jeudi 11 décembre 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’irrespect mortifère de la licence et de l’égalitarisme

Dans les sociétés démocratiques actuelles, il y a une offensive en règle contre l’individualisme qui serait la cause de tous les maux, du délitement du lien social et de la dégradation du vivre ensemble.
Ce serait, évidemment, une liberté trop grande et trop largement octroyée qui serait à l’origine de tous ces dysfonctionnements et il suffirait de rajouter un peu d’ordre, c’est-à-dire de revenir en arrière afin de réinsérer cet individu, électron libre, de gré ou de force dans une communauté avec des règles plus contraignantes.
Cette analyse, développée par certains de la Droite à la Gauche en passant par le Centre, fait des rapprochements fallacieux et évite, avec des recettes simplistes, d’avoir un vrai débat sur la nature de nos démocraties républicaines.
Car les deux responsables ont pour nom la licence et l’égalitarisme.
La première est un abus de liberté sans responsabilité que l’individu s’octroie au nom de lui-même quel que soit les conséquences sur le lien social.
Le deuxième est une revendication d’une égalité totale quels que soient le mérite et le domaine concerné, quel que soit le danger pour le vivre ensemble.
La licence et l’égalitarisme ne sont pas des perversions de la démocratie républicaine nouvellement découvertes.
Rappelons que ce n’était pas l’individualisme et la liberté qui en découlait que craignaient le plus les penseurs libéraux du XIX° siècle comme l’Américain James Madison ou le Français Alexis de Tocqueville mais l’égalité dans sa version égalitariste comme destructrice de la démocratie républicaine.
Au nom de l’égalité, les individus demandent toujours plus de droits, voire des passe-droits, de plus en plus excessifs qui mettent à mal le lien social et détruisent la liberté mais augmentent la licence.
C’est réellement cette autonomisation irresponsable de l’individu dont les aspects sont une demande d’assistanat dans une configuration égoïste et égocentrique au nom d’une licence et d’un égalitarisme dont le premier bénéficiaire doit être soi-même que se trouve le délitement des liens, des solidarités et des tolérances qui aboutit à un irrespect mortifère et non dans l’individualisme qui requiert, ne l’oublions jamais, une responsabilité permanente indissociable de sa pratique.
Bâtir une société humaniste juste et équilibrée, but du Centrisme, c’est permettre à chacun de pouvoir s’épanouir dans une communauté qui le respecte autant qu’il respect les autres afin d’être capable de donner le meilleur de lui-même, à la fois, pour lui-même et pour la collectivité.
A l’inverse des penseurs du XIX° siècle que j’ai cité et qui se montraient très pessimistes sur le devenir de la démocratie républicaine, le pire n’est peut-être pas à venir si l’on remet du sens dans le destin collectif de l’humanité et si l’on donne véritablement la capacité à toute personne de réussir sa vie.
A défaut, les velléités égoïstes et égocentriques s’imposeront dans un assistanat égalitariste irresponsable et irrespectueux au risque de faire imploser cette démocratie républicaine qui demeure le système le plus à même de réunir les femmes et les hommes tout en leur donnant les meilleures opportunités pour construire leur existence à leur convenance et au profit du collectif.
Mais il faut également se souvenir, toujours, que la démocratie républicaine est un régime fragile parce qu’il fait confiance à l’humain et que tous ceux qui en sont les défenseurs doivent constamment avoir à l’esprit que la liberté et le bien-être que nous avons acquis et que nous pouvons acquérir ont un prix dont il faut s’acquitter au risque de les perdre définitivement.