dimanche 30 janvier 2022

Une Semaine en Centrisme. Au lieu de s’en prendre à Biden, les Américains feraient mieux de se regarder dans la glace!

Joe Biden le 20 janvier 2021 prête serment

Les Américains devraient se souvenir que la première qualité de Joe Biden est qu’il n’est pas Donald Trump et que c’est pour cela qu’ils l’ont élu triomphalement en novembre 2020 avec le plus de voix qu’ait jamais obtenu un candidat et avec 7 millions de suffrages de plus que son rival.

Et que qui le populiste raciste démagogue corrompu et extrémiste a été pendant quatre années à la Maison blanche, c’est à cause de leur vote en 2016 et d’un système électoral d’un autre âge et foncièrement antidémocratique qu’ils ont toujours refusé majoritairement de changer.

Oui, les Américains feraient mieux de se regarder dans la glace avant de s’en prendre au centriste qui préside actuellement aux destinées de leur pays.

Non pas parce que Biden est le meilleur président que les Etats-Unis aient jamais eu – on fera le bilan dans trois ou sept ans – mais parce qu’il est d’abord venu pour réparer les dégâts qu’ils ont causé dans un pays encore très largement divisé.

Et puis, parce que quand une tentative de coup d’Etat planifiée – l’envahissement du Capitole le 6 janvier par les pro-Trump en plein processus démocratique de confirmation de la victoire de Biden – n’aboutit pas à l’arrestation de tous se meneurs et, surtout, de ses commanditaires dont le plus impliqué compte bien revenir au pouvoir en 2024, c’est bien d’abord de l’introspection qu’il faut faire pour savoir comment on en est arrivé là et non de blâmer celui qui tente désespérément de soigner et de guérir une démocratie en lambeaux.

Parce que quand le Parti républicain a des chances reprendre la main sur la Chambre des représentants et le Sénat en novembre prochain avec une majorité d’élus extrémistes et radicaux ayant fait allégeance à Trump, tout en faisant de l’obstruction systématique à Biden et en étant parmi le principal diffuseur de fake news et de thèses élucubrationistes (complotistes), c’est bien qu’il y a quelque chose de pourri dans la démocratie républicaine étasunienne, non dans la manière dont Biden gère la pays.

D’autant que l’action de Joe Biden depuis qu’il est au pouvoir depuis un an, son intronisation ayant eu lieu le 20 janvier 2021, est tout sauf anodine.

Il a connu de grands succès et les échecs ne viennent pas de lui mais essentiellement des représentants et des sénateurs ainsi que de cette mouvance qui n’a pas abandonné sa volonté d’assoir une autocratie, voire pire, aux Etats-Unis.

Sans oublier que si la covid19 est toujours aussi présente c’est, d’abord, parce que c’est le cas dans tous les pays du monde et, ensuite, parce que les républicains, élus comme sympathisants, font tout pour empêcher la vaccination, l’application des gestes barrières et les mesures de protection, faisant passer la politique politicienne avant la santé de leurs compatriotes.

Quant à l’inflation, elle accompagne une reprise forte et se produit également dans tous les pays qui ont redémarré leurs économies après la crise de 2020.

Et si llle est plus élevée aux Etats-Unis qu’ailleurs ce n’est pas à cause de Biden mais de la structure même de l’économie du pays et du manque de régulations qui est due esentiellement au refus des républicains de les mettre en place depuis des années.

De même, peut-on incriminer le président quand il propose un plan ambitieux pour lutter contre les inégalités ainsi que pour aider les entreprises, le Build back better (reconstruire en mieux) ou quand il demande qu’une loi pour assurer à tous les citoyens le droit de pouvoir voter face aux mesures prises dans les Etats par les républicains pour le limiter principalement aux électeurs démocrates alors que ce sont les élus du Congrès qui refusent de les voter?

Par ailleurs, Joe Biden a quand même réussi la prouesse de faire voter le «Infrastructure Investment and Jobs Act», loi de 1200 milliards de dollars qui dégage de grands moyens pour réparer les infrastructures délabrées du pays comme les ponts et les routes et mettre à niveau d’autres comme le réseau internet et le réseau électrique.

Et il a mis fin à la présence des Etats-Unis en Afghanistan même si la manière dont il l’a fait a été critiquée alors qu’il n’a en réalité qu’appliquer les accords pris par l’administration Trump avec les talibans.

Et il a encore au moins trois ans pour agir dans différents domaines et, surtout, pour préserver le pays des ennemis de la démocratie tant à l’intérieur qu’à l’extérieur comme il le fait en luttant contre les extrémistes proches de Trump qui n’ont pas abandonné leur projet de la détruire et contre les menées de la Chine et de la Russie comme on le voit à propos de l’Ukraine.

Oui, les Américains devaient avoir un peu plus de décence et de retenue vis-à-vis de leur président.

Surtout, ils devraient lui apporter leur soutien et leur aide dans son entreprise qui dépasse de loin sa personne et son engagement partisan parce qu’il en va de l’avenir démocratique de leur pays.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC

Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

 

 

Vues du Centre. Aller à Pékin en 2022, n’est-ce pas comme aller à Munich en 1936?

Par Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.

Pour un centriste attaché aux valeurs humanistes et au respect de la dignité humaine, aller aux Jeux olympiques d’hiver à Pékin qui débutent la semaine prochaine, n’est-ce pas comme aller à Munich en 1936 pour les jeux d’été?

Il y a 86 ans, le principal bénéficiaire fut Adolf Hitler – dont on n’oublie pas qu’il imposa un certain nombre de règles restrictives au comité olympique dont le président, Pierre de Coubertin, était un admirateur du régime nazi –, cette année ce sera un autre dictateur qui sera honoré, Xi Jinping.

En 1936, la second guerre mondiale n’avait pas eu lieu mais il existait déjà des camps de concentration – Dachau fut ouvert en 1933, quelques mois après l’arrivée au pouvoir des nazis – tout comme il en existe dans la Chine de Xi, en 2022, en particulier dans le Xinjiang.

En 1936, les opposants à Hitler étaient pourchassés, torturés, jetés en prison, tout comme, en 2022, le sont ceux qui luttent contre Xi.

En 1936, l’Allemagne nazie était en train de se réarmer et prévoyait déjà une guerre, en particulier dans l’Est de l’Europe pour bâtir ce «Lebensraum» ce «grand Reich germanique de la Nation allemande».

En 2022, la Chine s’arme et prévoit déjà une guerre pour récupérer Taïwan, après avoir mis au pas Hongkong, pour bâtir cette grande Chine qui sera régie par le fameux et effrayant «rêve chinois» de Xi, sans oublier cette zone d’influence où tous les pays d’Asie deviendront les vassaux de fait de l’Empire du milieu communiste.

Oui, quelles différences fondamentales entre l’Allemagne de 1936 et la Chine de 2022?

En 1936, les pays démocratiques ne voulurent pas voir quel était la nature du régime nazi qui pourtant ne cachait pas son jeu et ont envoyé leurs athlètes à Munich.

En 2022, ces mêmes pays démocratiques commettent exactement la même faute alors même que le régime communiste ne cache pas, lui non plus, son jeu.

Oui, aller à Pékin en 2022, c’était comme allé à Munich en 1936.

N’apprendrons-nous jamais rien de l’Histoire?...

Aris de Hesselin

 

La quotidienne centriste du 29 janvier 2022. Après la Chine, la Russie investit l’Afrique: défaite des Occidentaux ou échec des Africains?

Or donc l’autocratie russe, après la dictature chinoise, séduit à son tour les dirigeants africains mais aussi, il faut le dire, la population.

Dans une vision binaire, eux , les «gentils» et, nous, Occidentaux, les «méchants», les Africains pensent trouver la solution à leurs problèmes mais aussi à leur incapacité à se prendre en charge dans un rapprochement avec des régimes «forts» qui leur promettent, ici, la prospérité, là, la sécurité alors, qu’en fait, ils sont là pour se constituer une sorte d’empire colonial qui ne dit pas son nom et qui joue sur l’ancien, celui des Occidentaux, qu’ils diabolisent, afin d’être accueillis en sauveur.

Pour la Chine, l’euphorie populaire est largement retombée ainsi que celle d’une partie des dirigeants parce que l’«aide» s’est transformée en une tutelle et une dépendance où le pays asiatique vend ses produits à bas prix qui concurrencent et tuent ceux qui sont produits localement, où les prêts sont devenus des dettes, où les achats de terre arables appauvrissent les Africains et les rendent plus vulnérables à des pénuries alimentaires.

Reste que nombre de gouvernements restent encore fermement dans la sphère d’influence chinoise ainsi qu’une partie de l’élite parce qu’elle est achetée avec des pots de vin ainsi que tout un tas d’avantages.

Pour la Russie, on en est au début de l’inféodation même si l’on a vu comment cela se passait en Centrafrique avec les «mercenaires» – en réalité des soldats officieux du régime de Poutine –  du désormais tristement célèbre groupe Wagner.

Le Mali, le Soudan, Madagascar, le Mozambique et, peut-être demain, le Burkina-Faso ainsi que d’autres, face à la montée des groupes terroristes ou pour réprimer leurs opposants parfois lors d'une guerre civile, font appel aux services de cette bande armée à la violence sans états d’âme qui ne s’embarrasse guère de l’Etat de droit, des droits humains et des Africains eux-mêmes.

Que doit-on penser de la présence de ces deux pays à vocation totalitaire et de la mise en retrait des Occidentaux?

Est-ce la faute de ces derniers ou une nouvelle fois la preuve de l’immaturité d’un certain nombre de régimes africains?

Il y a bien sûr des deux dans ce qui est en train de se passer.

Il est évident que les anciennes puissances coloniales comme la France sont à la fois bienvenues pour financer et aider militairement des pays qui ne parviennent pas à se gérer eux-mêmes, parfois mais pas toujours loin de là, suite à leur ancien statut de colonie.

Il est tout aussi évident que ces mêmes puissances sont souvent détestées pour leurs comportements passés – on le voit avec les manifestations d’une partie de la population quand la situation ne s’améliore pas – et que tout prétendant pour les remplacer est très souvent accueilli les bras ouverts.

On se rappelle que, déjà, du temps de la guerre froide, l’URSS trouvait un terreau favorable à son influence en Afrique pour cette raison et aussi parce que nombre des pays qui devenaient ses vassaux étaient gouvernés par des dictateurs ou des juntes despotiques.

L’influence chinoise et russe en Afrique est évidemment une mauvaise nouvelle en termes géopolitiques pour les Occidentaux et surtout l’Europe.

Cependant, sur le moyen et long terme, elle est également catastrophique pour les pays africains parce qu’ils se replacent dans une situation de colonies sachant que ni les Chinois, ni les Russes ne les «aident» par pure philanthropie et altruisme.

Et ils risquent de payer cher la «générosité» absolument pas désintéressée de leurs nouveaux «amis».

Les Africains et les Européens sont ici dans un jeu perdant-perdant.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]