mercredi 24 août 2016

Présidentielle 2017. 88% des électeurs du Modem et 79% de l’UDI ne veulent pas d’un président Sarkozy

La stratégie de Nicolas Sarkozy de s’attacher l’électorat centriste a fait long feu.
Après avoir généreusement doté l’UDI d’élus lors des régionales, l’ancien président de la république s’était aperçu qu’il ne parviendrait jamais à s’attacher les sympathisants centristes qui, dans tous les sondages, montraient une très large défiance vis-à-vis du personnage.
Et l’officialisation de sa candidature n’a rien changé.
Ainsi, un sondage Elabe pour BFMTV nous apprend que 88% des sympathisants du Mouvement démocrate et 79% de ceux de l’UDI ne souhaitent pas voir à nouveau Nicolas Sarkozy à l’Elysée ainsi que 95% des électeurs de François Bayrou en 2012 (79% des Français, non plus).
De même, 93% des sympathisants du MoDem et 79% de ceux de l’UDI préfèrent Alain Juppé à Nicolas Sarkozy.
Ce dernier «inquiète» 70% des sympathisants du MoDem et 73% de ceux de l’UDI qui ne pensent pas qu’il soit «capable de rassembler les Français» (16% des sympathisants du MoDem pensent qu’il le peut et 26% de ceux de l’UDI).
En outre, seuls 11% de sympathisants du MoDem et 32% de ceux de l’UDI l’estiment «honnête» ainsi que 9% des électeurs de François Bayrou en 2012 même si 56% des premiers et 80% des seconds pensent malgré tout qu’il a la «stature d’un président».
Le baromètre politique IPSOS pour Le Point d’août confirme ce large désamour de l’électorat centriste pour Nicolas Sakozy puisque 75% des sympathisants du MoDem et 78,5% de ceux de l’UDI ont une mauvaise opinion de lui.
(Sondage Elabe réalisé les 22 et 23 août 2016 par internet auprès d’un échantillon de 1000 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage IPSOS réalisé du 18 au 20 août 2016 par téléphone auprès d’un échantillon de 958 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

Alexandre Vatimbella




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Vues du Centre – Jean-François Borrou. Trump-Sarkozy, le pouvoir pour le pouvoir

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Donald Trump & Nicolas Sarkozy
Comme pour les plébiscites ou le pouvoir absolu de la majorité, les centristes se sont toujours méfiés des hommes providentiels.
C’est leur profond attachement à la démocratie libérale et à la république.
En France, lorsque la V° République est devenu ce régime présidentiel – certains parlent faussement de régime semi-présidentiel – après l’adoption du suffrage universel pour élire le président (aidé en cela par le scrutin majoritaire pour les législatives), beaucoup de centristes se sont inquiétés pour le fonctionnement démocratique.
Aux Etats-Unis – régime présidentiel par excellence – même si l’élection du président se fait au suffrage universel, il devait être, ce que l’on oublie trop souvent, tempéré par le fait que ce sont des délégués qui, dans un système à deux étages, élus par les Américains, votent pour élire le président.
Si cette procédure est devenue obsolète tout autant que, dans le même temps, la présidentialisation du régime s’est continuellement accrue au cours de 240 ans de l’histoire du pays (on a parlé à l’époque de Nixon de la «présidence impériale»), elle traduisait, de la part des Pères fondateurs des Etats-Unis, dont beaucoup étaient des centristes, une très grande crainte vis-à-vis du pouvoir d’un seul et ils souhaitaient que celui-ci soit très encadré.
C’est pourquoi, également, les pouvoirs du Congrès et de la Cour suprême devaient contrebalancer ceux du président.
Aujourd’hui, les présidents de la France et des Etats-Unis ont de grands pouvoirs, trop grands sans doute même si le monde dans lequel nous vivons impose un exécutif assez fort pour réagir assez vite à toute situation délicate et/ou d’urgence.
Mais cette extension des pouvoirs présidentiels est d’autant plus dangereuse quand des candidats au poste suprême de la république désirent le pouvoir pour le pouvoir et sont capables de dérapages inquiétants pour le conquérir ou pour le garder.
En cette année électorale aux Etats-Unis et pré-électorale en France, les personnages de la trempe dont on vient de parler sont malheureusement assez nombreux dans les deux compétitions.
Aux Etats-Unis où les primaires de chaque parti ont déjà eu lieu, il y a évidemment Donald Trump mais il y a eu, côté républicain, également Marco Rubio ou Chris Christie (Ted Cruz, si dangereux était-il avait bien un projet politique construit).
En France, nous avons le duo d’extrémistes populistes, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, Arnaud Montebourg, Jean-François Copé et quelques sous-fifres de LR candidats à sa primaire ainsi que, bien sûr, Nicolas Sarkozy qui vient de se déclarer candidat à la candidature.
Si l’on peut rapprocher les comportements et les positions de Donald Trump et ceux de Marine Le Pen, tous deux populistes démagogues surfant les sentiments les plus vils de leurs fans, le profil d’autolâtres narcissiques et égocentriques fascinés par la gloire, le pouvoir et l’argent rapproche sans conteste le magnat de l’immobilier américain et l’ancien président français.
En outre, Trump comme Sarkozy – mais aussi Le Pen – jouent sans vergogne et sans aucun problème de conscience sur les peurs et les angoisses de leurs compatriotes pour tenter de gagner leurs votes.
D’autre part, comment oublier que Nicolas Sarkozy ait pu déclarer à propos de Trump: «Regardez ce que donnent aux Etats-Unis les candidats soutenus par l’establishment et les médias, ils sont balayés par les candidats du peuple. (…) vous verrez ce que cela donnera en France en novembre (ndlr: lors des primaires de LR)».
«Du peuple» et non «populiste», comme il se veut lui aussi, ce candidat «anti-système».
Car, ajoutait-il, Trump «traduit le rejet d'une pensée unique qui stérilise le débat aux Etats-Unis comme en France».
Et son sbire préféré, Brice Hortefeux, d’ajouter, en parlant de la stratégie du candidat républicain: «Cela montre qu’on ne gagne pas au centre, avec une campagne aseptisée, mais en clivant».
Les militants sarkozystes auront beau jeu de dire que leur champion a mis – provisoirement? – de l’eau dans son vin à propos de Trump, le critiquant pour ses propos outranciers.
Mais cela n’enlève rien à cette proximité dans l’approche d’une élection et la vision du pouvoir.
C’est pourquoi, comme l’écrit si souvent Alexandre Vatimbella, les centristes doivent faire barrage aux Etats-Unis à Donald Trump et, en France, à Nicolas Sarkozy.
Pas pour ce qu’ils sont mais pour le danger qu’ils représentent pour la démocratie dans leur fringale de pouvoir et dans leur assurance absolue qu’ils sont supérieurs à tous leurs congénères humains qui fait, par exemple, que c’est eux seuls qui feront le changement et non le pays ou même une équipe gouvernementale, montrant ainsi leur volonté de toute-puissance et leur proximité inquiétante avec la psychologie des autocrates.
Les centristes n’ont rien à faire avec ceux qui veulent confisquer le pouvoir pour leurs ambitions personnelles d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique.

Jean-François Borrou