dimanche 22 octobre 2017

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Non à l'Europe des nationalistes et des indépendantistes

Au moment où la Catalogne veut devenir une nation, où les populismes nationalistes gagnent du terrain un peu partout et notamment en Europe de l’Est, il faut réaffirmer sans ambages que le projet européen, celui que soutien les centristes depuis le début de la construction européenne, celui de Robert Schuman et de Jean Monnet, est fédéral et non confédéral.
Cela signifie que l’Europe sera une Europe des peuples et pas des nations.
Et qu’elle sera le plus proche des citoyens parce qu’elle sera une Europe décentralisée, c’est-à-dire des régions mais pas des nations.
Car si l’Union européenne (ou un autre projet ou une autre appellation) devient vraiment une entité unie, ce n’est pas par le morcellement qu’elle y parviendra, bien au contraire comme certains tentent de le faire croire.
Si l’Europe au cours de son histoire mouvementée a été si souvent et si longtemps en guerre, c’est à cause de sa désunion, de la volonté de toutes les entités ethniques et communautaires de demeurer séparées ou de se séparer d’un ensemble plutôt que de s’unir.
Le conflit en ex-Yougoslavie n’est pas si loin que l’on ne se rappelle déjà plus de son effroyable déroulement et de ses conséquences terribles.
Quant les indépendantistes catalans disent qu’ils veulent renforcer l’UE en devenant indépendant, non seulement ils disent des bêtises mais ils mentent à leur population.
Comment, en effet, renforcer l’union de vingt-sept pays en se séparant de l’un d’entre eux?!
Il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles…
Oui, l’autonomie actuelle de la Catalogne peut être un exemple de ce que pourrait être une régionalisation européenne efficace (avec la possibilité  de régions englobant des territoires de pays différents).
Non, l’indépendance demandée par les indépendantistes catalans ne renforcera pas l’UE mais la fragilisera.
Regardons toutes les demandes nationalistes venues de pays comme la Pologne, la république Tchèque, la Hongrie, la Slovaquie et maintenant l’Autriche.
Regardons toutes les demandes indépendantistes venues de Corse, d’Italie du Nord, de Catalogne, du Pays basque, de Flandre...
Regardons l’exemple scandaleux du Royaume Uni qui, avant de rentrer dans l’Europe a voulu la détruire de l’extérieur (notamment avec son association de libre-échange) puis, une fois dedans, a voulu profiter de sa manne tout en refusant d’être un vrai européen et qui, maintenant, en voulant la quitter veut le beurre et l’argent du beurre.
Inacceptable et irresponsable!
Enfin, nous disent tous les nationalistes et les indépendantistes, il faut respecter la volonté du peuple.
Sans doute et personne ne retiendra les Britanniques s’ils s’en vont réellement (et s’ils payent enfin leur dû et s’ils comprennent que dehors ce n’est pas dedans tout en étant dehors…) car l’UE nécessite des peuples plus solidaires et capables d’avoir une vision plus responsable.
En revanche, dans la cadre de pays démocratiques et républicains comme l’Espagne, ce n’est pas une partie de la population qui peut se donner le droit de faire sécession alors même que la population peut vivre libre dans sa différence.
Surtout si l’on pense que la construction de l’Europe aboutira à une plus grande reconnaissance des différences (mais, évidemment pas, à une organisation communautariste).
Mais plus fortement, c’est bien à une refondation du projet européen qu’il faut s’atteler comme veut le faire Emmanuel Macron avec le soutien réservé de certains pays européens et l’hostilité d’autres.
Ainsi, c’est bien, comme le propose le président français, une Europe à plusieurs vitesses qu’il faut mettre sur pied.
Ou, plutôt, à une véritable union de pays européens qui veulent sceller ensemble leur avenir parce qu’ils savent que si ce n’est pas le cas ils seront broyés par la mondialisation et parce qu’ils ont de la mémoire avec les deux guerres mondiales dont l’Europe désunie et nationaliste est l’unique responsable.
Et puis, à côté, à la frange de cette véritable Union européenne, il peut y avoir des cadres d’accueil – sortes de cercles concentriques – pour d’autres pays mais qui ne seront pas intégrés puisqu’ils ne veulent pas jouer le jeu de l’Europe unie.
Oui, l’Europe de la paix et de la prospérité du XXI° siècle ne peut qu’être fédérale.
Ce n’est même pas une question de préférence mais de nécessité.


Actualités du Centre. Le centriste britannique Nick Clegg ne croit pas au Brexit

Nick Clegg
Dans une interview au quotidien Le Figaro, Nick Clegg, ancien leader des Lib Dems, les centristes britanniques, estime que le Brexit (la sortie de la Grande Bretagne de l'Union européenne) n’est pas encore réalisé et pense même que celui n’aura pas lieu, en tout cas, pas de la manière dont il est pensé actuellement.
A noter qu’il vient de publier le livre «How to Stop Brexit (And Make Britain Great Again)» (Comment arrêter le Brexit (et faire grande à nouveau de la Grande Bretagne)
Extraits.
- «Il n'y a pas d'autre issue à ce cul-de-sac dans lequel nous nous sommes mis qu'un vote au Parlement rejetant l'accord sur lequel Theresa May et David Davis travaillent. Cela provoquerait évidemment une période de turbulences politiques qui conduirait, dans les mois ou années à venir, à un nouveau référendum.»
- «La voie la plus probable est de forcer le gouvernement à venir présenter ouvertement un futur accord et à le comparer aux promesses faites à des millions d'électeurs. Ce sera alors impossible aux extrémistes du Brexit, comme le Daily Mail, d'accuser les députés d'être des saboteurs. Car ils ne feraient en fait que leur travail, au nom de leurs électeurs. La férocité avec laquelle des gens comme moi sont accusés d'être des traîtres ou des saboteurs par les extrémistes de droite est assez intimidante pour de nombreux députés. Il faut leur expliquer qu'ils ont tous les droits de dire non à ce stade».
- «L'écart entre l'utopie du Brexit et la réalité s'élargit chaque jour, chaque semaine, chaque mois. En un an, ce décalage va s'accroître encore. Et je pense qu'à un moment la légitimité du résultat du référendum sera contredite par l'hypocrisie et les contradictions des «brexiters» eux-mêmes. Chez les conservateurs, très peu de députés sont prêts à défier leur parti au nom de leur pays. Au Labour, les choses changent rapidement. Bien que Jeremy Corbyn aime à se proclamer héros des classes ouvrières, en réalité, la quasi-totalité de ses nouveaux adhérents viennent des classes moyennes urbaines, éduquées, jeunes, progressistes et pro-européennes. Ils ne vont pas se satisfaire de ses compromis avec le Brexit. Faute de mener l'opinion publique, le Labour va se laisser mener par elle. Cela va le conduire à améliorer sa position sur le Brexit, dans le cadre de son opposition au gouvernement conservateur. Cela pourra créer les circonstances d'une coalition parlementaire refusant une interprétation illégitime du vote pour le Brexit.»
- «De nombreux électeurs, même ceux qui sont en colère contre le Brexit, pensent qu'il est trop tard. Le train est parti. C'est pour cela qu'il est très important que des gens comme moi, Tony Blair ou John Major répètent que, dans une démocratie, on a toujours la liberté de changer d'avis. Les «brexiters» ont été incroyablement efficaces pour décrire ce processus comme un tapis roulant sans retour. Mais on ne peut pas délégitimer longtemps l'opinion de près de la moitié de la population.»
- «Je ne crois pas qu'il (le Brexit) aura lieu. En tout cas, certainement pas de la façon dont il est envisagé maintenant. Il y a une limite aux mensonges qu'on peut imposer à une démocratie.»