vendredi 2 décembre 2016

Présidentielle 2017. Bayrou et le syndrome de la gifle

En 2007, Bayrou avait fait le buzz en donnant une gifle à un jeune qui venait de lui faire les poches ce qui avait lancé sa campagne au bout de laquelle il fera un surprenant 18,57% lors du premier tour de la présidentielle.
Aujourd’hui, le président du MoDem ne voudrait pas le faire en la recevant de l’électorat comme l’a reçue Nicolas Sarkozy en se présentant à la primaire LR, François Hollande, lui, n’ayant pas voulu la recevoir ce qui l’a conduit à ne pas se représenter pour un nouveau mandat.
Obtenant actuellement un maigre score dans les sondages (entre 5% et 8%), il louvoie dans un discours où l’on sent tout son désarroi.
Exemple lors de son passage à l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV.
«- J’ai une question directe: pourquoi ne serez-vous pas candidat à l’élection présidentielle?
Pourquoi dites-vous cela? Vous prêchez le faux pour savoir le vrai. 
- Non, non. 
La question est très simple. L’élection présidentielle, c’est deux choses: une personnalité et un projet. Les deux comptent, et simplement, le projet que je ressens comme nécessaire pour la France, pour l’instant, n’est pas exprimé et n’est pris en compte par personne. La personnalité de François Fillon – vous savez bien que j’ai de l’amitié pour lui depuis longtemps – est une personnalité sur laquelle il n’y a aucun obstacle. Mais le programme qu’il a choisi de porter mérite que l’on ouvre les yeux, que la France, les Français, y compris de son camp, se posent des questions et s’interrogent. Je suis là pour que les yeux s’ouvrent et que l’on se pose vraiment les questions nécessaires. 
- Alors ma question est une mauvaise question.
Votre question est une question souriante.
- Alors je repose ma question: pourquoi seriez-vous candidat à la présidentielle?
On est candidat à l’élection présidentielle lorsque l’on sait avec certitude que ce que l’on porte n’est porté par personne d’autre et que c’est essentiel pour l’avenir du pays.
- C’est ce que vous savez aujourd’hui. 
Je n’ai pas dit cela.
- Vous venez de me dire «personne ne porte les idées que je défends».
Au-delà des sourires, c’est un choix, une décision qui est assez lourde, que je connais un peu. Cette décision lourde ne peut être prise qu’au terme – on dit d’un processus – d’une réflexion, au terme d’un travail par étape. C’est ce travail par étape que je lance en disant: on est aujourd’hui au terme de la primaire de la droite, on est aujourd’hui devant un candidat estimable mais dont le projet est, sur des points essentiels, un projet qui ne correspond pas aux nécessités de la France. Il correspond aux nécessités de l'électorat de la primaire, qui est un électorat qui n’est pas celui de la France au sens large.»
Le malaise est palpable dans cet échange où il prépare le terrain pour justifier, et sans candidature, et sa non-candidature...
François Bayrou veut évidemment se présenter mais son espace politique semble très réduit.
D’un côté, il n’y a pas l’épouvantail Sarkozy qui lui aurait ramené les voix de la grande majorité des centristes et une partie des voix des droitistes modérés.
De l’autre, il y a le jeune Emmanuel Macron qui lui prend un nombre conséquent de voix centristes tout en séduisant la gauche et la droite modérées.
Lorsqu’il s’imaginait candidat voici quelques mois, Sarkozy était là et Macron était absent.
Voilà qui rabat les cartes d’autant que l’atmosphère semble être au renouvellement de la classe des politiques et François Bayrou, contrairement à ce qu’il croyait, fait plutôt partie de ceux que les Français veulent remplacer plutôt que du sang nouveau qu’ils veulent insuffler à la vie politique.
La seule chance de Bayrou est que la bulle Macron se dégonfle et que Fillon dérape de plus en plus sur sa droite avec un candidat PS qui ne soit pas à la hauteur (Montebourg, par exemple).
Cela fait beaucoup de paramètres positifs qui doivent survenir et qui ne sont pas les plus probables.
Si François Fillon peut effectivement déraper, et il vient de le faire en rallumant inutilement la confrontation sur les nationalisations d’entreprises publiques, il tentera plutôt de rassembler que de cliver.
En outre, on voit mal Emmanuel Macron baisser dramatiquement dans les sondages (mais ce n’est pas impossible) et le candidat socialiste devrait plutôt s’appeler Manuel Valls qu’Arnaud Montebourg.
Reste que François Bayrou se donne désormais du temps puisqu’il a indiqué qu’il n’annoncerait sa décision finale que fin janvier-début février dans l’espoir que le vent tourne en sa faveur, une espérance à la hauteur de son désarroi.
Parce que ce n’est pas seulement son avenir politique qui est en jeu, c’est tout le sens de son existence.

Alexandre Vatimbella



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