mardi 1 octobre 2019

Vues du Centre. TF1 de la «boite à cons» à «la boite à l’extrême-droite»?


Par Jean-François Borrou

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

Le groupe TF1 et ses chaines
On se rappelle que dans les années 1980-1990 les Guignols de l’info de Canal Plus avaient baptisé TF1, la boite à cons, tout autant pour l’aspect de son nouveau siège social, que pour ses programmes bas de gamme à la recherche de l’audience maximum, que pour son positionnement très à droite suite à sa privatisation par… Jacques Chirac et son acquisition par le très contesté et contestable Francis Bouygues, magnat du BTP mondial, et ses idées très à droite.
La polémique qui vient de s’instaurer avec la retransmission en direct par la chaine d’information en continu de TF1, LCI, du discours du populiste radical et xénophobe Eric Zemmour, permet de se poser la question de savoir si cette boite de l’extrême-droite.
Mais l’indignation légitime qui s’est exprimée à cette occasion ne doit pas nous faire oublier que cela fait maintenant belle lurette (si ce n’est depuis toujours) que le groupe TF1 flatte la droite radicale et extrémiste.
Il suffit pour cela de se rappeler qu’à la tête de la chaîne Histoire, autre propriété de TF1, s’est trouvé pendant plus de dix ans un personnage des plus nauséabonds de l’extrême-droite, Patrick Buisson (ancien rédacteur en chef de Minute), sur lequel son fils vient de publier un livre à charge très instructif.
Mais ce n’est pas seulement le fait que Buisson ait été à la tête d’une chaîne qui lui permettait, grâce à des documentaires qu’il a produits, réalisés et commentés, tous les révisionnismes possibles mais de savoir que la seule émission en direct de cette chaîne, Historiquement show, est animée par des journalistes du Figaro magazine et aux discours réactionnaire souvent proche de l’extrême-droite comme son rédacteur en chef adjoint, Jean-Christophe Buisson (sans lien avec l’autre) et l’égérie de cette droite revancharde de mai 1968 et anti-modernité et progressisme, Eugénie Bastié (collaboratrice également de  LCI…).
Une émission dont un des intervenants réguliers n’est autre que le directeur général de la maison d’édition du Cerf, le très à droite et très réactionnaire, Jean-François Colosimo.
Quant à LCI, le groupe TF1 a décidé de lui faire prendre le tournant du radicalisme et de l’extrémisme de droite pour des raisons à la fois idéologiques (Martin Bouygues l’actuel PDG n’a rien à envier à son père) et commerciaux.
Ainsi, l’on sait que quatre chaines d’information en continu ne peuvent financièrement parlant être rentables dans le paysage audiovisuel français.
Il faut donc à chacune d’entre elles attirer un public spécifique pour pouvoir survivre en attendant qu’un ou deux concurrents soient obligés de fermer boutique.
BFMTV a choisi le bas de gamme et le populisme qui lui permet d’être la plus regardée (sic !), franceinfo, la publique, s’est positionnée sans surprise la gauche et l’anti-pouvoir en place, CNews, propriété du Canal Plus de Bolloré, essaye d’être une sorte de nouvelle BFMTV et LCI a décidé de chasser sur les terres des droites les plus à droite.
Il suffit de voir qui sont les invités récurrents ou les éditorialistes ainsi que le choix des sujets traités (ceux qui sont des alibis à ce positionnement, consentants ou non, ne font que renforcer cette réalité).
Dès lors, LCI n’a pas fait d’erreur involontaire en retransmettant en direct la Convention de la droite organisée par l’extrême-droite la plus réactionnaire avec à sa tête la très médiatique Marion Maréchal-Le Pen, nièce de l’autre, et où l’on a retrouvé le pathétique Zemmour et ses obsessions déclinistes.
C’est évidemment le droite de LCI et de ses dirigeants d’avoir choisi cette orientation mais c’est bien mieux en le disant.
En attendant, on ne trouve toujours pas de chaîne de télévision proche du Centre, ni même aucun quotidien ou news magazine…

Jean-François Borrou



Actualités du Centre. Autriche – Législatives : progression significative des centristes de NEOS

Beate Meinl-Reisinger, présidente de NEOS
Si les législatives qui viennent de se tenir ce dimanche en Autriche ont été remportées par le Parti populaire (OVP, droite radicale et populiste) au pouvoir devant les sociaux-démocrates du SPO, trois autres enseignements peuvent être tirées de ces élections: la forte chute du FPO, le parti d’extrême-droite aux tendances néo-nazies, qui formait jusqu’à présent une coalition avec l’OVP ; la forte progression des écologistes de Grunen ; la progression significative du parti centriste NEOS.
Fondé en 2012 et dirigé actuellement par Beate Meinl-Reisinger, ce dernier réalise son meilleur résultat lors d’une élection législative avec 7,36% (+2,1 points par rapport à 2017) des suffrages et 15 députés (+5).
Ces chiffres pourraient permettre aux centristes de former un gouvernement avec le Parti populaire, et les écologistes, une coalition improbable pour l’instant tant les Grunen et NEOS étant loin des positions radicales défendues par l’OVP et que celui-ci n’a pas pour l’instant de mettre de l’eau dans son vin.
Cependant, comme ce dernier n’a pas obtenu une majorité absolue au Parlement (il a 71 députés sur 183), il lui faut s’allier avec d’autres.
Or, ni du côté du SPO, ni du côté du FPO, les dirigeants ne veulent, pour l’instant, gouverner avec les conservateurs pour des raisons bien évidemment différentes, les néo-nazis préférant une cure d’opposition pour tenter de retrouver un dynamisme pendant que les sociaux-démocrates ne veulent s’allier à un parti aux thèses populistes et radicales où, en plus, ils auraient tout à perdre vis-à-vis de leur électorat et des Autrichiens en général, comme c’est souvent le cas pour un partenaire minoritaire d’un alliance entre des partis situés aux antipodes l’un de l’autre (l’exemple allemande avec la «grande coalition» entre la CDU et le SPD en témoigne).
A noter que le chancelier sortant, Sebastian Kurz, privilégie une nouvelle coalition avec les néo-nazis, ce qui dit tout de son positionnement politique…