vendredi 2 décembre 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Ne pas seulement s’opposer mais résister

Dans une démocratie républicaine, quand l’autre bord s’impose, on s’oppose à lui.
Mais quand prennent le pouvoir des personnalités dangereuses pour ses valeurs et ses principes, on résiste.
Que ce soit hier avec Vladimir Poutine en Russie, aujourd’hui aux Etats-Unis avec l’élection de Donald Trump et peut-être demain en France avec Marine Le Pen, c’est la résistance qui est le bon comportement pour tous les démocrates dont les centristes et non plus l’opposition.
Résister, cela signifie ne faire aucun compromis, ne rechercher aucun terrain d’entente avec des personnages qui menacent directement les valeurs et les principes démocratiques et républicains.
Prenons le cas de Donald Trump qui vient d’être élu chef de l’Etat le plus puissant de la planète.
J’entends certains s’exclamer que je joue au catastrophisme, que je me fais peur et que je noircis complètement le tableau.
Ils me diront, attendez de le voir à l’œuvre pour le juger, vous verrez, tout cela n’était que de la rhétorique électorale.
D’ailleurs regardez, les médias américains le montrent pas aussi extrémiste que cela.
Ce à quoi je leur répondrai deux choses.
D’abord qu’ils sont les mêmes que ceux qui disaient dans les années 1930 qu’Hitler n’était pas le diable, qu’il fallait attendre de le voir à l’œuvre, qu’il ne voulait pas la guerre et que ses diatribes n’étaient destinées qu’à son opinion publique.
On a vu le résultat.
Ensuite, que l’on comprenne bien, j’espère de tout cœur que Trump ne fera pas ce qu’il a dit qu’il ferait et qu’il ne se comportera pas comme il l’a fait durant toute la campagne électorale.
Si je me trompe sur lui, j’en serai le plus heureux des hommes car cela voudra dire que la démocratie républicaine n’est pas menacée.
Je n’ai d’ailleurs rien contre la personne de Donald Trump, ni contre sa coiffure ou sa manière de s’exprimer.
En revanche, le personnage Trump, le populiste démagogue qui vocifère, qui menace, qui insulte, qui promet des mesures et des actes insupportables, oui, celui-là me fait peur et c’est contre celui-là que je résiste.
Quant aux médias audiovisuels américains, leur inqualifiable conduite lors de la campagne les disqualifie totalement pour la manière dont aujourd’hui ils traitent Donald Trump.
Heureusement pour l’honneur des journalistes, la presse écrite a fait globalement son travail.
Et l’honneur des démocrates républicains c’est de résister au personnage de Trump parce qu’il ne suffit pas de crier au loup.
Quand il est dans la bergerie, il n’est plus de temps de parler, il faut agir.



Présidentielle 2017. Bayrou et le syndrome de la gifle

En 2007, Bayrou avait fait le buzz en donnant une gifle à un jeune qui venait de lui faire les poches ce qui avait lancé sa campagne au bout de laquelle il fera un surprenant 18,57% lors du premier tour de la présidentielle.
Aujourd’hui, le président du MoDem ne voudrait pas le faire en la recevant de l’électorat comme l’a reçue Nicolas Sarkozy en se présentant à la primaire LR, François Hollande, lui, n’ayant pas voulu la recevoir ce qui l’a conduit à ne pas se représenter pour un nouveau mandat.
Obtenant actuellement un maigre score dans les sondages (entre 5% et 8%), il louvoie dans un discours où l’on sent tout son désarroi.
Exemple lors de son passage à l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV.
«- J’ai une question directe: pourquoi ne serez-vous pas candidat à l’élection présidentielle?
Pourquoi dites-vous cela? Vous prêchez le faux pour savoir le vrai. 
- Non, non. 
La question est très simple. L’élection présidentielle, c’est deux choses: une personnalité et un projet. Les deux comptent, et simplement, le projet que je ressens comme nécessaire pour la France, pour l’instant, n’est pas exprimé et n’est pris en compte par personne. La personnalité de François Fillon – vous savez bien que j’ai de l’amitié pour lui depuis longtemps – est une personnalité sur laquelle il n’y a aucun obstacle. Mais le programme qu’il a choisi de porter mérite que l’on ouvre les yeux, que la France, les Français, y compris de son camp, se posent des questions et s’interrogent. Je suis là pour que les yeux s’ouvrent et que l’on se pose vraiment les questions nécessaires. 
- Alors ma question est une mauvaise question.
Votre question est une question souriante.
- Alors je repose ma question: pourquoi seriez-vous candidat à la présidentielle?
On est candidat à l’élection présidentielle lorsque l’on sait avec certitude que ce que l’on porte n’est porté par personne d’autre et que c’est essentiel pour l’avenir du pays.
- C’est ce que vous savez aujourd’hui. 
Je n’ai pas dit cela.
- Vous venez de me dire «personne ne porte les idées que je défends».
Au-delà des sourires, c’est un choix, une décision qui est assez lourde, que je connais un peu. Cette décision lourde ne peut être prise qu’au terme – on dit d’un processus – d’une réflexion, au terme d’un travail par étape. C’est ce travail par étape que je lance en disant: on est aujourd’hui au terme de la primaire de la droite, on est aujourd’hui devant un candidat estimable mais dont le projet est, sur des points essentiels, un projet qui ne correspond pas aux nécessités de la France. Il correspond aux nécessités de l'électorat de la primaire, qui est un électorat qui n’est pas celui de la France au sens large.»
Le malaise est palpable dans cet échange où il prépare le terrain pour justifier, et sans candidature, et sa non-candidature...
François Bayrou veut évidemment se présenter mais son espace politique semble très réduit.
D’un côté, il n’y a pas l’épouvantail Sarkozy qui lui aurait ramené les voix de la grande majorité des centristes et une partie des voix des droitistes modérés.
De l’autre, il y a le jeune Emmanuel Macron qui lui prend un nombre conséquent de voix centristes tout en séduisant la gauche et la droite modérées.
Lorsqu’il s’imaginait candidat voici quelques mois, Sarkozy était là et Macron était absent.
Voilà qui rabat les cartes d’autant que l’atmosphère semble être au renouvellement de la classe des politiques et François Bayrou, contrairement à ce qu’il croyait, fait plutôt partie de ceux que les Français veulent remplacer plutôt que du sang nouveau qu’ils veulent insuffler à la vie politique.
La seule chance de Bayrou est que la bulle Macron se dégonfle et que Fillon dérape de plus en plus sur sa droite avec un candidat PS qui ne soit pas à la hauteur (Montebourg, par exemple).
Cela fait beaucoup de paramètres positifs qui doivent survenir et qui ne sont pas les plus probables.
Si François Fillon peut effectivement déraper, et il vient de le faire en rallumant inutilement la confrontation sur les nationalisations d’entreprises publiques, il tentera plutôt de rassembler que de cliver.
En outre, on voit mal Emmanuel Macron baisser dramatiquement dans les sondages (mais ce n’est pas impossible) et le candidat socialiste devrait plutôt s’appeler Manuel Valls qu’Arnaud Montebourg.
Reste que François Bayrou se donne désormais du temps puisqu’il a indiqué qu’il n’annoncerait sa décision finale que fin janvier-début février dans l’espoir que le vent tourne en sa faveur, une espérance à la hauteur de son désarroi.
Parce que ce n’est pas seulement son avenir politique qui est en jeu, c’est tout le sens de son existence.

Alexandre Vatimbella



A lire aussi: