dimanche 24 février 2013

Une Semaine en Centrisme. François Bayrou peut-il exister sans le MoDem?

Plus le temps passe, plus le Mouvement démocrate s’affaiblit. Nombre de ses militants, connus ou pas, ont rejoint, rejoignent ou rejoindront l’UDI pendant que d’autres sont découragés ou lorgnent vers le PS et les Verts.
Jamais le parti fondé en 2007 en remplacement de l’UDF, n’a trouvé son électorat alors que les plus de 18% de suffrages obtenus par François Bayrou à la présidentielle de cette année-là laissait espérer à ce dernier que la nouvelle formation pourrait avoir de nombreux élus et militants et qu’elle pourrait lui servir de marchepied efficace pour son dessein de conquête de l’Elysée.
La déconvenue présidentielle de 2012 puis la déculottée législative qui a suivi quelques semaines plus tard a mit un coup de massue à cet espoir (déjà écorné avec l’incapacité du MoDem à affronter les élections précédentes avec succès), sans parler de la constitution de l’UDI qui l’a encore un peu plus fragilisé.
Et il semble assez illusoire de penser que le PS, soit par son écroulement face à son incapacité à résoudre la crise actuelle, soit par la nécessité de trouver un allié pour glisser un peu plus vers le centre-gauche, sera son sauveur, involontaire ou non.
Pourtant, pendant que le parti se délite, son leader, François Bayrou, battu à la présidentielle et aux législatives, n’a pas disparu, loin de là, du paysage politique français.
Sa notoriété et une bienveillance journalistique font qu’il a réussi à demeurer une personnalité politique médiatique.
Dans les sondages, même s’il a perdu de nombreux points, il n’a pas sombré et peut nourrir quelques espoirs de résurrection dont nous gratifie régulièrement la sphère politique.
On voit bien qu’il y a donc un fossé qui se creuse de plus en plus entre l’état de santé du Mouvement démocrate et celui de son leader.
Mais, s’il parait évident que le Mouvement démocrate ne peut exister sans François Bayrou, celui-ci peut-il néanmoins exister sans un parti dans une V° République où il est indispensable à tous ceux qui ont de hautes ambitions politique, ce qu’il a manifestement toujours?
En faveur d’une réponse positive, il y a la place qu’il occupe aujourd’hui, au centre du Centre qui n’a pas, pour l’instant d’autre prétendant crédible (Jean-Louis Borloo ayant, lui, investi l’espace du centre-droit, voire de la droite modérée).
De même, il a su se forger un noyau de fidèles parmi les fidèles que ce soit dans son parti mais aussi dans la population (même s’il n’a pas réussi à se forger un fief électoral imprenable comme d’autres).
En outre, comme nous l’avons dit, il est encore un chouchou des médias ce qui est loin d’être anecdotique dans la société d’information et d’images dans laquelle nous vivons.
Cependant, et de manière plus négative, être un homme seul, est un handicap rédhibitoire dans les joutes électorales. D’autant que, contrairement à ce que le général de Gaulle, son modèle pendant lors de la campagne présidentielle 2012, était devenu lors de sa traversée du désert au cours de la IV° République, il n’est pas une référence vivante incontournable même s’il tente de donner de lui une image de sage qui a eu raison avant tout le monde et qui, seul, continue à dire la vérité au pays.
De même, dans la position où il se trouve, il ne peut rien négocier d’autre que lui-même, ce qui n’est souvent pas assez conséquent comme l’ont montré de nombreux exemples passés pour nouer des alliances «gagnant-gagnant».
Enfin, on peut prendre ses trois échecs consécutifs à la présidentielle où il n’est jamais parvenu au second tour comme une expérience unique qui pourra séduire les électeurs lors d’une quatrième tentative ou comme un passé trop lourd qui le relègue définitivement comme un «has been».
Il est certain qu’un passage réussi aux affaires, c’est-à-dire dans un gouvernement ou à la tête d’une institution, pourrait lui redonner la crédibilité nécessaire pour envisager un avenir politique autre qu’anecdotique.
Cela lui permettrait, notamment, de trouver un moyen d’exister sans le soutien d’un parti puissant.
Quoiqu’il en soit, on aurait tort de l’enterrer trop vite. Mais il aurait tort de croire qu’il va pouvoir facilement renaître de ses cendres.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC