mercredi 17 octobre 2018

Actualités du Centre. Création d’un groupe «hybride» de députés avec des centristes

Assemblée nationale
On y croyait peu mais, pourtant, c’est dorénavant une réalité, la création d’un nouveau groupe parlementaire à l’Assemblée nationale qui regroupe des centristes, des socialistes en rupture de ban, des radicaux venus des radicaux de gauche et des nationalistes corses et même un opportuniste qui en un scrutin annulé et réorganisé est passé de la gauche à la droite, une sorte d’inventaire à la Prévert improbable!
Baptisé «Libertés et Territoires», il permet à ces seize membres de pouvoir éventuellement exister politiquement mais aussi de régler de vieux comptes.
C’est le cas, notamment, de Philippe Vigier, Charles de Courson, Yannick Favennec, tous des amis d’Hervé Morin, l’ennemi intime du président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde et qui étaient demeurés membre du groupe du parti centriste faute de mieux mais faisant en sorte de travailler inlassablement à la création de ce nouveau groupe afin de quitter Lagarde et de l’affaiblir.
Pour ce qui est des députés du Mouvement radical social-libéral, il s’agit, avant tout, des députés élus sou l’étiquette du Parti radical de gauche avant la fusion de ce dernier avec le Parti radical valoisien qui sont tous tentés par une opposition plus systématique à Emmanuel Macron que les anciens valoisiens.
Comme pour les amis d’Hervé Morin et membres de Les centristes, les radicaux n’avaient pas le nombre nécessaires de députés pour créer à eux seuls un groupe.
Cependant, s’allier avec les nationalistes corses, avec des ex-LREM plus proches des socialistes que du Centre, des ex-socialistes, surtout avec des nationalistes corses est une bizarrerie politique qui risque de perturber leurs électeurs d’autant que Morin joue plutôt la carte de l’alliance avec LR et une proximité avec Lauren Wauquiez et Gérard Larcher!

Voici la liste des députés membres de ce groupe coprésidé par Bertrand Pancher et Philippe Vigier, Sylvia Pinel en étant la vice-présidente, et leur provenance:
Bertrand Pancher, Sylvia Pinel, Olivier Falorni, Jeanine Dubié (Mouvement radical); Philippe Vigier, Charles de Courson, Yves Favennec (UDI); Jean-Félix Acquaviva, Michel Castellani, Paul-André Colombani (nationalistes corses); Paul Molac (LREM); François-Michel Lambert (UDE); Jean-Michel Clément, M'jid El Guerrab, François Pupponi, Sylvain Brial (non-inscrits);

Voici des extraits de sa déclaration politique qui est une compilation de banalités (il aurait été difficile de faire autrement vu l’hétéroclisme du groupe…):
«Les membres du groupe ‘Libertés et territoires’ sont pleinement conscients de la transformation profonde du paysage politique qui a accompagnée l'élection d'Emmanuel Macron, placent l'intérêt général et la réussite du pays au cœur de leur action».
(...) Nous apporterons notre soutien à la majorité chaque fois que l'intérêt supérieur de la république le commandera.
(Nous refusons) de voir l'Assemblée nationale devenir une chambre d'enregistrement. (…) Elle doit au contraire permettre la représentation des Françaises et des Français dans leur diversité et de la singularité des territoires dans lesquels ils vivent. Nous porterons cette exigence en nous opposant à la politique de la majorité chaque fois que cela sera nécessaire.
Nous dialoguerons avec la majorité comme avec les autres forces d'opposition républicaines afin de susciter des convergences susceptibles d'être utiles aux débats parlementaires et à l'intérêt général.
La défense des valeurs républicaines, des libertés, l'exigence de cohésion sociale, une réelle décentralisation politique, la volonté d'œuvrer à une croissance respectueuse des hommes, des écosystèmes et des ressources naturelles et l'attachement indéfectible au projet européen constituent le socle de leur engagement commun.


L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Arrêtons de tenter le diable avant que sa queue nous fracasse

Petite devinette: quelle est la différence entre Dieu et un humain?
Dieu, lui, il sait qu’il n’est pas un humain.
Camus disait, dans «L’Homme Révolté», «pour être homme, refuser d’être Dieu».
Oui, nous savons que les espèces peuvent disparaître et que les civilisations peuvent s’effondrer suite à un phénomène naturel catastrophique mais aussi à cause de nous, les humains, de notre stupidité et de notre inconséquence.
Oui, nous savons que nous ne pouvons pas régler tous les problèmes et nous continuons d’affirmer, devant les menaces qui s’amoncellent que nous trouverons bien, au dernier moment, une solution grâce à notre génie.
Oui, nous savons que notre liberté est fragile et que la démocratie, système qui assure la plus grande dignité à ses membres peut être détruite, non seulement, pas ses ennemis extérieurs mais aussi et plus sûrement par ses ennemis intérieurs et nous continuons à leur tendre nos deux joues en espérant que les peuples dans leur grande sagesse qu’ils n’ont en réalité jamais eue, repousseront l’hydre avant qu’elle ne frappe.
Si nous étions Dieu, si c’était le cas, il n’y aurait plus de maladies, plus de catastrophes naturelles, plus de pauvreté et que de l’amour…
Nous pouvons, certes, croire à notre omnipotence mais la croyance n’a jamais eu le dessus sur le réel.
Il suffit d’ouvrir les yeux!
Alors soyons responsables de ce nous sommes, de ce que nous avons fait mais aussi de ce que nous pouvons devenir et de ce que nous pouvons faire.
Agissons en humains comme nous le demande Camus.
Ce n’est que de cette façon que nous pourrons rechercher le meilleur et éviter le pire, que nous construirons sans détruire.
Bien sûr, les idées et les objets seront toujours ce que nous en faisons.
Les utopies sur le meilleur des mondes peuvent devenir les pires sociétés cauchemardesques sur terre.
Une arme peut nous protéger d’agresseurs mais nous permet d’agresser.
Les réseaux sociaux peuvent nous rapprocher et nous émanciper comme ils peuvent nous éloigner et nous mentir.
Ayant dit cela, nous ne pouvons nous abriter derrière cette «neutralité» de nos créations humaines parce que nous savons aussi ce qu’est l’humain et ses comportements «déviants», individuellement et collectivement.
Dire que le pouvoir n’est toxique que dans son utilisation de chefs pervers et odieux est vrai.
Mais ne pas mettre en place un système qui empêche de tels personnages de prendre ce pouvoir, démocratiquement ou non, est totalement irresponsable et inexcusable.
Dire qu’un fusil automatique qui peut tirer des centaines de coups à la minute n’est dangereux que dans les mains d’un fou est juste.
Mais nier le fait de savoir que ce sera évidemment le cas si on le vend à tout le monde sans aucun contrôle des acheteurs est une manière scandaleuse de nier sa responsabilité.
Même chose pour des réseaux sociaux dont on sait pertinemment dès leur création qu’ils charrieront le pire à côté du meilleur, voire que le pire prendra rapidement le dessus si l’on ne régule pas leur utilisation.
En refusant de prendre les décisions, en refusant d’être responsables, en croyant que tout trouvera une solution, la bonne évidemment, nous sommes un mélange détonant d’irresponsables à l’hubris démesuré et parfois remplis de suffisance nous rendant d’une niaiserie gigantesque et qui, naturellement, tentent le diable…
C’est ce que nous faisons actuellement en matière de climat et d’atteintes à l’environnement en fermant les yeux tout en se persuadant qu’il y aura quelques inventeurs de génie et quelques leaders éclairés qui nous sortirons de l’ornière avant que nous disparaissions.
De même, dans nos démocraties républicaines, l’idée que ses ennemis ne sont pas assez puissants pour la détruire ou que les postures de certains ne sont que du cinéma et qu’in fine, le peuple, dans son absolue sagesse (qui n’est en réalité qu’un absolu manque de sagesse!), se réveillera à temps, est en train de tuer le seul système politique qui garantit le plus de liberté à tous.
Et, ici, le diable n’est pas dans les détails mais dans notre propension à n’être que des spectateurs désengagés des catastrophes qui, patiemment, attendent leur heure pour déferler, se moquant bien des maigres lignes Maginot que nous croyons imprenables.
Certains diront que je me complais dans le catastrophisme.
Ils le disaient déjà, pour d’autres, à propos de ceux qui alertaient sur le nazisme, le fascisme, le communisme avant que ces idéologies ne s’implantent dans plusieurs pays.
Ils le disaient de ceux qui alertaient sur les dangers des CFC responsables de la disparition de la couche d’ozone ou sur les dangers de l’amiante qui a causé tant de cancers.
Ces lanceurs d’alerte, souvent vilipendés et mis au ban de la société, espéraient bien se tromper comme beaucoup de leurs congénères d’aujourd’hui l’espèrent dont moi-même.
Et n’oublions que, comme Sisyphe condamné par les dieux, nous devons, ainsi que nous le conseillait Boileau, sans cesse remettre sur le métier notre ouvrage sans penser que les choses sont données pour toujours même quand on croit les avoir réglées définitivement.
Qui, dans l’exaltation de la victoire de 1945 sur les totalitarismes, pouvait penser que les partis pro-nazis reviendraient sur le devant de la scène dans nombre de pays du monde?
Et tout cela, il n’y a que 73 ans, moins que notre espérance de vie…