mardi 19 décembre 2017

Actualités du Centre. Pour Juppé, «c’est un peu la fragmentation à droite et au centre»

Alain Juppé
Intervenant à propos des recompositions politiques en cours et de possibles nouvelles alliances, notamment depuis l’élection de Laurent Wauquiez à LR, parti auquel il appartient encore, Alain Juppé s’est montré, dans des propos rapportés par le quotidien Sud-ouest, dans une phase d’attentisme face à ce qu’il a qualifié de «grand chambardement du paysage politique» et dans lequel, le fondateur de l’UMP n’a pas «l’intention de replonger».
Il a estimé que, à l’heure actuelle «c’est un peu la fragmentation à droite et au centre», ce qui ne lui permet de répondre favorablement à l’invitation du leader de La république en marche, Christophe Castaner, de former une «liste élargie» de la majorité présidentielle pour les prochaines élections européennes.
Cependant, il a précisé que la «phase de décantation» sera sans doute terminée pour «le rendez-vous européen de 2019», ce qui permet toutes les interprétations sur ce «grand mouvement central et pro-européen» en vue de ce scrutin – et uniquement ce scrutin – qu’il a évoqué dernièrement et repris au vol par Emmanuel Macron.
Quant à la majorité municipale bordelaise où se trouve la désormais numéro deux de LR, autant groupie de Wauquiez (droite radicale) qu’elle l’avait été de lui-même, Juppé (droite libérale), il n’a pas parlé d’une rupture estimant que «Chacun est libre de ses choix. Je n’ai jamais mélangé la politique locale et la politique nationale. (…) Les questions locales ne relèvent ni des Républicains ni de La République en marche».


Une Semaine en Centrisme. UDI: L’heure de la vengeance de Morin a sonné

Jean-Christophe Lagarde & Hervé Morin
Cela fait trois ans qu’il attend cela, depuis que Jean-Christophe Lagarde lui a «volé» la présidence de l’UDI, parti pour lequel il n’avait, paradoxalement aucune sympathie, puisqu’il avait été obligé d’y adhérer par la pression «amicale» de ses troupes, lui qui était alors président du Nouveau centre (devenu depuis Les centristes).
Car, il ne faut pas s’y tromper, le rapport entre Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde s’appelle de l’exécration réciproque où tous les coups bas et tous les mensonges sont autorisés et les deux protagonistes ne se sont pas gênés pour les utiliser à tire-larigot!
Sans rentrer dans les détails de qui a commencé et qui est responsable, tant les deux hommes ont joué un jeu mesquin et pathétique au cours de leur relation, l’UDI ne vivait, comme nous l’avons souvent dit, que parce qu’il n’y avait pas mieux pour les centristes issus de la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy (Nouveau centre, Parti radical et, à un degré moindre, Alliance centriste).
Il faut se rappeler qu’après les défaites présidentielles et législatives de 2012, ces centristes étaient en totale déshérence.
Jean-Christophe Lagarde avait alors claqué la porte du Nouveau centre pour s’en aller créer la FED (Force européenne démocrate) qui fut une des formations, avec le Parti radical, à créer l’UDI autour de Jean-Louis Borloo qui, lui, avait quitté l’UMP.
Après les défaites présidentielles et législatives de 2017, tout le monde savait que l’UDI dans sa forme actuelle n’existait plus et que sa seule fonction, un cartel électoral qui ne pouvait s’allier «naturellement» (selon ses propres dires) qu’avec la Droite, n’avait plus aucune utilité.
Lagarde a bien essayé par tous les moyens de faire illusion en s’autoproclamant chef d’un futur grand parti de la «droite libérale et du centre-droit» mais il a été bien le seul à se soutenir dans cette tentative tragi-comique!
De son côté, Morin n’avait qu’une seule ligne concernant l’UDI, finir le travail d’une décrépitude dont il est responsable mais dont Lagarde l’est tout autant.
L’épisode de la dernière présidentielle pourrait résumer à lui seul le fiasco de la confédération centriste.
Lorsque Lagarde est élu à sa présidence, une de ses promesses de campagne est qu’il y aura un candidat UDI à la présidence.
Mais, devant la faiblesse de l’UDI et les oppositions internes à celle-ci, et pour ne pas prendre un bouillon (comme Morin en 2012 avec 1% d’intentions de vote dans les sondages), il recule de manière pitoyable.
C’est alors une première débandade puisque dans la foulée, l’UDI est incapable de soutenir un même candidat.
Il y a ceux (majoritaires) qui se rangent derrière Juppé avec Lagarde, ceux qui vont s’acoquiner avec François Fillon comme François Zocchetto, ceux qui se rallient à Bruno Lemaire tel Morin et même ceux qui veulent le retour de Nicolas Sarkozy tel Maurice Leroy.
Et puis Il y a ceux qui s’en vont carrément pour soutenir Emmanuel Macron comme Jean Arthuis dont la formation, l’Alliance centriste, est alors exclue de l’UDI par Lagarde.
Avec la défaite de Juppé à la primaire, c’est sans trop de problème que l’ensemble de ce qui reste de l’UDI s’en va soutenir François Fillon alors même que celui-ci s’est radicalisé sur une ligne de droite extrême et dont Lagarde avait estimé qu’il était impossible de s’y rallier…
Viennent l’affaire des emplois fictifs de la femme et des enfants de monsieur Fillon mais cela n’a pas gêné l’UDI qui a continué à soutenir le candidat LR après avoir souhaité malgré tout qu’Alain Juppé le remplace.
Il faut dire que la formation centriste ne pouvait rien espérer d’un ralliement à Macron qui n’en avait pas (ou plus) besoin et que pour avoir quelques députés en cas de défaite qui s’annonçait, il lui fallait faire alliance avec LR.
Ce qui s’appelle bien cartel électoral, opportunisme et absence totale de courage politique.
Toujours est-il qu’Hervé Morin, dont les propos oscillent entre des insultes à Laurent Wauquiez et des paraphrases de ce que dit le nouveau président de LR, sait, après la présidentielle, que le moment tant attendu de se payer Lagarde est enfin venu.
Sauf que ses troupes rechignent dans un premier temps à aller au clash et à quitter la confédération centriste.
Ce sera donc, depuis mai, des salves ininterrompues de critiques, de menaces et de mises en garde qu’il adressera à l’UDI sans jamais citer le nom de Lagarde!
De son côté, le président de l’UDI montrera toute son incapacité à donner une quelconque identité, une quelconque âme à son parti.
Et c’est, avec le départ le 8 décembre du Parti radical de Laurent Hénart – qui faisait une sorte de tampon entre la FED de Lagarde et Les centristes de Morin --  que les choses basculent définitivement.
Comment, en effet, bâtir un «grand parti» avec deux petits groupuscules qui ne pèsent plus rien dans la vie politique?
Comment surtout envisager un face à face direct entre Morin et Lagarde, les deux seuls leaders encore présents dans l’UDI?
Reste à savoir où ira Morin qui veut construire un «vaste mouvement de centre-droit» et ce que fera Lagarde.
Si tant est que cela intéresse quelqu’un.
Quand à savoir qui a gagné la bataille de l’UDI, on répondra que tuer un parti par son incompétence ou par sa haine (et par l’hubris que tous deux partagent) revient in fine à la même chose et les deux larrons sont autant responsable l’un que l’autre de la situation actuelle ce qui ne surprendra que ceux qui veulent être surpris.
Pas si sûr que cette dernière association leur fasse grand plaisir…

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC