jeudi 15 octobre 2015

Une Semaine en Centrisme. L’axe central, réalité sondagière en attendant mieux?

Comment faire la part des choses dans tous les baromètres que publient les médias sensés montrer quels sont les hommes et les femmes politiques préférés des Français.
En effet, les questions divergent avec des premières places souvent occupées par des personnalités différentes, ce qui, in fine, ne veut plus dire grand-chose.
Or, pourtant, si l’on prend cinq des derniers baromètres, celui des Echos (Elabe), celui de Paris Match (IFOP) celui du Point (IPSOS), celui du Figaro magazine (TNS-SOFRES) et celui de LCI-Metronews (Opinonway), force est de constater au moins deux similitudes.
La première et la plus forte est que, dans les cinq sondages précités, Alain Juppé arrive en tête quelle que soit la question posée (meilleure image pour Elabe, vision positive pour Paris Match, jugement sur l’action politique pour IPSOS, souhait de voir jouer un rôle important dans les mois et les années à venir pour TNS-SOFRES, satisfaction de l’action comme dirigeant pour Opinionway) avec respectivement 48%, 65%, 54%, 42% et 51% d’opinions positives.
Si ce n’est pas une sorte de plébiscite, cela y ressemble beaucoup mais ne garantit pas, cependant, une victoire à la présidentielle de 2017…
La deuxième, tout aussi intéressante, est que les personnalités représentant l’«axe central», Juppé compris, sont toujours dans les premières places.
Dans le sondage Elabe, le trio de tête est Juppé, Macron, Bayrou (Valls étant exclu de la liste en tant que premier ministre et sondé à part).
Dans le sondage IFOP, le quatuor de tête est Juppé, Bayrou, Raffarin, Valls.
Dans le sondage IPSOS Juppé est en tête, Christine Lagarde, seconde, Emmanuel Macron, cinquième et François Bayrou, septième (Valls étant exclu de la liste en tant que premier ministre et sondé à part).
Dans le sondage TNS-SOFRES Juppé est en tête, Christine Lagarde, troisième, Emmanuel Macron, sixième et François Bayrou, septième (Valls étant exclu de la liste en tant que premier ministre et sondé à part)..
Dans le sondage Opinionway, Juppé est en tête, François Bayrou, second, Jean-Christophe Lagarde, cinquième (tous les ministres sont exclus de la liste et sondés à part).
Cette relative constance des personnalités de l’axe central aux premières places de ces baromètres signifie évidemment quelque chose.
Que les Français aiment les politiques consensuels, donc rassurants.
Qu’ils se rallient à leurs propos et à leurs actions.
Que cet espace central a majoritairement leur préférence, ce qui est une bonne nouvelle au moment où les clivages extrémistes et radicaux sont promus sans cesse par les médias en quête de buzz.
Néanmoins cela ne veut pas dire forcément que nos compatriotes souhaiteraient que ces diverses personnalités gouvernent ensemble (certaines d’entre elles étant particulièrement appréciée à droite et d’autres à gauche ce qui réduit les zones d’identités communes).
De même, cela ne veut pas dire que les Français les voient dirigeant la France.
Le cas exemplaire dans ce domaine étant François Bayrou.
Depuis des années, le président du Mouvement démocrate est dans le peloton de tête de tous ces baromètres.
Néanmoins, tous les sondages réalisés lors de ces trois candidatures à l’Elysée disaient la même chose: les Français ne voyaient pas chez lui la stature d’un président de la république.
De même, il n’est pas majoritairement leur premier choix, les électeurs de droite ayant une bonne opinion de lui préférant voter pour un candidat de leur camp prioritairement.
Idem pour ceux de gauche.
D’où des scores décevants, notamment au scrutin de 2012.
Pour autant, en prenant comme hypothèse qu’Alain Juppé l’emporte en 2017 et devienne chef de l’Etat, il n’est pas inconcevable de penser que des personnalités comme François Bayrou, Christine Lagarde, Jean-Christophe Lagarde et Emmanuel Macron pourraient faire partie d’un même gouvernement et que Manuel Valls soit le leader d’une opposition responsable et constructive.
Et ces dernières pourraient également gouverner ensemble avec Manuel Valls, à l’Elysée!
Surtout si Juppé – hypothèse malgré tout la plus vraisemblable –, à l’instar de son prédécesseur à la mairie de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, faisait revivre la fameuse «Nouvelle société» de ce dernier lorsqu’il fut premier ministre de Georges Pompidou en 1969 où l’on retrouvait autour de lui à Matignon des hommes comme le chrétien de gauche Jacques Delors, les centristes Pierre-André Wiltzer et Jean Michard-Pellissier, le libéral Yves Cannac ou le mendésiste Simon Nora.
Ce serait un sacré pied de nez à l’histoire puisque le mentor de Juppé, Jacques Chirac, fut celui qui fit battre Jacques Chaban-Delmas à la présidentielle de 1974 en se ralliant avec 43 députés gaullistes à Valéry Giscard d’Estaing.
En définitive, il revient à ces personnalités de faire vivre concrètement cet axe central en s’alliant ou en créant des passerelles qui leur permettront de trouver des domaines où elles pourront s’allier pour réformer la France.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC