour autant, en prenant comme référence le fait que les leaders de l’UDI l’aient eux-mêmes constaté récemment, il n’y a pas de présidentiable dans leur parti depuis le retrait de la vie politique de Jean-Louis Borloo.
Et de noter que l’éclosion d’un quasi-inconnu dans les trois ans qui viennent serait sans doute une première dans la politique française pour un courant de pensée politique majeure.
Surtout si celui-ci veut avoir une chance de bien figurer, c’est-à-dire de pouvoir monnayer son score du premier tour au second.
Car il semble aujourd’hui irréaliste de penser qu’un candidat centriste sera présent au second tour sauf circonstances exceptionnelles comme la désagrégation totale de l’UMP ou le naufrage complet du PS qui ferait qu’un centriste soit opposé au représentant du Front national.
Rien n’indique, en effet, que ce dernier pourrait perdre de son influence dans les trois ans à venir et ne plus se trouver dans les trois grandes forces politiques du moment avec l’UMP et le PS) sauf si François Hollande parvenait à ses fins en redressant le pays et en faisant baisser le chômage dans de grandes proportions…
Même Barack Obama, aux Etats-Unis, qui a véritablement explosé en 2007, soit un peu plus d’un an et demi avant la présidentielle qu’il remporta brillamment en novembre 2008, avait une certaine notoriété depuis son discours remarqué lors de la convention démocrate de 2004 qui lui avait apporté des soutiens dans son parti.
Dès lors, en revenant à la France, le seul qui possède aujourd’hui une notoriété de présidentiable au centre est François Bayrou.
Si l’on veut dresser une liste d’outsiders, on y mettra Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Christophe Fromantin et Rama Yade, la dernière étant sans doute la plus connue des cinq et la moins centriste!
En cherchant vraiment d’autres noms, on pourra citer Yves Jégo, Jean-Marie Cavada, Jean Arthuis, Charles de Courson, mais on ne voit pas comment ils pourraient dépasser un score de 5% et ne faire autre chose que de la figuration.
Cette relative pauvreté dans les candidats potentiels se double, d’une part, de la grande difficulté qu’aura François Bayrou s’il rempile pour une quatrième candidature d’avoir tout le Centre derrière lui et, d’autre part, de la volonté de certains centristes de, déjà, regarder vers un candidat centro-compatible de l’UMP, au premier rang desquels on trouve Alain Juppé.
Quand on parle du groupe des cinq outsiders, on se rend également compte que ses membres ne comptent qu’une expérience ministérielle très limitées.
Seuls deux, Hervé Morin (défense nationale) et Rama Yade (jeunesse et sports), ont occupé des postes dans un gouvernement.
Evidemment, l’exemple de François Hollande, jamais ministre mais élu président, vient en contrepoint mais il semble que cela reste encore l’exception qui confirme la règle en France.
De même, pour pouvoir se faire connaître, un candidat a besoin que son parti soit derrière lui, en tout cas, qu’il en obtienne une certaine légitimité.
La guerre des chefs sourde actuellement mais au grand jour demain à l’intérieur de l’UDI et entre l’UDI et le Mouvement démocrate ne permet pas de dégager une figure consensuelle actuellement au centre.
Dès lors, certains centristes ont déjà fait leur choix et vont militer pour une candidature unique Droite-Centre comme le fait déjà François Sauvadet qui voit – tout comme François Bayrou – en Alain Juppé l’homme de la situation (François Fillon ferait aussi l’affaire).
On n’a pas encore parlé de l’éventualité pour les centristes de se ranger derrière un homme venu de la Gauche.
Ce qui est évidemment de la politique fiction actuellement.
Pour autant, le social-libéral Manuel Valls possède sans doute des qualités proches de celles d’Alain Juppé pour être un candidat soutenu par le Centre.
Cependant, il semble impossible que les centristes – qui se voient partager le pouvoir avec l’UMP en 2017 – s’allie avec une gauche si libérale soit-elle mais assurée d’une défaite.
Pour répondre à la question d’un candidat centriste pour 2017, il faut constater qu’il n’en existe aucun d’incontestable et encore moins aucun de capable de gagner.
Reste que, pour contredire en partie l’analyse de départ, il reste malgré tout trois ans, ce qui est peu et beaucoup à la fois pour trouver la perle rare.
Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC