mardi 17 mars 2015

Une Semaine en Centrisme. Axe central: Centrisme, gaullisme, socialisme libéral ou seulement opportunisme?

L’axe central qui regroupe des hommes comme Manuel Valls, François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Pierre Raffarin ou encore Alain Juppé, allant de la gauche modérée à la droite modérée pourrait bien devenir l’axe incontournable de la vie politique française dans les années à venir.
C’est dire s’il attise les appétits et amène de plus en plus d’ambitieux à s’en revendiquer afin de se l’approprier ou d’avoir une part du gâteau.
De même, chacun y vient avec sa propre définition ou son propre positionnement politique ce qui fait que cet axe central a encore, pour l’instant, des contours flous qui devraient s’éclaircir au fil du temps s’il doit aboutir, évidemment, à une coalition en bonne et due forme de tous ceux ou d’une grande partie de ceux qui s’en revendiquent.
Ce qui semble acté c’est que cet espace politique encore informel regroupe des libéraux venus de tous les horizons politiques qui prônent des réformes profondes tout en mettant en avant une modération dans la pratique politique, cette fameuse «médiété» chère au philosophe grec Aristote qui voyait en elle la plus grande vertu.
Mais tous ne viennent pas avec la même vision politique et beaucoup avec comme principale ou seule motivation de se placer au bon endroit au bon moment.
En outre, pour certains d’entre eux, il s’agit de centrisme. Pour d’autres, de gaullisme. Pour d’autres encore, d’un socialisme libéral.
Toutes ces pensées politiques différentes sont certainement solubles en une alliance mais ont de nombreuses divergences que seule la lutte contre la radicalité et l’extrémisme ne suffit pas à réduire à néant.
L’on peut aussi y voir un simple opportunisme, en tout cas, la volonté de préempter cet axe central en devenir pour ses ambitions présentes et futures.
Ce pourrait être le cas pour trois des figures les plus médiatiques de celui-ci, Manuel Valls, François Bayrou et Alain Juppé.
Personne ne remet en cause leur proximité avec le centre de la vie politique et leur attachement aux valeurs libérales, même si elles peuvent être à géométrie variable.
Néanmoins, personne ne peut nier que ces trois personnalités ont des parcours politiques différents et que des questionnements légitimes peuvent se faire sur leur attachement à cette centralité qu’ils revendiquent.
Manuel Valls, formé en tant que rocardien, reste, par exemple, attaché à une égalité qui n’est pas seulement des chances et issues de la méritocratie mais qui renvoie à toutes les luttes de la Gauche au cours du dernier siècle.
Alain Juppé, venu du néo-gaullisme est, lui, un homme souvent attaché aux pouvoirs étatiques face à la société civile et où le pouvoir central conservent de très importantes prérogatives face aux pouvoirs locaux.
François Bayrou est certainement celui qui a le plus de légitimité à se trouver sur cet axe central mais également celui qui suscite le plus grand nombre d’interrogations!
Démocrate-chrétien et centriste revendiqué à l’UDF, il entame un virage social-démocrate lors de la création du Mouvement démocrate après les présidentielles de 2007 puis un virage gaulliste pour les présidentielles de 2012 avant de revenir vers le centre-gauche puis de se positionner au centre-droit et à revenir aux alliances avec la Droite.
Actuellement, il est difficile de définir très exactement le lieu politique de Bayrou et ce qu’il prône.
Et même si c’est le cas également pour Valls et Juppé, les nombreux allers-retours du président du Mouvement démocrate troublent quelque peu son image.
En outre, que ce soit pour Juppé ou Bayrou, tout comme la social-démocratie, le gaullisme n’est pas central même si c’est ce qu’aurait voulu le faire croire le Général de Gaulle en quête d’un consensus national extrêmement large qu’il n’a pu en fait réaliser que pendant une courte période à la Libération.
Bien sûr, que ce soit pendant la Deuxième guerre mondiale, à la Libération ou lors de son retour aux affaires en 1958, il est vrai que des gens de gauche et du Centre l’ont rejoint.
Mais il est tout aussi vrai que le gaullisme a été principalement un mouvement de droite ce que les présidentielle de 1965 ont démontré avec éclat (avec François Mitterrand et Jean Lecanuet) puis les événements de mai 1968, sans parler de ce qui s’est passé ensuite avec les héritiers revendiqués du gaullisme, Georges Pompidou, Jacques Chirac et même Nicolas Sarkozy.
Par ailleurs, on voit bien que c’est au nom d’un large rassemblement que Valls, Bayrou et Juppé se positionnent sur l’axe central.
Mais ils confondent alors souvent une sorte d’union nationale ad minima (tous les modérés contre les extrémistes de chaque côté) et cet axe central.
Ce faisant, ils participent à lui donner ses contours flous actuels.
Dès lors, il faudra sans doute attendre les projets politiques – qui tardent mais comme toujours –, plus sûrement les programmes électoraux en vue de la prochaine élection présidentielle (et les éventuelles négociations sur ceux-ci en vue de rapprochements) des personnalités qui veulent rassembler autour de l’axe central pour savoir si, au-delà de discours, de postures et de proximités affirmées, il y a possibilité de contrat de gouvernement pour 2017, voire pour 2022.
Ou s’il n’y avait là qu’opportunisme même si, au-delà de celui éventuel des différents protagonistes, l’axe central a bien une véritable existence politique.
Mais il se pourrait, comme souvent dans la politique, qu’il n’y ait pas d’hommes ou de femmes capables de l’incarner.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC



Actualités du Centre. Grande-Bretagne – Législatives: les centristes en grand danger

7%, tel est le pourcentage d’intentions de vote que les instituts de sondage donnent aux Libéraux-démocrates (Lib-dem), le parti centriste britannique aux prochaines législatives de mai.
Le problème c’est qu’en 2010, aux précédentes élections, le parti du vice-premier ministre actuel, Nick Clegg, avait obtenu 24% des suffrages et avait été faiseur de roi en décidant de s’allier avec les Conservateurs de David Cameron contre les Travaillistes de Gordon Brown, alors même que politiquement parlant, son électorat mais aussi ses militants étaient souvent plus à gauche que le courant «third way» (troisième voie) du Parti travailliste dont le leader était Brown…
La décision de s’allier avec la Droite payait immédiatement puisque les Lib-dem obtenaient le poste de vice-premier ministre ainsi que la tête d’autres ministères importants et qu’un accord de gouvernement conclu avec les Conservateurs devait garantir qu’un certain nombre des thèses des centristes seraient retenues, notamment un ancrage plus important dans l’Union européenne ou la mise en place d’une dose de proportionnelle dans les élections législatives qui sont actuellement uninominales et majoritaires à un tour.
En réalité, le programme des Libéraux-démocrates fut passé à la trappe petit à petit, suscitant un mécontentement des leaders du parti et des militants mais surtout des électeurs.
Ainsi, élection après élection, les scores du parti s’effondrèrent et certains peuvent même penser qu’à 7%, il s’en tire plutôt bien (rappelons qu’aux élections européennes de 2014 il n’a été capable que de gagner 1 siège sur les 73 accordés au Royaume Uni).
Pourtant, Nick Clegg et ses troupes iront à la bataille avec les Conservateurs en espérant une nouvelle victoire de la coalition.
Il défend le bilan du gouvernement actuel en expliquant que les réformes et l’austérité sévère étaient nécessaires.
Les projections de siège donnent entre 25 et 35 sièges de députés (contre 56 actuellement sur un total de 650) aux Libéraux-démocrates ce qui pourrait leur permettre d’être indispensable aux conservateurs pour garder le pouvoir.
Toutefois, le parti ne s’interdit pas une éventuelle coalition avec les Travaillistes s’il venait à l’idée de David Cameron de gouverner avec le parti de la droite radicale et anti-européen, UKIP.
Mais cela seulement si la gauche refusait, elle, de gouverner avec le SNP, le parti indépendantiste écossais.
Selon Nick Clegg, «les Libéraux Démocrates sont là pour rester» afin de «maintenir la Grande-Bretagne unie et défendre l'intérêt général».
Il a affirmé se battre pour «un Royaume-Uni décent, modéré et tolérant» ainsi que de rejeter «tous les populismes» et de faire tout ce qui est possible afin d’empêcher les deux grands partis de gouverner avec «leurs extrêmes».

Il a également promise de mettre un terme à l'austérité dans les trois ans, tout en réduisant encore les impôts, en protégeant l'environnement, en investissant dans la santé et dans l'éducation.