lundi 31 décembre 2012

Actualités du Centre. Italie – Législatives: un «super-centre» avec Monti

Mario Monti a donc décidé de prendre la tête d’une coalition du Centre lors des prochaines élections législatives de janvier où se trouveront l’UDC (ex-démocratie chrétienne) et les libéraux emmenés par Luca di Montezemolo, l’ancien patron de Ferrari.
Son entrée dans la campagne a été saluée par les partis du Centre même si les sondages montrent que cette coalition aura du mal à dépasser les 20%.
En revanche, elle a été fortement critiquée par les partis de droite et de gauche et leurs leaders respectifs comme on pouvait s’y attendre.
Ainsi, Silvio Berlusconi a accusé Mario Monti de brouiller les cartes alors que son Parti, le PDL (Parti de la liberté), est, pour l’instant, très en retard dans les sondages.
De son côté, Pier Luigi Bersani, chef du Parti démocrate (centre-gauche) qui conduit une coalition de partis de gauche favorite du scrutin, a demandé à Mario Monti de dire s’il privilégiait une alliance avec la Droite ou avec la Gauche.
Il faut dire que si la coalition centriste ne devrait pas être indispensable pour gouverner à la chambre des députés, elle le sera sans doute au Sénat, d’où les interrogations de Bersani.
A noter que les Italiens, dans un récent sondage, veulent à 36% ce dernier comme président du conseil devant Monti (23%) et Berlusconi (22%).

jeudi 27 décembre 2012

L’Année du Centrisme dans le Monde. 2012, Obama superstar

Pour ce qui est de la galaxie centriste, 2012 a bien évidemment été dominée par la réélection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis.
Ailleurs, dans le monde, les centristes n’ont pas toujours été à la fête comme en Grande Bretagne et, surtout, au Japon.
Quant à l’ambiguïté de l’adjectif «centriste» accolé à certains partis, il a continué à nourrir le débat politique dans les pays arabes.
- La réélection d’Obama
L’élection du président de la première puissance mondiale est sans conteste un événement international. Et la victoire de Barack Obama en est un autre à plusieurs titres.
En premier lieu parce qu’il est un des seuls gouvernants des pays démocratiques à avoir retrouvé son poste alors que la crise économique et financière est loin d’être terminée.
Et à l’inverse de ce que beaucoup croient, il n’a pas été réélu dans un mouchoir de poche.
Selon les statistiques officielles, il a obtenu 51% des voix contre seulement 47,3% à Mitt Romney, un écart de presque 4% et de près de cinq millions de voix. De même, il a remporté une majorité d’Etats dont tous ceux, à part le Texas, qui sont les plus peuplés. Sans oublier les 332 grands électeurs face aux 206 de son rival républicain.
En second lieu parce qu’il a fait mentir tous les statistiques et précédents qui voulaient qu’un président américain ne pouvaient être réélus avec une situation économique aussi difficile.
Les commentateurs sont allés chercher tout ce qui pouvait démontrer l’impossibilité pour Barack Obama de retrouver le Bureau ovale. In fine, les électeurs les ont démentis sans appel…
En troisième lieu parce que son élection en 2008 en tant que premier noir (afro-américain) et membre d’une ethnie minoritaire à accéder à la Maison blanche était déjà historique mais que sa réélection, du fait des difficultés des Etats-Unis, des attaques outrancières des républicains notamment du mouvement de la droite extrême du Tea Party qui l’a comparé à Hitler et Staline ainsi que le blocage voulu et assumé des élus républicains au Congrès pour le faire chuter, l’est encore plus.
Ainsi, s’il avait été battu le 6 novembre dernier, on aurait tôt fait d’affirmer que sa victoire de 2008 n’avait été en réalité, non pas un accident de l’histoire, mais qu’un épisode conjoncturel et exceptionnel rendu possible par des circonstances particulières telles la désastreuse fin de la présidence de George W Bush (n’importe quel démocrate devait l’emporter face au candidat républicain selon les analystes politiques) et à la volonté des Américains de retrouver une dignité et une moralité, ce qui avait abouti à l’élection d’un jeune sénateur sans grande expérience et afro-américain.
Sa réélection, a contrario, démontre qu’il ne s’agissait pas d’un événement unique et hors du commun.
La raison en vient, en grande partie, du formidable charisme de Barack Obama (tous les sondages ont montré que les Américains aimaient l’homme même s’ils critiquaient sa politique) allié toutefois avec un changement profond dans la société américaine au niveau des mentalités mais surtout dans l’évolution de la population américaine, toujours plus urbaine et plus métissée avec, en outre, la montée en puissance de groupes ethniques tels les afro-américains ou les asiatiques et, évidemment les latinos qui ont voté à plus de 75% pour Obama.
En quatrième lieu parce qu’il est un centriste et que toute réélection d’un centriste est toujours ardue car il doit défendre un bilan face aux attaques dures venues de sa droite et de sa gauche.
Barack Obama a ainsi défendu pendant quatre ans une approche de la politique par la voie du juste équilibre et du consensus le plus large, se heurtant aux critiques des libéraux (gauche) et des conservateurs.
Pourtant, il a continué sur cette voie qu’il a défendue pendant la campagne électorale.
De ce point de vue, sa victoire est aussi celle du Centre même si, paradoxe, on comptera moins de centristes élus à la Chambre des représentants et au Sénat.
Mais cette anomalie vient des pratiques très contestables de charcutages électoraux réalisés par les congrès de chaque Etat de l’union et qui aboutissent à des circonscriptions qui, aujourd’hui, avantagent largement les républicains.
Car si ces derniers ont remporté largement les élections à la Chambre des représentants en nombre d’élus, ils les ont perdues en vote populaire…
- Les difficiles heures des centristes anglais
Nick Clegg compte quelque peu pour pain et beurre dans le gouvernement du conservateur David Cameron et cette situation s’est encore accrue en 2012. Pourtant, le leader des libéraux-démocrates (centristes), est le vice-premier ministre en titre de Grande Bretagne.
Néanmoins, il a du avaler des couleuvres à répétition depuis qu’il a décidé de faire alliance avec la Droite et non avec la Gauche à l’issu des dernières élections législatives.
Il pensait pouvoir peser sur les décisions et c’est tout le contraire qui s’est produit au grand dam de ses partisans et de ses troupes.
Du coup, son crédit auprès de l’opinion publique a fondu comme neige au soleil et si des élections législatives avaient lieu aujourd’hui, son parti serait laminé comme il l’a été dans les diverses élections qui ont eu lieu dernièrement, notamment les municipales.
Moments difficiles, donc, pour les centristes britanniques dont on ne donne pas cher lors des prochaines législatives, pour l’instant.
- Les centristes européens dans la tourmente de la crise économique
Les centristes n’ont pas été à la fête en Europe même s’ils ont pu faire de la résistance dans plusieurs pays, notamment dans les pays scandinaves ou dans certains des ex-pays de l’Est et que la chancelière Angela Merkel a recentré son discours en vue des prochaines législatives allemandes, se rappelant soudainement qu’un parti démocrate-chrétien a vocation à se retrouver au centre de l’échiquier politique...
Mais c’est en Italie qu’ils ont été en première ligne avec le gouvernement de Mario Monti. Une expérience sous fond de grave crise économique qui a déchaîné les passions mais qui semblait remettre le pays sur les bons rails et qui vient de se terminer, torpillée par le populiste de la droite extrême, l’opportuniste Silvio Berlusconi.
Du coup Monti a démissionné et les prochaines élections législatives de février prochain s’annoncent très mal. Les partis centristes ne sont crédités que de 10% des intentions de vote (16% si Monti prend la tête d’une coalition), la Gauche étant favorite avec le Parti démocrate et ses alliés devant le parti de Berlusconi, Peuple de la liberté.
- La bérézina des centristes japonais
Au Japon, le Parti libéral démocrate de Shinzo Abe (droite conservatrice et nationaliste) est revenu au pouvoir, balayant le parti de centre-gauche qui a gouverné ces trois dernières années après une victoire historique en 2009 et qui n’a obtenu que 57 sièges sur 480 à la chambre des députés!
Il faut dire que la politique du PDJ (Parti démocrate du Japon) a été assez illisible dans de multiples domaines et que la crise économique et financière sur fond de vieillissement accéléré de la population et de montée en flèche du péril chinois, n’a pas joué en faveur du gouvernement de Yoshihiko Noda, le dernier premier ministre centriste.
- Partis centristes en recomposition en Israël
Devant la montée du nationalisme et de la droite dure en Israël, les centristes semblent de plus en plus divisés et, surtout, incapables de pouvoir disputer la victoire promise à Benjamin Netanyahu, l’actuel premier ministre, lors des législatives du 22 janvier prochain.
Ainsi, le principal parti centriste jusqu’à présent, Kadima, créé par Ariel Sharon, disparaitrait quasiment de la prochaine chambre des députés (avec une projection de deux sièges contre 28 actuellement!).
Le nouveau parti centriste, Le Mouvement, créé par Tzipi Livni, l’ancienne ministre des Affaires étrangères, n’aurait que neuf sièges alors que Yesh Atid, un parti créé par l’ancien journaliste Yaïr Lapid, en obtiendrait six.
- Centrisme et centrisme dans les pays arabes
On a beaucoup parlé de Centre et de Centrisme dans les pays arabes au cours de ces deux dernières années. Pourtant, il s’agit souvent d’une vision centriste qui n’a rien à voir avec le Centre et le Centrisme tels que nous les entendons au CREC, ni même dans les démocraties, comme nous avons eu l’occasion de l’écrire.
Car il y a deux centrismes et deux centres dans le paysage politique de la plupart des pays arabes.
Le premier ressemble à celui des démocraties, il est positionné comme modéré, consensuel et prône des politiques de juste équilibre.
Le deuxième est une construction factice, dans une définition réduite d’un centre uniquement à équidistance de deux «extrêmes», en l’occurrence les partis islamistes et les partis laïcs.
Ce deuxième centre a pratiquement mis sous l’éteignoir le premier nommé comme, par exemple, en Tunisie, où le parti islamiste Ennahda, se présente désormais comme centriste, brouillant ainsi le message du Centre, par définition laïc, consensuel et tolérant.
- Les partis centristes africains
Dans leur recherche de la démocratie, les pays africains tâtonnent souvent. Dans ce cadre, de nombreux partis se créent chaque année. Et ils sont de plus en plus nombreux à se réclamer du Centrisme comme, par exemple, l’Union centriste du Sénégal (UCS) créée récemment par Abdoulaye Baldé.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

lundi 24 décembre 2012

L’Année du Centrisme en France. 2012, naufrages électoraux et recomposition du Centre en cours

2012 a été une «annus horribilis», véritablement une année terrible, pour le Centre qui a touché un de ses points les plus bas depuis bien longtemps tant en matière électorale que de force capable d’influencer le débat politique.

Comme toute catastrophe de ce genre, un mouvement de reconstruction s’est mis en route dans la foulée dont il est trop tôt pour juger de son éventuel succès ou de son échec.

- Naufrages électoraux

S’il faut parler, évidemment, du nouvel et sévère échec de François Bayrou à la présidentielle où il n’est arrivé qu’en cinquième position derrière François Hollande et Nicolas Sarkozy mais, plus grave, également derrière Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, ne parvenant pas à dépasser la barre des 10%, il ne faudrait pas oublier que tout le Centre a sombré dans cette année électorale.

Que dire ainsi de la défaite de ce même Bayrou aux élections législatives qui ont suivi la présidentielle et de tout son Mouvement démocrate (à peine deux élus) ainsi que de tous les autres partis centristes.

Que dire du Nouveau centre, fort soi-disant de ses trente députés mais incapable de s’unir derrière la candidature présidentielle de son président, Hervé Morin, qui, crédité de 1% des intentions des vote, voire moins, n’est même pas parvenu à réunir les 500 parrainages nécessaires pour être présent à l’élection alors que le trublion Jacques Cheminade, lui, n’a pas eu ce problème…

Un Nouveau centre qui a ensuite et sans surprise explosé en plein vol avec le départ d’une partie de ses élus et de ses cadres derrière son président délégué et ennemi féroce de Morin, Jean-Christophe Lagarde dans un parti, la FED (Force européenne démocrate) dont la création n’apparaît pas clairement à l’heure actuelle comme indispensable et qui s’est d’ailleurs immédiatement ralliée à l’UDI de Jean-Louis Borloo.

Il faut dire que Lagarde, sans doute par ambition personnelle (tout à fait respectable au demeurant), a été le principal fan de Jean-Louis Borloo dans son entreprise de récupération des centristes pour ses visées également personnelles.

Que dire également de l’Alliance centriste qui n’a jamais réussi à sortir de l’anonymat depuis sa création et est demeurée un groupuscule sans militants (mais avec quelques notables élus essentiellement au Sénat) et sans projet.

Voilà un parti qui justifiait son existence par la volonté de réunir les centristes et qui, lors du premier tour, se rallia derrière François Bayrou contre Hervé Morin (après avoir fait alliance avec celui-ci un temps) et après les législatives rejoignit immédiatement le camp centriste opposé de l’UDI (en critiquant vertement François Bayrou)…

Il y avait là tout l’opportunisme qui fait tant de mal au Centre depuis longtemps.

Quant au Mouvement démocrate, assommé par l’échec de son chef et unique ciment, François Bayrou, il est demeuré ce qu’il a toujours été, une création d’un homme pour un destin personnel, sans élus et avec, dorénavant, peu de militants.

Un gâchis énorme alors que le MoDem est certainement la formation politique qui défend la position la plus proche de ce que devrait être un Centre indépendant s’appuyant sur une vision réellement Centriste.

A tous ces échecs, il ne faudrait pas oublier d’adjoindre celui… de l’UMP (à la fois électoralement et politiquement avec la crise interne lors de la guerre entre François Fillon et Jean-François Copé).

Rappelons que l’objectif de cette dernière lors de sa création était de réunir Droite et Centre dans une même formation.

Pourtant, dès le départ, les centristes y ont toujours été marginalisés (même si Jean-Pierre Raffarin fut le premier ministre de Jacques Chirac) et l’UMP fut toujours considérée comme un parti de droite et non un parti de droite et du Centre, a fortiori, un parti de centre-droit.

Le départ de Pierre Méhaignerie «centriste historique» de l’UMP pour l’UDI est assez anecdotique mais montre malgré tout le désarroi de ces centristes umpistes phagocytés et leur incapacité de pouvoir peser sur la ligne politique de l’UMP depuis 2002 et, surtout, 2007.

- Bayrou et Borloo

Au niveau des hommes, le Centre, à tort ou à raison, est désormais incarné par deux leaders, François Bayrou et Jean-Louis Borloo.

Malgré la claque qu’il a prise à la présidentielle, François Bayrou (président du Mouvement démocrate) demeure l’une des figures centrales du Centre.

Cela veut-il dire qu’il à l’étoffe d’un grand homme politique ou bien que le Centre est désespérément vide de toute personnalité de premier plan?!

Une réponse peut-être donnée par l’extrême facilité avec laquelle Jean-Louis Borloo (président du Parti radical et de l’UDI), qui n’a rien d’un centriste et qui le revendique haut et fort, a pu, tels autrefois Edouard Balladur et même Valéry Giscard d’Estaing, récupérer les troupes éparpillées du centre-droit derrière sa bannière.

Les hommes et femmes d’avenir du Centre sont encore à chercher avec une loupe, voire un microscope! On peut, tout de même, citer les deux Jean-Christophe, Lagarde (président de la FED) et Fromantin (député-maire de Neuilly-sur-Seine).

Espérons que les années qui viennent apporteront quelques fournées salutaires dans ce domaine quasi-désertique pour l’instant…

- Création de l’UDI

Avec la déconfiture de François Bayrou et des centristes aux élections présidentielles et législatives, la création de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) est le deuxième événement de l’année dans la galaxie centriste française.

Grâce à cette déconfiture, au désarroi des centristes et à un bon timing, Jean-Louis Borloo a pu créer cette structure (d’abord sous la forme d’un groupe à l’Assemblée nationale puis d’un parti) encore fédérale pour ses ambitions personnelles en agrégeant autour de lui la très grande majorité des personnalités de centre-droit mais aussi nombre d’autres venues de la «droite modérée» ainsi que de la Droite tout court.

Ce qui fait de l’UDI plutôt un parti de droite modérée que de centre-droit.

D’autant que Borloo n’a pas réussi, pour l’instant, à vider, loin de là, l’UMP de tous les centristes ni à récupérer une grande partie du Mouvement démocrate.

De même, le parti demeure encore un assemblage de bric et de broc où les leaders se contredisent à périodes répétées quand ils ne de détestent pas entre eux (Morin et Borloo se détestent, tout comme le premier nommé et Lagarde, par exemple).

En outre, si l’UDI a une bonne image dans la population (ce qui est de bon augure pour son avenir), elle a complètement raté son premier rendez-vous électoral avec la défaite d’un de ses députés lors d’une partielle après son invalidation par le Conseil Constitutionnel.

Pire, la défaite du maire de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), Henri Plagnol, n’est pas venue de la Gauche mais de l’UMP, pourtant présentée comme moribonde par Jean-Louis Borloo, sous la personne de son ancien adjoint à la marie. Sylvain Berrios.

Une entrée en la matière qui fait quelque peu tâche d’autant que Berrios ne bénéficiait même pas de l’investiture de l’UMP qui avait été donnée à Plagnol!

- Le projet centriste en panne

Autant dire qu’avec toutes ces péripéties électorales et organisationnelles (sans parler des problèmes d’égos), le projet centriste de gouvernement n’a pas beaucoup progressé en 2012.

La plateforme électorale de François Bayrou était peu claire et le programme de l’UDI encore largement à définir.

Ce qui a d’ailleurs exclu les centristes de tous les grands débats nationaux et internationaux à part celui sur la nécessité de réindustrialiser la France et sur la nécessité de s’attaquer aux abyssaux déficits des finances publiques.

Néanmoins, on attend toujours ce projet de société humaniste, équilibrée et européenne, qui est la marque de fabrique du Centre dont on a peine à discerner les contours exacts et les fondements dans les propos actuels des leaders centristes.

- Centre, centre-droit et centre-gauche

Un des débats de cette année a été, encore et toujours, la place du Centre sur l’échiquier politique français.

Ainsi, le Centre est-il plutôt proche de la Droite ou de la Gauche ou se trouve-t-il à équidistance des deux, ou ailleurs?

On sait que les centristes se mélangent souvent les pédales dans ce positionnement pourtant essentiel et qu’ils ne sont guère aidés en cela par les adversaires du Centre, en particulier ceux qui prétendent qu’il n’existe pas.

C’est de bonne guerre évidemment de la part de ces derniers mais est une faiblesse politique évidente des centristes.

Le Centre, faut-il le rappeler, d’abord, n’est pas l’allié préférentiel, ni de la Droite, ni de la Gauche. Durant son histoire, il a été allié avec la Droite et la Gauche sans pour autant renier ce qu’il était.

Ensuite, le Centre n’est pas un «juste milieu» politique, c’est-à-dire qu’il n’est pas la moitié de la Gauche et la moitié de la Droite, qu’il ne se définit pas par rapport à la Droite et la Gauche mais qu’il est un «juste équilibre» et qu’en cela il a un positionnement politique particulier dont on peut même dire qu’il est la référence qui positionne les clientélismes de droite et de gauche.

Mais ce juste équilibre n’est pas non plus assimilable à une union nationale comme s’est employé à le faire croire François Bayrou pendant la campagne présidentielle et qu’il continue à la prôner au nom du Centre.

Si le Centre a un esprit consensuel et de compromis, cela n’a rien à voir avec une vision d’un grand rassemblement unitaire. Les centristes sont des démocrates et ils savent bien que la démocratie ne peut vivre que s’il y a des mouvements d’idées divergentes à partir, évidemment, de valeurs communes.

Ce qui n’empêcherait pas, évidemment, le Centre de prendre toute sa part d’une union nationale si celle-ci s’avérait nécessaire ce qui n’a jamais été le cas ces dernières décennies.

- Où est le renouveau?

L’année 2012 n’a pas montré le moindre renouveau du Centre. Ce sera, s’il doit y en avoir un, pour 2013 ou, plus sûrement, pour 2014 avec les élections municipales et européennes. C’est ce que nous tenterons de déterminer dans une prochaine analyse.

Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

jeudi 20 décembre 2012

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. L’objet UDI est-il identifié?



Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

Dans une chronique précédente, j’avais déjà posé cette question. J’y reviens aujourd’hui car je n’ai pas les réponses attendues et je me demande sérieusement si je les aurai un jour…
Résumons-nous. La direction de l’UDI a été établie avec quelle consultation des adhérents? A la place modeste que j’occupe, je suis en état de répondre: aucune. Je suis vice-président de l’Alliance centriste en Seine-Maritime (dirigée par Jean Arthuis). Je n’ai pas été consulté sur l’accession de Mr Borloo à la présidence nationale de l’UDI, mon président départemental ne l’a pas été davantage.
Je suis membre du Conseil scientifique de l’Institut du Centre. Je n’ai aucune information sur une réunion à venir. On parle d’une fusion avec l’Institut Lecanuet mais c’est pour l’instant de l’ordre de la rumeur. Sur ces bases que je livre à la connaissance des centristes qui fréquentent ces chroniques, je considère qu’ironiser sur l’absence de démocratie à l’UMP, est pour le moins léger et affligeant!
D’où vient la difficulté? Selon moi et je l’ai déjà écrit précédemment, elle résulte  du flou total qui règne en matière doctrinale. L’UDI a-t-elle une identité? Pour l’instant elle est partagée si l’on peut dire (car c’est implicite) entre le radicalisme et une inspiration libérale timide, l’enracinement démocrate chrétien étant passé sous silence pour ne pas heurter la franc-maçonnerie.
Sur ces bases, on ne construit rien et on ne construira rien. Or les résultats de l’élection présidentielle étudiés par des géographes dans le dernier numéro de la Revue française de science politique (octobre-décembre 2012) sont très instructifs. J’en isole un point capital: les plus grands progrès du vote Hollande par rapport au vote Mitterrand en 1981 sont repérables dans les terres de la démocratie chrétienne: la Bretagne, la Vendée et les pays de Loire, le Massif central, les Pyrénées atlantiques. Reconquérir ces territoires suppose un vrai programme centriste basé sur les valeurs du personnalisme, une assomption du libéralisme économique accompagné d’une éthique qui permette une vraie structuration de la société autour de la responsabilité personnelle. Cela implique que l’on ne cède pas à toutes les expressions du désir et du prétendu droit à.
Par exemple, cela doit se traduire, selon moi, par un refus du projet de mariage homosexuel. Or le président de l’UDI a déclaré qu’il y aurait liberté de vote...
En bref et en clair, il n’y a pas d’identité de l’UDI  au plan intellectuel et il n’y a pas de démocratie interne. C’est un peu court pour exister durablement sur l’échiquier politique et pour être repérable aux yeux des électeurs.
Jacques Rollet