dimanche 15 mars 2020

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le fiasco des municipales

En cette soirée d’élections municipales, la principale préoccupation et la discussion de tous, sur les plateaux de télévision ou chez soi, ne porte pas sur les résultats mais sur le coronavirus ainsi que sur l’inconséquence d’avoir organisé un scrutin qui n’avait plus aucun sens alors que l’épidémie de covid19 connaissait une accélération dont les chiffres qui ont été publiés aujourd’hui en sont la triste preuve.
La tenue de ces élections est un fiasco total parce qu’en plus, nous nous trouvons devant une abstention record avec plus de 56% des Français qui ne se sont pas rendu aux urnes.
Ce qui est un déni total de démocratie car les abstentionnistes sont surtout des gens qui ont eu peur d’attraper le virus, d’être malades ou de contaminer leurs proches et qui n’étaient absolument pas mus par un incivisme ou une volonté de ne pas exprimer leur choix.
Tous les résultats de ce soir ne veulent donc rien dire et s’ils sont validés, on peut dire qu’ils n’auront pas une réelle légitimité démocratique.
Le gouvernement et tous ceux qui ont pressé, voire obligé, Emmanuel Macron à maintenir ce vote portent la responsabilité de cet échec de la démocratie alors même que leur discours pour justifier ce maintien, prétendait la soutenir.
L’annulation ou le report du second tour qui a une très forte probabilité de survenir, ne sera pas la réparation de ce fiasco mais bien sa continuation.
Parce que tous ceux qui sont allés voter en prenant des risques pour leur santé, l’auront fait pour rien, leur voix comptant pour du beurre, ce qui n’est pas acceptable démocratiquement parlant.
Mais si ce n’était pas le cas, au vu de la progression foudroyante de l’épidémie, le maintien du second tour serait une décision totalement irresponsable qui pèserait sur ceux qui la prendraient.
Le pouvoir politique s’est donc mis dans une situation inextricable où, quelle que soit sa décision, elle sera mauvaise politiquement parlant.
Reste que le plus important est d’éviter, sinon la pantalonnade, au moins que des personnes ne meurent pour un vote qui n’a plus aucune légitimité démocratique et qui peut se tenir dans quelques mois sans dommage pour la vie démocratique.
En l’espèce, il faut espérer que le président et le gouvernement ainsi que tous les (ir)responsables politiques qui ont fait une pression indécente pour leur petite cuisine politicienne et qui devraient faire profil bas, ont appris quelque chose de positif de leur erreur.


L’Editorial du CREC. Monsieur Macron, vous êtes d’abord le garant de la sécurité des Français!

Monsieur le Président de la République, à la sortie du bureau de vote où vous veniez de mettre votre bulletin dans l’urne, vous avez déclaré que vous aviez organisé les élections municipales malgré le coronavirus covid19 parce que vous êtes le garant de la vie démocratique du pays.
Si cela est exact, monsieur le président, en revanche vous êtes, avant cela et d’abord, le garant de la sécurité de vos concitoyens.
C’est votre première mission parce qu’une vie démocratique ne vaut rien pour ceux qui ne peuvent vivre en sûreté leur existence, pire, qui sont morts.
Et, force est de constater, que vous n’avez pas rempli cette mission en décidant que les municipales auraient lieu en pleine épidémie d’un virus que nous ne savons pas encore combattre efficacement.
Monsieur le président, vous avez commis une faute politique.
Oui, c’est vrai, le covid19 est dangereux et tue, que vous le décidiez ou non.
En revanche, rien ne vous obligeait à tenir un scrutin qui, même s’il ne cause qu’un décès ou un cas grave chez ceux qui se sont rendus aux urnes et qui tomberont malades de s’être déplacés dans un bureau de vote, sera un mort ou un malade de trop.
Parce que vous aviez la possibilité de décider de reporter un scrutin dont il n’était pas essentiel pour que notre vie démocratique soit impactée s’il ne se tient que dans un, deux ou trois mois.
Vous avez choisi de jouer à la roulette russe avec la santé des Français et ce n’est pas à votre honneur.
Surtout quand on sait, monsieur le président, que vous l’avez fait pour des motifs politiciens.
Avez-vous eu la «trouille», comme l’ont dit de nombreux commentateurs que monsieur Larcher et d’autres personnages aussi pathétiques vous reprochent d’avoir reporté les municipales?
Mais cette peur, monsieur le président n’est pas un sentiment qui doit vous guider surtout dans ces moments là.
On peut et on doit stigmatiser les personnes qui se croient plus fortes que le virus et ne respectent pas les règles que votre gouvernement et votre administration répètent, fort justement, en boucle.
On est sidéré de voir les gens se promener en masse dans les rues ce dimanche, parfois en groupe.
Mais on l’est tout autant en voyant les files d’attente devant les bureaux de vote où, évidemment, beaucoup ne respecte une distance d’un mètre.
Oui, monsieur le Président de la République, c’est une faute que nous espérons vous ne commettrez pas dimanche prochain pour le second tour…

L’équipe du CREC


Vues du Centre. En tant que centriste et responsable, je n’irai pas voter aujourd’hui

Par Jeanne Valsami

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jeanne Valsami se définit comme une centriste engagée. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Comme l’a fort justement dit Axel Kahn sur franceinfo, la tenue des élections municipales est une décision uniquement politique et aucune considération sanitaire n’est entrée en ligne de compte, in fine, pour les maintenir ou non.
Car, comme il l’a dit, devant la propagation d'un tel virus, une seule décision existe: le confinement.
Et comme Jacques Attali a appelé à le faire, dans un appel solennel, devant, selon lui, une irresponsabilité totale du monde politique, je vais rester chez moi et je ne vais pas aller voter alors que je ne manque jamais ce devoir civique.
Oui, je n’ai pas envie d’attraper le coronavirus parce que des politiques plus intéressés par leur réélection envoient des citoyens à un éventuel casse-pipe.
Surtout, je ne veux pas contaminer mes parents, mes enfants, mes amis ou qui que ce soit, parce que je me veux responsable.
En tant que centriste, je ne peux comprendre qu’un gouvernement qui se réclame largement des idées du Centre puisse vouloir que la population, alors qu’il vient de lui demander de ne plus sortir que pour des raisons impérieuses, aille dans un lieu public pour une élection qui pouvait se reporter sans aucun problème.
Et quand le Premier ministre, Edouard Philippe, tance les Français en expliquant qu’ils ne respectent pas les consignes pendant qu’il leur dit d’aller voter, j’avoue éprouver un grand malaise pour un Président de la République et un Premier ministre que je soutiens et qui semblent agir, pour les municipales, uniquement pour des raisons politiciennes.

Jeanne Valsami