lundi 31 octobre 2016

Présidentielle 2017. Bayrou est-il vraiment un boulet pour Juppé?

Alain Juppé & François Bayrou
La charge contre François Bayrou de la part de Nicolas Sarkozy et de ses amis continue de plus belle après que le président du Mouvement démocrate ait dit tout le mal qu’il pensait de l’ancien président de la république.
Un Sarkozy qui vient ainsi de déclarer que «c'est un choix politique majeur: je ne ferai pas d'alliance avec monsieur Bayrou car il veut mener une politique de gauche. (…) Qu'a promis monsieur Juppé à monsieur Bayrou en échange de son soutien, en plus de lui accorder un grand nombre de sièges de députés? Je refuse que la future majorité soit sous le chantage permanent de monsieur Bayrou qui s'est par exemple opposé à la réforme des retraites en 2010. (…) La violence de la charge dont il a fait preuve à mon égard ce week-end démontre à quel point il utilise le langage de la gauche et rend désormais injustifiable une quelconque alliance entre le vainqueur de l'élection primaire et François Bayrou».
C’est dire si ce dernier sera utilisé jusqu’au bout de la primaire comme un repoussoir par Nicolas Sarkozy qui espère que ses attaques incessantes comme les réponses du maire de Pau pourront influencer le vote des sympathisants de la Droite en sa faveur mais, peut-être également, celui d’une partie des sympathisants de l’UDI qui demeurent très anti-Bayrou.
Si l’on sait que la popularité de François Bayrou auprès de cette frange de la population est peu élevée, on peut néanmoins se poser la question de savoir s’il peut être un véritable boulet pour Alain Juppé.
S’il représente environ 10% des intentions de vote dans les sondages sur la présidentielle, en revanche, il pèse peu politiquement avec son parti, le Mouvement démocrate qui n’a plus de députés, peu de militants et une base électorale très faible.
De même, si François Bayrou se présentera en cas de victoire de Sarkozy à la primaire, on image mal François Bayrou retirer son soutien à Juppé si celui-ci la gagne.
Ce serait un suicide politique.
En outre, on voit mal le maire de Bordeaux faire des concessions importantes envers le MoDem pour un électorat qui lui sera, quoi qu’il arrive, très majoritairement favorable, même en cas de retournement de veste, peu probable, de Bayrou.
Pour ces raisons, François Bayrou est aujourd’hui plus «otage» d’Alain Juppé que le contraire comme tente de la faire croire Nicolas Sarkozy.
L’avenir politique de Bayrou est désormais très fortement lié à celui de Juppé, d’autant que s’il gagne la primaire, ce dernier n’aura pas besoin de l’électorat du Mouvement démocrate pour se qualifier pour le second tour de la présidentielle et pour l’emporter face à celle que les sondages mettent systématiquement en face de lui, Marine Le Pen.
Dès lors, le procès de Nicolas Sarkozy sur les prétendues concessions qu’Alain Juppé a dû faire pour s’attacher le soutien de François Bayrou semble peu crédible.
En revanche, de par ses déclarations, François Bayrou peut être un réel handicap pour Juppé.
C’est sans doute ce qu’a compris Sarkozy qui titille constamment la bête afin de nourrir la controverse.
Et en «homme libre» qu’il se revendique, François Bayrou pourrait bien jouer le jeu de l’ancien président de la république.
De là à faire perdre la primaire à Alain Juppé, cela relève actuellement plutôt d’un fantasme sarkozyste que d’une quelconque réalité.
Mais le premier tour de la primaire est encore dans vingt jours…

Alexandre Vatimbella


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samedi 29 octobre 2016

Une Semaine en Centrisme. En attaquant durement Sarkozy, Bayrou met-il son avenir politique en danger?

Nicolas Sarkozy & François Bayrou
François Bayrou a décidé de riposter aux attaques constantes du camp de Nicolas Sarkozy et de ce dernier à son encontre.
Dans un long texte, il justifie son opposition sans concession à l’ancien président de la république et justifie son choix de ne pas avoir voté pour lui en 2012, lui préférant au second tour François Hollande, ainsi que celui de soutenir Alain Juppé à la primaire de LR.
La violence du texte de François Bayrou montre que l’homme a été touché par ce flots d’insultes et de récriminations de la part de l’équipe Sarkozy mais aussi des militants de LR, pas tous sarkozystes pour autant.
D’autant que cette offensive contre sa personne pourrait faire du tort à Alain Juppé même si celui-ci est nettement en avance dans les sondages pour devenir le candidat de LR à la présidentielle.
Mais on peut aussi se poser la question de savoir si François Bayrou a intérêt à entrer dans cette controverse et s’il ne va pas y perdre beaucoup, politiquement parlant.
Son avenir semble ainsi un peu plus fragilisé car cette histoire va laisser des traces chez les sympathisants de droite et du centre-droit même chez ceux qui ne sont pas des fans de Nicolas Sarkozy, voire qui sont contre sa candidature.
Comment Alain Juppé, s’il est désigné candidat de LR, pourra faire passer une alliance avec François Bayrou et un accord électoral lui donnant de nombreux sièges de députés?
Rappelons que si le président du Mouvement démocrate est autour de 8%-13% dans les sondages, son parti ne représente plus rien et ses électeurs sont autour de 5%-6%, c’est-à-dire qu’ils ne permettent pas à Bayrou d’avoir beaucoup de poids dans une négociation.
Du coup, son soutien à Juppé pourrait bénéficier surtout à… l’UDI!
Les centristes qui se sont regroupés derrière Jean-Louis Borloo et désormais sont sous le leadership de Jean-Christophe Lagarde, même s’ils ont montré une certaine défiance envers Nicolas Sarkozy, ne se sont pas affrontés frontalement à lui, certains même le soutenant au premier tour de la primaire.
Dès lors, il sera nettement plus facile à Alain Juppé de faire passer la pilule d’un accord électoral avec l’UDI que de donner de nombreuses circonscriptions à Bayrou.
Mais ce dernier, tout autant qu’il puisse être naturellement outragé d’être insulté, ne peut pas non plus faire l’impasse – ce qu’il fait dans le long texte qu’il a publié pour répondre  Sarkozy – que, ces dernières années, il a navigué politiquement d’un camp à l’autre, cherchant désespérément un positionnement qui pourrait lui permettre d’être au second tour de la présidentielle et d’exister politiquement, allant même jusqu’à prétendre après le premier tour de la présidentielle de 2007 que le mot «centre» ne faisait pas partie de son vocabulaire et expliquant à certains de ses militants qu’il en cherchait un nouveau plus proche de sa pensée.
On ne peut pas oublier son positionnement «gaulliste», son vote en faveur de Hollande en 2012 puis son élection à la mairie de Pau avec les voix de l’UMP (LR désormais) grâce à la volonté et la ténacité de Juppé.
On ne peut pas oublier qu’il continue souvent à naviguer, n’ayant pas hésité à faire alliance avec LR pour les régionales et les départementales, parti alors dirigé par des personnalités qu’il critique depuis longtemps et qu’il a appelé lui-même à un accord avec l’extrémiste de droite radicale et actuel président de LR, Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes pour les régionales.
De ce point de vue, François Bayrou a tendu lui-même le bâton pour se faire battre et il ne peut invoquer une quelconque ingénuité politique pour découvrir le retour de ce même bâton…
Bien entendu, cela n’enlève pas les différences évidentes de convictions politiques entre François Bayrou et Nicolas Sarkozy, entre le MoDem et LR.
Dans son texte, Bayrou les rappelle fort à propos.
Mais on peut alors se poser la question de savoir pourquoi il s’est allié avec un parti qui est majoritairement plus proche des positions de Nicolas Sarkozy que des siennes.
Ici, on retombe dans la cuisine politique – qui n’est pas forcément politicienne – et si Bayrou veut la pratiquer, il faut qu’il en accepte les règles sans s’en plaindre constamment ou, s’il les refuse, de ne pas se plaindre de son choix de réelle indépendance.
Pour le Centre et le Centrisme, le texte de François Bayrou montre bien la différence qui existe avec la Droite.
Mais il ne répond pas à la question de savoir pourquoi, dès lors, il fallait s’allier de manière si évidente avec celle-ci tout en la critiquant, envoyant un message bien embrouillé qui, lui, n’est pas une bonne chose pour ces mêmes Centre et Centrisme

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

vendredi 28 octobre 2016

Présidentielle USA 2016. Les républicains préparent leur guerre contre la présidente Clinton

Les républicains pensent que Trump va perdre
Pour la plupart des républicains, les jeux sont faits et Hillary Clinton deviendra la première présidente des Etats-Unis.
Mais, pour eux, ce sera loin d’être un événement historique.
D’abord, il s’agira de la troisième défaite de suite à la présidentielle et la sixième fois au cours des sept dernières élections qu’ils ne gagneront pas une majorité de votes.
Ensuite, tous les leaders du Parti républicain ainsi que toutes les organisations conservatrices, de droite extrême et d’extrême-droite sont en train de mettre sur pied leurs stratégies anti-Clinton et de fourbir leurs armes contre un Parti démocrate qui pourrait être de nouveau majoritaire au Sénat et réduire son écart en sièges à la Chambre des représentants.
On se rappelle que les républicains avaient été sonnés par la première victoire de Barack Obama et qu’ils avaient attendu les premières semaines de sa présidence pour se réveiller (on rappelle que la période de transition dure deux mois) pour se raidir et déclarer, à l’image de leur leader au Sénat, que le premier président noir des Etats-Unis devait être un «one term president» (un président d’un seul mandat).
Ici, rien de tel.
La haine éprouvée par les républicains envers Hillary Clinton et la défaite déjà largement intériorisée de Donald Trump ainsi que la menace sur leur prédominance au Congrès, ont été de forts catalysateurs afin de s’opposer dès le 9 novembre à la victoire de la démocrate.
D’abord, il s’agira pour de nombreuses organisations extrémistes de remettre en cause la victoire de Clinton, soit, si celle-ci est étriquée, en agitant le fameux «trucage» dont parle Trump depuis des mois sans aucune preuve, soit, si celle-ci est large, en expliquant qu’elle est incapable d’être présidente et/ou qu’elle devrait être en prison plutôt qu’à la Maison blanche.
Une des phrases préférées du promoteur newyorkais en ce moment est de dire que l’on «devrait annuler l’élection et donner la victoire à Trump»…
Cette offensive dès le lendemain du scrutin sera une première dans un pays où le perdant appelle le gagnant pour le féliciter chaudement.
Cependant, la guerre que prévoient les républicains ne s’arrêtera évidemment pas là.
Il s’agira de mettre en échec toute initiative d’Hillary Clinton par tous les moyens possibles et des manifestations ne sont pas à exclure puisque nombre de fans de Trump parlent de «faire la révolution» en cas de victoire de la démocrate.
Pour autant, ce seront des voies légales et politiques qui seront privilégiées par les républicains.
On pense évidemment à une procédure d’impeachment, c’est-à-dire de destitution, qu’ils pourraient mettre en branle, eux qui ont continuellement parlé d’elle comme une personne malhonnête et corrompue.
En outre, des voix s’élèvent déjà pour demander aux sénateurs républicains de ne pas laisser Clinton nommer un nouveau juge à la Cour suprême (ce qu’ils font déjà face à la vacance d’un siège en refusant même d’auditionner le candidat d’Obama, agissement évidemment inconstitutionnel) afin de garder une parité avec actuellement quatre juges conservateurs et quatre juges «liberals».
De même, pour toute législation proposée par le camp démocrate mais aussi pour le budget, on pourrait assister à un filubustering (blocage) complet du Congrès si les démocrates redeviennent majoritaires au Sénat.
Il pourrait, dans la même veine, y avoir un «shut down» de l’administration si les républicains, comme ils l’ont déjà fait, refusent d’augmenter le montant de la dette autorisée ce qui empêcherait le gouvernement de payer les fonctionnaires.
Beaucoup d’autres actions pour empêcher la démocratie de fonctionner normalement et d’autres qui sont plus traditionnelles dans un pays où le système est fait pour se bloquer automatiquement afin d’empêcher un camp d’avoir un trop grand pouvoir (ce sont les checks and balances) sont sur la table et discutés ouvertement par le camp républicain notamment par les plus extrémistes de ses membres.
Néanmoins, le Parti républicain pourrait aussi devoir d’abord se préoccuper de lui-même pour ne pas imploser.
Nombre de personnalités radicales et d’extrême-droite qui peuplent maintenant le parti et ses organisations affiliées, ont déjà menacé l’establishment d’une offensive tous azimuts afin de déstabiliser l’establishment républicain voire de le remplacer par des personnalités radicales.
Si c’est le cas, la création d’un nouveau parti, conservateur modéré ou radical de droite selon quelle faction gagnera au sein du Parti républicain, pourrait voir le jour et révolutionner, à terme, le paysage politique américain où depuis l’indépendance et malgré plusieurs tentatives, c’est le système de deux partis dominants «attrape-tout» qui est la règle.
Quoi qu’il en soit, au lendemain du 8 novembre, Hillary Clinton risque d’avoir peu de temps pour savourer sa probable victoire.
Mais c’est aussi devenu une règle des médiacraties, voire des médiocraties, que sont devenues nos démocraties républicaines ces dernières décennies où le respect des urnes n’est plus une règle sacro-sainte.


Sondages des sondages au 28 octobre 2016
Clinton maintien sa large avance

Clinton
Trump
Ecart
BBC
49,0%
43,0%
Clinton 6,0
Election projection
48,7%
41,9%
Clinton 6,6
Five Thirty Eight (1)
45,9 %
39,7%
Clinton 6,2
Huffington Post
48,8%
41,1%
Clinton 7,7
New York Times
45,7%
40,1%
Clinton 5,6
Polltracker TPM
49,4%
41,0%
Clinton 8,4
Real Clear Politics
48,4%
43,0%
Clinton 5,4
270 to win (1) (2)
49,7%
40,8%
Clinton 8,9
(1) Prend en compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours de sondages

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC



Présidentielle USA 2016

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