mardi 21 janvier 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Dur, dur, d’être un centriste!

Jean-Louis Borloo l’a dit, l’UDI ne votera pas la confiance au gouvernement sur le Pacte de responsabilité présenté par François Hollande que pourtant il a salué comme un tournant libéral du président de la république.
De son côté, François Bayrou a expliqué que ce pacte allait dans la bonne direction (la sienne) mais qu’il était «trop tard» pour le soutenir alors que son alliance, le 5 novembre dernier (une éternité…) venait justement de ce François Hollande ne voulait pas faire ce qu’il vient de proposer de faire.
Ceux qui aiment la clarté en politique en seront donc pour leurs frais…
Bien sûr, pour l’instant, les propositions du président de la république ne sont que des mots et n’engagent, comme on le dit cyniquement, que ceux qui y croient.
Mais si, demain, les actes suivent?
Jean-Louis Borloo, donc, ne les soutiendrait pas au nom d’une «opposition constructive».
Quant à François Bayrou, son «il est trop tard» signifierait-il que même si l’on prend les bonnes mesures, tout est déjà foutu?
Si l’on comprend bien, il n’y a plus rien à faire et tout est figé ad vitam aeternam!
On voit bien que les deux positions ne tiennent pas si l’on se considère centriste.
Car les choses sont plus simples qu’on ne le présente et que l’on complique sciemment afin de justifier un positionnement qui va jusqu’à la contradiction (certains appellent cela la «politique»!!).
Soit on est d’accord avec une politique spécifique ou des mesures particulières, on les supporte.
Soit on n’est pas d’accord et on ne les supporte pas.
Mais il est difficile de comprendre que, quand on est d’accord, on s’oppose!
Ce n’est pas ce que l’on appelle une démarche responsable, consensuelle et équilibrée, des mots qu’utilisent souvent les leaders des partis centristes.
D’autant que supporter des mesures ou une politique spécifique ne signifie pas ralliement ou allégeance à un projet politique global.
Le propos ici n’est pas de dire si les partis centristes doivent s’allier au Parti socialiste ou à l’UMP.
Dès lors, on aurait voulu voir une ouverture d’esprit un peu plus large sur le discours.
Cela aurait été une démarche centriste.
Oui mais, en l’occurrence, les centristes se sont mis eux-mêmes dans cette mélasse.
D’un côté, il y a un Jean-Louis Borloo qui prétend que l’alliance naturelle du Centre ne peut se faire qu’avec la Droite (à l’exclusion de l’extrême-droite), c’est-à-dire quel que soit les propositions de cette dernière et de celles de la Gauche.
De l’autre côté, il y a un François Bayrou qui disait, il y a encore peu, que le Centre ne devait pas faire alliance avec quiconque, indépendance rimant, selon lui, avec solitude (aujourd’hui, il défend la position de Jean-Louis Borloo au sein de l’Alternative).
Du coup, ils se sont lié les mains car la seule bonne position en la matière est de revendiquer une totale indépendance politique tout en nouant, au moment des élections, des alliances avec le ou les partis qui sont le plus proche de vos thèses.
Et, entre les élections, de supporter toute bonne initiative, notamment celles que l’on propose soi-même ou qui y ressemble étrangement…
Si les centristes agissaient ainsi, alors ils pourraient non seulement saluer mais aussi soutenir les bonnes mesures qui viennent de droite et de gauche, c’est-à-dire celles qu’ils défendent et que la droite et la gauche leur piquent!
Au lieu de cela, à force de ne pas savoir réellement où ils sont ou de courir après des accords électoraux pour ne pas couler, ils sont obligés à des circonvolutions parfois pathétiques où plus personne ne s’y retrouve et qui, malheureusement, décrédibilise le Centre et le Centrisme.
Un dernier sondage pour les municipales montrent que seuls 10% des Français souhaitent la victoire d’une liste UDI ou MoDem.
Ceci explique peut-être cela.

Dans ces conditions, dur, dur d’être un centriste!