mercredi 8 février 2017

Présidentielle 2017. Sondages: Macron entre 66% et 64% au second tour

Candidats déclarés à la présidentielle
Trois sondages publiés ce jour donnent Emmanuel Macron vainqueur au second tour de la présidentielle avec 66% (Elabe), 65% (rolling Opinionway) et 64% (rolling Ifop) des intentions de vote face à Marine Le Pen.
Au premier tour, le fondateur d’En marche! est en seconde position avec 21% (rolling Ifop), 22% (rolling Opinionway), 22% et 23,5% (Elabe) des intentions de vote.
Il est devancé par Marine Le Pen qui obtient entre 25% et 26% des intentions de vote.
Quant à François Bayrou, il est à 5% (Elabe) et 5,5% (rolling Ifop) des intentions de vote (non testé par Opinionway).
De son côté, François Fillon obtient entre 17% et 20% des intentions de vote et se trouve en troisième position et systématiquement éliminé du second tour.
Dans l’hypothèse où François Bayrou se présenterait, selon l’institut Elabe, il ne recueillerait que 43% des électeurs qui ont voté pour lui en 2012, 23% d’entre eux se reportant sur Emmanuel Macron et 11% sur François Fillon.
Et si le président du MoDem était absent, alors 49%, soit un électeur sur deux de François Bayrou en 2012, choisiraient Macron contre seulement 17% à François Fillon.
Quand on parle de ces chiffres, il ne faut pas oublier qu’avant que François Fillon ne devienne la cible privilégiée de François Bayrou, celui-ci s’attaquait sans cesse à Emmanuel Macron, ce qui démontre que le leader d’En marche! a une réelle proximité avec l’électorat du leader du Mouvement démocrate qui est ainsi loin d’adhérer en masse au discours agressif de ce dernier envers Macron.
(Sondage Elabe réalisé les 7 et 8 février 2017 auprès d’un échantillon de 1050 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage «rolling» Opinionway réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement – âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage «rolling» Ifop réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement –  âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Alexandre Vatimbella



A lire aussi:


Présidentielle 2017. François Bayrou et la tentation populiste

François Bayrou brûle de se présenter à l’élection présidentielle, ce n’est plus un secret pour personne.
Néanmoins, le président du MoDem hésite car il n’a pas réussi, pour l’instant, à créer une dynamique suffisante autour de lui, les sondages plafonnant à un décevant 5% d’intentions de vote.
Surtout, il ne parvient pas à se construire un espace politique qui lui permettrait de donner une identité et une épaisseur à sa quatrième campagne.
La rigueur a été prise par Fillon et l’humanisme équilibré et centriste par Macron.
On sait que lors de ses précédentes candidatures, il avait navigué entre le Centre et la Gauche, l’ouverture humaniste au monde et un nationalisme gaullien, entre une stricte morale chrétienne et une défense intransigeante de la laïcité, entre la modernité et la sublimation des terroirs, entre la critique de la classe politique et la chasse à la démagogie, entre se présenter en centriste ou en homme au-dessus des partis et positionné «ailleurs».
Ces ambiguïtés lui ont parfois permis, comme en 2007, d’être une des têtes d’affiche de la présidentielle face aux deux candidats controversés d’alors, Nicolas Sarkozy à droite et Ségolène Royal à gauche.
En revanche, cela ne lui a pas permis d’être à nouveau dans une dynamique électorale en 2012.
Cependant, Bayrou estime que 2017 est propice à ce positionnement fluctuant où émergent toutefois quelques permanences.
Parmi ces dernières, il y a cette fameuse lutte contre les puissances d’argent dans un discours récurrent qui na rien à envier à celui de Jean-Luc Mélenchon, sauf qu’il prend ses racines dans le catholicisme et une vision traditionnaliste de la démocratie-chrétienne, et non dans le marxisme et de trotskysme.
Ses attaques en ce sens vis-à-vis d’Emmanuel Macron, dont le tort selon lui est d’avoir été banquier (alors même qu’un de ses plus proches sympathisants est l’ancien président de Suez, de la banque Stern et du Crédit Lyonnais, Jean Peyrelevade!), et désormais de François Fillon, englué de plus en plus dans des affaires où l’argent est le maître-mot, ne sont pas, de ce point de vue, opportunistes mais ressortent d’une certaine constance de voir l’argent comme un mal intrinsèque.
Pour autant, leur virulence actuelle s’apparente à du populisme, sans remettre en cause la véracité de ce qui est reproché à Fillon (il n’y a pas, pour l’instant, de faits avérés reprochés à Macron dans ce domaine).
Car, cette dénonciation de l’argent n’est pas simplement la parole d’un sage ou d’un moraliste mais bien d’un homme politique engagé, qui veut se confronter à ceux qu’il accuse d’être inféodés aux puissances financières et qu’il en fait, surtout, un argument pour se présenter et mener campagne pour la présidentielle.
Qu’on en juge:
Après avoir traité Emmanuel Macron de candidat du «mur de l’argent», des «forces de l’argent», des «intérêts financiers», de «l’hyper-capitalisme», le voilà qui s’en prend à François Fillon: «Jamais dans l’histoire de la République, un candidat aux plus hautes fonctions, à la présidence de la République, n’a été ainsi sous l’influence des puissances d’argent».
Et d’ajouter: «Si vous jetez un coup d’œil sur l’ensemble du champ politique aujourd’hui, vous verrez que l’argent s’insinue partout, qu’il y a de très gros moyens déployés».
Ce qui fait écho à une précédente déclaration où il affirmait que «l’argent aujourd’hui gouverne tout!».
On voit bien, dès lors, que s’il se décide à se présenter, il sera le candidat «antisystème» que tous veulent plus ou moins incarnés actuellement, le candidat «main propre» et de la morale, celui des «petits» contre les représentants des «puissants» et de l’avidité.
Tout cela s’apparente à du populisme, notamment lorsqu’il déclare à propos du personnel politique, «C'est le clapotis de la décadence. Ils se tiennent les uns les autres, car, au fond, leur intérêt est le même: perpétuer un système qui ne fonctionne plus, quoi qu'il advienne de la France».
Ou quand on l’écoute expliquer pourquoi François Fillon devrait renoncer à se présenter: «Les Français pensent – et je pense comme eux – qu’il n’a pas d’autre solution que celle-là pour retrouver un débat qui soit à la hauteur. J’entends bien les arguments évoqués, les arguments de droit: la justice dira ce qu’il en est quant à l’atteinte au droit. Mais tous les Français savent qu’il y a eu atteinte à la décence. On ne peut pas se présenter avec un programme qui demande des sacrifices à tout le monde, notamment à ceux qui sont en bas de la pyramide, à ceux qui ont le plus de difficultés, et réserver les privilèges à ceux qui sont dans des situations protégées et de pouvoir. Ceci rend impossible une candidature, une campagne.»
Reste à savoir si cette inflexion populiste chez François Bayrou lui permettra de se présenter, en prenant ses «responsabilités» comme il le dit, surtout si elle lui offrira cet espace politique nécessaire pour espérer bien y figurer.
Bien entendu, en cette période où le discours antisystème séduit une partie de la population, il peut sans doute nourrir quelques espérances.
Mais, à côté du populisme de gauche (Mélenchon) et de droite (Le Pen), y a-t-il un populisme du Centre?
Si on a bien entendu quelques propos de ce type et une démarche de contourner le système chez Macron, Centre et populisme semblent vraiment antinomiques.
De plus, le leader d’En marche n’en fait plus actuellement son fonds de commerce et quoi qu’en puisse penser François Bayrou de lui-même, il n’est pas un «outsider», un homme en dehors du système, mais bien un «insider», un homme issu directement du système.
D’où sans doute une certaine difficulté qu’il aura à pouvoir installer une image de Don Quichotte dans l’opinion.
Force est de constater qu’il n’y a pas, pour l’instant, le moindre frémissent en faveur de sa candidature sauf dans le monde médiatico-politique où, comme en 2007, les journalistes semble lui donner toutes les tribunes nécessaires pour le crédibiliser.
On verra rapidement si cela lui permettra de se jeter dans la bataille.
Mais on ne peut, non plus, exclure que les propos de François Bayrou, comme ce fut le cas lors de la primaire de LR, soit un ciment pour la Droite dans leur rejet de leur contenu et, surtout, de celui qui les tient.
Ce qui ne serait pas un service rendu aux Français…


Alexandre Vatimbella



A lire aussi: