Voici une sélection,
ce 10 juillet 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les
médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Discours du Président de la République devant les deux
chambres du Parlement au Palais de Westminster]
C’est un très grand honneur de prendre la
parole devant les deux chambres du Parlement britannique. Un lieu composé à la
fois d’une chambre haute et d’une chambre basse, lieu d’histoire passée et
d’histoire en devenir. Un endroit où la démocratie moderne a émergé et les
principes de représentation démocratique et de consentement sont nés.
En établissant ses propres règles, votre grand peuple a inspiré le reste du
monde, et en particulier mes compatriotes, qui vous considèrent avec respect,
avec plus qu’un peu d’admiration. En France, Montesquieu et Rousseau se sont
inspirés des œuvres de Locke à tel point que les « Lettres
philosophiques » de Rousseau sont souvent appelées Lettres sur l’anglais
dans mon pays. Mais s’il vous plaît, ne vous méprenez pas. Je n’irai pas
jusqu’à dire que l’Angleterre a donné naissance à la Révolution française.
Cependant, je dois avouer que nous aimons la monarchie, mais surtout quand ce
n’est pas chez nous. Mais je crois vraiment que de la Magna Carta à la
déclaration d’indépendance des États-Unis en 1776 et à la Déclaration française
des droits de l’homme et du citoyen en 1789, une même voie a émergé vers
l’ordre démocratique et l’état de droit. Et tant de fois ce chemin partagé a
été forgé dans la fraternité d’armes. Tant de fois, il a suivi les petits
sentiers des Ardennes et du massif des Vosges sous la grêle des balles allemandes
de 1914 à 1918. Tant de fois, il a presque dévié de sa trajectoire, repris par
nos ancêtres communs, reconquis la côte normande centimètre par centimètre sous
le soleil éclatant de juin 1944.
Et je voudrais remercier le Premier
ministre Starmer, cher Keir, d’avoir assisté aux cérémonies du 11 novembre
de l’année dernière, honorant nos soldats tombés. Le coquelicot rouge
britannique aux côtés des Bleuets de France, devenant le premier chef de
gouvernement britannique à passer le jour de l’Armistice à Paris en 80 ans.
Merci. Le peuple français n’oubliera jamais les sacrifices que le peuple
britannique a faits pour protéger l’Europe et le monde pendant les deux guerres
mondiales et pour maintenir avec une détermination farouche la promesse de
notre « Entente cordiale ». Nous n’oublierons jamais le soutien de
l’asile que vos ancêtres ont donné aux Forces françaises libres dans la lutte
contre la barbarie des nazis. Sir Winston Churchill était l’un des visionnaires
qui ont eu la clairvoyance d’aider à forger une alliance transatlantique solide
et de créer un ordre européen pacifique dans lequel il croyait profondément. Il
nous a transmis la même vision d’un ordre mondial fondé sur le droit, la
justice et le respect de l’intégrité territoriale. Un ordre qui est aujourd’hui
attaqué quotidiennement alors que nous assistons à des attaques directes contre
nos démocraties, au retour de la guerre sur notre continent, à la résurgence
d’impulsions impériales et au flottement des règles internationales par les
puissances déstabilisatrices tout en tentant de diviser le monde à leur
avantage.
Président, vous et vos prédécesseurs êtes devenus célèbres, je dois le dire,
même en France, pour votre façon de rétablir l’ordre à la cour avec vos
exclamations impériales et impérieuses : « Ordre, ordre ! » Et
aujourd’hui, nous souhaitons vous rejoindre pour lancer « ordre, ordre
! » avec vous pour se calmer sur le reste du monde. En tant que membres
permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, profondément attachés au
multilatéralisme, le Royaume-Uni et la France doivent une fois de plus montrer
au monde que notre alliance peut faire toute la différence. Clairement, nous
devons travailler ensemble afin de défendre un multilatéralisme efficace et de protéger
l’ordre international tel que nous le pensions après la Seconde Guerre
mondiale.
Et d’abord, en soutenant l’Ukraine, qui a
été illégalement attaquée par les deux, en ralliant le soutien des Européens,
et en se coordonnant avec les Américains pour créer les conditions nécessaires
à une paix durable robuste et solide. Je tiens à féliciter votre pays depuis le
premier jour et même avant le premier jour, vous faisiez partie du plus proche
allié de l’Ukraine, formant leur armée, étant ici le premier jour pour protéger
le président Zelensky, son gouvernement, et permettant simplement à leurs
forces de résister, comme vous l’avez fait il y a des décennies avec mon pays.
Et ensemble, nous avons travaillé très dur au cours des dernières années afin
de soutenir le peuple ukrainien, simplement en l’aidant à résister. Nous avions
raison et nous avons raison. Et parce que chaque fois que la Russie de Vladimir
Poutine avance en Ukraine, la menace se rapproche de nous tous. Nous
n’accepterons jamais la théorie selon laquelle la raison du plus peut être
justifiée. Et je veux être clair. C’est pourquoi, avec vous, Monsieur le
Premier ministre, nous avons décidé de lancer en février dernier cette
Coalition des Willing que vous avez évoquée. Et cette coalition n’était qu’un
signal que les Européens n’abandonneront jamais l’Ukraine. Jamais.
Et quelles que soient les décisions qui pourraient être ailleurs, nous nous
battrons jusqu’à la toute dernière minute afin d’obtenir le cessez-le-feu, afin
de commencer les négociations pour construire cette paix robuste et durable.
Parce que c’est notre sécurité et nos principes ensemble qui sont en jeu en
Ukraine. C’est la possibilité d’une paix européenne, que notre génération a
connue au cours de la dernière décennie, qui est en jeu en Ukraine, rien de
moins. Et ensemble, nous suivrons ces efforts.
Nous sommes également restés unis pour appeler à la cessation des hostilités et
au chemin vers la paix au Moyen-Orient depuis que la spirale de violence a
commencé après les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023.
Ensemble, nous appelons à la libération de tous les otages. Ensemble, nous
avons appelé à un cessez-le-feu à Gaza. C’est une urgence absolue de mettre fin
aux souffrances des otages et des Gazaouis. Une guerre sans fin et sans
objectif stratégique constitue une menace énorme pour la région et notre
sécurité collective. Aujourd’hui, une déshumanisation se produit là-bas qui ne
peut jamais être justifiée. Ensemble, nous sommes conscients qu’une issue politique
est cruciale, et je crois en l’avenir des deux solutions étatiques comme base
d’une architecture de sécurité régionale qui permettra à Israël de vivre en
paix et en sécurité aux côtés de ses voisins. Mais je veux être clair. Demander
aujourd’hui un cessez-le-feu à Gaza sans aucune condition, c’est simplement
dire au reste du monde que pour nous, en tant qu’Européens, il n’y a pas deux
poids deux mesures. Et comme nous sommes attachés aux vies humaines, comme nous
sommes attachés à l’intégrité territoriale, nous voulons le cessez-le-feu. Pas
de discussion. Et aujourd’hui, travailler ensemble pour reconnaître l’État de
Palestine et initier cet élan politique est la seule voie vers la paix.
Parce que depuis Oslo en 1993, avec Gaza en ruine et la Cisjordanie attaquée
quotidiennement, la perspective d’un État palestinien n’a jamais été mise en
danger comme elle l’est. Et l’objectif d’une reconnaissance n’est pas seulement
de faire notre devoir, mais aussi de rouvrir une perspective politique et de
refuser juste une réponse basée sur la sécurité. Et c’est pourquoi la solution
des deux états et la reconnaissance de l’état de Palestine est aussi, selon
moi, le seul moyen de construire la paix et la stabilité pour tous dans toute
la région. Cette approche est conforme à notre refus commun de tolérer la
menace posée par un Iran qui possède des armes nucléaires.
Là encore, nous ne connaissons que trop bien les limites des solutions basées
sur la force et la tentation de provoquer un changement de régime. La France,
le Royaume-Uni et l’Allemagne, en coordination avec toutes les parties
prenantes, ont le devoir de mettre en place une négociation rigoureuse qui
garantisse une surveillance internationale du programme nucléaire iranien sur
le long terme, préservant ainsi le cadre de non-prolifération comme fondement
de la sécurité collective. C’est avec la même cohérence et fermeté que nous
devons agir pour défendre l’ordre mondial.
En Afrique, nos deux pays ont un lourd passé, c’est pourquoi nous pouvons
légitimement envoyer un message de conciliation et de refus des sphères
d’influence, de respect de la souveraineté économique et territoriale. Dans
l’Indo-Pacifique, notre histoire a fait de nous un gardien de la liberté de
navigation et du respect du droit international que nous défendons. Au milieu
de ces bouleversements, l’alliance entre la France et le Royaume-Uni n’a pas
faibli. Elle est même devenue plus forte.
Oui, au cours des dernières années, cette alliance est devenue plus forte. En
matière de défense et de sécurité, les traités de Lancaster House ont montré que
nous étions disposés à coopérer sur les sujets les plus sensibles, concernant
notre souveraineté et notre dissuasion. Lorsque nos deux pays les ont signés,
certaines personnes intelligentes ont trouvé un moyen d’en tirer des économies
de ressources, et d’autres les ont même surnommés « l’Entente
Frugale ». Pourtant, ils ont réussi à structurer la coopération en matière
de défense entre nos deux pays au cours des 15 dernières années.
Lors de ce sommet bilatéral, nous entrerons dans une nouvelle étape qui permettra
d’intensifier cette coopération. Et nos deux pays, les seuls États européens
dotés d’armes nucléaires, les principales forces armées du continent,
représentant ensemble 40 % des budgets militaires européens, s’engagent à
assumer pleinement la responsabilité en matière de sécurité européenne. Et nous
sommes confrontés à de nouvelles menaces, avec des puissances nucléaires
agressives, avec des alliances parfois hésitantes, et le retour d’un conflit
majeur sur notre continent. C’est pourquoi, aujourd’hui, notre sommet est si
important et l’annonce que nous avons préparée si historique.
Les capacités identifiées il y a 15 ans à Lancaster House doivent être
considérablement augmentées en proportion de la menace. Notre coopération
industrielle doit également passer à un niveau supérieur, et notre relation
avec l’Europe doit changer, même au cœur de la souveraineté. Il y a une attente
en Europe que la foi avec les voisins révisionnistes, nos deux pays, ait une
responsabilité particulière pour la sécurité du continent. Et il est temps de
l’articuler et de paraphraser la célèbre phrase de Pitt, « pour s’assurer
que non seulement nos deux pays se sauveront par leurs propres efforts, mais
aussi que nous sauverons l’Europe par notre exemple et notre solidarité. »
Mais nous reviendrons sur ce point plus en détail lors du sommet de jeudi, mais
très clairement, en prenant l’engagement d’aller vers les 3,5% sur la défense
dans les années à venir, il ne s’agit pas seulement d’amasser de l’argent, mais
d’augmenter notre coopération tous ensemble, réduire nos dépendances, et
construire un pilier européen fort dans l’OTAN. Nous devons travailler ensemble
pour coopérer, comme nous l’avons fait il y a quelques années au Sahel, côte à
côte. Nous devons coopérer afin de construire un nouveau programme commun,
d’accroître la coopération de nos industries et de rendre l’Europe de la
défense plus indépendante et plus forte.
Deuxièmement, sur le climat et la biodiversité. Ensemble, nous nous engageons
envers la planète face à la nouvelle ligue des réactionnaires internationaux,
qui nient la science et les faits. Nous défendons également d’une seule voix la
mise en œuvre de nos ambitions climatiques vers la neutralité carbone,
l’élimination progressive des combustibles fossiles et la protection des
forêts, qui seront au cœur des enjeux de la prochaine COP30 à Belém. Nous
agissons également ensemble pour parvenir à la ratification du traité BBNJ sur
la protection des océans, en mobilisant le secteur privé, en réformant le
système d’aide publique au développement conformément au Pacte pour la
prospérité, les personnes et la planète, où nous travaillons ensemble.
Nous avons travaillé très activement et travaillons encore ensemble sur la
biodiversité et les crédits de biodiversité. Le rapport que nous avons commandé
ensemble en tant que franco-britanniques lors de la visite d’État du roi
Charles en France n’est pas seulement excellent, mais nous l’approuvons et nous
le mettrons en œuvre. Nous allons maintenant continuer à travailler ensemble et
mettre en œuvre ce travail.
Troisièmement, sur la migration. J’ai le sentiment d’être attendu sur cette
question aussi bien dans votre pays. En effet, dans ce monde instable, l’espoir
d’une vie meilleure ailleurs est légitime, mais nous ne pouvons pas permettre
que les règles de nos pays pour accueillir des gens soient flattées et que des
réseaux criminels exploitent cyniquement les espoirs de tant d’individus avec
si peu de respect pour la vie humaine.
La France et le Royaume-Uni ont une responsabilité partagée pour aborder la
migration irrégulière avec humanité, solidarité et fermeté. Les décisions que
nous prendrons lors de notre sommet bilatéral répondront à nos objectifs de
coopération et de résultats tangibles sur ces questions majeures. Très clairement,
nous chargeons notre ministre de l’Intérieur de travailler en étroite
collaboration, et je tiens à saluer la coordination et la coopération très
étroites. Mais notre objectif, très clairement, est d’avoir la meilleure
coopération jamais établie entre nos deux pays afin de résoudre aujourd’hui ce
qui est un fardeau pour nos deux pays. Mais permettez-moi de rappeler
également, alors que nous déployons ces efforts bilatéraux et que nous
intensifions notre coopération, qu’un tiers des personnes entrant illégalement
dans l’espace Schengen tentent de traverser la Manche. Nous n’arriverons à une
solution durable et efficace qu’avec l’action au niveau européen et la
coopération, notamment des pays du premier et du troisième, sur le sol
européen, en continuant à travailler avec les pays de départ et de transit des
routes migratoires mondiales ainsi qu’en abordant les facteurs d’attraction.
Soyons clairs, nous allons livrer ensemble parce que cette question est une
question claire pour nos deux pays.
Quatrièmement, sur l’économie. Notre commerce a été relancé et a même dépassé
les niveaux d’avant le Brexit. Les 3500 entreprises françaises qui travaillent
au Royaume-Uni restent le deuxième employeur étranger dans votre pays et vice
versa. Et nous voulons faire plus, à l’occasion du sommet aussi.
Nous fournirons des résultats supplémentaires, des investissements
supplémentaires et des investissements très stratégiques dans les domaines de
l’énergie et de l’espace où nous avons une coopération de longue date, mais où
nous voulons construire un nouveau pas en avant et ouvrir une nouvelle ère.
Depuis la dernière fois qu’un président français a pris la parole devant vous
en 2008, l’Europe a changé.
Tout d’abord bien sûr parce que le peuple britannique souverain a choisi de
quitter l’Union européenne en 2016, une décision que nous respectons, même si
nous la trouvions profondément regrettable. Je suis conscient que je suis le
premier chef d’État européen à effectuer une visite d’État depuis que le
Royaume-Uni a quitté l’Union européenne. Je prends pleinement en compte
l’importance de ce moment.
Il nous a fallu quelques années, mais nous avons convenu des bases de notre
nouvelle relation après l’accord de retrait et l’accord de commerce et de
coopération renforcé par le cadre de Windsor. Et certains d’entre nous ont
travaillé très dur sur tous ces textes. J’ai de bons souvenirs.
Je soutiens également les efforts du premier ministre Starmer pour rétablir la
confiance, assurer le respect des accords conclus et renforcer ce cadre par une
coopération ciblée dans notre intérêt commun. Je me réjouis que le 19 mai,
nous ayons pu définir une feuille de route pragmatique entre l’Union européenne
et le Royaume-Uni sur la défense, l’énergie, le climat et d’autres questions.
Mais tout comme quitter l’Union européenne ne signifie pas que le Royaume-Uni a
quitté l’Europe, les efforts pour relever les défis auxquels toute l’Europe est
confrontée ne peuvent se limiter à la seule Union européenne. Ce qui est en jeu
aujourd’hui en Europe, c’est notre capacité à assumer la responsabilité
d’assurer nous-mêmes plus largement la sécurité de notre continent.
Ce qui est en jeu aujourd’hui en Europe, c’est notre capacité à investir dans
les technologies clés du futur — l’IA, les technologies quantiques, l’espace,
la biotechnologie, les sources d’énergie décarbonées et l’industrie de la
défense, comme je l’ai mentionné—afin d’éviter les dépendances stratégiques et
le désengagement qui nous mettraient en danger, et surtout le risque d’une mort
lente, pour citer Mario Draghi.
En effet, nous devons d’abord réduire les risques pour nos économies et nos
sociétés liés au manque d’innovation. Et c’est ce que nous avons vécu au cours
de la dernière décennie, si nous comparons nos pays avec les États-Unis. Nous
devrons également réduire le risque de nos deux pays pour les dépendances
excessives aux États-Unis et à la Chine. Je ne mets pas un signe égal entre la
Chine et les États-Unis. Nous avons un allié fort d’un côté et un challenger,
parfois un partenaire lorsque nous parlons du changement climatique, avec la
Chine.
Mais soyons réalistes. Si les Européens, si le Royaume-Uni et la France ne
travaillent pas ensemble pour construire des chaînes de valeur solides, afin de
réduire nos dépendances dans ce domaine critique, comme je l’ai mentionné, si
nous dépendons toujours à la fois de la Chine et des États-Unis, Je pense que
nous avons une vision claire de notre avenir et de l’avenir de nos enfants.
D’un côté, les surcapacités et les subventions excessives sont des menaces
claires pour un commerce équitable. Et ils déstabilisent beaucoup de chaînes de
valeur et créent de nouvelles dépendances. D’un autre côté, la guerre
commerciale est clairement une décision explicite de ne plus être conforme à
l’OMC et ce « doux commerce » que nous avons aimé jusqu’à présent.
Nous n’avons pas d’autre choix si nous voulons être lucides, si nous voulons
construire un avenir durable pour tous les enfants, pour dérisquer nos
économies et nos sociétés de ces doubles dépendances. Nous voulons un monde
ouvert. Nous voulons coopérer, mais pas dépendre. Et chaque fois que nous
dépendons, chaque fois que nous ne sommes pas capables de nous lever et de
décider et d’accepter de ne pas être d’accord, c’est le début de notre
problème. Nous sommes dans cette
situation. C’est pourquoi nous devons travailler très dur ensemble dans ce
domaine technologique et économique afin de renforcer nos chaînes de valeur
ensemble et réduire ces dépendances.
Mais ce qui est aussi en jeu aujourd’hui en Europe, c’est la défense des
modèles démocratiques face à l’ingérence étrangère, la manipulation de
l’information, la domination des esprits par les émotions négatives et
l’addiction aux médias sociaux. C’est le grand autre risque.
C’est le même défi auquel nous sommes confrontés en ce qui concerne l’ère
numérique, la restriction en ligne et la protection de nos enfants contre les
médias sociaux et les écrans, un problème brutalement mis en lumière il y a
trois mois par la série britannique « Adolescence ». Soyons clairs,
c’est le même type de risque. Être vulnérable à un algorithme conçu aux
États-Unis, être vulnérable à un algorithme conçu en Chine avec des réseaux
sociaux même pas autorisés pour les adolescents chinois. C’est être vulnérable
aux interférences et à la désinformation venant de Russie et d’autres endroits.
Mais la force de nos démocraties dépend de notre capacité à créer de nouvelles
réglementations afin de mieux protéger nos enfants et nos démocraties, ainsi
que notre débat démocratique, la relation avec la science et la vérité. Sinon,
notre avenir sera décidé par ceux qui décideront de ces algorithmes.
Nos deux pays sont parmi les plus anciennes nations souveraines d’Europe et la
souveraineté signifie beaucoup pour nous deux. Tout ce à quoi j’ai fait référence
concernait la souveraineté. Décider pour nous, choisir nos technologies, notre
économie, décider de notre diplomatie et décider du contenu que nous voulons
partager, des idées que nous voulons partager et des controverses que nous
voulons partager.
Même s’il ne fait pas partie de l’Union européenne, le Royaume-Uni ne peut
rester en retrait car la défense et la sécurité, la compétitivité, la
démocratie, le cœur même de notre identité sont connectés à travers l’Europe en
tant que continent.
Et vous me comprenez, le point n’est pas de diverger mais d’avancer côte à côte
sur ces choix stratégiques auxquels nous sommes confrontés, pour éviter le
risque d’effacement, de division, de faiblesse, une certaine idée de l’Europe,
si chère à George Steiner, doit continuer à nous connecter aujourd’hui.
C’est aussi le sens de la Communauté politique européenne, qui a montré sa
capacité à rassembler la famille européenne sur tout le continent européen,
pour aborder concrètement les questions de stabilité, de sécurité et de
coopération entre les États. Le Royaume-Uni joue pleinement son rôle, comme
démontré il y a un an lors du sommet de Blenheim.
Je crois que nos deux pays continueront à être des moteurs de changement, des
moteurs de cette Europe élargie et de cette convergence significative.
Nous devons pouvoir compter sur nos relations économiques, académiques, de
recherche et culturelles pour relever ensemble ces défis liés à la
souveraineté. Je me réjouis du nombre d’accords de partenariat que nos
universités, musées, institutions de recherche signeront en marge de cette
visite. Ils participeront à notre programme respectif de réindustrialisation et
d’indépendance stratégique dans des secteurs clés allant de l’intelligence
artificielle à la culture. Nos deux pays sont des leaders en Europe lorsque
nous faisons référence à l’IA. Mais la concurrence des États-Unis et de la
Chine est féroce et l’Europe sur ce point aussi doit augmenter ses
investissements. C’est pourquoi nous devons aussi travailler ensemble.
Alors que le tunnel sous la Manche célèbre son 30e anniversaire cette année,
faisons un vœu ici aujourd’hui. Ne laissons pas le canal s’élargir. Bien que
300000 Français vivent au Royaume-Uni et 150000 Britanniques en France, il y a
eu une diminution des mouvements ces dernières années en ce qui concerne les
échanges scolaires, universitaires, professionnels et de recherche.
Aujourd’hui, il y a un risque que nos sociétés s’éloignent, que nos jeunes ne
se connaissent pas aussi bien et finissent par devenir des étrangers à une
époque où les événements actuels internationaux nous rappellent quotidiennement
notre avenir commun. Fixons-le. Travaillons ensemble afin de faciliter
l’échange d’étudiants, de chercheurs, d’intellectuels, d’artistes. C’est si
important. Permettons à nos enfants d’avoir les mêmes opportunités que celles
que nous avions.
Membres du Parlement, mes lords, demain au British Museum, nous annoncerons
officiellement un échange historique. À l’approche du 1000e anniversaire de la
naissance de Guillaume le Conquérant, la France prêtera au Royaume-Uni la
tapisserie de Bayeux.
Je dois dire qu’il a probablement fallu plus d’années pour livrer ce projet que
tous les textes du Brexit. Parce que nous l’avons lancé ensemble avec la
Première ministre Theresa May à ce moment-là lors d’un sommet il y a quelques
années. Mais en fin de compte, nous l’avons fait. Et la tapisserie sera
déplacée à Londres, tandis que les musées nationaux de Rouen et de Caen
recevront le trésor de Sutton Hoo en prêt.
Je pense que les prêts mutuels de ces trésors nationaux extraordinaires
impliqueront des échanges humains fascinants, ce qui sera certainement positif
pour notre avenir en termes de culture. Et voyons cet échange se déroulant
entre l’été 2026 et l’été 2027 comme le début de cette nouvelle ère d’échange
et la réouverture de ce mouvement mutuel.
Les temps de Guillaume le Conquérant sont terminés, heureusement, ainsi que les
rangées de cavalerie en charge. Notre « Entente Cordiale », scellée
il y a 126 ans, a permis à nos pays de rapprocher leur avenir pour protéger les
équilibres stratégiques de l’Europe et d’entrer dans une ère de coopération et
de compétition, en remplaçant nos champs de bataille par des terrains de
football et de rugby, comme vous l’avez mentionné.
A l’invitation de Sa Majesté, le roi Charles III, que je tiens à remercier pour
son hospitalité et la relation très spéciale qu’il entretient depuis longtemps
avec mon pays.
Je suis venu ici aujourd’hui pour renouveler le message d’amitié et de
fraternité du peuple français. Oui, enfin nous nous retrouvons. Et soyons sûrs
que nous nous reverrons pendant des années et des décennies. Parce que nous
sommes liés par notre géographie, par notre passé, mais nous sommes liés par
notre avenir commun. Et la seule façon de surmonter les défis que nous avons,
les défis de notre époque, sera d’aller ensemble, main dans la main, épaule
contre épaule. C’est notre destin commun.
Vive notre amitié France-Royaume-Uni !
Vive le Royaume-Uni !
Vive la France !
> [Discours devant
le roi d’Angleterre] Vos Majestés, vos mots de bienvenue sont un honneur pour
ma femme et moi-même et nous touchent profondément. Je voudrais maintenant dire
à quel point j’apprécie votre accueil à Windsor, un signe de votre grande
courtoisie et un témoignage de votre amitié avec la France. Pourrait-il y avoir
un meilleur symbole de la longévité et de la solidité de votre nation que ce
palais ? Construit il y a longtemps par les Normands comme une forteresse. Il a
été remis à son usage d’origine pendant le Blitz, lorsqu’il protégeait la
princesse Elizabeth et sa sœur cadette, Margaret.
Et si vous me l’autorisez Votre Majesté, c'est à la Reine Elisabeth II que vont
mes premières pensées ce soir. Les Français ont porté à votre mère, la Reine,
une admiration et une affection authentiques, qui fut, je le crois, réciproque.
Car elle parlait notre langue, comme vous, aimait notre culture, nos chevaux,
et qu'aucun autre pays n'a eu le privilège de la recevoir aussi souvent que le
nôtre. Pour vous elle était votre reine, pours nous elle était la reine.
Permettez-moi d'ajouter que l'attachement de mes compatriotes s'adresse aussi à
votre personne. Votre combat pour l'environnement et la biodiversité, au nord
comme au sud de notre planète, votre détermination à valoriser la qualité des
produits agricoles, votre résolution à défendre et renouveler les métiers et
savoir-faire issus de la tradition, si utile, d'ailleurs, à la reconstruction
de Notre-Dame, que vous venez d'évoquer, et, avant elle, à ce même château dans
lequel nous nous trouvons, sont en France autant de motifs de plébiscite pour
vos engagements.
Et sachez, Votre Majesté, que quand vous êtes monté à la Tribune européenne
pour défendre les fromages au lait cru, vous avez définitivement gagné tous les
cœurs français. Face à ceux qui préfèrent la fadeur aseptisée, à toute forme de
prise de risque, à la table de leur repas comme à celle des nations, notre
commune défense du Camembert ou du Roquefort devient le manifeste
bactériologique, si je puis dire, d'une certaine idée de la civilisation. Plus
sérieusement, c'est une « élégance, une constance, une habitude du cœur »,
comme disait Tocqueville, que nous aimons en vous. Cette affection que nous
portons à la couronne anglaise n'est pas le moindre des paradoxes d'un peuple
français, je le rappelais tout à l'heure à Westminster, qui aime les monarchies
sincèrement tant qu'elles sont chez les autres.
Votre ancêtre, la reine Victoria, a d'ailleurs toujours son portrait solennel
dans un salon de l'Élysée, et l'avenue Georges V est une des plus belles de
Paris. La profondeur des liens qui unissent nos peuples, sans équivalent dans
l'histoire, est le fruit des siècles d'échanges, d'inspirations croisées, mais
aussi d'alliances sans cesse bousculées, de rivalités sans cesse réinventées.
Au fond, nous vivons comme dans un bon roman de Jane Austen, où les plus
grandes hostilités révèlent en effet des attractions paradoxales. Miss
Elizabeth Bennet passe des centaines de pages à se plaindre de l'arrogance de
Mr Darcy, et vous savez comment finit le roman. Quant à nos deux peuples, nous
avons été, au cours de l'histoire, des ennemis si fidèles, si dévoués, que nous
ne pouvions pas ne pas devenir amis. Mieux, frères, par le sang, par l'espoir,
par la gloire. L'épreuve des tranchées d'abord, le sacrifice des alliés, la
résistance, ensuite, changèrent tout. Jamais la France n'oubliera que l'appel
du Général de Gaulle, il y a 85 ans, galvanisait le courage de la résistance
depuis les ondes de la BBC, et que rien n'aurait été possible sans la couronne,
le cabinet de guerre de Winston Churchill et la ville de Londres qui lui
donnèrent asile.
Cette fidélité à nos histoires intimement intriquées, cette disposition à se
tenir debout et côte à côte quand nos valeurs, c'est-à-dire nos existences,
sont menacées telle est la force de l'Alliance franco-britannique. Aujourd'hui
encore, face à l'agression en Ukraine lancée par la Russie, face aux risques
multiformes de déstabilisation de l'Europe, face à la crise au Moyen-Orient, nous
sommes aux avant-postes de la défense de la sécurité de notre continent et de
ses valeurs démocratiques. Ensemble, le Royaume-Uni et la France, puissances de
paix et de progrès, ont la capacité d'entraîner les nations en Europe et
ailleurs. À l'avant-veille du sommet franco-britannique, que nous tiendrons
avec Monsieur le Premier ministre, je suis venu à Londres ambitieux et confiant
pour l'avenir de notre relation.
Les peuples sont les vraies richesses des nations. Et les 300 000 Français de
notre côté de la Manche, les 150 000 Britanniques de notre côté sont la sève de
cette relation et le rappel constant que nous ne devons jamais laisser la
Manche s'élargir entre nous, car c'est bien notre richesse que cette densité de
liens d'investissement, d'entreprenariat, de recherche, de science,
d'éducation, de création. Sans oublier cette amicale rivalité sportive qui nous
a réunis l'été dernier encore lors des Jeux olympiques et des Jeux
paralympiques. Et je dois avouer qu'un des plus grands compliments qu'on nous
ait fait fut de nous dire que les Jeux de Paris 2024 étaient à la hauteur des
très beaux Jeux de Londres de 2012. D'autres compétitions mettront
prochainement aux prises nos athlètes, la Coupe du monde de rugby féminin, qui
sera organisée en Angleterre le mois prochain, et en 2027, le Grand départ
Grande-Bretagne du Tour de France et du Tour de France femmes, qui passera par
les nations écossaise, galloise et anglaise.
Et je voudrais annoncer ce soir, je l'ai évoqué cet après-midi à Westminster,
en ce lieu, un projet longuement mûri, dont vous m'avez souvent reparlé, sur
lequel, à plusieurs reprises, vous m'avez écrit. Nous avons décidé, en effet,
de conclure un débat qui dure depuis au fond 70 ans, et de prêter à la
Grande-Bretagne un joyau emblématique de notre histoire, la tapisserie de
Bayeux. Cette tapisserie, que le mystère des siècles a appelée ainsi alors
qu'il s'agit en fait d'une broderie, est le récit de la conquête de
l'Angleterre, brodée en effet point par point par les femmes normandes du XIe
siècle. D'aucuns prétendent que ce fut, en fait, plutôt brodé de votre côté de
la Manche, mais je laisserai les spécialistes revenir sur la controverse. Mais
c'est une véritable bande dessinée d'étoffe rapportant l'épopée du Duc
Guillaume le Conquérant, ce même Guillaume de Normandie qui posa les fondations
du palais où nous nous trouvons ce soir. Et selon les chroniques historiques
normandes, la couronne d’Angleterre a été accordée au duc William par son
cousin, le roi Edward le Confesseur. Et lorsque le duc William vit le trône
occupé par le comte anglo-saxon Harold, il décida de le reprendre à l’homme
qu’il considérait comme un traître. Cela fait de la tapisserie non seulement
l’histoire d’une saga militaire, mais un monde spirituel qui représente la
punition du parjure. Aucune alerte spoiler nécessaire. Vous pourrez bientôt
découvrir le reste de l’histoire vous-même sur les murs du British museum.
Et pour la première fois depuis 900 ans, la tapisserie de Bayeux suivra le même
chemin que les guerriers dont elle raconte l’histoire et débarquera sur le sol
britannique. Soit ils n’ont jamais été fabriqués, soit ils ont été perdus, mais
les scènes finales de la tapisserie manquent. Je vois cela comme un symbole
encore plus puissant. Dans la grande fresque de l’histoire franco-britannique,
la fin n’a pas encore été écrite, donc c’est à nous de le faire. Oui, notre
histoire est construite sur ces conquêtes et ces rivalités. C’est la beauté de
notre relation unique. Et quand nos musées se parlent, quand vos coquelicots
fleurissent parmi nos Bleuets, quand Paddington voyage en France et Astérix en
Grande-Bretagne, quand l’humour britannique et l’ironie française convergent,
quand notre bon sens et notre sensibilité surmontent notre fierté et nos
préjugés, nous sommes inarrêtables. Et quand nous nous réunissons autour d’une
table, alors tout est possible.
Churchill a écrit dans ses notes alors qu’il préparait des provisions
alimentaires pour ses troupes cette sage maxime politique :
« l’estomac gouverne le monde » L’honneur où l’honneur est dû. Je
voudrais terminer mon toast tout d’abord, votre Majesté, pour dire que
maintenant vous avez créé l'« entente amicale » et cette
« entente amicale » sera lancée à Windsor en 2025 et nous voulons
croire en cette nouvelle ère. Et je voudrais terminer mon toast en levant mon
verre en l’honneur de votre Majesté, de sa Majesté la Reine Camilla et de votre
famille. Je le soulève en l’honneur du Royaume-Uni de cette « entente
amicale » qui unit nos deux peuples fraternels dans une alliance sans
faille.
Vive le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Vive la France.
Vive l’amitié franco-britannique.
> Merci à nos amis
britanniques de s’engager pleinement avec nous dans la suite de l’aventure
Eutelsat. Ensemble on va plus loin !
> Quand tout
s’effondrait, deux hommes se sont dressés. Churchill. De Gaulle. Le courage de
la liberté. L’honneur de deux nations.
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ;
néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres
centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de
coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne
disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
●
Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Budget / Intervention au Sénat] Vous confondez les responsabilités du législatif et de l'exécutif. Nous
préparons le budget, mais c'est vous qui l'adopterez. Quelle est notre
légitimité ? La succession de tous les courants politiques depuis
cinquante ans nous a plongés dans une telle situation.
J'ai relu vos interventions : pas un seul membre de la gauche n'a
demandé un euro d'économies. Vous avez tous demandé des dépenses ou des impôts
nouveaux.
Si l'impôt suffisait à faire la prospérité d'un pays, nous serions le pays
le plus prospère. Ce constat ne nous assure pas une légitimité, mais nous donne
le devoir d'agir. Chacun prendra ses responsabilités ensuite. Le Gouvernement
n'éludera pas les siennes.
> [Discours sur la refondation de l’action publique en
renforçant les moyens et marges de manœuvre du préfet pour permettre à
l’administration d’agir au plus proche des territoires et répondre aux attentes
des citoyens] Nous avons organisé cette réunion de préfets pour annoncer la
réorganisation, la refondation de l'État dans sa dimension locale. Cette
dimension locale va être très renforcée. Je pense que c'est une réforme
essentielle. Cette réforme traînait depuis des décennies, plus d'une décennie
en tout cas, et nous avons pu la réaliser en quelques mois, peut-être même en
quelques semaines.
En quoi consiste cette réforme ? Vous savez qu'il y a depuis presque 20 ans, de
très nombreux intervenants au nom de l'État : des agences, des opérateurs, des
services qui dépendent de l'État. Mais tout cela était très divers, assez
souvent disparate, illisible pour les citoyens et même pour les élus, et donc
inefficace ou trop inefficace, et qu'il y avait une très grande insatisfaction
en face de ces organisations.
Nous avons donc choisi un principe d'unité, les préfets de département ayant
désormais la responsabilité de coordonner, de fédérer, de faire travailler
ensemble tous ceux qui agissent au nom de l'État, et nous leur avons donné les
moyens pour cela. Les moyens, ce sont d'abord les moyens de l'autorité : ils
seront les représentants du Gouvernement et de chacun des membres du
Gouvernement, et les responsables de chacune des actions publiques au nom de
l'État, qui seront regroupés autour d'eux, et qui devront se coordonner autour
du préfet de département.
Deuxièmement, les préfets de département auront le pouvoir d'intervenir dans
tous les dossiers qui dépendent de l'action de l'État. Par exemple, on leur
soumettra toutes les décisions, ils en seront informés, et s'il y a une
décision qui ne leur paraît ne pas aller dans le sens de l'intérêt général, ils
auront le pouvoir de demander qu'on la réexamine. Et qu'avec eux, on définisse
les raisons, on précise les raisons qui font que cette décision a été prise.
Ils auront un certain nombre de moyens de l'autorité, soit en participant à la
désignation, soit en participant à l'évaluation des responsables de l'action de
l'État, chacun dans son domaine de compétence, naturellement. L'Éducation
nationale a son domaine de compétence, la Santé a son domaine de compétence,
les Finances publiques ont leur domaine de compétence, le Travail a son domaine
de compétence, mais tous seront coordonnés par le préfet qui est le
représentant de l'État et que tout le monde connaît, et que les élus
connaissent. C'est à nos yeux une dimension nouvelle ou une légitimité nouvelle
donnée à la décentralisation, parce que les élus auront un interlocuteur. Au
lieu d'être obligé de se débrouiller tout seul en allant voir des représentants
d'agences, d'administrations, ils auront un interlocuteur qui leur permettra de
se faire entendre.
C'est très important aussi parce que comme vous le savez, nous sommes dans un
temps dans lequel les questions de finances publiques vont être très
importantes. Nous sommes entrés sur ce sujet dans une semaine qui va être
critique, qui est décisive et très exigeante. Et c'est un moyen de rendre la
dépense publique plus efficace, plus cohérente. Parce que nous aurons moins
d'argent public, quels que soient les gouvernements qui viendront. On ne peut
pas faire semblant d'ignorer ce qui est en train de se passer et qui nous
menace tous : État, collectivité locale, association, entreprise et famille.
Les cinq responsables ou acteurs de notre vie nationale sont tous soumis à
cette contrainte qui est pour beaucoup une menace, en tout cas qui est une
menace pour notre pays tout entier. Ce qui est en train de se passer (vous êtes
tous familiers de l'observation des marchés financiers), ce qui est en train de
se passer est impressionnant.
Et donc, cette nouvelle organisation, cette réorganisation de l'action
publique, de l'action de l'État en liaison avec les collectivités locales et
les citoyens, cette nouvelle organisation, c'est aussi une manière de rendre
plus efficace la dépense publique, plus efficace l'utilisation de l'argent. Il
y en aura moins et on peut faire plus. On doit faire plus si on se coordonne
moins, si on a des axes, si on sait quelles sont les priorités et si on peut
coordonner tous ces acteurs qui d'habitude agissent indépendamment les uns des
autres.
Et puis, on va augmenter un certain nombre de responsabilités des préfets : par
exemple, le fait que quand il y a des normes stupides, ou qui ne correspondent
pas à la vie du terrain, on peut déroger à ces normes. Pour ça aussi, il faudra
que les préfets soient protégés dans l'exercice de cette liberté.
Ils auront le pouvoir de réorienter un certain nombre de dépenses : par
exemple, de personnels qui appartiennent à telle ou telle agence et que pour
nombre d'entre eux, ils pourront replacer dans d'autres actions de l'État. Et
tout cela dans tous les domaines que nous avons évoqués, l'action publique, la
santé, l'éducation, les finances publiques, la responsabilité locale,
l'administration.
Tout cela va être de nouveau réuni sous la même volonté et avec les mêmes
priorités. C'est une décision qui était attendue depuis très longtemps. Elle
était depuis plus d'une décennie dans les tiroirs, les cartons et on n'arrivait
pas à la faire sortir. Et comme je le disais, on est très heureux avec les
ministres qui m'entourent d'avoir pu faire que cette décision soit désormais
réalisée. Elle sera soumise au conseil des ministres la dernière semaine de
juillet et elle donnera lieu à des dispositions réglementaires. Le précédent
décret datait de 2004, il y a donc plus de 20 ans. Et il y aura aussi des
dispositions législatives si besoin qui seront examinées par le Parlement à la
rentrée.
Voilà rapidement les lignes directrices de la réunion que nous avons faite ce
matin chez Jean Moulin. Et comme je le disais tout à l'heure à la réunion, moi
qui suis à l'affût des signes qui veulent dire quelque chose de mystérieux, ce
n'était pas prévu qu'on vienne aujourd'hui et cependant la mort de Jean Moulin,
torturé, au bout de sa souffrance dans un train à proximité de Metz à
destination de l'Allemagne, c'était le 8 juillet 1943, c'est-à-dire il y a
exactement jour pour jour 82 ans.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Nous faisons face à une baisse démographique qui concerne
l’ensemble du territoire. Lors de la prochaine rentrée,
100 000 élèves en moins, dont 80 000 dans le premier degré,
seront accueillis dans les établissements de l’éducation nationale. Nous avons
fait le choix, dans le budget pour 2025, de maintenir les
4 000 postes qui devaient initialement être supprimés. Cela nous
permet de renforcer nos actions prioritaires, qu’il s’agisse de réduire les
inégalités sociales et territoriales, de renforcer les brigades de remplacement
ou de faire progresser l’école inclusive.
Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> [Projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte /
Intervention à l’Assemblée] L’acte que l’Assemblée nationale s’apprête, je
l’espère, à accomplir aujourd’hui est crucial. Et pour ne pas tomber dans
l’emphase, disons-le simplement : il est historique. Depuis plus de six
mois, j’ai eu l’occasion de le rappeler ici, à cette tribune, en tant que
ministre des outre-mer, j’ai – nous avons –
fait de la situation à Mayotte,
meurtrie par le cyclone Chido, une priorité absolue.
J’ai déjà évoqué devant vous, à
de nombreuses reprises, l’engagement
total du gouvernement dans la gestion de crise, dans le lancement de la
reconstruction et, désormais,
dans la refondation de Mayotte.
Non seulement l’État n’a pas abandonné ce territoire, mais il a refusé de se limiter à une réponse immédiate.
Il a choisi d’aller plus loin,
de franchir une étape décisive pour l’archipel :
une étape vers une protection
renforcée des Mahorais, vers l’égalité réelle, vers un
développement concret, puissant
du territoire, au service de la population.
Cet engagement, nous le devons à Mayotte et à ses habitants, liés de manière
indéfectible à la France. Tant de fois, ils ont manifesté leur attachement à
notre pays – à
leur pays –, depuis les référendums actant leur maintien dans la République jusqu’à
celui relatif à la départementalisation.
Nous le leur devons, car, malgré
tout le chemin parcouru, malgré
les nombreux plans et les améliorations
notables, nos compatriotes mahorais expriment encore souvent un sentiment d’abandon, de doute, de scepticisme
face à de nouveaux engagements.
Et cela, le cyclone l’a révélé de manière criante. Ce qui se joue à Mayotte
dépasse la réalité de l’archipel : il s’agit de restaurer la crédibilité
de la parole publique ; il s’agit de rebâtir le lien de confiance entre
les habitants de ce territoire et l’État.
À l’heure où des ingérences étrangères cherchent à déstabiliser la République,
il est plus que jamais nécessaire d’agir et de concrétiser la promesse
républicaine à Mayotte. En présentant ces projets de loi à la fin du mois
d’avril 2025, le gouvernement proposait au Parlement un dispositif
important et ambitieux.
Je pense aux nombreuses mesures contre l’immigration clandestine et l’habitat
illégal, rapportées notamment par votre rapporteur pour avis Frantz
Gumbs ; aux articles renforçant le contrôle des armes ; au principe
de l’accélération de la convergence sociale par ordonnance, en vue d’une
effectivité au plus tard en 2031. Depuis la départementalisation, c’est la
première fois qu’un gouvernement inscrit la convergence sociale dans la
loi ; c’est un effort inédit, massif, à la hauteur de l’impératif de
justice et d’égalité.
Je pense aussi à la mise en place d’une zone franche globale, dont nous avons
parlé avec Charles de Courson, autre rapporteur pour avis ; aux mesures
d’accompagnement de la jeunesse mahoraise ; aux dispositifs visant à
renforcer l’attractivité du territoire pour les fonctionnaires – un défi qui reste à
relever ; à la transformation du département en département-région, collectivité
qu’il va falloir accompagner en
termes d’ingénierie et de
logistique, et à la révision du mode de scrutin. Je pense enfin, évidemment,
aux engagements nouveaux que comporte le rapport annexé et aux investissements
qu’il prévoit.
Même si elle a été jugée insuffisante par certains au regard de leurs
exigences, nous avons mené une concertation étroite, réelle, avec le conseil
départemental, les maires et les forces vives mahoraises, tandis qu’ici, vos
collègues Estelle Youssouffa et Anchya Bamana se sont pleinement impliquées
dans le débat – nous connaissons leur engagement exigeant.
Au cours des deux derniers mois, le Parlement s’est emparé de ce texte et en a
progressivement renforcé l’ambition. Grâce à l’engagement des députés et des
sénateurs, il est désormais, et j’en remercie l’ensemble d’entre vous, plus
solide et plus puissant. À l’initiative unanime de vos rapporteurs, la décision
d’abroger le titre de séjour territorialisé au 1er janvier 2030
a été prise. Je salue Philippe Gosselin, également rapporteur, qui est loin et
que j’ai eu au téléphone. Je voudrais également avoir une pensée pour Olivier
Marleix, que je connaissais bien, que je respectais et qui avait participé à nos
débats.
À l’initiative du rapporteur général Philippe Vigier et d’Agnès
Firmin Le Bodo, rapporteure, de nombreuses mesures de convergence
sociale ont été directement inscrites dans le texte. Le projet qui vous est
soumis prévoit une première étape ambitieuse de rapprochement du niveau du smic
net au 1er janvier 2026 et un accompagnement des entreprises,
ainsi qu’un déploiement de la protection universelle maladie (Puma) et un
allègement des démarches d’attribution de la complémentaire santé solidaire
(C2S).
Toujours à l’initiative de Philippe Vigier, vous avez acté la transformation du
port de Longoni en grand port maritime. À l’initiative du gouvernement, les
3 milliards d’euros d’investissements prévus pour les six prochaines
années ont été portés à 4 milliards.
Dans un contexte politique difficile, dans lequel il n’est pas toujours évident
de trouver du sens, il faut mesurer l’engagement de ce gouvernement pour
Mayotte depuis plus de six mois : 500 millions d’euros de dépenses
d’urgence engagés entre décembre et janvier ; des dizaines de millions
d’euros pour accompagner les collectivités, aider la filière agricole, soutenir
les entreprises – même si leurs attentes vont bien au-delà –, mais aussi
les salariés, avec l’activité partielle, ou encore pour lancer un prêt à taux
zéro afin d’aider les particuliers à reconstruire leur toit – cette dernière mesure devant poursuivre sa montée en puissance sur le terrain.
Je pense aussi à la mission
interministérielle dédiée à la
reconstruction et à la
refondation, dirigée par le général Facon, à mes
côtés ; aux
militaires mobilisés pour
reconstruire les écoles, les
complexes sportifs, ou réparer
les fuites d’eau ; aux deux projets de loi et à la proposition de loi de Philippe
Gosselin visant à renforcer les
conditions d’accès à la nationalité ;
à la création, enfin, de l’établissement public chargé de coordonner les
travaux de reconstruction, dont le directeur général devrait être nommé dans
les prochains jours.
Surtout, ce gouvernement et cette majorité entérinent dans le projet de loi
ordinaire des actions déterminantes et inscrivent les financements
correspondants pour changer durablement le visage de Mayotte. Fin des coupures
d’eau et des rotations scolaires – l’école étant, plus que jamais, la priorité des priorités –, développement de l’intermodalité, gestion durable des déchets, lutte contre l’insécurité, ou
encore construction sur Grande-Terre d’un nouvel aéroport – si souvent annoncé, jamais réalisé, ce qui
nous impose une obligation de résultat : ces investissements auront
des incidences directes sur la vie quotidienne des Mahorais.
Le compromis que les parlementaires ont trouvé hier en commission mixte paritaire consacre un engagement sans
précédent de l’État
pour Mayotte, dans lequel le Parlement a pris toute sa part.
Sur la convergence sociale, je l’ai
dit, grâce à l’engagement de vos rapporteurs, il est inscrit directement dans
le texte de loi une première hausse du smic net au 1er janvier
2026. Pour accompagner au mieux cette hausse, un dispositif ciblé a été préparé
par le gouvernement à la demande de vos rapporteurs. Il consiste à renforcer à
Mayotte la réduction générale de cotisations sur les bas salaires.
Concrètement, au 1er janvier 2026, d’une part, le point de
sortie des allègements de cotisations sera augmenté à 1,6 smic, au lieu de
1,4 smic, et, d’autre part, le champ de la réduction générale de
cotisations sera étendu aux contributions d’assurance chômage. Cette mesure
consiste à avancer de dix ans ce qui était prévu en matière d’allégements de
cotisations. Le crédit d’impôt pour la compétitivité (CICE) est maintenu dans
cette période et la Lodeom sera déployée à compter du 1er janvier
2027. Notre proposition est donc plus favorable aux entreprises et mieux ciblée
que celle qui aurait consisté à déployer la Lodeom plus tôt, même si je
comprends les termes du débat. Elle est aussi plus sociale, car ce
décalage aurait pu également conduire à reporter la hausse du smic.
Je regrette par ailleurs que malgré l’important travail des rapporteurs du
Sénat, de Philippe Vigier et d’Agnès Firmin Le Bodo, pour ne citer
qu’eux, l’article 19 du projet de loi n’ait pu être rétabli. Il s’agissait
seulement, face au désordre foncier persistant sur l’archipel, d’étendre une
procédure qui existe déjà et qui garantit l’ensemble des droits des
propriétaires, pour accélérer notamment la construction du port et de
l’aéroport. Nous en avons parlé avec le président de la commission des
lois ; sans doute cette décision va-t-elle cependant dans le bon sens,
puisqu’il fallait, sur ce point, écouter les quatre parlementaires mahorais. Le
rejet de ce dispositif aura probablement des conséquences directes sur le
rythme de construction de ces infrastructures, mais je reste optimiste,
déterminé, et nous devrons, ensemble, avec les élus du territoire, trouver les
bonnes procédures pour y remédier, fournir le soutien, l’ingénierie et la
logistique nécessaires.
Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, mesdames et messieurs les députés,
c’est qu’en votant ces textes, vous allez aider le gouvernement à porter une
ambition politique sans précédent pour Mayotte et participer de cet engagement
massif et puissant. Surtout, vous allez aider les Mahorais.
Après cette adoption, je continuerai à consacrer toute mon énergie à Mayotte.
L’essentiel sera la mise en œuvre, avec une stratégie planifiée, des mesures
votées, dont le Parlement sera pleinement informé. C’est en tout cas une étape
essentielle que nous franchissons. Nous le devons aux Mahorais ; ils
l’attendent
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Premier constat, nous avons évité le pire,
qui aurait été une capitulation forcée de l’Ukraine. Beaucoup la redoutaient
après la rencontre houleuse entre le président Zelensky et le président Trump à
la Maison Blanche. Grâce au travail que la France a fait, notamment le
président de la République, pour faciliter les échanges entre les États-Unis et
l’Ukraine, nous avons écarté ce scénario.
Deuxième constat: Vladimir Poutine s’essouffle. Son économie est en surchauffe.
Depuis le début de l’année, il n’a réussi à grignoter que 0,25 % du
territoire ukrainien ; et on s’aperçoit qu’à défaut de pouvoir briser la
résistance ukrainienne et percer le front, il s’en prend aux civils et aux
grandes villes en faisant pleuvoir des drones et des missiles pour pouvoir
saper le moral des Ukrainiens. Mais c’est peine perdue car la résistance
ukrainienne est héroïque et inaltérable.
Il faut pourtant affaiblir encore plus la Russie?
Dans ce contexte, nous sommes sur le point de faire aboutir le paquet de
sanctions le plus lourd que nous ayons pris depuis plus de trois ans. Il vise à
forcer Vladimir Poutine à cesser le feu pour que des négociations puissent
s’engager en bonne et due forme et mènent à une paix durable. Nous poursuivons
le travail engagé autour de la France et du Royaume-Uni pour rassembler les
pays européens et alliés de l’Ukraine, préparer la revitalisation de l’armée
ukrainienne et concevoir les garanties d’un accord de paix durable. Et nous
poursuivons nos efforts pour soutenir la résistance ukrainienne.
Comme cela a été annoncé il y a peu de temps, des sociétés françaises -
dont des entreprises du secteur automobile - vont s’installer en Ukraine pour
coproduire du matériel militaire, avec des entreprises ukrainiennes, en
particulier des drones. (...)
La régénération des forces ukrainiennes a pour objectif, une fois le
cessez-le-feu obtenu et les négociations engagées pour une paix durable, de
dissuader toute nouvelle agression.
Après une guerre qui aura mis à rude épreuve l’armée ukrainienne, il sera
nécessaire qu’elle puisse se revitaliser. C’est pourquoi la contribution des
pays amis et alliés sera décisive. Cela pourra passer par de la formation et
par de l’équipement.
Ce sont ces éléments qui seront discutés mercredi, à Londres, où le président
de la République sera en visite d’État. Il y coprésidera, avec le Premier
ministre britannique, une réunion de la Coalition des pays volontaires. Sur les
livraisons, je n’ai pas d’annonce particulière à faire. La France a pris des
engagements tout récemment de deux milliards d’euros de soutien à l’effort de
guerre ukrainien pour 2025.
> [La menace Poutine] L’agressivité de la Russie ne se
limite effectivement pas à l’Ukraine. Les pays européens, au premier rang
desquels la France, ont été directement ciblés par des manœuvres menées par la
Russie.
Je pense au champ électoral, avec des élections qui ont dû être annulées en
Roumanie ; à des actions de sabotage comme en Allemagne ; à des
cyberattaques dont la France a été victime, notamment au moment des Jeux
olympiques ; à des campagnes de désinformation comme celle sur le mouchoir
du président de la République. Emmanuel Macron aura l’occasion de s’exprimer
prochainement sur toutes les menaces auxquelles nous sommes confrontés. De mon
côté, je mène un chantier au sein du ministère des Affaires étrangères pour
doter le Quai d’Orsay d’une véritable force de frappe dans la guerre
informationnelle.
De quelle nature?
Dès que des acteurs étrangers s’en prendront à l’image de la France, l’objectif
sera de riposter avec la même vigueur. Nous allons donc nous doter d’outils
nouveaux permettant aux équipes du ministère de consacrer du temps à détecter
ces attaques et à riposter, notamment sur les réseaux sociaux.
Nous voulons que la voix de la France soit entendue et non pas couverte par
ceux qui veulent nuire à nos intérêts.
> L’ONU fête ses 80 ans cette année. Les principes
ayant présidé à sa fondation restent valables : le respect de l’intégrité
territoriale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le respect des
Droits de l’Homme et le règlement des différends par des voies pacifiques.
On ne peut résoudre durablement les situations de conflit que par la
négociation, par le droit.
Ces principes, évidemment, sont ébranlés, mais pas périmés.
La France et l’Europe sont l’antidote à cet affaiblissement du droit
international des Nations unies. À condition de relever le gant, de réformer
les institutions garantes du droit international et d’être toujours du côté du
droit et de la justice.
> [Crise de Gaza] C’est une tragédie, un scandale. Il
doit cesser au plus vite. Nous appelons au cessez-le-feu immédiat, à la
libération de tous les otages du Hamas, qui doit être désarmé, à l’accès sans
entrave de l’aide humanitaire tant attendue par les populations civiles
palestiniennes.
Nous nous préparons aussi activement, en lien avec le président de la
République, à la tenue d’une conférence sur la solution à deux États.
Cette perspective politique consiste à amener dans un mouvement collectif,
initié par la France, un certain nombre de pays à reconnaître l’État de
Palestine. Dans le même temps, des pays arabes et musulmans apporteront des
garanties pour la sécurité d’Israël. L’objectif, à terme, est d’avoir deux
États vivant côte à côte en paix et en sécurité.
> [Reconnaissance de l’Etat palestinien] Nous sommes
déterminés à le faire, mais ce que nous avons préparé, c’est bien plus qu’une
reconnaissance par la France. C’est une reconnaissance par la France et
d’autres pays, ce qui aura d’autant plus de poids. Nous commençons déjà à voir
les effets de la dynamique que nous avons enclenchée.
Ces effets, c’est la lettre de Mahmoud Abbas, le président de l’autorité
palestinienne, adressée à Emmanuel Macron et au prince héritier de l’Arabie
saoudite. Il y condamne l’attentat du 7 octobre, affirme que l’État de
Palestine sera démilitarisé, s’engage à ce que des élections puissent se tenir
sous un an, redit sa volonté d’une réforme en profondeur de l’autorité
palestinienne afin qu’elle devienne forte et robuste.
À l’horizon de cette conférence, nous attendons que les pays arabes prennent
eux aussi des engagements très forts : établir des relations diplomatiques
avec Israël, mettre en place une sécurité régionale aux côtés de deux États,
s’engager financièrement à la reconstruction de Gaza.
> [Moyen-Orient] La démarche qui est la nôtre est
complémentaire de l’approche qui était celle du président des USA lors de son
premier mandat. Elle consistait à rapprocher les pays arabes de l’État d’Israël
afin de garantir une stabilité dans la région.
> La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt
à l’encontre d’un certain nombre de dirigeants. La France soutient le travail
indépendant de la Cour.
C’est à l’autorité judiciaire, et non au gouvernement, de
traiter les réquisitions en provenance de la Cour pénale.
> [Nucléaire iranien] Les frappes israéliennes et
américaines - qui n’étaient pas conformes au droit international - ont retardé
le programme nucléaire et iranien, mais elles n’empêcheront pas l’Iran, demain,
de reconstituer cette capacité.
Nous avons besoin de revenir à un encadrement strict et durable de leur
programme nucléaire, par la voie diplomatique, tel que nous avions réussi à le
négocier il y a 10 ans.
Les États-Unis sont sortis de cet accord en 2018, sur une décision unilatérale
du Président Trump. L’Iran a saisi ce prétexte pour relancer son programme. Le
pays est allé bien au-delà de ce qu’imposait l’accord de non-prolifération, en
se dotant de capacités d’enrichissement d’uranium 10 fois supérieures aux
limites maximales autorisées, sur des quantités 30 fois supérieures aux
seuils fixés.
> [Otages français détenus en Iran] Nous avons accueilli avec un immense
soulagement la libération d’Olivier Grondeau, il y a quelques mois, détenu
depuis presque trois ans en Iran. Nous avons accentué la pression sur l’Iran
pour obtenir la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages d’État
retenus en Iran depuis plus de trois ans, dans des conditions indignes,
assimilables en droit international à de la torture, en faisant prendre à
l’Union européenne des sanctions à l’encontre des magistrats responsables de
leur détention arbitraire, et en déposant plainte devant la Cour internationale
de justice pour violation de l’obligation faite à l’Iran de donner droit à nos
compatriotes à des visites consulaires de notre ambassade.
Cette pression leur a permis de bénéficier de ces visites, dont ils étaient
privés depuis plus d’un an, ce qui était inacceptable.
Depuis le regain des tensions et la guerre entre Israël et l’Iran, il ne se
passe pas un seul jour, ou presque, sans que je ne sois en contact avec mon
homologue, le ministre des Affaires étrangères iranien pour le presser de les
libérer. Le président de la République l’a également fait à son niveau.
> En aucun cas Boualem Sansal ne doit faire les frais des
tensions entre les autorités algériennes et françaises.
Je réitère notre appel à une issue humanitaire, tenant
compte de son âge et de son état de santé, pour qu’il puisse être libéré et
soigné dans les meilleures conditions.
> [Revenir sur les accords de 1968 sur l’Algérie] Nous
n’avons qu’une seule boussole : l’intérêt de la France et des Français. Si
cela commande de revoir certaines des règles, nous n’aurons pas de difficulté à
le faire. Je rappelle par ailleurs que les présidents Macron et Tebboune
avaient annoncé, ensemble, en 2022, une troisième révision de ces accords, de
façon à les actualiser.
> Nous avons intérêt à une coopération avec l’Algérie sur
les questions migratoires, la reconduite à la frontière des Algériens en
situation irrégulière, la lutte contre le terrorisme au moment où des
foyers de terrorisme islamistes se constituent au Sahel, mais également en
matière d’économique.
Les acteurs de la filière agroalimentaire bretonne le
savent, ils ont besoin des débouchés algériens pour créer des emplois.
Cependant, pour coopérer, il faut être deux. Je rappelle que c’est par leur
décision très brutale d’expulser nos agents français en poste en Algérie que
les autorités algériennes ont interrompu le dialogue avec nous.
> [Guerre commerciale de Trump] Mon rôle, en toutes
circonstances, c’est de défendre les intérêts des Français. Sur les droits de
douane, c’est la Commission Européenne qui négocie directement avec les
États-Unis. Je suis donc là pour rappeler à la Commission ce que sont nos
intérêts en matière commerciale.
Nous ne voulons pas d’un accord asymétrique, qui serait plus avantageux pour
les États-Unis que pour nous-mêmes. C’est une question de crédibilité.
Les États-Unis étant le premier partenaire commercial de l’Europe - et
réciproquement - nous n’avons donc aucun intérêt à une élévation des droits de
douane. Cela ne ferait que des perdants. Je pense que nous parviendrons à
trouver un accord respectueux de nos intérêts.
> Ce qui est certain, c’est que le poids de la France à
l’extérieur dépend de notre force intérieure. Force militaire pour dissuader
les menaces, forces économiques pour n’avoir pas à dépendre des autres, mais
force morale et politique aussi. La polarisation du débat politique, comme on
le voit à l’Assemblée nationale, nous fragilise à l’intérieur, ce qui atténue
la capacité de la France à défendre sa vision du monde. Dans un moment pourtant
où nous sommes appelés à jouer un rôle particulier, où une immense majorité de
pays, qui n’ont pas envie de se retrouver vassaux de nouveaux empires,
attendent la voix de la France et de l’Europe.
> La paix sur le continent européen n’est pas tombée du
ciel. Elle est le résultat du travail d’une génération d’hommes et de femmes
qui nous ont précédés et qui ont voulu changer le cours des choses et faire
basculer le destin. On a célébré cette année le 75e anniversaire de la
déclaration historique de Robert Schuman, prononcée au quai d’Orsay cinq ans
après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, alors que des tensions se
ravivaient entre la France et l’Allemagne.
La paix mondiale ne sera préservée qu’avec des efforts créateurs, à la hauteur
des dangers qui la menacent. Nous avons besoin de nous inspirer des esprits
visionnaires qui nous ont précédés pour nous prémunir contre la guerre au
XXIe siècle.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> Il y a une seule ligne politique : le projet que nous portons depuis
2017. Avoir de l'ambition oui, j'en ai aussi. Mais avec l’obsession des
résultats à obtenir maintenant et d'ici 2027 pour les Français. C'est la
première des conditions.
> Le vrai risque sur le budget serait de manquer de
courage. Nous ne manquerons pas de courage. La réduction de la dépense publique
n'est pas une lubie mais une nécessité.
> La lutte contre la haine en ligne, la régulation des
plateformes, la protection de nos enfants, la fin de l'anonymat, ce sont des
combats démocratiques. Des combats sur lesquels nous devons faire cause
commune.
> Le Haut Conseil à l'Egalité est officiellement
installé. Ses membres ont toute ma confiance. Il est une instance essentielle
qui réunit celles et ceux qui s'engagent pour l'égalité : élus locaux,
partenaires sociaux, associations, acteurs économiques. C'est ensemble que nous
réussirons.
Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée des Comptes publics)
> [Budget] Nous avons présenté avec Éric Lombard un plan qui est
massivement des économies et peut-être plus massivement que jamais auparavant.
(…) Nous travaillons à la fois sur des économies (...) et sur des réformes.
> Nous n'allons pas augmenter les impôts sur les classes
moyennes et les classes populaires pour résoudre notre problème qui est un
problème de dépenses publiques.
> Je sens un grand climat de psychose dans le pays qui
arrive parce que d'un seul coup il y aurait des annonces budgétaires, je veux
rassurer les Français. On a une boussole.
> Nous cherchons à la fois ce qu'il faut pour le pays et
ce qui pourra faire compromis. Nous tenons compte de l'avis des Français, de
tous les représentants politiques.
> Si nous décidons nous-mêmes, il n'y a pas de risque.
Mais si nous n'agissons pas, si nous ne réduisons pas le déficit, si nous
n'arrêtons pas d'augmenter la dette, un jour les institutions internationales
décideront pour nous.
> Dans le budget nous faisons des choix face à des
priorités. Il est prioritaire de continuer à protéger les Français face aux
incendies.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> [Déficits / Intervention au Sénat] Un sommet très élevé se dresse devant nous, avec un déficit à 6 %,
une dette à 110 % du PIB et une charge de la dette de 60 milliards
d'euros. Réduire la dette et les déficits est une ardente nécessité pour
retrouver des marges de manœuvre, investir et garantir notre souveraineté.
C'est pourquoi le Gouvernement a posé le principe d'une trajectoire de
réduction pour atteindre 3 % de déficit en 2029.
Il faut de la stabilité fiscale pour les entreprises qui ont besoin de
visibilité pour investir et pour les particuliers qui vivent de leur travail.
Le pouvoir d'achat doit être préservé. Nous devons d'abord agir sur les
dépenses. Les efforts doivent être partagés et équitables entre les
collectivités territoriales, l'État et la sécurité sociale. Nous devons évaluer
systématiquement les dépenses publiques et couper celles qui n'ont pas prouvé
leur efficacité.
Nous voulons soutenir la croissance et continuer à faire des réformes,
notamment structurelles. L'écart de taux d'emploi avec les pays voisins, qui
explique en grande partie nos difficultés budgétaires, doit être réduit.
> Là-haut aussi, la France joue sa place dans le monde.
Ce matin, j’ai ouvert la 4e édition des Assises du New Space à la Cité des
Sciences et de l’Industrie, devant l’écosystème spatial français.
L’espace, c'est un terrain de souveraineté, un levier industriel, un enjeu
stratégique. Face à la compétition internationale, nous devons bâtir une
véritable puissance spatiale française et européenne.
Start-ups, PME, grands groupes, agences publiques, investisseurs : le New Space
français incarne cette audace collective. L’État est pleinement engagé — pour
structurer, financer, accélérer. France 2030 mobilise déjà plus d’un milliard
d’euros pour faire émerger les technologies et les acteurs de demain.
Le prochain défi est clair : réussir l’industrialisation, renforcer l’export,
et faire émerger des champions européens. C’est tout le sens du « Challenge
européen des lanceurs » porté par l’ESA, auquel la France prendra toute sa
part. Merci aux organisateurs des Assises et à tous les acteurs du spatial
mobilisés aujourd’hui. Continuons de viser haut. L’avenir se joue là-haut.
> Réforme du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE)
au 1er janvier 2026 : une avancée majeure pour la transition énergétique À
partir du 1er janvier 2026, le calcul du DPE change pour encourager
l’électrification. Les logements chauffés à l'électricité pourront ainsi voir
leur DPE amélioré.
Cette évolution encourage les solutions électriques performantes, comme les
pompes à chaleur, pour accélérer la rénovation énergétique. Des changements qui
rendent le DPE plus juste et contribuent à un parc immobilier durable, mieux
adapté à nos objectifs climatiques.
> Je me félicite de l’adoption de la proposition de loi Gremillet
au Sénat, notamment des articles 3 et 5 : relance du nucléaire et déploiement
des ENR avec un mix énergétique ambitieux Ces deux articles ont été adoptés
dans des termes quasi-identiques à ceux votés à l’Assemblée nationale. Cette
convergence entre les deux chambres témoigne d’un large accord sur les
fondements de notre programmation énergétique.
221 voix pour, 24 contre.
Refuser les renouvelables, c’est prendre le risque de ralentir la transition et
d’affaiblir notre souveraineté énergétique.
Nucléaire et ENR doivent avancer ensemble, au service de l’emploi et de
l’investissement.
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> [Narcotrafic] L’efficacité de la lutte repose sur le fait d’empêcher
les enfants d’être livrés à la rue.
> Les socialistes et les écologistes menacent de rejeter
l’effort budgétaire auquel nous travaillons au gouvernement en cherchant 40
milliards pour 2026. Certains au PS ont la mémoire courte : rappelons que la
loi de finances pour 2013 portée par le gouvernement socialiste et écologiste
de l’époque, sous François Hollande, prévoyait un effort budgétaire global
d’environ 35 milliards d’euros : 15 Mds € d’économies sur les dépenses de
l’État et l’assurance-maladie et 20 Mds € de recettes nouvelles (10 Mds € de
prélèvements sur les ménages – dont les plus aisés – et 10 Mds € sur les
entreprises). À l’époque tous les socialistes l’ont votée avec le soutien actif
d’Olivier Faure… Et maintenant ?
● Autres
ministres
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des
Familles)
> [Pauvreté / Intervention au Sénat] L'enquête annuelle publiée avant-hier mesure le taux de pauvreté à partir
du revenu médian. Celui-ci a augmenté de 0,9 %. Il s'agit d'un
fait. De même, les chiffres pris en compte datent de 2023, avant
l'augmentation de 4,6 % des prestations sociales intervenue en 2024.
Pour l'accompagnement des mamans solos, le complément de mode de garde
consistait jusqu'à présent en trois forfaits. C'était : « circulez,
il n'y a rien à voir ». Désormais, il prend en compte la composition de la
famille, le nombre d'enfants et le nombre d'heures nécessaires. C'est la raison
pour laquelle il n'y a plus de bonus : chaque situation est prise en
compte de manière individuelle.
En outre, pour les familles monoparentales, l'accompagnement se
poursuivra entre 6 et 12 ans.
Oui, les mamans solos ont besoin de ces réponses concrètes. Le
Gouvernement est au rendez-vous.
Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de
la Souveraineté industrielle et numérique)
> [Pauvreté / Intervention à l’Assemblée] Quel est le problème de notre
pays? C’est évidemment la pauvreté. Mais comment voulez-vous que nous
résolvions ce problème si nous affaiblissons nos entreprises et notre tissu
économique? La première réponse au défi, c’est le travail. Or pour
soutenir le travail, il faut soutenir nos entreprises. Car dans quel monde
vivons-nous ? Dans un monde où règne une concurrence de plus en plus
acharnée.
Pensez-vous que des dépenses publiques s’élevant à 1 700 milliards
d’euros par an, soit 57 % du PIB, sont insuffisantes ? Je ne le crois
pas. Nous rencontrons un problème d’efficacité de la dépense publique.
Le premier ministre présentera le projet de budget le 15 juillet. Nous
souhaitons conserver le même niveau de dépenses publiques – 1 700 milliards
d’euros – tout en continuant à soigner, à éduquer et à protéger aussi
efficacement qu’auparavant.
Nous devons aussi libérer nos
entreprises pour qu’elles
puissent grandir, se développer
et recruter. Quelle meilleure solution à la pauvreté que de créer des emplois durables et d’encourager l’investissement ?
La solution n’est pas d’augmenter nos dépenses publiques, mais de maîtriser nos
déficits. Je rappelle que le coût de notre dette, qui s’élève à
67 milliards cette année, atteindra 100 milliards dans trois ans. Si
nous ne mettons pas un terme à cette dérive de nos comptes, nous n’arriverons
pas à regagner notre souveraineté et à reprendre notre destin en main.
Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> [Nucléaire iranien] Le programme nucléaire iranien va-t-il moins bien
aujourd’hui qu’hier ? La réponse est évidente. Trois sites étaient visés.
Natanz a été largement endommagé, pour ne pas dire pratiquement complètement
détruit. Ispahan et Fordo ont été sérieusement touchés. Mais pour être capable
d’apprécier la réalité des destructions, par définition, il faut aller au sol.
Et sous le sol. Ni les Américains, ni les Israéliens et peut-être même pas
encore complètement les Iraniens ne peuvent dire jusqu’à quel point le programme
est dégradé.
L’uranium enrichi à 60 %, c’est le trésor de guerre iranien. Je rappelle au
passage qu’il n’y a aucun usage civil pour l’uranium enrichi à 60 %. Et que la
maîtrise des briques technologiques par les Iraniens du nucléaire militaire
s’est significativement renforcée depuis quinze ou vingt ans. L’élimination de
quelques scientifiques ne permet plus d’annihiler l’ensemble de leur savoir,
elle permet tout au plus d’installer un climat de peur et de retarder le
programme. Dernier élément : une tête nucléaire n’est rien sans la capacité à
la vectoriser, c’est-à-dire à l’insérer dans un missile. C’est probablement là
où les avancées iraniennes ont été les plus spectaculaires ces dernières
années. L’Iran est devenu un pays qui a une maîtrise complète de la propulsion
de ses missiles.
> [Nucléaire iranien] À quel moment commencez-vous à
dissuader ? À quel moment vous dites-vous: «ils l’ont»? Les contrôles de l’AIEA
sont un moyen très efficace de savoir exactement ce qui se passe pour les
capacités d’enrichissement et de stockage de l’uranium. Nous, Français, nous
constations une accélération dans l’assemblage des pièces du puzzle, avec aussi
la maîtrise de technologies comme la métallurgie de l’uranium et l’intégration
dans un missile. L’Iran s’est servi de sa prolifération pour dissuader. Chemin
faisant, les pièces du puzzle, d’abord éloignées, se sont resserrées. À cet
égard, la décision de Donald Trump, en 2018, lors de son premier mandat, de
déchirer l’accord sur le nucléaire iranien et de réimposer des sanctions a eu
un effet contre-productif. L’Iran a accéléré son programme. Tout comme la Corée
du Nord.
> [Iran] Notre système politico-médiatique croit que l’on
peut régler le problème iranien en deux jours, puis partir en vacances,
l’esprit tranquille. On sous-estime la profondeur stratégique iranienne,
technique, technologique, scientifique, en ressources naturelles. C’est un
grand pays, passé maître dans le contournement des sanctions. Qui plus est,
acculé et paranoïaque – ce qu’on peut d’ailleurs comprendre quand on observe
les capacités israéliennes… Nous avons des problèmes de lunettes, car nous
regardons l’Iran comme un tout petit pays. Je rappelle que le régime actuel
survit depuis 1979, avec des défis sécuritaires immenses. Voyez comment en peu
de temps les proxys iraniens ont été neutralisés par Israël, mais aussi à quel
point ces proxys avaient acquis un pouvoir de nuisance dans toute la région. (…)
Nous regardons l’Iran pour ce qu’il est vraiment, avec ses forces et ses
faiblesses. Pour répondre directement à votre question, la France, en tant que
partie au JCPoA, et avec toute l’expertise diplomatique du Quai d’Orsay, a un
rôle à faire valoir. Dans ce dossier, on raisonne trop en silos : États-Unis,
Israël, Iran, Europe. C’est faire fausse route. La Chine, la Russie et d’autres
États ont un rôle capital. Je pense à de grands pays émergents comme l’Inde et
le Brésil. Nous sommes trop eurocentrés. C’est d’ailleurs valable pour
l’ensemble des théâtres qui nous intéressent. Le centre du monde n’est pas
l’Europe. Surtout sur les questions nucléaires qui concernent toute la planète.
> [Iran] La bonne question est : est-ce que l’Iran, comme
d’habitude, usera de patience stratégique et cherchera à gagner du temps ? Y
compris, du reste, en préparant une mauvaise surprise : le fait accompli sur le
nucléaire militaire. Il ne faut pas être grand stratège pour imaginer
qu’aujourd’hui les autorités iraniennes se disent que, si elles avaient eu la
bombe, elles n’auraient jamais connu les frappes qu’elles viennent de subir.
C’est aussi pour cela que nous étions prudents sur cette option. Quand il n’y a
plus rien à perdre, c’est la fuite en avant. Tout cela est évidemment
inacceptable. (…)
Il faut travailler avec les membres du Conseil de sécurité de l’Onu, les
grandes puissances nucléaires, quelles que soient les divergences que l’on peut
avoir avec ces pays par ailleurs. Tous sont garants du Traité sur la
non-prolifération des armes nucléaires, le TNP. Les cinq puissances nucléaires
anciennes, c’est sans doute la clé.
> J’ai toujours expliqué depuis trois ans que les
puissances nucléaires avaient des devoirs particuliers les unes vis-à-vis des
autres. La dernière fois que le président Macron a appelé le président Poutine,
c’était en septembre 2022, au sujet de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en
Ukraine ; le nucléaire, donc. Lorsque le président m’a demandé d’appeler
Sergueï Choïgou, l’ex-ministre russe de la Défense, c’était essentiellement
pour l’entretenir de questions nucléaires et de lutte contre le terrorisme. C’est
le principe du téléphone rouge que l’on voit dans les films sur la guerre
froide : les puissances nucléaires doivent se parler.
> [Russie-Iran] Incontestablement, il y a une aide
industrielle militaire. Pas sur le volet nucléaire militaire en tant que tel,
mais sur le volet balistique et sur les nouvelles technologies.
Il y avait des échanges technologiques, intellectuels et de savoir-faire entre
les deux pays. Cela s’est-il traduit par une entraide militaire directe? De
toute évidence, la réponse est non. Est-ce que, pour autant, la Russie n’a pas
fourni des renseignements à l’Iran sur Israël? Le doute est permis…
> Les États ayant une responsabilité nucléaire ont créé
le régime international de lutte contre la prolifération dans les années 1960
et 1970. La Russie y a contribué, mais aussi la Chine. Certains ont été étonnés
que l’on reçoive le ministre de la Défense chinois dans cette maison, il y a
quelques semaines. Cela n’était pas arrivé depuis près de vingt ans. Lors de
nos échanges bilatéraux et du dîner officiel, nous avons beaucoup parlé de
prolifération. En dialoguant avec ces grandes puissances, c’est l’occasion pour
nous, France, État doté, de les rappeler à leurs responsabilités. Croyez-moi,
ce n’est pas un effort vain. En le soulignant, je réponds très précisément à
votre question. J’ajoute : c’est notre devoir. Je vais même plus loin : c’est
le devoir de chaque chef d’État de la Ve République, précédent, actuel et à
venir, que de tenir cette posture.
> [Pays du golfe Persique] Leur place est majeure. C’est
vrai, je visite régulièrement l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes
unis. Ils redoutent évidemment le grand voisin chiite, l’Iran. Ils défendent
aussi plus que tout leur souveraineté. Pour rien au monde, ils ne veulent
dépendre d’un seul grand, que ce soit Washington, Moscou ou Pékin. Ils
reconnaissent à la France une tradition de respect de la souveraineté dans les
partenariats internationaux. Et bien au-delà des sujets militaires : en matière
de culture, d’universités. Leurs moyens financiers importants les ont conduits
à déployer une influence au-delà du golfe Persique et de la péninsule Arabique.
On voit bien la place qu’ils ont prise, par exemple, au Liban. Dernier point,
ils ont un goût pour la technologie, je pense notamment à l’intelligence
artificielle. Je crois que c’est un élément clé, car elle contribue à allonger
leur profondeur stratégique. (…)
Depuis le 7 Octobre, ils craignent une escalade généralisée. L’incident que
personne ne rattrapera. Ils évoquent aussi largement la situation à Gaza, qui
compte beaucoup dans la région. La non-conclusion de la question
israélo-palestinienne a des impacts dans l’ensemble du Moyen-Orient. Il ne fait
aucun doute aussi que le nucléaire iranien les inquiète. Ils ne prennent pas ce
sujet à la légère.
> [Israël-Liban] Qu’Israël mette de la politique et de la
diplomatie sur la table, c’est bien. Une opération militaire n’a de sens que si
elle est transformée en une initiative politique. Sinon, c’est la guerre sans
fin. Aujourd’hui, le Liban est dans une situation complètement nouvelle. Le
nouveau président, Joseph Aoun, est un homme remarquable, ancien chef
d’état-major de l’armée libanaise, dernière institution du pays qui est le
creuset de l’ensemble des confessions et de la société. Le mécanisme de «déconfliction»
entre Israël et le Liban, créé lors de la trêve et piloté par les États-Unis et
la France, s’installe dans le temps en faisant la preuve de son efficacité.
L’affaiblissement du Hezbollah ne demande qu’à être transformé en avancée
politique.
> Il ne faut pas avoir peur de défendre nos intérêts.
Objectivement, notre intérêt, c’est de ne pas tolérer que la sécurité d’Israël
soit remise en question et que le Hamas soit mis hors d’état de nuire. Et,
parce que nous sommes une vieille puissance militaire et que nous avons été
engagés sur de nombreux théâtres, nous opérons une distinction évidente entre
les guerres qui épargnent les civils et celles qui ne les épargnent pas. Ce que
je dis n’est pas un message pour Israël, mais pour ses dirigeants. Quand un
ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, déclare ne pas être d’accord
avec les orientations et instructions politiques données à Tsahal, cela mérite
que l’on regarde la vérité en face. Défendre nos intérêts, c’est assumer la
complexité du monde. Quand le général de Gaulle a quitté le commandement
intégré de l’Otan, il n’a pas pour autant conclu une alliance avec Moscou…
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Sur le front,
la situation est stable mais tendue. La Russie poursuit son grignotage, de
l’ordre de plusieurs centaines de kilomètres carrés par mois. Dans ce contexte,
la “coalition des volontaires” a le mérite d’offrir un cadre pour réfléchir au
jour d’après. À l’aune du sort des accords de Minsk 1 et 2, nous savons que
tout accord de cessez-le-feu doit s’accompagner de garanties de sécurité, pour
éviter que la guerre ne reprenne. C’est l’intérêt le plus direct de l’Europe.
Nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir une nouvelle guerre tous les trois
ans dans cette zone. Pour des raisons humanistes, sécuritaires, mais aussi
économiques…
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Notre ligne
rouge absolue, c’est la démilitarisation de l’Ukraine. Il faut être cohérent.
On ne peut pas refuser que l’Ukraine rentre dans l’Otan et en même temps
accepter qu’elle n’ait plus d’armée. Les Ukrainiens doivent pouvoir assurer
leur propre sécurité. C’est une donnée clé car, dans le cas inverse, je ne
donne pas cher de la sécurité des pays voisins. Cette Coalition des volontaires
conduit l’Ukraine à réfléchir au futur format de son armée et la France, aux
opportunités pour ses industries. L’Ukraine ne peut pas rester dépendante de
Starlink ou des missiles Patriot américains. Vous savez, les Anglo-Saxons et
les Allemands ne nous attendent pas pour défendre leurs intérêts économiques
dans le réarmement et la reconstruction de l’Ukraine ! Je précise à vos
lecteurs que, si nous n’aidons pas l’Ukraine, pour défendre nos intérêts
économiques, nous serions les plus idiots d’Europe de ne pas pour autant y
veiller aussi.
> [Réarmement] Heureusement que nous n’avions pas attendu
la guerre en Ukraine pour commencer, parce que cela demande du temps. Il faut
quelques semaines pour détruire des capacités, mais plusieurs années pour les
reconstruire. Il a sûrement fallu une réunion d’une heure dans cette maison, il
y a quinze ou vingt ans, pour supprimer toutes les filières de fabrication de
poudre et des munitions de petit calibre. Moi, cela me prend des mois de
réunions et de discussions budgétaires pour réussir à les relocaliser. Cela doit
être une leçon pour l’avenir, pour toutes les élites. Je viens de fêter mes 39
ans. Vu mon jeune âge, je n’arrive pas à comprendre comment le budget des
armées a pu tomber si bas sans créer plus de polémiques. Nous en étions rendus
à 32 milliards d’euros en 2017, sur 1 500 milliards de dépenses publiques…
C’est curieux comme je suis assujetti à une pression beaucoup plus forte que
celle qui s’est exercée sur mes prédécesseurs lorsqu’ils fermaient des bases,
des régiments, sabraient dans les commandes…
> En 2027, nous pourrons de nouveau déployer deux
brigades blindées complètes. (…) Les questions importantes sont : que
sommes-nous capables de faire seuls ? à plusieurs ? et combien de temps
pouvons-nous durer ? Ces questions structurent nos travaux de remontée en
puissance. Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, le seul pays de l’Otan en
mesure de déployer un corps d’armée seul, ce sont les États-Unis. Plus aucune
puissance, ni l’Allemagne, ni la France, ni la Grande-Bretagne, ne peut le
faire. Nous nous sommes fixé pour objectif de pouvoir déployer, seul, deux
brigades. Cela veut dire : avoir les hommes, le matériel, les pièces détachées,
les carburants, les munitions, le service de santé, l’hébergement, les avions
de transport A400M pour éventuellement les projeter. En 2022, quand j’ai été
nommé dans cette maison, on transpirait à grosses gouttes à l’idée de devoir y
arriver en 2027. Nous sommes en bonne voie. Un sujet demeure : en 2027, cela
suffira-t-il ?
> [France est-elle encore une grande puissance militaire]
Au bout de trois ans passés à l’Hôtel de Brienne, j’en ai la conviction. Et pas
seulement car nous avons l’arme nucléaire. Le plus important, ce sont nos
forces morales. Ce n’est pas un slogan. Résumer l’équation à l’effort financier
porté à 3,5 % du PIB, comme l’Otan vient de l’acter, m’inquiète un peu. La
capacité militaire d’un État ne réside pas dans sa seule puissance d’achat
budgétaire. Pour avoir passé du temps avec nos blessés, avec les familles de
nos tués, je mesure pourquoi, à la fin des fins, des femmes et des hommes
décident de s’engager pour quelque chose qui les dépasse, jusqu’au sacrifice de
leur vie : c’est la nation. Sans vouloir être maladroit, j’affirme que beaucoup
de pays européens n’y sont pas prêts. Et au fond, nous sommes toujours respectés
pour cela.
> Ce 13 juillet, le président de la République devrait
faire des annonces précises pour la suite du budget de la défense. Pour cette
année, il y a eu un léger décalage en raison de la censure du gouvernement,
mais les retards sont rattrapés. Je répète que le budget annuel des armées
était de 32 milliards d’euros en 2017 et que nous en sommes rendus à 50,5
milliards cette année. La question est plutôt : nos choix stratégiques
prennent-ils la bonne direction ? La réponse me semble être oui. Mais encore :
avançons-nous suffisamment vite par rapport à l’évolution géopolitique ?
Clairement, l’enjeu est le rythme, surtout si l’on tient compte du phénomène de
militarisation des nouveaux espaces et des sauts technologiques. On ne parlait
pas quantique militaire il y a deux ans.
> [Nombre de réservistes] Les chiffres des hausses sont
très encourageants. Je ne crie cependant pas victoire. C’est encore trop
compliqué de devenir réserviste. Il reste beaucoup de freins à lever sur le
terrain bureaucratique. À l’heure du numérique, ce n’est pas normal que l’on ne
soit pas capable de faire plus simple. J’y reviendrai bientôt.
> [Sentiment patriotique] Je suis frappé de constater le
nombre de nos concitoyens qui manifestent leur confiance dans les forces
armées, qui veulent s’engager. Il ne faut pas céder à certaines sirènes du
moment: tout le monde se moquerait de ces sujets, la jeunesse serait foutue. Au
contraire, je sens une résilience, une volonté de racines, de compréhension,
d’identité, de transmission du savoir. Aujourd’hui, il n’y a pas un meeting
aérien, pas une cérémonie régimentaire ouverte qui ne fasse pas carton plein.
Je reste fondamentalement convaincu que les Français veulent toujours, à un
moment donné, participer à quelque chose qui les dépasse.
> La production de missiles SCALP pour équiper nos forces
va reprendre cette année, 15 ans après notre dernière commande. (…) Fourni à
l'Ukraine, le missile franco-britannique SCALP/Storm Shadow a démontré son
efficacité pour le combat moderne de haute intensité, dans des situations
décisives. Symbole d'une industrie de défense européenne de premier plan, MBDA
étant une aventure conjointe entre la France, le Royaume-Uni, l’Italie et
l’Allemagne.
François Rebsamen (ministre de l’Aménagement du
territoire et de la Décentralisation)
> [Finances locales / Intervention au Sénat] J'ai réuni, sous la responsabilité du Premier ministre, l'ensemble des
associations d'élus pour un Roquelaure sur les finances locales : la
méthode a été saluée par les participants. Des groupes de travail ont été mis
en place et ont rendu leurs conclusions.
Nous souhaitons donner de la visibilité aux collectivités territoriales
sur le montant de leur contribution, afin qu'elles envisagent leurs
investissements. Nous pourrions prévoir une annexe budgétaire pour les trois
prochaines années.
Les dépenses de fonctionnement ont été freinées en 2024, ce dont
nous nous félicitons. Les engagements pris l'an passé seront tenus, comme le
remboursement par l'État de 30 % du dispositif de lissage conjoncturel des
recettes fiscales des collectivités territoriales (Dilico), décidé par le
Sénat.
Le 15 juillet, le Premier ministre fera part de sa vision sur ce
sujet.
Annie Genevard (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté
alimentaire)
> [Intoxication alimentaire à Saint-Quentin / Intervention au Sénat] Saint-Quentin est touchée par un épisode de
toxi-infection alimentaire dû à E. coli. Mes pensées vont aux parents de
la fillette tragiquement décédée. À ce jour, nous dénombrons trente-quatre cas
investigués et quinze hospitalisations.
Dès les premiers cas, des investigations ont été menées par les
ministères de l'agriculture et de la santé et plusieurs boucheries ont été
fermées. Des prélèvements sont en cours d'analyse et de séquençage.
Il existe deux types de contrôles. En cas d'intoxication alimentaire
collective, comme à Saint-Quentin, nous menons des enquêtes, des prélèvements
sur les denrées, les surfaces et dans l'environnement pour identifier l'origine
de la contamination. Le nombre d'inspections et d'analyses n'est pas
prédéterminé.
Parallèlement, les services de mon ministère contrôlent la sécurité
sanitaire des aliments au titre de la police sanitaire unique :
fonctionnement des établissements de production, de transformation ou de
distribution, respect des règles de traçabilité. La programmation des
inspections est établie sur la base d'une analyse de risques. Chaque année,
plus de 410 000 inspections et près de 75 000 prélèvements
sont réalisés. Dès qu'une non-conformité est décelée, des mesures sont prises.
Nous sommes pleinement mobilisés.
> [Lever les contraintes à l’exercice du métier
d’agriculteur / Intervention à l’Assemblée] Il y a quelques mois, les campagnes
françaises ont rappelé ce que feignaient d’oublier certains : nourrir un
pays n’a rien d’une évidence ; cela exige un engagement quotidien, de la
clarté dans les règles, de la constance dans les choix et de la reconnaissance
dans les actes. En quatre ans, 10 % d’exploitations en moins ; en un
an, une baisse de 9 % de la production agricole, et même jusqu’à un quart
dans certains secteurs. C’est la souveraineté alimentaire de la France, son indépendance,
qui est menacée.
C’est pourquoi ce texte, déposé par les sénateurs Duplomb et Menonville, que je
remercie à nouveau ici, vise à lever les contraintes excessives au métier
d’agriculteur. J’en ai partagé la finalité dès l’origine, avec une
obsession : aboutir. Il s’agit d’aboutir en cherchant les voies d’un
compromis qui conserve l’ambition sans ignorer les inquiétudes, d’aboutir en
mobilisant mes services, en obtenant la procédure accélérée, en multipliant les
échanges avec les parlementaires de tous horizons, en défendant et en
retravaillant chacune des dispositions du texte, malgré les contre-vérités. Le
Parlement, lui aussi, a pris ses responsabilités : le Sénat a trouvé les
premiers équilibres, en lien avec le gouvernement, et l’Assemblée, sous
l’impulsion du rapporteur et de la rapporteure pour avis, a organisé le débat
en commission. Et la majorité des groupes parlementaires a mis en échec la
stratégie d’obstruction menée par LFI et les écologistes.
C’est ce travail en commun et cette volonté partagée d’aboutir qui nous
conduisent aujourd’hui à l’Assemblée, après une CMP conclusive et un vote au
Sénat. Le moment est venu d’acter, par votre vote, les engagements pris devant
le monde agricole. Cette responsabilité vous revient désormais. Ce faisant,
c’est le chemin de la reconquête de notre souveraineté alimentaire que nous
empruntons.
Demain, les agriculteurs disposeront d’un accès plus large au conseil pour
piloter leurs exploitations, sans brader nos objectifs de réduction des
produits phytosanitaires et sans rien rogner des exigences de prévention des
conflits d’intérêts.
Demain, la gestion de l’eau, bien commun aussi vital que fragile, sera
simplifiée pour permettre à l’agriculture de prendre toute sa place dans la
transition écologique, sans en être la victime collatérale.
Demain, certains produits autorisés ailleurs en Europe pourront l’être en
France, à titre dérogatoire, pour les seules filières en impasse,
économiquement menacées et engagées dans une recherche d’alternatives.
Ces dérogations seront strictement encadrées, limitées dans le temps,
réexaminées au moins tous les trois ans et supprimées dès que les conditions ne
seront plus remplies. À ma demande, l’Institut national de recherche pour
l’agriculture, l’alimentation et l’environnement – l’Inrae –
identifie d’ores et déjà les filières
concernées selon une méthode rigoureuse. Ses conclusions
sont attendues à l’automne. Nos agriculteurs ne
demandent pas de passe-droits, mais l’équité. Ils ne veulent plus subir des
distorsions de concurrence issues de surtranspositions nationales injustifiées.
Demain, les projets de bâtiments d’élevage seront allégés des lourdeurs
administratives. Une première étape est franchie ici avec l’ajustement des
seuils et des modalités de concertation. La seconde, qui aurait pu avoir lieu
dès ce texte s’il n’y avait pas eu d’obstruction, viendra à l’automne, avec
l’inclusion de ces dispositions dans un projet de loi consacrant un régime
spécifique pour l’élevage.
Par ailleurs, les dispositions relatives à l’Anses ont suscité des réserves
parlementaires que j’ai entendues. Demeurent certaines idées pour avancer, sur
lesquelles j’ai saisi le Conseil d’État. Ce sujet ne relève pas du domaine
législatif : l’identification des usages prioritaires sera précisée par
décret, sur la base de travaux scientifiques incontestables. L’indépendance de
l’Anses n’est pas, et ne sera jamais, remise en cause.
Je ne détaille pas ici toutes les mesures du texte, mais chacune participe d’un
même cap : rétablir un cadre clair, praticable et cohérent en réparant le
lien entre ceux qui produisent et ceux qui décident.
Il ne s’agit pas uniquement de voter une loi : il s’agit de refermer un
chapitre, celui des doutes, et d’ouvrir un chemin, celui de la reconquête. En
l’adoptant, vous affirmerez que la souveraineté alimentaire ne se décrète pas,
mais qu’elle se bâtit, et que la République, lorsqu’il s’agit de ses paysans,
sait tenir parole !
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Pour la première fois il y a eu plus de propositions de loi examinées
et votées que de projets de loi.
> Dans un monde multipolaire, parfois fracturé, la
Francophonie a un rôle à jouer. Plus de 300 millions de locuteurs partagent une
langue, mais surtout des valeurs de respect et de la coopération. Avec Gérard
Larcher, nous avons l’honneur d’accueillir ces prochains jours à Paris la 50e
session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Roland Lescure (député)
> Face aux urgences liées au budget, à l’environnement, aux crises
mondiales, réveillons-nous, et n’attendons pas d’être au pied du mur pour
réagir.
Sylvain Maillard (député)
> Avec l’adoption de la loi PLM, nous ne conférons pas seulement à
Paris, Lyon et Marseille un scrutin renouvelé, plus démocratique et
transparent. Nous redonnons surtout à leurs habitants une voix pleine et
entière pour élire leurs représentants locaux. Pour que chaque voix compte.
Anne Genetet (députée)
> Moins d’indemnisation, plus d’incitation à la reprise d’activité = 4
Mds € d’économies dès 2026. La réforme de l’assurance chômage portée par Gabriel
Attal est une réforme de bon sens, prête à répondre aux défis de notre modèle
social. Elle est prête.
David Amiel (député)
> C’est adopté : « 1 électeur, 1 voix » ! La première étape
pour mettre fin à une gouvernance archaïque, qui a dressé les uns contre les
autres. Les prochaines ? Faire vraiment le Grand Paris, et mettre fin au fossé
entre la banlieue et l’hyper-centre !
Jean Lassucq (député)
> Ce 10 juillet 2025, le Parlement adopte définitivement la proposition
de loi donnant aux Parisiens, aux Lyonnais et aux Marseillais le même droit que
tous les autres Français : élire directement leur conseil municipal. Cinquante
ans après le rétablissement de la fonction de maire de Paris, nous achevons la
démocratisation de notre ville. En mars 2026, pour la première fois de son
histoire, Paris aura des candidats et des élus responsables de leur programme
et de leur bilan devant tous les Parisiens.
Emmanuelle Hoffman (députée)
> Victoire ! L’Assemblée adopte la réforme de la loi
Paris-Lyon-Marseille. Fin du système d’exception. Plus de transparence, plus de
justice locale. 1 Parisien = 1 voix. Enfin.
Marie-Pierre Rixain (députée)
> Simone de Beauvoir l’a rappelé : l’indépendance économique est la
condition indispensable de la liberté des femmes. Cette clé, confisquée durant
des siècles dans le huis clos des couples, est dans les mains de chacune depuis
la loi du 13 juillet 1965 qui, en permettant aux Françaises de travailler
librement, d’ouvrir un compte bancaire ou d’administrer leurs biens sans
l’autorisation de leur mari, a posé la première pierre de l’autonomie
économique des femmes.
Soixante après, force est de constater que des biais sexistes – manifestes ou implicites – sont encore à l’œuvre, raison pour laquelle, depuis 2017, nous avons concrétisé, texte après
texte, de nouveaux dispositifs bancaires, financiers et fiscaux. Ainsi, depuis
la loi du 24 décembre 2021, le salaire ou les
allocations sociales doivent être
versés sur le compte bancaire
dont le ou la bénéficiaire est titulaire. L’autonomie bancaire est achevée grâce
à l’insertion dans la loi du caractère individuel du droit de détenir un compte
de dépôt. Les violences économiques sont dorénavant caractérisées dans la loi.
Enfin, à partir du 1er septembre prochain, une révolution
fiscale, à la fois silencieuse et existentielle, s’engagera via l’individualisation
du taux de prélèvement à la source.
L’argent des femmes ne peut plus être considéré comme un revenu d’appoint ou
une variable d’ajustement : c’est un pilier de notre économie
nationale ! Les femmes entreprennent, innovent, consomment, investissent.
Leur contribution, qui représente 41 % du PIB national, ne peut plus être
marginalisée.
● MoDem
> La proposition de loi PLM réformant le mode d’élection du Conseil de
Paris et des conseils municipaux de Lyon et Marseille a été définitivement
adopté par l'Assemblée!
Renforcer la démocratie locale en permettant aux électeurs de ces trois
communes de pouvoir voter directement pour leurs conseils municipaux.
Mettre en place deux scrutins distincts et simultanés au suffrage universel
direct : un pour le conseil d’arrondissement ou de secteur, l’autre pour le
conseil municipal.
Favoriser le pluralisme avec une prime majoritaire réduite à 25%.
> Le groupe Les Démocrates salue l’adoption, ce jour à
l’Assemblée nationale, de la proposition de loi qui permet de renforcer
l’efficacité du placement en rétention des étrangers condamnés pour des faits
graves et faisant l’objet d’une mesure d’éloignement. Ce texte répond à un
enjeu opérationnel et juridique majeur : éviter que des personnes présentant un
risque avéré pour l’ordre public soient remises en liberté faute de délais
suffisants pour procéder à leur expulsion. En étendant de manière ciblée la durée
maximale de rétention administrative, jusqu’à 210 jours, pour certains profils
particulièrement dangereux, il contribue à renforcer la cohérence de notre
politique migratoire et la sécurité de nos concitoyens. Le groupe Les
Démocrates tient à rappeler que cette dérogation ne saurait devenir la norme,
compte tenu de la capacité encore limitée de nos centres de rétention. Elle
doit rester réservée aux cas les plus graves, précisément définis dans le texte
adopté, conformément aux exigences de l’État de droit. Nous saluons également
les autres avancées de ce texte : · la clarification du régime des
prolongations de rétention, pour réduire les mobilisations inutiles d’escortes
et désengorger les juridictions ; · la possibilité de relevé d’empreintes
digitales et de photographies sans consentement, dans le strict respect des
principes constitutionnels, pour faciliter l’identification des personnes
réticentes ou multi-identités ; · l’encadrement renforcé des recours, notamment
par le caractère suspensif de l’appel du parquet ; · l’ajustement du régime
juridique des demandeurs d’asile, pour mise en conformité avec la jurisprudence
récente du Conseil constitutionnel. Si texte ne réglera pas à lui seul
l’ensemble des questions liés à la rétention et à l’éloignement, il contribue à
apporter des réponses utiles et d’urgence. De nombreux enjeux pour assurer la
sécurité des Françaises et des Français, tout en respectant strictement le
cadre de l’État de droit, sont encore à débattre dans les prochains mois. A ce
titre, le groupe les Démocrates fait part de sa vigilance, jugeant préférable
que ce type de texte, susceptible de modifier les libertés publiques, fasse
l’objet d’une saisine du Conseil d’État en amont de son examen, ce qui en
renforcerait sa solidité juridique et empêcherait les tentations de surenchères
politiques.
Marc Fesneau (député,
président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> L'action de l’État est efficace lorsqu’elle est cohérente pas
lorsqu’elle se disperse. Ce qui est valable à l’échelle d’un pays, doit l’être
à celle de chacun de nos départements et de nos régions. Je salue les annonces
du Premier ministre François Bayrou à Chartres, qui traduisent une conviction
profonde que nous partageons de longue date au MoDem: la nécessité de davantage
déconcentrer l’action de l’État et de mieux coordonner les politiques publiques
grâce à notre corps préfectoral. C’est aussi une garantie supplémentaire que
les lois que nous votons soient correctement appliquées sur le terrain.
Nicolas Turquois
(député)
> Ce qui affaiblit notoirement l'Assemblée, c'est ce climat permanent
d'invectives, d'instabilité, d'absence de compromis. Le fonctionnement de
certains groupes a contribué à profondément affaiblir nos institutions.
Bruno Fuchs (député)
> Face à l’attaque de 728 drones russes sur l’Ukraine, la plus massive
depuis le début de la guerre, le président Trump qui détient les clefs d’un
cessez-le-feu, est face à ses responsabilités.
> La Commission Aff étrangères adopte la résolution
condamnant la ségrégation imposée aux femmes afghanes par les talibans. Exclues
de l’école, du travail, de la vie publique.
L’Europe et la communauté internationale doivent se mobiliser pour défendre
leurs droits fondamentaux.
► Autres
● Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie
industrielle)
> La chimie est la mère de
toutes les industries. Le plan d’action que nous présentons aujourd’hui – 3ème
plan sectoriel après l’automobile et l’acier – doit permettre de redresser ce
secteur critique pour la souveraineté industrielle européenne. Entre autres:
- Une liste de sites & molécules les plus critiques pour concentrer notre
action
- Une extension des aides d’Etats pour la compensation des coûts indirects ETS
à plus de producteurs chimiques
- Des règles simplifiées comme par exemple sur l’étiquetage des produits.
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
> Renew Europe regrette vivement la
décision prise aujourd’hui par une coalition de députés européens, incluant des
climatosceptiques d’extrême droite, de rejeter l’application de la procédure
d’urgence pour l’amendement à la loi européenne sur le climat visant à fixer un
objectif climatique européen pour 2040. La procédure d’urgence était de mise en
raison du retard important pris par la proposition de la Commission européenne.
À un moment où l’Europe doit faire preuve d’un leadership sans faille en
matière d’action climatique, cette décision rendra plus difficile pour le
Parlement européen d’adopter une position forte avant la COP30 au Brésil. Alors
que les États-Unis se retirent de leurs engagements en la matière, une position
européenne forte est essentielle. Le rejet de la procédure d’urgence signifie
également que le groupe d’extrême droite des Patriotes conservera le contrôle
du dossier sur la loi climat au Parlement.
> Dans la perspective de la publication du prochain
budget à long terme de l’UE par la Commission, le groupe Renew Europe met en
garde contre les tentatives de renationalisation du budget de l’Union et
appelle plutôt à un saut vers une véritable européanisation du budget. Le
prochain budget européen doit être plus européen, pas moins. Renew Europe veut
que le budget de l’UE soit :
- Plus européen dans sa forme.
- Plus européen dans ses objectifs
- Plus européen dans sa réponse aux défis communs
- Plus européen dans son financement
- Plus européen dans ses valeurs.
> Pour un semestre européen sur l’état de droit
Il est clair que lorsqu’une violation se produit, l’action européenne reste
trop fragmentée, incohérente et inefficace. De plus, les instruments
d’évaluation actuels ne sont que partiellement efficaces pour surveiller
correctement les tendances en matière d’état de droit et identifier en temps
opportun les tendances préoccupantes. Cette situation ne peut plus continuer.
Cela nuit non seulement à notre crédibilité, à notre légitimité et à la
confiance mutuelle entre les États membres, mais surtout à la protection
adéquate de tous les citoyens européens contre les violations de leurs droits
et libertés.
Nous ne pouvons pas simplement déplorer ces violations.
C’est pourquoi Renew Europe a décidé de présenter une proposition concrète,
prête à l’emploi pour les institutions européennes. Cette proposition s’appuie
sur des idées précédemment discutées dans les précédents termes législatifs, en
les mettant à jour, en les consolidant et en les élargissant.
Plus précisément, inspirés par le semestre européen en matière budgétaire, nous
proposons la mise en place d’un semestre de l’état de droit, assignant des
responsabilités claires à chaque institution.
> Renew Europe a approuvé son document d’orientation sur
la Politique Agricole Commune (PAC). Ce document adresse trois messages clairs
aux institutions européennes en amont des prochaines négociations budgétaires :
protéger la structure de la PAC, garantir un budget solide et faire de la
sécurité alimentaire et du renouvellement générationnel une priorité absolue.
Valérie Hayer (députée, présidente)
> [Motion de censure contre la Commission européenne] La Motion de
censure contre la Commission européenne a été largement rejetée. Renew Europe a
voté contre cette Motion. Mais notre soutien à Ursula von der Leyen n’est pas
acquis. Nous demandons : - la reprise en main de sa famille politique pour
cesser ses alliances avec l’extrême droite ; - Le respect de la majorité qui
l’a élue ; - la mise en œuvre de notre ambitieux agenda pro-européen.
> [Motion de censure contre la Commission européenne] Le
groupe Renew Europe ne soutient pas cette motion. Elle émane de l'extrême
droite ; et sur ce point, notre position est claire : nous refusons de
légitimer leur programme ou de participer à leurs jeux. (…)
Ce n'est pas le moment de céder au chaos. L'heure est au courage, au sang-froid
et à la responsabilité. Nous devons rester fermes et défendre une Europe forte
et unie. (…)
La présidente von der Leyen doit désormais tenir sa promesse et rétablir la
confiance avec les groupes parlementaires qui l'ont élue. Une majorité
fonctionnelle ne peut être tenue pour acquise ; elle doit être gagnée par le
dialogue, la coopération et le respect.
Aucun programme européen durable et tourné vers l'avenir ne peut être construit
avec ceux qui ne cherchent qu'à diviser – à diviser les institutions, les États
membres et les citoyens. Valoriser pleinement le potentiel de la plateforme
centrale pro-européenne est la seule voie pour renforcer l'Europe elle-même. (…)
Notre soutien futur n'est pas automatique. Il dépendra entièrement de la
manière dont la présidente répondra à nos priorités, telles qu'un Fonds pour la
compétitivité ambitieux qui mobilise l'épargne européenne, accompagne les
entreprises dans leur parcours de financement et les aide à se développer, une
conditionnalité plus stricte du budget de l'UE et un accord de plateforme
fonctionnel pour impliquer les groupes centristes au Parlement.
Pascal Canfin (député)
> Le rejet de la procédure d’urgence sur la loi climat ne nous donne pas
la garantie que le Parlement pourra voter en octobre avant la COP de Belém. Je
regrette ce risque pour le leadership climatique européen, qui nous est imposé
par le PPE. Nous travaillerons sans relâche pour être prêts à temps : nous
sommes prêts à voter une nouvelle procédure d’urgence en septembre pour y
parvenir et répondre à l’urgence climatique, sur laquelle plus de 80 % des
Européens nous demandent d’agir.
Fabienne Keller (députée)
> La Commission tente de renationaliser le budget de l’Union à travers des
plans nationaux décidés par les capitales. C’est une erreur. Cela menace le
tissu même de l’Union et risque de rompre le lien entre nos régions et les
institutions européennes. Renew Europe croit au contraire à un véritable saut
en avant vers un budget réellement européanisé. Notre budget doit devenir plus
européen, pas moins.
Marie-Pierre Vedrenne (députée)
> En cette année du 50e anniversaire des relations UE-Chine et à l’approche
du prochain sommet, nous devons examiner la profondeur et la réalité de notre
relation, en nous fondant sur le principe de réciprocité. Aujourd’hui, nos
industries sont confrontées à des difficultés liées aux restrictions à
l’importation de matières premières critiques chinoises et à la surcapacité,
notamment dans le secteur de l’acier. Si la situation persiste ou s’aggrave,
nous devrons répondre à cette coercition économique avec les instruments à
notre disposition.