mercredi 3 mai 2023

La quotidienne centriste du 3 mai 2023. La démocratie (française) malade de (et par) ses médias

Si la crise médiatique touche tous les pays démocratiques, elle semble plus aigüe en France de par la structure même des médias et du fait que le pouvoir en place ne soit soutenu par aucun d’entre eux.

En fait, nous ne sommes point dans une crise démocratique mais plus sûrement une crise médiatique qui se manifeste de manière paroxystique lors de cette réforme des retraites mais qui était plus ou moins latente ces dernières années (dont la concurrence engagée par les médias face aux réseaux sociaux est une des causes mais loin d'être la seule).

Ce à quoi on assiste actuellement, c'est à une convergence entre les deux types de médias, ceux à but uniquement commercial (faire de l'argent) et ceux à but idéologique (où l'on est entre l'information et la propagande et qui comprend ceux du service public, ce qui est évidemment incompréhensible) qui ont intérêt à hystériser le débat pour un objectif financier et/ou politique.

Dès lors, l’information n’est plus qu’une matière première malléable à souhait et non plus le produit fini.

La mission n'est plus d'informer mais de faire le buzz.

La question cruciale est de savoir comment on sort de cette situation.

Parce qu’il est bien évident que l’on ne dicte pas aux médias ce qu’ils doivent dire dans une démocratie car la liberté de pensée qui se traduit par la liberté d’opinion qui trouve sa concrétisation dans la liberté d’expression ne peut se brider autrement que par sanctionner ses instrumentalisations  vraiment extrêmes.

Il faut donc trouver une solution qui laisse la liberté d’expression tout en permettant à celui qui veut s’informer au plu près des faits la liberté de pouvoir trouver un média adéquat.

On a bien compris que cela ne peut être qu’un vrai service public de l’information citoyenne géré de manière indépendante et sous la tutelle d’une instance aussi indépendante avec un cahier des charges et une charte extrêmement précises et contraignantes pour ceux qui y travailleront.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]

 

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie et ses faussaires

Les faussaires de la démocratie sont partout.

Faussaires, des «personnes qui commettent un faux, qui imitent, qui falsifient quelque chose d'authentique» selon la définition du CNRTL, le Centre national de ressources textuelles et lexicales du CNRS.

Au nom soi-disant de la défendre, de l’améliorer, de l’accroître et/ou de permettre qu’elle fonctionne correctement voire réellement, ils la violent, la corrompent, la fragilisent sans vergogne et s’en servent pour l’instrumentaliser au profit de leurs desseins individuels ou collectifs.

En réalité, ils attaquent les valeurs qui la fondent et en sont les fossoyeurs.

On les retrouve partout, dans les partis politiques, dans les médias, dans les sphères intellectuelles mais aussi dans l’univers des réseaux sociaux où ils pullulent.

Exemple avec les deux valeurs fondamentales de toute démocratie: la liberté et l’égalité.

Celui venant de la Gauche.

Au nom d’une liberté virtuelle, elle s’en prend constamment à la sécurité qui serait anti-démocratique.

Des organisations ont même demandé aux Etats-Unis de ne plus financer la police, mot d’ordre repris en France par certains membres de la Nupes.

Or, Proudhon disait fort justement qu’il y avait trois éléments essentiels pour l’humain: sa liberté, son égalité et sa sécurité.

C’est vrai.

Si elles sont vraiment réelles alors sa dignité est assurée et son individualité préservée.

Car la liberté sans la sécurité ne peut exister pas et n’existera jamais.

Celui venant de la Droite.

Au nom d’une soi-disant méritocratie, l’égalité ne serait vraiment assurée que si l’on laisse à chacun la capacité d’exploiter ses potentialités sans les entraver d’aucune manière dans une compétition où le «meilleur»gagne.

Sauf que le prétendre c’est oublier que dans une société qui n’organise pas l’égalité, comme le dit Montesquieu, «quand il s'agit d'obtenir les honneurs, on rame avec le mérite personnel et on vogue à pleines voiles avec la naissance».

En effet, laisser inorganisée la méritocratie c’est évidemment nier qu’il y a, dès le départ, une inégalité de condition sociale entre les individus et que si l’on veut une vraie égalité de réussite, donc une vraie méritocratie, il convient de donner la même chance à chacun de pouvoir mener son projet de vie avec succès.

Prenons un autre exemple: le communautarisme.

Sous couvert de donner la parole aux minorités, il nie la plupart du temps l’universalisme qui est le  cadre même de la démocratie républicaine libérale.

Tout groupe qui réclame une légitimité plus grande et des droits plus étendus que ceux offerts par cette démocratie républicaine libérale combat en fait cet universalisme.

De même pour tous les mouvements qui demandent des «réparations» à la démocratie au motif qu’elle aurait maltraité des groupes sociaux, ethniques, générationnels, etc.

Le plus souvent ils réclament une sur-égalité ce qui, par voie de conséquence, entraîne une sous-égalité aux autres ce qui est totalement anti-démocratique alors même que la revendication est soi-disant une démocratie plus aboutie…

Plus généralement, exiger pour un groupe – et non pour un individu – une reconnaissance de sa différence c’est créer des sphères fermées qui se côtoient dans une inégalité de fait.

L’exemple le plus caricatural dans cette fausseté est bien sûr la prétention d’établir la démocratie ultime en passant par une dictature!

C’est ce qu’a prétendu le marxisme-léninisme et a abouti aux pires totalitarismes du 20e siècle en Russie et en Chine, notamment, avec des dictateurs comme Staline et Mao qui n’ont rien à envier à Hitler.

Par ailleurs, on retrouve une idée dans les mouvances extrémistes de gauche et de droite selon laquelle le «peuple» serait tout puissant pour organiser la démocratie comme il l’entend.

Or rien n’est plus faux.

La démocratie est un régime qui donne le pouvoir au peuple de choisir ses représentants, non d’abattre la liberté, l’égalité et la fraternité.

Ainsi n’y aurait-il qu’un seul partisan de celles-ci, cela empêcherait toute le reste de la communauté dans laquelle il vit de le priver de ses droits démocratiques.

Et n’y aurait-il plus aucun partisan, cette même communauté ne pourrait agir au nom des droits des générations futures.

La manipulation des esprits est la méthode principale utilisée par les faussaires.

La réponse est une dénonciation constante des tentatives de vicier la démocratie et de subvertir ses valeurs.

Plus structurellement, c’est de bien former et informer chacun pour qu’il devienne ce citoyen responsable et conscient de ses intérêts et de ceux de sa communauté, ce qui est la condition sine qua non d’un fonctionnement correct de la démocratie.