vendredi 9 juillet 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Covid19, nombrilisme et démocratie républicaine

En ce temps de pandémie mondiale, les habitants des démocraties républicaines continuent à demander largement le beurre et l’argent du beurre tout en estimant, chacun de son côté, que le prix qu’il doit payer pour vivre en communauté est excessif.

Ainsi, ils réclament et la liberté et la sécurité en estimant que la deuxième ne doit pas empiéter sur leur liberté tout en les assurant d’une protection maximum, la quadrature du cercle en somme.

S’ajoute à cela un des pires comportements humains, l’égoïsme cynique qui a consisté, pour beaucoup d’entre eux, à dire que les mesures de restriction étaient trop importantes parce qu’ils n’étaient pas considérés comme faisant partie des populations à risque, c’est-à-dire celles où l’on trouve les personnes qui vont mourir de la covid19 ou qui vont développer une forme grave de la maladie qui pourrait leur laisser des séquelles pendant longtemps, voire à vie.

Il faut dire que la communication sur la réalité du virus a toujours était biaisée sur un point fondamental, celui de la possible augmentation de sa dangerosité.

Pour ne pas inquiéter les populations, les politiques, le corps médical et les scientifiques ont très largement minimisé au début de l’épidémie la possibilité que ses mutations causent des formes beaucoup plus graves de la covid19 et qu’elles soient plus létales.

Néanmoins, c’est également dans cette optique – et pas seulement pour sauver les populations à risques identifiées – que des mesures ont été prises mais en le disant peu ou pas pour ne pas effrayer le quidam.

Car un virus mute toujours et des formes souvent plus contagieuses voire plus dangereuses peuvent apparaitre.

Ce qui a bien été le cas pour la covid19 avec les variants sud-africain (beta), brésilien (gamma), britannique (alpha) et indien (delta) qui sont plus contagieux et qui, selon des études encore à confirmer, seraient plus virulents en donnant des formes de la maladie beaucoup plus graves ou mortelles comme l’ont affirmé des scientifiques d’outre-Manche pour le variant britannique.

Dans la volonté de ne pas alarmer tout en priant pour que les mutations ne soient pas gravissimes et mettent en danger toute la population, les responsables en charge de gérer la crise sanitaire ont donc centré leur message sur la protection de ceux qui risquaient d’être durement touchés par le virus comme les personnes fragiles, celles souffrant d’obésité ou les plus de 75 ans.

Mais en désignant sans en mesurer les conséquences, deux groupes distincts, les «bons» – ceux qui avaient peu de chance de tomber malade – et les «mauvais» – ceux qui avaient de grandes chances de développer la maladie –, ils ont créé une frontière de fait qui devait nécessairement produire des résistances chez certains «bons» qui ne voulaient pas comprendre et accepter que l’on rogne leur liberté pour les «mauvais», ces vieux et mal-fichus, même si ceux-ci n’étaient pas responsables de leur état.

Dès le départ, on a vu nombre de jeunes affirmer qu’ils n’étaient pas concernés par la covid19 et qu’ils ne changeraient pas leurs comportements et c’est ce qu’ils ont fait et font toujours actuellement.

Et plus la pandémie s’est étirée dans le temps, plus d’autres groupes de «bons» se sont montrés de plus en rétifs aux mesures de protection, soutenus en cela par des politiciens et autres personnages publics controversés qui sentaient bien qu’ils pourraient tirer un bénéfice d’une position populiste et démagogique en prenant le parti de ces «bons», ces «rebelles», au risque de mettre en danger toute la stratégie de lutte contre ce coronavirus.

Bien entendu, quel que soit la dangerosité de ce dernier, il n’était pas concevable d’arrêter toutes les activités humaines pour des raisons qu’il n’est pas besoin de développer ici.

Cependant, dans les phases les plus critiques, les limitations les plus drastiques possibles avaient leur légitimité.

Leur remise en cause par certains «bons» et tous ceux qui avaient un intérêt quelconque à les soutenir était hautement irresponsable sans aucune discussion.

Mais aussi procédait d’une totale absence de considération pour l’autre, non à cause d’un individualisme triomphant mais de sa déviation, l’autonomisation égocentrique égoïste assistée irresponsable insatisfaite irrespectueuse de l’individu.

Oui, le défi que doit relever la démocratie républicaine libérale est libertario-hédoniste où les populismes «anti» font leur beurre dans une idéologie démago-populo-médo-médiacratique.

Ce n’est pas l’individualisme qui est l’ennemi mais le nombrilisme.

Le plus consternant et alarmant dans l’histoire c’est que la Chine – peut être à l’origine de la pandémie mondiale – a pu l’enrayer par des mesures de coercition extrêmes qui démontrent l’immaturité des habitants des démocraties républicaines qui, vivant dans un régime de liberté, ont, pour une part d’entre eux, utilisé cette dernière pour mettre en danger la vie de l’autre.

Car, ce qui en dit long sur les mentalités humaines, c’est cette contestation des règles du vivre ensemble et du respect de l’autre tout en rejetant la faute sur les autorités publiques alors même que nous sommes dans le cadre d’un phénomène naturel – une épidémie par un virus inconnu jusqu’alors et ce même s’il sort d’un laboratoire chinois – où, ni les politiques, ni une partie de la, population ne sont à blâmer et à accuser d’être la cause de la situation en question.

C’est comme si l’on pouvait désigner des coupables à un tremblement de terre en pleine mer et au tsunami qui s’ensuit…

En revanche, il faudra tirer les conclusions de la gestion de l’épidémie afin de ne pas faire les mêmes erreurs qui ont pu être commises voire dans des mesures qui ont été prises en dépit de toute justification scientifique ou sanitaire mais l’on parle surtout dans ce dernier cas de celles qui ont exposé les populations à un plus grand risque comme cela a été le cas, par exemple, aux Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump ou au Royaume-Uni par le premier ministre Boris Johnson sans parler de ce qui se passe au Brésil et évidemment en Inde (on rappelle qu’on ne parle ici que de la situation dans les démocraties).

Reste qu’il y a eu beaucoup trop de personnes qui n’ont guère ressemblé au citoyen responsable et respectueux, capable de faire son devoir envers la communauté auquel il appartient et qui lui donne, en retour, des droits, ce citoyen indispensable pour le bon fonctionnement d’une démocratie républicaine libérale.

Là, aussi, il faudra en tirer des conclusions.