dimanche 18 avril 2021

Propos centristes. France – 70° anniversaire de la Communauté charbon et acier; changement climatique en France et en Europe; covid19; états généraux de la laïcité; besoin d’une agriculture forte; harcèlement de rue…

Voici une sélection, ce 18 avril 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

► Emmanuel Macron (Président de la République)

- Il y a 70 ans, à Paris, 6 pays faisaient le choix de la paix et de la coopération en signant le traité sur la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Ils posaient les premiers jalons de notre Union européenne. Nous sommes les garants de cet acte fondateur.

- Sur la situation au Donbass, avec l'Ukraine et l'Allemagne, nous restons mobilisés et déterminés à faire émerger une solution politique - la seule possible.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean Castex (Premier ministre)

- Nous avons besoin d'une agriculture forte, c'est une question de souveraineté. Nous allons aider chaque exploitant à se relever.

- Ils nous nourrissent, cultivent nos terres et font la fierté de notre pays : l'État se devait d'être au rendez-vous pour soutenir nos agriculteurs et l'ensemble de la filière agricole. La solidarité nationale, en actes !

- Au plus fort de la crise sanitaire, nous n'avons jamais manqué de produits frais sur nos étals, dans chacun de nos marchés. Car nos agriculteurs étaient là, présents, pour nous. Cette fois, c'est nous qui devons être au rendez-vous de la solidarité. Et nous le serons.

- C'est grâce à la task force européenne pilotée par Thierry Breton que notre pays recevra d'ici 15 jours plus de 7 millions de doses supplémentaires du vaccin BioNTech-Pfizer( +250 millions de doses à l'échelle de l'UE) tout en renforçant nos capacités de production. On accélère !

 

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

- Le fait qu'il y ait une force de gauche au sein de la majorité autour de Territoires de Progrès, avec plusieurs ministres Florence ,Parly, Emmanuelle Wargon, Olivier Dussopt, Elisabeth Borne & d'autres, contribue à marquer le territoire sur les options de gauche.

- [Communiqué] Nous, les gouvernements de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie et des États-Unis d’Amérique, condamnons avec la plus grande fermeté les attaques qui ont frappé la région du Kurdistan irakien le 14 avril.

 

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)

[Tribune: Loi climat et résilience: «Sortir du temps des caricatures, c’est cela dont l’urgence environnementale a besoin»]
Faire avancer l’écologie, c’est toujours défricher un monde inconnu. C’est aussi prendre le risque de subir toutes sortes de caricatures, du procès en écologie punitive aux accusations de trahison permanente. Une polarisation stérile mais omniprésente dans les débats entourant le projet de loi « climat et résilience ». Ce carcan, il faut le refuser, il faut le dénoncer, il faut s’en libérer.
Il ne faut pas laisser croire que la transition écologique se fera forcément dans la brutalité ou ne se fera pas. Car la conséquence directe de ces postures des oppositions, c’est l’inaction. L’inaction des conservateurs qui crient au loup pour que rien ne change malgré la menace climatique. L’inaction des radicaux qui s’enferment dans une logique du « tout ou rien » pour refuser toute approche progressive.
Oui, il y a un chemin pour s’attaquer sérieusement à tout ce qui n’est plus soutenable dans notre modèle de développement, tout en améliorant la vie des Français. Oui, le combat écologique n’est jamais terminé, mais il faut savoir avancer par étapes, en incluant toute la société dans la transition. C’est précisément la route que veut tracer la loi « climat et résilience », celle qui produira des résultats, celle qui apportera des solutions concrètes à des problèmes complexes. Prenons trois exemples au sein d’un texte qui compte plus de 200 articles.
Demain, grâce à ce texte, nous respirerons un air plus pur. Chaque année, la pollution de l’air tue 40 000 personnes en France. La cause principale est connue : l’air de nos grandes villes est chargé de particules fines et d’oxydes d’azote, générés à 70 % par la circulation automobile. Alors oui, la loi « climat et résilience » s’attaque enfin sérieusement au problème en créant des zones à faibles émissions (ZFE) dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants pour y réduire la circulation des véhicules les plus polluants.
En 2025, les véhicules classés Crit’Air 3 et au-delà ne pourront plus rouler dans les centres-villes de Strasbourg, Lyon ou Paris. Dans le même temps la loi aura renforcé la mise en place de voies réservées au covoiturage, de parkings relais aux entrées de ces agglomérations, de bornes de recharge dans les copropriétés, sans oublier des aides pouvant aller jusqu’à 14 000 euros pour remplacer un vieux diesel par une voiture électrique. Le bénéfice attendu dans la métropole du Grand Paris est une baisse de 40 % des émissions d’oxyde d’azote d’ici à 2025. Cette mesure de bon sens, c’est moins de mortalité, moins d’asthme pour nos enfants. Où est la punition ? Où est le manque d’ambition ?
Grâce à ce texte, nous vivrons dans des logements plus confortables. La France compte 4,8 millions de passoires thermiques. Dans près d’un logement sur six de notre pays, des familles grelottent en hiver, suffoquent en été et payent des factures de chauffage deux à trois fois plus élevées que la moyenne. Ces logements représentent aussi une contribution massive à nos émissions de gaz à effet de serre.
La loi « climat et résilience » prévoit donc de mettre fin à la mise en location des logements les moins bien isolés, progressivement de 2025 à 2034, et de créer un service d’accompagnement physique, gratuit et complet pour aider les propriétaires à rénover massivement, avec un reste à charge supportable pour tous. Au total, au moins 4 millions de ménages sortiront de la précarité énergétique. Les métiers de la rénovation, non délocalisables, bénéficieront d’une visibilité inédite pour recruter et développer une filière d’excellence dans notre pays. Où est la punition ? Où est le manque d’ambition ?
Grâce à ce texte, nous mettrons un coup d’arrêt à la bétonisation infinie de la nature. La France a trop souffert depuis de nombreuses années de l’étalement urbain, du grignotage sans fin de nos terres agricoles et forestières. Tous les dix à quinze ans, l’équivalent d’un département disparaît sous le béton en aggravant au passage les inondations, la destruction de la biodiversité et notre dépendance à la voiture. La loi « climat et résilience » marque un tournant en interdisant la construction de centres commerciaux au milieu des champs et en demandant aux élus de diviser par deux la vitesse d’artificialisation dans les documents locaux d’urbanisme. Dans le même temps, l’Etat investit 300 millions d’euros dans le plan de relance pour réhabiliter des friches industrielles ou commerciales et faciliter des constructions sans préjudice pour la nature. Là encore, où est la punition ? Où est le manque d’ambition ?
La véritable punition, c’est l’inaction. Le véritable manque d’ambition, c’est la facilité de l’indignation. Pendant ce temps, ce sont toujours les mêmes qui subissent la pollution au détriment de leur santé. Pendant ce temps, le dérèglement du climat, les inondations, les canicules, les sécheresses s’aggravent. Cette menace nous oblige. Elle nous impose de ne jamais considérer que le travail soit terminé, de toujours nous remettre en question et d’avancer. Il faut se retrousser les manches et suivre un chemin étroit, en refusant les œillères face à la gravité des enjeux mais aussi toute brutalité dans la méthode. Pas d’obligation sans accompagnement, pas de changement sans mettre des moyens financiers en face. Il faut penser résultats, quand d’autres pensent slogans. Sortir du temps des caricatures, c’est de cela dont l’urgence environnementale a besoin.
[Tribune cosignée avec Bérangère Abba, secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité; Damien Adam, député LaREM; Erwan Balanant, député MoDem; Aurore Bergé, députée LaREM; Lionel Causse, député LaREM; Jean-René Cazeneuve, député LaREM; Célia de Lavergne, députée LaREM; Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation ; Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des transports ; Olivia Grégoire, secrétaire d’Etat chargée de l’économie sociale, solidaire et responsable ; Laurence Maillart-Méhaignerie, députée LaREM; Mickaël Nogal, député LaREM; Cendra Motin, députée LaREM; Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du logement ; Jean-Marc Zulesi, député LaREM]

- [Loi climat et résilidence] Respirer un air plus pur. Vivre dans des logements mieux isolés. En finir avec la bétonisation sans fin de la nature. Transformer la publicité, l’aérien, nos achats. Faciliter l’accès à des menus végétariens. Faire entrer l’écologie dans nos vies.

Demain, les étudiants auront accès à une option végétarienne quotidienne dans toutes les universités et les enfants à un menu végétarien par semaine dans toutes les cantines scolaires : c’est concret, c’est voté !

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)

Partout en France, une belle mobilisation pour vacciner les personnels éducatifs. Merci à tous ceux qui ont contribué.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

- L’émotion suscitée par l’attaque odieuse de Viry-Chatillon le 8 octobre 2016 est encore intacte. Je recevrai personnellement la semaine prochaine les policiers victimes.

- Comme je m’y étais engagé, le « livreur » de repas à domicile qui avait déclaré ne pas vouloir servir des clients juifs a été expulsé aujourd’hui du territoire national, après avoir purgé sa peine de prison. La haine antisémite n’a pas sa place en France.

 

Eric Dupond-Moretti (Garde des Sceaux, ministre de la Justice)

[Loi pour restaurer la confiance dans la justice] Selon une étude du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) de février, plus de 50% des Français n’ont pas confiance dans la justice. Ils disent qu’elle est trop lente, peu compréhensible, pas accessible… Je suis convaincu qu’on peut inverser la tendance.

- Que disent les remontées du terrain que j’ai depuis que je suis ministre? Que les magistrats et les avocats sont satisfaits. Et que les justiciables le sont aussi. Aux assises, le taux d’appel atteint 32%; il n’est que de 21% pour les cours criminelles expérimentales. Je dispose également d’un rapport rédigé par deux magistrats, l’un membre de LR, l’autre de LREM, qui conclut que ça fonctionne bien. Moi je suis là pour construire. Pas pour détruire.

- Dans les cours criminelles départementales, l’audiencement est à six, huit mois. Alors qu’aux assises, la moyenne est de treize mois. Certaines affaires peuvent être jugées trois ans après…

- [Filmer et de diffuser les audiences] Parce qu’on ne peut avoir confiance qu’en ce que l’on connaît. La publicité, c’est un gage du bon fonctionnement de la justice dans une démocratie. Il s’agit aussi de montrer aux Français qu’il est plus difficile de rendre la justice dans un tribunal qu’au café du commerce! (…) Les audiences sont publiques mais il y aura une autorisation à donner pour que son image soit diffusée. Pour les audiences non publiques, par exemple pour une affaire de divorce, l’accord des parties sera nécessaire pour enregistrer les débats. (…) Seules les affaires ayant connu leur épilogue judiciaire seront diffusées. Et les caméras devront être discrètes pour se faire oublier. L’objectif de cette réforme, c’est tout sauf du trash! (…) Je souhaite qu’un magistrat, un avocat, un policier par exemple, puissent intervenir à l’écran pour expliquer tout cela après la diffusion du procès.

- La réalité aujourd’hui, c’est que lorsque deux hommes sont condamnés pour la même faute, si l’un travaille à sa réinsertion et que l’autre ne fait rien, ils auront les mêmes crédits de peine. C’est incompréhensible. Je souhaite qu’il n’y ait plus qu’un système de réduction des peines lié aux efforts consentis par les détenus et à leur comportement. Bien sûr, ces efforts doivent être appréciés à l’aune du parcours de chacun. Pour certains, apprendre à lire, se soigner, voire se lever le matin, c’est un effort…

- Aujourd’hui, on peut commettre un délit à 16 ans et être jugé à 22. Cela n’a aucun sens d’un point de vue pédagogique. J’ai porté, il y a deux mois, la réforme de l’ordonnance de 1945 qui sera effective à compter de septembre. Elle va permettre un jugement dans les neuf mois. C’est historique. Mais comme c’était consensuel, personne n’en a parlé…

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

Les dégâts causés par le gel sont immenses. Face à cette situation exceptionnelle, le gouvernement est aux côtés des agriculteurs et mobilise des moyens exceptionnels à hauteur d’un milliard d’euros.

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

Il y a 46 ans, après le bruit des canons, le Cambodge s'emmurait dans l'obscurité et l'inhumanité. Durant 4 ans, 3 mois et 26 jours, un génocide sera perpétré par les Khmers rouges. Le devoir de mémoire est essentiel pour que l'Histoire ne se répète pas.

 

Emmanuelle Wargon (ministre chargée du Logement)

Il y aura un avant et un après loi climat et résilience dans le quotidien des Français.

 

Jean-Baptiste Djebbari (ministre chargé des Transports)

Loi climat et résilience = + de bornes, + d’aides pour passer à l’électrique, + de voies réservées au covoiturage. Ni inaction, ni écologie punitive.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- La pandémie a révélé nos fragilités, mais elle a aussi validé nos intuitions. Nous sommes trop dépendants des approvisionnements étrangers pour certains produits courants, questionnant ouvertement notre indépendance sanitaire. Nous n’avons pas attendu cette crise pour réinvestir dans nos industries de santé. Il faudra néanmoins aller plus vite et plus loin pour renforcer nos capacités productives. Le défi consistera à développer et à industrialiser les thérapies innovantes, sans négliger les produits matures. (…) De nombreux dispositifs d’aide aux entreprises ont été déployés, à l’image de l’appel à manifestation d’intérêt « capacity building ». Lancé en juin dernier, il a été reconduit en février pour soutenir les projets destinés à augmenter la production de médicaments et de dispositifs médicaux contre la Covid-19. Dans cette optique, 460 millions d’euros seront mobilisés d’ici à la fin de l’année.

- Les premiers jalons ont été posés dans le plan France Relance, qui se propose notamment de restaurer la compétitivité industrielle du pays. Parmi d’autres mesures, un allègement significatif des impôts de production y contribuera directement* ; 850 millions d’euros seront par ailleurs consacrés à la (re)localisation de production dans cinq secteurs critiques, dont la santé fait évidemment partie**. De nouvelles décisions fortes seront bientôt annoncées.  (…) L’avenant au contrat stratégique de filière, qui sera signé dans les prochaines semaines, contiendra des éléments structurants dans les domaines de la chimie pharmaceutique, du diagnostic in vitro et des technologies médicales. Des lignes directrices claires seront également tracées dans le CSIS 2021. L’objectif est clairement affiché : la France doit devenir la première nation européenne innovante et souveraine en santé à l’horizon 2030. Les conclusions de cette discussion seront dévoilées à la fin du second trimestre.

- Le nouvel accord-cadre a introduit un chapitre inédit, qui autorise la prise en compte des investissements industriels dans les mécanismes de fixation et de révision des prix des médicaments. Ce texte traduit une forte volonté de mieux rémunérer, mais aussi de diffuser plus rapidement l’innovation.

- L’indépendance sanitaire n’a de sens que si nous inscrivons nos efforts dans une démarche européenne. A l’instar du PIEEC ou de HERA, plusieurs initiatives constructives vont accroître l’autonomie stratégique de l’UE. Elles permettront notamment de dynamiser la recherche, de stimuler l’innovation, d’anticiper les besoins et de faciliter la gestion des futures crises sanitaires.

 

Roxana Maracineanu (ministre chargée des Sports)

La spécialité Education physique, pratiques et culture sportives fait son apparition au baccalauréat général à la rentrée prochaine.

 

Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)

- [Etats généraux de la laïcité] La laïcité est un principe qui doit nous rassembler. Je lancerai ces états généraux ce mardi au Cnam [Conservatoire national des arts et métiers] avec une conférence de haut niveau entre des intellectuels de toutes les sensibilités : l'académicienne Barbara Cassin, l'essayiste Caroline Fourest, les philosophes Henri Peña-Ruiz ou Gaspard Koenig… Puis nous organiserons, jusqu'à l'été, des tables rondes et des groupes de travail sur la liberté d'expression – avec l'avocat Richard Malka –, la recherche, la jeunesse, l'intégration citoyenne… Je laisserai aussi carte blanche à des associations et des syndicats, comme la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme et la CFDT. Enfin, nous lançons une grande consultation avec Make.org auprès de 50 000 jeunes.

- 76 % des Français veulent que la laïcité soit plus défendue. L'application du projet de loi confortant le respect des principes de la République, que nous portons avec Gérald Darmanin, le permettra. Par exemple, ce texte crée un réseau de référents laïcité dans toutes les administrations publiques. Mais ces échanges doivent surtout être l'occasion de nous rassembler autour de la laïcité à la française. C'est un sujet de passion. L'idée est de dire : parlons-en ensemble et écoutons-nous.

- Quand les gens se parlent, s'écoutent, on constate qu'on trouve des points d'accord, loin des invectives sur les réseaux sociaux. C'est aussi l'occasion de faire vivre la laïcité partout sur le territoire, d'en faire la pédagogie et de lutter contre les fake news. Par exemple : non, le voile n'est pas interdit dans l'espace public.

- [Suppression de l'Observatoire de la laïcité] Le Premier ministre a décidé, après huit ans, de faire évoluer le portage du sujet. Je le soutiens ! Auprès de lui, nous travaillons avec Gérald Darmanin, Jean-Michel Blanquer, Amélie de Montchalin et nos collègues. C'est un sujet primordial, et le gouvernement a besoin d'une administration solide sur la laïcité pour porter ces beaux projets et d'une instance consultative, avec des personnalités qualifiées.

- La laïcité n'est en aucun cas une arme de répression contre les religions. J'étais à l'église Saint-Sulpice et à la mosquée de Paris pour sécuriser les lieux de culte la semaine dernière, je serai demain au Centre européen du judaïsme. Nous voulons justement sortir de la tenaille entre d'un côté les identitaires d'extrême droite et de l'autre les indigénistes et Europe Écologie-Les Verts. J'invite chacun à prendre la parole dans le cadre des états généraux de la laïcité. Qu'Evian en arrive à s'excuser d'avoir incité ses clients à boire de l'eau [sur Twitter le premier jour du Ramadan] et tombe ainsi dans le piège des extrémistes de tous bords qui ont monté cette histoire en épingle, c'est kafkaïen. Cela prouve l'urgence de développer un contre-discours républicain.

- 3.023 verbalisations pour outrage sexiste ont été enregistrées depuis la promulgation de la loi du 3 août 2018. Ce chiffre est en augmentation parce que nous donnons avec le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, des consignes aux préfets, donc aux policiers et aux gendarmes, pour continuer à verbaliser le harcèlement de rue, qui ne s’est pas arrêté avec le confinement. Comme il y a moins de monde dans les rues, ce harcèlement peut être plus menaçant encore, les femmes se retrouvent plus isolées et c’est là où cela devient le plus dangereux.

- Le nombre de verbalisations reflète simplement les moments où ce harcèlement a été constaté en flagrant délit par des forces de l’ordre. C’est pour cette raison que je souhaite lancer un baromètre du harcèlement de rue. Le premier sera publié en août prochain, à l’occasion de l’anniversaire de la loi. (…) Nous allons publier chaque année les chiffres compilés par le ministère de l’Intérieur. Ils seront étudiés avec le directeur général de la police nationale (DGPN), le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), la haute fonctionnaire chargée de l’égalité des droits, Fadela Benrabia, le service statistique du ministère et la préfecture de police de Paris. Ce groupe va travailler pour créer ce baromètre du harcèlement de rue afin de mesurer, année après année, la réalité de ce phénomène. Un phénomène qui n’est pas juste un petit désagrément, ça mine la vie des femmes. Quand on va à un entretien d’embauche, que l’on subit du harcèlement de rue, on n’arrive pas dans un bon état d’esprit à ce rendez-vous. On ne peut pas dire aux femmes : « Demandez des augmentations », « Affirmez-vous », « Ne vous autocensurez pas » quand, en parallèle, elles sont contraintes de rentrer les épaules pendant leurs trajets quotidiens dans les transports. (…) Sur la base des verbalisations, des plaintes enregistrées, des observations des forces de l’ordre et des remontées des associations concernées, ce groupe réalisera une cartographie de la France pour identifier des « zones rouges » du harcèlement de rue. En fonction de ces résultats, nous déploierons un certain nombre d’actions. Ce que je veux, c’est éradiquer le harcèlement de rue. Pour atteindre cet objectif, nous devons en finir avec ces zones rouges où les femmes ne peuvent pas circuler librement : des policiers en civil pourront par exemple intervenir par surprise dès lors que des phénomènes de harcèlement de rue seront constatés, puis verbaliser. 2.000 des 10.000 recrutements supplémentaires annoncés récemment par Gérald Darmanin seront mobilisés pour ce projet, dans le cadre de leurs missions de protection de la population. Ce que l’on veut, c’est créer des QSR, des « quartiers sans relous ».

- Les intervenants sociaux ont été déployés après le Grenelle sur les violences conjugales. L’objectif de recrutement a été rehaussé, je souhaite qu’il y en ait deux par département d’ici à la fin de l’année. 365 sont déjà répartis sur toute la France et sur les 80 recrutements annoncés, 67 ont d’ores et déjà été réalisés. Certains départements, comme la Corse, n’en comptaient jusqu’ici aucun. On s’est aperçu qu’il y avait un écart entre les attentes des victimes de violences sexuelles ou sexistes qui se rendent dans un commissariat et ce qu’on leur propose. Un policier va prendre la plainte, la qualifier et la transmettre. C’est déjà beaucoup et il faut que ce soit fait à chaque fois, mais le policier n’est pas là pour aider à trouver une structure d’accueil ou réconforter. C’est important que cela soit fait, mais par des intervenants sociaux.

- L’amende de base pour outrage sexiste s’élève à 90 euros. Mais il existe des circonstances aggravantes, comme la récidive par exemple, ou quand la victime est mineure de moins de 15 ans. Dans ce cas, l’amende peut aller jusqu’à 1.500 euros. Mais je tiens à échanger avec les personnels mobilisés sur le terrain, car les dispositifs et les lois ne suffisent pas toujours.

- Dès le mois de mars 2020, j’ai transmis un rapport à la Fondation Jean Jaurès sur l’impact du Covid19 sur les droits des femmes, en France et dans le monde. Dès ce moment-là, j’ai sonné l’alarme auprès des pouvoirs publics. Je représente le gouvernement mais il y a aussi les maires, les collectivités, les régions, les départements, les associations qui peuvent s’engager sur cette question. Le déconfinement va faire émerger des préoccupations très particulières. On va probablement assister à un phénomène de « décompensation », dès lors que tout le monde sera vacciné, qu’on va rouvrir les bars, que les gens vont sortir. On se prépare dès maintenant. C’est la raison pour laquelle je souhaite que des policiers en civil puissent agir dans les « zones rouges » le plus rapidement possible. La sécurité des femmes dans les transports est une priorité.

 

Brigitte Klinkert (ministre chargée de l'Insertion)

L’État consacre en principe un budget de 20 à 25 millions d’euros, chaque année, pour le développement des structures de l’inclusion. En 2020, avec la crise sanitaire et ses répercussions, un effort supplémentaire considérable a été fait. À partir d’août, un plan de 320 millions d’euros pour soutenir l’inclusion a été déployé en France. Cela a permis de créer 45 000 nouveaux emplois. Sachant que l’objectif du gouvernement, d’ici fin 2021, est d’arriver à la création de 60 000 postes. Au printemps dernier, il y a eu 36 % d’emplois en moins dans les structures de l’insertion. Ce plan massif a permis à 95 % des structures de poursuivre leur activité.  (…) Il y a une vraie volonté de la part du gouvernement d’être au plus près de ces publics les plus fragiles qui, aujourd’hui, du fait de la crise, ont encore plus de difficultés. La semaine prochaine l’État va lancer un nouvel appel à projets de 150 millions d’euros. C’est un geste considérable et nécessaire pour poursuivre le développement des structures de l’insertion par l’activité économique. Ce plan massif a aussi pour objectif la création de 30 000 emplois qui viendront s’ajouter aux 60 000 déjà actés. Car concrètement, ces projets vont être mis en place d’ici la fin de l’année et les emplois effectifs en début d’année prochaine.

- Depuis que je fais le tour de France des structures d’insertion, je me rends compte que l’un des tout premiers freins à l’emploi est la mobilité. Pour y remédier, mon ministère met en place deux mesures : le microcrédit dont j’ai doublé le volume pour permettre à ces personnes de passer le permis de conduire, de louer ou d’acheter un véhicule mais aussi de payer l’assurance. Le second outil est une enveloppe d’au minimum 12,5 millions d’euros supplémentaires qui va être ajoutée pour développer les initiatives de mobilité solidaire à l’image des garages solidaires.

 

Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie)

- [Tourisme] Nous préparons avec les professionnels les conditions d’une réouverture progressive à partir de la mi-mai. L’espérance est là, elle va de pair avec une nécessaire vigilance.

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

[70° anniversaire de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, CECA] Premier jalon d’une Europe réconciliée, pour rendre la guerre « non seulement impensable mais aussi matériellement impossible ». Soyons fiers de cette immense réussite. (…) Soyons fiers et dignes de cet héritage. L’idée folle de recoudre un continent déchiré est devenue réalité. N’écoutons pas les sirènes mortifères du repli. Changeons notre Europe, faisons la avancer.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- Après 96h de discussion en commission, plus de 100h dans l’hémicycle et plus de 1000 amendements intégrés, l’Assemblée adopte la loi climat et résiience. Un travail exigeant des députés LaREM et de nos partenaires pour lutter efficacement contre le changement climatique.

- Suite à la catastrophe climatique de la semaine dernière, l’Etat répond présent ! Un fonds d’1 milliard d’euros sera mobilisé en soutien à nos agriculteurs. Je continuerai d’échanger avec Julien Denormandie avec un objectif : accompagner nos arboriculteurs, très durement touchés.

 

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)

- Fin d'un marathon législatif qui consacre des avancées essentielles pour lutter contre le dérèglement climatique : passoires thermiques, alimentation durable, artificialisation des sols, affichage environnemental, commande publique verte, mobilités...

- La jeunesse est au cœur des missions du service public audiovisuel. Nous, députés de la commission des affaires culturelles, réaffirmons notre attachement à France 4. Pour nos enfants, pour l'équité territoriale, pour la création.

 

Laetitia Avia (porte-parole)

- Sur une réouverture des restaurants à partir du 15 mai nous travaillons à la mise en œuvre des perspectives fixées par le Président en concertation avec les restaurateurs. Ils ont envie de travailler et nous voulons retrouver une vie sociale. Il faut trouver les bonnes conditions.

- Accélération de la campagne de vaccination: 12M de vaccinés, c'est plus que l’objectif de 10M! Les retards de livraison de AstraZeneca seront compensés par des livraisons importantes de Pfizer (7M de doses) et la production de vaccins en France.

- Nous devons mieux protéger les mineurs sans toutefois nous ériger en censeurs des amours adolescents consentis.

 

● MoDem

Jean-Noël Barrot (secrétaire général)

- Depuis que j'ai été élu député, j'ai eu à cœur de pouvoir à la fois faire redescendre un certain nombre d'éléments de ce qui se passe à l'Assemblée, mais aussi de faire remonter les préoccupations et les aspirations de mes concitoyens. Nous organisons donc, depuis juin 2017, un atelier citoyen mensuel sur les sujets d'actualité pour que les idées circulent. Nous faisons également travailler un certain nombre de groupes autour de la préparation des textes qui arrivent à l'Assemblée nationale et nous diffusons chaque mois une lettre d'information qui donne le détail des travaux en cours et de mon activité sur le terrain.
Plus récemment, j'ai effectivement lancé une application pour faciliter l'expression de mes concitoyens de manière à ce que je puisse la relayer plus efficacement possible à l'Assemblée.
- Sur les élections, j'ai eu l'occasion de m'exprimer à plusieurs reprises. Au MoDem et avec François Bayrou, nous considérions déjà l'année dernière, à la même époque, qu'il fallait se donner les moyens de tenir les élections, quel que soit le contexte sanitaire, parce que nous considérons que nos concitoyens n'ont pas à choisir entre l'expression de leurs droits civiques et leur santé. Nous savons également que dans beaucoup de pays du monde, des innovations démocratiques ont été mises en œuvre pour assurer la tenue des scrutins. Si nos propositions avaient été suivies, en particulier la mise en œuvre du vote à distance, la question ne se poserait pas aujourd'hui. S'agissant des élections régionales et départementales et je trouve très sain que le Premier ministre ait déclaré vouloir engager une consultation des partis politiques et des associations d'élus, de façon à établir si la campagne électorale pouvait se tenir et si les opérations de vote pouvaient se dérouler de la manière la plus normale qui soit. Mon souhait, c'est évidemment que la vie démocratique puisse continuer et que les élections n'aient jamais à être victime du contexte sanitaire. J'irais même plus loin. Nous pouvons profiter de l'occasion qui nous est donnée de réfléchir aux modalités de vote, pour les moderniser une bonne fois pour toutes et faire en sorte que les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées, qui bien souvent ne se déplacent pas pour aller voter, puissent le faire avec des modalités modernisées, conformes à ce qui se fait dans d'autres grandes démocraties.

- En Ile-de-France comme dans chaque région, le MoDem, souhaite proposer des projets, en lien avec les autres formations de la majorité présidentielle. C'est ce à quoi nous travaillons aujourd'hui.

- L'Ile-de-France est la région française qui a subi les plus grosses pertes économiques, ce qui suppose une action résolue et coordonnée de l'Etat, de la Région et des collectivités pour accompagner la relance. Le Premier ministre, Jean Castex, m'a confié une mission auprès de Bruno Le Maire sur le rebond économique territorial. J'ai donc entrepris un tour de France pour préparer le rapport. Dans chaque région, nous nous déplaçons dans les bassins d'emploi qui sont les plus durement éprouvés, de manière à entendre les acteurs de terrain, les élus, les chefs d'entreprise et les services de l'État. Nous allons identifier et faire remonter leurs difficultés pour envisager des solutions sur mesure, localisées, pour faciliter leur rebond.
L'Ile-de-France mérite, évidemment, une attention toute particulière du fait des conséquences dramatiques de la crise sur son économie. Avec la mission, nous avons eu l'occasion d'analyser la situation des Yvelines, un département en difficulté du fait de la forte présence de l'aéronautique et de l'automobile.
Grâce à France Relance, un certain nombre de solutions a déjà pu être trouvé, mais il faudra aller plus loin et faire en sorte que ces secteurs industriels, très présents en Ile-de-France, puissent retrouver les chemins de la croissance et de la prospérité.

- Comme je disais, l'Ile-de-France souffre particulièrement par rapport à d'autres régions. L'Ouest, la Bretagne et les Pays de la Loire semblent un peu moins affectées. Mais au fond, il y a une grande diversité de situations et une inégalité face à la crise, au sein de chaque région, avec des bassins d'emploi qui tiennent et d'autres qui sont durement éprouvés, du fait de leur exposition au tourisme, à l'aéronautique, à l'automobile… Ce sont ces fractures potentielles que pourrait engendrer la crise de la Covid, auxquelles nous sommes particulièrement attentifs et auxquelles nous voulons apporter des remèdes. L'idée est de regarder, au cas par cas et de manière très territorialisée, un certain nombre de mesures qui pourraient être mises en œuvre en parallèle des outils très puissants déployés par le Gouvernement depuis un an, avec les mesures de soutien et France relance, pour faciliter la reconversion des salariés, la reprise des entreprises, l'émergence et la croissance de nouvelles entreprises et, éventuellement, la reconversion d'autres entreprises.

- Bruno Le Maire a donné dernièrement la prévision de croissance révisée qui se situe entre 5 et 6 % en fin d'année. Néanmoins, ce n'est pas à cette évaluation du PIB que la mission que nous menons s'attaque actuellement. Nous analysons plutôt les inégalités, les fractures ou les fragilités nouvelles engendrées dans certains territoires par la crise que nous connaissons.

- Le plan de relance français s'appuie évidemment sur l'accord obtenu par le président de la République au niveau européen. Emmanuel Macron a d'ailleurs eu l'occasion de dire que les efforts devraient être maintenus, voire amplifiés. Les politiques monétaire et budgétaire européen nes ont permis à la France de s'endetter à moindre coût et aux entreprises françaises de se financer à bas prix, si j'ose dire. Si nous n'avions pas eu ces deux leviers et la solidarité européenne, les économies des pays membres auraient rencontré davantage de difficultés.

 

► Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

Il y a 70 ans, jour pour jour, l’Europe se construisait autour du charbon et de l’acier. Aujourd’hui, elle se relance avec le Green deal et le numérique.

 

Stéphane Bijoux

Il y a 70 ans, les premières bases de l’Europe, sur un socle assumé et revendiqué de Solidarité,de Coopération & de Démocratie. Aujourd’hui encore, la volonté d’une dynamique de progrès au service des Citoyens et des territoires, éclaire toujours notre engagement.

 

Pascal Canfin

- Joe Biden a déjà annoncé que son pays revenait dans l’accord de Paris, mais en soi, cela ne change rien. Ce qui compte, c’est la feuille de route des Américains pour 2030. Autrement dit : à quelle baisse d’émissions de CO2 s’engagent-ils ? Ce chiffre clé sera annoncé lors du sommet. C’est majeur : à partir de là, les politiques publiques s’enclenchent, on entre dans l’action concrète. L’Union européenne, elle, s’est engagée à réduire ses émissions d’au moins 55 % d’ici à 2030.

- C’est la première fois qu’avec la neutralité carbone en 2050, Europe et États-Unis affichent un même objectif climat de long terme. Dans ce contexte, tout l’enjeu est de définir ce qui peut être mené de concert par nos deux puissances, qui représentent 40 % du PIB mondial. Prenons l’exemple des standards CO2 des véhicules. Des deux côtés de l’Atlantique, nous allons vers un développement massif des voitures électriques. Dès lors, peut-on imaginer de le faire ensemble, en érigeant un cadre réglementaire commun ? Imaginez l’avantage pour nos constructeurs ! Et l’on peut décliner cette démarche : sur les énergies renouvelables, le verdissement du système financier, la rénovation des bâtiments, etc.

- Tous les investissements que nous ferons dans les technologies vertes (hydrogène, stockage de l’énergie…) vont favoriser une baisse des coûts dont pourront, ensuite, bénéficier d’autres pays pour leur propre décarbonation. Aujourd’hui, le problème n’est pas le manque d’innovation – nous maîtrisons déjà les technologies de la transition et c’est une très bonne nouvelle –, c’est leur coût élevé.

- Soyons clairs : les tensions avec la Chine – sur le commerce, le numérique, les droits de l’homme… – vont aller croissant. C’est le corollaire de leur montée en force : la Chine est en passe de devenir la première puissance mondiale et c’est l’une des pires dictatures de la planète. Ni les États-Unis ni l’Europe n’ont intérêt à ce que le monde soit piloté par un pays dont le système de valeurs est aux antipodes du nôtre. Pour autant, la vision stratégique que je défends, comme John Kerry et d’autres, est que le climat doit rester un espace de coopération. La tonne de CO2 n’appartient à personne et l’impact des émissions est mondial.

- Il y a eu un point de bascule dès l’automne 2014. Barack Obama et Xi Jinping ont alors décidé de coopérer sur le climat, en dépit de leurs divergences, parce que c’est un bien commun de l’humanité. Cette démarche a permis d’aboutir à l’accord de Paris. Et elle a tenu l’ère Trump – les Chinois en ont même profité pour affirmer leur leadership, face à des États-Unis en retrait. Avec le retour du leadership américain, les cartes sont rebattues. Que vont faire les Chinois ? Le deal de 2014 sera-t-il renouvelé ? Le sommet du 22 avril sera riche d’enseignements.

- [L’échelon européen] est le meilleur échelon pour avoir de l’impact : la politique agricole commune, c’est européen, les standards des voitures, c’est européen, les règles des marchés financiers et des banques, pareil. L’Europe est aussi le deuxième marché du monde derrière la Chine. L’impact va donc au-delà de ses frontières : vous êtes un fabricant indien de jouets et vous voulez vendre dans l’UE ? Vous devez respecter la directive Reach sur les produits chimiques. C’est l’« effet Bruxelles ». Nous vivons, en outre, un moment décisif, car pour la première fois, les conditions d’une transformation systémique sont réunies. (…) Nous disposons désormais de deux leviers décisifs : le levier technologique, j’en ai parlé ; et le levier culturel. La population européenne est beaucoup plus sensible aux impératifs écologiques, la norme sociale change, les tendances de marché évoluent. Ce qu’il manque ? La modification des règles politiques, des cadres réglementaires, pour rendre ce changement systémique possible. Or, c’est précisément ce que nous faisons avec le Green Deal. Peu de gens en ont conscience, mais nous allons changer plus de 50 lois européennes d’ici à l’été 2022 ! Sur des sujets qui sont au cœur de nos vies : la voiture, le droit à la réparabilité des objets, les aires protégées, pour ne citer que quelques exemples. À l’échelle d’un continent, le Green Deal est le plan de transition écologique le plus abouti au monde.

- [Président de la commission environnement] L’immense majorité de ces 50 textes passe par ma commission, dont c’est la compétence. Par ailleurs, Renew Europe, auquel j’appartiens, est au cœur des différentes majorités – et la délégation française de députés y est la plus importante. Bref, lorsque vous cumulez tout cela, il devient quasiment impossible qu’une réforme passe sans que nous participions au compromis. Et comme président de la commission environnement, je suis à la tour de pilotage, en quelque sorte. Cela m’a permis par exemple de négocier le volet « vert » du plan de relance européen : sur les 750 milliards d’euros mis sur la table, 37 % iront à la transition écologique, 0 % à ce qui peut lui être nuisible.

- [Green Deal] C’est une bataille, bien sûr. Mais nous la menons. Prenons les pesticides. Pour la première fois, l’Europe s’est fixé un objectif de réduction de ces substances, de 50 % d’ici à 2030. En face de nous, le lobby de l’agrochimie est très puissant – en Allemagne, je rappelle qu’il y a Bayer, qui a racheté Monsanto et BASF. Ce lobby fait tout pour édulcorer l’objectif et qu’il finisse dans un tiroir. Alors, oui c’est une bataille. (…) D’abord, il faut des politiques qui bossent. Trop de politiques ne prennent pas leurs responsabilités, déposent un amendement moins-disant sur l’écologie qu’on leur a glissé et qu’ils ont à peine lu… Ensuite, il faut construire une contre-expertise technique, pour être armés face aux lobbys. Lors de mon premier mandat de député européen, il y a dix ans, j’en ai fait l’expérience à la commission des affaires économiques. Lorsque, au nom des Verts, j’ai voulu m’atteler à la régulation de la finance, j’ai vu arriver tout le lobby bancaire : telle mesure « n’était pas faisable », telle autre « allait couler le secteur »… J’ai alors encouragé la création de l’ONG Finance Watch pour que les élus puissent disposer d’une expertise sur des sujets ultra-technos. Sur les enjeux écologiques, les ONG font très bien ce travail. Des organisations comme le WWF, France Nature Environnement ou encore Transport et environnement sont capables d’être extrêmement pointues. L’autre clé, c’est d’ériger des alliances avec les forces progressistes, au-delà de la mobilisation très importante des jeunes et des ONG, [avec] les entreprises qui veulent avancer sur la transition écologique, parce qu’elles qui y ont suffisamment investi, et la sphère politique. Aujourd’hui, le cœur politique de la Commission von der Leyen, celui qui fait avancer le Green Deal, va des Verts au centre droit. Un exemple ? En montant une alliance « pour une relance verte » – avec des élus, des syndicats, des grands patrons –, nous avons contré les conservateurs qui espéraient profiter de la crise sanitaire pour bloquer les avancées sur le climat. Quand on parvient à les nouer, c’est inarrêtable.

- [En France, de nombreux écologistes critiquent le rapprochement avec les grandes entreprises privées] Ce n’est pas très surprenant car le clivage public/privé a façonné les forces progressistes au XXe siècle. Mais c’est un clivage dépassé et complètement inopérant pour la transition écologique. Les plus grands pollueurs sont des entreprises publiques : Gazprom, Saudi Aramco, des entreprises chinoises. Et, comme elles ne sont pas cotées, il n’y a aucune transparence. C’est ce que je dis à Jean-Luc Mélenchon : c’est un modèle parfait pour toi, 100 % public. Et bim ! Ce sont les plus grands pollueurs au monde ! L’idée selon laquelle le public c’est bien, le privé c’est mal, c’est absurde ; tout comme l’idée inverse d’ailleurs. Il faut sortir de cette grille de lecture. Mais les Verts français ont beaucoup de mal. Alors que chez les Verts allemands, ce n’est même pas un sujet. Ils revendiquent le fait de construire l’économie sociale écologique de marché. Voilà le grand défi de notre temps.

- Il faut être radical. Et je le suis. Sur les objectifs comme sur la méthode – construire du consensus est bien plus radical que d’être dans la posture. Pourquoi, à votre avis, n’avons-nous pas réussi à avancer comme nous aurions dû dans trois domaines absolument clés de la transition : le logement, l’agriculture et le transport routier ? Et ce quels que soient les ministres – verts, socialistes, centristes ou de droite… Pour une raison simple : personne n’est parvenu à bâtir les conditions de cette transformation, à construire le « comment ». Notre société est complexe, les gens sont complexes, ils sont pris dans des contradictions, des contraintes matérielles. L’écologie simpliste, ça ne marche pas. [Il faut] fixer clairement le cap et en négociant les modalités pour y parvenir avec les acteurs concernés. Prenons l’exemple des agriculteurs. Ils n’utilisent pas du glyphosate pour le plaisir ; il faut développer les alternatives à grande échelle, ce qui prend forcément un peu de temps. Nous avons fait 50 % du chemin, mais c’était matériellement impossible de tout faire en trois ans. Pour la rénovation thermique, c’est la même chose : il faut négocier avec les banquiers, les promoteurs, les collectivités locales, les artisans, les énergéticiens, les propriétaires, les locataires… Les slogans simplistes, du style « On sort du nucléaire en 2030 », les « y a qu’à, faut qu’on », ça ne marche pas. Soit les gens se rebellent, soit il ne se passe rien. On le sait quand on s’intéresse à la vraie vie. Moi, je ne suis pas né dans les beaux quartiers, je connais les difficultés sociales – ma mère a travaillé à 14 ans parce qu’il fallait rapporter de l’argent à la maison. C’est pour cela que je suis un radical réformiste. C’est d’ailleurs la seule option en démocratie. Sinon, dites-moi comment vous faites, concrètement ?

- [Certains prônent une dictature verte] Je rappelle qu’au XXe siècle, dans le débat entre radicalisme et réformisme sur les inégalités, la transformation du capitalisme, l’option radicale a donné les dictatures communistes.

- Nicolas Hulot est arrivé trop tôt, à mon avis. Car depuis le début du quinquennat, Emmanuel Macron a fortement évolué sur l’écologie. Macron, je sais d’où il vient : en 2012, la première fois que je le rencontre – j’étais au gouvernement et lui secrétaire général adjoint de l’Élysée –, c’est un industrialiste classique, il est pro-gaz de schiste, pro-mines, pro-diesel. Il essaie même de me convaincre qu’il serait bon de développer les gaz de schiste en France ! Mais on n’est plus du tout dans ce contexte. Ce n’est plus le même Macron. Aujourd’hui, sous son impulsion, on a arrêté Notre-Dame-des-Landes, Europacity, Montagne d’or. Chaque année accélère sa transition personnelle sur ces sujets. Il a un bilan, mais il reste du chemin à parcourir. Macron est le premier président post-accord de Paris, il doit endosser ces habits-là. Je lui dis : « Tu dois être le premier président de la transition écologique. » Personne ne l’a jamais fait. Macron, je le sais, est convaincu sur le fond, mais il bute sur les obstacles politiques. Il n’a pas encore fait sa nouvelle synthèse idéologique, celle d’une écologie de gouvernement. Comme de Gaulle après la guerre, qui a érigé l’État-providence par la négociation collective et des règles du jeu publiques, Macron doit s’atteler à la transition. Aujourd’hui, aucun parti n’en a le monopole, et c’est tant mieux.

- [Loi climat et résilience] Certaines mesures sont structurantes, comme l’alignement de la politique agricole avec les objectifs climatiques et de protection de la biodiversité. Mais certaines mesures sont parfois en deçà des propositions des citoyens. Ce n’est pas par manque d’ambition, mais parce que les conditions de réussite de telle ou telle réforme ne sont pas là. Sur l’alternative de deux heures et demie à l’avion, pourquoi n’avons-nous pas opté pour les trajets de quatre heures ? Tout simplement parce qu’on n’a pas les trains ! La SNCF ne peut pas, à ce stade, absorber cette part de clientèle sans investir davantage, ce qui demande du temps. Je dois avouer que je suis exaspéré par le simplisme des certaines propositions.

- J’ai un mandat européen et ici, la culture du compromis prime, il n’y aurait pas d’Europe sans cela. Quant à la « pureté » en politique, je n’ai aucun surmoi marxiste. Dans ma famille, la culture politique était assez complexe : mon père était communiste, ma mère catholique. Il y avait de beaux débats à la maison… Depuis lors, je déteste les extrémismes de droite comme de gauche, tout comme le conservatisme irresponsable d’une partie de la droite sur le plan climatique. Je revendique d’être pour une écologie qui transforme sans fracturer. Ici, je suis au cœur du réacteur. Le matin quand je me lève, ce qui m’anime, c’est l’impact, le résultat.

- [Changement climatique] C’est justement parce que ces données sont très inquiétantes qu’on ne peut pas baisser les bras. Si les gens comme moi, tous ceux qui sont animés par les mêmes convictions, baissent les bras, alors la bataille est perdue. Et je ne me vois pas, dans trente ans, dire à mes enfants : ça, c’est le monde que je t’ai laissé et je n’ai rien fait pour l’empêcher. C’est un moteur très puissant. Le pouvoir pour le pouvoir ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est de changer les choses.