lundi 7 janvier 2013

Actualités du Centre. François Bayrou se rapproche de François Hollande

Dans une interview au quotidien économique Les Echos, François Bayrou a demandé à François Hollande d’«assumer» le «choix réformiste» qu’il a «esquissé» pour redresser la France tout en sonnant «la mobilisation du pays». Néanmoins, il n’a pas exprimé le souhait de rejoindre l’actuelle majorité et a indiqué qu’il ne participerai pas à «une action gouvernemental» qui ne soit pas en cohérence avec ce que je crois être essentiel pour mon pays».
Quant à l’UDI de Jean-Louis Borloo, il a, de nouveau, estimé qu’il s’agissait d’une formation située à droite et non au Centre, tout en souhaitant une alliance des réformistes de tous bords.
Au passage, il s’est décerné, comme c’est souvent le cas chez lui, un satisfecit d’avoir prédit tout ce qui se passe aujourd’hui et qui lui donne, selon lui, la légitimité de parler pour des millions de Français à défaut d’avoir un poids politique suffisant au Parlement…
Extraits.
Que pensez-vous de la feuille de route du gouvernement pour les six mois à venir?
Si l'on considère que la France est vraiment dans une situation critique, que nous vivons un crash au ralenti, et que notre modèle social n'y résistera pas, alors les annonces de cette rentrée sont très éloignées du nécessaire. (…) C'est de concret et de fort que notre pays a besoin, de mobilisation sur des décisions déterminées, robustes. Ce plan général de ressaisissement, la mise en ordre du pays pour privilégier la production, pour soutenir ceux qui prennent des risques, la redéfinition de l'Etat, la stabilisation du droit et de la fiscalité, la simplification des collectivités locales, cela ne se réalisera pas de manière anodine et sans déranger personne.
La réduction drastique des dépenses publiques sur le quinquennat, le contrat de génération, la future loi sur le marché du travail, n'est-ce rien?
J'approuve, je signe et je contresigne, l'idée qu'il est impératif de réduire les dépenses publiques et que l'Etat peut être non pas aussi efficace, mais plus efficace en dépensant moins. (…) La seule phrase significative de cette période a été prononcée par François Hollande lors de ses vœux aux Français, lorsqu'il a affirmé qu'il voulait inverser «coûte que coûte» la courbe du chômage cette année. Il y a dans ce «coûte que coûte» la possibilité d'une politique d'urgence et d'une volonté réformatrice assumée.
François Hollande, a-t-il intérêt, politiquement, à choisir?
La fonction présidentielle n'est pas politique mais historique. Or trop d'habileté est l'ennemi des choix historiques. Je dis donc à François Hollande: assumez le choix réformiste que vous avez esquissé! Tranchez! Assumez l'urgence politique qui s'impose, à la Mendès ou à la Schröder. Il n'est plus temps de ruser! Ne cherchez pas les mots à double sens. Conduisez les changements qui s'imposent, y compris institutionnels, pour que cette politique réformiste trouve son soutien dans l'opinion. Sonnez la mobilisation du pays! Et faites-le tôt! Prenez des risques, c'est urgent! Plus vous tarderez à le faire, plus cela apparaîtra comme un pis-aller, une défaite, une retraite.
(…)
Excluez-vous de participer un jour à un gouvernement de François Hollande?
J'ai déterminé depuis 2002 une ligne de conduite. Je ne participerai pas à une action gouvernementale qui ne soit pas en cohérence avec ce que je crois être essentiel pour mon pays.
Vous n'avez plus de groupe parlementaire et n'êtes plus député, comment définiriez-vous aujourd'hui votre rôle dans la vie politique française?
Je suis un non-aligné, un homme libre, qui a dit sur tous les sujets critiques, et des années à l'avance ce qui allait se produire. Des millions de Français le savent. C'est pourquoi j'exerce en leur nom une responsabilité civique, qui est celle de l'exigence et même s'il le faut de l'intransigeance sur l'essentiel. Si le mouvement de rejet des formes politiques classiques se poursuit, vous n'aurez que deux types de réponse: les extrêmes et la voie de reconstruction que je défends.
Jean-Louis Borloo a créé dans l'opposition l'UDI. Le centre a-t-il trouvé son nouveau leader?
Notre vision de l'avenir est différente. Après dix ans au sein de l'UMP, il recrée aujourd'hui une rivalité avec ce mouvement. Et il pense que la guerre perpétuelle entre la droite et la gauche est indépassable. Je crois au contraire que cet affrontement sans fin est stérile et que pour redresser le pays, il faudra que les réformistes de tous les camps, de la majorité comme de l'opposition, prennent ensemble leurs responsabilités.