2005-2025: 20 ANS D'INFORMATION SUR LE CENTRE ET LE CENTRISME

vendredi 12 décembre 2025

Propos centristes. France – Protection de l’enfant / Protection de la France / Protection de l’environnement / Protection de la santé mentale des élèves / Protection de l’internaute / Protection sanitaire / Protection des bovins…


Voici une sélection, ce 12 décembre 2025, des propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à propos de la nomination du gouvernement puis de la démission du premier ministre.

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Article: «Dix ans après l'Accord de Paris, redoubler d'efforts»] Dix ans. Voilà dix ans, lors de la COP 21 à Paris, 195 Etats prenaient un engagement historique – travailler ensemble et contenir à long terme l’augmentation des températures à 2 degrés au-dessus des niveaux préindustriels, en s’efforçant de ne pas dépasser un accroissement des températures de plus de 1,5 degré. La France a pris toute sa part pour faire réussir ce grand moment de coopération et de solidarité universelle.
Au terme de ces dix ans, nous pouvons être fiers du chemin parcouru. En France, nous avons ainsi réduit nos émissions de gaz à effet de serre de 30% par rapport à 1990, dont 20% entre 2017 et 2024 et depuis 2018 nous sommes revenus dans la trajectoire (nous étions à moins de 1% de baisse par an avant 2017, nous avons doublé pour passer à plus de 2% par an en moyenne entre 2017 et 2022, et plus de 4 % par an en moyenne entre 2022 et 2024). Notre objectif est d’atteindre 50% de réduction d’ici 2030, soit 270 millions de tonnes de CO2 en moins dans l’atmosphère chaque année. Ces résultats sont notre réussite collective. La réussite de notre écologie à la française, qui combine progrès et protection, qui permet de réduire nos émissions et le chômage à la fois. Nous n’imposons jamais de règle en l’absence d’alternative accessible. Nous refusons de sacrifier notre compétitivité. Nous voulons conjuguer souveraineté, emploi et décarbonation. Comment ? Par des choix clairs. J’ai placé l’écologie au cœur de chacune de nos politiques économiques, d’aménagement, énergétiques, agricoles et industrielles. J’ai également directement chargé le Premier ministre de la planification écologique et énergétique. La Stratégie Nationale Bas Carbone, publiée ce vendredi, en est l’illustration : nous nous donnons un cap vers la neutralité carbone qui dès lors façonne toutes nos politiques. Nous nous appuyons sur des principes essentiels. D’abord, le respect et la protection de la science. Nous nous appuyons sur le consensus du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (le « GIEC »), qui a lancé la semaine dernière l’élaboration de son septième rapport et s’est réuni pour la première fois avec l’ensemble de ses auteurs, ici, à Paris. Voilà pourquoi nous investissons autant dans la recherche et l’innovation sur les sujets climatiques pour trouver les nouvelles solutions de décarbonation. Avec la loi de programmation pour la recherche et avec France 2030, nous avons financé des programmes de recherche très concrets et des centaines de projets en lien avec le changement climatique dans des domaines variés, des petits réacteurs nucléaires modulaires à l’hydrogène décarboné en passant par les carburants durables ou la gestion de l’eau. A l’heure où la parole scientifique est contestée, nous continuerons d’accélérer en la matière et d’attirer les
meilleurs chercheurs avec nos programmes Choose France for science.
Ensuite, l’ambition de sortir des énergies fossiles importées avec le choix d’une énergie décarbonée et souveraine, bataille indispensable pour l’indépendance de la Nation comme pour notre climat. Dès 2022 à Belfort, j’ai tracé les grandes lignes de notre politique énergétique : réduire la consommation de fossiles, développer les énergies renouvelables et relancer la production d’énergie nucléaire. Avec succès, puisque pour la première fois en 2024, notre électricité était décarbonée à plus de 95%, une performance sans égale dans le monde. A l’issue d’un travail inédit de concertation et de planification, nous avons identifié les zones dans lesquelles nous développerons les parcs éoliens en mer d’ici à 2050. Nous avons relancé la filière nucléaire, avec six nouveaux EPR2, dont les premières étapes de construction et de financement sont franchies, sans oublier le développement de petits réacteurs pour la chaleur. C’est bien une filière souveraine que nous construisons en France. Je veux aller plus loin encore : nous fermerons ou convertirons les dernières centrales à charbon d’ici 2027.
Troisièmement, aider nos industries à se décarboner. Parce que réindustrialiser la France, c’est contribuer à décarboner le monde. Une usine sur trois ouverte depuis 2024 en France est une usine de l’industrie verte. Les investissements verts ont progressé de près de 30% sur les trois dernières années. Nous avons déjà lancé la décarbonation des 50 grands sites industriels les plus émetteurs qui représentent à eux seuls environ 10% des émissions de la France. À horizon 2030, ces sites auront réduit de moitié leurs émissions. Nos industries vertes créent des emplois dans nos territoires. C’est ici en France que nous comptons produire nos voitures électriques, comme la R5 à Douai, nos batteries, nos pompes à chaleur, ou nos panneaux photovoltaïques. Il nous faut la poursuivre aussi en Européens, pour continuer à simplifier, innover et protéger mieux ces industries contre la concurrence déloyale. Je souhaite que les annonces de la Commission européenne ces prochaines semaines montrent que la dynamique accélère, avec de la préférence européenne, et que l’Europe peut véritablement devenir le continent des projets de décarbonation les plus ambitieux.
Quatrièmement, ne rien renoncer de l’ambition française de progrès. L’écologie doit améliorer le quotidien des Français. Rénover nos logements permet à chacun de baisser sa facture, au pays de réduire ses dépendances aux énergies fossiles, d’améliorer la qualité de vie de chacun. Cette ambition de progrès suppose de veiller toujours à l’égalité et au pouvoir d’achat. Avec le leasing social, 50 000 ménages modestes ont pu acquérir un nouveau véhicule en 2024 pour moins de 100€ par mois, 50 000 Français bénéficieront de cette offre aussi cette année. Avec le dispositif Ma Prime Renov et les certificats d’économie d’énergie, nous avons pu rendre accessible cette transition. Ainsi fin du monde et fin du mois se trouvent-elles réconciliées.
Cinquièmement, il nous faut nous adapter pour nous préparer aux conséquences du changement climatique, qui sont déjà là et vont encore accélérer. Nous avons ainsi adopté notre troisième plan d’adaptation au changement climatique et nous avons défini une trajectoire de référence afin de mettre en cohérence toutes nos politiques, du local au national.
Sixièmement, enfin, porter ce combat en Europe et dans le monde. Notre Europe est le continent le plus ambitieux pour le climat, avec l’objectif de neutralité carbone en 2050. L’Union européenne est également le premier bailleur mondial de financements pour le climat.
La France assume pleinement son rôle de garante de
l’Accord de Paris et de l’ambition climatique. En 2017, j’ai lancé les premiers One Planet Summit avec pour objectif de créer des coalitions d’acteurs, dans tous les domaines, capables d’agir à la fois sur la réduction des émissions et sur des projets d’adaptation. Depuis, nous avons lancé 50 initiatives très concrètes pour agir contre le changement climatique. Elles ont permis l’adoption dans un temps record, au niveau des Nations unies, du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et de l’Accord pour la protection de la haute mer, la mobilisation de 4 milliards pour lutter contre les déchets plastiques et de plus de 19 milliards pour la protection de la biodiversité et la sécurité alimentaire.
La France a également accueilli, 10 ans après la COP, la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, afin de protéger des écosystèmes uniques et essentiels pour le climat. Nous menons ce combat dans le respect de la souveraineté de chacun. Nous soutenons les Partenariats pour une transition juste et la recherche de solutions de financement innovantes qui permettent d’aligner les flux d’investissement privés avec les objectifs mondiaux de décarbonation. C’est le message que j’ai porté lors de la COP30 à Belém.
Dix ans. Dix ans de succès et d’ambition. Dix ans, aussi, de tensions internationales, de contestation de la science, de divisions de nos Nations, de volonté d’effacement de l’idéal universel de liberté et de fraternité entre les peuples. La France, comme chaque fois dans ces moments de crise et de bascule, prendra toute sa part dans cette lutte pour notre climat et notre planète, toujours attachée à ces principes : respect de la science, ambition industrielle, progrès, solidarité, exemplarité de notre Europe. Faisons de la décennie qui s’ouvre un moment de réussite collective, fidèles à nos engagements de Paris.

> Les réseaux sociaux nous apportent énormément au quotidien, c'est une formidable avancée, ça permet d'accéder à de la connaissance, à comprendre des choses, d'alerter sur des situations, de faire circuler beaucoup mieux l'information, mais force est de constater qu'au fond, depuis la dizaine d'années que nous avons de recul, parce que ça s'est diffusé dans nos vies depuis 10 ans, des choses se sont passées qui doivent nous inciter aujourd'hui à prendre un tout petit peu de recul et, au fond, reprendre le contrôle de ces derniers. Quand on parle de nos enfants et de nos adolescents, on voit bien que ça a bousculé leur vie et ça a des vraies conséquences qu'on sait mesurer. 
Ensuite, quand on parle évidemment du fonctionnement de notre démocratie, parce que de plus en plus de gens s'informent sur les réseaux sociaux, je l'avais dit, et en particulier chez les plus jeunes, et donc ça crée une concurrence déloyale mais du coup ça structure notre démocratie, parce qu'une démocratie c'est aller aux élections, mais en s'étant forgée une opinion libre, et on se la forge de plus en plus sur les réseaux sociaux. Est-ce qu'elle est libre ? Qui la structure ? Comment ? C'est une vraie question démocratique. Et donc la réponse, elle n'est pas univoque, il n'y a pas une, si je puis dire, une réponse unique ou toute simple, mais elle passe sans doute peut-être par des interdictions, par des régulations. Parce qu'aujourd'hui, il n'y en a quasiment pas. Les premières, on les a mises en place et elles prévalent depuis un peu plus de deux ans et elles viennent d'être appliquées ces derniers jours pour ce qui est de la directive qui a été évoquée tout à l'heure, qui est le Digital Service Act à l'égard du réseau X, mais c'est la première fois, donc c'est le tout début. Donc, on a besoin parfois peut-être d'interdire, de réguler, à coup sûr d'éduquer, d'instruire, de comprendre, de remettre de l'esprit critique dans la société, et puis enfin, de continuer à innover pour reprendre le contrôle. L'innovation fait partie des manières aussi de redomestiquer tout ça, de la remettre au service d'une certaine idée de l'homme. 
Donc fort de cette question, on va revenir sur d'autres sujets d'ingérence.
La question de l'anonymat est beaucoup plus large. Alors l'anonymat a apporté beaucoup de choses dans les réseaux sociaux, parce qu'il a permis à des gens dans des sociétés qui ne sont pas libres de pouvoir s'exprimer. En France, vous n'êtes pas attaqués aujourd'hui si vous vous exprimez sur un réseau social et que vous décidez de le faire sans anonymat. À coup sûr, seriez-vous universitaire ou citoyen, même au sein de l'Union européenne en Hongrie, vous auriez quelques difficultés à vous exprimer avec la même liberté s'il n'y avait pas l'anonymat. À coup sûr, encore plus dans des pays plus autoritaires où il y a les réseaux sociaux. Donc ça, c'est pour dire que l'anonymat dans un système qui est quand même mondialisé, même au niveau de l'Union européenne, a des avantages, en tout cas, et est difficile à totalement supprimer. 

La deuxième chose, c'est que beaucoup de gens vous diraient : « l'anonymat, c'est ce qui a permis aussi à des gens d'être lanceurs d'alerte, à des gens qui ne veulent pas cacher leur identité, mais de partager tel ou tel contenu sans être totalement exposés, sans avoir la pression sociale. » Donc il y a eu, et on sait le mesurer, un intérêt de l'anonymat dans le fonctionnement libre des informations, de ce qui s'est fait sur Internet. À côté de ça, force est de constater que l'anonymat a désinhibé les choses. Parce que quand on ne voit pas votre visage, qu'on ne connaît pas votre nom, ça libère un peu la parole et ça peut inciter certains à dire n'importe quoi. 
Donc, je pense que la levée immédiate de l'anonymat c'est très compliqué. On n'aura pas le consensus au niveau européen pour le faire, et c'est très compliqué de le faire qu'en France et ça peut avoir des tas d'effets pervers de lever complètement l'anonymat.
Mais il me semble qu'il faut, 1) accélérer le travail de la justice quand on veut la levée de l'anonymat pour poursuivre quelqu'un. On a déjà les voies et moyens, mais c'est encore trop lent. 2) Qu'est-ce qui pose problème ? C'est les gens qui abusent de l'anonymat. Et donc là, on a des premiers instruments, mais il faut aller plus loin. Et ça, je pense que c'est la clé dans ce qu'on est en train de vouloir faire. C'est-à-dire qu'en fait, quand quelqu'un dit quelque chose de raciste, d'antisémite, d'homophobe, il faut pouvoir tout de suite exiger le retrait de ce contenu des plateformes et pouvoir poursuivre cette personne. En vrai, on a les bases légales, on ne les utilise pas assez. Parce que sur ces contenus-là, c'est inattaquable, on a la base légale, c'est déjà interdit. 3) Il faut activer la responsabilité de ces plateformes. Si un quotidien publiait dans un article ou dans ses courriers ou dans ses tribunes quelque chose qui est raciste, antisémite ou autre, à la seconde, le rédacteur en chef serait attaqué, parce qu'il a la responsabilité, et donc il serait mis devant les tribunaux. Il faut que ce soit pareil pour les plateformes. On a la base avec le DSA, mais il faut aller beaucoup plus vite et plus fort. Et donc là, il faut prendre – c'est dans le paquet qu'on prévoit à la rentrée janvier – des circulaires qui permettent d'aller dans ce sens. 

Enfin, il y a la question des fausses informations et des gens qui disent des fausses informations avec l'anonymat. Ça, c'est beaucoup plus compliqué à réguler, ce n'est pas le juge qui peut dire si c'est vrai ou faux. C'est souvent le débat critique et la capacité à distinguer le vrai du faux. Donc, ce n'est pas blanc ou noir, mais si on veut avancer, simplifier les choses, je pense aller beaucoup plus vite sur la levée d'anonymat quand il y a un problème ; retirer, appliquer le retrait immédiat des contenus quand ils sont clairement des contenus haineux ou hors la loi ; et mettre en œuvre la responsabilité des plateformes. Ça me semble plus efficace que la levée immédiate de l'anonymat. 

 

► Sébastien Lecornu (Premier ministre)
[Nota: Nous faisons figurer Sébastien Lecornu dans cette liste alors qu’il n’est pas centriste mais appartient à l’aile droite de Renaissance, parti centriste/central et qu’il s’est toujours défini comme un homme de droite; c’est à ce titre que ses propos sont retranscrits ici et du fait qu’il a composé un gouvernement d’axe central.]
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée]

Les ministres ont répondu aux différentes interventions, et je remercie les orateurs pour leurs contributions.
Premier point : en une après-midi, il est impossible de bâtir l’ensemble des éléments d’une programmation militaire et de sa mise à jour. En revanche, les ministres s’engagent à se rapprocher rapidement de tous les présidents de groupe afin d’entamer, avec la Parlement, la concertation préalable à l’examen du projet de loi.
Deuxièmement, les menaces qui pèsent sur notre pays reposent sur l’hybridité. C’est pourquoi les réponses à y apporter ne sauraient relever du seul outil militaire : elles impliquent également des solutions civiles. La notion même de défense nationale dépasse le strict champ militaire et exige d’imaginer des réponses civiles complémentaires.
Troisièmement, je répondrai à Mme Estelle Youssouffa, qui s’est fait la porte-parole de l’ensemble de ses collègues d’outre-mer. Nous devons adopter une méthode très spécifique s’agissant des territoires d’outre-mer car ils deviennent la cible de toutes les menaces hybrides, qu’il s’agisse des atteintes à la sécurité de la zone économique exclusive, des problèmes liés au narcotrafic, d’activités terroristes –
 cela est heureusement plus rare, mais je pense à la situation particulière de Mayotte, proche du Mozambique –, des défis posés par le réchauffement climatique ou encore de ceux que pose limmigration.
Dans quelques jours, nous comm
émorerons malheureusement le terrible drame causé à Mayotte par le cyclone Chido. Nous avons une pensée particulière pour les victimes. Je tiens à saluer aussi l’action rapide des forces armées il y a un an. Je pense non seulement aux opérations de sauvetage et aux tours d’eau organisés en urgence, dans les conditions que l’on connaît, mais aussi au bataillon de reconstruction déployé en soutien de la Légion étrangère. Cela ouvre des perspectives quant à l’utilisation, à l’avenir, de nos forces armées dans les différents territoires d’outre-mer pour assurer une sécurité civile quasiment militarisée dans des circonstances difficiles. Tout à l’heure, lors des questions au gouvernement, Mme la ministre des outre-mer vous a répondu au sujet des engagements civils de l’État dans le cadre de la loi de programmation pour Mayotte. Je prendrai au 1er janvier le décret que vous avez demandé au titre du programme interministériel Interventions territoriales de l’État. Je souhaite que Mme la ministre des armées puisse, elle aussi, vous apporter des réponses en matière d’infrastructures militaires, tant marines que terrestres et aériennes. J’ai pris note de l’inquiétude que vous avez exprimée ; rassurez-vous, le renforcement du financement de l’armée de terre à Mayotte n’emporte en rien la diminution des moyens maritimes ou aériens. Nous aurons l’occasion d’y revenir ; je tenais à conclure ces débats par le seul thème de l’outre-mer.

 

► Gouvernement
● Ministres centristes/centraux
Laurent Nunez (ministre de l’Intérieur)

> Nous comprenons parfaitement la détresse des agriculteurs mais on ne peut pas tolérer des violences et des dégradations.

 

Catherine Vautrin (ministre des Armées et des Anciens combattants)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée]

Messieurs les présidents de commission, mesdames et messieurs les députés, vos interventions témoignent incontestablement de votre attachement à notre défense nationale. La majorité d’entre vous a évoqué la nécessité absolue de plus d’autonomie, de plus de souveraineté. Monsieur le premier ministre, vous l’avez dit, nous vivons un moment de bascule stratégique : une bascule liée aux incertitudes de l’allié américain ; une bascule à l’Est, où la guerre a ressurgi sur notre continent ; une bascule au Proche-Orient où la situation demeure fragile et peut à tout moment entraîner l’escalade, et une bascule au Sahel, où l’instabilité ne cesse de croître. L’ensemble de ces constats dessinent un monde plus dur, plus brutal.
Face à cela, nous n’avons pas d’autre choix que de réagir résolument en poursuivant la montée en puissance de la loi de programmation militaire. Elle consacre un effort de paix, pour que notre pays reste au niveau de ses alliés et de ses compétiteurs mais, surtout, qu’il puisse garantir son indépendance.
Je m’associe à l’hommage que vous avez rendu à nos forces, aux femmes et aux hommes qui composent nos armées. Beaucoup d’entre vous ont évoqué la notion majeure de souveraineté. Je le réaffirme avec force devant vous : la politique de défense est incontestablement une compétence souveraine de l’État. Dans notre histoire, le respect de cette notion fondamentale n’a pour autant jamais empêché les alliances. C’est d’ailleurs encore d’actualité aujourd’hui.
De la même manière, la dissuasion nucléaire n’a jamais été partagée. C’est une spécificité française et une compétence nationale, dont la doctrine –
 cest important – demeure inchangée depuis 1964, malgré la succession des exécutifs. Notre responsabilité aujourdhui est darticuler la stratégie de dissuasion, aussi bien navale quaéroportée, avec la stratégie de défense conventionnelle. En dautres termes, notre stratégie dindépendance va des fonds marins à lespace. Cest la règle de notre autonomie. Je rappelle que la dissuasion nucléaire est une différence importante avec nos voisins allemands, qui n’en disposent pas.
La souveraineté doit être organisée, mais aussi financée. C’est le sens des surmarches, qui permettent notre réarmement et visent à réduire nos dépendances. Nous avons ainsi déjà relocalisé certaines productions, comme la poudre des obus d’artillerie. Nous nous dotons également de moyens pour renforcer notre autonomie d’appréciation de situation. Les satellites et les radars doivent ainsi nous permettre de disposer d’un système souverain d’alerte avancée.
Jean-Louis Thiériot a évoqué l’Otan. Oui, la France est un allié fiable, solide et reconnu. La réintégration au sein de la structure de commandement s’est faite dans le respect de nos principes fondamentaux d’indépendance absolue de la dissuasion, de liberté d’appréciation et de liberté de décision. La France défend le renforcement du pilier européen de l’Otan. Notre positionnement est unique. Nous le défendons dans le commandement suprême allié pour la transformation, confié à l’amiral Pierre Vandier à Norfolk et en tant que nation cadre en Roumanie pour maintenir la paix sur le flanc Est de l’Europe.
Comme Natalia Pouzyreff l’a rappelé, parmi les programmes de l’Otan, nous soutenons le programme Purl –⁠  Priority Ukraine Requirements Lists – qui permet l’acquisition de matériels avec l’argent des Européens. Ce programme fondamental a toutefois l’inconvénient de ne pas préserver la base industrielle et technologique de défense (BITD) européenne.
Le programme européen pour l’industrie de la défense (Edip) permet des achats en commun de munitions. Il renforce, lui, la capacité de soutien de l’industrie de défense européenne. La préférence européenne est un élément clé et la France ne transige pas, notamment sur les critères de 65 % de composants européens dans les programmes de défense. Nous discutons quotidiennement de ces questions concrètes, qu’il s’agisse du pourcentage des composants européens ou de la conception européenne des programmes de défense.
Mme Darrieussecq a évoqué le soutien à nos armées. Il passe par l’amélioration du quotidien, notamment des logements, des personnels et de leurs familles. Nous mesurons tous l’impact des bases de défense sur chacun des territoires hexagonaux et ultramarins dont vous êtes élus, comme celui des industries.
Sur les surcoûts opérationnels, la provision s’élèvera à 1,2 milliard d’euros en 2026, contre 750 millions en 2025. Il s’agit d’une consolidation, comme l’a dit Yannick Chenevard, d’autant que l’année 2025 n’a connu aucune annulation budgétaire et que la loi de finances de fin de gestion nous permettra d’aller plus loin.
Beaucoup d’entre vous se sont inquiétés des restes à payer. Ils obéissent à un mécanisme qui s’échelonne sur trois ans et demi. Ils sont le résultat des commandes passées par nos armées. La première année, les autorisations d’engagement sont votées. Elles sont ensuite exécutées par des crédits de paiement. Les restes à payer traduisent le montant des commandes payées, soit l’usage des autorisations votées par le Parlement. En d’autres termes, ils illustrent la capacité à exécuter à l’euro près la loi de programmation militaire.
Concernant l’activité opérationnelle, l’actualisation de la LPM accompagne le renforcement de nos capacités. Elle prévoit ainsi une augmentation de la qualité et de la quantité de l’entraînement de nos forces. La commission de la défense de l’Assemblée et celle du Sénat nous le demandaient.
Le budget 2026 prévoit une hausse de 650 millions d’euros par rapport au budget 2025 pour la préparation opérationnelle, soit un total de 8,5 milliards, parce qu’une armée opérationnelle et efficace est une armée entraînée. L’année 2026 sera l’occasion d’un nouvel et important exercice Orion consacré au combat de haute intensité. Voilà des réponses concrètes !
Pour illustrer la soutenabilité et la sincérité de la LPM, je vous donnerai un seul chiffre. Au 30 septembre, la délégation générale de l’armement avait déjà passé des commandes pour un montant de 12,8 milliards d’euros et payé 16 milliards pour des commandes passées. Ce chiffre historique a un double intérêt.
Ce chiffre historique présente un double intérêt : le volume de la commande, bien sûr, mais aussi celui des paiements déjà effectués aux industriels, et qui ruissellent vers l’ensemble de nos territoires. Ce résultat est d’autant plus remarquable que l’exercice 2025 a démarré avec deux mois de retard, après la censure du gouvernement. Malgré cette contrainte, nous avons tenu nos engagements.
Notre base industrielle et technologique de défense, forte de 4 200 entreprises et de 220 000 emplois répartis sur tout le territoire, constitue un atout majeur. Les efforts conjoints du ministère de l’économie et des finances et du ministère de l’industrie ont permis d’améliorer les délais de production et de mieux partager la valeur entre les grandes entreprises et leurs sous-traitants, qui doivent –
 nous y veillons – être pleinement associés non seulement à la commande, mais aussi à la création de valeur, tout comme les territoires concernés.
Je souhaite
également aborder la question de la frappe dans la profondeur. J’évoquais il y a un instant notre spécificité : disposer dun armement conventionnel complet et maîtriser lensemble de la palette balistique  aérobalistique, balistique terrestre et balistique navalisée. La délégation générale de l’armement travaille sur ce sujet, déjà examiné en comité interministériel, et sur lequel nous irons plus loin pour apporter des réponses très concrètes.
S’agissant des infrastructures, l’augmentation des crédits de 2,6 milliards d’euros –
 soit une hausse de 6 % – bénéficie directement à la préparation des forces. Je pense à la formation, avec l’école des sous-officiers, à lhébergement, aux quais destinés au programme Barracuda, aux infrastructures du programme Scorpion, mais aussi à la nécessité de disposer à Mayotte d’infrastructures terrestres et d’une base navale où seront déployés des vedettes de gendarmerie, des éléments de soutien et de commandement, neuf à treize intercepteurs dès 2027, ainsi que 520 personnels supplémentaires.
Par ailleurs, l’inscription dans ce budget –
 sil est voté – dun porte-avions de nouvelle génération permettrait à la France de conforter son rang de puissance maritime et de renforcer sa présence autour de ses outre-mer.
En matière d’équipements nouveaux, les drones occupent une place centrale : plus de 600 millions d’euros y seront consacrés en 2026, soit 33 % de plus qu’en 2025. Ce choix s’appuie sur le retour d’expérience du conflit en Ukraine, où plus de 70 % des destructions proviennent des drones. En la matière, les capacités sous-marines et les robots terrestres sont également indispensables. Dans ce domaine, l’innovation est capitale : c’est un état d’esprit, une organisation, et c’est évidemment de l’argent. C’est pourquoi cette priorité, déjà inscrite dans la LPM, est renforcée dans le cadre des surmarches. Technologies quantiques, armes à effet dirigé, hypervélocité, robotisation : tels sont les armements de demain.
Il reste que, même avec les meilleurs équipements, rien ne serait possible sans les femmes et les hommes de nos armées.
Notre objectif pour 2030 est fixé à 275 000 personnels. Dès 2026, 800 postes supplémentaires seront affectés notamment au cyber et à l’intelligence artificielle. Au total, 40 000 recrutements sont prévus. La formation, dispensée dans 70 écoles et centres, représente 6 millions de journées par an.
Nous consacrerons 86 millions d’euros aux mesures catégorielles destinées à renforcer la fidélisation et la fierté d’appartenance. Après les avancées en faveur des militaires du rang et des sous-officiers, les officiers bénéficieront cette année de nouvelles mesures.
Dans le domaine du service de santé des armées, l’hôpital de rôle 3 permettra une meilleure stabilisation des blessés.
Beaucoup d’entre vous ont évoqué le service national, destiné à rapprocher l’armée et la nation, à renforcer le lien de nos jeunes avec leur pays. Il s’agit d’un service volontaire comportant un mois de formation, suivi de neuf mois de service actif rémunéré. En 2026, il concernera 3 000 jeunes sélectionnés, puis 10 000 en 2030 et 50 000 en 2035.
À l’issue de leur service, une partie d’entre eux rejoindra la réserve, dont vous avez rappelé l’importance : 40 000 réservistes en 2024, 48 000 en 2025, 52 000 en 2026. Le service national constituera ainsi vivier nouveau, composé de jeunes choisis pour leur motivation et leur talent. Ainsi, notre armée reposera sur trois piliers : l’active, la réserve et les volontaires.
Enfin, vous avez évoqué le soutien à l’Ukraine. Dès le premier jour, la France s’est tenue à ses côtés. Je pense aux 3 milliards d’euros de matériels cédés –
 chars, avions, missiles, canons –, à la formation de plus de 19 000 militaires ukrainiens par nos forces, et à la mise à disposition de capacités complètes de combat. Lenjeu est désormais de poursuivre ce soutien par des partenariats industriels, afin daccompagner lUkraine vers une paix juste, conforme à sa volonté.
Nous d
éclinons donc concrètement le projet des armées et la surmarche prévue pour lexercice 2026 de façon cohérente avec la revue nationale stratégique et les retours d’expérience d’Ukraine et des autres théâtres. La programmation budgétaire nous permet de consolider nos capacités fondamentales – entraînement, gestion des effectifs et logistique –, et de renforcer la protection de nos forces et de notre territoire.
Une attention particuli
ère est portée à la défense sol-air, à la lutte antidrones, à la lutte anti-sous-marine et aux menaces nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC). Nous développons des capacités offensives, augmentons lapprovisionnement en munitions, renforçons la frappe en profondeur et préparons les combats de haute intensité. Nous investissons dans le renseignement, domaine essentiel de notre action, dans le domaine spatial et dans les drones d’observation.
Il y va de notre capacité à préserver notre souveraineté et du respect dû à celles et ceux qui s’engagent chaque jour : les femmes et les hommes de nos armées, qui font la fierté de notre pays.

> [Budget de la Défense / Intervention au Sénat]

Défense de la nation, protection des Français, préservation de notre liberté : ce cap dépasse largement les sensibilités politiques.
Les dividendes de la paix appartiennent au passé. Nous devons être au rendez-vous. Nos partenaires, comme nos compétiteurs jugent notre endurance, notre cohésion et notre crédibilité. Chaque jour, les nations réévaluent leur niveau d'exposition et de préparation.
L'année 2022 a marqué une bascule. Nous sommes à plus de 3 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine, entre cessions, formation, maintien en condition opérationnelle (MCO), soutien politique et stratégique. Nous avons des soldats sur le flanc est, pour les opérations Lynx et Aigle, dont les surcoûts sont couverts par la fin de gestion 2025. L'accord du 17 novembre signé entre les présidents Macron et Zelensky porte sur l'équipement de l'Ukraine, à court terme mais aussi à plus long terme, pour assurer durablement la protection de l'Ukraine quand une paix durable aura été signée.
La position du Gouvernement sur l'Otan est très claire : oui à un pilier européen de l'Otan. L'argent des Européens doit aller à la BITD européenne.
Vous savez combien la France a refusé la notion d'une BITD transatlantique.

Tous les pays se réarment, avec des efforts plus ou moins importants, notamment les pays baltes -  on sait qui est leur voisin. La Russie consacre 40 % de son budget à l'effort de guerre !
La stratégie de défense de notre pays est une compétence souveraine de la nation. La France a fait des choix qu'elle est seule à conserver ; nous sommes le seul pays à pouvoir articuler une stratégie nucléaire, tant aéroportée que navale, et une stratégie conventionnelle. Cette doctrine est inchangée depuis 1964.
Notre pays est une grande puissance maritime. Je veux redire l'importance de la protection de nos territoires ultramarins. À ceux qui m'interrogent sur nos grands projets, je réponds qu'une puissance maritime est dotée d'un porte-avions.
Depuis 2017, notre pays a pris le chemin du réarmement. La première LPM était de réparation. Celle qui a été défendue par Sébastien Lecornu a pour objectif de nous réarmer.
Comme le disait le général de Gaulle à Saint-Cyr en 1959, « le Gouvernement a pour raison d'être, à toute époque, la défense de l'indépendance et de l'intégrité du territoire ». Cette phrase n'a pas pris une ride ! C'est le sens de notre engagement.
L'année 2026 sera la troisième année de mise en oeuvre de la LPM. Son actualisation découle de la décision du Président de la République qui a pris acte le 13 juillet dernier de la situation internationale. Dès 2026, nous proposons une rallonge de 3,5 milliards d'euros. Oui, le Gouvernement présentera début 2026 un texte sur les surmarches.
En ajoutant les surmarches au budget initial, l'effort est porté à 6,7 milliards d'euros par rapport à la loi de finances initiale de 2025.
Premier objectif : consolider le socle de nos capacités militaires, l'entraînement, la gestion des effectifs, le soutien logistique.
Le rapport pour avis de M. Cigolotti et Mme Gréaume souligne l'importance pour les armées de durcir leurs conditions d'entraînement.
Deuxième objectif : protéger nos forces et territoires, par la défense sol-air, la lutte contre les drones, la lutte anti sous-marine, notamment.
Troisième objectif : développer nos capacités offensives, avec des approvisionnements suffisants en munitions et des moyens de frappe en profondeur.
Quatrième objectif : renforcer nos capacités de renseignement, avec des drones d'observation et le spatial.
De commandes pour plus de 30 milliards d'euros seront passées pour nos grands programmes, hors dissuasion. Madame Conway-Mouret, les frégates, rafales, drones et blindés ne sont nullement négligés.
Il n'y a eu ni gel ni annulation en 2025. Notre exécution dépasse la loi de finances initiale de 1 milliard d'euros. Le report de charges est en baisse par rapport à 2024, à 20 %.
Le total des commandes passées par la DGA s'élève à 40 milliards d'euros en 2025, pour 24 milliards d'euros de paiements. Élue de terrain comme vous, je suis bien sûr préoccupée par la question des délais de paiement. Nous devons veiller au ruissellement des financements. Les entreprises nous le disent : la DGA paye, mais il faut continuer à travailler avec les sous-traitants. Je sais combien c'est important pour les territoires que vous représentez.
Les surmarches permettront d'aller au-delà ce qui était prévu : commande de milliers de munitions supplémentaires, triplement des livraisons d'obus d'artillerie de 155 mm, doublement des livraisons des missiles de croisière, etc. Monsieur Perrin, j'ai bien en tête le successeur du lance-roquette unitaire (LRU) : il n'est pas question de brader quoi que ce soit ; nous déciderons une fois les essais achevés. Je cite également les missiles balistiques terrestres, les systèmes de défense sol-air, les kits de protection contre les drones, les munitions téléopérées pour le char Leclerc rénové, les brouilleurs de la marine, les satellites...
Les surmarches financeront également la réserve, avec 52 000 contrats en 2026, contre 40 000 en 2024 : nous ne sacrifions rien.
S'agissant du service militaire volontaire, avec 100 millions d'euros, nous prévoyons 3 000 pax en 2026. Un budget de 2,3 milliards est prévu sur 2026-2030, dont 1 milliard pour les infrastructures. Ces jeunes volontaires seront ensuite réservistes pendant cinq ans. Notre armée devient hybride, avec l'active, la réserve et le service militaire volontaire.
Nous devons aussi travailler à l'amélioration des conditions de vie des femmes et des hommes qui composent notre armée, après des décennies de baisses de crédits et de suppressions de postes. Élue, je me souviens des fermetures de bases. Les temps ont changé et nous devons améliorer la fidélisation, avec 159 millions d'euros, sans oublier la question du logement.
Le SSA est doté d'1,8 milliard d'euros. Pour améliorer l'attractivité, nous alignons les rémunérations sur celles de la fonction publique hospitalière.
Des outils existent pour financer l'innovation et créer des synergies public-privé, notamment Definvest et le fonds Innovation défense. Notre base industrielle de défense représente 220 000 emplois et 4 000 entreprises. Nous avons été capables de remettre de la poudre sur les territoires ; nous devons accompagner d'autres entreprises.
Ce budget de la première armée d'Europe n'est pas un budget de circonstance, c'est un budget de responsabilité.
Notre souveraineté et notre modèle de civilisation sont en jeu. Pour nos soldats et pour la France, je vous demande d'approuver ce budget.

 

Roland Lescure (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique)
> Taxe petit colis : L’instauration d’un montant forfaitaire sur les petits colis est une victoire majeure pour l’Union européenne. L’Europe agit concrètement pour protéger son marché unique, ses consommateurs et sa souveraineté.
J'ai porté ce combat avec détermination et conviction, et salue le travail réalisé avec nos partenaires européens pour permettre une entrée en vigueur dès 2026.

> Avec mon collègue Sébastien Martin, nous apprenons avec une profonde tristesse la liquidation judiciaire de Brandt, c’est un fleuron français qui s’éteint.
Nous avons fait feu de tout bois en soumettant 5M€ de soutien pour permettre une reprise. Les collectivités se sont aussi mobilisées. Malgré cela, les autres acteurs indispensables n’ont pas souhaité se positionner pour sauver Brandt.
Chaque fermeture d'usine est un déchirement pour les salariés, les familles et tous ceux qui ont fait vivre un savoir-faire industriel. L’Etat sera extrêmement mobilisé pour accompagner les salariés dans cette douloureuse étape.

> Suspendre la réforme des retraites pour un macroniste historique, et de rentrer en politique en 2016-2017 dans la foulée d'Emmanuel Macron, suspendre la réforme des retraites, ça fait un peu mal au ventre.

> Je reste extrêmement convaincu qu'il faut avoir un déficit de l'ensemble. Sécu-État est à 2,5%. Et donc, avec un déficit de la sécu, vous l'avez dit, qui est plutôt de 24,5 milliards, là où nous on espère à 17,5 milliards, il va falloir trouver des milliards ailleurs dans les comptes de l'État. Et ça, c'est la dernière haie qui nous reste à franchir.

> Je comprends bien qu'on est en train de mettre en œuvre une espèce de changement de culture en France. On n'a pas cette habitude-là. En France, c'est le fait majoritaire. La majorité décide, l'opposition s'oppose sans aucun pouvoir. On est rentré dans un monde différent, où du fait de l'équation politique de l'Assemblée nationale, on doit négocier, mais pas comme des marchands de tapis, comme des parlementaires et un Gouvernement responsable qui cherchent des compromis.

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> C'est fait : la Russie sera privée de ses actifs placés en Europe jusqu’à ce qu'elle cesse sa guerre d'agression et verse des réparations à l'Ukraine. Personne ne décidera à la place des Européens du sort de ces fonds.

> C'est à la diplomatie française que l'on doit l'Accord de Paris sur le Climat, et ses résultats. Depuis 10 ans, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté 3x moins vite que dans la décennie précédente. Elles ont baissé de 20% en France. Des catastrophes évitées, des vies sauvées.

> Dix ans déjà… Et si on regardait tout le chemin parcouru depuis l’Accord de Paris ?
-20% d’émissions de CO2 en France, une trajectoire climatique désormais mieux maîtrisée, et une diplomatie française qui avance sur la biodiversité en haute mer... La dynamique est lancée, la France ne lâche rien.

 

Stéphanie Rist (ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées)
> [Protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] Concernant les faits survenus au foyer Jenner et récemment révélés. Ils m’ont profondément interpellée, en ce qu’ils mettent à nouveau en lumière des dysfonctionnements désormais bien documentés dans certaines structures de la protection de l’enfance.
Dès que j’ai eu connaissance de ces faits, j’ai saisi la procureure de Paris afin qu’ils soient examinés par l’autorité judiciaire. J’ai également engagé une mission de l’Igas –
 lInspection générale des affaires sociales – pour analyser les pratiques professionnelles observées dans la protection de lenfance, et surtout pour identifier les nécessaires évolutions de la formation qui permettraient de mieux prendre en charge les besoins des enfants et des jeunes confiés à laide sociale à lenfance  notamment ceux présentant des traumatismes complexes.
> [Protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] Un travail de refondation de la politique publique de la protection de l’enfance est engagé depuis plusieurs mois. Ce travail est également ma priorité pour les mois à venir. Il sera mené avec toutes les parties prenantes, à commencer par les départements, auxquels revient la compétence en cette matière. Les moyens mobilisés sont importants : 12 milliards d’euros, dont l’utilisation doit faire l’objet d’un examen collectif pour s’assurer qu’ils permettent d’améliorer effectivement la qualité de l’accueil et de la prise en charge de nos enfants.
Je créerai donc, au tout début de l’année prochaine, un comité de suivi consacré à cette refondation. Il intégrera une représentation des parlementaires, ainsi que la commission d’enquête l’a recommandé. Il permettra de préciser les mesures, les modalités et le calendrier de ladite refondation.
C’est dans le cadre de ce plan général de refondation que s’inscrit le projet de loi relatif à la protection de l’enfance élaboré conjointement avec le garde des sceaux, dont la présentation est prévue au premier trimestre 2026. Il me semblait nécessaire de vous en faire part en préambule de l’examen de ce texte.
Nous partageons sur le fond un objectif commun : renforcer l’assistance des mineurs en danger. Je vous remercie donc de mettre ce sujet à l’ordre du jour de votre assemblée. Le gouvernement salue la démarche et l’intention louable de cette proposition de loi, dont l’ambition est d’assurer une meilleure défense et une meilleure représentation de chaque enfant dans la procédure. La protection de l’enfance est une priorité nationale et ministérielle incarnée conjointement par le ministère des familles et le ministère de la justice.
Avec Gérald Darmanin, nous portons un projet de loi dédié à la protection de l’enfance. Il visera à éviter les placements lorsque cela est pertinent, à favoriser l’accueil familial et à donner aux professionnels des outils leur permettant de toujours privilégier la stabilité affective et matérielle de l’enfant.
Concernant votre proposition de loi, je rappelle que le cadre actuel a fait l’objet d’une réforme récente avec l’adoption, en 2022, de la loi dite Taquet. En matière civile comme pénale, notre système juridique offre des garanties substantielles pour l’enfant.
Premièrement, dans le champ civil, le juge des enfants est un juge protecteur : sa mission première est de prendre la meilleure décision pour l’enfant. L’intérêt supérieur de l’enfant est le critère fondamental de toute décision judiciaire. Ce principe est gravé à l’article 375-1 du code civil. Le juge des enfants demeure, tant par vocation que par formation, l’un des premiers garants de l’intérêt supérieur de l’enfant. S’il doit toujours s’efforcer d’obtenir l’adhésion de la famille à la mesure envisagée, sa décision n’est prise que pour l’enfant. Je réaffirme ainsi, dans le respect des différentes sensibilités qui s’expriment, que juge et avocat ne se situent pas dans une logique d’opposition, mais dans deux registres complémentaires au service de l’enfant.
Il ne s’agit donc en aucun cas de laisser entendre qu’un enfant dans une situation d’assistance éducative aurait à se défendre contre le juge des enfants. Cela ne correspond ni à l’esprit de la loi, ni à la réalité des pratiques. De même, la place de l’avocat est précieuse pour garantir que la parole de l’enfant soit portée et pleinement entendue.
Deuxièmement, dans notre procédure civile, la parole de l’enfant est au cœur du dispositif d’assistance éducative. Le juge des enfants a l’obligation légale d’auditionner le mineur. Cette audition, individuelle depuis la loi Taquet, est systématique pour le mineur capable de discernement. Elle garantit une expression libre et sans pression de la volonté de l’enfant. Lors de cette audition, l’enfant se voit systématiquement rappeler son droit à être assisté par un avocat. Le mineur capable de discernement a le droit de le choisir lui-même, dans une volonté de lui offrir une réelle capacité d’expression et d’autonomie. Il peut également demander au bâtonnier de lui en désigner un d’office. Pour l’enfant, l’avocat est un auxiliaire de justice spécialisé dans la défense. Son intervention est rétribuée par l’aide juridictionnelle, le plus souvent totale pour le mineur –
 le budget de l’État rémunère lavocat.
Pour le mineur non capable de discernement, la protection passe par l
administrateur ad hoc. Il est désigné lorsque les intérêts du mineur sont en opposition avec ceux de ses représentants légaux, et il le représente alors dans tous les actes de la procédure. Cela lui permet d’ailleurs de mandater un avocat. L’administrateur ad hoc est un acteur clé : le ministère de la justice présentera un plan de revalorisation au printemps 2026.
Troisièmement, l’assistance juridique se distingue de l’accompagnement social. Le rôle de l’avocat se concentre sur l’assistance procédurale et la défense en audience. Il assiste l’enfant à l’audience devant le juge des enfants. Une fois l’audience terminée et la décision rendue, sa mission légale s’achève. Ce constat n’enlève rien à l’importance de son travail. L’avocat s’inscrit dans un dispositif mobilisant de nombreux professionnels. Cependant, il ne peut  se substituer aux professionnels de l’aide sociale à l’enfance : il n’a pas pour mission d’assurer le suivi social, éducatif ou psychologique de l’enfant. L’accompagnement quotidien et le suivi reviennent aux services spécialisés de l’ASE. La systématisation de l’avocat ne doit pas conduire à créer une illusion d’accompagnement, hors de sa vocation juridique.
Systématiser le recours à un avocat est un changement de modèle qui se comprend intellectuellement. Mais, quatrièmement, cette proposition suppose, outre un effort budgétaire important, la mobilisation de moyens humains qui ne pourront pas être déployés à court terme. Aussi, sans proposition de financement et de déploiement opérationnel sécurisés, ses objectifs ne pourront peut-être pas être poursuivis de façon optimale. Elle pourrait aussi déstabiliser le financement de toute l’aide juridictionnelle.
Par ailleurs, le gouvernement a consenti des efforts importants pour renforcer la justice des mineurs, notamment en augmentant le nombre de juges des enfants. Il serait regrettable que ces avancées soient compromises par une évolution trop rapide du dispositif. Enfin, systématiser le recours des enfants à un avocat risque de désorganiser et de saturer nos juridictions. En effet, l’obligation de présence de l’avocat entraînerait des renvois d’audience et des délais allongés liés à sa disponibilité, en particulier dans les petits barreaux.
Les conséquences seraient contraires à l’intérêt de l’enfant.
Pour toutes ces raisons, le gouvernement soutiendra une expérimentation limitée à un nombre restreint de tribunaux volontaires, pendant deux ans. Elle permettrait de chiffrer précisément l’impact réel de cette systématisation et de mesurer les besoins d’organisation. Nous nous engageons en parallèle à un plan national de revalorisation des administrateurs ad hoc. Cette mesure immédiate et soutenable renforcera la protection là où elle est la plus critique. Vous l’aurez compris, le gouvernement est favorable à l’idée mais prudent quant à sa généralisation, pour ne pas déstabiliser les juridictions. L’expérimentation permettra une application concrète et réalisable de la mesure que vous proposez.

> [Budget de la santé / Intervention au Sénat] Cette mission incarne, à côté du budget de la sécurité sociale, notre ambition pour un système de santé plus solide, plus innovant et plus proche des attentes des Français. Les crédits atteignent 1,67 milliard d'euros.
Le programme 204 « Prévention, sécurité sanitaire et offre de soins » se voit affecter 214 millions d'euros en CP. Il a pour objet de coordonner nos opérateurs, l'Inca et l'Anses. La dotation de l'Inca augmente de 9,6 millions d'euros pour prendre en compte le bon déploiement des registres nationaux du cancer, prévus par une récente loi.
Le soutien à la recherche et l'innovation est essentiel. Il faut soutenir les travaux interdisciplinaires. Le programme 204 finance des initiatives portées par des acteurs institutionnels et associatifs.
Nous voulons aussi renforcer la gestion des crises sanitaires. Cela passe par la formation des agents, l'appui à Corruss (centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales) et la constitution de stocks stratégiques européens.
Le programme participe aussi à la modernisation de l'offre de soins. Nous défendons, avec le Premier ministre, la création du réseau France santé. Nous renforçons les services d'accès aux soins.
Concernant l'outre-mer, le Gouvernement déposera un amendement pour financer l'acquisition d'un scanner à Wallis-et-Futuna et garantir le fonctionnement de son agence de santé.
Le Gouvernement défendra un amendement pour augmenter les crédits de 215 millions d'euros, afin de financer de nouvelles places en institut de formation en soins infirmiers (Ifsi).
Le programme 183 traduit l'effort de la solidarité nationale pour les plus vulnérables. Il s'agit en particulier de financer le fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (Fiva) et l'AME. Ces crédits sont reconduits avec les mêmes montants depuis la loi de finances 2024.
L'AME a un triple objectif : humanitaire, sanitaire et budgétaire. Elle contient la propagation de maladies contagieuses et favorise une prise en charge précoce qui évite des hospitalisations tardives, plus coûteuses. Claude Évin et Patrick Stefanini ont formulé des propositions pour prévenir les abus. Les travaux doivent se poursuivre.
Le programme 379 permet de reverser à la sécurité sociale les crédits européens. Quelque 6 milliards d'euros sont investis sur cinquante ans dans nos établissements de santé et Ehpad et dans des outils numériques en santé.
Nous conjuguons redressement des finances publiques et garantie des droits pour les plus vulnérables. Nous oeuvrons pour la prévention, la sécurité sanitaire et une offre de soins de qualité sur tout le territoire.

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> Dans la lutte contre les violences faites aux femmes, les magistrats sont en première ligne. Aujourd'hui, je signe avec l’École nationale de la magistrature, une convention pour renforcer leur formation initiale et continue: violences conjugales, sexuelles, économiques, psychologiques, numériques, intrafamiliales, mécanismes d'emprise, de domination et dynamiques de peur. Ils seront aussi mieux formés sur la prise en compte de la parole des victimes ou les risques de récidive. Notre engagement est total.

> Jamais nous ne nous habituerons aux violences faites aux femmes. Ni impuissance, ni indifférence. J'ai réuni en Gironde les professionnels du droit et de la justice, les forces de l'ordre, les professions de santé, les associations, les élus pour comprendre et surtout agir.

 

Mathieu Lefevre (ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature chargé de la Transition écologique)
> Souveraineté, emplois, transition écologique : la filière forêt-bois est au cœur de nos priorités.

> Avec Monique Barbut ce matin devant les DREAL pour leur redire un mot d’ordre : simplifier, simplifier et simplifier ! Pas pour détricoter ou pour déréguler, mais pour tout faire au service de l’économie verte et de la transition industrielle.

 

David Amiel (ministre délégué auprès de la ministre de l’action et des comptes publics chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l’État)
> Adoption de la proposition de loi renforçant la protection sociale des agents publics territoriaux : une bonne nouvelle. Dialogue social et compromis parlementaire à l'oeuvre pour nos agents des services publics de proximité.

 

● Autres ministres
Monique Barbut (ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature

> Verkor est un symbole.
Celui d’une industrie automobile qui réussit sa transition vers l’électrique tout en produisant et en créant de l’emploi en France, malgré un contexte international très compétitif.
Les salariés et les dirigeants de Verkor démontrent que la transition écologique est aussi une opportunité industrielle majeure.
En inaugurant cette première usine française de batteries automobiles, nous faisons entrer notre pays dans l’avenir industriel d’une Europe décarbonée, en créant des milliers d’emplois et en consolidant une filière stratégique pour notre souveraineté.

 

Annie Genevard (ministre de l'Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire)
> [Dermatose bovine] Dans cette crise sanitaire majeure, ma priorité absolue sont les éleveurs. Ceux dont le troupeau est frappé comme ceux qui vivent chaque jour avec la crainte de voir la maladie arriver chez eux. Depuis l’apparition de la DNC, ma politique est celle de la concertation, avec les représentants de filières, les scientifiques, les vétérinaires, les groupements de défense sanitaire, les syndicats. C’est ainsi, et seulement ainsi, que chaque décision est prise, conformément aux réalités de terrain et à la science. Il ne nous est pas permis de faire autrement : la meilleure chance donnée au virus serait une politique sanitaire menée au doigt mouillé. J’alerte : nous sommes aujourd’hui engagés dans une véritable course contre la montre contre le virus. Deux nouveaux foyers, éloignés des précédents, montrent qu’il circule. Le risque, c’est le débordement. C’est pourquoi, j’ai décidé la mise en place d’une zone vaccinale élargie, avec vaccination obligatoire de tous les bovins, intégralement prise en charge par l’État, et des mouvements strictement encadrés. Dans ce cadre, le dépeuplement est un arrachement, pour les éleveurs comme pour moi, autant qu’il est un dernier recours. La discipline collective et le respect scrupuleux des règles mises en place reste notre meilleure chance d’éviter ces drames humains. Aussi, je condamne sans réserve les actions d’une minorité qui, hier, a dégradé la propriété de deux éleveurs qui avaient consenti au dépeuplement, et tenté d’entraver une politique sanitaire destinée précisément à protéger l’ensemble des éleveurs français. Ces actes sont irresponsables. Ils mettent en danger une stratégie qui fonctionne déjà, puisqu’elle a permis de lever trois zones réglementées en ne dépeuplant que 0,02 % du cheptel national. Les manquements de quelques-uns peuvent anéantir les sacrifices consentis par tous, y compris par les éleveurs les plus exposés. L’objectif est clair, stopper la circulation du virus, éviter de nouveaux foyers et préserver l’élevage français. L’État n’abandonnera jamais les éleveurs contraints de dépeupler. Chacun d’entre eux reçoit une indemnisation à la hauteur des pertes et un accompagnement humain dans une logique constante de repeuplement et d’avenir.

> [Dermatose bovine] Madame Le Pen, Vous affirmez que les agriculteurs n’ont pas été concertés. C’est faux. Depuis le début de la crise de la DNC, j’ai convoqué 4 parlements du sanitaire, dont un encore ce mardi, pour réunir l’ensemble des acteurs : éleveurs, chambres d’agriculture, organisations syndicales, filières, vétérinaires, groupements de défense sanitaire, coopératives, banques, commerçants de bestiaux, laboratoires, ANSES, services de l’État. La stratégie sanitaire et vaccinale a été construite et validée collectivement. Je prends acte avec regret que vous cherchez à polémiquer plutôt qu’à rassembler. Ce qui n’aidera ni les éleveurs, ni l’éradication de la maladie.

> [Dermatose bovine] Je ne laisserai aucun éleveur seul face à la maladie. Voir des éleveurs perdre leur troupeau, c'est un déchirement. Notre seule obsession face à cette grave maladie est de protéger le cheptel bovin français.

 

Edouard Geffray (ministre de l’Education nationale)
> La santé mentale des élèves est l'une de mes trois priorités.
Alors qu'un jeune sur trois connaît au cours de sa jeunesse des troubles anxieux ou dépressifs, j'étais ce matin au lycée Pablo Neruda de Saint-Martin-d'Hères, à la rencontre d'une communauté éducative particulièrement engagée en faveur de la santé mentale des élèves :
- 24 personnels form
és, notamment aux premiers secours en santé mentale ;
- un espace de répit, le refuge, où les élèves peuvent se reposer et discuter avec l'infirmière scolaire ou la psychologue et où... le smartphone est interdit ;
- un conseil de vie lycéenne, une maison des lycéens et des professeurs et personnels engagés dans des projets, qui permettent de vraies relations sociales ;
- des élèves qui ont témoigné de l'apport du théâtre, de l'éloquence et autres ateliers d'expression pour leur confiance en eux ; des mots contre les maux.
- un protocole clair mis en place dans les établissements pour définir le rôle de chacun.
Bientôt, la prise en charge sera plus rapide lorsque nécessaire, grâce au travail conjoint mené avec le ministère de la Santé et les partenaires de l’École.
En 2026, on continue. Psychologues, assistants sociaux, infirmiers : 300 postes supplémentaires sont prévus pour renforcer notre présence auprès des élèves.

> La démocratie scolaire vit au sein du Conseil national de la vie lycéenne (CNVL) !
Comment ? Il existe des élus lycéens aux différents niveaux du ministère : au sein des lycées (le conseil de vie lycéenne), à l'échelle académique (le conseil académique de la vie lycéenne) et au niveau national. Le principe est toujours le même : des lycéennes et lycéens sont élus par leurs pairs pour travailler ensemble et faire des propositions pour améliorer les politiques éducatives à destination des lycées.
J'ai été heureux de pouvoir longuement échanger avec les élèves du CNVL, qui portent la voix des plus de 2,3 millions de lycéens partout en France. Au menu : laïcité, lutte contre les inégalités, téléphone portable, santé psychique des élèves.
Sur tous ces sujets, les élus lycéens avaient des questions et des propositions, sur lesquelles je vais pouvoir travailler. Merci à eux et aux délégués académiques qui contribuent à leur formation et à la qualité de leurs débats !

 

Vincent Jeanbrun (ministre de la Ville et du Logement)
> [Retrouver la confiance et l’équilibre dans les rapports locatifs / Intervention à l’Assemblée] Il y a en France une crise du logement que nul n’ignore. Les difficultés d’accès au logement sont réelles et concernent désormais tous nos concitoyens, en particulier les classes moyennes. Le logement constitue le premier poste de dépense des ménages et représente un véritable enjeu de pouvoir d’achat pour les familles françaises. L’accès à la propriété est plus difficile encore pour les primo-accédants qu’il ne l’était il y a quelques années, ce qui emporte des conséquences sur les projets de vie de famille, en particulier parmi les jeunes générations. Le contexte économique d’il y a quinze, vingt ou trente ans était bien plus favorable aux primo-accédants qu’il ne l’est de nos jours. La rotation dans le parc social en est d’autant plus grippée.
Les parlementaires, aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat, se sont saisis de cette question majeure, qui constitue l’une des préoccupations principales des Français. C’est pourquoi je suis heureux de travailler régulièrement avec presque tous les groupes des deux assemblées pour chercher des solutions à la crise du logement. Nous partageons, je crois, le constat qu’il est nécessaire de relancer la production de logements par un choc d’offre et de simplification.
Le logement social et le logement privé fonctionnent en symbiose ; les crises que nous venons de traverser le montrent. C’est pourquoi la construction de logement social ne peut exister sans le soutien des opérations privées, et réciproquement, d’où l’importance de soutenir des dispositifs comme le statut du bailleur privé. Ma volonté est d’accroître la construction de logements, sociaux comme privés, aussi le gouvernement est-il prêt à consentir certains efforts financiers. Il l’a fait dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) pour 2026 s’agissant de la réduction de loyer de solidarité (RLS) ou encore du financement du Fnap –
 le fonds national des aides à la pierre –, un bon outil qui permet de mutualiser une partie des ressources entre les bailleurs et qui donne une prime à ceux qui construisent ou rénovent le plus. La création du statut du bailleur privé est, elle aussi, conçue comme un moyen de soutenir la construction et la rénovation ; je rappelle à cette noble assemblée quun quart des familles françaises sont logées par des petits bailleurs. Je salue le député Mickaël Cosson, qui a produit avec le sénateur Marc-Philippe Daubresse un excellent rapport ayant inspiré ce beau dispositif. Par ailleurs, 80 % des logements qui seront disponibles en 2050 existent déjà, d’où l’absolue nécessité de dispositifs qui accompagnent leur rénovation et leur remise à niveau. Ainsi, il nous faut encourager les initiatives de concitoyens à investir dans la pierre.
L’occasion d’en débattre ensemble aujourd’hui est très précieuse à mes yeux, étant donné la crise du logement et la nécessité de trouver des solutions. Le logement est en effet un enjeu économique, social et humain. C’est un pilier de notre cohésion nationale. Il participe à la revitalisation des centres-villes, renforce les liens entre nos territoires –
 quils soient urbains, périurbains ou ruraux – et permet de rapprocher lhabitat des emplois, des transports et des services publics. Le logement façonne l’équilibre de nos vies comme celui de nos territoires ; il conditionne lattractivité de nos villes et de nos villages.
Il s
agit dun enjeu économique, parce qu’il mobilise des artisans, des entreprises locales, des filières de matériaux, des professionnels du bâtiment, de l’immobilier et de l’aménagement. Ce sont des emplois non délocalisables, des savoir-faire ancrés dans nos territoires, qui irriguent une large partie de notre économie. C’est aussi un enjeu social et profondément humain, car le logement reste un besoin vital à tous les âges de la vie, peu importent les trajectoires de vie. Il s’agit bien trop souvent de la première cause de précarité ; je le constate chaque semaine lors de mes différents déplacements. Les besoins en la matière évoluent au cours de la vie, aussi est-il nécessaire de prévoir des logements abordables pour les étudiants, des solutions flexibles pour les saisonniers, des habitats pour les familles, des logements sécurisés et adaptés pour les personnes âgées. Il est de notre responsabilité commune de permettre à chacun de se loger et de vivre dignement.
Enfin, le logement contribue à l’aménagement du territoire : il permet de revitaliser les communes, d’offrir de nouvelles perspectives, et accompagne souvent l’implantation des entreprises. À chacun de mes déplacements, on me donne des exemples d’entreprises hésitant à s’installer dans un territoire car, si elles ont les ressources foncières d’y installer leur siège ou leurs usines, elles ne pourraient y loger correctement leurs salariés ; le risque de voir disparaître ces investissements dans nos territoires est trop élevé.
L’intitulé du texte que nous examinons soulève la question majeure de la relation de confiance et de l’équilibre dans les rapports locatifs ; M. le rapporteur a donc raison de souligner que le débat sera une question d’équilibre. Comme il l’a rappelé, l’expérimentation sur l’encadrement des loyers, issue de l’article 140 de la loi Elan, prendra fin le 25 novembre 2026.
Si le gouvernement comprend parfaitement la nécessité de légiférer sur l’encadrement des loyers avant la fin de l’expérimentation, qui surviendra à un moment où le calendrier législatif sera très contraint, il ne ressent pas le besoin pressant de le faire dès aujourd’hui. En effet, nous sommes entrés dans la phase de bilan de l’expérimentation.
Pour pouvoir tirer de manière aussi objective et complète que possible tous les enseignements et conséquences de cette expérimentation et pour en identifier les effets sur le niveau des loyers et sur l’offre locative, le gouvernement –
 en la personne de ma prédécesseure Valérie Létard, que je salue – a décidé, au début de cette année, de confier une mission d’évaluation du dispositif à deux économistes. Le gouvernement entend donc sappuyer sur les conclusions de cette mission, attendue pour le début de l’année prochaine, pour ensuite établir un bilan, qu’il devra en vertu de la loi transmettre à votre noble assemblée six mois avant le terme de l’expérimentation. Je regrette que ce débat intervienne quelque peu prématurément : la mission confiée aux économistes Gabrielle Fack et Guillaume Chapelle doit permettre d’évaluer cette expérimentation partout où elle a été mise en place pour déterminer s’il convient de poursuivre, d’étendre et potentiellement d’enrichir le dispositif.
Cette évaluation demandée par le gouvernement doit permettre d’établir les effets sur l’offre, sur la demande et sur les flux du marché du logement. Elle sera remise en début d’année 2026. Vous pouvez compter sur notre engagement de légiférer, avant la fin de l’expérimentation, pour éviter tout vide juridique. Autrement dit, l’évaluation qui est en cours doit nous servir d’étude d’impact ; or je connais l’attachement du Parlement à disposer de véritables études d’impact avant de légiférer.
La lettre de mission datée du 17 février 2025 relative à cette évaluation est très claire. La mission a pour objectif d’évaluer, pour chaque territoire engagé dans l’expérimentation, dans quelle mesure celle-ci a contribué à l’atteinte de ses objectifs, en analysant les effets sur le prix, sur l’offre de logement, sur la qualité des logements et sur l’allocation spatiale et la mobilité des locataires.
Il me semble également pertinent d’évoquer le fait que plusieurs études ont été publiées ces derniers mois sur le sujet. L’une d’entre elles, menée par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) et par le Centre d’économie et de sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux (Cesaer), concerne la ville de Paris ; elle conclut à l’efficacité du dispositif pour limiter les augmentations de loyer.
Une autre, concernant les villes de Lyon et Lille et menée par l’observatoire Clameur –
 Connaître les loyers et analyser les marchés sur les espaces urbains et ruraux –, conclut au contraire à son inefficacité pour influer sur la trajectoire des loyers. Non seulement ces deux études se contredisent, mais surtout elles ne se prononcent pas sur un point essentiel : leffet de lencadrement des loyers sur loffre de logements disponibles.
C’est la raison pour laquelle la remise des conclusions de la mission Fack-Chapelle est d’une impérative nécessité. Nous ne sommes pas encore en mesure de détailler l’effet de l’encadrement des loyers sur l’offre de logements disponibles. Cela démontre bien l’intérêt intellectuel et scientifique de disposer de résultats économiques précis et objectifs.
Ce contexte général ayant été rappelé, je salue bien évidemment l’initiative de M. le rapporteur, dont la proposition de loi s’appuie sur une mission flash –
 que je salue tout autant – quil a menée aux côtés de Mme Annaïg Le Meur. Le calendrier que je viens de rappeler mamène toutefois à formuler une première observation : le texte soulève de vraies questions auxquelles nous ne pourrons pas répondre dès aujourdhui de manière satisfaisante et complète. Pour pouvoir légiférer en toute connaissance de cause, il aurait été préférable de décaler de quelques mois les travaux que vous vous apprêtez à mener. Cela nous aurait permis de disposer des résultats de lévaluation en cours et d’en tirer les conséquences.
Par ailleurs, j’attire votre attention sur le fait que le débat dépasse de loin la seule prolongation de l’expérimentation de l’encadrement des loyers : la proposition de loi ne tend pas simplement à faire passer dans le droit commun la mesure expérimentée. En effet, l’article 1er du texte vise à étendre à toutes les communes situées en zone tendue et à leurs communes limitrophes l’accès au dispositif, sans autorisation de l’État, mais aussi à supprimer les critères légaux qui encadrent le dispositif actuel. Ces critères sont au nombre de quatre : il doit y avoir un écart important entre le niveau moyen de loyer constaté dans le parc locatif privé et le loyer moyen pratiqué dans le parc locatif social –
 ce point me semble important – ; le niveau du loyer médian doit être élevé ; le taux de logements en chantier, rapporté aux logements existants sur les cinq dernières années, doit être faible ; enfin, les perspectives de production pluriannuelle de logements inscrites dans le programme local de l’habitat (PLH) doivent être limitées et peu susceptibles d’évoluer. Ces quatre critères ne sont pas négligeables, car ils constituent, me semble-t-il, des garde-fous minimaux. Il me semble nécessaire de porter ces éléments à votre connaissance, car l’adoption de la mesure emporterait le risque, en pratique, que le dispositif soit appliqué sans analyse poussée dans un grand nombre de communes et produise une dégradation généralisée de l’offre de logement.
Comme vous le savez, le premier ministre souhaite présenter un projet de loi de clarification, de simplification et de décentralisation dès le mois de janvier.
Dans un tel contexte, il apparaît difficile d’imposer un contrôle des candidatures des collectivités, lesquelles prendraient leurs responsabilités. Autrement dit, au-delà de la question du périmètre, le texte propose de pérenniser dès maintenant l’expérimentation et de la laisser à l’initiative des collectivités, sans reprendre les critères objectifs précités. Cela ne me paraît pas raisonnable.
L’instauration de l’encadrement des loyers dans un territoire donné résulte d’un dialogue entre les collectivités et l’État. Dans le cadre du dispositif actuel, la collectivité souhaitant expérimenter la mesure dépose une candidature qui est instruite par les services de l’État, sur la base de critères définis par la loi. Si les critères sont remplis, le périmètre soumis à encadrement est ensuite défini par décret. Ce processus a le mérite de vérifier que le territoire proposé à encadrement présente certaines caractéristiques pouvant justifier le dispositif, comme le niveau de loyer médian ou l’insuffisance des perspectives de construction de logements.
La proposition de la loi tend à décentraliser le dispositif –
 cela me semble aller dans le bon sens, car je suis par principe favorable à la décentralisation –, mais aussi à le déconditionner, ce que je nestime pas raisonnable à ce stade. Linstauration dun encadrement des loyers sans condition liée au niveau du loyer ou aux perspectives de construction pourrait d’ailleurs rendre les délibérations de la collectivité vulnérables au contentieux. Là encore, l’évolution proposée est très structurante : elle modifie en profondeur l’esprit du dispositif, le faisant passer d’une forme expérimentale réservée à certains territoires sur décision conjointe des collectivités et de l’État à un système pérenne à la main des collectivités, sans vraiment établir de conditions préalables à cette régulation des prix du marché immobilier. Il est important de bien mesurer l’ampleur de l’évolution envisagée et de pouvoir l’éclairer par des analyses économétriques.
En outre, en dehors des zones de tension locative, les territoires ne sont pas couverts par un observatoire des loyers. Permettre l’encadrement des loyers en l’absence d’un outil fiable d’observation des prix me semble revêtir l’allure de l’arbitraire ou, en tout cas, en prendre le risque. Comment une collectivité pourrait-elle motiver sa décision d’encadrer les prix sans les avoir au préalable observés et analysés ?
J’en viens à l’intégration du coliving dans le dispositif, prévue par la proposition de loi en son article 1er, alinéa 21. Le fait pour un logement d’appartenir à une résidence en coliving ne l’exonère pas de l’application de l’encadrement du niveau des loyers, et ce, que le logement relève de la résidence-services définie à l’article 631-13 du code de la construction et de l’habitation – sil est autonome – ou de la colocation à baux multiples régie par larticle 8-1 de la loi du 6 juillet 1989 sil nest pas autonome car disposant seulement dune cuisine ou dune salle de bains communes.
Je rappelle que le coliving est souvent une offre clefs en main pour les salariés d’une entreprise, à la demande de cette dernière. Cette solution peut donc présenter un intérêt en matière d’emploi et même parfois de compétitivité. Il faut donc aborder cette question avec prudence.
Par ailleurs, le texte prévoit de plafonner à 20 % du loyer de référence majoré le montant du complément de loyer et à encadrer le montant et la nature des surfaces annexes –
 caves, balcons, etc. –  pouvant donner lieu à un complément de loyer.
Je vous invite
à être vigilants sur ce point, car nous ne pouvons exclure un risque réel de censure par le Conseil constitutionnel au vu de latteinte que ces dispositions pourraient porter au droit de propriété  fondamental dans notre société.
Je ne d
étaillerai pas ici l’ensemble des dispositions de la proposition de loi – dont certaines vont, je le crois, dans le bon sens –, car nous aurons loccasion de le faire lors de lexamen des amendements.
Toutefois, il me para
ît important dappeler votre attention sur le fait que, dans un contexte de crise du logement  en particulier de loffre locative – aucune mesure ayant pour effet de modifier l’équilibre actuel des rapports locatifs nest anodine.
L
ensemble de ces considérations me conduisent à vous indiquer  vous laurez compris – quil me paraît plus avisé d’attendre la remise des conclusions de la mission confiée aux économistes afin de se prononcer en ayant la vision la plus complète possible. L’enjeu est que la décision publique puisse se fonder sur des analyses robustes afin que les suites soient données de manière aussi éclairée que possible.
Le logement est un sujet extrêmement sérieux –
 et la crise du logement lest encore plus.
Sachez donc, pour finir, que la position que je viens d
exprimer nest pas exclusive dun engagement clair de la part du gouvernement de traiter cette question avant la fin de lannée 2026. Je comprends votre combat, mais il me semble un peu prématuré de le mener aujourdhui (

 

Sébastien Martin (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique chargé de l’Industrie)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée] Comme Catherine Vautrin l’a rappelé à l’instant, de nombreux orateurs ont souligné que ce débat consacré à la défense est aussi un débat sur notre industrie de défense. Celle-ci joue un rôle essentiel dans nos territoires, avec 4 200 entreprises et 220 000 emplois, et ses acteurs doivent répondre à la montée en puissance demandée par la nation.
Des industriels s’organisent déjà pour augmenter leurs cadences. Le canon Caesar est désormais livré en quinze mois, contre trente auparavant. Le plan de modernisation des sites industriels français de MBDA vise à accroître encore les capacités de production. Dassault a reconfiguré ses usines pour augmenter les cadences de production des Rafale et Thales a réduit de dix-huit à six mois les délais de fabrication de certains radars.
Une loi de programmation militaire présente plusieurs intérêts. Dégagée de la contrainte de l’annualité budgétaire, elle offre une visibilité pluriannuelle aux entreprises. Elle permet de raccourcir les délais administratifs et accélère les commandes. Elle mobilise davantage les mécanismes de préfinancement et de cofinancement, notamment avec l’Union européenne, tout en garantissant notre indépendance stratégique et la préférence européenne, comme l’ont rappelé le premier ministre et la ministre des armées. Ces leviers permettront à notre BITD d’être au rendez-vous et de bénéficier pleinement des moyens supplémentaires qui lui seront alloués.
Vous êtes également très nombreux à vous interroger sur la manière dont la direction générale de l’armement, la direction générale des entreprises (DGE) et les services de Bercy peuvent permettre à davantage d’entreprises duales ou purement civiles de contribuer à l’effort industriel de défense.
La DGE et la DGA travaillent de concert pour recenser toutes les entreprises civiles susceptibles de répondre aux demandes de production de la BITD ou d’intégrer les chaînes de commande existantes. La DGA a défini une liste d’activités correspondant aux besoins, et la DGE a établi une cartographie des entreprises capables d’y répondre et susceptibles de devenir duales.
La DGE et les services économiques des régions ont d’ores et déjà contacté une première liste d’entreprises et identifié une dizaine de projets potentiels, qui feront l’objet de décisions des donneurs d’ordre d’ici à la fin du premier trimestre 2026.
J’ai également demandé aux services de Bercy d’identifier, parmi les entreprises en difficulté, celles qui pourraient diversifier leur production. Vous êtes très nombreux à m’avoir saisi directement à ce sujet. Sachez que nous y travaillons, en lien avec les conseils régionaux, afin d’identifier les besoins de formation, notamment dans la filière du soudage. Avec les organisations et les filières professionnelles, il nous appartient d’apporter des réponses au plus près des territoires.
Enfin, pour répondre à une autre interrogation, je réunirai à Bercy, le 16 décembre prochain, les entreprises concernées par les métaux stratégiques et les terres rares. Dans la continuité des engagements pris en 2022, nous engagerons avec Roland Lescure une deuxième phase de notre plan stratégique d’autonomie dès le début de l’année 2026.

 

Charlotte Parmentier-Lecocq (ministre délégué de la ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées chargée de l’Autonomie et des Personnes handicapées)
> [Protection des mineurs isolés et lutte contre le sans-abrisme / Intervention à l’Assemblée] Cette proposition de loi touche un sujet sensible, la situation des jeunes se revendiquant mineurs non accompagnés qui, n’étant pas reconnus comme mineurs au terme de la procédure d’évaluation, ne bénéficient pas de l’accompagnement de l’ASE pendant l’instruction de leur recours contre la décision de refus de prise en charge.
Chacun mesure la complexité et la diversité des situations. Je veux commencer par reconnaître que ce problème existe et que nous devons collectivement y trouver des réponses.
Ce texte propose de maintenir les jeunes reconnus comme majeurs dans les services départementaux de protection de l’enfance durant leur recours éventuel auprès de l’autorité judiciaire. Selon nous, ce n’est pas la voie la plus pertinente.
Le gouvernement est pleinement mobilisé sur le sujet. Permettez-moi de rappeler quelques éléments concrets qui le montrent. D’abord, nous avons ancré la phase de mise à l’abri et d’évaluation des jeunes se déclarant mineurs dans le champ de la protection de l’enfance.
Ensuite, les garanties de cette étape ont été renforcées et l’État a augmenté son soutien financier aux départements qui la réalisent : 500 euros par jeune pour financer l’évaluation sociale et l’évaluation initiale des besoins en santé, 90 euros par jour pour la mise à l’abri pendant quatorze jours, puis 20 euros par jour pour neuf jours supplémentaires. Ces montants significatifs permettent aux départements de constituer des équipes d’évaluation plus solides et plus formées, et de sécuriser la mise à l’abri.
Nous avons aussi amélioré les garanties de la procédure d’évaluation, qui a été confortée par un décret en 2023. Un temps de répit est prévu en amont des entretiens d’évaluation, pour permettre aux jeunes d’appréhender ceux-ci dans de meilleures conditions. Les besoins en santé des jeunes seront identifiés à l’occasion de cette phase et les professionnels veilleront à leur garantir que les éléments obtenus à cette occasion ne pourront pas être utilisés pour évaluer leur situation de minorité et d’isolement.
Par ailleurs, plusieurs principes ont été confortés. Je pense à l’harmonisation de l’évaluation, au travers de l’approbation par arrêté d’un référentiel national d’évaluation de la minorité et de l’isolement.
Je pense aussi à la formation renforcée des évaluateurs, d’une durée minimale de vingt et une heures, portant notamment sur la psychologie de l’enfant, les spécificités de l’approche interculturelle, les techniques d’entretien et le processus d’évaluation dans son déroulement chronologique, le contexte géopolitique et les parcours de migration, ainsi que sur le droit de la protection de l’enfance, du séjour et de l’asile. Il faut enfin évoquer l’accès aux interprètes et l’encadrement strict du recours aux examens médicaux, conformément à la décision du Conseil constitutionnel.
Nous avons soutenu la coordination entre l’État et les départements, à travers les conventions et les outils d’appui. Ainsi, l’État et les départements travaillent désormais de manière plus lisible. Ces évolutions s’inscrivent dans une logique simple, celle d’assurer la fiabilité des évaluations et le respect des droits du jeune.
Pour cela, les observations récentes de la Cour européenne des droits de l’homme et de la Défenseure des droits ont été des points d’appui. Elles ont permis d’améliorer la diligence des évaluations, la garantie d’un entretien individuel, la traçabilité des décisions ainsi que l’accompagnement linguistique et social pendant la procédure.
Autrement dit, ces avis ont accompagné la modernisation du système pour que notre cadre juridique, validé récemment par la Cour européenne des droits de l’homme et le Conseil d’État, soit effectivement appliqué partout sur le territoire. Nous sommes aujourd’hui dans une trajectoire plus solide, mieux sécurisée et plus conforme aux exigences de protection de l’enfance.
La solution proposée dans ce texte présente des risques de rigidification du système et de saturation des dispositifs départementaux de mise à l’abri. En effet, alors que les jeunes bénéficient déjà d’une mise à l’abri au sein des structures du département pendant toute la phase d’évaluation de la minorité, l’introduction d’un caractère suspensif à la saisine de l’autorité judiciaire en cas de non-reconnaissance de celle-ci entraînerait une saturation de ces dispositifs.
Cela inciterait fortement à solliciter ce recours judiciaire, réduisant ainsi la pertinence de cette phase d’évaluation, que nous cherchons à renforcer et à harmoniser.
Cette proposition de loi induit également une centralisation excessive, en conférant aux services de l’État une intervention systématique dans des décisions qui relèvent du couple formé par le département et l’autorité judiciaire. Une telle recentralisation compliquerait les circuits, allongerait globalement les délais et renforcerait les tensions administratives.
Le gouvernement souhaite continuer à avancer efficacement. La politique à l’égard des mineurs non accompagnés ne peut reposer que sur trois principes simples : un mineur, s’il est reconnu comme tel, est un mineur protégé ; les départements doivent être pleinement soutenus, mais non dépossédés ; l’État doit renforcer la cohérence du système sans le rigidifier. Pour renforcer la cohérence de ce système, nous continuerons à améliorer la prise en charge par l’hébergement d’urgence généraliste, à partir du moment où les jeunes ont été reconnus majeurs par le président du conseil départemental, à la suite de la procédure d’évaluation de la minorité et de l’isolement.
Par ailleurs, la rapidité de la procédure judiciaire pour les jeunes non reconnus mineurs lors de l’évaluation constitue un enjeu majeur. Ce sujet, régulièrement souligné par le Comité des droits de l’enfant des Nations unies ainsi que par la Défenseure des droits dans son rapport de 2022, n’est pas laissé de côté. C’est pourquoi les services du ministère de la justice ont été particulièrement attentifs aux difficultés liées aux délais d’audiencement devant le juge des enfants. Sous l’impulsion de M. Gérald Darmanin, garde des sceaux, ministre de la justice, ils ont engagé un travail de fluidification de ces procédures.
Dès le printemps 2024, une mission portant sur les voies, les conditions et les délais de recours des personnes se déclarant mineurs non accompagnés a été confiée à deux magistrats issus de la Cour de cassation et du Conseil d’État. Les recommandations de ce rapport sont progressivement mises en œuvre par les juridictions, afin d’améliorer la prise en charge de ce public spécifique.
Dans le prolongement de ces travaux, le garde des sceaux a annoncé en janvier 2025 la création de 100 postes supplémentaires de juge des enfants au cours des deux prochaines années, soit une augmentation de 20 % de l’effectif total de ces magistrats spécialisés. C’est par cette augmentation sans précédent que nous parviendrons à l’objectif de délais raisonnables et compatibles avec les exigences de dignité.
Enfin, le projet de loi portant refonte de la protection de l’enfance, qui sera bientôt présenté par les ministres Rist et Darmanin, a l’ambition de généraliser les comités départementaux de protection de l’enfance associant l’État, les départements et les juridictions.
Les départements dans lesquels seraient constatés des taux d’infirmation trop élevés de refus de minorité pourront ainsi plus facilement être accompagnés pour améliorer l’évaluation de l’âge.
Cette proposition de loi pose des questions légitimes, mais, en l’état, elle ne nous apparaît pas comme l’outil le plus adapté pour répondre à la complexité du problème. Elle provoquerait des effets de bord non voulus, au détriment des jeunes qui n’ont pas encore pu être mis à l’abri dans le cadre de la procédure d’évaluation à laquelle ils ont le droit. Elle introduirait des mécanismes qui dénatureraient la procédure d’évaluation et la responsabilité, laquelle doit rester partagée avec les départements qui réalisent la mise à l’abri de ces jeunes. En outre, elle pourrait produire des effets inverses aux objectifs recherchés.
Le gouvernement poursuivra le travail engagé avec l’ensemble des acteurs pour consolider la qualité de l’évaluation, améliorer la prise en charge et soutenir les départements, tout en cherchant à réduire les délais de traitement. C’est la voie qui, selon nous, produit des résultats concrets. Pour ces raisons, le gouvernement émet un avis défavorable à cette proposition de loi.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 

> Mieux faire comprendre la laïcité, c'est mieux la faire aimer ! Alors que la laïcité est parfois perçue comme un instrument de stigmatisation, faisons œuvre de pédagogie pour dépassionner ce débat comme ce soir à l'Assemblée des Idées. La laïcité est un outil d'émancipation individuelle et de neutralité de l’État face aux religions : soyons fiers de ce bien historique qui garantit notre promesse républicaine !

> Face à la menace du narcotrafic, la France fait face. Pour ma troisième visite à Condé-sur-Sarthe, je vois se concrétiser une conviction portée depuis 2018 : adapter notre réponse au profil des détenus et opposer une fermeté absolue aux plus dangereux. Ce deuxième quartier contre la criminalité organisée en est la preuve. Merci aux personnels pénitentiaires, remparts de notre sécurité et de notre État de droit.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> Il y a 10 ans jour pour jour, la France montrait le chemin de l'action et de l'espoir. À Paris, les Nations du monde s’unissaient pour répondre au plus grand défi de notre temps : celui du climat. Dix ans plus tard, pourtant, tout reste à faire. Si, en France, nous tenons nos engagements de baisse d'émission et respectons la trajectoire fixée par l'Accord de Paris : partout dans le monde, l'écologie est attaquée. Alors, 10 ans après, l'esprit de l'Accord de Paris doit continuer de souffler. Nous ne devons céder à rien. Ni au fatalisme ni aux discours climatosceptiques de la droite et de l’extrême droite. Lorsque j’ai appelé, à Arras, à bâtir une Nouvelle République, j'ai fixé ce cap : parce que notre Nouvelle République sera écologique, ou ne sera pas. Jamais nous ne devons renoncer à l’écologie. Nous serons les artisans d’une écologie populaire, d’une écologie des solutions : une écologie qui améliore la vie des Français, une écologie qui protège, pas qui punit. L’esprit de l’Accord de Paris, c’est celui-là : unir, agir, éclairer. C’est celui de la France, et c’est celui de notre Nouvelle République.

> Le jeu vidéo français sur le toit du monde. Hier soir, le studio montpelliérain Sandfall Interactive a tout raflé aux Game Awards : 9 prix dont le jeu de l'année pour Clair Obscur : Expedition 33 ! Une première pour un studio français. Et une juste reconnaissance pour ce jeu qui a su réinventer le jeu tour par tour, et toucher les cœurs avec sa direction artistique et sa bande originale !

 

Agnès Pannier-Runacher (députée)
> [Protection de l’enfant] L’Assemblée nationale vient d’adopter à l’unanimité une loi qui garantit un avocat pour chaque enfant placé. Près de 380 000 jeunes sont concernés. Pour eux, aucune charge financière : l’État assure la prise en charge intégrale via l’aide juridictionnelle, sans condition de ressources. Une avancée majeure pour les droits de ceux des enfants les plus vulnérables, qui sont aussi les moins visibles. C’est ça une République attentive soucieuse du droit de chacun.

> Il y a dix ans, à Paris, 195 pays ont fait ce que beaucoup croyaient impossible : s’accorder pour limiter le réchauffement, avec l’ambition de tenir +1,5 °C. Dix ans plus tard, l’accord de Paris a infléchi la trajectoire mondiale. Sans lui, nous serions sur une pente hors de contrôle. Mais avec les engagements actuels, nous allons encore vers +2,6 à +3,1 °C. Le tournant est là, pas encore la rupture. Nous n’avons donc pas le droit de renoncer. Nous avons le devoir de faire réussir ce qui a été amorcé et d’amplifier ce qui fonctionne. L’accord de Paris a ouvert la voie : à nous de la tenir.

> Diviser par deux nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, tout en renforçant notre souveraineté et notre compétitivité : la troisième Stratégie nationale bas-carbone est publiée aujourd’hui. Cette nouvelle étape, inscrite dans la planification écologique engagée par le Président de la République, dote la France d’un plan solide pour tenir ses engagements climatiques. Elle s’appuie sur nos atouts - un mix électrique déjà largement décarboné, une industrie verte en plein essor, des technologies matures - pour mener une transition accessible, juste, protectrice pour les ménages et créatrices d’activité dans les territoires. Je me réjouis de ce texte qui engage le Gouvernement et trace des directions ambitieuses en matière de transport, de logement, d’énergie et d’industrie. Il faut maintenir convertir rapidement ces intentions en actions concrètes et financements compte tenu des moins bonnes performances de baisse des émissions de GES ces derniers mois. Électrification des véhicules, rénovation thermique, pompes à chaleur, soutiens à la décarbonation de l’industrie, les solutions ne manquent pas et bien déployées elles créent de l’emploi. Je regrette les renoncements sur le volet alimentation qui constitue pourtant un axe stratégique de réflexion. Il est urgent de reprendre le sujet en combinant vision économique, sanitaire et environnementale et en accompagnant mieux nos agriculteurs face au dérèglement climatique.

> Fière de voir la Gigafactory Verkor de batteries électriques démarrer sa production aux côtés des ministres Monique Barbut et Sébastien Martin. C’est la 3 ème usine dans les Hauts-de-France ! Il y a sept ans, avec le Président de la République et le Président de région, j’ai porté ce pari ambitieux de réindustrialiser notre territoire en fabriquant des batteries pour ne plus les importer de Chine. Sept ans de travail pour créer une filière industrielle en partant de rien. Sept ans à négocier avec l’Union européenne son soutien, à travailler avec les élus locaux et les industriels, sept ans à innover et préparer le lancement de ces usines. Résultat : après ACC et Envision, Verkor lève 2 milliards et crée des centaines d’emplois, des compétences et une production bas-carbone. Une réussite de la « vallée européenne de la batterie ». Ici, on voit le sens de l’action que je défends depuis des années : écologie et industrie ne s’opposent pas. Baisser notre dépendance aux énergies fossiles est une nécessité pour lutter contre le dérèglement climatique et renforcer notre souveraineté. Mais il faut aussi en faire une opportunité pour notre économie. Avec la « Vallée européenne de la batterie » nous avons la preuve que l’audace, la constance et le travail payent.

 

Elisabeth Borne (députée)
> Dix ans après l’Accord de Paris, la France doit rester au rendez-vous de ses engagements climatiques. Depuis 2017, nous avons porté une ambition écologique claire, conciliant souveraineté, emploi et décarbonation :
- Sortir progressivement des énergies fossiles en accélérant le développement des énergies renouvelables et en relançant la production nucléaire.
- Améliorer le quotidien des Français en rendant la rénovation des logements plus accessible grâce à MaPrimeRénov’.
- Développer des mobilités plus propres avec le leasing social et le soutien aux transports du quotidien.
- Décarboner les 50 grands sites industriels les plus émetteurs et soutenir la réindustrialisation verte.
Aujourd’hui, le combat n’est pas terminé : pour notre planète et l’avenir de nos enfants, nous devons redoubler d’efforts.

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député) 
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée]
Notre débat de ce jour se déroule dans un contexte où les enjeux sécuritaires n’ont jamais été aussi cruciaux pour la France et l’Europe depuis la fin de la guerre froide, voire depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Vous avez rappelé en préambule, monsieur le premier ministre, à très juste titre, les nombreuses menaces qui pèsent sur notre pays et sur notre continent, mais soyons lucides, il ne s’agit plus seulement de menace, car la guerre est en Europe et le conflit ne s’arrête pas à l’Ukraine. C’est tout le continent qui est mis au défi par la Russie, laquelle ne fait plus aucun mystère de son hostilité à l’égard des Européens.
Pour ceux qui se voilent la face et qui préfèrent incriminer notre pays ou l’Union européenne –
 il y en a eu quelques-uns cet après-midi –, en dépit des campagnes de désinformation, des attaques cyber, des drones qui survolent nos emprises, des actions de sabotage dont lensemble des pays européens, y compris la France, sont la cible chaque semaine, il suffit de lire ou d’écouter les idéologues du régime, qui révèlent au grand jour le vrai dessein du président russe.
Par exemple, la revue La Vie internationale, publiée par le ministère des affaires étrangères de la Russie, a fait paraître en octobre un article au titre on ne peut plus clair : « Tout brûler jusqu’à la Manche ? Quelles garanties de sécurité efficaces à l’heure d’un affrontement historique entre la Russie et l’Occident ». Autre exemple évocateur, celui de Sergueï Karaganov, personnalité du régime russe, qui murmure, paraît-il, souvent à l’oreille de Vladimir Poutine, et qui déclarait, il y a cinq jours de cela : « Cette guerre a déjà commencé. Simplement, nous ne l’appelons pas encore ainsi. Notre véritable adversaire est bien l’Europe […]. » Tout est là, tout est dit.
L’autre grand défi auquel nous sommes confrontés, vous l’avez dit, monsieur le premier ministre, c’est l’incertitude liée au changement de posture de notre partenaire historique, les États-Unis d’Amérique. Soyons lucides, là aussi : nous, Européens, sommes seuls face aux menaces et aux empires. Comment en effet faire confiance à Donald Trump, J.D. Vance et Steve Witkoff, plus occupés à faire du business avec Moscou, à dealer leurs intérêts personnels, qu’à défendre ceux de leurs alliés et partenaires ?
À Munich, en février dernier, nous avons vu la relation transatlantique se fracturer. Nous avons eu, plus récemment, connaissance du prétendu plan de paix américain, qui ne propose rien d’autre qu’une reddition de l’Ukraine. Cette semaine, nous avons découvert la nouvelle stratégie de défense américaine, qui marque une volonté d’ingérence directe dans nos démocraties. À cet égard, les intentions de l’administration Trump sont très claires : soutenir les partis nationalistes européens, pour ensuite nous diviser, puis nous affaiblir, et enfin démanteler l’Union européenne. Ce constat doit nous amener à regarder la situation en face –
 elle est limpide. Le président Trump et le président Poutine se rejoignent dans une même volonté de démanteler lUnion européenne ou daffaiblir le projet européen.
Pour ce faire, ils comptent sur leurs relais en Europe. Nous observons dans tous les pays européens la collusion entre les partis nationalistes et populistes et ces puissances qui veulent nous soumettre. La France n’échappe évidemment pas à cette réalité. Nous savions que le Rassemblement national était la courroie de transmission de la Russie de Vladimir Poutine –
 une commission denquête à lAssemblée nationale la étayé.
Il est désormais aussi le principal relais de l’idéologie Maga puisqu’aujourd’hui, nous découvrons les propos du président du Rassemblement national, Jordan Bardella, qui depuis Londres a expliqué que la stratégie de sécurité américaine, laquelle propose l’ingérence en Europe, était une bonne stratégie. Voilà le véritable projet du Rassemblement national, un jour soumis à Moscou, le lendemain à Washington.
Et cet après-midi dans les propos de Mme Le Pen, toujours plus prompte à reprendre le narratif de ceux qui nous menacent, qu’à défendre notre pays, il y avait encore comme un goût de soumission devant les tyrans de ce monde. Vous avez eu en effet dans votre intervention les mots les plus durs pour la France et pour l’Europe, mais pas un mot contre ceux qui quotidiennement menacent la France et la sécurité des Français. Vous étiez au mieux dans une forme de déni, au pire dans ce qu’il faut bien qualifier de compromission avec ceux qui veulent nous affaiblir.
C’est pourquoi, monsieur le premier ministre, face à toutes les menaces qui pèsent sur notre continent, il nous faut rapidement agir avec nos partenaires européens.
L’Europe n’a pas d’autre choix que celui de la puissance. C’est ce que le président de la République, Emmanuel Macron, répète inlassablement depuis 2017 : il alerte sur le nécessaire réarmement de notre pays et de l’Europe. Votons ces crédits et allons ensemble sur ce chemin pour préserver un continent libre, prospère et en paix pour les décennies à venir.

 

Yannick Chenevard (député)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée] Le territoire est l’élément matériel de l’État, l’âme en est la souveraineté, selon Hugo Grotius, juriste, dont l’œuvre, Mare liberum, a influencé notre droit de la mer.
La Géorgie en 2008, la Crimée en 2014, et le reste de l’Ukraine en 2022 : avec une économie de défense représentant 40 % de son PIB, la Russie produit plus d’armement qu’elle n’en a besoin pour sa guerre actuelle. Qui peut croire qu’elle s’arrêtera là ? Quelle sera sa prochaine victime ?
La Chine dispose aujourd’hui de la plus grande marine du monde. Elle essaie de faire de la mer qui porte son nom un lac lui appartenant. Elle aligne soixante sous-marins et trois porte-avions actuellement –
 elle en disposera de six en 2035 : qui peut croire que la montée en puissance de son armée et, singulièrement, de sa marine sert à son autodéfense ?
Depuis plusieurs ann
ées les États-Unis font basculer leurs forces en Asie. Cette zone représente désormais 43 % de l’économie mondiale ; ce sera 50 % en 2050 : le centre de gravité de la production économique mondiale a basculé ! LEurope nest plus leur sujet majeur. Le réveil est brutal, mais il est bien là !
D
ésormais, 80 % de nos approvisionnements arrivent par la mer dont 60 % d’Asie. Leur importance pour assurer le fonctionnement de notre pays révèle en creux l’intérêt de disposer d’une flotte stratégique et d’une marine de commerce battant pavillon français. En mer Rouge, nos bâtiments de combat doivent escorter les navires de commerce et nos marins sont visés par des missiles balistiques. Je veux leur rendre hommage ainsi qu’à l’ensemble de nos forces armées.
Nous assistons à une accélération de la dégradation des relations internationales, au piétinement du droit, au retour des empires : la Russie, la Chine, la Turquie et même les États-Unis sont décomplexés dans leurs rapports aux autres. Désormais, la force prime sur le droit. Les budgets militaires s’envolent, le réarmement est mondial. Dans ce paysage, l’Europe, acteur économique mondial fort de 450 millions d’habitants, pourrait bien devenir une proie. Nombreux sont ceux qui l’ont compris et qui se réarment.
Mais se réarmer prend du temps : les annonces de hausses budgétaires ne font pas naître instantanément une armée. Il y faut patience, persévérance, entraînement et expérience. Il faut commander de l’armement, et, si l’on n’a pas de BITD, acheter à une puissance tierce qui peut vous dicter ses conditions d’emploi. C’est ce que font les États-Unis via les réglementations américaines de contrôle des exportations en matière de défense (ITAR). Avis aux pays qui s’imaginent encore que leur acheter du matériel garantira leur sécurité : l’actualité nous enseigne le contraire !
Une nouvelle fois, l’histoire se répète. Les pays occidentaux, naïvement persuadés que l’homme était devenu pacifique, ont cru en un monde sans guerre. Mais celui-ci n’a jamais existé dans l’histoire de l’humanité : la situation dominante a toujours été la guerre. Très vite, les Européens se sont empressés de « toucher les dividendes de la paix ». En France, nous avons fermé onze bases aériennes et un régiment sur deux. Notre marine est passée de 135 à 85 bâtiments de combat. Nous avions réduit nos dépenses de défense jusqu’à 1,35 % du PIB, hors pensions.
Nous n’avons rien appris de l’histoire et nous avons eu tort ! Ceux qui étaient aux affaires dans ces périodes pourraient d’ailleurs avoir la décence de se faire plus discrets. La vérité est que les nations n’ont pas d’amis mais seulement des intérêts.
Depuis 2017, heureusement, nous nous réarmons. Après une première LPM « de réparation », nous exécutons aujourd’hui celle du renouvellement capacitaire. Lorsque l’on connaît la durée des programmes de construction des blindés, des avions, des missiles ou des bâtiments de combats, imaginons notre situation si nous n’avions rien fait depuis huit ans.
Nous avons rouvert une usine de poudre à Bergerac. Il nous faudra dix ans pour construire le futur porte-avions à Saint-Nazaire et à Cherbourg et autant d’années pour bâtir les infrastructures qui l’accueilleront à Toulon. À Bourges, alors que nous produisions deux canons César par mois en 2022 et huit en 2024, ce chiffre est monté à douze en 2025. Treize Rafale ont été livrés à Mérignac en 2022, vingt et un en 2024 ; on en attend vingt-cinq cette année. Notre BITD, gage de souveraineté, représente plus de 4 500 entreprises et 220 000 emplois ; la construction de nos sous-marins concerne directement dix-sept départements métropolitains quand vingt-trois sont impliqués dans celle du futur porte-avions.
Reste que les meilleurs matériels ne valent que par celles et ceux qui les servent. La montée en puissance de nos effectifs, leurs équipements, le réajustement des grilles indiciaires –
 mises en place à la suite du vote de mon amendement dans la LPM – la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM), le plan familles, laugmentation des réserves, tout cela illustre la formule de Foch : « Prévoir pour pourvoir afin de pouvoir ».
C’est ce que nous avons fait ; nous devons poursuivre dans cette voie. La représentation nationale doit aux hommes et aux femmes qui servent dans nos armées, parfois jusqu’au sacrifice ultime, d’augmenter nos dépenses de défense de 6,7 milliards d’euros.
L’accélération de la dégradation de la situation internationale évoquée au début de mon intervention nous oblige à une mise à jour de la programmation militaire. Il conviendra peut-être de réaliser plus tôt certaines acquisitions ou programmes initialement prévus dans la prochaine LPM. Dans l’armée de terre, cela signifie acheter des lance-roquettes multiples (LRM), accroître les stocks de munition, augmenter le nombre d’heures d’entraînement, y compris pour les équipiers de chars, accélérer la transformation synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation (Scorpion) des régiments, commander des fusils HK en nombre plus important.
Dans l’armée de l’air et de l’espace, cela implique l’augmentation du nombre d’heures d’entraînement des pilotes, l’acquisition de nouveaux satellites, le renforcement de la défense antiaérienne et, de manière prioritaire comme cela a été rappelé par le premier ministre, la commande de radars d’alerte avancée Nostradamus.
Pour la marine, l’achat accéléré d’une cinquième frégate de défense et d’intervention (FDI) est nécessaire Celui de bâtiments hydrographiques et de bâtiments de guerre des mines est essentiel. Et l’achat du successeur de l’Atlantique 2 (ATL 2) est indispensable comme celui et d’un patrouilleur outre-mer pour renforcer notre marine dans l’océan Indien. Observons que La Réunion et Mayotte sont situées sur des routes maritimes importantes qui permettent d’éviter la mer Rouge.
Bousculant la guerre sur terre, dans les airs, sur et sous la mer, la dronisation est partout ! Sur le champ de bataille ukrainien, certains drones sont obsolètes en quelques semaines. Pour faire de la masse et éviter les stocks rapidement dépassés, nous devons disposer d’une capacité de production rapide et duale –
 civilo-militaire. Nous devons être capables de fabriquer en petit nombre des drones aux performances exceptionnelles.
Le maintien au plus haut niveau de notre dissuasion nucléaire exige d’être constants. La préparation de l’avenir est gage d’efficacité et d’indépendance. Aucune personne objective ne peut regretter les efforts jamais interrompus dans ce domaine depuis 1954.
Enfin, notre capacité de renseignement doit poursuivre sa montée en puissance
Mes chers collègues, nous ne pouvons pas dire que nous ne savions pas. Mesurons l’importance de nos choix pour l’avenir de la Nation et pour sa liberté ! Regardons au-delà de nos stratégies politiques !
Je voudrais terminer mon propos en citant quelques lignes du roman Pilote de guerre d’Antoine de Saint-Exupéry. Rédigées en 1943, elles évoquent la débâcle de 1940 et les efforts à entreprendre pour se ressaisir : « Notre communauté est déjà sensible. Il nous faudra certes l’exprimer pour rallier à elle. Ceci est effort de conscience et de langage. Mais il nous faudra aussi pour ne rien perdre de sa substance, nous faire sourds aux pièges des logiques provisoires, des chantages et des polémiques. Nous devons, avant tout, ne rien renier de ce que nous sommes. »

 

Natalia Pouzyreff (députée)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée] Le prochain budget de la défense nationale est d’une nécessité impérieuse afin de servir nos armées dans un contexte stratégique particulièrement dégradé. Les lois de programmation militaire impulsées par le président de la République depuis 2017 nous engagent dans une dynamique de remontée en puissance. Tout recul s’agissant des marches et surmarches prévues en 2026 à hauteur de 6,7 milliards d’euros, conformément à la trajectoire planifiée, détruirait la cohérence d’ensemble entre notre modèle d’armée et le réarmement de la France.
Les entreprises du secteur de la défense, des grands groupes industriels aux PME, irriguent l’activité et l’emploi dans nos territoires ; elles représentent ainsi plus de 200 000 emplois. Renforcer l’outil de production passe par l’adoption du prochain budget de la défense, qui apportera la visibilité attendue par la base industrielle et garantira le flux de commandes et d’investissements essentiels à la montée en cadence de la production d’armement. Il contribuera aussi au développement de solutions innovantes. L’adoption tardive du budget, en 2025, a provoqué un décalage de commandes de l’ordre de six mois. Or dans le contexte des provocations orchestrées par une puissance russe de plus en plus désinhibée et qui se réarme à tout va, nous ne pouvons rester immobiles.
Il est ainsi grand temps de reconstituer nos stocks de munitions et d’acquérir de la masse pour se préparer à un éventuel conflit de haute intensité, de pourvoir à l’équipement et à l’entraînement de nos soldats. Il s’agit en outre de renforcer notre capacité d’anticipation et d’alerte avancées dans les domaines spatial et du renseignement, de produire davantage de systèmes de défense aérienne pour notre sécurité collective, de renforcer notre capacité de dissuasion en l’épaulant par des effecteurs de frappes dans la profondeur, d’assurer à nos armées l’aptitude d’« entrer en premier » en investissant dans les dispositifs de guerre électronique et de suppression des défenses ennemies, de s’inscrire dans la lutte informationnelle.
Il s’agit encore de préparer la guerre de demain, qui inclura de nouvelles technologies, –
 intelligence artificielle et calcul quantique –, qui intégrera aussi le combat collaboratif. Développer des systèmes tels le Scaf ou le MGCS, agrégeant une variété de plateformes, dont des drones, un traitement de données et une connectivité ultrarapide, imposera de faire œuvre commune avec des partenaires aux mêmes ambitions et permettra dopérer entre alliés européens volontaires et capables. Le défi est de rester dans la course à l’innovation tout en conservant à tout prix les compétences essentielles à notre pays et, de fait, notre souveraineté nationale.
Mon dernier point concerne la crédibilité de la France vis-à-vis de ses partenaires européens et plus largement de ses alliés de l’Otan au moment même où l’administration Trump publie un document stratégique explicitant son objectif d’assujettir les économies et les capacités de production des pays européens, au moment même où des pourparlers se tiennent sur l’avenir de l’Ukraine. Les
Européens doivent faire montre de responsabilité et de leur détermination à promouvoir leur vision politique et à être force de proposition. Au passage, vous aurez tous compris que je ne partage pas la satisfaction exprimée par Jordan Bardella dans ses commentaires à la BBC s’agissant de la vision réactionnaire infusée par les partisans du Maga -⁠  Make America Great Again.
Je ne souscris pas davantage aux propos défaitistes de Jean Luc Mélenchon.  Ainsi, la France doit être à la hauteur des engagements pris en matière de défense et contribuer au réarmement de l’Europe, notamment à travers de multiples programmes conjoints avec nos partenaires européens. Le mécanisme d’achat sur étagère d’armements américains dans le cadre de la Purl, ou Priority Ukraine Requirements Lists –⁠ la liste des besoins prioritaires de l’Ukraine –, n’est pas un modèle souhaitable pour lavenir de lindustrie en Europe. Voilà tout lenjeu de gagner en autonomie stratégique et en souveraineté industrielle afin de ne plus dépendre des technologies américaines et chinoises. La France doit conserver son rôle moteur dans la structuration de lEurope de la défense.
L
augmentation graduelle des dépenses de défense déterminera à long terme, et même pour les générations à venir, la place de la France dans le monde et contribuera à notre indépendance nationale ainsi qu’à la préservation de notre modèle démocratique face aux régimes autoritaires.

 

François Cormier-Bouligeon (député)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée] La France veut la paix. L’Europe veut la paix. Les pays baltes et ceux d’Europe orientale la veulent plus encore. Et plus que nul autre, l’Ukraine veut la paix. Mais nous voulons une paix véritable, une paix durable, une paix sûre, une paix fondée à nouveau sur un ordre international garanti par le droit. Nous ne voulons pas d’une paix naïve ou fragile. Quand le pacifisme est à l’Ouest alors qu’à l’Est, jour après jour, grandit l’appétit coupable, belliqueux et meurtrier de l’empire russe de M. Poutine, notre responsabilité est de dire que les démocraties occidentales sont menacées et de prendre les mesures pour nous protéger.
Après la chute du mur de Berlin, les États-Unis, la Russie et la Chine ont continué à financer la défense à un haut niveau alors que les gouvernements européens ont désarmé. Ce temps est révolu. La semaine dernière, M. Poutine s’est déclaré « prêt à faire la guerre à l’Europe ». Hélas pour nous, ce n’est pas une surprise. Il veut créer un monstre, mélange de la Russie des tsars et de celle des soviets. Il a déjà vassalisé la Biélorussie et, par deux fois, il a attaqué l’Ukraine, en 2014 et en 2022. Nos pays sont déjà les cibles d’une guerre hybride : survols de lieux sensibles par des drones, cyberattaques d’entreprises et de services publics, ingérences dans les élections.
Nous devons faire cesser cela. Plus encore, instruits par l’histoire, nous devons dire avec clarté que nous ne laisserons tomber ni Tallinn, ni Riga, ni Vilnius, ni Varsovie, ni Chisinau, ni Bucarest, ni aucun pays de notre Europe !
Pour que cette proclamation d’une véritable solidarité européenne ne se résume pas à de vains mots, oui ! nous devons poursuivre et accélérer le renforcement et la modernisation des armées de la France entamés en 2017 par le président de la République, Emmanuel Macron, par ses ministres des armées successifs –
 que je salue –, par ces armées elles-mêmes  à qui va notre profond respect – et par lindustrie de défense française  que nous saluons, quelle soit implantée à Bourges, dans le Cher ou ailleurs sur le territoire.
Nous devons poursuivre l’effort déjà consenti par nos concitoyens à travers nous, ici même, à l’Assemblée nationale, avec les deux lois de programmation militaire, d’une ampleur historique, inégalée, que nous avons votées, mon groupe, EPR Renaissance, comme d’autres : 295 milliards d’euros pour la première, exécutée à l’euro près, 413 milliards d’euros pour la seconde, en passe d’être actualisée à la hausse. En effet, notre défense nationale ne peut être crédible sans un budget ambitieux. Sans ce financement, pas de protection, pas de dissuasion, et pas de souveraineté.
La surmarche annoncée par le Président en juillet constitue un effort global et cohérent de plus de 36 milliards d’euros répartis sur la période 2026-2030. En huit ans, nous aurons plus que doublé le budget destiné à notre défense.
Le rapporteur du budget de l’équipement des forces et de la dissuasion que je suis peut attester que le budget de la défense traduit les exigences du temps présent, empli de menaces. Pour l’armée de terre, l’effort se poursuit : au programme Scorpion s’ajoutent par exemple le système de défense sol-air de moyenne portée terrestre de nouvelle génération (Samp-T NG), les hélicoptères Tigre et les missiles de moyenne portée (MMP), piliers de notre capacité de combat terrestre de haute intensité.
Pour l’armée de l’air et de l’espace, le Rafale demeure notre fer de lance, suivi entre autres des systèmes de détection et de commandement aéroportés, du successeur du missile d’interception, de combat et d’autodéfense (Mica) et du Scaf. La marine nationale progresse, elle aussi, en développant, entre autres, les avions de patrouille maritime du futur, les sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda et le porte-avions de nouvelle génération.
Afin de renforcer la composante océanique de la dissuasion nucléaire, nous sommes lancés dans la réalisation du programme des sous-marins nucléaires porteurs d’engins de troisième génération (SNLE 3G), la mise en service du missile M51.3 ainsi que le développement de sa version M51.4. S’agissant de sa composante aéroportée, nous achèverons en 2027 la rénovation à mi-vie des missiles air-sol moyenne portée améliorée (ASMPA) et nous avons lancé le programme visant à produire son successeur, le missile air-sol nucléaire de quatrième génération (ASN 4G), que le Rafale, porté à son standard F5, embarquera à l’horizon 2035.
À ces programmes majeurs s’ajoutent de nouvelles priorités technologiques : les drones et la lutte antidrones, les systèmes d’information, l’accroissement substantiel de notre stock de munitions et les programmes de très haute altitude et du spatial.
Nous devons être clairs : refuser de mettre à niveau notre puissance militaire serait une faute politique et morale. Je nous appelle donc à prendre nos responsabilités. Votons en faveur de notre défense, ce soir comme demain. Soyons à la hauteur des temps historiques que nous traversons !

 

Olga Givernet (député)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée] Le débat que nous tenons aujourd’hui au titre de l’article 50-1 de la Constitution n’est pas qu’une formalité. Il s’agit de rendre lisible et d’acter une décision budgétaire importante : l’augmentation de 6,7 milliards d’euros des crédits de défense. Il convient d’ailleurs de saluer le choix du gouvernement de soumettre cette déclaration à un vote, geste qui renforce la transparence démocratique et l’implication du Parlement.
Depuis 2017, la France, sous l’impulsion du président de la République, a fait le choix de reconstruire son outil de défense, avec une progression de 77 % du budget d’ici à 2026. Cet effort n’était pas un choix de confort ; il répond à une réalité stratégique. Cette réalité n’a pas disparu ; elle s’est durcie. La guerre en Ukraine s’inscrit malheureusement dans le temps long : les attaques hybrides contre nos infrastructures européennes se multiplient et notre état-major évoque désormais la possibilité d’un choc stratégique majeur dans les trois ou quatre ans à venir.
Dans ces conditions, refuser l’augmentation du budget alloué à notre défense reviendrait à prendre un risque significatif pour notre sécurité –
 et pour la paix, si fragile : celui daffaiblir notre crédibilité, notre stratégie de dissuasion et notre capacité à tenir dans un environnement international tendu.
Soutenir cette hausse budg
étaire permet également de répondre à un besoin très concret, celui de notre base industrielle et technologique de défense. Depuis plusieurs années, elle se transforme profondément : la montée en cadence de la production de munitions, la réduction des délais de production des missiles et l’accélération des programmes terrestres et navals se doublent de succès majeurs à l’export, dont la récente déclaration d’intention portant sur la vente de 100 Rafales entre la France et l’Ukraine. Cette déclaration confirme l’excellence technologique française et la confiance internationale dans nos capacités industrielles. La France sait concevoir, produire et livrer des équipements de très haut niveau.
La réussite de notre industrie de défense a pour condition la visibilité dans la commande et la constance des efforts de production. Tel est le constat qui ressort des travaux du groupe d’études industries de défense, que je copréside : nos échanges réguliers montrent que l’État, tout comme les financeurs, doit travailler main dans la main avec les acteurs de la BITD, qu’il s’agisse des grands groupes, des PME ou des sous-traitants. La conférence de financement de la défense du 20 mars 2025 à Bercy l’a rappelé : pour tenir la montée en cadence, près de 5 milliards d’euros de fonds propres supplémentaires seront nécessaires. Les industriels ont été clairs : l’heure n’est plus aux intentions, mais à la mise en œuvre.
Nous avons en France des filières engagées, innovantes, capables de s’adapter, mais qui demeurent sensibles aux variations budgétaires. Lorsque les crédits tardent, les investissements ralentissent ; lorsqu’une commande est suspendue, la chaîne de sous-traitance vacille ; lorsqu’une ligne de production s’arrête, il faut parfois des mois pour la relancer. La montée en cadence ne se décrète pas : elle se construit avec de la cohérence, du temps et de la stabilité. Ce sont nos territoires qui soutiennent l’activité des entreprises duales, qui travaillent toujours plus pour tendre vers la standardisation, afin de limiter les coûts.
Il nous faut également inscrire cette dynamique dans un cadre européen. Les financements communautaires pour le réarmement ont été annoncés. Ce plan de 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Europe » doit se concrétiser et devenir un levier majeur pour renforcer notre autonomie stratégique et notre capacité de résilience. Encore faut-il l’utiliser à bon escient, dans un esprit de coopération. L’influence française a toute sa part à prendre au sein de l’Europe de la défense. La souveraineté industrielle ne s’oppose pas à la coopération européenne ; elle s’en nourrit.
S’ajoute enfin un enjeu central pour la crédibilité de notre effort de défense : assurer notre souveraineté, notamment en matière de stocks stratégiques. En effet, les actions de haute intensité reposent aussi sur la disponibilité de matériaux dont nous sommes largement dépendants : terres rares, gallium, germanium, lithium, poudres énergétiques, composants électroniques, métaux pour les batteries, radars, missiles ou drones. Beaucoup ne sont ni produits en Europe ni cotés sur les grandes bourses, mais sont échangés de gré à gré, souvent comme sous-produits, ce qui accroît notre fragilité et notre exposition.
La LPM impose déjà aux industriels de constituer des stocks stratégiques, ce qui est un premier pas. Demander à une PME de stocker du gallium ou des terres rares revient toutefois à lui demander d’immobiliser une trésorerie qu’elle n’a pas. Or les récentes difficultés d’approvisionnement ont montré qu’un simple retard logistique peut désorganiser toute une chaîne de production. C’est pourquoi je formule ici une proposition claire : la création d’un stock stratégique français de métaux critiques piloté par l’État et adossé à la DGA, qui permettra de sécuriser les approvisionnements et de répondre aux besoins de notre BITD. La mobilisation du budget de l’État doit y contribuer.
Pour toutes ces raisons, notre groupe, Ensemble pour la République, votera pour la stratégie de défense nationale que vous proposez, monsieur le premier ministre.

 

Christophe Marion (député)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée]  « La paix, la paix, la paix » : au lendemain des accords de Munich, ces mots répétés à l’envi se lisaient dans les yeux de tous les Français et sortaient joyeusement de toutes les lèvres. Pourtant, ce pacifisme qui irriguait une nation encore meurtrie par les séquelles de 14-18 n’a pas empêché une quasi-unanimité parlementaire, dès lors qu’il s’est agi d’augmenter les crédits militaires.
Rendons hommage au Front populaire d’avoir soutenu cet effort à travers l’emprunt « Défense nationale » ou la création du futur Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) ! Rendons hommage à la clairvoyance des députés qui, au cœur des sombres années 1930, ont su dépasser les clivages partisans.
Même le Parti communiste vota l’ensemble des crédits du programme Daladier. Les députés qui s’abstinrent le faisaient uniquement par volonté politicienne de s’opposer à Blum, et je sais que nous sommes, aujourd’hui, à l’abri de telles postures, qui ne seraient pas à la hauteur du moment.
Voici, au fond, ce que nous apprend l’histoire de notre pays : on peut vouloir la paix et voter des crédits militaires en augmentation, justement parce que l’on défend la paix, dans un monde devenu instable et dangereux. Bercés par « la fin de l’histoire » de Fukuyama, nous pensions vivre une ère durablement pacifiée, mais chaque jour
qui passe ressemble désormais à un réveil brutal –⁠ la semaine dernière encore, paraissait la nouvelle National Security Strategy. Ce réveil conduit à une prise de conscience salutaire qui commence déjà à porter ses fruits : nos voisins augmentent leur effort militaire et le plan «  ReArm Europe » a vu le jour au sein de nos institutions européennes.
La France, héritière du général de Gaulle, ne saurait apparaître comme niant l’urgence des défis sécuritaires et géopolitiques. Alors oui, cette surmarche de la LPM est un budget de rupture ! Mais elle est surtout un budget pour nos militaires : pour celles et ceux qui, en cet instant, font vivre au sein d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins et dans le plus grand secret, notre politique de dissuasion ; pour nos soldats qui, au sein du bataillon multinational franco-britannique en Estonie, assurent la sécurité du flanc est de l’Europe ; pour notre BITD, qui est prête à relever les défis gigantesques qui s’imposent à elle ; pour nos ingénieurs de la DGA ou de l’Agence de l’innovation de défense (AID), qui préservent la paix en préparant le futur.
Ce sont eux qui explorent les nouveaux champs de conflictualité –
 lespace exoatmosphérique, les grands fonds marins, la très haute altitude ou le cyberespace ; eux qui développent avec agilité les technologies de rupture pour conserver notre avance stratégique ; eux, encore, qui préparent l’équipement du soldat du futur, notamment les munitions téléopérées ; eux, enfin, qui développent des approches plus agiles visant à valider rapidement les concepts, à mesurer leur efficacité et à orienter leur conception pour un déploiement à grande échelle.
Commandement du combat futur, programme Radar, Battle Lab Terre (BLT), sans même parler des régiments et des soldats eux-mêmes, qui sont des innovateurs de première ligne, forment un écosystème de l’innovation, que soutient la surmarche de la LPM.
Ne nous y trompons pas : notre débat n’est pas seulement budgétaire ou technique. Il s’adresse à la nation tout entière ; il est le point d’orgue de sa résilience. Les paroles qui résonnent dans cet hémicycle sont entendues par les jeunes engagés dans les préparations militaires ou les classes défense au cœur de nos territoires. Nos paroles sont entendues par les fiers ouvriers de MBDA à Selles-Saint-Denis et par ceux de Turgis et Gaillard, qui peaufinent le drone MALE Aarok dans ma circonscription. Elles le sont, enfin, par les anciens combattants, par les citoyens, par les écoliers, qui rendent fidèlement hommage, lors des cérémonies patriotiques, à celles et ceux qui sont morts pour la France. Car une Nation, chers collègues, repose sur le souvenir des sacrifices qui ont été consentis hier, mais elle repose aussi, et surtout, sur les efforts que nous sommes prêts à consentir aujourd’hui et que nous accepterons demain.
Ce budget, c’est l’effort que nous acceptons aujourd’hui, en mémoire des sacrifices passés, pour garantir l’efficacité de notre dissuasion nucléaire et conventionnelle, maintenant et à l’avenir. Notre vote adressera trois messages à nos compétiteurs internationaux qui suivent une logique d’affirmation de puissance. Oui, nos armées sont fortes aujourd’hui, elles le seront encore davantage demain ; oui, notre classe politique est soudée ; oui, la France est prête –
 et malheur à celui qui croit pouvoir désunir notre peuple, lorsqu’il sait la patrie en danger !
Je conclurai mon propos en citant le député de Kérillis s’adressant à Daladier, qui revenait des négociations de Munich : « notre devoir à nous, […]représentants du peuple, n’est pas de suivre les enthousiasmes certes compréhensibles mais parfois inconsidérés des foules, il est de leur rappeler les dures leçons de l’expérience historique et les dures réalités de la vie courante. [...] Car, si vous voulez redresser la situation, ce ne sont pas les illusions trompeuses qu’il faut déverser dans le cœur des Français, c’est la vérité qu’il faut leur montrer. »
Ce débat, ce budget, c’est la vérité que nous montrons, loin des postures et des « illusions trompeuses ».

 

Danielle Brulebois (député)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée] Je souhaite d’abord vous remercier, monsieur le premier ministre, de nous consulter sur un sujet aussi crucial que l’augmentation des moyens alloués à nos armées. Cette consultation est d’autant plus importante dans un contexte de débat budgétaire confus, qui a vu certains députés rivaliser d’imagination pour inventer des milliards de nouvelles taxes, annuler des crédits ou créer de nouvelles charges, faisant perdre toute cohérence et tout sens au projet de loi de finances.
C’est un moment de vérité qui nous impose de choisir notre camp : pour ou contre un budget pour la France ? Pour ou contre le financement de nos armées ? Pour ou contre la protection de notre nation et de ses enfants ?
Alors que Donald Trump menace de lâcher l’Ukraine et l’Europe contre laquelle ses diatribes se font de plus en plus violentes, au plus grand bonheur de Vladimir Poutine et alors que certains partis de l’hémicycle conservent leur indulgence à l’égard du Kremlin, ce vote mettra au jour les positions de chacun et révélera qui sont les vrais patriotes. Il est en effet indispensable d’augmenter le budget de notre défense pour préserver notre nation du péril le plus grave : la guerre. Alors qu’elle fait rage à nos portes, que les équilibres géopolitiques vacillent, que l’OTAN s’affaiblit, que Trump se joint à Poutine pour affaiblir l’Europe et rêve de la vassaliser, nous devons, en tant que représentants de la nation, soutenir sans réserve notre défense nationale.
La France, nation souveraine et indépendante, doit tout faire pour tenir son rang d’armée la plus puissante de l’Union européenne et pour préserver ses précieux atouts : une armée professionnelle engagée, respectée, technologiquement avancée et dotée d’équipements de pointe, une force navale puissante, une force nucléaire stratégique et un savoir-faire industriel français qui s’impose comme une référence dans un large spectre capacitaire.
Depuis 2017, nous avons doublé le budget militaire. Monsieur le premier ministre, sous votre impulsion, nous avons fait les bons choix au bon moment. Il était temps, après des décennies d’abandon de nos armées ! Comme l’a reconnu le chef d’état-major des armées, le général Mandon, nos armées reviennent de très loin.
Dans le contexte actuel, elles méritent –
 et attendent – un signal encore plus fort : en loccurrence, une hausse de 6,7 milliards deuros en 2026, qui puisse sinscrire sur le long terme. Une augmentation de 36 milliards entre 2026 et 2030 permettra de donner, et c’est essentiel, la lisibilité, la visibilité et la stabilité indispensables pour développer notre outil de production et pour innover dans un contexte de rupture technologique totale.
Les géants de l’industrie de la défense ne sont pas les seuls concernés. De très nombreuses PME et TPE sous-traitent en effet dans toute la France, dans des départements comme le Jura –
 où une industrie civile et diversifiée dexcellence se prépare à prêter main-forte à lindustrie de défense. De tels investissements auront donc un double bénéfice : ils permettront d’augmenter l’activité économique et auront un effet géopolitique de dissuasion qui nous préparera à l’éventuel désengagement américain du théâtre européen.
Par ailleurs, le président de la République a annoncé le déploiement d’un service militaire volontaire, opérationnel dès 2026. Il renforcera le lien entre la nation et ses armées et offrira aux jeunes volontaires une formation civique et militaire de qualité. Il faut aussi encourager les autres formes d’engagement : la réserve opérationnelle, qui permet à des civils de s’engager aux côtés de nos militaires, ou encore les classes de défense, qui favorisent l’appropriation des valeurs républicaines et développent la culture de l’engagement chez les jeunes. Enfin, l’investissement dans l’industrie de défense, accessible aux particuliers grâce à des fonds dédiés, est également une forme d’engagement citoyen.
Chers collègues, notre responsabilité est claire. Tout renoncement nous mettrait en danger face à ces défis qui touchent à nos intérêts vitaux et à la survie de notre pays. Ce que nous allons voter ne sera pas un effort de guerre mais un investissement pour la paix. En effet, ce n’est pas la guerre que nous voulons ; nous voulons la paix. Et la meilleure façon de la garantir consiste à disposer d’un appareil de défense prêt, performant, autonome et souverain.
Je souhaite pour finir rendre hommage à nos soldats, à nos réservistes, à nos industriels et à tous ceux qui, chaque jour, œuvrent pour la sécurité de notre pays. Que leur engagement et leur sens du devoir nous inspirent et nous conduisent à l’unité nationale autour de nos forces armées et de notre République ! Nous voterons donc pour l’augmentation du budget de la défense : nous vous invitons à faire de même.

 

Jean-Michel Jacques (député)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée] Face au retour de la guerre en Europe, à la fragmentation de l’ordre international, à la multiplication des menaces qui se superposent, chacun d’entre nous a conscience de l’importance de nos armées pour nous protéger, préserver notre prospérité, défendre notre liberté et garantir la paix. Face aux nouveaux défis qui s’imposent à nous, la nation doit faire bloc aux côtés de son armée. Et nous, parlementaires, devons plus que jamais agir en responsabilité : il nous appartient d’adopter un budget pour notre défense pour éviter de porter un coup d’arrêt brutal à notre effort de réarmement.
Si nous n’adoptons pas le projet de loi de finances pour 2026, cela se traduirait par le renoncement aux 6,7 milliards d’euros d’investissements supplémentaires prévus pour notre défense –
 une hausse indispensable à lheure où la France doit pouvoir compter sur une armée solide et efficace.
Or l
effort budgétaire entamé dès 2017 sous limpulsion du président de la République, chef des armées, doit continuer. Nos efforts, conduits successivement par Florence Parly, Sébastien Lecornu et désormais Catherine Vautrin, nous ont permis d’entamer la transformation de notre outil défensif et, en dix ans, de doubler le budget de la défense ! Ces efforts ont également soutenu notre ambition constante de garantir à la France son autonomie d’analyse, de décision et d’action en tout lieu et en tout temps ; de conserver une dissuasion nucléaire robuste et crédible ; et de renforcer son statut de puissance d’équilibre et de nation-cadre pour d’autres pays.
Soyons bien conscients que, dans cette période critique, l’absence d’union nationale autour du budget de nos armées aurait des conséquences sur le temps long. En effet, la défense nationale ne se construit pas d’un claquement de doigts mais par une programmation cohérente et régulière.
Mes chers collègues, face aux bouleversements géostratégiques, la classe politique française doit prendre ses responsabilités pour protéger les Français. L’ère qui s’ouvre nous impose de dépasser les clivages politiques et d’agir dans l’intérêt supérieur de la nation. Au-delà des partis, nous devons défendre la patrie.
Oui, mes chers collègues, alors que nous devons continuer à moderniser notre dissuasion nucléaire, il nous faut aussi renforcer les équipements de nos armées par plus de frégates, plus de Rafale et plus de munitions. Il faut intensifier nos efforts dans les domaines du spatial, du quantique, de l’intelligence artificielle, de la dronisation, de la lutte antidrones, de la défense sol-air, de la très haute altitude, de la guerre électronique, de l’artillerie et du feu dans la profondeur. Nous devons continuer à agir en faveur des conditions de vie de nos valeureux soldats, du personnel civil de la défense et de leurs familles, et donner plus de visibilité aux entreprises de la défense qui irriguent nos territoires. Enfin, il nous faut poursuivre nos efforts pour permettre à nos concitoyens de s’engager dans l’armée de la nation, sous la forme du service national ou de la réserve.
Pour conclure, la défense de la nation exige une mobilisation large des militaires, des entrepreneurs, des services de l’État, des citoyens et des élus. Gardons le cap ! Soyons conscients de notre force, et soyons fiers de notre armée et de nos soldats ! Mes chers collègues, soyons à la hauteur des enjeux : je fais le vœu qu’ensemble, depuis tous les bancs de l’hémicycle, nous garantissions à la France un budget pour sa défense. En avant ! Vive l’armée française, vive la République, et vive la France !

 

Caroline Yadan (députée)
> [Assurer le droit de chaque enfant à être assisté d’un avocat dans le cadre d’une mesure d’assistance éducative et de protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] Tondre un enfant, le violer, le frapper, le violenter verbalement ou l’humilier, c’est participer à l’anéantissement d’un être en construction ; c’est briser, geste après geste, mot après mot, ce que devrait être une enfance : un espace sûr, protégé, indiscutable. Pas moins de 18 % des enfants placés ont subi des agressions à caractère sexuel. Ce chiffre ne dit pas seulement l’ampleur d’un drame ; il dit aussi notre responsabilité collective et l’urgence d’agir.
Mettre un avocat aux côtés d’un enfant, quel que soit son âge, ce n’est pas prétendre mettre fin à tous les abus, mais c’est se donner les moyens de les voir, de les comprendre, de les déceler plus tôt, avant qu’ils ne s’enracinent dans le silence et dans la honte. Mettre un avocat aux côtés d’un enfant, c’est lui transmettre ce message essentiel : Non, tu n’es pas un objet, tu n’es pas interchangeable, tu n’es pas coupable des sévices que tu subis.
Mettre un avocat aux côtés d’un enfant, c’est lui signifier : Tu n’es pas seul, je me tiens près de toi, je ne détournerai pas le regard. Mettre un avocat aux côtés d’un enfant, c’est lui offrir une présence stable, un visage identifié, une parole qui rassure, une confiance qui se reconstruit peu à peu, car un enfant est, par définition, particulièrement vulnérable. La mission est là : expliquer à cet enfant que sa protection n’est pas abstraite, qu’elle prend corps dans l’action d’un juge, mais aussi dans celle d’un auxiliaire de justice dont le rôle est de défendre ses droits sans condition et sans relâche.
En vérité, la présence d’un avocat auprès d’un enfant en assistance éducative n’est pas simplement recommandée au nom des principes de l’État de droit. Elle est indispensable car, en protégeant la fragilité de ceux qui ne peuvent se protéger eux-mêmes, nous affirmons quelque chose de fondamental : la valeur que nous accordons à la dignité humaine la plus simple, la plus nue, la plus essentielle.
Oui, nous voterons ce texte avec conviction, avec détermination, à l’unanimité, parce qu’il touche à ce que nous avons de plus profondément humain.

 

Christophe Mongardien (député)
> [Protection des mineurs isolés et lutte contre le sans-abrisme / Intervention à l’Assemblée] Cette proposition de loi comprend deux volets. Le premier, de loin le plus important, vise à inscrire dans la loi la présomption de minorité du mineur non accompagné (MNA) lorsqu’il exerce un recours contre la décision prise par le département d’accueil ou par une structure déléguée. L’article 1er met la lumière sur une situation inacceptable, un problème croissant qui mérite toute notre attention.
De façon plus générale, on a constaté une progression de 30 %, ces trois dernières années, du nombre d’enfants dormant à la rue. Cela souligne l’incapacité de notre pays à garantir, même aux enfants, un accès à l’hébergement d’urgence, qui est pourtant une liberté fondamentale.
À la problématique du sans-abrisme s’ajoute celle des mineurs non accompagnés qui se voient contester leur déclaration de minorité lors du premier examen assuré par le département d’accueil. En juin 2025, on dénombrait plus de 3 200 recours contre cette décision. Dans l’attente du traitement de leur recours, ces jeunes sont présumés majeurs et ne bénéficient plus des services de protection de l’enfance. Ils relèvent soudainement du droit commun et se trouvent alors exposés à la rue, aux violences et aux trafics en tous genres, une situation aggravée par un délai de recours qui peut excéder douze mois et par des structures d’hébergement d’urgence totalement débordées.
L’article 1er, dont l’objectif est parfaitement louable et doit tous nous interpeller, présente cependant de nombreux inconvénients et risque même, dans la situation actuelle, d’aggraver la situation de l’aide sociale à l’enfance, l’ASE, déjà en souffrance et en très grande tension dans de nombreux départements.
Certains faits révélés récemment nous le rappellent avec violence.
Les départements doivent faire face à des réalités logistiques et financières.
Sans compensation financière à la hauteur, sans infrastructures ni personnels supplémentaires, ils seraient dans l’impossibilité d’assurer cette nouvelle charge, laquelle pourrait mettre en péril les missions que l’ASE assure aujourd’hui. Cette dégradation pourrait encore être amplifiée par l’effet d’aubaine et l’appel d’air que créerait peut-être cette mesure auprès des passeurs et des exploiteurs de la détresse humaine.
Le groupe EPR estime que le préalable indispensable de toute nouvelle loi est de travailler à la réduction significative des délais de traitement des recours et que les départements aient les moyens de financement suffisants pour se doter d’infrastructures d’accueil adéquates.
Nous sommes disposés à travailler dès à présent, dans un cadre transpartisan, sur ce sujet qui va bien au-delà de ce texte, même amendé. Il s’agit de trouver une solution pérenne à la problématique spécifique des mineurs non accompagnés et, de façon plus large, au sans-abrisme lorsque des femmes isolées ou des familles avec enfants sont concernées. Nous ne pourrons pas voter l’article 1er, même modifié, car il ne réglera pas réellement le problème et dégradera même significativement la qualité des services actuels de l’ASE, en faisant peser sur les départements, aux finances déjà en difficulté et aux structures saturées, une charge trop lourde. Nous préférons nous associer aux efforts annoncés et déjà engagés par le gouvernement concernant le sans-abrisme des jeunes.
Avec l’article 2, l’objectif est d’établir au niveau national des chiffres consolidés concernant « les personnes sans domicile, notamment les mineurs isolés », des chiffres actuellement indisponibles ou peu fiables à cause du fonctionnement en silo qu’induit la répartition des responsabilités entre État, département, justice et associations. Notre groupe n’est pas opposé à la création d’un observatoire national du sans-abrisme, notamment pour les familles avec enfants et les jeunes isolés. (

 

● MoDem 
Perrine Goulet (députée)

> [Assurer le droit de chaque enfant à être assisté d’un avocat dans le cadre d’une mesure d’assistance éducative et de protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] Ce moment est historique. Il nous donne l’occasion de réparer le vote de la loi de 2022, rejetée à une voix près et, ainsi, de faire de tous les enfants français des sujets de droit à part entière dans toutes les procédures qui les concernent. Il nous permet aussi de donner aux enfants mis sous protection, donc fragilisés, un accompagnateur dans un moment compliqué de leur vie, qui saura agir en cas de conflit de loyauté envers les éducateurs et les parents. Il nous donne enfin l’occasion de faire de l’égalité, qui fait partie de la devise de la France, une réalité. Les enfants deviendront en effet des justiciables comme les autres et bénéficieront des mêmes droits que les adultes. Nous voterons donc pour l’adoption de cette proposition de loi.
Je tiens à remercier la rapporteure, à titre personnel et au nom de mon groupe, pour le travail transpartisan qu’elle a mené. Notre assemblée n’est belle que quand elle travaille de manière transpartisane. Poursuivons ce travail pour les enfants. La protection de l’enfance en a besoin. Mme Maximi a raison : il faut la rénover du sol au plafond. Faisons-le ensemble, car les enfants sont notre avenir et nous devons mieux les accompagner.

> [Protection des mineurs isolés et lutte contre le sans-abrisme / Intervention à l’Assemblée] Permettez-moi de commencer mon intervention en évoquant une image qui devrait hanter tous nos débats concernant la protection de l’enfance : une jeune de 16 ans, arrivée seule en France après avoir fui la guerre ou la misère, se voit notifier par le département un refus de minorité. Le jour même, elle est mise à la rue, sans toit, sans école, sans soins. Les mois passent ; elle dort dans le froid de l’hiver. Il ne s’agit pas là d’un cas isolé, mais du quotidien tragique des milliers de MNA que notre République, pourtant signataire de la CIDE, abandonne trop souvent à leur sort. Rappelons-le avec solennité :  tout mineur en danger, qu’il soit français ou étranger, par exemple en situation de migration, a droit à une prise en charge inconditionnelle sur le territoire national.
Chaque année, ils sont environ 30 000 à se présenter comme mineurs à leur arrivée dans notre pays ; ils sont alors évalués afin de déterminer leur situation et la réalité de leur minorité. Le texte vise à ce que, lorsqu’ils sont estimés majeurs et le contestent, ils puissent être laissés à l’abri jusqu’à la décision du juge –
 cest-à-dire que nous ne parlons pas des enfants au sens strict, immédiatement mis sous protection, mais de jeunes ayant entre 15 ans et 25 ans, si bien quil est compliqué de déterminer sils sont mineurs.
Lors de l
examen de la proposition de loi par la commission des affaires sociales ont été cités des chiffres qui doivent nous faire réfléchir. Monsieur le rapporteur, vous indiquez vous-même dans votre rapport que les chiffres avancés par les associations doivent être regardés « avec prudence », compte tenu d’une part des estimations du ministère de la justice, d’autre part de celles de la Ville de Paris. Toujours selon vous, dans la capitale, qui assure « 16 % de l’ensemble des prises en charge de mineurs non accompagnés à l’échelle nationale », 37 % des jeunes s’étant vu opposer un refus de prise en charge ont saisi le juge des enfants et seules 17 % de ces saisines ont abouti à une reconnaissance de minorité ; en d’autres termes, votre texte aurait pour effet l’accueil, des mois durant, de très nombreux adultes dans des établissements pour mineurs, au contact de ces derniers.
De surcroît, ce dispositif créerait le risque que toute personne arrivant sur le territoire national commence par se dire mineure, afin de bénéficier de cette mise à l’abri durable. Le vrai problème n’est d’ailleurs pas celui de la mise à l’abri, mais celui du délai juridictionnel.
Lorsqu’un jeune conteste devant le juge des enfants le résultat de l’évaluation dont il a fait l’objet, la procédure n’est encadrée par aucun délai légal ; il en résulte des longueurs excessives, indignes. À Paris, il faut attendre cinq à douze mois une audience, parfois un an la décision définitive. Vous l’écrivez, monsieur le rapporteur, à juste titre, « un mineur finit toujours par devenir majeur » : combien de milliers de jours perdus, de vies durablement abîmées ? C’est ce point qu’il faut faire évoluer : que le recours d’un jeune se présentant comme mineur soit traité dans des délais correspondant au temps des enfants. Si un jeune réellement mineur est mis à la rue parce qu’estimé majeur, il se trouve en danger : il conviendrait donc que son recours, comme celui d’un enfant faisant l’objet de mesures de protection d’urgence, soit traité sous un mois, ce qui permettrait pour le coup de le laisser à l’abri jusqu’à la décision du juge. En revanche, je le répète, garder douze à dix-huit mois parmi les mineurs un jeune peut-être adulte est quelque peu dangereux.
L’article 2 prévoit la création d’un observatoire national du sans-abrisme, alors qu’il existe une délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) : je salue donc votre proposition de le retirer afin de ne pas créer un comité Théodule de plus.
Votre texte, cher collègue, aborde un vrai problème touchant les droits humains, les droits des mineurs ; mais en prévoyant uniquement une mise à l’abri, il ne correspond pas à l’enjeu, lequel consiste à détecter les mineurs pour les accompagner. Au contraire, il fait craindre que cette mise à l’abri sans conditions n’incite les adultes qui arrivent sur notre sol à se glisser dans le dispositif, ce qui l’emboliserait et mettrait ainsi en danger les vrais mineurs, dont la prise en charge serait retardée d’autant. Par conséquent, dans sa grande majorité, le groupe Modem ne soutiendra pas ce texte.

> [Protection des mineurs isolés et lutte contre le sans-abrisme / Intervention à l’Assemblée] Que le sans-abrisme soit un sujet dans notre pays ne fait aucun doute, qu’il s’agisse de mineurs ou de majeurs. Cependant, cette proposition de loi, telle qu’elle est rédigée, présente deux écueils. Tout d’abord, telle qu’elle est écrite, une personne qui se présente comme mineure restera tout de même un an dans un centre d’hébergement d’urgence alors que l’enjeu est précisément, s’il s’agit véritablement d’un mineur, de reconnaître au plus vite sa minorité pour le placer dès que possible sous le régime de la protection de l’enfance. Ce texte, c’est le premier écueil, ne permet pas d’atteindre cet objectif. À mon sens, nous devrions plutôt travailler ensemble à réduire les délais entre le moment où le jeune conteste une décision de refus de minorité et celui où la justice est définitivement rendue. C’est la seule question à se poser pour protéger efficacement les mineurs non accompagnés dans notre pays : comment s’assurer qu’ils puissent jouir pleinement de leurs droits sans attendre un délai d’un an ?
Le texte présente un deuxième écueil. Admettons que je sois un étranger et que je veuille venir en France. Tout naturellement, je vais me présenter comme mineur car je sais que pendant un an, je serai à l’abri. C’est humain, puisque c’est une garantie qui me sera offerte immédiatement.
Je vous le répète, je suis très ennuyée face à ce texte et c’est bien pour cette raison que chaque député de mon groupe votera en son âme et conscience. C’est en effet une proposition qui part d’une bonne intention mais qui n’atteindra pas sa cible –
 au contraire, il y a même un risque non négligeable que les enfants soient en danger parce quils seront en contact avec des adultes pendant trop longtemps. Et pendant ce temps, on naméliore pas la situation des personnes non accompagnées réellement mineures puisqu’elles resteront encore un an en hébergement d’urgence avant d’être prises en charge par les services de la protection de l’enfance. Je vous le répète, je suis prête à réfléchir avec vous à la manière de forcer la justice à réduire les délais de traitement des recours formés par ces jeunes pour que ceux d’entre eux qui sont réellement des mineurs intègrent plus rapidement les services de la protection de l’enfance.

 

Bruno Fuchs (député)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée] L’invasion de l’Ukraine a montré que les conflits d’ampleur n’appartenaient pas au passé. Elle a souligné l’importance de disposer de stocks, de capacités industrielles réactives et d’armées robustes. Les pays européens, de l’Allemagne à la Pologne, ont pris acte de cette funeste évolution.
Les nouvelles formes de conflits hybrides dépassent largement les cadres traditionnels de conflictualité. Nous sommes désormais confrontés à une dynamique mondiale complexe, où le nouvel ordre transforme profondément la nature même des risques. Il est impératif que notre stratégie de défense prenne pleinement en compte cette réalité.
Au-delà de l’Europe, la montée en puissance de nouveaux acteurs, l’instabilité au Proche et au Moyen-Orient, ou encore la multiplication des cyberattaques, attestent que le monde est entré dans une ère où la force, qu’elle soit militaire, numérique ou informationnelle, redevient un instrument majeur des relations internationales.
Dans ce contexte, la France doit faire évoluer sa stratégie. Pour peser dans l’équilibre européen et honorer ses alliances, elle doit multiplier ses efforts. Être indépendant, comme nous le sommes, exige des moyens financiers à la hauteur de nos ambitions. Notre assemblée a déjà pris acte de cette situation en adoptant de manière consensuelle la loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030. Il s’agit à présent de concrétiser les engagements et de voir plus loin.
Les annonces récentes de l’exécutif vont dans ce sens. Renforcement des capacités industrielles, augmentation des effectifs, efforts sur les munitions et soutien à la filière de défense : tout cela répond à un impératif. La France doit s’adapter à un monde en mutation rapide et imprévisible. Le président de la République a insisté sur la nécessité d’aller plus loin que la LPM pour maintenir la trajectoire capacitaire, soutenir l’économie de guerre et accélérer les programmes prioritaires. Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité stratégique.
Approfondir notre effort de défense, comme le font de nombreux autres pays, ne revient aucunement à céder à une logique de militarisation. Bien au contraire, c’est reconnaître que la paix, aujourd’hui, se protège activement. Dans un monde instable, la France doit pouvoir compter sur des armées prêtes, modernes et capables de faire face à l’imprévu. C’est là tout le sens de la LPM 2024-2030, mais aussi des annonces publiques du Président et du gouvernement : accélérer, renforcer, anticiper.
Parce que la sécurité des Français se construit maintenant, et non dans l’urgence du lendemain, il nous revient désormais à nous, parlementaires, de traduire ces intentions et cette stratégie en actes. Cela passe, à court terme, par l’adoption du budget 2026, qui entérine l’augmentation des moyens dévolus à nos armées, conformément à la trajectoire définie par la LPM.
Nous voilà donc à l’heure des choix. Le gouvernement a assumé ses responsabilités, la commission des affaires étrangères également, en donnant un avis favorable à
l’adoption des crédits de la mission Défense dans le projet de loi de finances pour 2026.
À chacun d’entre nous, à présent, de se prononcer avec lucidité et responsabilité. Il y va de l’avenir de notre défense nationale et de notre capacité collective à protéger nos concitoyens, la France et l’Europe, mais aussi notre vision du monde, une vision multilatérale d’un monde d’État de droit et de libertés publiques. Soyons à la hauteur, comme vient de le dire le président de la commission de la défense.

 

Geneviève Darrieussecq (députée)
> [Défense de la France / Intervention à l’Assemblée] Monsieur le premier ministre, au nom du groupe Les démocrates, je souhaite vous remercier sincèrement d’avoir inscrit ce débat à l’ordre du jour de notre assemblée. La situation politique intérieure comme le contexte international justifient pleinement la discussion qui nous réunit. Nous devons en mesurer l’importance.
Alors que l’ordre international ancien s’efface, nous avons peine à voir se dessiner celui qui le remplacera. Entre les deux, nous sommes entrés dans un temps de grands dangers : le commerce pacifique cède la place à la concurrence agressive et sauvage ; l’expansion démocratique est supplantée par le retour des régimes forts et autoritaires ; l’esprit du droit bute sur la facilité de la force.
Le retour de la guerre sur notre continent depuis quatre ans, avec l’agression par la Russie de l’Ukraine, l’inquiétante instabilité au Proche et au Moyen-Orient, la multiplication des tensions internationales et le réarmement massif des nations nous contraignent à regarder la vérité en face : la guerre, les conflits et les rapports de force, que nous pensions voués aux cauchemars du passé, peuvent, si nous ne faisons rien, redevenir notre avenir.
Ne soyons pas les acteurs impuissants d’un monde qui change. Soyons, au contraire, partie prenante du monde qui vient. Commençons par prendre pleinement conscience de ce qui nous menace afin d’y répondre de manière résolue.
Les menaces sont de plusieurs ordres. D’abord, on constate un retour des visées impérialistes qui, depuis l’Europe de l’Est jusqu’aux confins de l’Asie, cherchent à s’étendre territorialement.
Ensuite, on note un affaiblissement et une contestation dans le monde de notre idéal civilisationnel, bâti autour des valeurs universelles, démocratiques et humanistes.
Il faut aussi prendre en compte l’instabilité politique interne à nos États démocratiques, laquelle est parfois entretenue par des ingérences étrangères qui en amplifient encore les risques.
Enfin, il faut citer le désengagement progressif des États-Unis dans la défense de l’Europe, voire le regard suffisant, et parfois insultant, que porte le président Trump sur notre continent.
Il serait irresponsable de notre part d’adopter la politique de l’autruche. Notre devoir de responsables politiques et de citoyens est d’affronter cette réalité de manière résolue et immédiate.
La première réponse est budgétaire. Nous devons poursuivre la trajectoire de réarmement engagée depuis 2017 sous l’impulsion du président de la République. Ce dernier avait discerné avant beaucoup d’autres l’enjeu qu’allait représenter le renforcement de notre défense française et la nécessité d’une coopération européenne forte.
Cette trajectoire est traduite dans les lois de programmation militaire successives qui –
 faut-il le rappeler ? – sont respectées à leuro près. Toutefois, la sécurité de la France appelle un effort supplémentaire pour 2026 et les années qui viennent. Cest ce que vous proposez, monsieur le premier ministre, madame la ministre des armées, et nous y sommes favorables.
Il faut que cette approbation soit partagée le plus largement possible sur ces bancs. Nous devons aboutir à un compromis ambitieux sur le PLF avant le 31 décembre. C’est une brique indispensable de l’édifice de défense que nous avons à bâtir. Notre défense, notre sécurité et notre souveraineté seraient les premières à pâtir de l’absence de budget.
La deuxième réponse, indispensable et qui dépend de nos choix budgétaires, est l’adaptation permanente et l’agilité de nos armées. L’objectif est de conformer nos armées aux nouveaux modes de l’action militaire : guerre hybride, utilisation massive des drones de reconnaissance ou de combat, intégration tout aussi massive de l’intelligence artificielle, importance de la guerre économique et de ses subterfuges –
 espionnage, sabotage des infrastructures combinés aux cyberattaques –, investissement de lespace et de la très haute altitude comme nouveaux lieux de conflictualité.
Cette adaptation doit aussi renforcer nos atouts issus de l
après-guerre. Je pense à notre dissuasion nucléaire, qui reste un modèle de protection et de souveraineté.
La guerre en Ukraine nous a montré l’importance de détenir des stocks massifs de munitions pour entraîner nos armées et permettre, si nécessaire, une riposte immédiate et soutenue.
Enfin, pour que nos armées s’adaptent vite et bien, il faut qu’elles s’équipent efficacement. Nous mesurons l’importance d’une base industrielle et technologique de défense forte et capable de monter en puissance rapidement. Assurons-nous que les hausses de budget votées à Paris se traduisent par des bons de commande à nos entreprises de la défense et à leurs sous-traitants.
Chacun doit avoir pleinement conscience que sans cette hausse des crédits, il n’y a pas d’espoir de mettre nos armées à niveau.
La troisième réponse est européenne. Nous partageons en effet un espace commun et nous faisons face aux mêmes menaces ; nous devons donc être capables d’apporter des réponses en Européens, sans remettre en cause la souveraineté de chaque État. La recherche, l’innovation technologique, notamment en ce qui concerne l’intelligence artificielle, le déploiement permanent de l’interopérabilité de nos systèmes et l’étroite coopération entre États membres seront la base de notre sécurité commune.
La quatrième réponse est sociétale et citoyenne. Elle dépend de notre capacité à porter à la connaissance du plus grand nombre les enjeux qui sous-tendent cet effort de la nation.
Il ne peut y avoir d’engagement durable de nos armées sans un soutien permanent des Françaises et des Français. Cela suppose que nous soyons en mesure d’expliquer de manière claire et lucide les menaces auxquelles nous sommes exposés. Renforcer le lien entre l’armée et la nation est un enjeu majeur. Il nous semble essentiel de déployer une réserve opérationnelle plus nombreuse et plus intégrée.
Le service national volontaire annoncé par le président de la République doit non seulement permettre de former davantage de jeunes au maniement des armes, mais il doit aussi faire que notre société s’imprègne progressivement de l’esprit de défense.
Toutes ces réponses, graduées et dépendantes les unes des autres, forment un ensemble cohérent et dessinent une action collective devant renforcer nos armées sur le plan humain et moral.
Nous avons néanmoins devant nous un chantier majeur, bien identifié dans la dernière revue nationale stratégique (RNS) : celui de la résilience nationale. Car une armée seule ne peut pas tout. C’est avec la société tout entière que la nation sera forte.
Sensibiliser, informer, former chaque Français sur les risques et les moyens de se protéger individuellement et collectivement est aujourd’hui une absolue nécessité. La mobilisation de l’école, du monde du travail et des collectivités locales devrait nous permettre d’atteindre ces objectifs.
Pour terminer, je voudrais, au nom du groupe Les Démocrates, rendre hommage à nos soldats. Pour les côtoyer depuis longtemps, à Mont-de-Marsan comme ailleurs, je sais leur engagement profond pour la nation. Je sais leurs compétences, leur soif de toujours s’adapter pour être toujours meilleurs –
 toujours les meilleurs. Leur mobilisation est permanente ; nous leur devons respect, reconnaissance et soutien inconditionnel.
Notre groupe salue aussi, monsieur le ministre d
élégué chargé de lindustrie, madame la ministre des armées, votre engagement, sous lautorité du président de la République. Pour notre indépendance, notre sécurité commune, nous navons jamais manqué le rendez-vous. Aujourdhui comme hier, nous soutiendrons nos armées ; nous appelons tous ceux qui se réclament du champ républicain, qui sont attachés à la souveraineté de notre pays, à s’engager également dans cette voie. Nous sommes comptables devant l’histoire.

 

► Autres 
● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée, présidente)
> L'instauration d'un montant forfaitaire sur les petits colis entrant dans l'UE à partir de juillet 2026 est une très bonne nouvelle. Elle démontre le changement d’approche de l’Union européenne face à une concurrence mondiale déloyale. Nous devons protéger les consommateurs européens et nos marchés de l'invasion de ces petits colis provenant de plateformes chinoises comme Shein, Temu ou AliExpress.

> Regardez ce témoigagne bouleversant. Roman est le visage de la terrible guerre en Ukraine. Voici pourquoi l'Europe ne faiblira pas dans ses exigences de paix. La Russie de Poutine devra répondre de ses crimes de guerre. Nous ne tolérerons aucune amnistie pour ceux qui ont commis de telles horreurs.

> Avec une mobilisation citoyenne sans précédent, les Bulgares ont lancé un appel clair à la démocratie et à la justice. Plus de 150 000 personnes ont manifesté rien qu'à Sofia, et 500 000 au total dans ce pays de 6,5 millions d'habitants (la plus grande mobilisation depuis des décennies). Des manifestations ont également eu lieu dans toute l'Europe, les citoyens s'opposant fermement à la corruption et exigeant des comptes.
Leur message est clair : la fin de la corruption, un engagement renouvelé envers l'État de droit et un avenir plus juste. Nous ne pouvons tolérer aucun recul démocratique. Le peuple bulgare mérite la prospérité, l'intégrité et la justice.
Cette mobilisation n'a pas été vaine : le Premier ministre bulgare a depuis annoncé la démission de son gouvernement.

 

● Personnalités centristes
Sarah El Hairy (haut-commissaire à l’Enfance)

> 20 individus ont été interpellés pour l’achat de poupées à caractère pédocriminel, certains déjà connus . Merci à la policepour leur opération exemplaire. Face à la pédocriminalité, aucune faiblesse. La mobilisation continue.

> Parce que la créativité s’acquiert et se développe, la transmission et l’éveil sont indispensables !