Les chasses aux sorcières ne sont pas une exception aux Etats-Unis.
On se rappelle surtout celle menée par le sénateur McCarthy dans les années d’après-guerre avec sa fameuse croisade contre les «ennemis de l’intérieur» qui ciblait avant tout les militants de gauche qui devenaient systématiquement selon ses accusations des militants communistes au service de l’URSS.
La nouvelle chasse aux sorcières qui a débuté en janvier 2025 avec, dès sa prise de fonction, Trump à sa tête est aussi violente que celle de McCarthy mais ne vise pas les ennemis de l’intérieur mais les ennemis du populiste extrémiste.
Il a ainsi lancé ses sbires et notamment sa ministre de la Justice – théoriquement indépendante de l’Exécutif aux Etats-Unis – afin de poursuivre tous ses opposants comme des juges qui avaient prononcé des condamnations à son encontre ou des procureurs qui enquêtaient sur ses multiples méfaits.
Plusieurs élus démocrates font l’objet d’enquêtes et Trump les a même menacés de la peine capitale.
Sans oublier les journalistes et autres présentateurs de talk-show qui sont mis au placard ou licenciés suite à des pressions de son administration.
Leur seul crime: ne pas être d’accord avec Trump voire, tout simplement, remplir leur mission en toute indépendance.
S’il avait déjà tenté d’emprisonner certains d’entre eux lors de son premier mandat comme Hillary Clinton, c’est désormais une chasse systématique qui est menée.
De plus, les ennemis de Trump ne sont pas qu’à l’intérieur mais se trouvent aussi dans de nombreux pays comme ceux de l’Union européenne qui est devenue la principale cible de sa politique étrangère.
Ce ne sont même pas des activistes d’extrême-gauche, seulement des personnalités qui ne sont pas d’accord avec lui et qui ont un certain pouvoir d’agir ou médiatique.
C’est dans ce cadre qu’il vient d’interdire du territoire étasunien cinq européens dont l’ancien chef de grande entreprise, ancien ministre et ancien commissaire européen français, Thierry Breton.
La raison: celui s’oppose aux agissements des principaux réseaux sociaux comme X ou Facebook qui ont fait allégeance à Trump et qui diffuse sans aucun garde-fou au nom d’une pseudo liberté d’expression, des fake news, des théories élucubrationistes, des insultes et des menaces de mort et qui sont avant tout situés à l’extrême-droite de l’échiquier politique.
Les autres personnes sanctionnées sont membres d’ONG qui luttent contre la désinformation et les messages haineux en ligne.
Cette chasse aux sorcières dans ses fondements est donc plus proche de celles menées par les dictatures.
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