dimanche 18 décembre 2016

Présidentielle USA 2016. Le cauchemar de la démocratie américaine ne fait que commencer

Donald Trump
John Adams, le premier président à occuper la Maison blanche, une fois sa construction terminée en 1800, prit sa plume lors de son entrée dans le bâtiment et écrivit: «Je prie le ciel d'accorder les meilleures bénédictions à cette maison et à tout ceux qui l’habiteront. Qu’il n’y ait sous ce toit que le règne d’hommes honnêtes et sages».
Des paroles qui résonnent fortement alors que ce lundi 19 décembre, les grands électeurs, par leurs votes, feront officiellement de Donald Trump le 45° président des Etats-Unis après qu’il ait mené la pire campagne électorale de tous les temps, faite de mensonges, d’insultes, d’ignorances et de prises de positions dangereuses et extravagantes.
Au fur et à mesure que le temps passe, avec des révélations qui fleurissent et des faits qui s’accumulent, l’élection présidentielle 2016 tourne au véritable cauchemar pour la démocratie américaine mais aussi pour toutes les démocraties du monde qui voient se profiler le désastre annoncé pendant toute la campagne électorale par les commentateurs les plus avisés, qu’ils soient républicains ou démocrates.
Il y a, d’un côté, le comportement de ce «président élu» où ses décisions controversées succèdent à ses menaces, souvent par tweets, à tous ceux qui ne lui plaisent pas en passant par des propos inconséquents ou incendiaires sur tous les sujets.
Un comportement conforté par toute l’aile extrémiste du Parti républicain qui en demande encore plus, tout comme les organisations racistes, d’extrême-droite et complotistes qui le soutiennent puisque l’homme, au lieu d’être proche du peuple comme il l’affirmait, n’est en réalité qu’un ultraconservateur proche des milieux d’affaires à l’idéologie réactionnaire, voire d’extrême-droite même s’il garde encore son discours de populiste démagogue et qu’il le gardera pour faire croire aux plus pauvres des Américains qu’il est de leur côté économiquement et socialement parlant alors que tout montre que ce ne sera pas le cas.
En revanche, sociétalement parlant, il continuera à les enflammer avec ses diatribes xénophobes, homophobes, racistes et sexistes qui libèrent dangereusement la parole de toutes les rancœurs des petits blancs déclassés des petites villes et des zones rurales.
De l’autre, il y a le comportement irresponsable et souvent scandaleux des médias audiovisuels prisonniers d’un modèle commercial où l’information n’est qu’une simple base de travail et non plus une finalité, ce qui permet de la mettre constamment en scène et de n’en faire que des épisodes d’une sitcom où c’est le prochain rebondissement qui est privilégié à un fond qui n’a plus guère d’importance, de prendre des libertés avec les faits et de mettre en avant tout ce qui fait du taux d’audience et non pas tout ce qui est réellement important.
Sans oublier le réseau internet inventé par les Américains qui devait être un soutien de la démocratie mais qui devient son plus grand contempteur par sa prise en otage et sa manipulation mais aussi par la haine et le mensonge qu’y déversent à longueur de journée les internautes, dévoilant la pire face de l’âme humaine, sans oublier son piratage par des puissances hostiles comme la Russie pour influencer l’élection comme l’ont révélé le CIA et le FBI après des enquêtes approfondies que Trump a rejetées en les traitant de balivernes et de complots contre son élection...
Oui, l’avenir s’annonce des plus préoccupants, même si ce dernier terme n’est qu’un euphémisme de ce qui pourrait subvenir dès les premiers mois de la présidence de Donald Trump qui devrait être élu alors même qu’il a perdu le vote populaire où la centriste Hillary Clinton a obtenu près de 2,9 millions de voix de plus que lui avec 48,1% des votes contre 46%.
Les causes qui ont amené à l’élection de Donald Trump sont nombreuses et révèlent le mal profond dont souffre aujourd’hui les Etats-Unis et qui permet à un menteur maladif et compulsif de s’installer à la Maison blanche, capable de raconter ce qui lui passe par la tête, pire, qui croit dur comme fer une grande partie des mensonges qu’il profère, ce qui est évidemment bien plus grave pour l’homme qui sera le plus puissant de la planète.
On sait ainsi qu’il est un grand fan de nombreuses théories du complot et qu’il écoute et regarde les émissions de radio et de télévision ainsi que les sites web qui diffusent toutes ces théories les unes plus loufoques que les autres quand ce n’est malheureusement pas haineuses, racistes, sexistes et excitant l’agressivité et la violence de personnes instables (on vient de le voir avec un homme ayant attaqué une pizzeria à Washington où selon une de ces théories diffusée par l’entourage de Trump, Hillary Clinton violaient des enfants…).
Ce mal profond vient:
- d’un système constitutionnel d’un autre âge avec un système électoral devenu antidémocratique et qui a mis au pouvoir un homme qu’il était sensé empêcher d’y accéder;
- d’un système politique méthodiquement délégitimisé pendant des années par les membres extrémistes du Parti républicain avec l’appui de médias irresponsables;
- d’un système médiatique gangrené par les financiers qui le somment de faire de l’argent et non de l’information sa priorité;
- d’une société proche de l’implosion par l’intrusion d’un discours populiste et démagogique qui révèle toutes ses failles;
- d’un système économique et social qui permet, depuis Ronald Reagan et grâce à George W Bush et aux majorités républicaines à la Chambre des représentants du Congrès qui se sont succédé, aux plus riches de s’enrichir et aux plus pauvres de s’appauvrir sans permettre une ascension sociale et une possibilité aux classes moyennes de vivre mieux.
Va venir se surajouter à tout cela, la présidence d’un homme qui a nommé des personnalités d’extrême-droite à la Maison blanche et au gouvernement, qui soutient nombre d’autocrates à l’étranger, qui a tellement d’intérêts financiers partout dans son pays et à l’étranger que les experts estiment que son passage à la Maison blanche risque de l’enrichir outrancièrement, qui n’a aucune capacité et expérience du gouvernement d’un pays et dont l’occupation favorite est d’envoyer des tweets pour se glorifier ou insulter ceux qui ne pensent pas comme lui ou qui ne l’aiment pas, de l’acteur Alec Baldwin à CNN en passant par les comédiens de la comédie musicale Hamilton ou de la CIA.
En 2008, les Américains avaient été encensés de manière sans doute exagérée pour avoir porté au pouvoir le premier président afro-américain de leur histoire, semblant vouloir faire un sort à une histoire mouvementée de leur pays et un racisme malheureusement toujours présent.
En 2016, ils viennent d’élire un candidat républicain qui est un raciste selon les termes même de Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants.

Alexandre Vatimbella


Présidentielle 2017. Stratégies de tous les partis pour contrer les ralliements à Macron

Emmanuel Macron
Alors que la presse se fait l’écho quotidiennement de ralliements, comme ceux de jeunes de l’UDI ainsi que d’élus centristes, de membres de la campagne d’Alain Juppé lors des primaires LR, de responsables du PS ainsi que de personnalités de la société civile et que beaucoup d’électeurs de tous bords ont l’intention de voter pour lui, l’ensemble des partis politiques sont en train de mettre au point tout un arsenal afin d’empêcher, non seulement, Emmanuel Macron de s’envoler dans les sondages mais de continuer à séduire et surtout récupérer nombre de leurs militants, sympathisants et électeurs.
Pare-feu, exclusions, menaces, attaques tous azimuts, critiques et dénigrements systématiques, mises en place de structures et de discours pour retenir ceux qui regardent du côté d’En marche), tout est bon pour les éloigner de Macron.
Les centristes s’en sont fait une spécialité, eux qui sont dans la panique de voir tous ceux-ci rejoindre en masse Emmanuel Macron qui occupe maintenant l’espace central dont il sera difficile de la déloger.
Ils ne font guère dans la nuance, tirant sans relâche à boulet rouge sur le leader d’En marche.
Le leitmotiv de François Bayrou – qui n’a pas encore renoncé à se présenter à la présidentielle – est désormais de comparer le programme de Macron, l’homme qui l’enfonce dans tous les sondages, à celui de Fillon qu’il compare à celui de Thatcher comme il vient de le redire sur BFMTV
Jean-Christophe Lagarde, quant à lui, s’échine sans peur du ridicule de dire le contraire de qu’il a dit pendant des semaines sur ses convergences avec Macron pendant que sont ennemi mortel, Hervé Morin continue de son côté à jouer le chien de garde fidèle pour LR, donc fait dans la critique systématique et peu subtile envers Macron après avoir envisagé une alliance avec lui après la présidentielle.
Mais ce ne sont plus que les centristes qui s’inquiètent.
A LR, on se rend compte de plus en plus qu’Emmanuel Macron est dans la capacité d’attirer à lui beaucoup de monde venu de la droite modérée comme cet ancien président du comité de soutien à Alain Juppé dans le Rhône qui vient de rejoindre le camp Macron en expliquant que «la défaite d'Alain Juppé» avait été «une grande déception» et qu’il ne se reconnaissait pas «dans le projet ultralibéral, dans la vision très conservatrice» de François Fillon.
Ainsi, chez les républicains, notamment chez les militants pro-Juppé, on est en train d’élaborer tout un plan comme le rapportait récemment le quotidien Le Monde.
Jean-Pierre Raffarin a été chargé de rassembler les élus juppéistes derrière Fillon en créant un «courant humaniste» au sein de LR pendant que Virginie Calmels vient de mettre sur pied une structure «libérale et humaniste» pour séduire les sympathisants de la droite modérée tentés par un ralliement à Macron qu’elle veut «démystifier».
Du côté du PS, on vient d’édicter des règles qui sont un plan anti-Macron assumé.
Comme l’a expliqué le secrétaire national aux élections du parti, Christophe Borgel, en faisant allusion à la candidature d’Emanuel Macron soutenue par nombre d’élus socialistes, tous les candidats ont reçu «copie d'un courrier du président de la commission nationale des conflits qui est un rappel statutaire et qui dit quelque chose de simple: être candidat socialiste aux législatives, c'est soutenir le candidat socialiste à l'élection présidentielle (…) La conséquence de ce rappel, c'est que ceux qui ne le soutiennent pas n'auront plus l'investiture socialiste».
On ne parle évidemment pas de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche qui s’en donnent à cœur joie dans le Macron bashing mais qui, elles, n’ont pas la crainte que Macron leur piquent des électeurs, encore que…


Alexandre Vatimbella



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