samedi 23 mars 2019

Européennes 2019: Sondage des sondages – Centristes à 123 députés (=) dont 99 ALDE et 24 LREM

Voici les résultats en sièges des différents groupes du Parlement européen selon le sondage des sondages quotidien réalisé par le site Politico Europe pour les élections européennes, à la date de ce samedi 23 mars 2019 avec des centristes stables à 123 députés.
- Alliance des Libéraux et démocrates pour l’Europe (ALDE, centre): 99 (=)
- Alliance progressiste des socialistes et démocrate (S&D, gauche): 132 (+1)
- Conservateurs et réformistes européens (CRE, droite radicale): 59 (-1)
- Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD, populiste de droite): 33 (=)
- Europe des nations et des libertés (ENL, extrême-droite): 63 (-1)
- Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL, extrême-gauche): 50 (+1)
- Groupe des Verts/Alliance libre européenne (The Greens/EFA, écologiste): 42 (-1)
- Parti populaire européen (PPE, droite): 179 (+1)
- Non-inscrit: 8 (=)
- Nouveau (partis créés depuis la dernière élection au Parlement européenne de 2014): 40 (=) dont 24 LREM (=)
Score des centristes: ALDE + LREM: 123 (=)


Actualités du Centre. «Affaire» Benalla: Ferrand, le président de l’Assemblée, dénonce «une décision purement politicienne»

Richard Ferrand
Dans un entretien au Figaro, Richard Ferrand s’en prend à la décision prise par le bureau du Sénat et leurs représentants LR et PS, d’incriminer des proches du chef de l’Etat sans aucune preuve dans l’«affaire Benalla».
Le président de l’Assemblée nationale estime celle-ci de «purement politicienne» et de volonté «d’instrumentaliser» «l’autorité judiciaire» mais rappelle son attachement au parlementarisme.

Extraits de son interview:

- Quelle est votre première réaction à la saisine de la justice par le Sénat?
D'abord, je tiens à rappeler que je suis attaché au respect de l'indépendance de chaque institution parlementaire. Toutefois, le cheminement du Sénat est tortueux et choquant. Dans sa propre décision, le bureau du Sénat indique qu'il ne dispose pas de suffisamment d'éléments pour suspecter de faux témoignages les collaborateurs du président de la République… mais que, pour autant, il juge nécessaire de saisir la justice quand même! Etant donné qu'il n'y a rien, ni en fait ni en droit, il s'agit donc d'une décision purement politicienne.
- Etes-vous inquiet par les suites que la justice peut donner à cette affaire?
La séparation des pouvoirs implique précisément que je n'ai strictement rien à dire sur ce que la justice a à faire. J'ajoute simplement que, lorsque l'on écrit soi-même que l'on a aucun élément de nature à justifier une saisine de la justice, mais qu'on le fait quand même pour tenter d'atteindre l'Elysée, on ne respecte pas beaucoup l'autorité judiciaire; on lui refile le mistigri pour essayer de l'instrumentaliser.
Les collaborateurs cités par le Sénat doivent-ils démissionner?
Quelle idée! Il s'agit de grands serviteurs de l'Etat  à ne pas confondre avec des parjures. Aujourd'hui, d'autres se servent au contraire des institutions pour les mettre en cause. Au fond, nous sommes entrés dans une sorte de danse du scalp autour du président de la République, que l'on cherche en vain à affaiblir. Nous assistons à une attaque qui est d'une agressivité inédite et une atteinte directe à la séparation des pouvoirs.
- Considérez-vous que le Sénat s'est transformé en un tribunal politique?
Depuis le début du quinquennat, l'Assemblée nationale et le Sénat ont montré leur volonté d'exercer, plus que par le passé, leur mission de contrôle de l'exécutif. Et c'est une très bonne chose. Mais la mission de contrôle du Parlement est faite pour piloter l'action publique, pas pour pilonner la République. Elle doit permettre d'éclairer notre vie démocratique, et non pas de faire des coups politiciens. Tout le monde connaît la valeur des trois hauts fonctionnaires qui sont cités. Ils ont toujours servi la République. Or le rapport indique qu'ils n'ont rien fait, mais qu'on va quand même saisir la justice pour s'en assurer! Cela veut bien dire que l'idée est de délivrer une attaque frontale dans un contexte où ce n'est vraiment pas utile. Je le déplore. L'utilisation d'instruments démocratiques à des fins politiciennes abaisse le Parlement. Les pouvoirs qui composent la République doivent agir dans le respect et la séparation des prérogatives de chacun.


Une Semaine en Centrisme. Pourquoi le Sénat s’en prend à un pouvoir centriste

Le Sénat
Dans une pirouette que l’Histoire affectionne – mais c’est aussi un exemple de politique politicienne –, le Sénat, fief des centristes contre la politique et la personne du général De Gaulle durant ses dix années de pouvoir, un affrontement qui culmina avec le référendum du 27 avril 1969, perdu par ce dernier qui démissionna alors des ses fonctions présidentielles (De Gaulle voulait ôter au Sénat tous ses pouvoirs législatifs et politiques) est devenu l’ennemi du pouvoir centriste actuel avec un improbable alliance de la Droite qui se réclame de l’héritage de De Gaulle et de la Gauche qui se réclame de celui de Mitterrand, les deux courants idéologiques les plus critiques vis-à-vis de la haute assemblée au cours de la V° République!
Mais tout cela a une explication bien prosaïque et très rationnelle.
Ainsi de la réforme des institutions où le président du Sénat, Gérard Larcher, s’est intronisé lui-même premier opposant à Emmanuel Macron en critiquant l’ensemble du projet de loi et en affirmant qu’il ne serait pas voté par la haute assemblée.
Ainsi de la commission d’enquête sur les agissements d’Alexandre Benalla dont le fonctionnement, les conclusions et le signalement à la justice de plusieurs personnes est un coup politique.
Dans un raccourci qu’aime si bien les médias, c’est la revanche de l’«ancien monde» contre le «nouveau» ainsi même que l’a lui-même  déclaré le sénateur Philippe Bas, le président de la commission et soutien inconditionnel de François Fillon lors de la présidentielle de 2017.
En effet, il n’y a là aucun courage politique, aucune dimension démocratique, seulement une démarche politicienne qui est d’instrumentaliser le Sénat pour attaquer de manière partisane le pouvoir en place.
La réflexion était simple pour l’opposition de droite.
Elle avait perdu les élections présidentielle et législative qui lui étaient promises sur un plateau mais Emmanuel Macron et sa majorité centriste étaient très peu présents, voire totalement absent, au niveau des échelons locaux.
Dès lors, dans une stratégie déjà utilisée avec un certain succès par la Gauche, la Droite a érigé les pouvoirs locaux où elle est majoritaire (avec l’aide, donc, de la Gauche au Sénat, émanation des pouvoirs locaux) en contre-pouvoir et base de sa reconquête du pouvoir.
Tout est donc bon pour utiliser l’échelon local que ce soit au Sénat ou avec les trois associations (sans aucun pouvoir autre que médiatique) des élus municipaux, départementaux et régionaux, toutes trois aux mains d’élus de Droite.
Quant à la Gauche, elle règle aussi ses comptes avec Emmanuel Macron au Sénat, lui, l’homme qui aurait trahi François Hollande et détruit le PS.
Là aussi, on est dans la vengeance politique avant tout.
Non, le Sénat ne défend pas les Français contre un président et un gouvernement pour qu’ils n’outrepassent pas leurs pouvoirs, il ne fait que de l’obstruction et de l’opposition partisane en vue de discréditer ceux qui occupent le pouvoir national afin de tenter de le récupérer.
Voilà comment le Sénat, place forte centriste pendant longtemps, est devenu la principale arme contre le pouvoir centriste en place.
Au moment où les populistes mènent une attaque de front contre la démocratie républicaine, ce genre de règlement de compte, à la fois minable, partisan et démagogique, sera certainement instrumentalisé par ceux qui rêvent d’abattre les institutions.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC