lundi 21 novembre 2016

Présidentielle 2017. Primaire LR: Deux-tiers des centristes choisiraient Juppé au second tour

Alain Juppé vote à la primaire
Deux sondages réalisés après le premier tour de la primaire LR éclairent le choix des votants le 20 novembre et donnent des indications sur celui du 27 novembre.
Rappelons que les résultats quasi-définitifs du premier tour sont: Fillon à 44,2%, Juppé à 28,6%, Sarkozy à 21,6%.
En ce qui concerne le second tour où Alain Juppé affrontera François Fillon, 64% des sympathisants centristes ont l’intention de voter pour le maire de Bordeaux alors que 31% choisiraient le député de Paris selon un sondage Opinionway.
Cette mobilisation forte des centristes, la plus élevée des familles politiques, pour Juppé ne parviendrait pas malgré tout à le faire gagner puisqu’il s’inclinerait 44%-56% face à Fillon, grâce à un très fort vote des sympathisants de LR en faveur de ce dernier (61%).
Si cela indique une tendance, il faut noter que 18% des personnes interrogées et qui ont voté au premier tour ne se prononcent pas entre les deux candidats, ce qui laisse une marge de manœuvre pour Juppé s’ils se rendent aux urnes et votent en sa faveur.
Pour bien comprendre le ressentiment de l’électorat de Nicolas Sarkozy vis-à-vis d’Alain Juppé, si 67% de celui-ci ira voter pour Fillon comme le fera son chef de file qui a toutefois laissé le vote de ses électeurs libres, seuls 2% se déplaceront pour glisser un bulletin au nom du maire de Bordeaux (31% toutefois n’ont pas encore choisi).
Quant au petit nombre d’électeurs de Bruno Le Maire, ils suivront à 59% sa consigne de vote en faveur de Fillon (19% pour Juppé) alors que ceux de Nathalie Kosciusko-Morizet, ils suivront à 62% sa consigne de vote en faveur de Juppé (0% en faveur de Fillon!).
Selon un sondage Odoxa pour France 2, 15% des électeurs à la primaire LR étaient des centristes (8% sympathisants du MoDem, 7% sympathisants UDI).
Quant aux motivations des électeurs, elle est à 73% un vote d’adhésion au programme et à la personnalité du candidat et à 27% une volonté d’empêcher la victoire d’un autre candidat.
Ces derniers chiffres ne permettent toutefois pas de savoir le niveau exact de rejet qu’a suscité chacun des candidats.
En effet, les sondés pouvaient répondre qu’ils choisissaient un candidat positivement alors même qu’une partie de leur motivation étaient d’empêcher la victoire d’un autre.
Et s’il y a eu autant de votants, 51% seulement étaient des sympathisants de LR, ce qui montre que la «mobilisation du peuple de Droite» dont se sont félicités tous les candidats n’était pas aussi importante que cela.
A noter que 94% de ceux qui sont allés voter estiment que le vainqueur de cette primaire sera le prochain président de la république.
Au niveau des réactions, François Bayrou est demeuré silencieux pour l’instant alors que Jean-Christophe Lagarde s’est dit confiant dans la victoire d’Alain Juppé le 27 novembre parce qu’il s’agit maintenant, selon lui, d’une comparaison entre deux programmes et non plus entre des personnalités et que celui du maire de Bordeaux est réaliste par rapport à celui de Fillon qui est impossible à mettre en œuvre.
(Sondage Opinionway réalisé le 20 novembre 2016 par internet auprès d’un échantillon de 3095 personnes qui ont voté à la primaire LR, âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage Odoxa réalisé les 19 et 20 novembre 2016 par internet auprès d’un échantillon de 699 personnes ayant voté à la primaire de LR ou déclarant aller le faire, âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Vues du Centre – Jeanne Valsami. Centriste, finalement j’ai voté à la primaire LR

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jeanne Valsami se définit comme une centriste engagée. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Bureau de vote de la primaire LR
J’ai hésité.
Puis j’ai vu les sondages où l’on disait que Nicolas Sarkozy était en train de rattraper Alain Juppé (à moitié faux) et, dans les derniers jours de la campagne, que François Fillon pouvait faire la surprise (totalement vrai).
Devant le risque d’un second tour entre l’ancien président de la république et son «collaborateur», deux visions très à droite de la politique à mener après 2017, même si Fillon n’a pris que très opportunément le créneau d’un libéralisme économique dur, c’est le seul qui restait, et que Nicolas Sarkozy jouait, à merveille, son personnage à la Trump, ou était-ce à Le Pen?!
Toujours est-il que je voulais que ce soit Juppé.
Non pas parce que je suis fan mais tout simplement parce qu’il est, selon moi, le plus proche des centristes aujourd’hui (et non hier…) et qu’avant de me pencher sérieusement sur le cas d’Emmanuel Macron, je voulais être sûre qu’il y aurait un homme modéré et compétent face à Marine Le Pen au second tour, si cela devait être le candidat LR qui affronterait la représentante de l’extrême-droite.
Bon, je l’avoue, j’ai failli rebrousser chemin quand j’ai vu la longue file d’attente devant le bureau de vote.
Je me suis dis, je ne suis pas de droite, je ne suis pas sympathisante de LR, donc, ce n’est pas grave.
Et puis j’ai imaginé un second tour de la présidentielle entre Sarkozy et Le Pen.
J’ai fait la queue…
Bien sûr, en tant que centriste, le résultat est mitigé.
Le côté très positif, c’est que Nicolas Sarkozy est éliminé et que, pendant quelques temps, on entendra plus ses vociférations et ses insultes sur tout et n’importe quoi.
Il a dit qu’il se retirait de la vie politique mais je n’y crois pas, il ne sait pas faire autre chose et il n’a que la soixantaine.
Le côté un peu négatif, c’est le score important de François Fillon, surtout parce que son programme n’est pas le mien mais aussi parce qu’il n’a pas la personnalité d’un président de la république.
Enfin, depuis que Sarkozy et Hollande ont été à l’Elysée, n’importe qui peut y aller…
Plus sérieusement, je compte aller voter au second tour pour Juppé.
Non pas adhésion à sa personnalité et à son programme, plutôt parce qu’il sera le moins mauvais candidat de la Droite et, peut-être du Centre.
Ensuite, que ce soit lui ou un autre, je ne sais pas pour qui je voterai en avril prochain.
J’ai parlé de Macron mais il peut aussi y avoir Bayrou sur la ligne de départ ou même Valls.
Là, si Juppé veut que vote pour lui, il faudra qu’il me convainque qu’il sera un bon président de la république.
Jusqu’ici, il m’a seulement convaincue qu’il était un bon rempart contre Sarkozy.

Jeanne Valsami