dimanche 7 novembre 2010

Actualités du Centre – France – Jean Arthuis rappelle les fondamentaux centristes en matière de réduction des déficits publics


Dans une interview au Journal du Dimanche, Jean Arthuis s’exprime sur le prochain budget. Le président de l’Alliance centriste pointe l’absence d’ambition et de courage politiques de la part du gouvernement et rappelle que les centristes se battent pour une vraie responsabilité politique pour réduire les dépenses de l’Etat. Dans ce cadre, il estime inévitable une hausse des impôts.

Vous avez découvert que la rigueur annoncée au printemps par le gouvernement ne se traduit pas dans les faits.

Non, le compte n’y est pas. Le gouvernement a fixé l’objectif de réduire de 5% les dépenses de fonctionnement et les dépenses d’intervention de l’Etat. Or nous constatons dans le projet de loi de finances que les premières baissent de 0,5% et les secondes, de moins de 1%. La rigueur promise n’est pas au rendez-vous. Au minimum, l’information du Parlement reste à compléter!

Pourquoi un tel écart entre le discours et les actes, selon vous?

Le discours était excellent, mais le passage à l’acte révèle une extraordinaire inertie de la sphère publique. Lorsqu’on examine une par une les dépenses concernées, on mesure la difficulté politique à les réduire, comme pour les niches fiscales. Il s’agit en effet de l’allocation adulte handicapé, de la formation, des aides à l’emploi, de l’aide personnelle au logement, les subventions pour les régimes spéciaux de retraite, la subvention à Réseau ferré de France, etc.

Y voyez-vous un manque de courage politique?

Nous commençons à devenir lucides, il nous reste à nous montrer courageux et équitables. Au fil des ans, gouvernements et législateurs ont répondu à des attentes catégorielles dans un système opaque. Pis encore, cet aveuglement provoque d’incroyables inégalités. C’est vrai pour les retraites comme pour les dotations aux collectivités territoriales. Rapportées au nombre d’habitants, ces dernières varient de un à quatre dans les départements et de un à dix-sept pour les communes.

La réduction du déficit ne sera pas atteinte, alors?

J’entends le gouvernement dire que le déficit public passera de 7,7% à 6% du PIB en 2011 et qu’il s’agit d’un effort sans précédent. Il ne faut pas se payer de mots. La réduction du déficit de l’Etat s’explique pour l’essentiel par la fin des mesures de relance, du Grand Emprunt et de la réforme de la taxe professionnelle. L’effort proprement dit reste très modeste.

Qu’allez-vous proposer au Sénat pour rectifier le tir?

Le président de la République tient un discours ferme sur les impôts, écartant toute hausse globale. Elle est à mon avis inévitable, compte tenu de notre incapacité à réduire les dépenses. Il faudra augmenter la CRDS et instituer un taux intermédiaire de TVA entre 10% et 12% dans la restauration et le bâtiment. Pour la justice, il faut donner le coup de grâce à l’ISF et au bouclier fiscal, en compensant la perte de recettes par une tranche d’impôt sur le revenu à 45 %, un relèvement des impôts sur les plus-values ainsi que des droits de succession, pour financer notamment la dépendance et le cinquième risque. Nous devons aussi nous préoccuper de la compétitivité et cesser de faire peser sur la production le coût de la santé et de la politique familiale.