lundi 11 décembre 2017

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La clarification à droite qu’attendaient les centristes

La victoire sans conteste (près de 75% des voix) de Laurent Wauquiez lors du scrutin pour désigner le nouveau président de LR acte définitivement le tournant de droite radicale de cette dernière formation même si seulement un peu plus de 40% de ses militants encartés a voté, ce qui constitue malgré tout, selon les observateurs, un bon score de participation au vu de son délabrement actuel.
La prise en main par l’aile la plus radicale et proche du FN de LR permet, enfin, la clarification qu’attendaient les centristes qui avaient cru à l’UMP (sensée réunir droitiste et centriste sur un pied d’égalité) ainsi que les promesses faites lors de sa transformation en LR.
Plus de doute, ceux qui sont à la tête de LR sont ceux qui insultent à périodes répétées le Centre et les centristes.
Il y a donc désormais, deux courants principaux à droite qui s’incarnent dans deux partis bien identifiables.
Le premier est centro-compatible (Agir) et l’autre est FN-compatible (LR).
Alors même que Wauquiez n’a pas encore pris ses fonctions, déjà quelques dérapages bien calculés vont dans ce sens comme celui de la future numéro deux du parti, Virginie Calmels, qui a déclaré que LR refusait l’alliance avec Marine Le Pen «pour le moment»…
Comme prévu ave ce genre de propos, elle a rectifié le tir peu après mais avouant seulement une «maladresse» (sic!).
Et l’on sait que ce genre de «maladresses» sont des messages subliminaux adressés à qui de droit.
Mais qui se plaindra au Centre de cette clarification à part les opportunistes qui étaient prêts à accepter toutes les dérives droitières de LR pourvu que les investitures et les strapontins soient au bout du voyage à Canossa…
Car, tout autant que les centristes ne peuvent s’allier à un Benoit Hamon à gauche, comment pouvaient-il nous faire croire qu’il était possible de le faire avec un Laurent Wauquiez à droite?
D’autant que ce dernier n’a pas arrêté au cours de sa carrière politique de trahir et d’insulter le Centre.
Une de ses dernières sorties a été de prétendre de manière crapuleuse: «Je n'ai jamais été centriste mais j'ai succédé au centriste Jacques Barrot» après avoir juré le contraire au même Barrot.
On a la dignité et la classe qu’on mérite…
Du côté de la direction de l’UDI, on se réveille enfin avec un Jean-Christophe Lagarde qui affirme que Wauquiez «ne peut pas tenir en même temps un discours destiné à séduire l’extrême-droite et vouloir attirer les centristes. Ce n’est pas compatible, et même pas crédible. Nous ne pouvons pas travailler avec quelqu’un capable de dire tout et son contraire juste pour être élu.»
Même son de cloche du côté d’Hervé Morin qui déclare, de manière quelque peu grossière mais exacte, que le personnage «peut vous mentir cent fois et vous le savez. La cent-unième fois, il peut encore vous baiser».
En revanche du côté du résidu centriste de LR, les propos ne sont malheureusement pas aussi tranchés.
On a ainsi entendu un Jean-Pierre Raffarin dire que «Nous observons Macron avec bienveillance, Wauquiez avec vigilance» mais qui, dans la foulée a déclaré vouloir laisser une chance au nouveau président de LR qui ne serait pas aussi dangereux que cela selon lui.
Mais tout n’est pas aussi limpide qu’on pourrait l’espérer.
En effet, il faut rappeler que Laurent Wauquiez, déjà coupable de moult dérapages inacceptables pour les centristes, a été élu président de la région Auvergne-Rhône-Alpes grâce à une alliance avec, non seulement, l’UDI mais aussi le Mouvement démocrate.
Et que l’on sache, celle-ci est toujours en vigueur comme l’a d’ailleurs confirmé un certain Denis Broliquier, président du groupe UDI au Conseil municipal de Lyon qui trouve – et il n’est pas le seul – qu’il est «trop tôt» pour prendre une décision de rupture avec Wauquiez.
Or, en écoutant les propos de tous les leaders centristes, qu’ils soient au MoDem, au Mouvement radical ou à l’UDI (sans parler évidemment de ceux de LREM), cette alliance régionale doit cesser le plus rapidement possible pour qu’ils soient crédibles dans leur indignation.
On attend donc que les 31 élus centristes (22 UDI et 9 MoDem) rompent leur alliance avec Wauquiez maintenant.
Sinon, on ne comprendrait pas.


Actualités du Centre. Grande-Bretagne - le centriste Nick Clegg en mission contre le Brexit

Nick Clegg
Avec son think tank, Open reason (Raison ouverte), et l’ouvrage «How to Stop Brexit and Make Britain Great Again» (Comment arrêter le Brexit et faire à nouveau la Grande Bretagne puissante) qu’il vient de publier et avec lequel il a remporté un prix, le centriste Nick Clegg s’est donné comme tâche de tout faire pour que son pays demeure dans l’Union européenne.
A l’instar de l’ancien premier ministre travailliste, Tony Blair, l’ancien vice-premier ministre libéral-démocrate, veut que la Grande Bretagne ne quitte pas l’Europe.
Malgré la perte de son siège de député lors des dernières législatives, il veut peser sur le débat politique et empêcher le Brexit, action qu’il pense encore possible.
Dans une interview au quotidien suisse Le Temps, l’ancien leader du parti centriste Lib Dems affirme qu’«Avec le Brexit, le Royaume-Uni va acter le pire retrait du libre-échange depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est une volte-face incroyable pour un pays qui a toujours été un leader mondial dans ce domaine. Les «Brexiters» font semblant de dire qu’ils prônent le libre-échange, mais tôt ou tard, la réalité les rattrapera».
Et d’espérer que «les députés britanniques, quand ils voteront sur l’accord final du Brexit à l’automne 2018, sauront faire leur devoir. Ils doivent mettre d’un côté l’expression démocratique des Britanniques, à qui l’on a promis une utopie – de l’argent pour le système de santé, du libre-échange, de la prospérité – et de l’autre la réalité de l’accord. Le danger est que le texte final en 2018 reste très flou, qu’il ne rentre pas dans les détails et que la Chambre des communes vote sans savoir vraiment ce qu’il signifiera. Quand les détails seront conclus, après, ce sera trop tard».
Pour éviter la sortie du Royaume Uni de l’UE, il estime qu’«il serait bien que les leaders européens rappellent publiquement que les Britanniques seront les bienvenus s’ils changent d’avis».
Dans tous les interviews qu’il donne et les contributions qu’il écrit dans la presse, Nick Clegg rappelle aussi et surtout tous les mensonges des pro-Brexit durant la campagne mais également aujourd’hui alors même que les Britanniques ne sont pratiquement pas au courant des accords en train d’être signés, très défavorables pour le pays, et des conséquences réelles qu’ils auront à subir.