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jeudi 10 juillet 2025

La Quotidienne centriste du 10 juillet 2025. Défense: faire de l’Europe une puissance nucléaire


Macron et Starmer ont décidé de rapprocher les forces de frappe nucléaires de la France et du Royaume-Uni.

Voici leur communiqué commun:
«Le Président de la République française et le Premier Ministre du Royaume-Uni réaffirment leur engagement résolu et de longue date à la coopération nucléaire. Il n'y a pas de démonstration plus forte de la solidité et de l'importance de notre relation bilatérale que notre volonté de coopérer dans ce domaine des plus sensibles. À cet égard nous saluons les progrès importants réalisés depuis 2010.  
Nos armes nucléaires ont pour but de dissuader les menaces les plus extrêmes contre la sécurité de nos deux nations et nos intérêts vitaux. Nos forces nucléaires sont indépendantes mais peuvent être coordonnées et contribuent significativement à la sécurité globale de l'Alliance, et à la paix et la stabilité de la zone euro-atlantique. 
Comme nous le déclarons explicitement depuis 1995, nous n'imaginons pas de situation dans laquelle les intérêts vitaux de l'un de nos deux pays, la France et le Royaume-Uni, pourraient être menacés sans que les intérêts vitaux de l'autre ne le soient aussi. La France et le Royaume-Uni s'accordent sur le fait qu'il n'existe pas de menace extrême contre l'Europe qui ne susciterait pas de réponse de nos deux nations.
La France et le Royaume-Uni ont par conséquent décidé d'approfondir leur coopération et coordination nucléaires. Un groupe de pilotage nucléaire franco-britannique sera instauré afin d'assurer la coordination politique de ce travail. Il sera dirigé par la Présidence de la République française et le Cabinet du Premier Ministre britannique et jouera un rôle de coordination dans les domaines stratégiques, capacitaires et opérationnels.
Le Royaume-Uni et la France réaffirment leur plein soutien au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et à leurs obligations au titre de ce traité. Nous nous coordonnerons de façon toujours plus étroite afin de maintenir et renforcer l'architecture internationale de non prolifération.»

Emmanuel Macron a apporté des précisions sur ce communiqué:
«Sur le nucléaire, nous avons pris trois décisions importantes. La première concerne notre doctrine. En 1995, à Chequers, nous avions affirmé que nous ne voyions pas de situations où les intérêts vitaux de l’un soient affectés sans que ceux de l’autre le soient aussi, Aujourd’hui, dans le contexte radicalement différent qui est le notre et dans l’esprit de la dimension européenne que j’ai déjà pu évoquer, nous allons plus loin. Nous reconnaissons que nous n’imaginons pas de  situation de menace extrême à l’Europe qui ne susciterait pas une rapide réponse de notre part, quelle que soit la nature de cette réponse.
La deuxième décision est que nous n’excluons pas la coordination de nous dissuasions respectives. C’est un message que doivent entendre nos partenaires et nos adversaires.
La troisième décision, c’est le choix d’approfondir encore notre coopération dans le domaine de la dissuasion, que ce soit pour la politique, les capacités ou les opérations.
Nous avons décidé pour cela d’établir une structure commune, le groupe de supervision nucléaire qui sera chargé d’animer cette coopération.
Ce sont des décisions fondamentales que nous avons prises aujourd’hui dans l’accord signé. Nos deux pays restent indépendants, souverains, mais nous nous donnons les moyens, lorsque nécessaire, d’œuvrer ensemble à la mesure de l’environnement nettement plus menaçant qui est devenu le notre.»

La veille, lors de son intervention devant les parlementaires britanniques, il avait déclaré:
«Nos deux pays, les seuls États européens dotés d’armes nucléaires, les principales forces armées du continent, représentant ensemble 40 % des budgets militaires européens, s’engagent à assumer pleinement la responsabilité en matière de sécurité européenne. Et nous sommes confrontés à de nouvelles menaces, avec des puissances nucléaires agressives, avec des alliances parfois hésitantes, et le retour d’un conflit majeur sur notre continent. C’est pourquoi, aujourd’hui, notre sommet est si important et l’annonce que nous avons préparée si historique.
Les capacités identifiées il y a 15 ans à Lancaster House doivent être considérablement augmentées en proportion de la menace. Notre coopération industrielle doit également passer à un niveau supérieur, et notre relation avec l’Europe doit changer, même au cœur de la souveraineté. Il y a une attente en Europe que la foi avec les voisins révisionnistes, nos deux pays, ait une responsabilité particulière pour la sécurité du continent. Et il est temps de l’articuler et de paraphraser la célèbre phrase de Pitt, ‘pour s’assurer que non seulement nos deux pays se sauveront par leurs propres efforts, mais aussi que nous sauverons l’Europe par notre exemple et notre solidarité.’ Mais nous reviendrons sur ce point plus en détail lors du sommet de jeudi, mais très clairement, en prenant l’engagement d’aller vers les 3,5% sur la défense dans les années à venir, il ne s’agit pas seulement d’amasser de l’argent, mais d’augmenter notre coopération tous ensemble, réduire nos dépendances, et construire un pilier européen fort dans l’OTAN. Nous devons travailler ensemble pour coopérer, comme nous l’avons fait il y a quelques années au Sahel, côte à côte. Nous devons coopérer afin de construire un nouveau programme commun, d’accroître la coopération de nos industries et de rendre l’Europe de la défense plus indépendante et plus forte.»

Cet important tournant dans l’organisation d’une défense européenne incluant très concrètement les armes nucléaires pourrait ainsi être le socle d’une Europe puissance nucléaire capable enfin d’être l’acteur de sa propre sécurité et de faire entendre sa voix dans le monde.

Cette Europe de la Défense serait plus large que l’Union européenne, ce qui n’est pas un problème pour le fonctionnement de celle-ci et lui assurerait une protection salutaire pour son développement politique et économique.

La France et le Royaume-Uni ont aussi dans l’idée d’incorporer l’Allemagne dans la direction de cette Europe de la Défense qui inclurait tous les autres pays du continent au-delà même de l’UE.

Si cette initiative se concrétise vraiment, alors il s’agira d’un changement d’échelle pour les Européens depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale et d’une nouvelle donne pour le monde.

 

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

 


Propos centristes. France – Sécurité européenne: alliance nucléaire France-Royaume-Uni / Sentiment patriotique / Budget 2026 / Lutte contre la pauvreté / Refondation de l’action publique / La menace Poutine / Nucléaire iranien…


Voici une sélection, ce 10 juillet 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Discours du Président de la République devant les deux chambres du Parlement au Palais de Westminster]
C’est un très grand honneur de prendre la parole devant les deux chambres du Parlement britannique. Un lieu composé à la fois d’une chambre haute et d’une chambre basse, lieu d’histoire passée et d’histoire en devenir. Un endroit où la démocratie moderne a émergé et les principes de représentation démocratique et de consentement sont nés.
En établissant ses propres règles, votre grand peuple a inspiré le reste du monde, et en particulier mes compatriotes, qui vous considèrent avec respect, avec plus qu’un peu d’admiration. En France, Montesquieu et Rousseau se sont inspirés des œuvres de Locke à tel point que les « Lettres philosophiques » de Rousseau sont souvent appelées Lettres sur l’anglais dans mon pays. Mais s’il vous plaît, ne vous méprenez pas. Je n’irai pas jusqu’à dire que l’Angleterre a donné naissance à la Révolution française. Cependant, je dois avouer que nous aimons la monarchie, mais surtout quand ce n’est pas chez nous. Mais je crois vraiment que de la Magna Carta à la déclaration d’indépendance des États-Unis en 1776 et à la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen en 1789, une même voie a émergé vers l’ordre démocratique et l’état de droit. Et tant de fois ce chemin partagé a été forgé dans la fraternité d’armes. Tant de fois, il a suivi les petits sentiers des Ardennes et du massif des Vosges sous la grêle des balles allemandes de 1914 à 1918. Tant de fois, il a presque dévié de sa trajectoire, repris par nos ancêtres communs, reconquis la côte normande centimètre par centimètre sous le soleil éclatant de juin 1944.
Et je voudrais remercier le Premier ministre Starmer, cher Keir, d’avoir assisté aux cérémonies du 11 novembre de l’année dernière, honorant nos soldats tombés. Le coquelicot rouge britannique aux côtés des Bleuets de France, devenant le premier chef de gouvernement britannique à passer le jour de l’Armistice à Paris en 80 ans. Merci. Le peuple français n’oubliera jamais les sacrifices que le peuple britannique a faits pour protéger l’Europe et le monde pendant les deux guerres mondiales et pour maintenir avec une détermination farouche la promesse de notre « Entente cordiale ». Nous n’oublierons jamais le soutien de l’asile que vos ancêtres ont donné aux Forces françaises libres dans la lutte contre la barbarie des nazis. Sir Winston Churchill était l’un des visionnaires qui ont eu la clairvoyance d’aider à forger une alliance transatlantique solide et de créer un ordre européen pacifique dans lequel il croyait profondément. Il nous a transmis la même vision d’un ordre mondial fondé sur le droit, la justice et le respect de l’intégrité territoriale. Un ordre qui est aujourd’hui attaqué quotidiennement alors que nous assistons à des attaques directes contre nos démocraties, au retour de la guerre sur notre continent, à la résurgence d’impulsions impériales et au flottement des règles internationales par les puissances déstabilisatrices tout en tentant de diviser le monde à leur avantage.
Président, vous et vos prédécesseurs êtes devenus célèbres, je dois le dire, même en France, pour votre façon de rétablir l’ordre à la cour avec vos exclamations impériales et impérieuses : « Ordre, ordre ! » Et aujourd’hui, nous souhaitons vous rejoindre pour lancer « ordre, ordre ! » avec vous pour se calmer sur le reste du monde. En tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, profondément attachés au multilatéralisme, le Royaume-Uni et la France doivent une fois de plus montrer au monde que notre alliance peut faire toute la différence. Clairement, nous devons travailler ensemble afin de défendre un multilatéralisme efficace et de protéger l’ordre international tel que nous le pensions après la Seconde Guerre mondiale.
Et d’abord, en soutenant l’Ukraine, qui a été illégalement attaquée par les deux, en ralliant le soutien des Européens, et en se coordonnant avec les Américains pour créer les conditions nécessaires à une paix durable robuste et solide. Je tiens à féliciter votre pays depuis le premier jour et même avant le premier jour, vous faisiez partie du plus proche allié de l’Ukraine, formant leur armée, étant ici le premier jour pour protéger le président Zelensky, son gouvernement, et permettant simplement à leurs forces de résister, comme vous l’avez fait il y a des décennies avec mon pays. Et ensemble, nous avons travaillé très dur au cours des dernières années afin de soutenir le peuple ukrainien, simplement en l’aidant à résister. Nous avions raison et nous avons raison. Et parce que chaque fois que la Russie de Vladimir Poutine avance en Ukraine, la menace se rapproche de nous tous. Nous n’accepterons jamais la théorie selon laquelle la raison du plus peut être justifiée. Et je veux être clair. C’est pourquoi, avec vous, Monsieur le Premier ministre, nous avons décidé de lancer en février dernier cette Coalition des Willing que vous avez évoquée. Et cette coalition n’était qu’un signal que les Européens n’abandonneront jamais l’Ukraine. Jamais.
Et quelles que soient les décisions qui pourraient être ailleurs, nous nous battrons jusqu’à la toute dernière minute afin d’obtenir le cessez-le-feu, afin de commencer les négociations pour construire cette paix robuste et durable. Parce que c’est notre sécurité et nos principes ensemble qui sont en jeu en Ukraine. C’est la possibilité d’une paix européenne, que notre génération a connue au cours de la dernière décennie, qui est en jeu en Ukraine, rien de moins. Et ensemble, nous suivrons ces efforts.
Nous sommes également restés unis pour appeler à la cessation des hostilités et au chemin vers la paix au Moyen-Orient depuis que la spirale de violence a commencé après les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023. Ensemble, nous appelons à la libération de tous les otages. Ensemble, nous avons appelé à un cessez-le-feu à Gaza. C’est une urgence absolue de mettre fin aux souffrances des otages et des Gazaouis. Une guerre sans fin et sans objectif stratégique constitue une menace énorme pour la région et notre sécurité collective. Aujourd’hui, une déshumanisation se produit là-bas qui ne peut jamais être justifiée. Ensemble, nous sommes conscients qu’une issue politique est cruciale, et je crois en l’avenir des deux solutions étatiques comme base d’une architecture de sécurité régionale qui permettra à Israël de vivre en paix et en sécurité aux côtés de ses voisins. Mais je veux être clair. Demander aujourd’hui un cessez-le-feu à Gaza sans aucune condition, c’est simplement dire au reste du monde que pour nous, en tant qu’Européens, il n’y a pas deux poids deux mesures. Et comme nous sommes attachés aux vies humaines, comme nous sommes attachés à l’intégrité territoriale, nous voulons le cessez-le-feu. Pas de discussion. Et aujourd’hui, travailler ensemble pour reconnaître l’État de Palestine et initier cet élan politique est la seule voie vers la paix.
Parce que depuis Oslo en 1993, avec Gaza en ruine et la Cisjordanie attaquée quotidiennement, la perspective d’un État palestinien n’a jamais été mise en danger comme elle l’est. Et l’objectif d’une reconnaissance n’est pas seulement de faire notre devoir, mais aussi de rouvrir une perspective politique et de refuser juste une réponse basée sur la sécurité. Et c’est pourquoi la solution des deux états et la reconnaissance de l’état de Palestine est aussi, selon moi, le seul moyen de construire la paix et la stabilité pour tous dans toute la région. Cette approche est conforme à notre refus commun de tolérer la menace posée par un Iran qui possède des armes nucléaires.
Là encore, nous ne connaissons que trop bien les limites des solutions basées sur la force et la tentation de provoquer un changement de régime. La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, en coordination avec toutes les parties prenantes, ont le devoir de mettre en place une négociation rigoureuse qui garantisse une surveillance internationale du programme nucléaire iranien sur le long terme, préservant ainsi le cadre de non-prolifération comme fondement de la sécurité collective. C’est avec la même cohérence et fermeté que nous devons agir pour défendre l’ordre mondial.
En Afrique, nos deux pays ont un lourd passé, c’est pourquoi nous pouvons légitimement envoyer un message de conciliation et de refus des sphères d’influence, de respect de la souveraineté économique et territoriale. Dans l’Indo-Pacifique, notre histoire a fait de nous un gardien de la liberté de navigation et du respect du droit international que nous défendons. Au milieu de ces bouleversements, l’alliance entre la France et le Royaume-Uni n’a pas faibli. Elle est même devenue plus forte.
Oui, au cours des dernières années, cette alliance est devenue plus forte. En matière de défense et de sécurité, les traités de Lancaster House ont montré que nous étions disposés à coopérer sur les sujets les plus sensibles, concernant notre souveraineté et notre dissuasion. Lorsque nos deux pays les ont signés, certaines personnes intelligentes ont trouvé un moyen d’en tirer des économies de ressources, et d’autres les ont même surnommés « l’Entente Frugale ». Pourtant, ils ont réussi à structurer la coopération en matière de défense entre nos deux pays au cours des 15 dernières années.
Lors de ce sommet bilatéral, nous entrerons dans une nouvelle étape qui permettra d’intensifier cette coopération. Et nos deux pays, les seuls États européens dotés d’armes nucléaires, les principales forces armées du continent, représentant ensemble 40 % des budgets militaires européens, s’engagent à assumer pleinement la responsabilité en matière de sécurité européenne. Et nous sommes confrontés à de nouvelles menaces, avec des puissances nucléaires agressives, avec des alliances parfois hésitantes, et le retour d’un conflit majeur sur notre continent. C’est pourquoi, aujourd’hui, notre sommet est si important et l’annonce que nous avons préparée si historique.
Les capacités identifiées il y a 15 ans à Lancaster House doivent être considérablement augmentées en proportion de la menace. Notre coopération industrielle doit également passer à un niveau supérieur, et notre relation avec l’Europe doit changer, même au cœur de la souveraineté. Il y a une attente en Europe que la foi avec les voisins révisionnistes, nos deux pays, ait une responsabilité particulière pour la sécurité du continent. Et il est temps de l’articuler et de paraphraser la célèbre phrase de Pitt, « pour s’assurer que non seulement nos deux pays se sauveront par leurs propres efforts, mais aussi que nous sauverons l’Europe par notre exemple et notre solidarité. » Mais nous reviendrons sur ce point plus en détail lors du sommet de jeudi, mais très clairement, en prenant l’engagement d’aller vers les 3,5% sur la défense dans les années à venir, il ne s’agit pas seulement d’amasser de l’argent, mais d’augmenter notre coopération tous ensemble, réduire nos dépendances, et construire un pilier européen fort dans l’OTAN. Nous devons travailler ensemble pour coopérer, comme nous l’avons fait il y a quelques années au Sahel, côte à côte. Nous devons coopérer afin de construire un nouveau programme commun, d’accroître la coopération de nos industries et de rendre l’Europe de la défense plus indépendante et plus forte.
Deuxièmement, sur le climat et la biodiversité. Ensemble, nous nous engageons envers la planète face à la nouvelle ligue des réactionnaires internationaux, qui nient la science et les faits. Nous défendons également d’une seule voix la mise en œuvre de nos ambitions climatiques vers la neutralité carbone, l’élimination progressive des combustibles fossiles et la protection des forêts, qui seront au cœur des enjeux de la prochaine COP30 à Belém. Nous agissons également ensemble pour parvenir à la ratification du traité BBNJ sur la protection des océans, en mobilisant le secteur privé, en réformant le système d’aide publique au développement conformément au Pacte pour la prospérité, les personnes et la planète, où nous travaillons ensemble.
Nous avons travaillé très activement et travaillons encore ensemble sur la biodiversité et les crédits de biodiversité. Le rapport que nous avons commandé ensemble en tant que franco-britanniques lors de la visite d’État du roi Charles en France n’est pas seulement excellent, mais nous l’approuvons et nous le mettrons en œuvre. Nous allons maintenant continuer à travailler ensemble et mettre en œuvre ce travail.
Troisièmement, sur la migration. J’ai le sentiment d’être attendu sur cette question aussi bien dans votre pays. En effet, dans ce monde instable, l’espoir d’une vie meilleure ailleurs est légitime, mais nous ne pouvons pas permettre que les règles de nos pays pour accueillir des gens soient flattées et que des réseaux criminels exploitent cyniquement les espoirs de tant d’individus avec si peu de respect pour la vie humaine.
La France et le Royaume-Uni ont une responsabilité partagée pour aborder la migration irrégulière avec humanité, solidarité et fermeté. Les décisions que nous prendrons lors de notre sommet bilatéral répondront à nos objectifs de coopération et de résultats tangibles sur ces questions majeures. Très clairement, nous chargeons notre ministre de l’Intérieur de travailler en étroite collaboration, et je tiens à saluer la coordination et la coopération très étroites. Mais notre objectif, très clairement, est d’avoir la meilleure coopération jamais établie entre nos deux pays afin de résoudre aujourd’hui ce qui est un fardeau pour nos deux pays. Mais permettez-moi de rappeler également, alors que nous déployons ces efforts bilatéraux et que nous intensifions notre coopération, qu’un tiers des personnes entrant illégalement dans l’espace Schengen tentent de traverser la Manche. Nous n’arriverons à une solution durable et efficace qu’avec l’action au niveau européen et la coopération, notamment des pays du premier et du troisième, sur le sol européen, en continuant à travailler avec les pays de départ et de transit des routes migratoires mondiales ainsi qu’en abordant les facteurs d’attraction. Soyons clairs, nous allons livrer ensemble parce que cette question est une question claire pour nos deux pays.
Quatrièmement, sur l’économie. Notre commerce a été relancé et a même dépassé les niveaux d’avant le Brexit. Les 3500 entreprises françaises qui travaillent au Royaume-Uni restent le deuxième employeur étranger dans votre pays et vice versa. Et nous voulons faire plus, à l’occasion du sommet aussi.
Nous fournirons des résultats supplémentaires, des investissements supplémentaires et des investissements très stratégiques dans les domaines de l’énergie et de l’espace où nous avons une coopération de longue date, mais où nous voulons construire un nouveau pas en avant et ouvrir une nouvelle ère.
Depuis la dernière fois qu’un président français a pris la parole devant vous en 2008, l’Europe a changé.
Tout d’abord bien sûr parce que le peuple britannique souverain a choisi de quitter l’Union européenne en 2016, une décision que nous respectons, même si nous la trouvions profondément regrettable. Je suis conscient que je suis le premier chef d’État européen à effectuer une visite d’État depuis que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne. Je prends pleinement en compte l’importance de ce moment.
Il nous a fallu quelques années, mais nous avons convenu des bases de notre nouvelle relation après l’accord de retrait et l’accord de commerce et de coopération renforcé par le cadre de Windsor. Et certains d’entre nous ont travaillé très dur sur tous ces textes. J’ai de bons souvenirs.
Je soutiens également les efforts du premier ministre Starmer pour rétablir la confiance, assurer le respect des accords conclus et renforcer ce cadre par une coopération ciblée dans notre intérêt commun. Je me réjouis que le 19 mai, nous ayons pu définir une feuille de route pragmatique entre l’Union européenne et le Royaume-Uni sur la défense, l’énergie, le climat et d’autres questions.
Mais tout comme quitter l’Union européenne ne signifie pas que le Royaume-Uni a quitté l’Europe, les efforts pour relever les défis auxquels toute l’Europe est confrontée ne peuvent se limiter à la seule Union européenne. Ce qui est en jeu aujourd’hui en Europe, c’est notre capacité à assumer la responsabilité d’assurer nous-mêmes plus largement la sécurité de notre continent.
Ce qui est en jeu aujourd’hui en Europe, c’est notre capacité à investir dans les technologies clés du futur — l’IA, les technologies quantiques, l’espace, la biotechnologie, les sources d’énergie décarbonées et l’industrie de la défense, comme je l’ai mentionné—afin d’éviter les dépendances stratégiques et le désengagement qui nous mettraient en danger, et surtout le risque d’une mort lente, pour citer Mario Draghi.
En effet, nous devons d’abord réduire les risques pour nos économies et nos sociétés liés au manque d’innovation. Et c’est ce que nous avons vécu au cours de la dernière décennie, si nous comparons nos pays avec les États-Unis. Nous devrons également réduire le risque de nos deux pays pour les dépendances excessives aux États-Unis et à la Chine. Je ne mets pas un signe égal entre la Chine et les États-Unis. Nous avons un allié fort d’un côté et un challenger, parfois un partenaire lorsque nous parlons du changement climatique, avec la Chine.
Mais soyons réalistes. Si les Européens, si le Royaume-Uni et la France ne travaillent pas ensemble pour construire des chaînes de valeur solides, afin de réduire nos dépendances dans ce domaine critique, comme je l’ai mentionné, si nous dépendons toujours à la fois de la Chine et des États-Unis, Je pense que nous avons une vision claire de notre avenir et de l’avenir de nos enfants.
D’un côté, les surcapacités et les subventions excessives sont des menaces claires pour un commerce équitable. Et ils déstabilisent beaucoup de chaînes de valeur et créent de nouvelles dépendances. D’un autre côté, la guerre commerciale est clairement une décision explicite de ne plus être conforme à l’OMC et ce « doux commerce » que nous avons aimé jusqu’à présent.
Nous n’avons pas d’autre choix si nous voulons être lucides, si nous voulons construire un avenir durable pour tous les enfants, pour dérisquer nos économies et nos sociétés de ces doubles dépendances. Nous voulons un monde ouvert. Nous voulons coopérer, mais pas dépendre. Et chaque fois que nous dépendons, chaque fois que nous ne sommes pas capables de nous lever et de décider et d’accepter de ne pas être d’accord, c’est le début de notre problème. Nous sommes dans cette situation. C’est pourquoi nous devons travailler très dur ensemble dans ce domaine technologique et économique afin de renforcer nos chaînes de valeur ensemble et réduire ces dépendances.
Mais ce qui est aussi en jeu aujourd’hui en Europe, c’est la défense des modèles démocratiques face à l’ingérence étrangère, la manipulation de l’information, la domination des esprits par les émotions négatives et l’addiction aux médias sociaux. C’est le grand autre risque.
C’est le même défi auquel nous sommes confrontés en ce qui concerne l’ère numérique, la restriction en ligne et la protection de nos enfants contre les médias sociaux et les écrans, un problème brutalement mis en lumière il y a trois mois par la série britannique « Adolescence ». Soyons clairs, c’est le même type de risque. Être vulnérable à un algorithme conçu aux États-Unis, être vulnérable à un algorithme conçu en Chine avec des réseaux sociaux même pas autorisés pour les adolescents chinois. C’est être vulnérable aux interférences et à la désinformation venant de Russie et d’autres endroits. Mais la force de nos démocraties dépend de notre capacité à créer de nouvelles réglementations afin de mieux protéger nos enfants et nos démocraties, ainsi que notre débat démocratique, la relation avec la science et la vérité. Sinon, notre avenir sera décidé par ceux qui décideront de ces algorithmes.
Nos deux pays sont parmi les plus anciennes nations souveraines d’Europe et la souveraineté signifie beaucoup pour nous deux. Tout ce à quoi j’ai fait référence concernait la souveraineté. Décider pour nous, choisir nos technologies, notre économie, décider de notre diplomatie et décider du contenu que nous voulons partager, des idées que nous voulons partager et des controverses que nous voulons partager.
Même s’il ne fait pas partie de l’Union européenne, le Royaume-Uni ne peut rester en retrait car la défense et la sécurité, la compétitivité, la démocratie, le cœur même de notre identité sont connectés à travers l’Europe en tant que continent.
Et vous me comprenez, le point n’est pas de diverger mais d’avancer côte à côte sur ces choix stratégiques auxquels nous sommes confrontés, pour éviter le risque d’effacement, de division, de faiblesse, une certaine idée de l’Europe, si chère à George Steiner, doit continuer à nous connecter aujourd’hui.
C’est aussi le sens de la Communauté politique européenne, qui a montré sa capacité à rassembler la famille européenne sur tout le continent européen, pour aborder concrètement les questions de stabilité, de sécurité et de coopération entre les États. Le Royaume-Uni joue pleinement son rôle, comme démontré il y a un an lors du sommet de Blenheim.
Je crois que nos deux pays continueront à être des moteurs de changement, des moteurs de cette Europe élargie et de cette convergence significative.
Nous devons pouvoir compter sur nos relations économiques, académiques, de recherche et culturelles pour relever ensemble ces défis liés à la souveraineté. Je me réjouis du nombre d’accords de partenariat que nos universités, musées, institutions de recherche signeront en marge de cette visite. Ils participeront à notre programme respectif de réindustrialisation et d’indépendance stratégique dans des secteurs clés allant de l’intelligence artificielle à la culture. Nos deux pays sont des leaders en Europe lorsque nous faisons référence à l’IA. Mais la concurrence des États-Unis et de la Chine est féroce et l’Europe sur ce point aussi doit augmenter ses investissements. C’est pourquoi nous devons aussi travailler ensemble.
Alors que le tunnel sous la Manche célèbre son 30e anniversaire cette année, faisons un vœu ici aujourd’hui. Ne laissons pas le canal s’élargir. Bien que 300000 Français vivent au Royaume-Uni et 150000 Britanniques en France, il y a eu une diminution des mouvements ces dernières années en ce qui concerne les échanges scolaires, universitaires, professionnels et de recherche.
Aujourd’hui, il y a un risque que nos sociétés s’éloignent, que nos jeunes ne se connaissent pas aussi bien et finissent par devenir des étrangers à une époque où les événements actuels internationaux nous rappellent quotidiennement notre avenir commun. Fixons-le. Travaillons ensemble afin de faciliter l’échange d’étudiants, de chercheurs, d’intellectuels, d’artistes. C’est si important. Permettons à nos enfants d’avoir les mêmes opportunités que celles que nous avions.
Membres du Parlement, mes lords, demain au British Museum, nous annoncerons officiellement un échange historique. À l’approche du 1000e anniversaire de la naissance de Guillaume le Conquérant, la France prêtera au Royaume-Uni la tapisserie de Bayeux.
Je dois dire qu’il a probablement fallu plus d’années pour livrer ce projet que tous les textes du Brexit. Parce que nous l’avons lancé ensemble avec la Première ministre Theresa May à ce moment-là lors d’un sommet il y a quelques années. Mais en fin de compte, nous l’avons fait. Et la tapisserie sera déplacée à Londres, tandis que les musées nationaux de Rouen et de Caen recevront le trésor de Sutton Hoo en prêt.
Je pense que les prêts mutuels de ces trésors nationaux extraordinaires impliqueront des échanges humains fascinants, ce qui sera certainement positif pour notre avenir en termes de culture. Et voyons cet échange se déroulant entre l’été 2026 et l’été 2027 comme le début de cette nouvelle ère d’échange et la réouverture de ce mouvement mutuel.
Les temps de Guillaume le Conquérant sont terminés, heureusement, ainsi que les rangées de cavalerie en charge. Notre « Entente Cordiale », scellée il y a 126 ans, a permis à nos pays de rapprocher leur avenir pour protéger les équilibres stratégiques de l’Europe et d’entrer dans une ère de coopération et de compétition, en remplaçant nos champs de bataille par des terrains de football et de rugby, comme vous l’avez mentionné.
A l’invitation de Sa Majesté, le roi Charles III, que je tiens à remercier pour son hospitalité et la relation très spéciale qu’il entretient depuis longtemps avec mon pays.
Je suis venu ici aujourd’hui pour renouveler le message d’amitié et de fraternité du peuple français. Oui, enfin nous nous retrouvons. Et soyons sûrs que nous nous reverrons pendant des années et des décennies. Parce que nous sommes liés par notre géographie, par notre passé, mais nous sommes liés par notre avenir commun. Et la seule façon de surmonter les défis que nous avons, les défis de notre époque, sera d’aller ensemble, main dans la main, épaule contre épaule. C’est notre destin commun.
Vive notre amitié France-Royaume-Uni !
Vive le Royaume-Uni !
Vive la France !

> [Discours devant le roi d’Angleterre] Vos Majestés, vos mots de bienvenue sont un honneur pour ma femme et moi-même et nous touchent profondément. Je voudrais maintenant dire à quel point j’apprécie votre accueil à Windsor, un signe de votre grande courtoisie et un témoignage de votre amitié avec la France. Pourrait-il y avoir un meilleur symbole de la longévité et de la solidité de votre nation que ce palais ? Construit il y a longtemps par les Normands comme une forteresse. Il a été remis à son usage d’origine pendant le Blitz, lorsqu’il protégeait la princesse Elizabeth et sa sœur cadette, Margaret.
Et si vous me l’autorisez Votre Majesté, c'est à la Reine Elisabeth II que vont mes premières pensées ce soir. Les Français ont porté à votre mère, la Reine, une admiration et une affection authentiques, qui fut, je le crois, réciproque. Car elle parlait notre langue, comme vous, aimait notre culture, nos chevaux, et qu'aucun autre pays n'a eu le privilège de la recevoir aussi souvent que le nôtre. Pour vous elle était votre reine, pours nous elle était la reine. Permettez-moi d'ajouter que l'attachement de mes compatriotes s'adresse aussi à votre personne. Votre combat pour l'environnement et la biodiversité, au nord comme au sud de notre planète, votre détermination à valoriser la qualité des produits agricoles, votre résolution à défendre et renouveler les métiers et savoir-faire issus de la tradition, si utile, d'ailleurs, à la reconstruction de Notre-Dame, que vous venez d'évoquer, et, avant elle, à ce même château dans lequel nous nous trouvons, sont en France autant de motifs de plébiscite pour vos engagements.
Et sachez, Votre Majesté, que quand vous êtes monté à la Tribune européenne pour défendre les fromages au lait cru, vous avez définitivement gagné tous les cœurs français. Face à ceux qui préfèrent la fadeur aseptisée, à toute forme de prise de risque, à la table de leur repas comme à celle des nations, notre commune défense du Camembert ou du Roquefort devient le manifeste bactériologique, si je puis dire, d'une certaine idée de la civilisation. Plus sérieusement, c'est une « élégance, une constance, une habitude du cœur », comme disait Tocqueville, que nous aimons en vous. Cette affection que nous portons à la couronne anglaise n'est pas le moindre des paradoxes d'un peuple français, je le rappelais tout à l'heure à Westminster, qui aime les monarchies sincèrement tant qu'elles sont chez les autres.
Votre ancêtre, la reine Victoria, a d'ailleurs toujours son portrait solennel dans un salon de l'Élysée, et l'avenue Georges V est une des plus belles de Paris. La profondeur des liens qui unissent nos peuples, sans équivalent dans l'histoire, est le fruit des siècles d'échanges, d'inspirations croisées, mais aussi d'alliances sans cesse bousculées, de rivalités sans cesse réinventées. Au fond, nous vivons comme dans un bon roman de Jane Austen, où les plus grandes hostilités révèlent en effet des attractions paradoxales. Miss Elizabeth Bennet passe des centaines de pages à se plaindre de l'arrogance de Mr Darcy, et vous savez comment finit le roman. Quant à nos deux peuples, nous avons été, au cours de l'histoire, des ennemis si fidèles, si dévoués, que nous ne pouvions pas ne pas devenir amis. Mieux, frères, par le sang, par l'espoir, par la gloire. L'épreuve des tranchées d'abord, le sacrifice des alliés, la résistance, ensuite, changèrent tout. Jamais la France n'oubliera que l'appel du Général de Gaulle, il y a 85 ans, galvanisait le courage de la résistance depuis les ondes de la BBC, et que rien n'aurait été possible sans la couronne, le cabinet de guerre de Winston Churchill et la ville de Londres qui lui donnèrent asile.
Cette fidélité à nos histoires intimement intriquées, cette disposition à se tenir debout et côte à côte quand nos valeurs, c'est-à-dire nos existences, sont menacées telle est la force de l'Alliance franco-britannique. Aujourd'hui encore, face à l'agression en Ukraine lancée par la Russie, face aux risques multiformes de déstabilisation de l'Europe, face à la crise au Moyen-Orient, nous sommes aux avant-postes de la défense de la sécurité de notre continent et de ses valeurs démocratiques. Ensemble, le Royaume-Uni et la France, puissances de paix et de progrès, ont la capacité d'entraîner les nations en Europe et ailleurs. À l'avant-veille du sommet franco-britannique, que nous tiendrons avec Monsieur le Premier ministre, je suis venu à Londres ambitieux et confiant pour l'avenir de notre relation.
Les peuples sont les vraies richesses des nations. Et les 300 000 Français de notre côté de la Manche, les 150 000 Britanniques de notre côté sont la sève de cette relation et le rappel constant que nous ne devons jamais laisser la Manche s'élargir entre nous, car c'est bien notre richesse que cette densité de liens d'investissement, d'entreprenariat, de recherche, de science, d'éducation, de création. Sans oublier cette amicale rivalité sportive qui nous a réunis l'été dernier encore lors des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques. Et je dois avouer qu'un des plus grands compliments qu'on nous ait fait fut de nous dire que les Jeux de Paris 2024 étaient à la hauteur des très beaux Jeux de Londres de 2012. D'autres compétitions mettront prochainement aux prises nos athlètes, la Coupe du monde de rugby féminin, qui sera organisée en Angleterre le mois prochain, et en 2027, le Grand départ Grande-Bretagne du Tour de France et du Tour de France femmes, qui passera par les nations écossaise, galloise et anglaise.
Et je voudrais annoncer ce soir, je l'ai évoqué cet après-midi à Westminster, en ce lieu, un projet longuement mûri, dont vous m'avez souvent reparlé, sur lequel, à plusieurs reprises, vous m'avez écrit. Nous avons décidé, en effet, de conclure un débat qui dure depuis au fond 70 ans, et de prêter à la Grande-Bretagne un joyau emblématique de notre histoire, la tapisserie de Bayeux. Cette tapisserie, que le mystère des siècles a appelée ainsi alors qu'il s'agit en fait d'une broderie, est le récit de la conquête de l'Angleterre, brodée en effet point par point par les femmes normandes du XIe siècle. D'aucuns prétendent que ce fut, en fait, plutôt brodé de votre côté de la Manche, mais je laisserai les spécialistes revenir sur la controverse. Mais c'est une véritable bande dessinée d'étoffe rapportant l'épopée du Duc Guillaume le Conquérant, ce même Guillaume de Normandie qui posa les fondations du palais où nous nous trouvons ce soir. Et selon les chroniques historiques normandes, la couronne d’Angleterre a été accordée au duc William par son cousin, le roi Edward le Confesseur. Et lorsque le duc William vit le trône occupé par le comte anglo-saxon Harold, il décida de le reprendre à l’homme qu’il considérait comme un traître. Cela fait de la tapisserie non seulement l’histoire d’une saga militaire, mais un monde spirituel qui représente la punition du parjure. Aucune alerte spoiler nécessaire. Vous pourrez bientôt découvrir le reste de l’histoire vous-même sur les murs du British museum.
Et pour la première fois depuis 900 ans, la tapisserie de Bayeux suivra le même chemin que les guerriers dont elle raconte l’histoire et débarquera sur le sol britannique. Soit ils n’ont jamais été fabriqués, soit ils ont été perdus, mais les scènes finales de la tapisserie manquent. Je vois cela comme un symbole encore plus puissant. Dans la grande fresque de l’histoire franco-britannique, la fin n’a pas encore été écrite, donc c’est à nous de le faire. Oui, notre histoire est construite sur ces conquêtes et ces rivalités. C’est la beauté de notre relation unique. Et quand nos musées se parlent, quand vos coquelicots fleurissent parmi nos Bleuets, quand Paddington voyage en France et Astérix en Grande-Bretagne, quand l’humour britannique et l’ironie française convergent, quand notre bon sens et notre sensibilité surmontent notre fierté et nos préjugés, nous sommes inarrêtables. Et quand nous nous réunissons autour d’une table, alors tout est possible.
Churchill a écrit dans ses notes alors qu’il préparait des provisions alimentaires pour ses troupes cette sage maxime politique : « l’estomac gouverne le monde » L’honneur où l’honneur est dû. Je voudrais terminer mon toast tout d’abord, votre Majesté, pour dire que maintenant vous avez créé l'« entente amicale » et cette « entente amicale » sera lancée à Windsor en 2025 et nous voulons croire en cette nouvelle ère. Et je voudrais terminer mon toast en levant mon verre en l’honneur de votre Majesté, de sa Majesté la Reine Camilla et de votre famille. Je le soulève en l’honneur du Royaume-Uni de cette « entente amicale » qui unit nos deux peuples fraternels dans une alliance sans faille.
Vive le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Vive la France. Vive l’amitié franco-britannique.

> Merci à nos amis britanniques de s’engager pleinement avec nous dans la suite de l’aventure Eutelsat. Ensemble on va plus loin !

> Quand tout s’effondrait, deux hommes se sont dressés. Churchill. De Gaulle. Le courage de la liberté. L’honneur de deux nations.

 

► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]

Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Budget / Intervention au Sénat] Vous confondez les responsabilités du législatif et de l'exécutif. Nous préparons le budget, mais c'est vous qui l'adopterez. Quelle est notre légitimité ? La succession de tous les courants politiques depuis cinquante ans nous a plongés dans une telle situation.
J'ai relu vos interventions : pas un seul membre de la gauche n'a demandé un euro d'économies. Vous avez tous demandé des dépenses ou des impôts nouveaux.
Si l'impôt suffisait à faire la prospérité d'un pays, nous serions le pays le plus prospère. Ce constat ne nous assure pas une légitimité, mais nous donne le devoir d'agir. Chacun prendra ses responsabilités ensuite. Le Gouvernement n'éludera pas les siennes.

> [Discours sur la refondation de l’action publique en renforçant les moyens et marges de manœuvre du préfet pour permettre à l’administration d’agir au plus proche des territoires et répondre aux attentes des citoyens] Nous avons organisé cette réunion de préfets pour annoncer la réorganisation, la refondation de l'État dans sa dimension locale. Cette dimension locale va être très renforcée. Je pense que c'est une réforme essentielle. Cette réforme traînait depuis des décennies, plus d'une décennie en tout cas, et nous avons pu la réaliser en quelques mois, peut-être même en quelques semaines. 
En quoi consiste cette réforme ? Vous savez qu'il y a depuis presque 20 ans, de très nombreux intervenants au nom de l'État : des agences, des opérateurs, des services qui dépendent de l'État. Mais tout cela était très divers, assez souvent disparate, illisible pour les citoyens et même pour les élus, et donc inefficace ou trop inefficace, et qu'il y avait une très grande insatisfaction en face de ces organisations. 
Nous avons donc choisi un principe d'unité, les préfets de département ayant désormais la responsabilité de coordonner, de fédérer, de faire travailler ensemble tous ceux qui agissent au nom de l'État, et nous leur avons donné les moyens pour cela. Les moyens, ce sont d'abord les moyens de l'autorité : ils seront les représentants du Gouvernement et de chacun des membres du Gouvernement, et les responsables de chacune des actions publiques au nom de l'État, qui seront regroupés autour d'eux, et qui devront se coordonner autour du préfet de département. 
Deuxièmement, les préfets de département auront le pouvoir d'intervenir dans tous les dossiers qui dépendent de l'action de l'État. Par exemple, on leur soumettra toutes les décisions, ils en seront informés, et s'il y a une décision qui ne leur paraît ne pas aller dans le sens de l'intérêt général, ils auront le pouvoir de demander qu'on la réexamine. Et qu'avec eux, on définisse les raisons, on précise les raisons qui font que cette décision a été prise. Ils auront un certain nombre de moyens de l'autorité, soit en participant à la désignation, soit en participant à l'évaluation des responsables de l'action de l'État, chacun dans son domaine de compétence, naturellement. L'Éducation nationale a son domaine de compétence, la Santé a son domaine de compétence, les Finances publiques ont leur domaine de compétence, le Travail a son domaine de compétence, mais tous seront coordonnés par le préfet qui est le représentant de l'État et que tout le monde connaît, et que les élus connaissent. C'est à nos yeux une dimension nouvelle ou une légitimité nouvelle donnée à la décentralisation, parce que les élus auront un interlocuteur. Au lieu d'être obligé de se débrouiller tout seul en allant voir des représentants d'agences, d'administrations, ils auront un interlocuteur qui leur permettra de se faire entendre. 
C'est très important aussi parce que comme vous le savez, nous sommes dans un temps dans lequel les questions de finances publiques vont être très importantes. Nous sommes entrés sur ce sujet dans une semaine qui va être critique, qui est décisive et très exigeante. Et c'est un moyen de rendre la dépense publique plus efficace, plus cohérente. Parce que nous aurons moins d'argent public, quels que soient les gouvernements qui viendront. On ne peut pas faire semblant d'ignorer ce qui est en train de se passer et qui nous menace tous : État, collectivité locale, association, entreprise et famille. Les cinq responsables ou acteurs de notre vie nationale sont tous soumis à cette contrainte qui est pour beaucoup une menace, en tout cas qui est une menace pour notre pays tout entier. Ce qui est en train de se passer (vous êtes tous familiers de l'observation des marchés financiers), ce qui est en train de se passer est impressionnant. 
Et donc, cette nouvelle organisation, cette réorganisation de l'action publique, de l'action de l'État en liaison avec les collectivités locales et les citoyens, cette nouvelle organisation, c'est aussi une manière de rendre plus efficace la dépense publique, plus efficace l'utilisation de l'argent. Il y en aura moins et on peut faire plus. On doit faire plus si on se coordonne moins, si on a des axes, si on sait quelles sont les priorités et si on peut coordonner tous ces acteurs qui d'habitude agissent indépendamment les uns des autres. 
Et puis, on va augmenter un certain nombre de responsabilités des préfets : par exemple, le fait que quand il y a des normes stupides, ou qui ne correspondent pas à la vie du terrain, on peut déroger à ces normes. Pour ça aussi, il faudra que les préfets soient protégés dans l'exercice de cette liberté. 
Ils auront le pouvoir de réorienter un certain nombre de dépenses : par exemple, de personnels qui appartiennent à telle ou telle agence et que pour nombre d'entre eux, ils pourront replacer dans d'autres actions de l'État. Et tout cela dans tous les domaines que nous avons évoqués, l'action publique, la santé, l'éducation, les finances publiques, la responsabilité locale, l'administration. 
Tout cela va être de nouveau réuni sous la même volonté et avec les mêmes priorités. C'est une décision qui était attendue depuis très longtemps. Elle était depuis plus d'une décennie dans les tiroirs, les cartons et on n'arrivait pas à la faire sortir. Et comme je le disais, on est très heureux avec les ministres qui m'entourent d'avoir pu faire que cette décision soit désormais réalisée. Elle sera soumise au conseil des ministres la dernière semaine de juillet et elle donnera lieu à des dispositions réglementaires. Le précédent décret datait de 2004, il y a donc plus de 20 ans. Et il y aura aussi des dispositions législatives si besoin qui seront examinées par le Parlement à la rentrée. 
Voilà rapidement les lignes directrices de la réunion que nous avons faite ce matin chez Jean Moulin. Et comme je le disais tout à l'heure à la réunion, moi qui suis à l'affût des signes qui veulent dire quelque chose de mystérieux, ce n'était pas prévu qu'on vienne aujourd'hui et cependant la mort de Jean Moulin, torturé, au bout de sa souffrance dans un train à proximité de Metz à destination de l'Allemagne, c'était le 8 juillet 1943, c'est-à-dire il y a exactement jour pour jour 82 ans.

 

Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Nous faisons face à une baisse démographique qui concerne l’ensemble du territoire. Lors de la prochaine rentrée, 100 000 élèves en moins, dont 80 000 dans le premier degré, seront accueillis dans les établissements de l’éducation nationale. Nous avons fait le choix, dans le budget pour 2025, de maintenir les 4 000 postes qui devaient initialement être supprimés. Cela nous permet de renforcer nos actions prioritaires, qu’il s’agisse de réduire les inégalités sociales et territoriales, de renforcer les brigades de remplacement ou de faire progresser l’école inclusive.

 

Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> [Projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte / Intervention à l’Assemblée] L’acte que l’Assemblée nationale s’apprête, je l’espère, à accomplir aujourd’hui est crucial. Et pour ne pas tomber dans l’emphase, disons-le simplement : il est historique. Depuis plus de six mois, j’ai eu l’occasion de le rappeler ici, à cette tribune, en tant que ministre des outre-mer, j’ai –⁠ nous avons – fait de la situation à Mayotte, meurtrie par le cyclone Chido, une priorité absolue.
Jai déjà évoqué devant vous, à de nombreuses reprises, lengagement total du gouvernement dans la gestion de crise, dans le lancement de la reconstruction et, désormais, dans la refondation de Mayotte.
Non seulement l’État na pas abandonné ce territoire, mais il a refusé de se limiter à une réponse immédiate. Il a choisi daller plus loin, de franchir une étape décisive pour larchipel : une étape vers une protection renforcée des Mahorais, vers l’égalité réelle, vers un développement concret, puissant du territoire, au service de la population.
Cet engagement, nous le devons à Mayotte et à ses habitants, liés de manière indéfectible à la France. Tant de fois, ils ont manifesté leur attachement à notre pays –⁠ à leur pays –, depuis les référendums actant leur maintien dans la République jusqu’à celui relatif à la départementalisation.
Nous le leur devons, car, malgré tout le chemin parcouru, malgré les nombreux plans et les améliorations notables, nos compatriotes mahorais expriment encore souvent un sentiment dabandon, de doute, de scepticisme face à de nouveaux engagements. Et cela, le cyclone l’a révélé de manière criante. Ce qui se joue à Mayotte dépasse la réalité de l’archipel : il s’agit de restaurer la crédibilité de la parole publique ; il s’agit de rebâtir le lien de confiance entre les habitants de ce territoire et l’État.
À l’heure où des ingérences étrangères cherchent à déstabiliser la République, il est plus que jamais nécessaire d’agir et de concrétiser la promesse républicaine à Mayotte. En présentant ces projets de loi à la fin du mois d’avril 2025, le gouvernement proposait au Parlement un dispositif important et ambitieux.
Je pense aux nombreuses mesures contre l’immigration clandestine et l’habitat illégal, rapportées notamment par votre rapporteur pour avis Frantz Gumbs ; aux articles renforçant le contrôle des armes ; au principe de l’accélération de la convergence sociale par ordonnance, en vue d’une effectivité au plus tard en 2031. Depuis la départementalisation, c’est la première fois qu’un gouvernement inscrit la convergence sociale dans la loi ; c’est un effort inédit, massif, à la hauteur de l’impératif de justice et d’égalité.
Je pense aussi à la mise en place d’une zone franche globale, dont nous avons parlé avec Charles de Courson, autre rapporteur pour avis ; aux mesures d’accompagnement de la jeunesse mahoraise ; aux dispositifs visant à renforcer l’attractivité du territoire pour les fonctionnaires –⁠ un défi qui reste à relever ; à la transformation du département en département-région, collectivité quil va falloir accompagner en termes dingénierie et de logistique, et à la révision du mode de scrutin. Je pense enfin, évidemment, aux engagements nouveaux que comporte le rapport annexé et aux investissements qu’il prévoit.
Même si elle a été jugée insuffisante par certains au regard de leurs exigences, nous avons mené une concertation étroite, réelle, avec le conseil départemental, les maires et les forces vives mahoraises, tandis qu’ici, vos collègues Estelle Youssouffa et Anchya Bamana se sont pleinement impliquées dans le débat –⁠ nous connaissons leur engagement exigeant.
Au cours des deux derniers mois, le Parlement s’est emparé de ce texte et en a progressivement renforcé l’ambition. Grâce à l’engagement des députés et des sénateurs, il est désormais, et j’en remercie l’ensemble d’entre vous, plus solide et plus puissant. À l’initiative unanime de vos rapporteurs, la décision d’abroger le titre de séjour territorialisé au 1er janvier 2030 a été prise. Je salue Philippe Gosselin, également rapporteur, qui est loin et que j’ai eu au téléphone. Je voudrais également avoir une pensée pour Olivier Marleix, que je connaissais bien, que je respectais et qui avait participé à nos débats.
À l’initiative du rapporteur général Philippe Vigier et d’Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure, de nombreuses mesures de convergence sociale ont été directement inscrites dans le texte. Le projet qui vous est soumis prévoit une première étape ambitieuse de rapprochement du niveau du smic net au 1er janvier 2026 et un accompagnement des entreprises, ainsi qu’un déploiement de la protection universelle maladie (Puma) et un allègement des démarches d’attribution de la complémentaire santé solidaire (C2S).
Toujours à l’initiative de Philippe Vigier, vous avez acté la transformation du port de Longoni en grand port maritime. À l’initiative du gouvernement, les 3 milliards d’euros d’investissements prévus pour les six prochaines années ont été portés à 4 milliards.
Dans un contexte politique difficile, dans lequel il n’est pas toujours évident de trouver du sens, il faut mesurer l’engagement de ce gouvernement pour Mayotte depuis plus de six mois : 500 millions d’euros de dépenses d’urgence engagés entre décembre et janvier ; des dizaines de millions d’euros pour accompagner les collectivités, aider la filière agricole, soutenir les entreprises – même si leurs attentes vont bien au-delà –, mais aussi les salariés, avec l’activité partielle, ou encore pour lancer un prêt à taux zéro afin d’aider les particuliers à reconstruire leur toit –⁠ cette dernière mesure devant poursuivre sa montée en puissance sur le terrain.
Je pense aussi à la mission interministérielle dédiée à la reconstruction et à la refondation, dirigée par le général Facon, à mes côtés ; aux militaires mobilisés pour reconstruire les écoles, les complexes sportifs, ou réparer les fuites deau ; aux deux projets de loi et à la proposition de loi de Philippe Gosselin visant à renforcer les conditions daccès à la nationalité ; à la création, enfin, de l’établissement public chargé de coordonner les travaux de reconstruction, dont le directeur général devrait être nommé dans les prochains jours.
Surtout, ce gouvernement et cette majorité entérinent dans le projet de loi ordinaire des actions déterminantes et inscrivent les financements correspondants pour changer durablement le visage de Mayotte. Fin des coupures d’eau et des rotations scolaires –⁠ l’école étant, plus que jamais, la priorité des priorités –, développement de lintermodalité, gestion durable des déchets, lutte contre l’insécurité, ou encore construction sur Grande-Terre d’un nouvel aéroport –⁠ si souvent annoncé, jamais réalisé, ce qui nous impose une obligation de résultat : ces investissements auront des incidences directes sur la vie quotidienne des Mahorais.
Le compromis que les parlementaires ont trouvé hier en commission mixte paritaire consacre un engagement sans précédent de l’État pour Mayotte, dans lequel le Parlement a pris toute sa part.
Sur la convergence sociale, je lai dit, grâce à l’engagement de vos rapporteurs, il est inscrit directement dans le texte de loi une première hausse du smic net au 1er  janvier 2026. Pour accompagner au mieux cette hausse, un dispositif ciblé a été préparé par le gouvernement à la demande de vos rapporteurs. Il consiste à renforcer à Mayotte la réduction générale de cotisations sur les bas salaires. Concrètement, au 1er janvier 2026, d’une part, le point de sortie des allègements de cotisations sera augmenté à 1,6 smic, au lieu de 1,4 smic, et, d’autre part, le champ de la réduction générale de cotisations sera étendu aux contributions d’assurance chômage. Cette mesure consiste à avancer de dix ans ce qui était prévu en matière d’allégements de cotisations. Le crédit d’impôt pour la compétitivité (CICE) est maintenu dans cette période et la Lodeom sera déployée à compter du 1er janvier 2027. Notre proposition est donc plus favorable aux entreprises et mieux ciblée que celle qui aurait consisté à déployer la Lodeom plus tôt, même si je comprends les termes du débat. Elle est aussi plus sociale,  car ce décalage aurait pu également conduire à reporter la hausse du smic.
Je regrette par ailleurs que malgré l’important travail des rapporteurs du Sénat, de Philippe Vigier et d’Agnès Firmin Le Bodo, pour ne citer qu’eux, l’article 19 du projet de loi n’ait pu être rétabli. Il s’agissait seulement, face au désordre foncier persistant sur l’archipel, d’étendre une procédure qui existe déjà et qui garantit l’ensemble des droits des propriétaires, pour accélérer notamment la construction du port et de l’aéroport. Nous en avons parlé avec le président de la commission des lois ; sans doute cette décision va-t-elle cependant dans le bon sens, puisqu’il fallait, sur ce point, écouter les quatre parlementaires mahorais. Le rejet de ce dispositif aura probablement des conséquences directes sur le rythme de construction de ces infrastructures, mais je reste optimiste, déterminé, et nous devrons, ensemble, avec les élus du territoire, trouver les bonnes procédures pour y remédier, fournir le soutien, l’ingénierie et la logistique nécessaires.
Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, mesdames et messieurs les députés, c’est qu’en votant ces textes, vous allez aider le gouvernement à porter une ambition politique sans précédent pour Mayotte et participer de cet engagement massif et puissant. Surtout, vous allez aider les Mahorais.
Après cette adoption, je continuerai à consacrer toute mon énergie à Mayotte. L’essentiel sera la mise en œuvre, avec une stratégie planifiée, des mesures votées, dont le Parlement sera pleinement informé. C’est en tout cas une étape essentielle que nous franchissons. Nous le devons aux Mahorais ; ils l’attendent

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine]  Premier constat, nous avons évité le pire, qui aurait été une capitulation forcée de l’Ukraine. Beaucoup la redoutaient après la rencontre houleuse entre le président Zelensky et le président Trump à la Maison Blanche. Grâce au travail que la France a fait, notamment le président de la République, pour faciliter les échanges entre les États-Unis et l’Ukraine, nous avons écarté ce scénario.
Deuxième constat: Vladimir Poutine s’essouffle. Son économie est en surchauffe.
Depuis le début de l’année, il n’a réussi à grignoter que 0,25 % du territoire ukrainien ; et on s’aperçoit qu’à défaut de pouvoir briser la résistance ukrainienne et percer le front, il s’en prend aux civils et aux grandes villes en faisant pleuvoir des drones et des missiles pour pouvoir saper le moral des Ukrainiens. Mais c’est peine perdue car la résistance ukrainienne est héroïque et inaltérable.
Il faut pourtant affaiblir encore plus la Russie?
Dans ce contexte, nous sommes sur le point de faire aboutir le paquet de sanctions le plus lourd que nous ayons pris depuis plus de trois ans. Il vise à forcer Vladimir Poutine à cesser le feu pour que des négociations puissent s’engager en bonne et due forme et mènent à une paix durable. Nous poursuivons le travail engagé autour de la France et du Royaume-Uni pour rassembler les pays européens et alliés de l’Ukraine, préparer la revitalisation de l’armée ukrainienne et concevoir les garanties d’un accord de paix durable. Et nous poursuivons nos efforts pour soutenir la résistance ukrainienne. 
Comme cela a été annoncé il y a peu de temps, des sociétés françaises - dont des entreprises du secteur automobile - vont s’installer en Ukraine pour coproduire du matériel militaire, avec des entreprises ukrainiennes, en particulier des drones. (...)
La régénération des forces ukrainiennes a pour objectif, une fois le cessez-le-feu obtenu et les négociations engagées pour une paix durable, de dissuader toute nouvelle agression.
Après une guerre qui aura mis à rude épreuve l’armée ukrainienne, il sera nécessaire qu’elle puisse se revitaliser. C’est pourquoi la contribution des pays amis et alliés sera décisive. Cela pourra passer par de la formation et par de l’équipement. 
Ce sont ces éléments qui seront discutés mercredi, à Londres, où le président de la République sera en visite d’État. Il y coprésidera, avec le Premier ministre britannique, une réunion de la Coalition des pays volontaires. Sur les livraisons, je n’ai pas d’annonce particulière à faire. La France a pris des engagements tout récemment de deux milliards d’euros de soutien à l’effort de guerre ukrainien pour 2025.

> [La menace Poutine] L’agressivité de la Russie ne se limite effectivement pas à l’Ukraine. Les pays européens, au premier rang desquels la France, ont été directement ciblés par des manœuvres menées par la Russie.
Je pense au champ électoral, avec des élections qui ont dû être annulées en Roumanie ; à des actions de sabotage comme en Allemagne ; à des cyberattaques dont la France a été victime, notamment au moment des Jeux olympiques ; à des campagnes de désinformation comme celle sur le mouchoir du président de la République. Emmanuel Macron aura l’occasion de s’exprimer prochainement sur toutes les menaces auxquelles nous sommes confrontés. De mon côté, je mène un chantier au sein du ministère des Affaires étrangères pour doter le Quai d’Orsay d’une véritable force de frappe dans la guerre informationnelle.

De quelle nature?
Dès que des acteurs étrangers s’en prendront à l’image de la France, l’objectif sera de riposter avec la même vigueur. Nous allons donc nous doter d’outils nouveaux permettant aux équipes du ministère de consacrer du temps à détecter ces attaques et à riposter, notamment sur les réseaux sociaux.
Nous voulons que la voix de la France soit entendue et non pas couverte par ceux qui veulent nuire à nos intérêts.

> L’ONU fête ses 80 ans cette année. Les principes ayant présidé à sa fondation restent valables : le respect de l’intégrité territoriale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le respect des Droits de l’Homme et le règlement des différends par des voies pacifiques.
On ne peut résoudre durablement les situations de conflit que par la négociation, par le droit. 

Ces principes, évidemment, sont ébranlés, mais pas périmés. La France et l’Europe sont l’antidote à cet affaiblissement du droit international des Nations unies. À condition de relever le gant, de réformer les institutions garantes du droit international et d’être toujours du côté du droit et de la justice.

> [Crise de Gaza] C’est une tragédie, un scandale. Il doit cesser au plus vite. Nous appelons au cessez-le-feu immédiat, à la libération de tous les otages du Hamas, qui doit être désarmé, à l’accès sans entrave de l’aide humanitaire tant attendue par les populations civiles palestiniennes.
Nous nous préparons aussi activement, en lien avec le président de la République, à la tenue d’une conférence sur la solution à deux États.
Cette perspective politique consiste à amener dans un mouvement collectif, initié par la France, un certain nombre de pays à reconnaître l’État de Palestine. Dans le même temps, des pays arabes et musulmans apporteront des garanties pour la sécurité d’Israël. L’objectif, à terme, est d’avoir deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité.

> [Reconnaissance de l’Etat palestinien] Nous sommes déterminés à le faire, mais ce que nous avons préparé, c’est bien plus qu’une reconnaissance par la France. C’est une reconnaissance par la France et d’autres pays, ce qui aura d’autant plus de poids. Nous commençons déjà à voir les effets de la dynamique que nous avons enclenchée.
Ces effets, c’est la lettre de Mahmoud Abbas, le président de l’autorité palestinienne, adressée à Emmanuel Macron et au prince héritier de l’Arabie saoudite. Il y condamne l’attentat du 7 octobre, affirme que l’État de Palestine sera démilitarisé, s’engage à ce que des élections puissent se tenir sous un an, redit sa volonté d’une réforme en profondeur de l’autorité palestinienne afin qu’elle devienne forte et robuste. 
À l’horizon de cette conférence, nous attendons que les pays arabes prennent eux aussi des engagements très forts : établir des relations diplomatiques avec Israël, mettre en place une sécurité régionale aux côtés de deux États, s’engager financièrement à la reconstruction de Gaza.

> [Moyen-Orient] La démarche qui est la nôtre est complémentaire de l’approche qui était celle du président des USA lors de son premier mandat. Elle consistait à rapprocher les pays arabes de l’État d’Israël afin de garantir une stabilité dans la région.

> La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt à l’encontre d’un certain nombre de dirigeants. La France soutient le travail indépendant de la Cour. 

C’est à l’autorité judiciaire, et non au gouvernement, de traiter les réquisitions en provenance de la Cour pénale.

> [Nucléaire iranien] Les frappes israéliennes et américaines - qui n’étaient pas conformes au droit international - ont retardé le programme nucléaire et iranien, mais elles n’empêcheront pas l’Iran, demain, de reconstituer cette capacité. 
Nous avons besoin de revenir à un encadrement strict et durable de leur programme nucléaire, par la voie diplomatique, tel que nous avions réussi à le négocier il y a 10 ans.
Les États-Unis sont sortis de cet accord en 2018, sur une décision unilatérale du Président Trump. L’Iran a saisi ce prétexte pour relancer son programme. Le pays est allé bien au-delà de ce qu’imposait l’accord de non-prolifération, en se dotant de capacités d’enrichissement d’uranium 10 fois supérieures aux limites maximales autorisées, sur des quantités 30 fois supérieures aux seuils fixés.

> [Otages français détenus en Iran]  Nous avons accueilli avec un immense soulagement la libération d’Olivier Grondeau, il y a quelques mois, détenu depuis presque trois ans en Iran. Nous avons accentué la pression sur l’Iran pour obtenir la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages d’État retenus en Iran depuis plus de trois ans, dans des conditions indignes, assimilables en droit international à de la torture, en faisant prendre à l’Union européenne des sanctions à l’encontre des magistrats responsables de leur détention arbitraire, et en déposant plainte devant la Cour internationale de justice pour violation de l’obligation faite à l’Iran de donner droit à nos compatriotes à des visites consulaires de notre ambassade.
Cette pression leur a permis de bénéficier de ces visites, dont ils étaient privés depuis plus d’un an, ce qui était inacceptable. 
Depuis le regain des tensions et la guerre entre Israël et l’Iran, il ne se passe pas un seul jour, ou presque, sans que je ne sois en contact avec mon homologue, le ministre des Affaires étrangères iranien pour le presser de les libérer. Le président de la République l’a également fait à son niveau.

> En aucun cas Boualem Sansal ne doit faire les frais des tensions entre les autorités algériennes et françaises. 

Je réitère notre appel à une issue humanitaire, tenant compte de son âge et de son état de santé, pour qu’il puisse être libéré et soigné dans les meilleures conditions.

> [Revenir sur les accords de 1968 sur l’Algérie] Nous n’avons qu’une seule boussole : l’intérêt de la France et des Français. Si cela commande de revoir certaines des règles, nous n’aurons pas de difficulté à le faire. Je rappelle par ailleurs que les présidents Macron et Tebboune avaient annoncé, ensemble, en 2022, une troisième révision de ces accords, de façon à les actualiser.

> Nous avons intérêt à une coopération avec l’Algérie sur les questions migratoires, la reconduite à la frontière des Algériens en situation irrégulière, la lutte contre le terrorisme au moment où des foyers de terrorisme islamistes se constituent au Sahel, mais également en matière d’économique. 

Les acteurs de la filière agroalimentaire bretonne le savent, ils ont besoin des débouchés algériens pour créer des emplois. Cependant, pour coopérer, il faut être deux. Je rappelle que c’est par leur décision très brutale d’expulser nos agents français en poste en Algérie que les autorités algériennes ont interrompu le dialogue avec nous.

> [Guerre commerciale de Trump] Mon rôle, en toutes circonstances, c’est de défendre les intérêts des Français. Sur les droits de douane, c’est la Commission Européenne qui négocie directement avec les États-Unis. Je suis donc là pour rappeler à la Commission ce que sont nos intérêts en matière commerciale. 
Nous ne voulons pas d’un accord asymétrique, qui serait plus avantageux pour les États-Unis que pour nous-mêmes. C’est une question de crédibilité. 
Les États-Unis étant le premier partenaire commercial de l’Europe - et réciproquement - nous n’avons donc aucun intérêt à une élévation des droits de douane. Cela ne ferait que des perdants. Je pense que nous parviendrons à trouver un accord respectueux de nos intérêts.

> Ce qui est certain, c’est que le poids de la France à l’extérieur dépend de notre force intérieure. Force militaire pour dissuader les menaces, forces économiques pour n’avoir pas à dépendre des autres, mais force morale et politique aussi. La polarisation du débat politique, comme on le voit à l’Assemblée nationale, nous fragilise à l’intérieur, ce qui atténue la capacité de la France à défendre sa vision du monde. Dans un moment pourtant où nous sommes appelés à jouer un rôle particulier, où une immense majorité de pays, qui n’ont pas envie de se retrouver vassaux de nouveaux empires, attendent la voix de la France et de l’Europe.

> La paix sur le continent européen n’est pas tombée du ciel. Elle est le résultat du travail d’une génération d’hommes et de femmes qui nous ont précédés et qui ont voulu changer le cours des choses et faire basculer le destin. On a célébré cette année le 75e anniversaire de la déclaration historique de Robert Schuman, prononcée au quai d’Orsay cinq ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, alors que des tensions se ravivaient entre la France et l’Allemagne.
La paix mondiale ne sera préservée qu’avec des efforts créateurs, à la hauteur des dangers qui la menacent. Nous avons besoin de nous inspirer des esprits visionnaires qui nous ont précédés pour nous prémunir contre la guerre au XXIe siècle.

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> Il y a une seule ligne politique : le projet que nous portons depuis 2017. Avoir de l'ambition oui, j'en ai aussi. Mais avec l’obsession des résultats à obtenir maintenant et d'ici 2027 pour les Français. C'est la première des conditions.

> Le vrai risque sur le budget serait de manquer de courage. Nous ne manquerons pas de courage. La réduction de la dépense publique n'est pas une lubie mais une nécessité.

> La lutte contre la haine en ligne, la régulation des plateformes, la protection de nos enfants, la fin de l'anonymat, ce sont des combats démocratiques. Des combats sur lesquels nous devons faire cause commune.

> Le Haut Conseil à l'Egalité est officiellement installé. Ses membres ont toute ma confiance. Il est une instance essentielle qui réunit celles et ceux qui s'engagent pour l'égalité : élus locaux, partenaires sociaux, associations, acteurs économiques. C'est ensemble que nous réussirons.

 

Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargée des Comptes publics)
> [Budget] Nous avons présenté avec Éric Lombard un plan qui est massivement des économies et peut-être plus massivement que jamais auparavant. (…) Nous travaillons à la fois sur des économies (...) et sur des réformes.

> Nous n'allons pas augmenter les impôts sur les classes moyennes et les classes populaires pour résoudre notre problème qui est un problème de dépenses publiques.

> Je sens un grand climat de psychose dans le pays qui arrive parce que d'un seul coup il y aurait des annonces budgétaires, je veux rassurer les Français. On a une boussole.

> Nous cherchons à la fois ce qu'il faut pour le pays et ce qui pourra faire compromis. Nous tenons compte de l'avis des Français, de tous les représentants politiques.

> Si nous décidons nous-mêmes, il n'y a pas de risque. Mais si nous n'agissons pas, si nous ne réduisons pas le déficit, si nous n'arrêtons pas d'augmenter la dette, un jour les institutions internationales décideront pour nous.

> Dans le budget nous faisons des choix face à des priorités. Il est prioritaire de continuer à protéger les Français face aux incendies.

 

Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> [Déficits / Intervention au Sénat] Un sommet très élevé se dresse devant nous, avec un déficit à 6 %, une dette à 110 % du PIB et une charge de la dette de 60 milliards d'euros. Réduire la dette et les déficits est une ardente nécessité pour retrouver des marges de manœuvre, investir et garantir notre souveraineté. C'est pourquoi le Gouvernement a posé le principe d'une trajectoire de réduction pour atteindre 3 % de déficit en 2029.
Il faut de la stabilité fiscale pour les entreprises qui ont besoin de visibilité pour investir et pour les particuliers qui vivent de leur travail.
Le pouvoir d'achat doit être préservé. Nous devons d'abord agir sur les dépenses. Les efforts doivent être partagés et équitables entre les collectivités territoriales, l'État et la sécurité sociale. Nous devons évaluer systématiquement les dépenses publiques et couper celles qui n'ont pas prouvé leur efficacité.
Nous voulons soutenir la croissance et continuer à faire des réformes, notamment structurelles. L'écart de taux d'emploi avec les pays voisins, qui explique en grande partie nos difficultés budgétaires, doit être réduit.

> Là-haut aussi, la France joue sa place dans le monde. Ce matin, j’ai ouvert la 4e édition des Assises du New Space à la Cité des Sciences et de l’Industrie, devant l’écosystème spatial français.
L’espace, c'est un terrain de souveraineté, un levier industriel, un enjeu stratégique. Face à la compétition internationale, nous devons bâtir une véritable puissance spatiale française et européenne.
Start-ups, PME, grands groupes, agences publiques, investisseurs : le New Space français incarne cette audace collective. L’État est pleinement engagé — pour structurer, financer, accélérer. France 2030 mobilise déjà plus d’un milliard d’euros pour faire émerger les technologies et les acteurs de demain.
Le prochain défi est clair : réussir l’industrialisation, renforcer l’export, et faire émerger des champions européens. C’est tout le sens du « Challenge européen des lanceurs » porté par l’ESA, auquel la France prendra toute sa part. Merci aux organisateurs des Assises et à tous les acteurs du spatial mobilisés aujourd’hui. Continuons de viser haut. L’avenir se joue là-haut.

> Réforme du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) au 1er janvier 2026 : une avancée majeure pour la transition énergétique À partir du 1er janvier 2026, le calcul du DPE change pour encourager l’électrification. Les logements chauffés à l'électricité pourront ainsi voir leur DPE amélioré.
Cette évolution encourage les solutions électriques performantes, comme les pompes à chaleur, pour accélérer la rénovation énergétique. Des changements qui rendent le DPE plus juste et contribuent à un parc immobilier durable, mieux adapté à nos objectifs climatiques.

> Je me félicite de l’adoption de la proposition de loi Gremillet au Sénat, notamment des articles 3 et 5 : relance du nucléaire et déploiement des ENR avec un mix énergétique ambitieux Ces deux articles ont été adoptés dans des termes quasi-identiques à ceux votés à l’Assemblée nationale. Cette convergence entre les deux chambres témoigne d’un large accord sur les fondements de notre programmation énergétique.
221 voix pour, 24 contre.
Refuser les renouvelables, c’est prendre le risque de ralentir la transition et d’affaiblir notre souveraineté énergétique.
Nucléaire et ENR doivent avancer ensemble, au service de l’emploi et de l’investissement.

 

Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> [Narcotrafic] L’efficacité de la lutte repose sur le fait d’empêcher les enfants d’être livrés à la rue.

> Les socialistes et les écologistes menacent de rejeter l’effort budgétaire auquel nous travaillons au gouvernement en cherchant 40 milliards pour 2026. Certains au PS ont la mémoire courte : rappelons que la loi de finances pour 2013 portée par le gouvernement socialiste et écologiste de l’époque, sous François Hollande, prévoyait un effort budgétaire global d’environ 35 milliards d’euros : 15 Mds € d’économies sur les dépenses de l’État et l’assurance-maladie et 20 Mds € de recettes nouvelles (10 Mds € de prélèvements sur les ménages – dont les plus aisés – et 10 Mds € sur les entreprises). À l’époque tous les socialistes l’ont votée avec le soutien actif d’Olivier Faure… Et maintenant ?

 

Autres ministres
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles)
> [Pauvreté / Intervention au Sénat] L'enquête annuelle publiée avant-hier mesure le taux de pauvreté à partir du revenu médian. Celui-ci a augmenté de 0,9 %. Il s'agit d'un fait. De même, les chiffres pris en compte datent de 2023, avant l'augmentation de 4,6 % des prestations sociales intervenue en 2024.
Pour l'accompagnement des mamans solos, le complément de mode de garde consistait jusqu'à présent en trois forfaits. C'était : « circulez, il n'y a rien à voir ». Désormais, il prend en compte la composition de la famille, le nombre d'enfants et le nombre d'heures nécessaires. C'est la raison pour laquelle il n'y a plus de bonus : chaque situation est prise en compte de manière individuelle.
En outre, pour les familles monoparentales, l'accompagnement se poursuivra entre 6 et 12 ans.
Oui, les mamans solos ont besoin de ces réponses concrètes. Le Gouvernement est au rendez-vous.

 

Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique)
> [Pauvreté / Intervention à l’Assemblée] Quel est le problème de notre pays? C’est évidemment la pauvreté. Mais comment voulez-vous que nous résolvions ce problème si nous affaiblissons nos entreprises et notre tissu économique? La première réponse au défi, c’est le travail. Or pour soutenir le travail, il faut soutenir nos entreprises. Car dans quel monde vivons-nous ? Dans un monde où règne une concurrence de plus en plus acharnée.
Pensez-vous que des dépenses publiques s’élevant à 1 700 milliards d’euros par an, soit 57 % du PIB, sont insuffisantes ? Je ne le crois pas. Nous rencontrons un problème d’efficacité de la dépense publique.
Le premier ministre présentera le projet de budget le 15 juillet. Nous souhaitons conserver le même niveau de dépenses publiques –⁠ 1 700 milliards deuros – tout en continuant à soigner, à éduquer et à protéger aussi efficacement quauparavant. Nous devons aussi libérer nos entreprises pour quelles puissent grandir, se développer et recruter. Quelle meilleure solution à la pauvreté que de créer des emplois durables et dencourager linvestissement ? La solution n’est pas d’augmenter nos dépenses publiques, mais de maîtriser nos déficits. Je rappelle que le coût de notre dette, qui s’élève à 67 milliards cette année, atteindra 100 milliards dans trois ans. Si nous ne mettons pas un terme à cette dérive de nos comptes, nous n’arriverons pas à regagner notre souveraineté et à reprendre notre destin en main.

 

Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> [Nucléaire iranien] Le programme nucléaire iranien va-t-il moins bien aujourd’hui qu’hier ? La réponse est évidente. Trois sites étaient visés. Natanz a été largement endommagé, pour ne pas dire pratiquement complètement détruit. Ispahan et Fordo ont été sérieusement touchés. Mais pour être capable d’apprécier la réalité des destructions, par définition, il faut aller au sol. Et sous le sol. Ni les Américains, ni les Israéliens et peut-être même pas encore complètement les Iraniens ne peuvent dire jusqu’à quel point le programme est dégradé.
L’uranium enrichi à 60 %, c’est le trésor de guerre iranien. Je rappelle au passage qu’il n’y a aucun usage civil pour l’uranium enrichi à 60 %. Et que la maîtrise des briques technologiques par les Iraniens du nucléaire militaire s’est significativement renforcée depuis quinze ou vingt ans. L’élimination de quelques scientifiques ne permet plus d’annihiler l’ensemble de leur savoir, elle permet tout au plus d’installer un climat de peur et de retarder le programme. Dernier élément : une tête nucléaire n’est rien sans la capacité à la vectoriser, c’est-à-dire à l’insérer dans un missile. C’est probablement là où les avancées iraniennes ont été les plus spectaculaires ces dernières années. L’Iran est devenu un pays qui a une maîtrise complète de la propulsion de ses missiles.

> [Nucléaire iranien] À quel moment commencez-vous à dissuader ? À quel moment vous dites-vous: «ils l’ont»? Les contrôles de l’AIEA sont un moyen très efficace de savoir exactement ce qui se passe pour les capacités d’enrichissement et de stockage de l’uranium. Nous, Français, nous constations une accélération dans l’assemblage des pièces du puzzle, avec aussi la maîtrise de technologies comme la métallurgie de l’uranium et l’intégration dans un missile. L’Iran s’est servi de sa prolifération pour dissuader. Chemin faisant, les pièces du puzzle, d’abord éloignées, se sont resserrées. À cet égard, la décision de Donald Trump, en 2018, lors de son premier mandat, de déchirer l’accord sur le nucléaire iranien et de réimposer des sanctions a eu un effet contre-productif. L’Iran a accéléré son programme. Tout comme la Corée du Nord.

> [Iran] Notre système politico-médiatique croit que l’on peut régler le problème iranien en deux jours, puis partir en vacances, l’esprit tranquille. On sous-estime la profondeur stratégique iranienne, technique, technologique, scientifique, en ressources naturelles. C’est un grand pays, passé maître dans le contournement des sanctions. Qui plus est, acculé et paranoïaque – ce qu’on peut d’ailleurs comprendre quand on observe les capacités israéliennes… Nous avons des problèmes de lunettes, car nous regardons l’Iran comme un tout petit pays. Je rappelle que le régime actuel survit depuis 1979, avec des défis sécuritaires immenses. Voyez comment en peu de temps les proxys iraniens ont été neutralisés par Israël, mais aussi à quel point ces proxys avaient acquis un pouvoir de nuisance dans toute la région. (…)
Nous regardons l’Iran pour ce qu’il est vraiment, avec ses forces et ses faiblesses. Pour répondre directement à votre question, la France, en tant que partie au JCPoA, et avec toute l’expertise diplomatique du Quai d’Orsay, a un rôle à faire valoir. Dans ce dossier, on raisonne trop en silos : États-Unis, Israël, Iran, Europe. C’est faire fausse route. La Chine, la Russie et d’autres États ont un rôle capital. Je pense à de grands pays émergents comme l’Inde et le Brésil. Nous sommes trop eurocentrés. C’est d’ailleurs valable pour l’ensemble des théâtres qui nous intéressent. Le centre du monde n’est pas l’Europe. Surtout sur les questions nucléaires qui concernent toute la planète.

> [Iran] La bonne question est : est-ce que l’Iran, comme d’habitude, usera de patience stratégique et cherchera à gagner du temps ? Y compris, du reste, en préparant une mauvaise surprise : le fait accompli sur le nucléaire militaire. Il ne faut pas être grand stratège pour imaginer qu’aujourd’hui les autorités iraniennes se disent que, si elles avaient eu la bombe, elles n’auraient jamais connu les frappes qu’elles viennent de subir. C’est aussi pour cela que nous étions prudents sur cette option. Quand il n’y a plus rien à perdre, c’est la fuite en avant. Tout cela est évidemment inacceptable. (…)
Il faut travailler avec les membres du Conseil de sécurité de l’Onu, les grandes puissances nucléaires, quelles que soient les divergences que l’on peut avoir avec ces pays par ailleurs. Tous sont garants du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le TNP. Les cinq puissances nucléaires anciennes, c’est sans doute la clé.

> J’ai toujours expliqué depuis trois ans que les puissances nucléaires avaient des devoirs particuliers les unes vis-à-vis des autres. La dernière fois que le président Macron a appelé le président Poutine, c’était en septembre 2022, au sujet de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine ; le nucléaire, donc. Lorsque le président m’a demandé d’appeler Sergueï Choïgou, l’ex-ministre russe de la Défense, c’était essentiellement pour l’entretenir de questions nucléaires et de lutte contre le terrorisme. C’est le principe du téléphone rouge que l’on voit dans les films sur la guerre froide : les puissances nucléaires doivent se parler.

> [Russie-Iran] Incontestablement, il y a une aide industrielle militaire. Pas sur le volet nucléaire militaire en tant que tel, mais sur le volet balistique et sur les nouvelles technologies.
Il y avait des échanges technologiques, intellectuels et de savoir-faire entre les deux pays. Cela s’est-il traduit par une entraide militaire directe? De toute évidence, la réponse est non. Est-ce que, pour autant, la Russie n’a pas fourni des renseignements à l’Iran sur Israël? Le doute est permis…

> Les États ayant une responsabilité nucléaire ont créé le régime international de lutte contre la prolifération dans les années 1960 et 1970. La Russie y a contribué, mais aussi la Chine. Certains ont été étonnés que l’on reçoive le ministre de la Défense chinois dans cette maison, il y a quelques semaines. Cela n’était pas arrivé depuis près de vingt ans. Lors de nos échanges bilatéraux et du dîner officiel, nous avons beaucoup parlé de prolifération. En dialoguant avec ces grandes puissances, c’est l’occasion pour nous, France, État doté, de les rappeler à leurs responsabilités. Croyez-moi, ce n’est pas un effort vain. En le soulignant, je réponds très précisément à votre question. J’ajoute : c’est notre devoir. Je vais même plus loin : c’est le devoir de chaque chef d’État de la Ve République, précédent, actuel et à venir, que de tenir cette posture.

> [Pays du golfe Persique] Leur place est majeure. C’est vrai, je visite régulièrement l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis. Ils redoutent évidemment le grand voisin chiite, l’Iran. Ils défendent aussi plus que tout leur souveraineté. Pour rien au monde, ils ne veulent dépendre d’un seul grand, que ce soit Washington, Moscou ou Pékin. Ils reconnaissent à la France une tradition de respect de la souveraineté dans les partenariats internationaux. Et bien au-delà des sujets militaires : en matière de culture, d’universités. Leurs moyens financiers importants les ont conduits à déployer une influence au-delà du golfe Persique et de la péninsule Arabique. On voit bien la place qu’ils ont prise, par exemple, au Liban. Dernier point, ils ont un goût pour la technologie, je pense notamment à l’intelligence artificielle. Je crois que c’est un élément clé, car elle contribue à allonger leur profondeur stratégique. (…)
Depuis le 7 Octobre, ils craignent une escalade généralisée. L’incident que personne ne rattrapera. Ils évoquent aussi largement la situation à Gaza, qui compte beaucoup dans la région. La non-conclusion de la question israélo-palestinienne a des impacts dans l’ensemble du Moyen-Orient. Il ne fait aucun doute aussi que le nucléaire iranien les inquiète. Ils ne prennent pas ce sujet à la légère.

> [Israël-Liban] Qu’Israël mette de la politique et de la diplomatie sur la table, c’est bien. Une opération militaire n’a de sens que si elle est transformée en une initiative politique. Sinon, c’est la guerre sans fin. Aujourd’hui, le Liban est dans une situation complètement nouvelle. Le nouveau président, Joseph Aoun, est un homme remarquable, ancien chef d’état-major de l’armée libanaise, dernière institution du pays qui est le creuset de l’ensemble des confessions et de la société. Le mécanisme de «déconfliction» entre Israël et le Liban, créé lors de la trêve et piloté par les États-Unis et la France, s’installe dans le temps en faisant la preuve de son efficacité. L’affaiblissement du Hezbollah ne demande qu’à être transformé en avancée politique.

> Il ne faut pas avoir peur de défendre nos intérêts. Objectivement, notre intérêt, c’est de ne pas tolérer que la sécurité d’Israël soit remise en question et que le Hamas soit mis hors d’état de nuire. Et, parce que nous sommes une vieille puissance militaire et que nous avons été engagés sur de nombreux théâtres, nous opérons une distinction évidente entre les guerres qui épargnent les civils et celles qui ne les épargnent pas. Ce que je dis n’est pas un message pour Israël, mais pour ses dirigeants. Quand un ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, déclare ne pas être d’accord avec les orientations et instructions politiques données à Tsahal, cela mérite que l’on regarde la vérité en face. Défendre nos intérêts, c’est assumer la complexité du monde. Quand le général de Gaulle a quitté le commandement intégré de l’Otan, il n’a pas pour autant conclu une alliance avec Moscou…

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Sur le front, la situation est stable mais tendue. La Russie poursuit son grignotage, de l’ordre de plusieurs centaines de kilomètres carrés par mois. Dans ce contexte, la “coalition des volontaires” a le mérite d’offrir un cadre pour réfléchir au jour d’après. À l’aune du sort des accords de Minsk 1 et 2, nous savons que tout accord de cessez-le-feu doit s’accompagner de garanties de sécurité, pour éviter que la guerre ne reprenne. C’est l’intérêt le plus direct de l’Europe. Nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir une nouvelle guerre tous les trois ans dans cette zone. Pour des raisons humanistes, sécuritaires, mais aussi économiques…

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Notre ligne rouge absolue, c’est la démilitarisation de l’Ukraine. Il faut être cohérent. On ne peut pas refuser que l’Ukraine rentre dans l’Otan et en même temps accepter qu’elle n’ait plus d’armée. Les Ukrainiens doivent pouvoir assurer leur propre sécurité. C’est une donnée clé car, dans le cas inverse, je ne donne pas cher de la sécurité des pays voisins. Cette Coalition des volontaires conduit l’Ukraine à réfléchir au futur format de son armée et la France, aux opportunités pour ses industries. L’Ukraine ne peut pas rester dépendante de Starlink ou des missiles Patriot américains. Vous savez, les Anglo-Saxons et les Allemands ne nous attendent pas pour défendre leurs intérêts économiques dans le réarmement et la reconstruction de l’Ukraine ! Je précise à vos lecteurs que, si nous n’aidons pas l’Ukraine, pour défendre nos intérêts économiques, nous serions les plus idiots d’Europe de ne pas pour autant y veiller aussi.

> [Réarmement] Heureusement que nous n’avions pas attendu la guerre en Ukraine pour commencer, parce que cela demande du temps. Il faut quelques semaines pour détruire des capacités, mais plusieurs années pour les reconstruire. Il a sûrement fallu une réunion d’une heure dans cette maison, il y a quinze ou vingt ans, pour supprimer toutes les filières de fabrication de poudre et des munitions de petit calibre. Moi, cela me prend des mois de réunions et de discussions budgétaires pour réussir à les relocaliser. Cela doit être une leçon pour l’avenir, pour toutes les élites. Je viens de fêter mes 39 ans. Vu mon jeune âge, je n’arrive pas à comprendre comment le budget des armées a pu tomber si bas sans créer plus de polémiques. Nous en étions rendus à 32 milliards d’euros en 2017, sur 1 500 milliards de dépenses publiques… C’est curieux comme je suis assujetti à une pression beaucoup plus forte que celle qui s’est exercée sur mes prédécesseurs lorsqu’ils fermaient des bases, des régiments, sabraient dans les commandes…

> En 2027, nous pourrons de nouveau déployer deux brigades blindées complètes. (…) Les questions importantes sont : que sommes-nous capables de faire seuls ? à plusieurs ? et combien de temps pouvons-nous durer ? Ces questions structurent nos travaux de remontée en puissance. Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, le seul pays de l’Otan en mesure de déployer un corps d’armée seul, ce sont les États-Unis. Plus aucune puissance, ni l’Allemagne, ni la France, ni la Grande-Bretagne, ne peut le faire. Nous nous sommes fixé pour objectif de pouvoir déployer, seul, deux brigades. Cela veut dire : avoir les hommes, le matériel, les pièces détachées, les carburants, les munitions, le service de santé, l’hébergement, les avions de transport A400M pour éventuellement les projeter. En 2022, quand j’ai été nommé dans cette maison, on transpirait à grosses gouttes à l’idée de devoir y arriver en 2027. Nous sommes en bonne voie. Un sujet demeure : en 2027, cela suffira-t-il ?

> [France est-elle encore une grande puissance militaire] Au bout de trois ans passés à l’Hôtel de Brienne, j’en ai la conviction. Et pas seulement car nous avons l’arme nucléaire. Le plus important, ce sont nos forces morales. Ce n’est pas un slogan. Résumer l’équation à l’effort financier porté à 3,5 % du PIB, comme l’Otan vient de l’acter, m’inquiète un peu. La capacité militaire d’un État ne réside pas dans sa seule puissance d’achat budgétaire. Pour avoir passé du temps avec nos blessés, avec les familles de nos tués, je mesure pourquoi, à la fin des fins, des femmes et des hommes décident de s’engager pour quelque chose qui les dépasse, jusqu’au sacrifice de leur vie : c’est la nation. Sans vouloir être maladroit, j’affirme que beaucoup de pays européens n’y sont pas prêts. Et au fond, nous sommes toujours respectés pour cela.

> Ce 13 juillet, le président de la République devrait faire des annonces précises pour la suite du budget de la défense. Pour cette année, il y a eu un léger décalage en raison de la censure du gouvernement, mais les retards sont rattrapés. Je répète que le budget annuel des armées était de 32 milliards d’euros en 2017 et que nous en sommes rendus à 50,5 milliards cette année. La question est plutôt : nos choix stratégiques prennent-ils la bonne direction ? La réponse me semble être oui. Mais encore : avançons-nous suffisamment vite par rapport à l’évolution géopolitique ? Clairement, l’enjeu est le rythme, surtout si l’on tient compte du phénomène de militarisation des nouveaux espaces et des sauts technologiques. On ne parlait pas quantique militaire il y a deux ans.

> [Nombre de réservistes] Les chiffres des hausses sont très encourageants. Je ne crie cependant pas victoire. C’est encore trop compliqué de devenir réserviste. Il reste beaucoup de freins à lever sur le terrain bureaucratique. À l’heure du numérique, ce n’est pas normal que l’on ne soit pas capable de faire plus simple. J’y reviendrai bientôt.

> [Sentiment patriotique] Je suis frappé de constater le nombre de nos concitoyens qui manifestent leur confiance dans les forces armées, qui veulent s’engager. Il ne faut pas céder à certaines sirènes du moment: tout le monde se moquerait de ces sujets, la jeunesse serait foutue. Au contraire, je sens une résilience, une volonté de racines, de compréhension, d’identité, de transmission du savoir. Aujourd’hui, il n’y a pas un meeting aérien, pas une cérémonie régimentaire ouverte qui ne fasse pas carton plein. Je reste fondamentalement convaincu que les Français veulent toujours, à un moment donné, participer à quelque chose qui les dépasse.

> La production de missiles SCALP pour équiper nos forces va reprendre cette année, 15 ans après notre dernière commande. (…) Fourni à l'Ukraine, le missile franco-britannique SCALP/Storm Shadow a démontré son efficacité pour le combat moderne de haute intensité, dans des situations décisives. Symbole d'une industrie de défense européenne de premier plan, MBDA étant une aventure conjointe entre la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne.

 

François Rebsamen (ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation)
> [Finances locales / Intervention au Sénat] J'ai réuni, sous la responsabilité du Premier ministre, l'ensemble des associations d'élus pour un Roquelaure sur les finances locales : la méthode a été saluée par les participants. Des groupes de travail ont été mis en place et ont rendu leurs conclusions.
Nous souhaitons donner de la visibilité aux collectivités territoriales sur le montant de leur contribution, afin qu'elles envisagent leurs investissements. Nous pourrions prévoir une annexe budgétaire pour les trois prochaines années.
Les dépenses de fonctionnement ont été freinées en 2024, ce dont nous nous félicitons. Les engagements pris l'an passé seront tenus, comme le remboursement par l'État de 30 % du dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales (Dilico), décidé par le Sénat.
Le 15 juillet, le Premier ministre fera part de sa vision sur ce sujet.

 

Annie Genevard (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> [Intoxication alimentaire à Saint-Quentin / Intervention au Sénat] Saint-Quentin est touchée par un épisode de toxi-infection alimentaire dû à E. coli. Mes pensées vont aux parents de la fillette tragiquement décédée. À ce jour, nous dénombrons trente-quatre cas investigués et quinze hospitalisations.
Dès les premiers cas, des investigations ont été menées par les ministères de l'agriculture et de la santé et plusieurs boucheries ont été fermées. Des prélèvements sont en cours d'analyse et de séquençage.
Il existe deux types de contrôles. En cas d'intoxication alimentaire collective, comme à Saint-Quentin, nous menons des enquêtes, des prélèvements sur les denrées, les surfaces et dans l'environnement pour identifier l'origine de la contamination. Le nombre d'inspections et d'analyses n'est pas prédéterminé.
Parallèlement, les services de mon ministère contrôlent la sécurité sanitaire des aliments au titre de la police sanitaire unique : fonctionnement des établissements de production, de transformation ou de distribution, respect des règles de traçabilité. La programmation des inspections est établie sur la base d'une analyse de risques. Chaque année, plus de 410 000 inspections et près de 75 000 prélèvements sont réalisés. Dès qu'une non-conformité est décelée, des mesures sont prises. Nous sommes pleinement mobilisés.

> [Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur / Intervention à l’Assemblée] Il y a quelques mois, les campagnes françaises ont rappelé ce que feignaient d’oublier certains : nourrir un pays n’a rien d’une évidence ; cela exige un engagement quotidien, de la clarté dans les règles, de la constance dans les choix et de la reconnaissance dans les actes. En quatre ans, 10 % d’exploitations en moins ; en un an, une baisse de 9 % de la production agricole, et même jusqu’à un quart dans certains secteurs. C’est la souveraineté alimentaire de la France, son indépendance, qui est menacée.
C’est pourquoi ce texte, déposé par les sénateurs Duplomb et Menonville, que je remercie à nouveau ici, vise à lever les contraintes excessives au métier d’agriculteur. J’en ai partagé la finalité dès l’origine, avec une obsession : aboutir. Il s’agit d’aboutir en cherchant les voies d’un compromis qui conserve l’ambition sans ignorer les inquiétudes, d’aboutir en mobilisant mes services, en obtenant la procédure accélérée, en multipliant les échanges avec les parlementaires de tous horizons, en défendant et en retravaillant chacune des dispositions du texte, malgré les contre-vérités. Le Parlement, lui aussi, a pris ses responsabilités : le Sénat a trouvé les premiers équilibres, en lien avec le gouvernement, et l’Assemblée, sous l’impulsion du rapporteur et de la rapporteure pour avis, a organisé le débat en commission. Et la majorité des groupes parlementaires a mis en échec la stratégie d’obstruction menée par LFI et les écologistes.
C’est ce travail en commun et cette volonté partagée d’aboutir qui nous conduisent aujourd’hui à l’Assemblée, après une CMP conclusive et un vote au Sénat. Le moment est venu d’acter, par votre vote, les engagements pris devant le monde agricole. Cette responsabilité vous revient désormais. Ce faisant, c’est le chemin de la reconquête de notre souveraineté alimentaire que nous empruntons.
Demain, les agriculteurs disposeront d’un accès plus large au conseil pour piloter leurs exploitations, sans brader nos objectifs de réduction des produits phytosanitaires et sans rien rogner des exigences de prévention des conflits d’intérêts.
Demain, la gestion de l’eau, bien commun aussi vital que fragile, sera simplifiée pour permettre à l’agriculture de prendre toute sa place dans la transition écologique, sans en être la victime collatérale.
Demain, certains produits autorisés ailleurs en Europe pourront l’être en France, à titre dérogatoire, pour les seules filières en impasse, économiquement menacées et engagées dans une recherche d’alternatives.
Ces dérogations seront strictement encadrées, limitées dans le temps, réexaminées au moins tous les trois ans et supprimées dès que les conditions ne seront plus remplies. À ma demande, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement –⁠ lInrae – identifie dores et déjà les filières concernées selon une méthode rigoureuse. Ses conclusions sont attendues à lautomne. Nos agriculteurs ne demandent pas de passe-droits, mais l’équité. Ils ne veulent plus subir des distorsions de concurrence issues de surtranspositions nationales injustifiées.
Demain, les projets de bâtiments d’élevage seront allégés des lourdeurs administratives. Une première étape est franchie ici avec l’ajustement des seuils et des modalités de concertation. La seconde, qui aurait pu avoir lieu dès ce texte s’il n’y avait pas eu d’obstruction, viendra à l’automne, avec l’inclusion de ces dispositions dans un projet de loi consacrant un régime spécifique pour l’élevage.
Par ailleurs, les dispositions relatives à l’Anses ont suscité des réserves parlementaires que j’ai entendues. Demeurent certaines idées pour avancer, sur lesquelles j’ai saisi le Conseil d’État. Ce sujet ne relève pas du domaine législatif : l’identification des usages prioritaires sera précisée par décret, sur la base de travaux scientifiques incontestables. L’indépendance de l’Anses n’est pas, et ne sera jamais, remise en cause.
Je ne détaille pas ici toutes les mesures du texte, mais chacune participe d’un même cap : rétablir un cadre clair, praticable et cohérent en réparant le lien entre ceux qui produisent et ceux qui décident.
Il ne s’agit pas uniquement de voter une loi : il s’agit de refermer un chapitre, celui des doutes, et d’ouvrir un chemin, celui de la reconquête. En l’adoptant, vous affirmerez que la souveraineté alimentaire ne se décrète pas, mais qu’elle se bâtit, et que la République, lorsqu’il s’agit de ses paysans, sait tenir parole !

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> Pour la première fois il y a eu plus de propositions de loi examinées et votées que de projets de loi.

> Dans un monde multipolaire, parfois fracturé, la Francophonie a un rôle à jouer. Plus de 300 millions de locuteurs partagent une langue, mais surtout des valeurs de respect et de la coopération. Avec Gérard Larcher, nous avons l’honneur d’accueillir ces prochains jours à Paris la 50e session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Roland Lescure (député)
> Face aux urgences liées au budget, à l’environnement, aux crises mondiales, réveillons-nous, et n’attendons pas d’être au pied du mur pour réagir.

 

Sylvain Maillard (député) 
> Avec l’adoption de la loi PLM, nous ne conférons pas seulement à Paris, Lyon et Marseille un scrutin renouvelé, plus démocratique et transparent. Nous redonnons surtout à leurs habitants une voix pleine et entière pour élire leurs représentants locaux. Pour que chaque voix compte.

 

Anne Genetet (députée)
> Moins d’indemnisation, plus d’incitation à la reprise d’activité = 4 Mds € d’économies dès 2026. La réforme de l’assurance chômage portée par Gabriel Attal est une réforme de bon sens, prête à répondre aux défis de notre modèle social. Elle est prête.

 

David Amiel (député)
> C’est adopté : « 1 électeur, 1 voix » ! La première étape pour mettre fin à une gouvernance archaïque, qui a dressé les uns contre les autres. Les prochaines ? Faire vraiment le Grand Paris, et mettre fin au fossé entre la banlieue et l’hyper-centre !

 

Jean Lassucq (député)
> Ce 10 juillet 2025, le Parlement adopte définitivement la proposition de loi donnant aux Parisiens, aux Lyonnais et aux Marseillais le même droit que tous les autres Français : élire directement leur conseil municipal. Cinquante ans après le rétablissement de la fonction de maire de Paris, nous achevons la démocratisation de notre ville. En mars 2026, pour la première fois de son histoire, Paris aura des candidats et des élus responsables de leur programme et de leur bilan devant tous les Parisiens.

 

Emmanuelle Hoffman (députée)
> Victoire ! L’Assemblée adopte la réforme de la loi Paris-Lyon-Marseille. Fin du système d’exception. Plus de transparence, plus de justice locale. 1 Parisien = 1 voix. Enfin.

 

Marie-Pierre Rixain (députée)
> Simone de Beauvoir l’a rappelé : l’indépendance économique est la condition indispensable de la liberté des femmes. Cette clé, confisquée durant des siècles dans le huis clos des couples, est dans les mains de chacune depuis la loi du 13 juillet 1965 qui, en permettant aux Françaises de travailler librement, d’ouvrir un compte bancaire ou d’administrer leurs biens sans l’autorisation de leur mari, a posé la première pierre de l’autonomie économique des femmes.
Soixante après, force est de constater que des biais sexistes –⁠ manifestes ou implicites – sont encore à l’œuvre, raison pour laquelle, depuis 2017, nous avons concrétisé, texte après texte, de nouveaux dispositifs bancaires, financiers et fiscaux. Ainsi, depuis la loi du 24 décembre 2021, le salaire ou les allocations sociales doivent être versés sur le compte bancaire dont le ou la bénéficiaire est titulaire. Lautonomie bancaire est achevée grâce à l’insertion dans la loi du caractère individuel du droit de détenir un compte de dépôt. Les violences économiques sont dorénavant caractérisées dans la loi. Enfin, à partir du 1er septembre prochain, une révolution fiscale, à la fois silencieuse et existentielle, s’engagera via l’individualisation du taux de prélèvement à la source.
L’argent des femmes ne peut plus être considéré comme un revenu d’appoint ou une variable d’ajustement : c’est un pilier de notre économie nationale ! Les femmes entreprennent, innovent, consomment, investissent. Leur contribution, qui représente 41 % du PIB national, ne peut plus être marginalisée.

 

● MoDem 
> La proposition de loi PLM réformant le mode d’élection du Conseil de Paris et des conseils municipaux de Lyon et Marseille a été définitivement adopté par l'Assemblée!
Renforcer la démocratie locale en permettant aux électeurs de ces trois communes de pouvoir voter directement pour leurs conseils municipaux.
Mettre en place deux scrutins distincts et simultanés au suffrage universel direct : un pour le conseil d’arrondissement ou de secteur, l’autre pour le conseil municipal.
Favoriser le pluralisme avec une prime majoritaire réduite à 25%.

> Le groupe Les Démocrates salue l’adoption, ce jour à l’Assemblée nationale, de la proposition de loi qui permet de renforcer l’efficacité du placement en rétention des étrangers condamnés pour des faits graves et faisant l’objet d’une mesure d’éloignement. Ce texte répond à un enjeu opérationnel et juridique majeur : éviter que des personnes présentant un risque avéré pour l’ordre public soient remises en liberté faute de délais suffisants pour procéder à leur expulsion. En étendant de manière ciblée la durée maximale de rétention administrative, jusqu’à 210 jours, pour certains profils particulièrement dangereux, il contribue à renforcer la cohérence de notre politique migratoire et la sécurité de nos concitoyens. Le groupe Les Démocrates tient à rappeler que cette dérogation ne saurait devenir la norme, compte tenu de la capacité encore limitée de nos centres de rétention. Elle doit rester réservée aux cas les plus graves, précisément définis dans le texte adopté, conformément aux exigences de l’État de droit. Nous saluons également les autres avancées de ce texte : · la clarification du régime des prolongations de rétention, pour réduire les mobilisations inutiles d’escortes et désengorger les juridictions ; · la possibilité de relevé d’empreintes digitales et de photographies sans consentement, dans le strict respect des principes constitutionnels, pour faciliter l’identification des personnes réticentes ou multi-identités ; · l’encadrement renforcé des recours, notamment par le caractère suspensif de l’appel du parquet ; · l’ajustement du régime juridique des demandeurs d’asile, pour mise en conformité avec la jurisprudence récente du Conseil constitutionnel. Si texte ne réglera pas à lui seul l’ensemble des questions liés à la rétention et à l’éloignement, il contribue à apporter des réponses utiles et d’urgence. De nombreux enjeux pour assurer la sécurité des Françaises et des Français, tout en respectant strictement le cadre de l’État de droit, sont encore à débattre dans les prochains mois. A ce titre, le groupe les Démocrates fait part de sa vigilance, jugeant préférable que ce type de texte, susceptible de modifier les libertés publiques, fasse l’objet d’une saisine du Conseil d’État en amont de son examen, ce qui en renforcerait sa solidité juridique et empêcherait les tentations de surenchères politiques.

 

Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> L'action de l’État est efficace lorsqu’elle est cohérente pas lorsqu’elle se disperse. Ce qui est valable à l’échelle d’un pays, doit l’être à celle de chacun de nos départements et de nos régions. Je salue les annonces du Premier ministre François Bayrou à Chartres, qui traduisent une conviction profonde que nous partageons de longue date au MoDem: la nécessité de davantage déconcentrer l’action de l’État et de mieux coordonner les politiques publiques grâce à notre corps préfectoral. C’est aussi une garantie supplémentaire que les lois que nous votons soient correctement appliquées sur le terrain.

 

Nicolas Turquois (député)
> Ce qui affaiblit notoirement l'Assemblée, c'est ce climat permanent d'invectives, d'instabilité, d'absence de compromis. Le fonctionnement de certains groupes a contribué à profondément affaiblir nos institutions.

 

Bruno Fuchs (député)
> Face à l’attaque de 728 drones russes sur l’Ukraine, la plus massive depuis le début de la guerre, le président Trump qui détient les clefs d’un cessez-le-feu, est face à ses responsabilités.

> La Commission Aff étrangères adopte la résolution condamnant la ségrégation imposée aux femmes afghanes par les talibans. Exclues de l’école, du travail, de la vie publique.
L’Europe et la communauté internationale doivent se mobiliser pour défendre leurs droits fondamentaux.

 

► Autres 
Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie industrielle)
> La chimie est la mère de toutes les industries. Le plan d’action que nous présentons aujourd’hui – 3ème plan sectoriel après l’automobile et l’acier – doit permettre de redresser ce secteur critique pour la souveraineté industrielle européenne. Entre autres:
- Une liste de sites & molécules les plus critiques pour concentrer notre action
- Une extension des aides d’Etats pour la compensation des coûts indirects ETS à plus de producteurs chimiques
- Des règles simplifiées comme par exemple sur l’étiquetage des produits.

 

● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
> Renew Europe regrette vivement la décision prise aujourd’hui par une coalition de députés européens, incluant des climatosceptiques d’extrême droite, de rejeter l’application de la procédure d’urgence pour l’amendement à la loi européenne sur le climat visant à fixer un objectif climatique européen pour 2040. La procédure d’urgence était de mise en raison du retard important pris par la proposition de la Commission européenne.
À un moment où l’Europe doit faire preuve d’un leadership sans faille en matière d’action climatique, cette décision rendra plus difficile pour le Parlement européen d’adopter une position forte avant la COP30 au Brésil. Alors que les États-Unis se retirent de leurs engagements en la matière, une position européenne forte est essentielle. Le rejet de la procédure d’urgence signifie également que le groupe d’extrême droite des Patriotes conservera le contrôle du dossier sur la loi climat au Parlement.

> Dans la perspective de la publication du prochain budget à long terme de l’UE par la Commission, le groupe Renew Europe met en garde contre les tentatives de renationalisation du budget de l’Union et appelle plutôt à un saut vers une véritable européanisation du budget. Le prochain budget européen doit être plus européen, pas moins. Renew Europe veut que le budget de l’UE soit :
- Plus européen dans sa forme.
- Plus européen dans ses objectifs
- Plus européen dans sa réponse aux défis communs
- Plus européen dans son financement
- Plus européen dans ses valeurs.

> Pour un semestre européen sur l’état de droit
Il est clair que lorsqu’une violation se produit, l’action européenne reste trop fragmentée, incohérente et inefficace. De plus, les instruments d’évaluation actuels ne sont que partiellement efficaces pour surveiller correctement les tendances en matière d’état de droit et identifier en temps opportun les tendances préoccupantes. Cette situation ne peut plus continuer. Cela nuit non seulement à notre crédibilité, à notre légitimité et à la confiance mutuelle entre les États membres, mais surtout à la protection adéquate de tous les citoyens européens contre les violations de leurs droits et libertés.

Nous ne pouvons pas simplement déplorer ces violations. C’est pourquoi Renew Europe a décidé de présenter une proposition concrète, prête à l’emploi pour les institutions européennes. Cette proposition s’appuie sur des idées précédemment discutées dans les précédents termes législatifs, en les mettant à jour, en les consolidant et en les élargissant.
Plus précisément, inspirés par le semestre européen en matière budgétaire, nous proposons la mise en place d’un semestre de l’état de droit, assignant des responsabilités claires à chaque institution.

> Renew Europe a approuvé son document d’orientation sur la Politique Agricole Commune (PAC). Ce document adresse trois messages clairs aux institutions européennes en amont des prochaines négociations budgétaires : protéger la structure de la PAC, garantir un budget solide et faire de la sécurité alimentaire et du renouvellement générationnel une priorité absolue.

 

Valérie Hayer (députée, présidente)
> [Motion de censure contre la Commission européenne] La Motion de censure contre la Commission européenne a été largement rejetée. Renew Europe a voté contre cette Motion. Mais notre soutien à Ursula von der Leyen n’est pas acquis. Nous demandons : - la reprise en main de sa famille politique pour cesser ses alliances avec l’extrême droite ; - Le respect de la majorité qui l’a élue ; - la mise en œuvre de notre ambitieux agenda pro-européen.

> [Motion de censure contre la Commission européenne] Le groupe Renew Europe ne soutient pas cette motion. Elle émane de l'extrême droite ; et sur ce point, notre position est claire : nous refusons de légitimer leur programme ou de participer à leurs jeux. (…)
Ce n'est pas le moment de céder au chaos. L'heure est au courage, au sang-froid et à la responsabilité. Nous devons rester fermes et défendre une Europe forte et unie.  (…)
La présidente von der Leyen doit désormais tenir sa promesse et rétablir la confiance avec les groupes parlementaires qui l'ont élue. Une majorité fonctionnelle ne peut être tenue pour acquise ; elle doit être gagnée par le dialogue, la coopération et le respect.
Aucun programme européen durable et tourné vers l'avenir ne peut être construit avec ceux qui ne cherchent qu'à diviser – à diviser les institutions, les États membres et les citoyens. Valoriser pleinement le potentiel de la plateforme centrale pro-européenne est la seule voie pour renforcer l'Europe elle-même. (…)
Notre soutien futur n'est pas automatique. Il dépendra entièrement de la manière dont la présidente répondra à nos priorités, telles qu'un Fonds pour la compétitivité ambitieux qui mobilise l'épargne européenne, accompagne les entreprises dans leur parcours de financement et les aide à se développer, une conditionnalité plus stricte du budget de l'UE et un accord de plateforme fonctionnel pour impliquer les groupes centristes au Parlement.

 

Pascal Canfin (député)
> Le rejet de la procédure d’urgence sur la loi climat ne nous donne pas la garantie que le Parlement pourra voter en octobre avant la COP de Belém. Je regrette ce risque pour le leadership climatique européen, qui nous est imposé par le PPE. Nous travaillerons sans relâche pour être prêts à temps : nous sommes prêts à voter une nouvelle procédure d’urgence en septembre pour y parvenir et répondre à l’urgence climatique, sur laquelle plus de 80 % des Européens nous demandent d’agir.

 

Fabienne Keller (députée)
> La Commission tente de renationaliser le budget de l’Union à travers des plans nationaux décidés par les capitales. C’est une erreur. Cela menace le tissu même de l’Union et risque de rompre le lien entre nos régions et les institutions européennes. Renew Europe croit au contraire à un véritable saut en avant vers un budget réellement européanisé. Notre budget doit devenir plus européen, pas moins.

 

Marie-Pierre Vedrenne (députée)
> En cette année du 50e anniversaire des relations UE-Chine et à l’approche du prochain sommet, nous devons examiner la profondeur et la réalité de notre relation, en nous fondant sur le principe de réciprocité. Aujourd’hui, nos industries sont confrontées à des difficultés liées aux restrictions à l’importation de matières premières critiques chinoises et à la surcapacité, notamment dans le secteur de l’acier. Si la situation persiste ou s’aggrave, nous devrons répondre à cette coercition économique avec les instruments à notre disposition.