mardi 24 juin 2014

L’Humeur du Centriste. Le drôle de sondage sur le Centre

Bon, d’accord, un sondage n’est qu’une photographie à un instant donné et il faut toujours le prendre – avec des pincettes – pour ce qu’il est, une simple indication sur le paysage politique du moment tout en n’étant pas dupe des questions souvent biaisés qu’il pose.
Toujours est-il que le dernier sondage de BVA (*) pour L‘Express, France inter, la presse régionale et Orange sur les cotes de popularité des personnalités politiques et qui a été augmenté avec des questions sur le Centre est bien bizarre.
Ainsi, si François Bayrou voit sa cote de popularité baisser nettement en un mois (-7 points à 37% de sondés qui souhaitent qu’il ait davantage d’influence sur la vie politique française), il serait néanmoins élu président de la république s’il se présentait contre Marine Le Pen, François Hollande et Nicolas Sarkozy (mais toutefois pas Alain Juppé) et alors même qu’il perd, dans le même temps, cinq points (à 35%) à la question de savoir quelle est la personnalité que ces mêmes sondés aimeraient voir représenter le Centre à la présidentielle de 2017.
Comprenne qui pourra.
Il faut rappeler que ce genre d’oppositions n’est pas une première dans les sondages sauf que ce cas de figure suppose qu’un candidat centriste, en l’occurrence François Bayrou, passe le premier tour.
Or, actuellement, cette probabilité est infime, n’importe quel candidat centriste en 2017 arriverait plutôt en quatrième voire cinquième position.
Du coup, on est absolument pas dans un scénario crédible.
Evidemment, on peut trouver une cohérence dans le fait que François Bayrou demeure, après le retrait de la vie politique de Jean-Louis Borloo, la seule personnalité centriste à avoir une reconnaissance nationale.
Pour autant, ce genre de sondages propose ce que l’on appelle des «listes fermées» de personnalités, tant pour ce qui est des politiques dont on souhaite qu’ils aient plus d’influence que pour ceux qu’on aimerait voir représenter l’espace centriste à la présidentielle.
Et quand on consulte cette dernière dressée par BVA, on y trouve Hervé Morin et Yves Jégo mais aussi Rama Yade (qui a toujours prétendue n’être pas centriste) ainsi que Chantal Jouanno! Mais point de Jean-Christophe Lagarde qui est pourtant donné favori pour la présidence de l’UDI, ni même de Laurent Hénart ou de Jean-Christophe Fromantin qui sont au moins aussi légitimes qu’une Chantal Jouanno à représenter les centristes…
En outre, BVA le reconnait volontiers, on ne trouve qu’un représentant du Mouvement démocrate face à quatre prétendants de l’UDI. Qu’en serait-il s’il n’y avait qu’un candidat MoDem face à un candidat UDI pour obtenir l’investiture centriste?
Oups! Les sondeurs ont oublié de poser cette question… Trop cher? Pas assez intéressant? N’allant pas dans le sens qu’ils voulaient?
Par ailleurs, cette liste montre que si François Bayrou est en tête, il est le seul à perdre des points alors que tous les autres noms en gagnent.
Dès lors, on se dit que peut-être n’importe quel candidat centriste l’emporterait au second tour de la présidentielle face à Le Pen, Hollande et Sarkozy (trois personnes particulièrement clivantes) en réunissant tous ceux qui sont contre ces personnalités et non pour le centriste de service.
Allez savoir, les sondeurs n’ont pas posé cette autre question… Trop cher? Pas assez intéressant? N’allant pas dans le sens qu’ils voulaient?
Et puis, autre surprise, François Bayrou qui affirme appartenir à l’opposition de Droite et du Centre (enfin, c’est ce qu’on dit) est listé ici dans les personnalités de gauche! Voilà qui va faire très plaisir à ses nombreux adversaires au sein de l’UDI qui continuent à le voir comme un cheval de Troie.
Toujours dans le bizarre, il est bien sûr adoubé par les sympathisants du MoDem (à 83%) mais pas du tout par ceux de l’UDI (qui le place en troisième position derrière Morin et Yade avec, en plus, une perte de 8 points), ce qui fait que mécaniquement pour obtenir un bon score dans sa cote de popularité ainsi que pour représenter le Centre à la présidentielle, il est toujours plus aimé par les sympathisants de gauche que de droite et même du Centre alors qu’il se trouve allié avec la Droite (enfin, c’est ce qu’on dit).
Enfin, quant à l’image de partis centristes, il est à noter que le seul qui ait un pourcentage de bonnes opinions supérieur à celui des mauvaises est l’UDI (50% contre 46%).
C’est aussi celui qui est le moins connu des Français.
La bataille de chiffonnier qui se prépare pour l’élection du nouveau président de l’UDI remettra certainement tout cela dans le droit chemin!

Centristement vôtre.

Le Centriste


(*) sondage réalisé les 19 et 20 juin 2014 auprès d’un échantillon représentatif de 952 personnes interrogés par internet / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points