mercredi 30 août 2017

Actualités du Centre. Macron: la France doit «redevenir un pays fier»

Emmanuel Macron
Dans une interview au magazine Le Point, Emmanuel Macron revient sur ses premiers mois de présidence, sur les critiques systématiques des médias, sur sa baisse de popularité et sur son programme pour le quinquennat à venir.
Ainsi, il estime que «Les forces du monde ancien sont toujours là, bien présentes, et toujours engagées dans la bataille pour faire échouer la France» afin d’expliquer le déferlement sans précédent de critiques qui se sont abattues sur lui et sa majorité durant l’été.
Et de préciser: «Tous ceux qui réclament un bilan dès aujourd'hui sont les mêmes qui disaient d'abord que j'étais un intrus, un opportuniste, ensuite qu'il n'était pas possible que je gagne, enfin que je n'aurais pas de majorité à l'Assemblée nationale».
Quant à sa prétendue inaction il estime que «Les cent premiers jours qui se sont écoulés sont les plus denses qui aient suivi une élection présidentielle» et ont «tourné la page de trois décennies d'inefficacité».
Mais, ajoute-t-il, «Quand on arrive au pouvoir, on ne fait pas les choses en cent jours. Ou alors nous serions le seul pays qui ferait deux ans de campagne présidentielle pour gouverner trois mois.»
Il répond également à ceux qui ne le traite que d’autocrate et de «Jupiter»: «Je n'ai évidemment jamais dit que je me voyais comme Jupiter!».
En revanche, explique-t-il, «Par la Constitution de 1958, le président de la République n'est pas seulement un acteur de la vie politique, il en est la clé de voûte.
En outre, il affirme «qu'une partie du monde médiatique n'a pas accepté» qu’il ne soit pas «dans le commentaire au jour le jour», c’est-à-dire qu’il cède au diktat journalistique de devoir s’exprimer continuellement au risque de devenir inaudible comme Nicolas Sarkozy et François Hollande avant lui.
A propos de sa côte de popularité qui a baissé dans les sondages, il n’oublie pas «Les circonstances dans lesquelles j'ai été élu» et avoue que «La brûlure de l'attente, de la colère, du populisme, je l'ai encore là» et qu’il va «devoir vivre pendant des mois avec l'impatience du peuple.»
Cependant, cela ne l’empêchera pas de réformer même si cela ne sera pas «facile» mais son souhait est que cela soit surtout «efficace».
«Le but de l'action, dit-il, n'est pas de réformer le code du travail ou de réduire les déficits publics, de transformer la gestion de l'Etat ou de réformer la fiscalité. Ce sont des moyens, des instruments, pour parvenir à autre chose: la libération des énergies» afin d’aboutir à une «révolution copernicienne».
Plus précisément, sur la réforme du marché du travail, il estime que c’est «une réforme de transformation profonde et, comme je m'y suis engagé, elle doit être assez ambitieuse et efficace pour continuer à faire baisser le chômage de masse et permettre de ne pas revenir sur ce sujet durant le quinquennat»
Et de répondre de manière cinglante dans la foulée à ceux qui prétendent que l’on ne doit plus réformer puisque la situation économique va mieux:
«Nous sommes dans un pays de météorologues. On regarde la conjoncture et, dès que ça va un peu mieux, il ne faudrait plus demander d'efforts, il faudrait renoncer à transformer les choses! Dès que ça va moins bien, en revanche, il faut lancer en urgence une réforme qui ne parvient jamais à son terme en raison justement de la dureté de la situation.»
En matière européenne, il veut «une capacité budgétaire de la zone euro, un exécutif et un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique».
De plus, il «dénonce sans détour» et de nouveau le gouvernement polonais qui mène, selon lui, une «politique très préoccupante» qui remet en cause l'Etat de droit.
Après avoir rappelé que «Les armées ne font pas ce qu’elles veulent, elles ne sont pas autopilotées», et affirmé que la polémique née du limogeage du général de Villiers était «une tempête dans un verre d’eau», il estime que «notre sécurité, nos intérêts et nos valeurs n'ont jamais été à ce point contestés depuis des décennies».
Selon lui, «Nous vivons une crise de l'Occident» qui «s'est perdu dans un interventionnisme moral intempestif au Proche et Moyen Orient, ainsi qu'en Afrique du Nord, durant les dix dernières années».
Quant à la réponse face au terrorisme, elle «ne peut être que multiple (…), sécuritaire, économique, culturelle et éducative».
Enfin, il affirme que «Le défi de la politique, aujourd'hui, c'est (…) de réinvestir un imaginaire de conquête» de sortir de «l'esprit de défaite» et de «la politique victimaire» afin de «redevenir un pays fier»

mardi 29 août 2017

Actualités du Centre. Bayrou ambitionne-t-il de devenir le co-leader de la majorité présidentielle?

François Bayrou
Si l’on regroupe les déclarations de François Bayrou depuis une quinzaine de jours, force est de constater qu’il n’a pas l’intention de laisser la voie libre à Emmanuel Macron et compte revendiquer sa place au cœur, voire au sommet, de la majorité présidentielle.
On l’avait compris dans les mises en garde et les critiques rapportées par le magazine Le Point.
Sans oublier qu’il estimait que le Mouvement démocrate pourrait bien récupérer à terme plusieurs dizaines de députés de La République en marche et qu’il voulait bâtir une grande formation du Centre.
On le comprend également dans les quelques phrases qu’il a échangé avec un journaliste de Franceinfo.
Il se déclare ainsi, lui et le MoDem, «co-responsable» de la majorité présidentielle et que «tout ne peut pas venir du sommet», c’est-à-dire qu’«il faut des sources de proposition et d'action pour le pays» qui ne viennent pas uniquement du président de la république, de son gouvernement et de LREM.
Et de redire que le Centre doit se réunir: «on a besoin de sortir de cet éclatement du Centre, et de permettre au Centre de retrouver son unité et son indépendance, sa liberté de penser».
Les deux axes de travail de François Bayrou seront donc dans les mois qui viennent de se construire une stature de leader pour lui permettre d’être incontournable pour Macron mais aussi pour une possible réunification des centristes.
S’il réussissait dans cette entreprise, il deviendrait, de facto, une sorte de co-leader de la majorité présidentielle (le rôle de leader est généralement tenu par le premier ministre, poste qu’il a attendu en vain que Macron lui propose).
Mais cette ambition est loin d’être à sa portée actuellement et malgré les difficultés politico-médiatiques du chef de l’Etat.
En outre, cela nécessite d’être à la fois dans et à côté de la majorité.
Si cette posture a été expérimentée par Bayrou dans le passé, elle a toujours abouti in fine à un fiasco de ses espérances.
D’autant qu’à l’inverse de ce que croit le président du MoDerm, il n’est pas aujourd’hui une personnalité consensuelle, ni dans la majorité présidentielle, ni au centre de l’échiquier politique.


dimanche 27 août 2017

Une Semaine en Centrisme. Quand la «vieille politique» se venge de Macron

La «vieille politique» n’a pas l’intention de laisser Emmanuel Macron l’enterrer.
On le savait déjà du côté de Mélenchon (France insoumise) et Le Pen (Front national) ainsi que de celui de Laurent Wauquiez (LR) ou encore Jean-Christophe Lagarde (UDI).
C’est au tour, désormais, de François Hollande (PS) et de François Bayrou (MoDem) de monter au créneau pour critiquer le nouveau président de la république et son action.
Tous deux ont un double objectif, celui de revenir dans le débat politique afin de peser sur celui-ci et le besoin de se démarquer d’Emmanuel Macron pour marquer leur territoire.
Sans oublier, non plus, Alain Juppé mais dont les critiques sont plus mesurées et plus argumentées.
Tous profitent de la baisse dans les sondages ainsi que des difficultés supposées de Macron pour lui tirer dessus à boulets rouges et tenter de se refaire une santé politique.
C’est de bonne guerre politicienne puisque c’est l’homme qu’ils visent dans un pseudo débat d’idées et non sa politique.
Et il est vrai que la réponse du président de la république est assez brouillonne et que son entourage ne semble pas toujours à la hauteur.
Remarquons malgré tout qu’il n’a aucun soutien dans les médias où la «vielle caste journalistique» semble s’en donner à cœur joie de relayer les attaques de la classe politique et de commenter avec gourmandise sa baisse dans les baromètres de popularité.
Dont acte.
Emmanuel Macron connaissait ses adversaires et ils n’ont pas changé depuis son élection présidentielle.
Des adversaires qu’il avait lui-même désignés.
Sans oublier que c’est lui qui a utilisé imprudemment des mots comme «révolution» ou qui a promis de faire de la politique autrement alors que rien, pour l’instant, ne correspond à cette rhétorique, ce qui ne signifie pas, néanmoins, que son projet politique et ses réformes ne soient pas les bonnes.
Toujours est-il qu’il a seulement fallu à tous ces adversaires d’absorber le choc de leur défaite avant de revenir à la charge en quelques semaines avec d’autant plus de vigueur que son bashing trouve un écho dans la population et dans les médias, comme si, désormais, tout personne ayant gagné une élection dans un pays démocratique devait connaître quasiment immédiatement une déchéance de popularité et un procès en légitimité.
Cela pose évidemment des questions cruciales pour la démocratie républicaine qui ne peut fonctionner que si ses règles – dont celles de la démocratie représentative – sont acceptées ce qui, malheureusement, semble être de moins en moins le cas.
Le problème est que la plupart des critiques d’Emmanuel Macron n’ont rien à proposer ou des programmes complètement irresponsables et irréalisables.
Pire, beaucoup des contempteurs du président de la république prônent les mêmes réformes que celles qu’il a mises en route.
Dès lors, cette rentrée politique pourrait être un moment de vérité non seulement pour Macron mais également pour ses critiques.
Au moins, on saura ce qu’il a vraiment dans le ventre et s’il est capable de mener cette politique centriste dont on ne découvre nullement qu’elle est en train de mobiliser pour les clientélismes et les corporatismes contre elle, excités comme d’habitude par la Droite et la Gauche.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


vendredi 25 août 2017

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Pologne, la honte de l’Europe

Il y avait la Hongrie d’Orban qui dérive lentement vers l’extrême-droite xénophobe et raciste, vers le populisme démagogique et autoritaire, jonglant dangereusement avec le nationalisme le plus abject.
Désormais, il y a la Pologne de Kaczynski qui, elle, ne dérive vers rien car le nouveau pouvoir – minoritaire dans le pays – est bien d’extrême-droite xénophobe et raciste, populiste démagogue et autoritaire, prenant des mesures contre la démocratie à la pelle, se mettant au ban de l’Union européenne dont il viole constamment les règles, sans oublier qu’il est d’un nationalisme des plus abjects.
On croyait s’être débarrassé définitivement des deux frères Kacynski, deux jumeaux  haineux et intolérants, lorsque l’un d’eux, Lech, alors président de la Pologne, avait péri dans un accident d’avion – du à son propre entêtement – et quand l’autre, Jaroslaw, avait été chassé du pouvoir quelques temps plus tard par des partis démocratiques modérés et centristes.
Malheureusement, le dernier Kacynski, à la faveur d’une législative a réussi à reprendre le pouvoir avec son parti Droit et Justice.
S’en sont suivis toute une série de mesures anti-démocratiques dont les dernières avaient pour but de mettre au service du parti la justice du pays, ce qui avait valu au gouvernement polonais une mise en demeure particulièrement ferme de l’Union européenne.
Le président polonais, Andrzej Duda, indépendant mais proche de Droit et Justice, a été obligé de mettre son véto à plusieurs de ces mesures afin d’empêcher l’UE de mettre en place toute une série de rétorsions, une première depuis la signature du Traité de Rome envers un de ses membres…
Dès lors, les paroles très dures d’Emmanuel Macron contre le pouvoir polonais qui refuse de renégocier le statut inique des salariés détachés, entre dans le cadre du conflit entre Bruxelles et Varsovie.
Et il faut saluer ces propos mais aussi le bras de fer qui va sans doute s’engager entre le France et la Pologne, plus généralement entre l’Europe et cette même Pologne, car il va permettre de clarifier la situation.
Pour parler sans détour, aujourd’hui, la Pologne avec un tel gouvernement n’a pas sa place dans l’Union européenne comme ne l’auraient pas eu l’Allemagne et l’Italie si elle avait existé dans les années 1930.
Il faut le dire comme il faut dire que c’est aussi le cas de la Hongrie et que c’était le cas du Royaume Uni pour d’autres raisons.
Si l’on veut reconstruire une vraie Union européenne et un projet européen fort et dynamique, il faut le faire sur des bases saines en se séparant, notamment, de ceux qui ne veulent pas respecter les règles du chemin commun, qui mettent constamment des bâtons dans les roues pour toute avancée de l’intégration mais qui veulent, sans vergogne, bénéficier de tous les bienfaits de cette union.
Aujourd’hui, il faut espérer que le peuple polonais se ressaisisse et chasse du pouvoir Kacynski et ses sbires aux propos et aux actes nauséabonds.
Il faut espérer la même chose du peuple hongrois envers Viktor Orban.
Oui, il est plus que temps de reprendre la construction européenne.
Pour cela il faudra du courage et de la volonté.
Ce qui passe par ne pas hésiter à couper les branches mortes et éliminer les parasites de l’arbre de la démocratie européenne.