jeudi 28 décembre 2023

Propos centristes. France – Disparition de Jacques Delors / Loi immigration / Relation France-Afrique / Biodiversité…


Voici une sélection, ce 28 décembre 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Homme d’État au destin français. Inépuisable artisan de notre Europe. Combattant pour la justice humaine. Jacques Delors était tout cela. Son engagement, son idéal et sa droiture nous inspireront toujours. Je salue son œuvre et sa mémoire et partage la peine de ses proches.
> Wolfgang Schäuble était un ami de la France. Il a rendu plus solides les liens entre nos pays. Il a contribué à la réunification allemande, à la construction de l’euro et à l’unité européenne. Je salue son engagement. Mes condoléances à ses proches et au peuple allemand.

> Des gares, hangars et galeries. Des ponts, viaducs et phares. La Coupole de l’Observatoire de Nice. L’armature de la Statue de la Liberté. La Tour de l'Exposition universelle de 1889.   100 ans que Gustave Eiffel n’est plus. Mais son legs au monde est bien vivant !

 

► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste] 

Elisabeth Borne (Première ministre) 
> Jacques Delors, visionnaire et architecte de l'Union européenne, vient de nous quitter. Artisan infatigable d’un idéal : toute sa vie a été mise au service de la paix et de la solidarité européenne. Je pense à l’euro ou encore à Erasmus. Mes pensées à sa famille et ses proches.

> Émotion en apprenant le décès de Wolfgang Schäuble, ancien ministre des Finances allemand. Je n'oublie pas qu'il fut un fervent défenseur de l’amitié franco-allemande, et de l’unité européenne. Mes pensées à sa famille et au peuple allemand.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique) 
> Je salue la mémoire de Jacques Delors, la constance de ses convictions, la force de son engagement européen, son sérieux dans la gestion de nos finances publiques. Jamais il n’a cédé à aucune facilité des temps. Il aura écrit la double histoire de la France et de l’Europe.

> Je suis profondément attristé par la mort de l’ancien ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble. C’était un ami, un partenaire loyal et sûr, un artisan inlassable de l’amitié franco-allemande. À sa famille, à ses proches j’adresse tout mon soutien.

 

Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur et des Outre-mer) 
> Jacques Delors était un grand serviteur de la France et de l’Europe. Les hommages rendus ce soir sont à la hauteur de son incroyable engagement pour la chose publique. Je veux dire à sa fille, Martine Aubry, mes pensées les plus sincères et les plus amicales.

> Comme nous nous y étions engagés, après plusieurs mois de discussions avec les forces politiques, nous proposerons au Parlement en 2024 une modification de la Constitution qui permettra de moderniser le corps électoral calédonien et d'adapter le calendrier des élections provinciales de Nouvelle-Calédonie.

> Bonne nouvelle pour notre jeunesse ! Dès aujourd’hui, les écoliers français qui se rendent en voyage scolaire au Royaume-Uni n’auront plus besoin de passeport. Une simple carte d’identité suffira.

 

Catherine Colonna (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères) 
> Tristesse et émotion à l'annonce de la disparition de Jacques Delors, cet inlassable bâtisseur de Notre Europe, dont la vision inspira tant d'entre nous. Un grand Français.

 

Olivier Dussopt (ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion) 
> Bâtisseur de l'Union européenne, attaché à la construction d'une Europe sociale en même temps que le marché unique, homme d'Etat porté par ses valeurs sociales-démocrates, Jacques Delors restera une figure marquante de la vie politique. Immense reconnaissance et respect.

> Nous reconduisons le contrat de professionnalisation expérimental pour une durée d'un an. Levier efficace de recrutement en contrat durable dans les métiers en tension et adapté aux enjeux du plein emploi, il bénéficie aux personnes inscrites à France travail.

> La loi facilitant la mobilité internationale des alternants a été promulguée, pour un «Erasmus» de l'apprentissage ! Lever les freins au développement de la mobilité des apprentis à l'étranger, nous y travaillons.

 

Gabriel Attal (ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse) 
> Lutter contre la reproduction à l’École des inégalités sociales, c’était aussi le cœur de son engagement, comme il le rappelait encore récemment. Hommage à Jacques Delors, homme d'État, immense Européen, dont l'âme et les convictions doivent continuer de nous guider.

 

Sylvie Retailleau (ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche) 
> La famille européenne est aujourd’hui en deuil. Plus de 12 millions de bénéficiaires d’Erasmus saluent avec respect la mémoire de Jacques Delors, artisan du programme et bâtisseur éclairé de notre Union. J’adresse une pensée émue à l’ensemble de ses proches.

 

Marc Fesneau (ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire) 
> Jacques Delors pour plusieurs générations c’est l’Europe bien évidemment. Il en fut un artisan passionné et concret. Président de la Commission lors de la chute du mur, il œuvrera sans relâche pour notre réunification. De la monnaie unique à Erasmus, l’Europe et nous Français lui devons tant. Homme de gauche, il y avait chez lui une certaine manière de faire de la politique, respectueuse de l’adversaire, à la recherche du compromis sans jamais renoncer à ses convictions. Pensées attristées pour sa famille et pour ses nombreux compagnons de route.

 

Christophe Béchu (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires) 
> J’apprends avec émotion le décès de Jacques Delors, homme d’État, homme d’Europe. Son empreinte est durable pour notre pays.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique) 
> Père de l’euro, homme de gauche profondément attaché aux valeurs humanistes, Jacques Delors sera resté fidèle à la social-démocratie tout au long de sa vie politique nationale et européenne. Un engagement européen sans faille ni doute. Pensées pour ses proches.

 

Aurore Bergé (ministre des Solidarités et des Familles) 
> Pour notre génération, Jacques Delors fut un pionnier. Un infatigable bâtisseur de la construction européenne. Son héritage est immense.

 

Bérangère Couillard (ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les Discriminations) 
> «C'est en partageant nos souverainetés nationales que nous pouvons mieux défendre nos intérêts communs» disait Jacques Delors en 2016. Merci à ce grand progressiste qui a tant fait pour la construction européenne.

> Une femme et ses 4 enfants ont été tués à Meaux. L'annonce de ce quintuple homicide survenu me touche profondément. J’apporte tout mon soutien aux proches des victimes de ce terrible drame et je reste en lien avec les autorités sur place.

 

Roland Lescure (ministre délégué chargé de l’Industrie) 
> [Disparition de Jacques Delors] Un grand Européen, un homme d’État, un exemple de leadership, de détermination et d’intégrité. Un exemple à suivre. Toutes mes condoléances à ses proches.

> Un grand européen s’est éteint. Wolfgang Schauble fut un grand Ministre des finances, un grand président du Bundestag, un grand ami de la France, parfois exigeant mais toujours bienveillant. Toutes mes condoléances à ses proches.

 

Jean-Noël Barrot (ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications) 
> Jacques Delors laisse un immense héritage à l'Europe dont il fut l'un des principaux architectes, à la France qu'il servit avec ardeur dans ses responsabilités syndicales et politiques, à la démocratie sociale qu'il incarna et continuera d'inspirer.

 

Olivia Grégoire (ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme) 
> Jacques Delors, cet homme d’Etat, qui m’a fait découvrir et aimer l’Europe. Sa parole sage nous manquera.

 

Thomas Cazenave (ministre délégué chargé des Comptes publics) 
> Inlassable bâtisseur de l’Europe, Jacques Delors s’est éteint. Je salue la mémoire d’un homme d’État et d’un très grand européen à qui notre continent doit tant.

 

Dominique Faure (ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité) 
> Pour nous Radicaux, partisans d’une Europe forte, Jacques Delors a tracé le chemin. Un grand homme d’État nous a quitté. Pensées pour sa fille, Martine Aubry, et ses proches.

 

Philippe Vigier (ministre délégué chargé des Outre-mer) 
> Jacques Delors vient de nous quitter. Son engagement au service de la construction européenne, son humanisme et son amour de la liberté nous manquent déjà. Sa vision du vivre ensemble, son sens aigu de la solidarité entre les peuples et du rôle de l’Europe dans le monde sont toujours aussi actuels. Toutes mes pensées vont à ses proches.

 

Olivier Becht (ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger) 
> Grande tristesse d’apprendre le décès de Jacques Delors, qui a inspiré mon engagement politique il y a 30 ans. Sa vision d’une Europe réunifiée autour d’une Union, d’une monnaie et d’une politique intérieure et extérieure nous garantit encore la paix aujourd’hui au sein de l’UE. Son esprit empreint d’humanisme rhénan marquait « l’unité d’un homme » qui aura marqué l’Histoire de son temps.

 

Carole Grandjean (ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels) 
> Nous poursuivons la simplification de la Validation des Acquis de l’Expérience. Ainsi, la durée des parcours pour reconnaître ses compétences sera largement réduite, de plus d’un an à moins de six mois, l’administratif sera simplifié, l’organisation des jurys améliorée et l’accompagnement des préparations facilité. Une avancée supplémentaire qui s’inscrit pleinement dans mon ambition de bâtir la Nation des compétences.

 

Clément Beaune (ministre délégué chargé des Transports) 
> Il était la gauche du réel et de l’éthique, il était la France qui se grandit par la construction de l’Europe, il était l’Europe qui croit en ses forces et son modèle. C’était Jacques Delors. Un immense chagrin nous gagne, son immense héritage nous oblige.

 

Fadila Khattabi (ministre déléguée chargée des Personnes handicapées) 
> Jacques Delors vient de nous quitter. Humaniste et visionnaire, l’Europe et les européens lui doivent beaucoup. Par son engagement, il a fait rayonner notre continent au delà de ses frontières. J’adresse toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches.

 

Laurence Boone (secrétaire d’Etat chargée de l'Europe) 
> L’Europe telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’était lui. Infinie tristesse en apprenant la disparition de Jacques Delors. Nous perdons un grand Monsieur, un modèle, une vision. J’adresse mes pensées émues et chaleureuses à ses proches.

> Fervent défenseur de l'intégration européenne, Wolfgang Schäuble nous a quittés. En 1994, avec K. Lamers et T. Waigel, il plaidait pour l'élargissement à l'Est tout en défendant la formation d'un noyau dur d'États voulant approfondir leur intégration. Mes pensées à ses proches.

 

Chrysoula Zacharopoulou (secrétaire d’Etat chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux) 
> Jacques Delors a été l’un des plus grands artisans de notre Europe. Homme visionnaire, homme solidaire, cet homme de consensus nous lègue un héritage politique et moral monumental. Aujourd’hui plus que jamais, face aux défis que connaît l’Europe, son combat c’est le nôtre.

 

Sarah El Hairy (secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité) 
> C’est plus que jamais le moment de protéger la biodiversité et de la remettre au cœur de nos engagements.

> La protection de la nature nécessite une ambition forte : nous avons donc présenté il y a un mois la Stratégie nationale biodiversité. Elle comprend des moyens inédits avec un seul mot d'ordre : stopper et inverser l'effondrement du vivant.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> Incarnation de l’Europe, Jacques Delors c’est une vie au service des Français et de tous les citoyens de l’UE. Un grand homme d’État s’est éteint ce soir. Mes pensées à sa fille Martine Aubry, ses proches et ses compagnons de route.

> Président du Bundestag jusqu’en 2021, député, ministre et homme d’État remarquable, Wolfgang Schäuble, ami de la France, nous a quitté après 50 ans de vie politique. Toutes mes pensées à ses proches et au peuple allemand.

 

► Haut-commissariat au Plan 
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate) 
> [Disparition de Jacques Delors] Je pense que c'était cet homme que nous étions nombreux à aimer, et que moi j'aimais beaucoup, encore que la division du pays en camps à cette époque, un camp d'un côté comme de l'autre a empêché l'œuvre historique que nous avions à accomplir, c'est-à-dire construire ce socle central que la France, inconsciemment, attendait. Et Jacques Delors, il y avait une étonnante cohérence entre un projet de société, un idéal et l'Union européenne. En fait tout cela, c'était la même chose. L'idée que nous avions à bâtir une société qui accepterait la concurrence du monde parce qu'il n'y avait aucun moyen de faire autrement. Et c'est lui qui, au début des années 80, a imposé, a proposé le fait que la France ne se coupe pas du reste du monde de l'économie européenne. (…)
Alors la rigueur, on dit ça maintenant par raccourci. La question principale était: est-ce qu'on doit accepter pour remplir des promesses dont tout le monde voyait que ce n'était pas facile à accomplir - songez qu'on avait nationalisé la quasi-totalité du système bancaire - donc la question était: pour remplir ses promesses, est-ce que la France peut accepter de se couper de l'économie du monde? Vous êtes un grand pays exportateur. Est-ce que vous dites qu'on va rétablir les frontières et on va s'enfermer dans notre hexagone? (…)
Il savait bien que les temps dans lesquels nous étions très ne supportaient pas qu'on construise des murailles qui vous séparent du reste de l'économie du monde avec les précautions nécessaires, mais que c'était ça le grand enjeu. On l'avait sous les yeux puisque tout le monde a vu tout au long des années 80 ce qu'était l'effondrement du bloc de l'Est qui, lui, avait choisi de se couper et qui en est mort d'asphyxie. Et donc Jacques Delors avait parfaitement compris ça. Mais il y avait constamment chez lui cette idée fondatrice que si l'économie n'a pas le social comme but, alors elle est condamnée. Elle est vouée à s'étioler, elle est vouée à se couper du peuple, à se couper des familles et des gens qui travaillent.  (…)
Tout le travail qui a été fait autour de l'euro. Arrêtons-nous une seconde parce qu'on s'habitue au miracle, n'est-ce pas ? Mais où en serions-nous aujourd'hui dans la tourmente du monde des guerres que nous rencontrons - où en serions-nous aujourd'hui si l'euro n'existait pas ? Regardez où en sont nos voisins les plus proches qui n'ont pas cette arme-là. Regardez la Turquie. Je n’ai pas vérifié les derniers chiffres, mais la Turquie c'est 60 % d'inflation par an, et pour les produits alimentaires, c'est 120 % d'inflation par an. Et ce sont nos proches voisins ! Et ce ne sont pas des économies négligeables, la Turquie ! Et nous, nous avons réussi ce miracle-là d'avoir une monnaie qui nous protège de ce genre de dérives.

> [Héritiers de Jacques Delors] Je trouve que cette tradition-là, dont je pense et je sais qu'elle est indispensable, est aujourd'hui un peu moins illustrée. Le plus proche, c'est le président de la République française. Celui qui croît le plus, celui qui croît le plus à l'Union européenne et celui qui pense que derrière l'Union européenne, il y a un projet de société. Celui qui le dit le plus fort en Europe, c'est évidemment lui.

> [Jacques Delors] Est-ce qu’il était socialiste dans le sens de la phrase que vous dites, dans le sens du parti socialiste ou de l'appareil du parti socialiste ? Alors là, je peux dire qu'il y a vraiment des doutes autour de cette réponse. Jacques Delors avait pris beaucoup de distance avec le parti et avec les attitudes partisanes. Et il regardait cela je pense avec beaucoup de recul et un brin de scepticisme. 

> [Renoncement de Jacques Delors à se présenter à la présidentielle de 1995] Ça appartient au nombre des risques manqués ou des chances manquées. Je ne sais pas ce qu'on peut dire. Jacques Delors et moi, on avait, avec la différence de générations, une proximité spontanée, une manière de voir les choses qui étaient étroitement proches. Et en effet, nous nous sommes rencontrés avant cette élection de 1995 et avant son renoncement. Et la question pour lui était que nous puissions faire bâtir ensemble ce socle central que j'évoquais à l'instant. Il y voyait une possibilité et Helmut Kohl y voyait une possibilité. Et nous avons évoqué cette question demain d'un rapprochement et d'un soutien éventuel. Jacques Delors voulait penser que si on devait se rapprocher, il fallait que j'annonce que je le soutiendrais au premier tour. J'étais ministre de l'Éducation nationale, Edouard Balladur était le Premier ministre et je lui ai dit : « je vous soutiendrai au deuxième tour » parce que je pensais que Jacques Chirac serait au deuxième tour. Il m'a dit : « Chirac ne sera pas au deuxième tour, c'est Balladur qui y sera. » Donc c'était impossible. J'étais ministre, je venais d'être élu à la présidence de mon parti politique qui était entièrement balladurien. Et je lui ai expliqué que là, c'était impossible. 
Mais ce n'était pas sa seule question. Sa seule question, c'était que le Parti socialiste lui mettre des bâtons dans les roues. Il l'a dit d'ailleurs de la manière la plus explicite le soir où il a annoncé qu'il ne se présenterait pas. Il est allé voir le premier secrétaire de l'époque, Henri Emmanuelli. Il lui a dit: «Est-ce que vous me laisserez participer au choix des candidats aux législatives?». Emmanuelli lui a dit : «Non. Nous avons des nous avons des règles internes et je ne vous laisserai pas participer.» Et il a vécu ça comme évidemment, quelque chose qui allait l'empêcher. Il se trompait.  (…)
C'était un homme qui avait à la fois, je crois, une très grande ambition et une idée très originale. Tout à l'heure, on a évoqué le conflit avec Margaret Thatcher et ce conflit que Thatcher présentait comme l'idée de quelqu'un qui voulait éradiquer les identités, c'était absolument le contraire de ce que Jacques Delors voulait. Il avait trouvé une formule qui, en France, est un peu ambiguë. Il disait : « Je veux faire une fédération d'Etats-nations. » Fédération, ça voulait dire qu'on est ensemble pour l'essentiel. Et Etats-Nations, ça voulait dire que chacun conserve son identité. Et ça n'a pas été compris. Et donc c'est de cette vision-là, ça s'articulait avec une très grande frugalité personnelle, une très grande modestie au fond. C'était quelqu'un qui avait de la vie, une vision, contrairement à sa réputation, non-technocratique, et quelqu’un qui pensait au niveau des travailleurs. Il avait été un syndicaliste, comme vous savez très proche des dirigeants de la CFDT. Et donc c'était pour lui cette dimension du travail, de la vie de tous les jours, de ce que les familles ont à vivre. C'était quelque chose de très central. 

> Ce que nous avons sur l'agenda aujourd'hui. On a achevé la séquence qui avait été promise au moment de l'élection présidentielle, pas toujours bien comprise, peut-être pas toujours bien expliquée. Cette séquence consistait à dire : nous allons faire deux choses essentielles nous allons faire la réforme des retraites et une loi sur l'immigration qu’une grande partie de l'opinion demandait et d'ailleurs soutient. Et ceci s'est achevé avec les fêtes. L'année a été close sur la réalisation, chahutée de ces deux lois. Aujourd'hui, il n'y a pas d'agenda. (…) Ce n'est pas inquiétant ! C'est une page nouvelle à écrire et il appartient au président de la République en particulier de dire quels sont les chapitres nouveaux qu'on va ouvrir.

> Je pense que Elisabeth Borne est quelqu'un de courageux qui l'a montré. Mais la question du président de la République, c'est celle de l'adéquation, de la correspondance entre le projet et les personnes et donc l'équipe, la forme de cette équipe. Est-ce qu'on garde une équipe très nombreuse comme aujourd'hui ou, comme je le souhaiterais, on réduit un peu, on réduit de manière à faire plus de plus de solidarité, plus d'esprit « commando » ? (…)
Je pense qu'on peut faire un gouvernement autour de quinze ministres. Mais l'expérience montre qu'on annonce toujours des gouvernements resserrés et qu'on se retrouve avec des gouvernements beaucoup plus nombreux.

> [Loi immigration] Au MoDem, il y a une sensibilité qui est une sensibilité sociale et ouverte, qui était extrêmement préoccupée du fait qu'on ne doit pas construire une machine à fabriquer des clandestins. Quand vous avez des gens qui travaillent, qui apprennent la langue, qui veulent s'intégrer, eh bien, il faut qu'il y ait un chemin d'intégration et de régularisation. (…)
Le chemin d'intégration et de régularisation, on est bien d'accord qu'il est dans ce texte et c'est de ce point de vue-là pour nous quelque chose de positif. Mais pour le reste, bien sûr qu'il y a du trouble. Dans une ville comme Pau, que j'ai la chance de diriger, il y a plusieurs centaines de migrants clandestins ou non régularisés. Ce sont des jeunes hommes et ils sont enfermés ensemble dans des hôtels aux frais de l'argent public et on leur interdit de travailler pendant une longue période. Vous croyez que c'est sain ? Vous croyez que c'est un pays normal qui fait ça ? Parce que inéluctablement, quand vous avez un groupe de plusieurs dizaines, parfois plus d'une centaine de jeunes hommes qui vivent ensemble comme ça, qu'est ce qui se passe ? Eh bien, il y a des regroupements communautaires par l'origine, pour éviter les violences ou pour se protéger des violences qui sont inéluctables dans des chaudrons comme ça. Il fallait absolument qu'il y ait un texte.

> [Loi immigration devant le Conseil constitutionnel] Ce que le président de la République fait conformément aux institutions, c'est qu'il vérifie si ses décisions prises ou si ses votes correspondent à la Constitution. Le Conseil constitutionnel, il n’écrit pas la loi, contrairement à ce que j'ai lu et entendu ici ou là. Le Conseil constitutionnel, il vérifie si le texte voté correspond aux principes fondamentaux de la Constitution et il va le dire. Et il n'y a rien de plus normal que ça. Le nombre de présidents de la République et les opposants qui ont soumis des textes au Conseil constitutionnel, qu'est-ce qu'ils font d'autre qu'appliquer nos institutions ? Alors l'idée qu’un président de la République ou des opposants qui saisiraient le Conseil constitutionnel, ils porteraient atteinte au droit de légiférer. Mais c'est une idée barjot. Pardon de vous dire ça. On a respecter la loi et la loi suprême qu’est la Constitution.

> Pourquoi Anticor a-t-il vu son agrément suspendu ? Parce que des militants d’Anticor ont jugé que la manière dont cette association était organisée et la manière dont elle fonctionnait était contraire aux textes et aux principes. Ils ont donc saisi les tribunaux pour cela. C’est pas le gouvernement. (…)
Anticor a vu une tempête interne des responsables d’Anticor contre d’autres responsables d’Anticor pour mettre en cause la manière dont ça fonctionnait. La justice a fait son travail.

 

► Partis politiques 

● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits] 
> Jacques Delors est décédé aujourd’hui à l’âge de 98 ans. La France et l’Europe perdent un grand homme politique qui a marqué de son empreinte la construction européenne. Nous lui devons, entre autres, le marché unique, l’euro ou encore l’emblématique programme Erasmus. Lors de la création de notre parti, il faisait partie de ceux qui nous inspiraient. Par son engagement européen bien sûr, mais aussi par son dépassement des clivages, lui qui fut le tenant d’une gauche « réaliste ». Nous adressons nos condoléances à sa famille, sa fille bien sûr, et à tous les pro-européens qui perdent un grand modèle.

 

Stéphane Séjourné (Secrétaire général & président du groupe Renew Europe au Parlement européen) 
> Ce soir, avec l’annonce du décès de Jacques Delors, les Français et les Européens perdent un modèle, un inspirateur à qui l’on doit le marché unique européen, l’euro ou encore Erasmus. Il faisait partie de mes références politiques. Je présente mes condoléances à sa famille.

> Avec la mort de Wolfgang Schäuble, nous perdons un Européen convaincu et exigeant, un homme courageux, fervent promoteur de l’amitié franco-allemande. J’adresse toutes mes condoléances aux siens et au peuple allemand.

 

Sylvain Maillard (président du groupe à l’Assemblée nationale) 
> Jacques Delors fut pour ma génération l'homme qui incarnait l'Europe. Difficile de résumer tout ce que l'Union Européenne lui doit mais je n'oublie pas qu'il fut aussi le promoteur des échanges universitaires Erasmus. Cette année, nous continuerons son projet avec notamment l'amplification de l'Erasmus de l'apprentissage. Pensées pour sa famille et ses proches.

> Il était l'ingénieur le plus célèbre. Il a révolutionné la construction et légué à Paris le monument le plus connu au monde. Il y a 100 ans, jour pour jour, Gustave Eiffel disparaissait. Le génie français s'incarne de tout temps dans des êtres exceptionnels, il en fut un.

> Être souverain, c'est d'abord maîtriser ses sources d'énergie. L'électricité bas carbone produite en France est une condition essentielle pour notre reindustrialisation. Nous sommes au rendez-vous.

 

Marie Lebec (députée)
> « L'Europe sera européenne ou ne sera rien. » Ce soir, nous perdons l’un des bâtisseurs infatigables de l’Union Européenne. Merci Jacques Delors d'avoir tant agi pour construire l'Europe que nous connaissons aujourd'hui.

> [Baisse de 4,6% des émissions de CO2 en France] « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas ! » disait le président de la République à Marseille. Nous l’avons promis, nous le devons à nos enfants. Les résultats sont là ! On continue !

 

Benjamin Haddad (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale) 
> [Disparition de Jacques Delors] J’avais 9 ans mais je regardais avec mes parents qui, comme tant de Français, attendaient sa décision. Ce jour là, il décida de ne pas se lancer dans la course. Et pourtant l’action et le modèle de ce grand d’Europe ne cessent de nous inspirer. Les plus grands sont ceux qui font.

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député) 
> Jacques Delors nous a quittés. Il était un visionnaire, un géant de la construction européenne, le plus grand Président de la Commission européenne. Les Européens lui doivent beaucoup. Sa vision pour l’avenir de l’Europe lui survivra !

 

Jean-René Cazeneuve (député)
> Merci à Jacques Delors pour sa passion inébranlable pour l'Europe. À nous de continuer à porter son message pour un espace de liberté, de paix et de progrès social.

 

Antoine Armand (député)
> [Loi immigration] Nous n'avons pas cédé aux intimidations de l'extrême gauche ni aux canulars de l'extrême droite.

> Oui, le RN pointe des problèmes qui existent mais sans vouloir les résoudre au fond. Notre travail, c’est de ne plus mettre la poussière sous le tapis.

> Parler et agir en Européens, construire une Europe qui protège : c’est l’ADN de notre mouvement.

 

Mathieu Lefèvre (député)
> La disparition de Jacques Delors est une perte terrible pour notre pays. La France pleurera longtemps cette figure européenne majeure du débat public national. Avec lui, la France se faisait une grande idée de l’Europe.

 

Christopher Weissberg (Député)
> [Disparition de Jacques Delors] Un de mes héros politiques vient de nous quitter. Une gauche qui assumait ses responsabilités sans rien renier à ses convictions . Un grand européen qui aura fait avancer l’Europe par la force du compromis. L’anti Chirac qui aurait pu tant apporter à la France s’il avait été président à sa place !

 

● MoDem 
Maud Gatel (Secrétaire générale) 
> «Le monde est divisé en deux : ceux qui veulent être quelqu’un et ceux qui veulent réaliser quelque chose.» J’avais pour l’Européen, le serviteur de l’Etat et l’homme, sans compromissions, une immense admiration. Pensées émues pour ses proches.

 

Erwan Balanant (député)
> [Disparition de Jacques Delors] Père de l’Europe. Merci d’avoir été le constructeur de l’acte 2 de ce projet de paix humaniste et universel. Merci pour la dignité et justesse de votre combat politique.

 

Bruno Fuchs (député et porte-parole) 
> [Disparition de Jacques Delors] C'était quelqu'un de vrai, rigoureux, engagé. J'espère qu'il va nous inspirer encore longtemps.

> [Relations entre la France et les pays africains] Il faut sortir d’une vision missionnaire et moralisatrice qui nous met à dos les Africains. Cette approche, ancrée dans la culture française, n’a jamais fonctionné. Nous défendons un modèle de société fondé sur la démocratie, le respect de l’Etat de droit et l’attachement aux libertés publiques, mais nous ne sommes pas moralisateurs vis-à-vis du Qatar, de l’Arabie saoudite et de la Chine. Pourquoi le serions-nous avec la RDC, la Guinée équatoriale ou la Côte d’Ivoire ? Nous devons être cohérents dans notre approche du monde et tenir nos positions.
Quand on va à l’encontre de nos valeurs comme on l’a fait au Tchad, il faut être transparent et expliquer que le principe de sécurité dans la région prime sur le reste. La question se pose aussi avec l’Egypte : préfère-t-on avoir au pouvoir un maréchal Sissi, qui n’est pas un démocrate reconnu, ou les Frères musulmans ?
Il faut également régler ce paradoxe qui consiste à défendre une vision multipolaire du monde tout en privilégiant, en Afrique, un mode d’action unilatérale.

> [Relations entre la France et les pays africains] La France vit dans une contradiction liée à la doctrine vertueuse, mais périmée, élaborée sous François Mitterrand. Alors que, sous le général de Gaulle, Paris assurait les pays africains décolonisés d’une protection en échange d’une loyauté lors des votes à l’ONU, depuis Mitterrand, on prétend soutenir les régimes démocratiques en garantissant la sécurité des Etats. Le trouble vient de là, car nous avons institué une politique à géométrie variable.
Nous sommes intransigeants vis-à-vis du président Obiang au pouvoir en Guinée équatoriale depuis 1979, mais nous avons développé des relations étroites avec le Gabon voisin qui était sur une trajectoire similaire. Au Liban, nous appelons à lutter contre les politiciens corrompus mais on adoube le fils Déby au Tchad. Il faut régénérer la doctrine Mitterrand car, contrairement à ce qu’on a cru naïvement dans les années 1990, le développement économique n’a pas suffi à imposer la démocratie partout.
Depuis, chaque président français propose un embryon de doctrine. Comme l’a dit Emmanuel Macron à Ouagadougou en 2017, la politique africaine doit devenir plus lisible car en Afrique plus personne ne la comprend. La France est-elle en Afrique pour défendre la démocratie ? Assurer la sécurité ? Assurer ses intérêts économiques ? Il faut clarifier notre position pour ne plus alimenter les fantasmes d’un double agenda. Au Mali, on a entendu que la France est intervenue pour s’approprier les mines d’or. Pourtant quand on regarde les opérateurs actifs sur le site même du ministère malien des mines, on constate que les opérateurs sont canadiens, sud-africains, pas français.

> [Niger] Une approche fondée sur la real politik, et en appliquant une juste distance, aurait pu nous pousser à agir autrement. Le Niger incarnait pour la France un nouveau modèle de partenariat plus équitable. Nous avions radicalement changé notre façon d’opérer : avant d’y déployer nos soldats, un débat avait été organisé au Parlement, contrairement à ce qui s’était fait pour l’opération « Barkhane » au Mali. Les militaires français étaient placés sous commandement nigérien et intervenaient en appoint et à leur demande. Nous avons été guidés par la relation de proximité tissée avec le président Bazoum.

> [Relations entre la France et les pays africains] Cela fait trente ans que la politique africaine est faite à l’Elysée. C’est dans les gênes de la Ve République. A l’inverse, en Allemagne, le ministre de la coopération ou son représentant discute toutes les semaines au Parlement de la politique africaine de Berlin. Il échange, débat, explique. Il faut retrouver, en France, un équilibre entre le Parlement, la population et les décisions prises par l’Elysée et le Quai d’Orsay.

> [Relations entre la France et les pays africains] Il y a peu d’experts et d’appétence pour l’Afrique d’une manière générale chez les décideurs français. Beaucoup pensent connaître ce continent, alors qu’il a changé. Nous continuons d’agir en Afrique francophone comme il y a vingt ans. Or aujourd’hui, l’âge médian y est de 19 ans. La moitié des Africains n’a donc jamais entendu parler de la France, autrement que de façon négative par les réseaux sociaux.
C’est à nous de dire ce qu’on fait en Afrique. Aujourd’hui, on est dans un rôle subi. C’est l’opposition en France qui parle du franc CFA, des visas, des choses qui ne vont pas. Avec une stratégie claire, on reviendra dans un rôle choisi. On réglera une partie du problème de désamour des Africains et on videra de sa substance le discours politique anti-français.

> [Loi immigration] Ce qui est certain, c’est que nous ne sommes pas conscients en France que nos débats ont un impact immédiat sur les diasporas et en Afrique via les réseaux sociaux. Et sur l’image qu’ils ont de la France. Je note par ailleurs une contradiction totale dans les discours des LR et du Rassemblement national (RN) qui veulent favoriser le rayonnement de la France en Afrique et qui réduisent les Africains à un problème migratoire, souvent humiliant dans les propos. On ne peut pas vouloir réenchanter les relations avec l’Afrique et avoir un discours aussi dur. Il faut contrôler les flux migratoires, mais aussi avoir du respect.

En Afrique, on nous dit : « Pourquoi devrions-nous faire une place à la France alors que nos semblables ne sont pas considérés malgré leur contribution à la richesse économique du pays et à sa sécurité lors des guerres mondiales ? »

> [Visas] Il faut déjà faire preuve de considération envers les demandeurs. Ils attendent des heures dans nos consulats, ne savent pas s’ils obtiendront leur visa. Ils ne demandent pas l’aumône, mais le droit de venir en France, de dépenser en France, de voir leurs familles. Il faut aussi fixer des règles claires. En Côte d’Ivoire, un entrepreneur me rapportait qu’il avait obtenu son visa neuf fois mais que, la dixième, il lui a été refusé au motif qu’il ne fallait pas qu’il s’y habitue. Enfin, il ne faut pas voir la question des visas uniquement d’un point de vue migratoire, mais depuis que le ministère de l’intérieur en a la charge, c’est la vision qui prédomine. Si nous voulons contribuer au rayonnement de la France, il faut voir les visas comme une opportunité.

> [Relations entre la France et les pays africains] Nulle part les Français ne sont ciblés en Afrique. Ils ne sont pas attaqués, insultés. En revanche, il existe une défiance vis-à-vis de la politique française. Pour nous, Français, nous sommes sortis de la Françafrique : on ne met plus de chefs d’Etat en place, on intervient plus pendant un coup d’Etat ; en revanche, quand on se place du côté des Africains, il y a des comportements qui les ramènent à ce qu’on faisait avant. On a identifié dans notre rapport un certain nombre de chiffons rouges qui nourrissent cette défiance et tant que ceux-ci n’auront pas été supprimés, ils seront agités pour dire que nous n’avons pas changé. C’est d’ailleurs ce qui anime ce que nous n’avons pas vu venir, à savoir toute l’agitation des panafricanistes qui sont le plus souvent utilisés par notre concurrent russe. Nous avons mis en place des outils pour répondre mais pas encore à la hauteur du mal fait par les Russes.

> [Relations entre la France et les pays africains] Elle est notamment liée à la suppression du ministère de la coopération en 1999. Il y a trente ans, la France comptait 10 000 coopérants en Afrique. Ils sont 750 aujourd’hui. Quant aux 9 000 coopérants militaires, dont la grande partie opérait sous uniforme des armées nationales, ils menaient les mêmes missions que leurs camarades africains. Ils vivaient, dormaient ensemble. Cette connaissance du terrain a reculé car ils ne sont plus que 340 aujourd’hui.

> [Relations entre la France et les pays africains] Je ne critique pas le travail de l’AFD. L’agence a soutenu la construction de routes et d’écoles en Afrique. La question est de savoir en quoi cela sert les intérêts de la France. L’AFD injecte 15 milliards d’euros d’encours par an. Pour mémoire, c’était 10 milliards d’euros en 2017. Or, en Afrique, on nous dit qu’on ne voit pas cet argent. Cette aide doit servir la stratégie française de rayonnement et d’influence. Il faut que la France soit plus visible dans ces projets. On ne sait pas ce que la France veut faire en Afrique. Elle doit dire ce qu’elle veut y faire. Il faut afficher une stratégie globale, que chaque acteur serve la stratégie française. C’est l’absence de vision et de pilotage politique par la tutelle de l’AFD qui fait que son action n’est pas suffisamment valorisée au crédit de la France.

> [Loi immigration] Une partie de la gauche a été lâche et irresponsable.

> [Loi immigration] Il faut réguler le flux mais aussi mieux insérer les personnes, qui ont le droit d'être en France, en leur donnant de la formation. Donnons-leur une chance de réussir.

> [Loi immigration] J'ai voté pour, car je combats les idées du RN.

 

Bruno Millienne (député) 
> L'Européen convaincu que je suis est forcément en deuil. Puissent sa pensée et ses combats éclairer encore longtemps nos compatriotes, notamment ceux qui seraient tentés par le populisme rabougri des extrêmes. Merci Monsieur Delors !

> [Le debunk de Noël- 2e partie] Après le dessert, reprise de la conversation avec mon neveu très connecté aux réseaux sociaux de la mélenchonie et donc très mal informé…
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Lui: Alors, qu’est ce que tu as à me dire sur la loi Immigration ? Celle que vous avez votée grâce au RN et qui reprend le programme de Marine Le Pen, comme ils le disent sur les réseaux…
- Moi: Alors sur cette loi, il faut voir deux aspects, la forme et le fond, le premier ayant fortement influé sur le second…
- Lui: Comment ça?
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Moi: Cette loi, elle est en effet plus à droite que je ne l’aurais voulu, mais ça, c’est en grande partie parce que la gauche a empêché le débat dans l’hémicycle de l’Assemblée, grâce à l’aide du RN
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Lui: Quoi ?! Les oppositions peuvent aussi faire un 49-3 ?!
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Moi: Non… Pas tout à fait, mais sur le principe c’est un peu pareil. Ce qu’il s’est passé, c’est que toutes les oppositions, donc de LFI jusqu’au RN, se sont mises d’accord pour voter ensemble une motion de rejet préalable et donc rejeter le texte avant même le débat. Impossible alors de rééquilibrer le texte très à droite adopté par le Sénat… La procédure législative s’est donc poursuivie sur la base de ce texte dans le cadre de la fameuse Commission mixte paritaire qui regroupe sénateurs et députés pour aboutir à un accord entre les deux chambres. Le rapport de force était donc de fait très à l’avantage des LR.
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Lui: Mais pourquoi la gauche a fait ça ?
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Moi: Pour faire un coup ! Pour mettre en échec le Gouvernement au détriment des convictions qu’elle est censée défendre. Il fallait voir ceux qui nous donnent sans cesse des leçons de démocratie solliciter les voix du RN pour mieux se réjouir d’empêcher le débat sur un texte attendu par les Français ! La scène où l’on voit les deux extrêmes de l’hémicycle applaudir et se féliciter de l’adoption de la motion de rejet était particulièrement gênante
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Lui: Mais si le texte est plus à droite que tu ne le voulais et qu’il reprend les idées de l’extrême droite, comme je l’ai lu, pourquoi tu l’as voté ?
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Moi: Pour plusieurs raisons... Déjà parce que les Français le voulaient ce texte, toutes les études le montrent. Mais aussi parce que j’ai bon espoir que le Conseil constitutionnel censure les mesures les plus droitières et conserve les bonnes mesures de ce texte comme la hausse des régularisations, l’impossibilité de mettre des mineurs en centre de rétention administrative, les mesures pour mieux intégrer les nouveaux arrivants, notamment par l’apprentissage du français, ou encore la régularisation à leur demande des travailleurs des métiers en tension. Et puis à un moment donné, on est en majorité relative, il faut respecter ce qui sort d’une négociation démocratique avec nos opposants, en tout cas ceux qui ont bien voulu débattre. Et puis enfin et surtout, parce que ce texte n’est pas du tout le programme de l’extrême droite !
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Lui: Ah bon ?! La préférence nationale, ce n’est pas d’extrême droite ça ?!
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Moi: Tout dépend ce que tu entends par préférence nationale… Une condition de présence régulière est stable sur le territoire pour bénéficier de prestations sociales, ce n’est pas une préférence nationale ! Et si ça l’est pour toi, saches que ça existe depuis bien longtemps… Quand Michel Rocard créé le RMI en 1988, il le conditionne pour les étrangers à une présence préalable de 3 ans sur le territoire. Ce nouveau texte conditionne l’accès aux prestations sociales pour les étrangers (hors résidents européens, réfugiés ou protégés subsidiaires) à différents délais plus ou moins longs, de quelques mois à plusieurs années, selon que les gens travaillent ou non. Le Conseil constitutionnel sera amené à se prononcer sur ces délais demandés par la droite, pas sûr du tout qu’il les valide tous. Je te rappelle que le programme du RN, c’est 5 ans de travail minimum pour la moindre prestation de solidarité et l’accès aux allocations familiales uniquement pour les Français, on en est très loin…
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Lui: Et la suppression du droit du sol, c’est une idée de Le Pen ça !
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Moi: Oui, en effet, le programme du RN prévoit que l’acquisition de la nationalité française ne se fasse, pour l’essentiel, que par filiation. Ce n’est pas du tout ce qui est dans la loi ! Le texte voté prévoit que le mineur né en France de parents étrangers « acquiert » la nationalité française (donc de plein droit) à 18 ans, sur une simple « manifestation de volonté » auprès du tribunal judiciaire. Où est la remise en cause du droit du sol ? La possibilité de demander la nationalité par anticipation à 13 ou 16 ans est bien sûr maintenue. La seule chose qui change sur cette procédure, c'est qu'un obstacle peut apparaître pour les mineurs qui font une demande anticipée et qui ont été condamnés pour un crime (30 à 50 mineurs concernés par an contre 30 000 naturalisés).
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Lui: Et sur la déchéance de nationalité, vous allez encore plus loin non ?
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Moi: Oui, mais beaucoup moins loin que ce que proposait… François Hollande ! Alors que la gauche voulait déchoir de leur nationalité des ressortissants nés français, la loi Immigration ne concerne que les étrangers ayant acquis la nationalité française. Cette déchéance existe d’ailleurs déjà pour certains faits, il y en a eu 24 ces 5 dernières années : atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, atteinte à l’administration publique pour les personnes exerçant une fonction publique ou encore actes accomplis au profit d’un Etat étranger par exemple. Nous élargissons cette liste aux auteurs d’homicide volontaire contre des personnes dépositaires de l’autorité publique. Je n'ai aucun problème de conscience avec cela !
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Lui: Mais attends, si la loi n’a rien à voir avec le programme du RN, pourquoi ses députés l’ont-ils votée ?
Moi: Pour les mêmes raisons que la gauche a empêché le débat à l’Assemblée : pour faire un coup ! Je te rappelle que les sénateurs RN n’ont pas voté le texte du Sénat pourtant plus à droite que le texte final. Le matin même du vote définitif, Bardella disait que le RN ne voterait pas le texte si les mesures de régularisation y étaient maintenues, elles le sont ! En votant ce texte, Le Pen a essayé de créer une brèche au sein de la majorité en effrayant certains députés. On peut dire que ça a en partie fonctionné puisqu’un peu plus de 20% des députés de la majorité n’ont pas voté le texte mais en partie uniquement puisqu’il serait passé même sans les voix pour du RN.
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Lui: Ah non ! Si tous les députés RN votent contre, le texte ne passe pas…
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Moi: Oui, il aurait pu manquer quelques voix. Mais si tous les députés RN votent contre, nul doute que beaucoup des 32 abstentionnistes de la majorité votent pour, voire que ceux qui votent contre s'abstiennent, donc avec des si… L’essentiel, c’est qu’il nous fallait plus que le nombre cumulé des « contre » et du RN, soit 274 voix. On en a obtenu 349 !
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Lui: Ok donc là encore, on lit n’importe quoi sur les réseaux… Mais alors sur l’environnement, c’est vrai ce qu’ils disent non ? Vous ne faîtes rien là-dessus, vous avez même été condamnés pour inaction climatique comme je le lis partout ! C’est bien vrai ça ?
- Moi:
C’est un peu plus compliqué que ça et à peu près tout aussi faux. Mais on en parle après le café !
A suivre donc...

 

Frédéric Petit (député)
> « L’Europe avec son histoire et ses traditions doit demeurer une puissance qui compte dans le monde. » Un grand européen nous a quittés. Au revoir cher Jacques Delors… et merci.

> 1474 prisonniers politiques actuellement au Bélarus. Ne les oublions pas.

 

● Parti radical 
> Brillant Président de la Commission européenne et fondateur de l'UE, la disparition de Jacques Delors nous rappelle l'importance d'une Europe solide et unie pour le futur et la paix de notre continent.

 

Laurent Hénart (président) 
> Artisan de l’Union Européenne, homme de mesure et d’ouverture, Jacques Delors avait l’étoffe d’un homme d’Etat. Je ressens respect, reconnaissance et émotion alors qu’il nous quitte et adresse mes condoléances à sa famille.

 

► Autres 
● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Nathalie Loiseau 
> [Disparition de Jacques Delors] Un grand Européen s’est éteint. Il n’était pas seulement visionnaire (l’Euro, le marché unique, l’Europe sociale), sa capacité de conviction dépassait les clivages politiques. Il alertait aussi sur le risque d’un projet européen déconnecté des attentes des peuples. Le meilleur moyen de lui rendre hommage, c’est de poursuivre son œuvre et de conserver sa lucidité.
Qui se souvient de cette phrase de Jacques Delors, que chaque responsable européen devrait méditer sans cesse ? « L’Europe a commencé comme un projet élitiste où l’on croyait qu’il suffisait de convaincre les décideurs. Le temps du despotisme éclairé est révolu ». Merci Jacques Delors, merci pour tout. Mes condoléances à ses proches, en particulier Martine Aubry.

> On a beaucoup associé Wolfgang Schaüble à l’obsession de la rigueur. C’est vrai, même s’il avait exprimé des regrets sur la dureté de l’Allemagne dans la crise grecque, après coup. Mais c’était aussi un homme intègre, un Européen convaincu, un grand ami de la France et une force de caractère. Qu’il repose en paix.

 

Bernard Guetta 
> Jacques Delors, ce catho de gauche était l'essence même de l'Europe, d'un monde dont les racines chrétiennes avaient fait le modèle européen de justice et de solidarité sociales.

 

Pascal Canfin 
> Jacques Delors vient de disparaître. Mon premier engagement politique fut à ses côtés dans les clubs Témoins dans les années 90. Son parcours et ses valeurs sont une source d’inspiration.

 

Marie-Pierre Vedrenne 
> Merci Monsieur Jacques Delors ! Honorer son héritage. Poursuivre son engagement.

 

Fabienne Keller
> Avec la disparition de Jacques Delors, l’Europe perd un de ses grands serviteurs. Président de la Commission pendant dix ans, il a marqué l’Union européenne de son empreinte et de sa vision à des moments forts de sa construction. Condoléances à sa famille et à ses proches.

> L’Europe doit tant à Jacques Delors. Immense bâtisseur, homme de compromis et de dialogue, il n’a jamais cessé de croire à la construction européenne et de la faire avancer.

 

Ilana Cicurel
Jacques Delors notait avec humour : «Il est difficile de tomber amoureux d’un marché unique !» Une manière de dire que l’Europe est bien plus qu’un marché ! Plaçons l’éducation, l’émancipation et le pluralisme au cœur de la campagne à venir en hommage à cet immense Européen !